 | Les villages d’Anopoli et de Loutro, le village et les gorges d’Aradaina (Arádaina), et le village d’Agios Ioannis dans les Sfakia en Crète |  |
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| | La cité antique de Phénix (Φοίνιξ / Foínix) | Dans l’Antiquité grecque et romaine une importante cité portuaire se trouvait à l’emplacement occupé de nos jours par le village de Loutro ; cette cité, nommée Phénix (Φοίνιξ), était le port des cités antiques d’Anopolis (Ανώπολις) et d’Araden (Αραδήν).La cité devait vraisemblablement son nom au nom du palmier en grec ancien « φοῖνιξ », « φοίνικας » en grec moderne ; cependant la topographie des environs de Loutro n’est par très propice aux développements d’une palmeraie ; on trouve encore de nos jours, dans d’autres régions de Crète, des populations de palmiers indigènes, le palmier de Crète (Phoenix theophrasti) mais ces palmeraies se trouvent généralement à l’arrière de grandes plages ou dans des embouchures de gorges. À l’époque romaine la cité portuaire était nommée « Phoenix » ; Phénix fut aussi nommée Katopolis (Κατώπολη), par opposition avec la ville haute d’Anopolis. Une autre cité antique crétoise de la côte sud était nommée « Phénix » ; elle se trouvait dans les environs de la station balnéaire présente de Plakias, à environ 25 km à l’est, et était le port sur la côte sud de la cité antique de Lappa, qui disposait aussi d’un port sur la côte nord, près de Georgioupoli. Selon le « Stadiasmus Maris Magni », portulan du IIIe siècle, Phénix était situé à 45 stades, soit environ 8,6 km, à l’est du port de Tarrha (Τάρρα), qui se trouvait à la sortie des gorges de Samaria, à l’emplacement du village présent d’Agia Rouméli. Dans l’Antiquité, la côte était environ 4 m plus bas, et l’emplacement du village présent de Loutro était vraisemblablement sous les eaux et les installations portuaires antiques devaient s’y trouver. La cité antique de Phénix était construite sur la presqu’île de Mouri qui sépare la baie de Loutro (όρμος Λουτρό) de la baie de Finikas (όρμος Φοίνικα) ; à l’extrémité de la presqu’île se trouve une pointe, nommée le cap Mouri (ακρωτήριο Μουρί) ou le cap Mourès (ακρωτήριο Μούρες), c’est-à-dire le cap du Nez ou le cap des Nez. Le mot « μούρη, au pluriel μούρες », de l’italien « murro, au pluriel murri », du latin « murrum, au pluriel murra », désigne le nez, le museau d’un animal.
La cité de Phénix connut l’apogée de sa prospérité aux époques hellénistique et romaine, grâce au commerce maritime. Son port était réputé comme le meilleur port de la côte sud de la Crète, où les marins cherchaient refuge en cas de tempête ; ce port était abrité des vents d’ouest, du nord-ouest et du nord, et sa baie était profonde d’environ onze brasses. Cependant les liaisons du port avec l’intérieur des terres étaient rudimentaires, comme elles le sont encore de nos jours. La cité de Phénix est mentionnée dans les « Actes des Apôtres » (Πράξεις Ἀποστόλων, Acta Apostolorum), au verset 12 du chapitre XXVII, texte écrit vers la fin du Ier siècle et attribué à l’évangéliste Luc ; en l’an 60, le navire marchand transportant l’apôtre Paul jusqu’à Rome, prisonnier sous la garde d’un centurion romain, s’était réfugié dans le port de Kali Liménès, sur la côte sud-est de la Crète ; après plusieurs semaines, Kali Liménès n’étant pas propice à un hivernage, le capitaine du navire et le centurion décidèrent d’aller hiverner à Phénix. Cependant, une nouvelle tempête, soufflant du nord-est, empêcha le navire d’atteindre Phénix et l’emporta vers l’ouest où il accosta sur une île qui n’est pas identifiée avec certitude. Vers la fin de la première époque byzantine, le commerce maritime céda la place à la piraterie. Les Vénitiens construisirent un fort sur la presqu’île, fort dont il ne reste que des ruines. Le château construit par les Ottomans est, en revanche, encore visible. On peut voir quelques vestiges de la cité antique dans le coin sud-est de la presqu’île : les ruines d’un temple dédié à Apollon, de bains, d’habitations, de citernes et de remparts, ainsi que d’anciennes tombes ; pour y accéder, il faut emprunter le sentier européen de randonnée E4 en direction de Finikas, sentier qui traverse l’isthme de la presqu’île, puis bifurquer à gauche vers le sud-est de la presqu’île aux environs des ruines du château turc. L’endroit offre aussi une belle vue sur Loutro et sur sa baie. |
| Le village de Finikas (Φοίνικας / Foínikas) | Finikas est un hameau côtier, d’une dizaine d’habitants, situé au fond d’une crique de la baie de Finikas (όρμος Φοίνικα) sur la côte sud-ouest de la Crète ; la baie de Finikas se trouve, à vol de corbeau, à environ 600 m à l’ouest de la baie de Loutro ; ces deux baies sont séparées par une presqu’île, la presqu’île de Mouri, dont la pointe est le cap Mouri (ακρωτήριο Μουρί) ou cap Mourès (ακρωτήριο Μούρες), sur laquelle se trouvait la cité antique de Phénix (Φοίνιξ). Le village de Finikas (Φοίνικας) a emprunté son nom à cette cité antique. Cependant le port antique de Phénix se trouvait dans la baie présente de Loutro, car la crique de Finikas est trop exigüe pour abriter un port même en tenant compte du fait que la côte était plusieurs mètres plus bas dans l’Antiquité ; la crique de Finikas a une profondeur de fond d’environ 3 brasses, soit environ 5,4 m.
Dans la baie de Finikas se trouve une autre crique, la crique de Lykos, qui abrite quelques habitations et une plage ; ces deux criques sont séparées par un imposant promontoire rocheux. On peut accéder en automobile à ces deux criques en empruntant la route de Chora Sfakion à Agios Ioannis, et en bifurquant à gauche vers la localité de Livadiana, après Anopoli et peu avant d’atteindre le viaduc d’Aradaina ; cette petite route descend de façon vertigineuse jusqu’à Finikas et Lykos. On peut aussi venir à Finikas en bateau-taxi, notamment les bateaux-taxis qui relient Loutro à la plage de Marmara qui font parfois des haltes à Finikas pour livrer des marchandises ; la localité dispose en effet d’un petit embarcadère. Une autre possibilité est de venir à Finikas à pied, en suivant le sentier européen de randonnée E4 depuis Loutro ; le trajet prend environ 15 min de marche.
Finikas dispose d’une minuscule plage (παραλία Φοίνικα), d’une quarantaine de mètres de longueur, faite de galets et de gravier, mais équipée de chaises longues et de parasols par les taverniers. On trouve aussi dans le hameau quelques tavernes et hébergements de bonne qualité, pour un séjour paisible et reposant. |
| La plage de Lykos (παραλία Λύκο / paralía Lýko) | | La plage de Lykos est une petite plage située dans la baie de Finikas, au fond d’une crique qui se trouve à environ 500 m à l’ouest de la crique de Finikas ; les deux criques sont séparées par un petit promontoire où a été construit l’embarcadère du petit port de Finikas. La localité de Lykos compte une population d’une vingtaine d’habitants. Le toponyme de la plage de Lykos signifie littéralement « la plage du Loup » (λύκος), mais, pas de panique, on n’y a pas vu de loup depuis lundi dernier … On peut accéder à la plage de Lykos, en automobile, par une petite route à revêtement en béton qui prend sur la gauche de la route de Chora Sfakion à Agios Ioannis un peu avant le viaduc d’Aradaina ; cette petite route escarpée descend par des virages en épingles à cheveux vers Livaniana puis dessert Finikas et Lykos. On peut préférer venir à Lykos par bateau-taxi depuis Loutro, ou, à pied, par le sentier de randonnée E4. La plage de Lykos est une plage sauvage de galets et de gravier, d’environ 300 m de longueur, mais espacée de zones rocheuses ; la plage est ombragée à certains endroits par quelques tamaris et la tranquillité est assurée. À l’arrière de la plage se trouvent deux tavernes. |
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| Le village abandonné d’Aradaina (Αράδαινα / Arádaina) | Le village d’Aradaina est un village quasiment abandonné qui ne compte plus, de nos jours, que quelques habitants ; la raison de cet abandon serait une vendetta qui causa la mort de nombre d’habitants et la fuite des autres, dans les années 1950.La localité est pourtant l’emplacement d’une cité antique remontant au moins à l’époque grecque hellénistique, nommée Aradin (Αραδήν) ou Iradin (Ηραδήν), d’où provient le nom présent d’Aradaina (Αράδαινα) ou Aradéna (Αράδενα), parfois nommée en français Aradène. Aradaina est encore recensée comme une localité faisant partie de la communauté locale d’Agios Ioannis (Κοινότητα Αγίου Ιωάννου) dans le dème des Sfakia, communauté locale qui ne compte qu’une trentaine d’habitants. Aradéna se trouve à environ 15 km à l’ouest du bourg de Chora Sfakion, le chef-lieu du dème. Le village se trouve sur les contreforts sud du massif des Montagnes Blanches, à une altitude allant d’environ 520 m à 580 m, à l’ouest des gorges d’Aradéna qui séparent Aradéna du village d’Anopoli, distant d’environ 3,5 km à l’est. Pendant la saison touristique, Aradéna est relié à Chora Sfakion par un autocar une fois par jour.
La cité antique était nommée Aradin (Αραδήν) par Étienne de Byzance au Ve siècle, mais Étienne de Byzance considérait qu’Aradin et Anopolis étaient la même cité. Cependant, les deux cités figurent séparément parmi les trente cités crétoises qui signèrent un traité d’alliance avec le roi de Pergame Eumène II Sôter (Ευμένης Β΄ ο Σωτήρ), en 183 avant JC, à l’époque hellénistique ; le texte de ce traité a été découvert par l’archéologue italien Federico Halbherr dans la Bibliothèque Pythienne de Gortyne. Dans le sud du village d’Aradaina, au lieu-dit Passopétra (Πασσόπετρα), on peut voir des vestiges de bâtiments et de remparts de la cité antique, ainsi que des murs modernes construits avec des matériaux anciens. Près d’Aradaina, sur la route qui y mène depuis Agia Rouméli, se trouve un lieu-dit nommé Xénotaphi (Ξενοτάφι), où l’on peut encore voir la nécropole de la cité antique. Le port de Phénix (Φοίνιξ), de nos jours Loutro, était le port des deux cités d’Aradin et d’Anopolis. Le village d’Aradaina existait encore à l’époque byzantine, comme en témoigne Hiéroclès (Ιεροκλής), géographe byzantin du VIe siècle, qui mentionne la localité comme l’une des neuf cent douze villes de l’Empire ; il est possible que la localité ait été habitée sans interruption durant la première époque et la seconde époque byzantines, comme l’attestent les documents relatifs à la répartition des terres entre les douze aristocrates. À la fin du soulèvement de Daskalogiannis, en 1770, le village fut détruit par les Turcs en même temps que le village d’Anopoli qui était le centre du soulèvement. Le village d’Aradaina, autrefois important, aurait été déserté, en 1952, suite à une vendetta acharnée concernant la propriété d’une cloche à moutons … | _small.jpg) | | Un des derniers bâtiments qui subsistent, à Aradaina, est une église en forme de croix inscrite, datant du début du XIVe siècle, l’église Saint-Michel Archange (Αρχάγγελος Μιχαήλ) ; cette église a été édifiée à l’emplacement de la nef centrale d’une basilique paléochrétienne. | _small.jpg) |
| Le viaduc Vardinogiannis (γέφυρα Βαρδινογιάννη / géfyra Vardinogiánni) | Le viaduc Vardinogiannis est un pont qui franchit les gorges d’Aradaina sur la route de Chora Sfakion à Agios Ioannis, à environ 15 km à l’ouest de Chora Sfakion et à 5 km à l’est d’Agios Ioannis.Le viaduc Vardinogiannis doit son nom à une famille grecque richissime, originaire de Crète, dont un aïeul était originaire du village d’Agios Ioannis où cette famille avait une longue tradition de capitaines de marine. Dans les années 1980, la famille Vardinogiannis (Βαρδινογιάννης) accepta de financer la construction d’un pont afin de désenclaver le village d’Agios Ioannis ; le village d’Aradaina était, quant à lui, déjà largement dépeuplé depuis les années 1950. La construction du viaduc, à charpente métallique, s’effectua en 1985 et en 1986 ; le viaduc Vardinogiannis fut inauguré le 28 décembre 1986. La construction d’un pont était souhaitée depuis de nombreuses décennies par les populations d’Aradaina et d’Agios Ioannis, car, avant l’existence du pont, ces populations devaient emprunter un sentier muletier pour descendre au fond des gorges puis en remonter, afin de se rendre à Anopoli. Ce sentier muletier est nommé « kaldérimi » (καλντερίμι, au pluriel καλντερίμια), du mot turc « kaldırım » qui désigne une rue pavée en ville ou une route pavée dans la campagne ; le mot turc est lui-même vraisemblablement issu des mots grecs « καλός » et « δρόμος » signifiant « bonne route ». Le sentier muletier, construit en zigzag sur des murs de soutènement, est encore utilisé de nos jours par les randonneurs pour descendre ou remonter des gorges d’Aradaina ; il se trouve à environ 400 m en amont du viaduc.
Le viaduc d’Aradaina (γέφυρα της Αράδαινας) est une construction en poutres de fer, à une seule travée de 70 m de longueur ; la chaussée est constituée de traverses de bois, d’environ 4 m de largeur, permettant le croisement d’automobiles de tourisme. Le passage de véhicules produit un son caractéristique de vibration de la structure métallique qui résonne dans les gorges. Le viaduc Vardinogiannis surplombe le fond des gorges d’Aradaina d’une hauteur de 138 m et offre des vues saisissantes aussi bien vers l’amont des gorges que vers l’aval, sur plus d’1 km de distance.
Une petite plateforme de saut à l’élastique a été construite, au milieu du pont, du côté aval des gorges ; pendant la saison touristique, les amateurs d’adrénaline peuvent réserver leur plongée dans le vide auprès de Liquid Bungy. | _small.jpg) |
| Les gorges d’Aradaina (φαράγγι Αραδαίνας / farángi Aradaínas) | Les gorges d’Aradaina font partie des trois plus célèbres gorges de la région des Sfakia accessibles au public sans équipements ni savoir-faire particuliers, avec les gorges de Samaria et les gorges d’Imbros ; ces trois gorges sont d’un attrait touristique à peu près équivalent, mais les gorges d’Aradaina sont peut-être les plus difficiles à parcourir, avant les gorges de Samaria et les gorges d’Imbros. Les gorges d’Aradaina, d’Aradéna ou d’Aradène doivent leur nom au village d’Aradaina qui marque le milieu de ces gorges ; le nom du village provient du nom de la cité antique d’Aradin (Αραδήν) située à cet emplacement, un peu à l’ouest des gorges. Les gorges d’Aradaina séparent le plateau cultivé d’Anopoli du plateau boisé d’Aradaina ; le village d’Anopoli est à environ 3,5 km à l’est des gorges.
Le cours d’eau qui a creusé les gorges d’Aradaina provient de ruisseaux qui drainent les versants sud des monts Mavri Kéfala (Μαύρη Κεφάλα) (1 649 m) et la rivière souterraine de la grotte de Drakolaki (σπήλαιο Δρακολάκι), vers 1 200 m d’altitude, Exo Kampous (Έξω Κάμπους), Mavra Gremna (Μαύρα Γκρεμνά) (1 751 m) (« les falaises noires »), Kédrokéfala (Κεδροκεφάλα) (1 719 m), Xylokéfala (Ξυλοκεφάλα) (1 337 m), plusieurs kilomètres en amont du village d’Aradaina. La longueur totale des gorges d’Aradaina est d’environ 15 km.
La descente des gorges débute près du village d’Aradaina, à environ 497 m d’altitude, à environ 80 m en contrebas du village ; si l’on a stationné son véhicule après le viaduc (point n° 1 sur la carte), il faut traverser le village abandonné en suivant le rebord des gorges vers le nord jusqu’à atteindre l’ancien sentier muletier qui permettait de franchir les gorges avant la construction du viaduc.
Sinon, on peut se garer environ 700 m avant le viaduc et emprunter le sentier, à droite, qui conduit à la partie orientale du sentier muletier (point n° 2 sur la carte) pour descendre au fond des gorges. Le sentier muletier est construit, en zigzag, sur des murs de soutènement ; sa partie orientale est plutôt en meilleur état que sa partie occidentale du côté du village.
La randonnée des gorges d’Aradaina est balisée en rectangles de couleurs rouge et vert ; il est important d’être attentif à ce balisage, parfois déroutant, pour éviter les voies sans issue. Aller à l’entrée des gorges d’Aradaina avec Google Maps (35.225214, 24.065490). | _small.jpg) | | Le sentier des gorges d’Aradaina débute par une partie plate et en pente modérée, d’environ 800 m de longueur, sur la gauche du lit du ruisseau qui est généralement à sec ; cette section passe sous le viaduc d’Aradaina, situé 138 m plus haut. | _small.jpg) | Le sentier atteint ensuite un obstacle causé par deux énormes rochers qui ont obstrué le fond des gorges sur une dizaine de mètres (point n° 3 sur la carte). Jusqu’en 2019 il n’était possible de franchir cet obstacle qu’en escaladant des échelles métalliques fixées aux rochers. En 2019 un étroit sentier de contournement a été créé sur le versant occidental des gorges ; cet étroit sentier débute à droite, environ 100 m avant l’obstruction. Pour les amateurs d’émotions fortes, ou si le sentier de contournement est en trop mauvais état, les échelles sont toujours en place et permettent de franchir les rochers. Après l’obstacle, la pente du sentier augmente ; après une demi-heure de marche, la gorge s’élargit et on atteint un embranchement, sur la gauche, qui conduit vers le village d’Agios Ioannis. Ce sentier, qui traverse les gorges, provient du village de Livaniana, via le lieu-dit Azogyrès (Αζωγυρές) où se trouve la petite chapelle Agios Athanasios (Άγιος Αθανάσιος).
Après une autre demi-heure de marche (point n° 5 sur la carte), le sentier passe entre deux hautes tours rocheuses, en contrebas du village en ruines de Sterni (Στερνί) ; sur la gauche un sentier indistinct permet de monter au village de Livaniana. Le sentier continue ensuite, entre des parois hautes de plus de 150 m, sur un lit de graviers encombré de gros rochers, sur environ 1,4 km, jusqu’à la plage de Marmara (point n° 6 sur la carte). Si l’on a garé son véhicule près du village d’Aradaina, il est possible de remonter au point de départ, depuis la plage de Marmara, par un autre trajet. Emprunter le sentier de randonnée E4 en direction de Loutro ; après 300 m, quitter le sentier E4, sur la gauche, par un sentier en escalier qui monte en zigzag sur le plateau (point n° 7 sur la carte) ; rejoindre la petite route qui relie Aradaina à Finikas, via Livadiana, et monter à gauche en direction de Livadiana (point n° 8 sur la carte) ; on peut faire une halte à la taverne du village, avant de continuer à monter jusqu’à Aradaina ; il est possible de court-circuiter quelques virages en épingle à cheveux en suivant un sentier balisé en bleu. On rejoint la route de Chora Sfakion à Agios Ioannis environ 450 m avant le viaduc (point n° 9 sur la carte). | _small.jpg) | | Visite des gorges d’Aradaina : La randonnée des gorges d’Aradaina a une longueur de 5,5 km. Il faut compter 2 h 30 min de marche, sans les pauses, pour descendre les gorges ; 3 h 15 min dans le sens de la montée.
Le point de départ de la randonnée, près du viaduc d’Aradaina, se trouve à une altitude d’environ 580 m. Le point d’arrivée, sur la plage de Marmara, se trouve à environ 0 m. Le dénivelé négatif de la randonnée est d’environ 580 m, soit une pente moyenne d’environ 10 %. La visite des gorges d’Aradaina est gratuite, contrairement à celle des gorges d’Imbros. Les gorges sont ouvertes toute l’année mais il est préférable d’éviter les jours de grosse pluie. Dans leur dernière partie les gorges sont orientées nord-sud et exposées au soleil. Il faut prévoir de bonnes chaussures de marche pour franchir les zones de rochers. Près du point de départ se trouve un petit café où l’on peut acheter des provisions, notamment de l’eau en bouteille pour la randonnée ; il y a aussi une bonne taverne à l’arrivée sur la plage de Marmara. Dans l’ensemble la visite des gorges d’Aradaina est plutôt conseillée aux personnes en très bonne condition physique et familières des randonnées. Les personnes sujettes au vertige devraient s’abstenir et se contenter de la vue très spectaculaire des gorges depuis le viaduc. |
| La plage de Marmara (παραλία Μάρμαρα / paralía Mármara) | La plage de Marmara est une plage de taille modeste mais située dans un très bel environnement, à la sortie des gorges d’Aradaina. Comme son toponyme l’indique, la plage est située sur le socle de marbre de l’île de Crète, socle mis à nu par le décapage de la nappe supérieure de calcaire en plaques ; le mot Marmara signifie « les marbres » (μάρμαρο, le marbre, au pluriel μάρμαρα). La plage de Marmara est aussi connue sous le nom de « plage de Dialiskari » (Διαλισκάρι).La plage des Marbres se trouve à seulement 2 km à l’ouest, à vol de corbeau, de la station balnéaire de Loutro, mais aucune route ne permet d’y accéder en automobile. L’accès à pied à la plage est lui-même plutôt difficile : depuis Loutro, il est possible de suivre l’itinéraire de la section 14, puis de la section 13, du sentier européen de randonnée E4 pour atteindre la plage de Marmara, mais ce parcours emprunte un sentier en corniche, à une grande hauteur au-dessus de la baie de Finikas ; ce trajet est déconseillé aux personnes sujettes au vertige et il est exposé plein sud entre la roche et le précipice. Il faut compter entre 1 h 30 min et 2 h de marche depuis le port de Loutro, en passant par le village de Finikas et la plage de Lykos ; depuis Chora Sfakion, il faut compter plus de 4 h de marche. Une possibilité existe de venir en automobile jusqu’au village de Livaniana (Λιβανιανά) par une petite route en épingle à cheveux qui prend à gauche 500 m avant le viaduc d’Aradaina ; après Livaniana la petite route continue en direction de la plage de Lykos ; dans le dernier virage on peut trouver une aire de stationnement d’où par un sentier en direction de la plage de Marmara ; ce sentier rejoint le sentier de randonnée E4 que l’on peut prendre en direction de l’ouest ; ce trajet limite la marche à pied à une distance d’environ 600 m. On peut remonter les gorges d’Aradaina et redescendre depuis le village d’Aradaina vers Livaniana, en 8 km, pour récupérer sa voiture ; à Livaniana se trouve une petite taverne accueillante. Aller à Livaniana avec Google Maps (35.200930, 24.059955). La plupart des vacanciers séjournant à Loutro préfèrent utiliser les bateaux-taxis qui relient, pendant la saison touristique, la station balnéaire à la plage de Marmara, en environ 15 min et pour environ 7 € ; l’embarcadère se trouve sur le côté ouest de la plage, au pied de la taverne. Les marcheurs qui viennent à pied à la plage de Marmara empruntent plutôt le sentier de randonnée qui suit le fond des gorges d’Aradaina ; depuis le village d’Aradaina, il faut compter environ 1 h 30 min pour parcourir les 3,5 km de la longueur des gorges ; la plage de Marmara est une halte appréciée par les randonneurs, après la descente des gorges, avant le rejoindre Loutro en bateau. On peut aussi venir à la plage de Marmara en bateau-taxi et remonter les gorges d’Aradaina ou une partie des gorges, mais les premiers bateaux-taxis sont assez tard dans la matinée. Aller à la plage de Marmara avec Google Maps (35.196591, 24.058196). Malgré ces difficultés d’accès, la plage de Marmara est souvent bondée, en période estivale, car la plage est exigüe, avec une longueur d’environ 45 m et une largeur moyenne de 10 m ; le flot des vacanciers amenés par les bateaux-taxis sature rapidement la plage. Il s’agit d’une plage de gravier et de galets grisâtres charriés par le torrent des gorges d’Aradaina, pas particulièrement confortable ; en revanche, dans cet environnement rocheux, les eaux sont très limpides et tranquilles, avec la couleur turquoise caractéristique créée par la présence de carbonate de calcium dissous.
Sur les côtés de la plage apparaissent des plaques de marbre, surmontées de la couche de calcaire en plaques. Le socle de marbre est creusé de grottes marines où le fond marin est particulièrement apprécié pour sa richesse par les plongeurs avec tuba ; les plaques de marbre, lisses et colorées, offrent aussi des points commodes, mais glissants, pour plonger dans les eaux cristallines ou pour prendre un bain de soleil. On peut aussi observer, très clairement, la marque laissée par l’ancien niveau des eaux avant le basculement de la Crète du sud-ouest vers le nord-est.
La plage de Marmara est équipée de chaises longues et de parasols que l’on peut louer auprès de la taverne qui surplombe la plage du côté ouest. Cette taverne, nommée du nom de la plage « Dialiskari », propose aussi une bonne cuisine traditionnelle crétoise à des prix raisonnables ; comme la plage, la taverne peut être bondée et il est recommandé de réserver à l’avance. |
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| Le village d’Agios Ioannis (Άγιος Ιωάννης / Ágios Ioánnis) | Agios Ioannis est un hameau situé au piémont sud des Montagnes Blanches, à environ 790 m d’altitude. À environ 2 km au nord du hameau se trouve le plateau de Kroussia (οροπέδιο Κρούσια), situé à environ 1 240 m d’altitude ; le plateau dispose de plusieurs points d’eau où le bétail peut s’abreuver. Au nord du plateau se dressent le mont Koutsakas (Κούτσακας) (1 646 m) et le mont Zaranokéfala (Ζαρανοκεφάλα) (2 100 m) ; le mont Pachnès (Πάχνες) (2 452 m), le plus haut sommet des Montagnes Blanches, se trouve à environ 7,5 km au nord du hameau. Agios Ioannis n’est qu’à 2 km de la côte de la mer de Libye, une côte située près de 800 m plus bas.Agios Ioannis se trouve au bout de la route de Chora Sfakion à Agios Ioannis, à 20 km à l’ouest de Chora Sfakion, et à 5 km à l’ouest d’Aradaina, mais il faut compter plus de 30 min de conduite pour atteindre Agios Ioannis. Le hameau n’est accessible par une route à revêtement que depuis 1986, quand a été construit le viaduc d’Aradaina ; avant cette date, Agios Ioannis était un hameau enclavé : il fallait emprunter un sentier muletier en zigzag pour franchir les gorges d’Aradaina, ce qui rendait les déplacements très difficiles. Agios Ioannis compte une trentaine d’habitants, mais la localité est le chef-lieu d’une communauté locale du dème des Sfakia (Κοινότητα Αγίου Ιωάννου) qui comprend aussi le village abandonné d’Aradaina ; une autre localité de la communauté, Sterni (Στερνί), située à environ 1 km au nord de la sortie des gorges d’Aradaina, a été désertée depuis la fin du XIXe siècle ; il n’en reste que des ruines et son ancienne église, Saint-Basile (Άγιος Βασίλειος). La localité devrait son nom à une ancienne église byzantine isolée, dédiée à saint Jean, l’église d’Agios Ioannis, qui est ornée d’icônes et de fresques datant du XIVe siècle. Parce qu’Agios Ioannis (Saint-Jean) est un toponyme très commun en Crète, on précise parfois Saint-Jean de La Canée (Άγιος Ιωάννης Χανίων) ou Saint-Jean des Sfakia (Άγιος Ιωάννης Σφακίων). Il existe notamment un village d’Agios Ioannis dans la vallée d’Amari. Le village d’Agios Ioannis aurait été fondé à l’époque byzantine par des habitants de l’ancienne cité de Finikas ; c’était un village de capitaines de marine, notamment les Vardinogiannis (Βαρδινογιάννης). Ce sont les descendants de Giannis Vardinogiannis, né à Agios Ioannis, qui ont financé le viaduc d’Aradaina qui a permis de désenclaver le village ; certains des dix enfants de Giannis Vardinogiannis, nés à Épiskopi près de Réthymnon, notamment Vardis, Pavlos, Nikos, Georgios et Theodoros, ont constitué une fortune considérable dans divers secteurs économiques, notamment le transport maritime, le pétrole et la politique.
De nos jours, le village d’Agios Ioannis vit principalement de l’élevage du bétail, mais, dans le passé, l’exploitation forestière était une activité très importante grâce à la vaste forêt de Kormokopos (δάσος Κορμοκόπου), constituée de cyprès de Crète (Cupressus sempervirens varietas horizontalis), un cyprès à port en boule, et de pins de Calabre (Pinus brutia), qui entoure le village. Le nom même de la forêt indique son utilisation : ce nom est composé de « kormos » (κορμός), « une grume, c’est-à-dire un tronc d’arbre dont les branches ont été coupées », et de « kovo » (κόβω), « couper ». Le commerce de planches de cyprès a été, pendant des siècles, une des principales activités économiques des Sfakia aux époques vénitienne et ottomane. On peut découvrir ce qu’il subsiste de cette forêt grâce à un sentier de randonnée, bien balisé, qui relie le village d’Agios Ioannis à la grotte de Kormokopos, située dans le nord de cette forêt. Cette randonnée débute de l’ouest du village, à environ 800 m d’altitude, et monte en direction du nord-ouest, à travers la forêt, jusqu’à une crête située à 1 100 m d’altitude. Sur la gauche du sentier se dresse le mont Papakéfala (Παπακεφάλα) (1 015 m) dont le sommet offre de belles vues sur les gorges d’Élygia (φαράγγι της Ελυγιάς) et sur la baie d’Agia Rouméli. Le sentier redescend ensuite vers la grotte. Le trajet, de près de 3 km de longueur, prend environ 1 h 30 min de marche.
La grotte de Kormokopos (σπήλαιο του Κορμοκόπου) se trouve au début des gorges d’Élygia ; à côté de l’entrée de la grotte se trouve une source, qui coule toute l’année, où le randonneur peut se désaltérer. La grotte présente une vaste salle circulaire mais n’a pas de décoration de stalactites.
Aller à la grotte de Kormokopos avec Google Maps (35.251987, 24.000307). Une autre randonnée possible, à partir d’Agios Ioannis, conduit jusqu’à la côte où le sentier rejoint la section 12 du chemin européen de randonnée E4 ; en suivant le chemin E4 en direction de l’ouest, on atteint le cap Plaka (Άκρα Πλάκα), l’église Saint-Paul, puis le village côtier d’Agia Rouméli. Le dénivelé négatif de cette randonnée est d’environ 800 m et sa longueur est de 5 km ; il faut compter 2 h de marche pour atteindre Agia Rouméli.
L’église Saint-Paul des Sfakia (Άγιος Παύλος Σφακίων) aurait été fondée à l’époque byzantine, dans la première moitié du XIe siècle, par saint Jean l’Étranger (Όσιος Ιωάννης ο Ξένος), un moine ermite qui aurait fondé une dizaine de monastères et d’églises dans l’ouest de la Crète. Une légende locale veut que l’église d’Agios Pavlos aurait été fondée en mémoire du passage de l’apôtre Paul à cet endroit, même si l’on sait que le navire de l’apôtre Paul ne put pas accoster dans la région ; à proximité se trouve une source où, selon la tradition, l’apôtre baptisa de nombreux païens. L’intérieur de l’église Saint-Paul est décorée d’icônes. Aller à la chapelle Saint-Paul avec Google Maps (35.222863, 24.000420). | _small.jpg) |
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