| La ville d’Anogia, le massif du Psiloritis, le site de Zominthos, l’observatoire du Skinakas, le plateau du Nida, et le mont et la grotte de l’Ida en Crète | |
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| Le dème d’Anogéia (Δήμος Ανωγείων) est située au cœur de la Crète ; son territoire s’étend entièrement sur le massif central de l’île, dans la partie nord-est du massif du Psiloritis ; ce territoire couvre une superficie de 131 km² ; il est situé entre 700 m et 1 700 m d’altitude. Le toponyme « ανώγεια » signifie d’ailleurs « la haute terre » (« άνω γη ») ; Anogia était la haute terre d’Oaxos (Άξικα Ανώγεια), la grande cité antique de la contrée, située en contrebas d’Anogia, à environ 7 km au nord-ouest. Le dème d’Anogéia se trouve à la bordure orientale du nome de Réthymnon et, par rapport au découpage de l’île à l’époque vénitienne, apparaît comme un empiètement sur le nome d’Héraklion. Le dème d’Anogéia est bordé au-nord-ouest par le dème du Mylopotamos, à l’est par le dème du Malévizi, au sud-est par le dème de Gortyne, au sud-ouest par le dème de Phaistos et, à l’ouest, par le dème d’Amari. Anogéia faisait autrefois partie d’un canton du Mylopotamos nommé Épano Mylopotamos (Επάνω Μυλοπόταμος) (Haut-Mylopotamos) ; en 2006, les localités d’Axos et de Zoniana se sont séparées d’Anogia pour être rattachées à la commune du Mylopotamos. La commune d’Anogia ne comprend qu’un seul canton et ce canton ne comprend qu’une seule communauté locale, la communauté d’Anogia (Κοινότητα Ανωγείων), mais ce canton est l’un des plus vastes de Crète. La commune a une densité de population de population plutôt faible, d’environ 22 habitants par km², très inférieure à la densité moyenne de la population crétoise qui est d’environ 75 habitants par km². Le territoire d’Anogia est en effet constitué en grande partie de zones montagneuses et de plateaux d’altitude où se pratique l’élevage extensif de bovidés, principalement des moutons et des chèvres. Le chef-lieu du dème est la ville d’Anogéia. |
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| La ville d’Anogia (Ανώγεια / Anógeia) | La ville d’Anogia est sans doute la ville la plus élevée de Crète, avec une altitude de 738 m dans le centre-ville, la place d’Armi ; Anogia se trouve sur les contreforts nord du massif du Psiloritis, à moins de 25 km du point culminant de l’île, le mont Ida ; la localité bénéficie de températures modérées en été. Cette situation isolée en moyenne montagne a fait d’Anogia une sorte de conservatoire des traditions populaires crétoises, mais aussi un lieu de refuge pendant les occupations étrangères de l’île. Anogia est un gros bourg agricole de montagne qui compte près de 2 500 habitants ; avec le village de Sissarcha (Σίσαρχα), Anogia constitue l’unique communauté locale de la commune d’Anogia, la communauté d’Anogia (Κοινότητα Ανωγείων) ; les localités d’Axos et de Zoniana se sont séparées d’Anogia en 2006. Anogia est le chef-lieu de la commune. Anogia se trouve à 51 km à l’est-sud-est de Réthymnon, via Pérama, à 27 km, et Axos, à 6,7 km. Mais Anogia est seulement à environ 36 km à l’ouest-sud-ouest d’Héraklion ; par ces routes de montagne, il faut cependant compter près de 50 min de conduite pour venir du chef-lieu de l’île, via Tylissos. Des autocars publics desservent Anogia plusieurs fois par jour depuis Réthymnon et Héraklion ; depuis ces deux villes il faut compter environ 1 h 15 min de trajet, mais à travers de magnifiques paysages. Anogia comprend une vieille ville et une ville nouvelle : - la vieille ville est située dans la partie ouest de la localité ; elle est construite dans la partie basse de la colline d’Armi (Αρμί), autour de l’église Saint-Jean le Baptiste, que les Grecs nomment Saint-Jean le Précurseur (Άγιος Ιωάννης ο Πρόδρομος), une église du XIVe siècle qui recèle des fresques byzantines. À l’arrière de l’église, devant l’Hôtel de Ville, se trouve un monument aux morts (Μνημείο των πεσόντων Ανωγείων - 1822, 1867, 1944). La vieille ville compte de nombreuses boutiques d’artisanat textile.
- dans le sud du village se trouve le quartier de Pérachori (Περαχώρι), où l’on peut visiter la maison natale d’un célèbre chanteur et joueur de lyre, Nikos Xylouris (Νίκος Ξυλούρης) (1936 - 1980) ; cette maison a été transformée en musée où sont exposés des souvenirs du chanteur. Dans le même quartier se trouve un autre petit musée, dédié à un sculpteur local, Alcibiade Skoulas (Αλκιβιάδης Σκουλάς).
- la ville nouvelle, construite sous l’occupation ottomane, est située dans l’est de la localité, autour de la place Meïntani (Μεϊντάνι) (du turc « meydan », « place ») et de l’église Saint-Georges (Άγιος Γεώργιος). La plupart des commerces, des tavernes et des hébergements se trouvent dans cette partie de la ville ; on peut y déguster les produits de l’élevage local, des viandes grillées, notamment de l’agneau grillé à la broche, ou des pâtisseries à base de lait frais de chèvre, le « galactobouréko » (γαλακτομπούρεκο), et y acheter des fromages et autres produits laitiers de brebis ou de chèvres.
En réalité, la vieille ville et la ville nouvelle sont toutes les deux de reconstruction moderne, car l’ensemble de la localité a été rasé par l’Armée allemande, en 1944, en représailles à des attaques de partisans, originaires de la ville, contre des soldats allemands et italiens. Les maisons ont été reconstruites après la Seconde Guerre mondiale dans le style traditionnel mais la plupart sont en béton. |
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| Sur la route d’Anogia au mont Ida | La route d’Anogia au plateau du Nida est le principal accès pour visiter le cœur du massif du Psiloritis ; une autre route, beaucoup plus difficile, emprunte les gorges de Zoniana ; d’autres accès sont possibles, par des pistes de terre carrossables, depuis Kroussonas ou Lochria. Construite en 1963, la route d’Anogia au Nida est une belle route panoramique et en bon état qui conduit, en 22 km, jusqu’au pied de la grotte de l’Ida ; le dénivelé entre le point de départ, Anogia (738 m), et le point d’arrivée, le Nida (1 380 m), soit environ 650 m, se trouve surtout au début ; l’itinéraire traverse ensuite une succession de plateaux, avec de nombreuses attractions géologiques, de magnifiques paysages et des mitata, des cabanes de berger en pierres sèches. La route est assez peu fréquentée, par des bergers qui se déplacent, de nos jours, en grosses camionnettes, et par quelques autocars d’agences de tourisme. Le premier point d’intérêt rencontré est le plateau du Stéfana, où on peut observer des plis géologiques et des ponors karstiques, ainsi que des mitata ; depuis le plateau du Stéfana part un sentier de randonnée, le sentier des gorges de Mygias, où l’on peut découvrir d’autres curiosités géologiques. Le plateau du Stéfana offre aussi un beau point de vue sur la vallée du fleuve Géropotamos et sur Anogia. La halte suivante est le plateau de Zominthos où se trouve le site archéologique d’un palais minoen ; ces ruines sont encore en cours de fouilles et ne sont pas encore visitables par le public. Dans l’Antiquité, Zominthos était une étape sur le chemin de pèlerinage de Cnossos au sanctuaire de l’Ida ; une piste de terre emprunte cet itinéraire depuis Kroussonas jusqu’à Zominthos. | | Depuis Zominthos un chemin conduit à une chapelle bâtie en forme de mitato, la chapelle d’Agios Yakinthos (Άγιος Υάκινθος) ; saint Hyacinthe serait pour les Crétois le saint patron des amoureux ; le site est aménagé pour accueillir un festival de musique traditionnelle chaque mois de juillet, la Yakinthia (Υακίνθια). Peu après Zominthos se trouve une source sacrée, la source Sainte-Marine (Πηγή Αγίας Μαρίνας), créée par des couches géologiques imperméables. D’autres curiosités géologiques sont visibles un peu plus loin, près du mont Mythia, les métaflyschs du Mythia, des métaflyschs de calcaire en plaquettes. On atteint ensuite un autre ensemble de plateaux karstiques, au lieu-dit Pétradolakia, où l’on peut observer plusieurs curiosités géologiques : des plis géologiques, des dolines et des gouffres karstiques, notamment le gouffre de Pétradolakia ; près de la chapelle d’Agios Fanourios, on peut voir la faille du détachement crétois et la source qu’elle a créée. De Pétradolakia part une piste qui conduit jusqu’au mont Skinakas où a été construit l’observatoire astronomique de Crète que l’on peut visiter une fois par mois. Peu après Pétradolakia se trouve un autre gouffre, situé à droite de la route, le gouffre du Tafkoura. La route débouche enfin en surplomb du plateau du Nida, puis descend vers une vaste aire de stationnement d’où l’on peut grimper à pied jusqu’à la grotte de l’Ida. Si l’on veut visiter l’Antre de l’Ida, s’il est ouvert, il est préférable de se diriger directement jusqu’au bout de la route, car le site de la grotte de l’Ida ferme très tôt, dès le début de l’après-midi. On pourra visiter les autres attractions de cet itinéraire au retour, en revenant vers Anogia. |
| | Les gorges de Mygias (Φαράγγι της Μύγιας / Farángi tis Mýgias) | Les gorges de Mygias (φαράγγι της Μύγιας), ou de Migias, est un lieu qui est lié à de nombreuses traditions locales et aux contes du village voisin d’Anogia (point B6 sur la carte géologique du Psiloritis, n° 19 sur la carte du Géoparc du Psiloritis). Le toponyme signifie quelque chose comme « les gorges des Mouches ». Les gorges se sont creusées au sein du marbre lamellaire de l’unité tectonique des calcaires en plaques (« Plattenkalk »), type rocheux très exposé, aux plis répétés, en zigzag ou ouverts, au niveau des pentes méridionales très abruptes des gorges (τυχές της Μύγιας) ; ces plis reflètent les pressions intenses que ces roches ont subies. Les gorges ne sont étroites qu’à leur début et à leur fin, mais elles sont très profondes et escarpées à de nombreux endroits. Un sentier de randonnée, la géoroute « Chemin de Mygias », sinue le long du versant nord des gorges, à travers les anciennes et les nouvelles cabanes de berger (mitata), reliant les gorges à de nombreux autres géotopes de la région. Aller aux gorges de Mygias avec Google Maps (35.261470, 24.899960). |
| Le chemin de randonnée des gorges de Mygias (Μονοπάτι της Μύγιας / Monopáti tis Mýgias) | Le sentier de randonnée des gorges de Mygias est un sentier facile pour toute la famille ; on peut y voir, en un temps relativement court, toutes les beautés naturelles du massif du Psiloritis. Le sentier se trouve à côté du village d’Anogia, le long de la route menant vers le plateau du Nida qui combine les caractéristiques géologiques avec les caractéristiques environnementales et anthropiques de Psiloritis. La vue sur presque tout le sentier est magnifique toute l’année, tandis qu’en période hivernale une grande partie de la piste est recouverte de neige. Longueur du sentier : 2,5 km ; dénivelé : 180 m. | Légende de la carte des gorges de Mygias : 1 : Parc de stationnement ; début et fin du parcours. 2 : Cavité de surface (« nid de poule ») sur marbre Plattenkalk. 3 : Méta-flysch de l’unité tectonique de calcaires en plaquettes (Plattenkalk). 4 : Contact tectonique (faille du détachement crétois) entre méta-flysch de calcaires en plaquettes et calcaire de Tripolitza. 5 : Cabanes de bergers (mitato). Chêne kermès, ou prinos (πρίνος). 6 : Vue sur les gorges de Mygias, plissements de calcaires en plaquettes. 7 : Cabane de berger à moitié écroulée (mitato). 8 : Marches naturelles sculptées sur du calcaire en plaquettes vertical. 9 : Corrosion karstique du calcaire en plaquettes. Plateau du Stéfana. 10 : Source naturelle dans une vieille cabane de berger (mitato). 11 : Plateau du Stéfana et gouffres. 12 : Ancienne carrière, marbre plat plissé. 13 : Trois gouffres énormes et impressionnants. 14 : Cabane de berger typique (mitato) avec son kraal pour la traite des brebis, les rochers « en arête de poisson » et « l’œil de la bête ». 15 : Beau chêne kermès ; vue sur la zone côtière du nord. 16 : Maison de berger à moitié écroulée (mitato). |
| Le plateau du Stéfana (Οροπέδιο της Στεφάνας / Oropédio tis Stefánas) | Le plateau du Stéfana s’étend au pied du mont Stéfana (1 206 m), à environ 8 km au sud du village d’Anogia ; le plateau du Stéfana est facilement accessible par la route menant au Nida et offre de nombreuses possibilités de promenade et de visite des gorges de Mygias (point B7 sur la carte géologique du Psiloritis). Aller au plateau du Stéfana avec Google Maps (35.265030, 24.892680). Dans la zone du plateau du Stéfana on peut observer des plis géologiques spectaculaires, les plis dits d’Épano Ampélion (Πτυχές Επάνω Αμπελίων) (« vigne d’en haut »), ainsi que des strates colorées en marbre lamellaire ; ces plis se présentent sous la forme de lettre « N » dans le marbre en plaquettes typique du massif du Psiloritis. Ces plis sont parmi les plus importants de cette zone et apparaissent de manière caractéristique à la fois au bord de la route et dans le relief des collines environnantes. De nombreuses fleurs sauvages, comme des crocus de montagne de Crète (Crocus oreocreticus), des colchiques de Crète (Colchicum cretense), des légousies, dites « miroirs de Vénus », (Legousia species) et d’autres plantes typiques de la région poussent à différentes saisons. Du petit mitato situé au nord du plateau, avec sa cour typique pour la traite des brebis, on peut marcher vers le grand chêne kermès (Quercus coccifera) de la région, d’où un magnifique panorama de la partie nord du Parc du Psiloritis attend le visiteur. | |
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| Le palais minoen de Zominthos (Μινωϊκό Ανάκτορο Ζώμινθος / Minoïkó Anáktoro Zóminthos) | Zominthos est l’un des plus importants peuplements minoens situés dans les montagnes, à près de 1 200 m d’altitude ; sa création était vraisemblablement en lien avec le sanctuaire sacré du mont Ida. On connaît d’autres peuplements minoens construits en altitude, mais il s’agit souvent de peuplements tardifs où les populations minoennes se réfugièrent devant l’invasion des Mycéniens et des Doriens, par exemple le site de Karfi, dans le massif du Dicté. Zominthos se trouve sur un petit plateau situé sur des pentes nord-est du massif du Psiloritis, à environ 7 km à vol d’oiseau de la grotte sacrée de l’Ida ; Zominthos est à peu près à 7 km au sud d’Anogia, à mi-chemin de la route d’Anogia au plateau du Nida. Aller au site minoen de Zominthos avec Google Maps (35.249163, 24.887281). Le toponyme Zominthos (Ζώμινθος ou Ζόμινθος), parfois écrit Zomithos (Ζόμιθος), est d’origine préhellénique. Le peuplement de Zominthos a été fondé à l’époque minoenne proto-palatiale, vers le XVIIIe siècle avant JC ; la cité antique s’est développée pendant l’époque néo-palatiale, atteignant son apogée au XVIe siècle avant JC. La cité se trouvait sur la route qui reliait le palais de Cnossos au sanctuaire de l’antre de l’Ida, passant par les gorges de Kroussonas et le plateau de Livadi ; on suppose que de nombreux Minoens pérégrinaient par Zominthos en allant vénérer la grotte sacrée où Zeus serait né ou aurait grandi. Selon Homère, le roi Minos montait à la grotte tous les neuf ans pour recevoir du dieu Zeus les lois pour gouverner son peuple. Zominthos aurait donc été une sorte d’hostellerie somptueuse où le roi Minos et sa cour faisait halte avant de se rendre au sanctuaire ; à côté se trouvait une source sacrée, connue de nos jours comme la source d’Agia Marina. Le peuplement de Zominthos aurait été endommagé, par un tremblement de terre, au XIVe siècle avant JC, vers 1350, mais aurait continué d’être habité de l’époque mycénienne jusqu’à l’époque romaine. L’édifice minoen n’a été redécouvert qu’en 1982 ; cette découverte s’est faite fortuitement : l’archéologue Yiannis Sakellarakis (Γιάννης Σακελλαράκης) effectuait des fouilles dans la grotte de l’Ida quand il fut approché par un berger qui lui parla de quelques vestiges existant sur un plateau voisin et qui mentionna le nom de Zominthos. Sakellarakis mit au jour les ruines, qui furent fouillées systématiquement de 1983 à 1990, avec l’aide de son épouse Éfi Sapouna-Sakellaraki (Έφη Σαπουνά-Σακελλαράκη) et d’une équipe d’archéologues ; Zominthos s’est révélé être l’un des plus importants chantiers de fouilles en Crète ; une nouvelle campagne de fouilles a débuté en 2004. Après le décès de Sakellarakis, en 2010, les fouilles ont continué, et continuent encore de nos jours, sous les auspices de la Société archéologique d’Athènes. Le peuplement de Zominthos comprenait principalement un vaste édifice, construit sur une modeste élévation du terrain, entouré d’un village avec son cimetière. L’édifice central, désigné comme un palais, avait une superficie d’au moins 1 360 m² et au moins deux niveaux de planchers, comprenant près de 80 salles pour le seul rez-de-chaussée ; sa construction était soignée, en pierre grise locale de calcaire en plaques, avec des éléments architecturaux caractéristiques des palais minoens ; les murs étaient jointoyés avec de l’argile et certains étaient décorés de fresques. Grâce à la qualité du matériau de construction, les ruines sont exceptionnellement bien conservées, les vestiges de certains des murs s’élevant jusqu’à 3 m de hauteur. Dans une zone qui servait d’atelier de potier, un grand nombre de vases en argile et d’outils de potier ont été découverts. À l’intérieur de l’enceinte du site archéologique, au nord des ruines du palais, se trouve une aubépine monogyne (Crataegus monogyna) (κράταιγος) d’une taille inhabituelle, atteignant plus de 12 m de hauteur ; cette aubépine est déclarée Monument Naturel Protégé ; un muret en pierre a été construit autour de son tronc. Les fouilles archéologiques de Zominthos se poursuivent de nos jours, et le site n’est pas accessible au public. | Des artefacts découverts à Zominthos sont exposés au Musée archéologique de Réthymnon : 1 : Vases rituels (rhyta), en forme de coupes calices, à décor végétal. 2 : Rhyton en forme de cochon. 3 : Table d’offrandes en pierre incisée de signes de l’écriture linéaire A. 4 : Pichet. 5 : Pichet. 6 : Coupe. 7 : Skyphos à bec de pont. 8 : Lampe en terre cuite. 9 : Coupe miniature. 10 : Brasier en terre cuite. 11 : Cristaux de roche mi-ouvrés. 12 : Feuilles d’or. 13 : Perles de pierres semi-précieuses. 14 : Pierres à sceller en pierres semi-précieuses. 15 : Fragments de fresques multicolores. 16 : Hache rituelle en bronze. 17 : Statuettes de fidèles en bronze. 18 : Brasier en bronze. | |
| Les métaflyschs d’Agia Marina (μεταφλύσχης της Αγίας Μαρίνας / metaflýschis tis Agías Marínas) | À environ 250 m au sud du site de Zominthos, un peu à l’écart à l’ouest de la route, se trouve la source Sainte-Marine (Πηγή Αγίας Μαρίνας) (point B5 sur la carte géologique du Psiloritis, n° 43 sur la carte du Géoparc du Psiloritis). Aller à la source d’Agia Marina avec Google Maps (35.246467, 24.888551). La source d’Agia Marina (Αγία Μαρίνα) est créée par la présence de roches imperméables qui sont des métaflysch de calcaire en plaquettes (πλακωδών ασβεστολίθων) ; ces métaflysch sont des calcaires en plaquettes mélangés à des argiles. Les métaflysch sont des roches plutôt rares dans le massif du Psiloritis mais elles ont une grande importance pour la vie sur la montagne ; en effet, les eaux pluviales, qui s’infiltrent à travers la couche supérieure de calcaires de Tripoli (Tripolitsa), sont empêchées de s’enfoncer plus profondément dans le sol par ces métaflysch imperméables ; les eaux sont donc contraintes de jaillir sous forme de nombreuses sources dans cette partie orientale du Psiloritis, dans la zone de Zominthos ; la source d’Agia Marina est l’une de ces sources. Ces métaflysch sont visibles par endroits en bordure de la route. Près de la source se trouve la chapelle d’Agia Marina qui est ouverte aux visiteurs ; en raison de la présence d’eau, la promenade dans cette zone est l’une des plus agréables du Psiloritis, surtout au printemps. | |
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| Le lieu-dit Pétradolakia (Πετραδολάκια / Petradolákia) | Pétradolakia est un lieu-dit du massif du Psiloritis qui présente un paysage karstique remarquable et un peu étrange ; le toponyme « πετραδολάκια » signifie quelque chose comme « galets ». Pétradolakia se trouve à gauche de la route venant d’Anogia, avant d’arriver au plateau du Nida (point B3 sur la carte géologique du Psiloritis, n° 8 sur la carte du Géoparc du Psiloritis). Le paysage est dominé par le calcaire et les dolomies des unités tectoniques de calcaires en plaques, ou « Plattenkalk » et de calcaires de Tripoli, ou « Tripolitsa » ; la région présente un grand nombre de petits plateaux, qui sont des dolines (δολίνη), ainsi que des ponors et des gouffres, plus ou moins grands, ressemblant à des cratères volcaniques ; ces phénomènes karstiques, causés par la dissolution des calcaires par l’eau, peuvent être observés tout autour de Pétradolakia, depuis le sommet voisin de Skinakas, où se trouve l’observatoire de l’université. De beaux plis géologiques se développent par endroits dans les minces plaquettes de marbres gris lamellaires, typiques de la partie nord-ouest, avec de fines couches de silice brunes à rougeâtres et blanches ; les immenses forces qui ont construit les montagnes crétoises ont entraîné un plissement intense des roches et leur inclinaison dans diverses directions. En de nombreux endroits, ces concrétions siliceuses blanches présentent des formes étranges ; elles se seraient formées, selon certaines théories, à partir de peuplements d’éponges fixées sur le fond marin de l’ancien océan Téthys (Τηθύς), qui vivaient il y a entre 100 millions et 50 millions d’années, c’est-à-dire à l’époque du Crétacé ; ces rochers représenteraient donc l’image du fond de l’océan à cette lointaine époque ! Aller au lieu-dit Pétradolakia avec Google Maps (35.216670, 24.868060). | |
| La faille du détachement crétois d’Agios Fanourios (Κρητικό Ρήγμα Απόσπασης Άγιου Φανούριου / Kritikó Rígma Apóspasis Άγιου Φανούριου) | On trouve aussi, dans la région de Pétradolakia, la faille dite du « Détachement Crétois » (point B4 sur la carte géologique du Psiloritis, n° 53 sur la carte du Géoparc du Psiloritis). Le meilleur endroit pour observer la faille du détachement crétois est probablement dans la zone autour de la chapelle d’Agios Fanourios (Άγιος Φανούριος). Il y a plusieurs millions d’années, cette faille a soulevé les roches du groupe « Plattenkalk » jusqu’à la surface, depuis une profondeur de 30 à 40 km. Une ligne horizontale caractéristique sur la pente tracée par la végétation et la différence de relief sépare les roches métamorphisées de l’unité tectonique de calcaire en plaquettes, dit Plattenkalk, et de « phyllite-quartzite », des roches non métamorphisées de couverture de l’unité de calcaire de Tripoli, dit Tripolitsa. Entre les deux unités tectoniques, de petites lentilles de roches de phyllite-quartzite apparaissent par endroits. C’est à cause de cette faille que s’est développée la petite source voisine de la chapelle : la faille met en contact les calcaires du groupe « Tripolitsa » avec les roches imperméables du métaflysch « Plattenkalk » au fond, bloquant ainsi l’eau de pluie pénétrant dans les roches de Tripolitsa, qui s’enfonce plus profondément dans les roches de « Plattenkalk », pour former la source qui coule derrière la chapelle. Sur les falaises calcaires verticales pousse le célèbre dictame de Crète, ou « érontas » (έρωντας) (Origanum dictamnus). |
| Le gouffre du Tafkoura (Βάραθρο Ταφκούρα / Várathro Tafkoúra) | Le gouffre du Tafkoura est le troisième gouffre le plus profond de Crète et de Grèce, avec une profondeur de 860 m depuis l’orifice de surface qui se trouve à 1 485 m d’altitude ; la longueur totale cartographiée de la cavité est de 6 570 m, ce qui en fait le gouffre le plus long de toute la Grèce. Seuls deux abîmes crétois sont plus profonds, tous les deux situés dans les Montagnes Blanches, le gouffre de Gourgouthakas (Γουργούθακας) (1 208 m de profondeur) et le gouffre de Liontari (Σπηλαιοβάραθρο Λιοντάρι) (1 110 m de profondeur) ; cependant ces deux gouffres ont une longueur inférieure à celle du Tafkoura. Le gouffre du Tafkoura se trouve sur le flanc nord du mont Tympanatoras (Τυμπανάτορας) (1 577 m), situé à environ 1 km à l’ouest du lieu-dit Pétradolakia, au nord de la route d’Anogia au Nida (point E5 sur la carte géologique du Psiloritis, n° 34 sur la carte du Géoparc du Psiloritis). Aller au gouffre du Tafkoura avec Google Maps (35.222229, 24.858347). L’abîme du Tafkoura s’est formé dans le marbre en plaques typique de la région du Psiloritis, ayant vraisemblablement débuté sur l’une des nombreuses failles qui ont fragmenté les roches de la région ; cependant, l’eau a suivi les mouvements de surrection du massif du Psiloritis, creusant les roches de plus en plus profondément pour atteindre la mer, formant finalement un long système de cavités ; ce système se compose principalement de puits verticaux, de ramifications, de salles presque sans fioritures et de grandes galeries traversées par trois rivières souterraines. Les efforts d’exploration du gouffre ont débuté en 1978 par des groupes de géologues et de spéléologues français et anglais ; en 1995 une expédition grecque et française a exploré toute la cavité. En plus du gouffre du Tafkoura, plusieurs autres gouffres ou abîmes se trouvent dans ce secteur nord-est du massif du Psiloritis : le gouffre de Tafkos à Petradolakia (Τάφκος στα Πετραδολάκια), situé au sud de Pétradolakia, profond de 473 m et long de 1 500 m ; le gouffre de Diplotafki (Διπλοτάφκι), de 400 m de profondeur et de 1 033 m de longueur ; le gouffre du Mythia Kampathoura (Μύθια Καμπαθούρα), aussi nommé gouffre du Koritsi (Κορίτσι), situé au nord-est de Pétradolakia, à une altitude de 1 303 m, profond de 223 m et long de 475 m. Ces gouffres sont les cavités karstiques les plus profondes du Psiloritis, à travers lesquelles les eaux pluviales et les eaux de fonte des neiges sont conduites jusqu’à la source karstique de l’Almyros, située à quelques kilomètres à l’ouest d’Héraklion. |
| | L’observatoire astronomique du mont Skinakas (Αστεροσκοπείο του Σκίνακα / Asteroskopeío tou Skínaka) | Le mont Skinakas (κορυφή Σκίνακας) est l’un des sommets les plus orientaux du massif du Psiloritis ; il culmine à 1 752 m d’altitude. Près de son sommet a été construit, en 1985, l’observatoire astronomique de Crète, géré par l’Université de Crète avec deux autres institutions de recherche scientifique ; l’observatoire devait être prêt pour le passage de la comète de Halley, en 1986. On peut se rendre à l’observatoire par une piste de terre prenant sur la gauche de la route d’Anogia au Nida au lieu-dit Pétradolakia, près de l’École crétoise de ski. Cette piste, de plus de 5 km de longueur, est en plutôt mauvais état et il vaut mieux ne l’emprunter qu’avec un véhicule tout-terrain. Aller à l’observatoire du Skinakas avec Google Maps (35.211819, 24.898044). L’« astroscope » dispose notamment d’un télescope d’1,3 m de diamètre. L’observatoire du Skinakas est ouvert au public une fois par mois en été, à la date de la pleine lune. Horaires : de mai à septembre, de 18 h à 23 h, aux dates indiquées sur le site de l’observatoire. Téléphone : 00 30 281039 4200. Site sur la Toile : skinakas.physics.uoc.gr. |
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| Le plateau du Nida (Οροπέδιο της Νίδας / Oropédio tis Nídas) | Le plateau du Nida (Νίδα) est le plus grand plateau du massif du Psiloritis. Le toponyme du plateau serait une élision de l’expression « eis tin Ída » (« εις την Ίδα »), c’est-à-dire « à Ida », le plateau se trouvant sur le chemin menant au mont Ida et à son sanctuaire. Le plateau du Nida est situé à peu près au centre du massif montagneux (point B1 sur la carte géologique du Psiloritis, n° 5 sur la carte du Géoparc du Psiloritis), à l’est du point culminant du massif, le mont Ida (2 456 m). Le plateau est entouré par de hauts sommets : au nord-ouest, le mont Charkias (1 629 m) : au nord, le mont Tympanatoras (1 577 m) ; au nord-est, le mont Damakoi (1 584 m) ; à l’est le mont Pipéros (1 713 m) ; au sud-est, le Magérémonas (1 538 m) ; au sud, le mont Soros (1 720 m) ; au sud-ouest, le mont Mavri (1 981 m) ; à l’ouest le mont Koussakas (1 920 m). L’altitude moyenne du plateau est de 1 360 m ; c’est le plus haut plateau de Crète, un peu plus haut que le plateau d’Omalos dans le massif des Montagnes Blanches. Le Nida se trouve à environ 22 km de la ville d’Anogia qui est à une altitude beaucoup plus basse, 750 m. Le plateau du Nida s’est formé par suite de la dissolution karstique des roches carbonatées, calcaires et marbres, par l’élargissement de dolines, c’est-à-dire de petites dépressions de surface, et forme maintenant une structure plus grande, un poljé, un plateau karstique d’altitude ; comme les dolines voisines de Pétradolakia, le poljé du Nida s’est formé juste à l’endroit où l’unité de calcaire de Tripolitsa, de la dolomite noire, entre en contact avec les roches sous-jacentes de l’unité de calcaire en plaquettes (Plattenkalk). La présence de minces couches imperméables de métaflyschs de calcaires en plaquettes et de roches de phyllite-quartzite a retenu l’eau plus longtemps pour former ces dépressions. Les résidus de la décarbonation des roches ont formé de riches sédiments (terra rossa) qui s’accumulent généralement dans les dépressions. La grande faille de l’Ida, qui délimite les pentes orientales du Psiloritis et le plateau lui-même, a joué un rôle important dans la création du Nida : en effet, cette faille a fait s’abaisser la surface du plateau par rapport aux sommets du Psiloritis, renforçant ainsi les conditions de concentration en eau et d’intense dissolution des roches carbonatées. De plus, de nombreux gouffres apparaissent dans la partie nord du plateau, qui semble s’être abaissé encore plus, à 1 337 m d’altitude, forçant les eaux de surface à s’enfoncer à l’intérieur de la terre par des rivières souterraines. Le plateau du Nida présente une forme à peu près triangulaire, avec une superficie d’à peine plus d’1 km² ; la surface du plateau est plate, à l’exception d’une petite colline, dans le sud, qui atteint quelque 417 m d’altitude. Il y a encore quelques décennies, des céréales étaient cultivées sur les terres rouges fertiles du plateau, mais, de nos jours, le plateau est consacré à l’élevage du bétail, principalement des moutons et des chèvres ; les terres sont couvertes d’une plante nommée localement « chrysochorto » (χρυσόχορτο) (herbe dorée) qui est de la renouée du mont Ida (Polygonum idaeum). Quelques sources suffisent pour abreuver les troupeaux, notamment la source de Varsamos (Βάρσαμος) à la limite sud du plateau, la source d’Afentis Christos (Αφέντης Χριστός) située juste à côté de l’antre de l’Ida et la source de Romanas un peu plus au nord. Le paysage du Nida est marqué par les cabanes de berger, construites en pierres sèches de calcaire en plaques, qui sont nommées « mitata » ; ces cabanes rondes sont parsemées sur le pourtour du plateau. Le plateau du Nida est couvert de neige pendant l’hiver ; au printemps, le Nida est un lieu enchanteur, entièrement vert avec de petits arbustes, quelques arbres et des fleurs sauvages, mais entouré de sommets encore enneigés ; à la fin de l’été le plateau est coloré de rouge par l’érable crétois (Acer creticus) ; en automne, c’est le gris de la roche stérile qui domine. Dans le coin sud du plateau se trouve un passage, le « Passage de Milia » (Πόρος Μηλιάς), entre le mont Mavri (Μαύρη) et le mont Soros (Σωρός), qui conduit, par une piste de terre, vers les gorges de Vorizia et les gorges et la grotte de Kamarès, et, au-delà, vers la plaine de la Messara. À l’ouest du plateau, au bout de la route à revêtement qui relie Anogia au Nida, se trouve une vaste aire de stationnement d’où l’on peut monter par un sentier jusqu’à l’antre de l’Ida. Sur cette aire de stationnement se trouve une taverne qui, autrefois, était en activité pendant l’été et servait des plats traditionnels de la contrée ; cette taverne, la taverne du Nida, construite à l’emplacement d’un ancien mitato, paraît provisoirement ou définitivement fermée. | |
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| Le mont Ida (Όρος Ίδη / Óros Ídi) | Le mont Ida est le point culminant du massif du Psiloritis, de l’île de Crète et de toute la mer Égée ; il atteint une altitude de 2 456 m ; c’est la huitième montagne la plus haute de Grèce, la première étant le mont Olympe, avec 2 920 m d’altitude. Le mont Ida se trouve au milieu d’une chaîne de montagnes située dans l’ouest du massif du Psiloritis (point F7 sur la carte géologique du Psiloritis) ; cette chaîne de montagnes, étroite et allongée, comprend les montagnes les plus hautes du massif, dépassant les 2 000 m d’altitude : le mont Limni (Λίμνη) (2 211 m), le Voulouménou (Βουλουμένου) (2 267 m), l’Agathias (Αγκαθιάς) (2 424 m) et le Stolistra (Στολίστρα) (2 336 m). Les deux plus hauts sommets, le mont Ida et le mont Agathias, se présentent comme deux montagnes presque jumelles, reliées par une selle, une sorte de col évasé, située à environ 2 321 m. Toutes ces montagnes sont constituées de calcaire en plaques, les nappes géologiques supérieures, notamment la nappe de calcaire de Tripolitsa, ayant été décapées par l’érosion et la dissolution. Cette chaîne de montagnes constitue une ligne de partage des eaux entre les cours d’eau qui se jettent, au nord, dans la mer de Crète et, au sud, dans la mer de Libye. Aller au mont Ida avec Google Maps (35.226514, 24.770712). Des sommets de cette chaîne de montagnes le randonneur a une vue panoramique sur toute l’île : les falaises abruptes au sud et à l’ouest surplombent la plaine de la Messara et la vallée d’Amari ; le mont Kédros et le mont Kouloukonas ressemblent à de petits frères jumeaux, tandis que le massif des Montagnes Blanches et le massif du Dicté s’élèvent comme des murs à l’ouest et à l’est respectivement. Sur le plan administratif, le mont Ida est situé non dans la commune d’Anogia, mais sur le territoire du canton du Kouloukonas dans la commune du Mylopotamos, à la frontière avec le canton de Kourités dans la commune d’Amari. Le toponyme du mont Ida, « ídi », désigne une forêt, ce qui est paradoxal pour cette montagne dénudée ; il se peut que cela fasse référence à une forêt qui couvrait le plateau du Nida dans l’Antiquité. Ida était aussi le nom de l’une des nymphes qui élevèrent le dieu Zeus, en le nourrissant du lait de la chèvre Amalthée, dans l’antre de l’Ida. Le nom officiel de la montagne est « Psiloritis » (Ψηλορείτης), qui est aussi le nom du massif montagneux. Le mont Ida est aussi nommé Timios Stavros (Τίμιος Σταύρος), la « Sainte-Croix », pour la chapelle de ce nom située à son sommet ; cette chapelle a l’aspect d’un mitato, une cabane traditionnelle de berger en pierres sèches, mais avec deux dômes, et peut servir d’abri contre le vent froid pour les randonneurs. La montée au sommet de l’Ida peut se faire par plusieurs itinéraires : - l’itinéraire le plus classique part du plateau du Nida, dont le nom signifierait d’ailleurs « à l’Ida », situé vers 1 380 m d’altitude ; c’est par ce chemin que se faisaient les pèlerinages au sanctuaire de la grotte de l’Ida, qui se trouve un peu à l’écart de cet itinéraire. Depuis l’ancienne taverne du Nida, suivre le balisage conduisant à la grotte de l’Ida ; après avoir dépassé la chapelle de l’Ascension (Ανάληψη) on atteint une bifurcation : la branche de droite conduit vers la grotte, la branche de gauche mène au sommet de l’Ida. Le sentier longe le versant nord du mont Koussakas (Κούσσακας) (1 920 m), puis atteint une autre bifurcation, près du plateau d’Akollita (Οροπέδιο Ακόλλητα) : la branche de gauche conduit, en direction du sud, vers les gorges et les villages de Vorizia et de Kamarès ; il faut emprunter la branche de droite, en direction du nord-ouest. Le sentier atteint ensuite le pied sud-ouest du mont Voulouménou, puis le mont Agathias d’où le mont Ida devient visible ; le sentier suit la crête de l’ensellement qui relie le mont Agathias au mont Ida. Cet itinéraire prend de 4 à 5 heures de marche pour la montée, et 3 à 4 heures pour la descente, avec près de 1 000 m de dénivelée ; l’itinéraire suit le tracé d’une branche du sentier européen de grande randonnée E4, qui est balisé en noir et jaune. Lors de la « Course du Psiloritis », qui a lieu à la fin du printemps, des sportifs de haut niveau effectuent la montée en 2 h 30 min …
- depuis le village de Kamarès, il faut emprunter les gorges de Kamarès jusqu’à l’entrée des gorges, située sous le plateau d’Akollita ; à ce point on rejoint le premier itinéraire venant du Nida. À l’écart de cet itinéraire, on peut visiter la célèbre grotte de Kamarès.
- depuis le village de Vorizia, en remontant les gorges de Vorizia. Cet itinéraire rejoint le premier itinéraire à proximité de la chapelle d’Analipsi. En chemin, il est possible de faire un détour par la grotte de Kamarès.
- depuis le village de Fourfouras ou le village de Kouroutès, dans l’est de la vallée d’Amari, située à l’ouest du massif du Psiloritis, en suivant les sentiers de randonnée E4, via le refuge de « Toumpotos Prinos » (Καταφύγιο Τουμπωτός Πρίνος), situé à 1 600 m d’altitude. Pour arriver au refuge, on peut suivre le chemin E4 depuis Fourfouras (3 heures) ou par un chemin de terre depuis Kouroutès (12 km). Un itinéraire part également de « Papa ton Lakko » (Παπά τον Λάκκο) (1 590 m) dans les montagnes de Fourfouras, situées à l’est du village ; cet itinéraire passe par le plateau de Korakias (Οροπέδιο Κορακιάς) (1 580 m) avec un temps de montée moyen de 3 heures.
- depuis la zone d’Arkadi à l’ouest.
- l’itinéraire le plus facile et le plus court part du refuge de « Lakkos tou Mygéros », à 1 670 m, dans les montagnes de Livadia ; on peut se rendre en automobile de tourisme jusqu’au refuge depuis le village de Livadia. Depuis le refuge une chaussée pavée, la « Strata tou Psiloritis » (Στράτα του Ψηλορείτη), part en direction du sommet du mont Ida. La chaussée rejoint l’E4 au sommet du mont Voulouménou et conduit vers l’ouest en direction du mont Agathias jusqu’au mont Ida. La durée de cet itinéraire est de 2 à 3 heures.
La vue depuis le sommet est magnifique, si elle n’est pas bouchée par de la brume ou des nuages, ce qui n’est pas rare. Il faut se munir de beaucoup d’eau et de vêtements chauds, car, à 2 456 m d’altitude, le vent peut être glacial, même par beau temps. À Anogia, le centre d’information du géoparc du Psiloritis (Παγκόσμιο Γεωπάρκο UNESCO Ψηλορείτη, Κέντρο Πληροφόρησης) peut donner des renseignements précieux avant la randonnée ; il se trouve près de la sortie orientale du village. | |
| La faille de l’Ida (Ρήγμα Ιδαίου / Rígma Idaíou) | La faille de l’Ida (Ρήγμα Ιδαίου) (n° 56 sur la carte du Géoparc du Psiloritis) : Les falaises abruptes du côté oriental des montagnes du Psiloritis, surplombant le plateau du Nida, sont formées par une grande faille normale. La faille est en fait la cause qui a révélé l’entrée de la grotte de l’Ida (Ιδαίον Άντρο) ; la faille est bien conservée à l’entrée de la grotte, mais aussi dans la grotte elle-même, avec de beaux plans de faille et des lignes de glissement tectoniques caractéristiques. Cette faille de poussée du détachement crétois (Κρητικό Ρήγμα Απόσπασης) part de la plaine de la Messara au sud, traverse le corps principal des montagnes du Psiloritis et continue plus au nord-ouest jusqu’à la vallée du Mylopotamos. Compte tenu des déplacements verticaux des roches de calcaire de Tripolitsa qui existent au mont Mavri Koryfi (Μαύρη Κορυφή) (« le sommet sombre »), situé juste à l’ouest de la faille, et également sur le plateau du Nida à l’est de la faille, il semble que des roches aient été surélevées verticalement au moins jusqu’à 400 m. Cette poussée verticale, ainsi que des changements dans le mouvement de surface des eaux qui s’en sont suivis, sont à l’origine de la création du plateau du Nida, qui se trouve en fait en travers de la direction de la faille. En plusieurs endroits, des indicateurs tectoniques montrent une réactivation très récente de la faille, la caractérisant comme une faille active. | |
| La grotte de l’Ida (Ιδαίον Άντρο / Idaíon Ántro) | La grotte dite de l’Ida est une grotte située sur le flanc oriental du massif de l’Ida, à environ 1 538 m d’altitude ; la grotte ne se trouve pas sur le mont Ida lui-même, mais sur les pentes d’une montagne faisant partie de la même chaîne de montagnes, identifiée selon les cartes comme le mont Limni ou comme le mont Koussakas, qui culmine à environ 2 209 m d’altitude (point B2 sur la carte géologique du Psiloritis, n° 29 sur la carte du Géoparc du Psiloritis). On peut accéder à la grotte de l’Ida depuis le rebord ouest du plateau du Nida, au bout de la route d’Anogia au Nida ; une vaste aire de stationnement permet de se garer au départ du sentier conduisant à la grotte ; sur l’aire de stationnement se trouve une ancienne taverne, la taverne du Nida (Ταβερνα Νίδας) ou taverne de l’Analipsi, construite à l’emplacement d’un ancien mitato. On peut atteindre la grotte en ¼ d’heure à ½ d’heure de marche plutôt difficile, sur le sentier rocailleux d’environ 1 km de longueur, avec une dénivelée d’environ 150 m. Aller à l’antre de l’Ida avec Google Maps (35.208251, 24.829020). Le nom local de cette grotte est « Grotte de la Bergère » (Σπηλιάρα της Βοσκοπούλας). La découverte à l’intérieur de la grotte, à la fin du XIXe siècle, d’une tablette d’argile portant une dédicace à Zeus a contribué à son identification comme l’Antre de l’Ida, ou l’Antre Idéen (Ιδαίο Άντρο ou, sous la forme archaïque, Ιδαίον Άντρον), mentionné par les textes anciens. La grotte de l’Ida s’est formée dans le marbre en plaques de l’unité tectonique de calcaires en plaquettes (Plattenkalk) ; la grotte n’est pas de grandes dimensions, mais fait en réalité partie d’un système de grottes beaucoup plus vaste qui existe toujours sous le plateau du Nida ; cet ensemble de grottes a été divisé par la grande faille de l’Ida qui a mis au jour l’entrée de la grotte de l’Ida ; des plans parallèles de la faille apparaissent également à l’intérieur de la grotte. À l’entrée de la grotte, mais aussi à l’intérieur, de beaux plis des marbres en plaques sont visibles. La grotte de la Bergère n’est pas particulièrement impressionnante, sur les plans géologique et spéléologique, mais, de par sa position sous le plus haut sommet de la Crète, elle a de tous temps revêtu une valeur culturelle et cultuelle considérable. La grotte de l’Ida a été un lieu de culte dès la fin du IVe millénaire avant JC. À l’époque minoenne, les rois de Cnossos, personnalisés par le légendaire roi Minos, visitaient la grotte tous les neuf ans pour y recevoir des dieux les lois pour gouverner leur peuple. Dans la mythologie grecque l’antre de l’Ida se dispute, avec la grotte du Dicté, le titre de lieu de naissance du Père des Dieux, Zeus ; au Ier siècle, Diodore de Sicile réconcilia les deux légendes en écrivant que Zeus serait né dans la grotte du Dicté, puis aurait été élevé dans la grotte de l’Ida. La mère de Zeus, la titanide Rhéa (Ρέα), aurait caché son fils dans la grotte de l’Ida pour qu’il échappât à son époux et frère, Cronos (Κρόνος) ; Cronos avait en effet la détestable habitude de dévorer sa progéniture parce que son père, Ouranos (Ούρανός), et sa mère, Gaïa (Γαΐα), qui étaient aussi les parents de Rhéa, l’avaient averti qu’il serait détrôné par un de ses fils. Zeus aurait été nourri par les nymphes du mont Ida avec le lait d’une chèvre aux cornes d’or, Amalthée (Άμάλθεια) ; pour que Cronos ne découvre pas le nourrisson, ses pleurs étaient étouffés par le vacarme fait par de jeunes guerriers, les Curètes (Κουρήτες), dansant devant la grotte en frappant bruyamment leurs boucliers de cuivre avec leurs armes ; le mot Kourète dérive de « kouros » (κόρος ou κοῦρος) qui désigne un garçon, un jeune homme. L’antre de l’Ida est l’un des sites archéologiques les plus importants de Crète, ayant livré des artefacts datant depuis l’époque néolithique jusqu’à l’époque romaine : - La grotte de l’Ida a été utilisée dès l’époque néolithique finale, vers 3300 à 3000 avant JC, comme habitation saisonnière, mais pendant la plus grande partie du IIIe millénaire avant JC, la présence humaine ne semble pas avoir été permanente.
- Au cours de la seconde moitié du IIe millénaire avant JC, à l’époque minoenne néo-palatiale, l’usage religieux de la grotte est attesté ; des centaines d’ossements d’animaux, retrouvés au milieu des cendres et du charbon de bois, témoignent du sacrifice rituel et de la consommation alimentaire ; certains objets, comme des sceaux à iconographie religieuse, une double hache en bronze et une paire de cornes de consécration étaient dédiés aux dieux. Le sceau lenticulaire n° 25 du Musée de Héraklion, en cristal de roche à motifs architectoniques date probablement du MM-III ; le sceau n° 24, lui aussi en cristal de roche mais représentant une femme soufflant dans une conque près d’un autel, est daté du MR-I ; à la même époque appartiennent la partie inférieure d’un adorant de bronze (n° 1641), plusieurs tessons découverts en 1956, et peut-être aussi deux ou trois aiguilles d’os, un petit couteau (ou pendentif) d’obsidienne à deux tranchants, un fragment d’ivoire servant de montant à un coffret et gravé du signe du trident qui se lit « R Ε » en écriture linéaire. Le MR-III est bien représenté par les tessons découverts sur une sorte de dallage à droite de la grande descente.
- Aux époques grecques, la grotte était le principal sanctuaire crétois dédié au Zeus crétois (Κρηταγενής Δίας) et fréquenté par tout le monde hellénique ; un autel, sculpté dans la roche calcaire, se dresse encore à l’entrée de la grotte. L’endroit a également été utilisé comme oracle pendant plusieurs périodes, probablement de la même manière que Delphes, en raison des émissions de gaz de la faille active de l’Ida située à proximité.
- La fréquentation la plus forte de la grotte est attestée à l’époque géométrique et à l’époque archaïque, du Xe au VIe siècle avant JC, époques où le panthéon des dieux grecs antiques prend forme, forme et substance. L’importance de la grotte est soutenue par les nombreuses et précieuses dédicaces : objets en bronze, tels que récipients de différentes tailles et d’un artisanat élaboré, figurines, remarquables boucliers en bronze datant du IXe siècle au VIIe siècle avant JC, couvercles et instruments de musique, sceaux uniques en ivoire, bijoux et récipients miniatures en or, colliers de pierres semi-précieuses. Ces dédicaces étaient des spécimens exquis d’une qualité exceptionnelle, faites de matériaux coûteux soit importés directement d’Orient (Égypte, Syro-Palestine, Phénicie, Chypre et Mésopotamie), soit produits en Crète comme imitations locales.
- À partir de l’époque classique, au Ve siècle avant JC, le culte de la grotte idéenne a été décrit par des sources écrites comme mystérieux et « chthonien ». Une zone pavée à l’intérieur de la grotte était utilisée pour les sacrifices. De plus, des inscriptions montrent qu’un puissant sacerdoce s’y était installé, auquel les villes crétoises étaient obligées de verser une contribution annuelle.
- Pythagore aurait visité la grotte ; Platon y aurait situé son ouvrage « Les Lois » (Νόμοι) comme un dialogue le long de la route de pèlerinage ; les découvertes faites à l’intérieur indiquent des offrandes apportées de toute la Méditerranée orientale. L’antre idéen est mentionné par Pindare au Ve siècle avant JC comme « une grotte très respectée et largement reconnue » caractérisée dans les sources littéraires comme un lieu de pèlerinage, de cérémonies d’initiation et de rituels en l’honneur de Zeus.
- À l’époque hellénistique et à l’époque romaine, du IVe siècle avant JC au IVe siècle après JC, la grotte a continué d’être utilisée comme un centre de culte extrêmement important. Les lampes à huile fabriquées dans des ateliers de toute la Méditerranée et les pièces de monnaie étaient probablement des éléments de dédicace. Un « dé » à douze faces datant du Ier siècle après JC servait peut-être de dédicace ou même d’instrument de divination. Les pèlerins ont continué à grimper jusqu’à la grotte de l’Ida jusqu’à l’époque de Julien l’Apostat, au milieu du IVe siècle après JC, lorsque le culte a cessé d’être pratiqué, apparemment en raison de l’établissement de la religion chrétienne.
Après la découverte dans la grotte de la Bergère, en 1884, d’une tablette de terre cuite portant une dédicace à Zeus, la grotte a été fouillée par les archéologues italiens. La grotte de l’Ida, ainsi que l’esplanade formée naturellement devant son entrée, ont d’abord été étudiées par le savant italien Federico Halbherr, en 1885, avec de courtes investigations par Stéfanos Xanthoudidis (Στέφανος Αντωνίου), en 1917, et par Spyridon Marinatos (Σπυρίδων Μαρινάτος), en 1956. Les fouilles les plus importantes et les plus récentes ont été réalisées par Yiannis Sakellarakis (Γιάννης Σακελλαράκης) et son épouse Éfi, de 1982 à 1986. La plupart des artefacts découverts lors de ces fouilles sont exposés au Musée archéologique d’Héraklion ou au Musée archéologique de Réthymnon. L’entrée de la grotte, située sur la falaise créée par la faille de l’Ida, mesure 25 m de largeur et 16 m de hauteur ; en hiver, cette entrée est obstruée par la neige, parfois jusqu’au mois de mai. Derrière l’ouverture, le sol de la grotte est légèrement en pente ; un escalier en béton y a été construit pour permettre la visite. La grotte comprend une grande salle et deux salles latérales plus petites ; ces salles sont à peu près dépourvues de concrétions. Après la visite de la grotte, on peut emprunter le petit chemin qui va vers le nord-est ; au bout de ce chemin, à une quinzaine de mètres, on peut voir deux énormes rochers plats ; sur l’un de ces rochers, on peut encore voir des empreintes de pieds creusées dans la roche : ce sont les bases de fixation d’une statue en cuivre de Zeus ; l’autre pierre était utilisée comme autel à l’époque hellénistique. Depuis cet endroit dégagé, on a aussi une vue splendide sur le plateau du Nida. Sur le chemin menant à la grotte se trouve une petite chapelle, la chapelle de l’Ascension (Ανάληψη). Près de cette chapelle une tombe blanche intrigue : il ne s’agit pas de la tombe d’un prêtre mais de la tombe d’un berger, Michalis Vrentzos (Μιχαλης Βρεντζος), mis à mort par un collaborateur des occupants allemands le 3 septembre 1943. Les gestapistes (γκεσταμπίτες), comme les nommaient les Crétois, ont accusé le berger de fournir de la nourriture et de l’eau aux résistants, puis l’ont tué de deux balles de pistolets. Cet événement eut une suite, quatre années plus tard : le 30 avril 1947, lors du procès du collaborateur, Nikos Maiasis (Νικόλαος Μαγιάσης), le frère du berger, Giorgos Vrentzos (Γιώργος Βρέντζος), a poignardé de deux coups de couteau l’assassin de son frère. La visite de la grotte de l’Ida est quelque peu frustrante pour un lieu aussi emblématique où serait né rien moins que le « Père des Dieux » : les horaires sont restreints, de 9 h à 14 h ; le site est ouvert à la visite après la fonte des neiges ; aucun panneau d’information, même sur l’aire de stationnement, n’indique que le site est ouvert ou non. Le site est clôturé et fermé en dehors des heures de visite, mais la clôture n’est pas infranchissable. On peut se renseigner auprès du Centre d’Information du Géoparc du Psiloritis à Anogia (ouvert de 9 h à 16 h ; fermé en fin de semaine ; téléphone : 00 30 2834 031 402). Le site a l’aspect d’une carrière à l’abandon, avec des rails et des wagonnets, utilisés par les archéologues dans les années 1980 pour évacuer les roches ; ces rails sont toujours en place comme si les fouilles allaient reprendre le lendemain et seront bientôt eux-mêmes des objets archéologiques du XXe siècle. |
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| Histoire | La localité d’Anogia aurait été fondée au XIIIe siècle ; la contrée faisait partie du fief de la famille Phokadès (Φωκάδες), l’une des douze familles nobles byzantines entre lesquelles la Crète avait été partagée en 1092, sous le règne d’Alexis Ier Comnène, après la répression de la révolte du général byzantin Karykès (Καρύκης) qui s’était emparé de l’île. La famille Phokadès était censée être des descendants de Nicéphore Phocas qui avait reconquis la Crète sur les Sarrasins en 961 et qui fut ensuite empereur de Byzance (Βασιλεύς) ; pour cette raison, la contrée d’Anogia était nommée « les terres hautes royales » (Βασιλικά Ανώγεια) ; sous la domination vénitienne, les Phokadès prirent le nom de Kallergis (Καλλέργης). Vers la fin de l’époque vénitienne, en 1593, Anogia comptait déjà près de 1 000 habitants. Lors de la conquête ottomane de la Crète, la région d’Anogia fut occupée par les Turcs dès 1648 ; Anogia bénéficia cependant d’un statut privilégié, le statut de fondation religieuse (vakıf), dédiée à la mosquée de la « Sultane Validé » (Valide sultan, Βαλιδέ σουλτάνα), c’est-à-dire de la mère du sultan. Anogia n’en fut pas moins un des centres des rebellions crétoises contre l’occupant ottoman et en subit de dures représailles. Un habitant d’Anogia s’illustra dans la lutte contre les Turcs lors des soulèvements de 1821, de 1841 et de 1866, le capitaine Stavros Niotis (Σταύρος Νιώτης), membre de la société secrète de libération de la Grèce Filiki Étéria (Φιλική Εταιρεία). Pendant le soulèvement de 1821, en mai 1822, les Anogéiens, menés par Vassilis Sbokos (Βασίλης Σμπώκος), battirent les Turcs à Sklavokampos (Σκλαβόκαμπος), près de Goniès ; en représailles, le 14 juillet 1822, le pacha Mehmed Chérif (Mehmed Şerif Paşa, Μεχμέτ Σερίφ Πασάς), pilla et incendia le village d’Anogia désert, alors que ses habitants combattaient dans la Messara. Pendant le soulèvement de 1866, trois Anogéiens moururent dans l’holocauste du monastère d’Arkadi, en novembre 1866. En 1867, le pacha Omer (Ömer Paşa, Ομέρ Πασάς) occupa Anogia et, en novembre de la même année, le pacha Réchid (Reşid Paşa, Ρεσίζ Πασάς) incendia le village, pour la deuxième fois dans l’histoire du village et seulement 45 ans après la première destruction. Les habitants d’Anogia prirent aussi part à la révolte de 1897. |
| La destruction d’Anogia (Καταστροφή των Ανωγείων / Katastrofí ton Anoyíon) | Anogia fut aussi un des centres de la Résistance sous l’occupation allemande pendant la Seconde Guerre mondiale :- En avril 1944, les résistants crétois et les agents du Special Operations Executive britannique (S O E), commandés par Patrick Leigh Fermor, enlevèrent le général Kreipe près d’Archanès, et trouvèrent refuge et assistance à Anogia, sur leur route pour rejoindre la baie de Rodakino, d’où ils embarquèrent pour Le Caire en Égypte.
- Le 7 août 1944, l’adjudant Olenhauer et sept soldats de la garnison de Yéni-Gavé, venus réquisitionner des travailleurs à Anogia, furent faits prisonniers puis furent assassinés par des andartès (αντάρτες), des partisans du village.
- Le lendemain, le 8 août, le capitaine William Stanley Moss, du S O E, et huit résistants crétois tendirent une embuscade, à Damasta, aux soldats allemands qui montaient vers Anogia pour exerçaient des représailles à la suite de l’assassinat des soldats de la garnison de Yéni-Gavé ; plusieurs dizaines de soldats allemands et italiens furent tués.
Le commandant de la 22e Division d’infanterie aéroportée (22. Luftlande-Infanterie-Division) de la Wehrmacht, le général Friedrich-Wilhelm Müller, ne voulut pas laisser impunies ces actions, avant de procéder au retrait des troupes allemandes vers la Festung Kreta, le réduit de Crète occidentale, en septembre 1944. Le 13 août, Müller ordonna la destruction d’Anogia : « Da die Stadt Anogia ein Zentrum der englischen Spionagetätigkeit auf Kreta ist, da die Einwohner Anogias den Sabotageakt von Damasta ausgeführt haben, da die Partisanen verschiedener Widerstandsgruppen in Anogia Schutz und Unterschlupf finden und da die Entführer Generals Kreipe ihren Weg über Anogia genommen haben, wobei sie Anogia als Stützpunkt bei der Verbringung nutzten, befehlen wir den Ort dem Erdboden gleichzumachen und jeden männlichen Einwohner Anogias hinzurichten der innerhalb des Dorfes oder in seinem Umkreis in einer Entfernung bis zu einem Kilometer angetroffen wird. Chania den 13. August 1944. Der Kommandant der Festung Kretas, H. Müller ». « Parce que la ville d’Anogia est un centre de l’activité d’espionnage anglais en Crète, parce que les habitants d’Anogia ont commis le sabotage de Damasta, parce que les partisans de divers groupes de résistance trouvent protection et abri à Anogia et parce que les ravisseurs du général Kreipe sont passés par Anogia, en utilisant Anogia comme base de transfert, nous ordonnons que la localité soit rasée et que tout habitant masculin d’Anogia trouvé à l’intérieur du village ou dans ses environs à une distance maximale d’un kilomètre soit mis à mort. La Canée, le 13 août 1944. Le commandant de la forteresse de Crète, H. Müller ». (Pourquoi « H » ?) Au matin du 13 août, trois bataillons de la 22e Division, soit environ 2 000 soldats, investirent le village d’Anogia depuis plusieurs directions, accompagnés d’agents des services de sécurité chargés d’arrêter les résistants recherchés. Des gardes furent disposés sur les hauteurs environnantes pour empêcher les habitants de s’échapper ; cependant, la plupart des hommes valides s’étaient déjà réfugiés dans le massif de l’Ida, pressentant des représailles après les évènements de la semaine précédente ; dans le village se trouvaient près de 2 500 femmes, enfants et vieillards, et quelques hommes invalides. Une dizaine d’hommes furent mis à mort, et environ quatre-vingts adultes furent arrêtés et transférés à Héraklion ; les autres habitants n’eurent que quelques instants pour rassembler leurs affaires et furent conduits à pied jusqu’au village de Yéni-Gavé, nommé de nos jours Drossia, où ils passèrent la nuit dans la campagne ; quelques jeunes filles avaient réussi à s’enfuir le long du parcours ; le lendemain ils furent conduits jusqu’à Pérama et furent libérés ; les habitants d’Anogia trouvèrent l’hospitalité dans les villages du Mylopotamos et de Réthymnon. Les soldats allemands firent exploser à la dynamite environ 800 maisons d’Anogia et incendièrent le village ; quelques femmes handicapées moururent brûlées vives dans leur maison. Près de la place centrale d’Anogia, la place d’Armi, une rue commémore ces événements tragiques, la rue du 13 août 1944 (13ης Αυγούστου 1944) ; pendant toute la durée de l’occupation allemande, de 1941 à 1944, un peu plus d’une centaine d’habitants d’Anogia furent tués par l’occupant. Près de la place d’Armi un monument commémore les trois destructions d’Anogia par les Turcs puis par les Allemands. |
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| Traditions | Les Anogéiens, vivant comme ils le font depuis l’Antiquité dans les sommets inaccessibles du Psiloritis, ont conservé inchangés au fil des siècles, de génération en génération, leurs mœurs, leurs coutumes, leurs traditions et leur caractère anthropologique. Le parler anogéien foisonne de mots anciens et a conservé cet accent dorique singulier et caractéristique, particulièrement caractéristique du « lambda » et du « ro » ; des mots grecs très anciens, relatifs principalement à des questions pastorales, à des serments, et cetera, peuvent encore être entendus. La plupart des habitants gardent leur nom de famille sans la terminaison « -akis » (-ακης), qui signifie « l’enfant de », que l’on retrouve dans le reste de l’île et notamment dans sa partie centre-est. À Anogia, on peut rencontrer des hommes dans leur costume traditionnel comportant : une mantille à franges, nommée, selon les dialectes, le « mandili » (μαντήλι) ou le « sariki » (σαρίκι) ; une chemise noire, la « chartza » (χάρτζα), avec un gilet, le « meidanogileko » ; des culottes amples, un peu comme les braies gauloises, rentrées dans les bottes, les « vrakes » (βράκες, singulier βράκα) ; de hautes bottes en cuir, les « stivania » (στιβάνια) ; au kafénio (καφενείο), on peut souvent les voir tripotant une sorte de petit chapelet, le « komboloï » (κομπολόι), mais il s’agit d’un passe-temps et cela n’a rien de religieux. |
| Élevage | L’élevage est une activité très ancienne dans le massif du Psiloritis mais il continue d’être la principale source de revenus pour les habitants d’Anogia, qui est une ville relativement riche comparée aux autres localités de l’intérieur de l’île. L’ensemble des éleveurs d’Anogia possèdent un cheptel d’environ plus de 80 000 brebis et chèvres qui sont exploitées pour leur lait, leur viande et leur laine. La pratique de l’élevage a marqué les paysages du massif du Psiloritis, et aussi du massif des Montagnes Blanches, par la prolifération des cabanes de berger. Ces cabanes de berger étaient des habitations provisoires des bergers pendant la période de l’estive ; les bergers y fabriquaient aussi des fromages de brebis ou de chèvre, et des yaourts ; certaines mitata pouvaient aussi être utilisées pendant l’hiver pour abriter des bûcherons. En grec ces cabanes de berger sont nommées « mitata » (μητάτα, au singulier μητάτο) ; ce nom de « mitato » provient du mot latin « metatus » qui désignait, sous l’Empire byzantin, les abris provisoires des militaires en campagne. En Crète les mitata étaient généralement construites en pierres sèches et de forme arrondie, peut-être par imitation des tombes minoennes à tholos. Le matériau de construction était abondant et trouvé sur place, dans ces montagnes constituées de calcaire en plaques (Plattenkalk) ; les pierres n’avaient même pas besoin d’être taillées pour être utilisées. Le mitato est constitué d’un mur circulaire, cylindrique ou conique, fait de pierres plates, avec une ouverture, plutôt basse, généralement tournée vers l’est ; le toit est également couvert de pierres plates inclinées vers l’extérieur et se chevauchant pour éviter l’entrée des eaux de pluie dans l’abri ; une ouverture dans la toiture, au sommet du dôme, permettait l’entrée d’un peu de lumière et l’évacuation des fumées du feu qui brûlait au milieu du mitato ; le bâtiment a un volume restreint, avec un diamètre ne dépassant pas 3 m et une hauteur d’environ 2 m. À l’intérieur, quelques niches, aménagées dans le mur, permettaient de ranger des ustensiles, des provisions ou des armes ; à l’extérieur, près de la porte, quelques grosses pierres servaient de table et de chaises. Le mitato est généralement accolé à un autre bâtiment servant de fromagerie, nommé « tyrokéli » (τυροκέλι) ; le tyrokéli communique avec le mitato par une ouverture intérieure, mais n’a pas d’ouverture vers l’extérieur ; les fromages y étaient fabriqués et conservés pour affinage. Ces constructions étaient suffisamment robustes pour résister au poids de la neige en hiver. À côté de ces bâtiments se trouve généralement un enclos, fait d’un mur en pierres sèches, où les brebis et les chèvres étaient rassemblées pour la traite ; cet enclos est nommé « mantra » (μάντρα). Les mitata du Psiloritis ont près de 300 ans d’âge et beaucoup sont en ruines, d’autres converties en chenils ou en poulaillers. Sur la route qui relie Anogia au plateau du Nida, se trouvent une douzaine de mitata, généralement situées sur le pourtour des plateaux où paissent les troupeaux ; sur les cartes, les mitata sont repérées par un symbole spécifique. |
| Artisanat | Artisanat lié à l’élevage du mouton, le tissage de la laine est une activité importante d’Anogia, qui est réputée pour la qualité de ses produits. Ce sont les femmes qui s’occupent de cet artisanat ; certaines ruelles de la ville basse sont entièrement occupées par des ateliers de tissage dont la production est exposée en devanture ; il est parfois possible de visiter l’atelier et d’observer le travail du métier à tisser. Devant l’atelier, les femmes s’occupent à broder les textiles, tout en attirant le client avec insistance. |
| Folklore | Anogia est l’un des grands centres de la musique de lyre crétoise (κρητική λύρα) et de la chanson traditionnelle chantée dans les contreforts du massif du Psiloritis et d’autres massifs montagneux de Crète, la « rizitika » (ριζίτικα). La localité a vu naître un grand nombre de chanteurs et joueurs de lyre célèbres : le joueur le plus renommé est sans doute Nikos Xylouris (Νίκος Ξυλούρης), surnommé « Psaronikos » (Ψαρονίκος), né à Anogia en 1936, mais décédé prématurément, en 1980, à l’âge de 44 ans ; un petit musée lui est dédié dans le quartier de Pérachori. Ses frères et ses enfants poursuivent la tradition de la chanson crétoise. Parmi les autres joueurs de lyre célèbres d’Anogia figurent Giorgos Kalomiris (Γιώργος Καλομοίρης), Nikiforos Aerakis (Νικηφόρος Αεράκης), Manolis Manouras (Μανώλης Μανουράς) et Vassilis Skoulas (Βασίλης Σκουλάς). | |
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