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Le dème de Phaistos, la plaine de la Messara, la ville de Mires (Moíres), le labyrinthe de Gortyne et le port de Kali Limenes en Crète

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PrésentationPrésentation

Présentation généralePrésentation générale

SituationSituation

Le dème de Phaistos (Δήμος Φαιστού) occupe le coin sud-ouest du nome d’Héraklion ; son extrémité sud-ouest est le cap Lithino qui est l’extrémité occidentale des monts Astéroussia et le point le plus méridional de la Crète, situé à moins de 300 km de la Cyrénaïque en Afrique du Nord. Le dème est bordé au nord par le massif du Psiloritis, à l’est par la partie orientale de la plaine de la Messara, au sud par la mer de Lybie et, à l’ouest, par le golfe de la Messara (κόλπος της Μεσαράς).

La ville de Mirès en Crète. Situation du dème (auteur Pitichinaccio). Cliquer pour agrandir l'image.Le dème est limitrophe, d’ouest en est, du dème d’Agios Vassilios, du dème du Mylopotamos, du dème d’Amari, du dème d’Anogia et du dème de Gortyne.

La ville de Mirès en Crète. Carte des communautés locales du dème (auteur Fall185). Cliquer pour agrandir l'image.Le dème de Phaistos comprend trois cantons : au nord-ouest, le canton de Tympaki, qui comprend la partie côtière de la plaine de la Messara ; au nord-est, le canton de Zaros, qui s’étend sur les contreforts sud-est du massif du Psiloritis ; au sud, le canton de Mirès, qui occupe la partie centrale de la plaine de la Messara, les terres les plus fertiles de l’île, et l’extrémité occidentale de la chaîne montagneuse des Astéroussia, difficilement accessible par des routes et des pistes de terres abruptes.

La ville de Mirès en Crète. Situation du canton de Mirès (auteur Pitichinaccio). Cliquer pour agrandir l'image.Le canton de Mirès (Δημοτική Ενότητα Μοιρών) comprend douze communautés locales : Alithini (Αληθινή) ; Antiskari (Αντισκάρι) ; Galia (Γαλιά) ; Kastelli (Καστέλλι) où se trouvent les ruines du château vénitien de Castel Nuovo ; Kouses (Κουσές) ; Moires (Μοίρες) ; Péri (Πέρι) ; Pétrokéfali (Πετροκεφάλι) ; Pigaïdakia (Πηγαϊδάκια) où se trouvent le monastère d’Hodigitria et le port de Kali Liménès ; Pompia (Πόμπια) ; Roufas (Ρουφάς), avec le labyrinthe de Gortyne, en fait d’anciennes carrières ; Skourvoula (Σκούρβουλα).

Dans l’ancien découpage administratif le canton de Mirès faisait partie de l’éparchie de Kainourgio (Επαρχία Καινούργιου) dont faisaient également partie le canton de Zaros et les cantons de Gortyne et de Rouvas, qui font de nos jours partie du dème de Gortyne. Le nom de l’éparchie de Kainourgio signifie « nouveau, récemment fait » (καινούργιος) et fait référence au château vénitien de Castel Nuovo (« Château Neuf »).

VisitesVisites

PlaineLa plaine de la Messara (Μεσσαρά / Messará)
La ville de Mirès en Crète. L'est de la plaine de la Messara vu depuis Faistos. Cliquer pour agrandir l'image.La Messara (Μεσαρά ou Μεσσαρά) est une plaine située au milieu de la partie méridionale de la Crète, au sud du massif du Psiloritis, à l’ouest du massif du Dicté et au nord de l’étroite chaîne de montagnes d’Astéroussia (Αστερούσια) ; la plaine de la Messara s’étend entre ces montagnes sur une longueur est-ouest d’environ 55 km, mais avec une largeur nord-sud d’environ 7 km, couvrant une superficie de près de 400 km² ; c’est la plus grande plaine de Crète. À l’ouest, la plaine s’ouvre sur un golfe de la mer de Lybie, le golfe de Messara (Όρμος Μεσαράς), par un littoral, presque rectiligne, de près de 10 km de longueur.

La ville de Mirès en Crète. Vue vers la plaine de la Messara depuis la colline de Roufas. Cliquer pour agrandir l'image.Entre les massifs montagneux, ou horsts, du Psiloritis et du Dicté se trouve une fosse d’effondrement, ou graben, qui a été comblée par des sédiments à partir de l’époque du Miocène moyen, il y a 16 millions d’années. Sur ce substrat sédimentaire, s’est formée et continue de se former, depuis le début de l’Ère quaternaire, il y a environ 2,5 millions d’années, la plaine alluviale de la Messara. Ce processus est toujours en cours : depuis la fin de l’époque minoenne le littoral aurait avancé de 6 km à certains endroits, comblant progressivement le golfe de la Messara, qui est un prolongement sous-marin de la plaine de la Messara. Dans le graben central de la Crète, se trouvent aussi, outre la Messara, la plaine d’Héraklion, située au nord-ouest, et la plaine minoenne, située au nord-est.

La ville de Mirès en Crète. L'ouest de la plaine de la Messara vu depuis Faistos. Cliquer pour agrandir l'image.Les alluvions qui constituent la plaine de la Messara proviennent des montagnes qui entourent la plaine et sont charriés par deux fleuves et leurs affluents : à l’ouest, le fleuve Géropotamos et, à l’est, le fleuve Anapodaris. Une crête de faible hauteur, reliant les villages d’Assimi (Ασήμι) et de Sternès (Στέρνες), sépare les bassins versants de ces deux fleuves.

La ville de Mirès en Crète. Une oliveraie dans la Messara près de Phaistos. Cliquer pour agrandir l'image.Les alluvions argilo-calcaires de la Messara en font une plaine très fertile, mais peu arrosée par les pluies, qui a longtemps été considérée comme le grenier à blé de la Crète, notamment à l’époque vénitienne ; le toponyme « messara » évoque d’ailleurs le dieu romain de la moisson, Messor, du latin « messis », « moisson ». De nos jours la Messara se consacre surtout à la culture de l’olivier et un peu à celle de la vigne, et aux cultures sous serres de fruits et de légumes ; la Messara est le plus grand producteur d’huile d’olive de Crète. La plaine de la Messara a aussi donné naissance à une race indigène de cheval, le Crétois, ou « cheval messarien » (Μεσαρίτικο άλογο). L’argile du sol a permis le développement de l’artisanat de la poterie.

La richesse de cette contrée a fait de la Messara un centre politique important dès l’époque minoenne, quand ont été construits le grand palais de Faistos et le petit palais d’Agia Triada, ainsi que leur port, Kommos, et à l’époque romaine, quand la capitale de la province de Crète et de Cyrénaïque se trouvait à Gortyne. De nos jours encore la Messara donne l’image de la prospérité avec ses nombreux villages agricoles bâtis à la périphérie de la plaine, pour ne pas empiéter sur les terres agricoles soigneusement cultivées.

FleuveLe fleuve Géropotamos (Ποταμός Γεροπόταμος / Potamós Geropótamos)
La ville de Mirès en Crète. Le golfe de la Messara vu depuis Agia Galini. Cliquer pour agrandir l'image dans Adobe Stock (nouvel onglet).Le Géropotamos est le plus grand fleuve de Crète, avec environ 50 km de longueur ; le Géropotamos s’étend sur la partie occidentale de la plaine de la Messara dans le sud de l’île. Ce fleuve prend sa source sur le versant nord des monts Astéroussia, qui bordent la Messara au sud, près de la localité de Sternès (Στέρνες), à une altitude d’environ 450 m ; le Géropotamos se jette à l’ouest dans le golfe de la Messara, en mer de Lybie, près de la localité de Tympaki, au sud de l’aérodrome militaire.

Le long de son cours le Géropotamos reçoit des affluents dont les principaux drainent le flanc sud du massif du Psiloritis : la rivière Stalianos (Σταλιανός), qui prend sa source près du village de Mégali Vryssi (Μεγάλη Βρύση) ; le Léthée (Ληθαίος), de nos jours connu sous le nom de Mitropolianos, qui arrosait l’antique cité de Gortyne ; la rivière Koutsoulitis (Κουτσουλίδης) qui rejoint le Géropotamos près de Vori. Le bassin versant du Géropotamos est le plus vaste de Crète et couvre une superficie de 553 km².

La ville de Mirès en Crète. Le lac de barrage de Fanéroméni (auteur Géoparc du Psiloritis). Cliquer pour agrandir l'image.Sur un des affluents, la rivière Koutsoulidis, a été construit un lac-réservoir, le lac de barrage de Fanéroméni (Φράγμα Φανερωμένης), situé dans la partie sud du Géoparc du Psiloritis (n° 73 sur la carte du Géoparc du Psiloritis). La rivière Koutsoulidis prend sa source dans les gorges de Rouvas, près de l’étang de Votomos (λίμνη Βοτόμος), à Zaros ; le village de Zaros se trouve à environ 5 km en amont du barrage.

Le barrage est bâti sur des marnes et des argiles néogènes et a une capacité de 20 millions de m³ d’eau ; il sert à irriguer la région de la Messara.

Le barrage de Fanéroméni forme un magnifique lac artificiel, tandis que sur la rive nord du lac se trouvent de petites gorges et des cascades ; un chemin permet de faire le tour du lac pour observer les oiseaux qui y nichent ou qui y font halte.

Dans son cours inférieur, l’embouchure du fleuve a sans doute divagué au fil des millénaires, entre Kokkinos Pyrgos (Κόκκινος Πύργος) (« la tour rouge »), au nord, et Kommos (Κομμός), au sud, l’antique port de Faistos puis de Gortyne ; cette divagation a déposé des alluvions, a fait avancer le littoral de plusieurs kilomètres et a laissé quelques belles plages de sable, telles que Pachia Ammos (Παχιά Άμμος), des zones humides qui font le bonheur des oiseaux aquatiques, et un petit lac salé, le lac de Katalyki (λίμνη Καταλυκή).

Le nom du fleuve Géropotamos (Γεροπόταμος), ou Iéros Potamos (Ιερός Ποταμός), veut dire « fleuve sacré, rivière sacrée ». Vers 1415, le moine florentin Cristoforo Buondelmonti, qui débarqua à son embouchure, pensait qu’il s’agissait de l’antique Léthée. Il semble que les Vénitiens nommaient le fleuve Malonitis ; en 1630, le cartographe vénitien Francesco Basilicata nomme le cours d’eau « Malonitti Fiume », qui a son embouchure près d’une tour nommée Castel Priottisa ; sur sa carte est représenté un autre cours d’eau, situé au nord du Malonitti, le Magiero Torrente ; au nord-est le fleuve « Santo Galini Fiume », qui correspond au fleuve de nos jours nommé Platys (Πλατύς), qui débouche près d’Agia Galini. Un autre fleuve crétois est nommé Géropotamos ; il se trouve sur la côte nord dans la province du Mylopotamos et a son embouchure près de Panormos ; pour distinguer le fleuve de la côte sud on le nomme parfois Géropotamos de la Messara (Γεροπόταμος Μεσσαράς).

Le Géropotamos a, de tous temps, était utilisé pour l’irrigation de la plaine de la Messara ; de nos jours ses eaux sont pompées tout au long de son cours et le fleuve ne présente plus, en été, qu’un mince filet d’eau à son embouchure.

VilleLa ville de Mirès (Μοίρες / Moíres)
La ville de Mirès en Crète. Vue aérienne de la ville vue du sud-ouest (auteur C. Messier). Cliquer pour agrandir l'image.Avec près de 6 500 habitants, Mirès est la plus grande ville de la plaine de la Messara, mais c’est une localité sans charme, un gros bourg agricole dédié aux besoins des agriculteurs et des éleveurs de la région. Son statut de chef-lieu de la commune de Phaistos lui apporte un certain nombre d’administrations et de services publics tels que des écoles, des transports et des centres de santé.

Les touristes n’y font habituellement halte que pour prendre une correspondance d’autocars, s’ils voyagent par ce moyen ; la gare routière se trouve sur la route nationale 97, près de la sortie sud-ouest de la localité. La ville de Mirès est desservie depuis la gare routière B d’Héraklion, située près de la porte de La Canée ; à Mirès on peut avoir des correspondances pour Phaistos, Tympaki et Agia Galini, Matala et Lendas.

Navigateur par satelliteSur la route de Mirès à Héraklion
La ville de Mirès en Crète. La route nationale 97 d'Héraklion à Mirès vue depuis la colline de Roufas. Cliquer pour agrandir l'image.La route de Mirès à Héraklion est une section de la route nationale 97 (Εθνική Οδός 97, ΕΟ97) qui relie Héraklion à Agia Galini en 72 km, via Mirès et Tympaki. Entre Mirès et Héraklion, la distance est de 48 km, soit 52 min de conduite. Cette route reprend plus ou moins l’itinéraire de l’antique route qui reliait les deux plus grandes cités minoennes, Cnossos et Faistos.

À partir de Mirès la route nationale 97 suit d’abord la bordure nord de la plaine de la Messara sur 4 km ; près du village de Kastelli, l’ΕΟ97 bifurque vers le nord à angle droit pour longer le piémont oriental du massif du Psiloritis ; près de cette bifurcation se trouve les ruines de l’ancien château vénitien de Castelnuovo.

4 km plus loin, la route atteint le village de Plouti (Πλούτη) ; dans ce village, à droite de la route, se trouvent les chais Zacharioudakis qui proposent des visites guidées de leur vignoble et de leurs chais à l’architecture très moderne, ainsi que des dégustations de leurs différents crus (n° 28 sur la carte des Routes du Vin).

Aller aux chais Zacharioudakis avec Google Maps (35.077814, 24.941515).

Depuis la route nationale, on peut aussi voir, sur la gauche, la colline de Roufas dans laquelle ont été creusées des carrières de pierre qui ont été exploitées pour construire la cité romaine de Gortyne.

En veillant à ne pas avoir plus de 0,5 g d’alcool par litre de sang, on peut reprendre la route vers Agia Varvara et Vénérato, puis vers la banlieue ouest d’Héraklion.

Château en ruinesLes ruines du château de Castel Nuovo (φρούριο Castel Nuovo / froúrio Castel Nuovo)
La ville de Mirès en Crète. Les ruines du château de Castel Nuovo vues depuis la colline de Roufas. Cliquer pour agrandir l'image.Le château qui a donné son nom à l’éparchie de Kainourgio (επαρχία Καινουργίου), qui s’étendait sur l’ouest de la plaine de la Messara, était situé à un emplacement stratégique, en bordure nord de la plaine et près de la route reliant Héraklion à Faistos. Les ruines du château se trouvent au nord-ouest du village moderne de Kastelli de Kainourgio (Καστέλλι Καινούργιου), situé à environ 4 km à l’est de Mirès et à environ 3,5 km à l’ouest d’Agioi Déka.

Aller aux ruines du château de Castel Nuovo avec Google Maps (35.063268, 24.909399).

Ce château fut bâti par le corsaire génois Enrico Pescatore pendant la brève période où il occupa la Crète, entre 1206 et 1211, avant d’en être chassé par la République de Venise qui avait acheté l’île à Boniface de Montferrat. Pescatore nomma ce château Castel Nuovo, ou Castelnuovo, c’est-à-dire « Châteauneuf », vraisemblablement parce qu’il bâtit ce château à partir de rien, alors que, pour la plupart de la douzaine de châteaux qu’il utilisa pour défendre l’île, il se contenta de réparer d’anciens châteaux byzantins laissés à l’abandon.

Lorsque les Vénitiens prirent possession de l’île, ils remployèrent le château pour contrôler la partie occidentale de la Messara et donnèrent à cette province le nom de Castellanìa di Castelnuovo (« Châtellenie de Châteauneuf ») ; les Vénitiens nommèrent en effet les provinces de Crète d’après la forteresse qu’ils avaient dans chacune de ces provinces. Les Grecs traduisirent « nuovo » par le mot « καινούργιο » qui signifie « nouveau, récent », synonyme du mot « νέο » ; le nom de la forteresse fut traduit en grec par « Νέο Καστέλι » ou « Καινούργιο Καστέλι ». La Castellanìa di Castelnuovo est ainsi devenue l’éparchie de Kainourgio ; la partie orientale de la Messara était contrôlée par la forteresse de Bonifacio, située à 17 km à l’est de Castel Nuovo ; Bonifacio a donné son nom à l’éparchie de Monofatsi, une déformation du mot Bonifacio.

Dans son ouvrage de 1905 intitulé « Monumenti veneti nell’isola di Creta », l’historien italien Giuseppe Gerola donne un plan et une description des ruines du château de Castelnuovo à cette époque :

La ville de Mirès en Crète. Plan du château de Castel Nuovo (auteur Giuseppe Gerola, 1905). Cliquer pour agrandir l'image.Le château était construit sur le sommet dénudé d’une colline, de forme conique plutôt régulière, culminant à environ 257 m d’altitude, soit une cinquantaine de mètres au-dessus de la plaine environnante. De nos jours cette colline est nommée Psilo Kastéli (Ψηλό Καστέλι) (« Haut Château »). Castel Nuovo n’était pas une forteresse comprenant des habitations civiles, ni même capable de recueillir les habitants de la région en cas de danger ; c’était un simple château, presque une grosse tour, ne pouvant loger que sa garnison ; vers 1630 l’ingénieur militaire Raffaelle Monanni le décrit comme un petit château de 50 pas de circonférence ; si le pas de cette époque équivalait au pas romain, de 1,48 m de longueur, la circonférence était d’environ 75 m, pour un diamètre d’environ 23 m. La courtine était constituée de seize pans de murs, avec une seule porte, du côté de l’ouest, sans doute défendue par une tour ; au centre se trouvaient les quartiers de la garnison ; on accédait au château par un double escalier, plutôt escarpé, situé sur le flanc sud de la colline.

Le château de Castel Nuovo fut utilisé par les Vénitiens pour contrôler la province et comme place-forte lors des révoltes crétoises qui eurent lieu pendant les deux premiers siècles de la domination vénitienne. Pendant la « Révolution des Deux Syvritos » (Επανάσταση των Δύο Συβρίτων), menée notamment par les familles seigneuriales Skordilis (Σκορδίλης) et Mélissène (Μελισσηνός), entre 1228 et 1234, Castel Nuovo fut occupé par les rebelles malgré la défense forcenée du châtelain. Lors de la révolte dite de Saint Tite (Eπανάσταση του Αγίου Τίτου), en 1363, suivie de la révolte des Callergis (Eπανάσταση των Καλλέργηδων), menée par le seigneur de la province de Mylopotamos, de 1364 à 1368, les rebelles tentèrent de prendre Castel Nuovo ; ils incendièrent le village entourant le château mais ne parvinrent pas à prendre le château. La révolte fut écrasée et le château de Castel Nuovo commença de perdre de son importance et fut finalement abandonné. Monanni décrit le château comme complètement ruiné, y compris l’escalier d’accès, sauf la citerne. À cet époque la colline était couverte de maisons jusqu’à mi-hauteur ; du côté de l’ouest se trouvait le quartier des juifs.

De nos jours, il reste peu de vestiges de Castelnuovo : quelques pans de murs, un peu plus hauts du côté ouest, les ruines des deux citernes, la partie supérieure de l’escalier ; sur les flancs de la colline on devine les terrasses où étaient bâties les habitations civiles, dont il ne reste que les fondations. La légende voudrait que ce village ait eu cent-une églises ; en réalité les archéologues n’ont découvert les fondations que de quatre églises.

MineLa grotte en labyrinthe de Gortyne (Σπήλαιο Λαβύρινθος της Γόρτυνας / Spílaio Lavýrinthos tis Górtynas)
Le « Labyrinthe de Gortyne » est une carrière souterraine de pierres calcaires dont les matériaux ont été utilisés pour la construction de la cité de Gortyne dont l’Empire romain avait fait la capitale de sa province de Crète et de Cyrénaïque.

Cette carrière ne se trouve pas à Gortyne, ni même dans la commune actuelle qui porte le nom de Gortyne (Δήμος Γόρτυνας), mais dans la communauté locale de Roufas (Κοινότητα Ρουφά) qui fait partie de la commune de Faistos (n° 79 sur la carte du Géoparc du Psiloritis).

La ville de Mirès en Crète. La vue en direction de Gortyne depuis le labyrinthe de Gortyne. Cliquer pour agrandir l'image dans Adobe Stock (nouvel onglet).La carrière est creusée dans une colline située entre les deux localités de la communauté locale : Roufas (Ρουφάς), qui se trouve à 1 km à l’ouest, et Plouti (Πλούτη), qui se trouve à 1,25 km au nord-est ; le village de Kastelli (Καστέλλι) est à 1,5 km au sud de la carrière ; à 2 km au nord se trouve le village de Moroni (Μορονί), dans le canton de Zaros. Mirès, le chef-lieu de la commune de Faistos, est à 5 km au sud-ouest, à vol d’oiseau.

Le « labyrinthe de Gortyne » se trouve à 3 km au nord-ouest de Gortyne. Une large voie romaine pavée reliait la carrière à la cité de Gortyne via la localité actuelle d’Ampélouzos (Αμπελούζος), situé à 1,8 km de la carrière ; les charrois transportant les pierres devaient franchir deux cours d’eau dont le second était la rivière Léthée, la rivière qui traversait Gortyne.

Aller au grand labyrinthe de Gortyne avec Google Maps (35.075566, 24.919960).

La ville de Mirès en Crète. Au-dessus de l'entrée de la grotte en labyrinthe de Gortyne à Roufas. Cliquer pour agrandir l'image.Le « Grand Labyrinthe de Gortyne » est creusé dans le versant sud de la colline de Roufas, une colline de calcaire marneux datant de l’époque du Néogène, bordée par deux cours d’eau, qui culmine à 443 m d’altitude ; l’entrée de la galerie principale se trouve à environ 410 m d’altitude, sous le sommet de la colline. Dans le versant nord a été exploitée une autre carrière, nommée le « Petit Labyrinthe de Gortyne » ; il ne semble pas que les deux carrières communiquaient entre elles.

Cette grotte a traditionnellement été nommée « Labyrinthe de Gortyna » selon la croyance qu’il s’agissait du labyrinthe, supposément construit par Dédale, auquel faisait référence le mythe du Minotaure. Aucun auteur de l’Antiquité ne mentionne cependant l’existence réelle de ce labyrinthe ; cette croyance semble s’être imposée à partir de la fin de l’époque romaine et byzantine, quand la cité de Gortyne fut détruite et abandonnée et que le souvenir de la nature de carrière de cette grotte a été perdu.

La ville de Mirès en Crète. Plan de la grotte en labyrinthe de Gortyne à Roufas (auteur Franz Sieber, 1821). Cliquer pour agrandir l'image.De nombreux voyageurs étrangers visitèrent le « labyrinthe », sans doute persuadés qu’ils s’aventuraient dans le mythique labyrinthe du terrible Minotaure, laissant souvent une trace de leur passage ; un des premiers voyageurs à avoir tenté de décrire le labyrinthe fut le moine florentin Cristoforo Buondelmonti qui en dressa un plan en 1415, plan publié dans son ouvrage « Descriptio Insulae Cretae », en 1417. Le naturaliste français Joseph Pitton de Tournefort visita la grotte en 1700 et, dans son ouvrage « Relation D’Un Voyage au Levant », publié en 1717, après sa mort, il situe le Labyrinthe près de Gortyne. Le général Mathieu Dumas visita la grotte, où il laissa le graffito de son nom sur une paroi de la salle dite « Trapeza », avec la date de 1783 ; il publia une relation de ses voyages dans un ouvrage publié par son fils en 1839, après sa mort, « Souvenirs du lieutenant général comte Mathieu Dumas de 1770 à 1836 ». En 1817, l’explorateur autrichien Franz Wilhelm Sieber, explora le « labyrinthe » et en dressa le plan le plus précis de son temps, qui fut publié en 1823.

Le « labyrinthe » de Gortyne perdit de son intérêt comme attraction touristique au début du XXe siècle, après la mise au jour du palais de Cnossos par Arthur Evans qui affirma que le « Labyrinthe du Minotaure » n’était autre que le palais lui-même, avec ses innombrables couloirs.

La ville de Mirès en Crète. Projet d'utilisation du labyrinthe de Gortyne pour le stockage de munitions par la Wehrmacht en 1942 (source Bundesarchiv). Cliquer pour agrandir l'image.La carrière de Gortyne retrouva brièvement un rôle historique au cours de la Seconde Guerre mondiale ; en mai 1941 les troupes aéroportées allemandes prirent possession de la Crète ; dès février 1942 la Wehrmacht identifia la carrière de Gortyne comme un possible dépôt de munitions ; en 1943 la grotte fut aménagée au moyen de constructions en béton pour recevoir des stocks de munitions ; la grotte servit de dépôt de munitions à partir d’avril ou mai 1943.

La ville de Mirès en Crète. Stockage de munitions par la Wehrmacht dans le labyrinthe de Gortyne en 1943-1944 (source Bundesarchiv). Cliquer pour agrandir l'image.En septembre 1944 la Wehrmacht commença de se retirer vers un réduit situé dans l’ouest de la Crète et décida de détruire les munitions et les armes qui ne pouvaient pas être emportées, pour ne pas les abandonner à l’ennemi britannique. Le 15 octobre 1944 une énorme explosion détruisit une partie de la carrière de Gortyne.

L’explosion n’avait pas complètement détruit les munitions et, en 1945 et 1946, l’armée grecque récupéra une partie des munitions non détruites. Cependant, en 1961, quatre jeunes gens qui s’étaient introduits dans la carrière furent tués par l’explosion de munitions restantes. Après cet accident l’entrée de la carrière fut obstruée par un mur de pierres.

Des spéléologues purent à nouveau explorer la carrière à partir du début des années 1980 et établir une cartographie plus précise des galeries.

La carrière de Gortyne est constituée d’un ensemble de galeries, d’une longueur totale d’environ 2 500 m, sur une superficie d’environ 0,9 ha. La topographie de la carrière se présente plus comme une ramification de galeries, ayant une hauteur allant de 0,5 m à 6 m, que comme l’image du labyrinthe familiarisée par les pièces de monnaies de Cnossos.

Malgré son intérêt historique lié aux nombreuses inscriptions qui s’y trouvent, la visite du « Grand Labyrinthe de Gortyne » est interdite, en raison de l’instabilité des roches causée par les explosions qui s’y sont produites ; le site est clôturé. Depuis le village de Kastelli, on peut s’approcher de l’entrée de la carrière en empruntant l’ancienne voie romaine ; aux abords de la carrière des pancartes préviennent du danger de mort (Κίνδυνος Θάνατος).

MineLa petite grotte en labyrinthe de Gortyne (Σπήλαιο Μικρή Λαβύρινθος / Spílaio mikrí Lavýrinthos)
La ville de Mirès en Crète. La vue vers le nord et le Psiloritis depuis la colline de Roufas. Cliquer pour agrandir l'image.La petite grotte en labyrinthe de Gortyne est une carrière souterraine de pierre creusée sur le flanc nord de la colline de Roufas (n° 80 sur la carte du Géoparc du Psiloritis), c’est-à-dire sur le versant opposé au Grand Labyrinthe de Gortyne.

Aller au petit labyrinthe de Gortyne avec Google Maps (35.079725, 24.920465).

La distance entre les entrées des deux carrières est seulement d’environ 470 m, mais il n’y a pas de connexion entre les deux carrières.

Le Petit Labyrinthe est aussi nommé « Λαβυρινθάκι », un diminutif du mot « Λαβύρινθος » ; cette carrière est en effet sans commune mesure avec le Grand Labyrinthe : le Petit Labyrinthe n’a rien d’un labyrinthe et ne comprend qu’une seule salle, d’une superficie de 0,3 ha, avec une hauteur maximale de plafond de 4 m ; quelques piliers de roche calcaire soutiennent le plafond.

La visite du Petit Labyrinthe est une compensation à l’interdiction de visiter le Grand Labyrinthe de Gortyne : sa visite est sans danger. On peut accéder au Petit Labyrinthe par le nord, depuis Moroni, par la route provinciale de Moroni à Mirès (Επαρχιακή Οδός Μοιρών - Μορώνη) ; l’accès à la grotte est indiqué sur la gauche : on y accède après 1,5 km de chemin revêtu et balisé.

La ville de Mirès en Crète. L'entrée de la petite grotte en labyrinthe de Roufas. Cliquer pour agrandir l'image dans Adobe Stock (nouvel onglet).La ville de Mirès en Crète. La petite grotte en labyrinthe de Roufas. Cliquer pour agrandir l'image.La ville de Mirès en Crète. La petite grotte en labyrinthe de Roufas. Cliquer pour agrandir l'image.La ville de Mirès en Crète. La petite grotte en labyrinthe de Roufas. Cliquer pour agrandir l'image.La ville de Mirès en Crète. La petite grotte en labyrinthe de Roufas. Cliquer pour agrandir l'image.
Navigateur par satelliteSur la route de Mirès à Kali Liménès
Pour rejoindre la côte sud à Kali Liménès depuis Mirès, il y a principalement deux itinéraires, soit par Pompia (Πόμπια), soit par Sivas (Σίβας) :
  • à la sortie sud de Mirès, emprunter la route provinciale de Mirès à Pompia (Επαρχιακή Οδός Μοιρών - Πόμπιας).
  • si on veut emprunter l’itinéraire par Pompia, continuer jusqu’à ce bourg agricole ; la route grimpe ensuite, par de nombreux virages, en direction du village de Pigaïdakia (Πηγαϊδάκια) et redescend, sur 19 km, en direction du sud-ouest, vers Kali Liménès ; la route est revêtue jusqu’à son terminus. À l’écart de Pigaïdakia, on peut faire une excursion, vers l’est, en direction du village d’Antiskari (Αντισκάρι), jusqu’au monastère d’Apézanon (Μονή Απεζανών), un monastère fortifié et encore habité par quelques moines qui produisent du vin et du raki.
  • si on veut emprunter l’itinéraire de Sivas, bifurquer à droite, 3 km après la sortie de Mirès, sur la route provinciale de Gortyne à Matala (Επαρχιακή Οδός Γόρτυνας - Ματάλων) ; cette route traverse le village de Pétrokéfali (Πετροκεφάλι) ; 1,5 km après ce village on peut faire une visite pittoresque au Centre de Secours des Ânes d’Agia Marina qui recueille des ânes, devenus inutiles, chassés par leurs propriétaires. Peu après, la route de Gortyne à Matala croise la route provinciale de Phaistos à Kali Liménès (Επαρχιακή Οδός Φαιστού - Καλών Λιμένων) ; bifurquer à gauche sur cette route qui atteint d’abord le village de Sivas, un village charmant mais de plus en plus touché par le tourisme. La route provinciale continue sur 8 km, via le hameau de Listaros (Λίσταρος), vers le monastère d’Hodigitria, qui mérite une visite ; après le monastère la route provinciale devient une piste de terre carrossable qui se termine à Kali Liménès ; des pistes latérales permettent de visiter les gorges de Martsalo et les gorges d’Agiofarango.

Les deux itinéraires offrent de superbes vues sur la plaine de la Messara avant de traverser un paysage de montagne typiquement crétois des monts Astéroussia, où des touffes de thym sauvage à fleurs violettes s’accrochent aux coteaux.

Monastère orthodoxeLe monastère Notre-Dame Hodigitria (Μονή Παναγία Οδηγήτριας / Moní Panagía Odigítrias)
La ville de Mirès en Crète. Le monastère des Hodèges (auteur C. Messier). Cliquer pour agrandir l'image.Le monastère de Notre-Dame Hodigitria est un monastère d’hommes situé sur les contreforts des monts Astéroussia, au sud de la plaine de la Messara. Le monastère se trouve sur la route de Phaistos à Kali Liménès, à environ 6 km au sud du village de Sivas (Σίβας), à 3,5 km au sud de Listaros (Λίσταρος) et à environ 6 km au nord du port de Kali Liménès ; la station balnéaire de Matala se trouve à environ 5 km, à vol d’oiseau, au nord-ouest du monastère, beaucoup plus par la route. Un petit parc de stationnement se trouve à l’ouest du monastère ; l’entrée des visiteurs est située dans l’angle sud-ouest.

Aller au monastère des Hodèges avec Google Maps (34.973779, 24.799644).

Le monastère est dédié à la Panagia Hodigitria (Οδηγήτρια), la « Vierge qui Montre le Chemin », en référence à une célèbre icône byzantine.

La ville de Mirès en Crète. La tour de Xopatera du monastère des Hodèges (auteur C. Messier). Cliquer pour agrandir l'image.Le monastère a été fondé au XVIe siècle au sommet d’une colline isolée, à environ 250 m d’altitude, au milieu de terres arides appartenant au monastère ; situé à seulement 6 km de la côte, sous la menace des pirates, le monastère fut fortifié dès le début. Lors du soulèvement crétois de 1821, le monastère joua un rôle héroïque en raison de sa position fortifiée : à la fin du soulèvement, en mai 1828, un ancien moine du monastère, connu sous le surnom de Xopatéra (Ξωπατέρα), se réfugia dans la tour de défense avec quelques compagnons et s’opposa aux Turcs qui menaient la répression dans la région des Astéroussia ; Xopatéra tint tête aux Turcs pendant trois jours, puis, faute de munitions, chargea les Turcs avec son épée, en tua quelques-uns et fut lui-même tué.

Le monastère se présente comme une sorte de fort carré, dont subsistent quelques fragments de murs de défense ; dans le coin nord-ouest se trouve la tour dite de Xopatéra (Πύργος Ξωπατέρα). Les moines se retiraient dans cette tour, lors des fréquents raids de pirates ; les restes d’un mâchicoulis sont encore visibles au-dessus de la porte de la tour, d’où les assaillants pouvaient être aspergés d’huile ou d’eau bouillante. À côté de la tour, dans le mur nord de l’enceinte, s’ouvre la porte principale, au-dessus de laquelle on peut lire la date de 1568.

La ville de Mirès en Crète. Le monastère des Hodèges (auteur C. Messier). Cliquer pour agrandir l'image.Au centre de la cour fleurie se dresse le catholicon ; l’église est à deux nefs : la nef du sud est dédiée à la Dormition de la Vierge ; la nef du nord est dédiée aux saints apôtres Pierre et Paul ; il y avait autrefois une troisième nef dédiée à Agios Fanourios. L’église recèle de belles icônes et des restes de fresques.

La ville de Mirès en Crète. Le moulin à huile du monastère Hodigitria (auteur C. Messier). Cliquer pour agrandir l'image.L’ensemble monastique comprend d’autres bâtiments dédiés à la vie autarcique du monastère : un puits couvert près de la tour, un four de cuisson au bois, un moulin à olives à traction animale, un pressoir à raisins, un alambic, une cave d’affinage de fromages. La salle du pressoir à olives, dans le coin nord-est du monastère, a été transformée en un petit musée où l’on peut voir aussi un métier à tisser et une collection d’ustensiles agricoles.

Le monastère est encore habité par quelques moines qui accueillent volontiers les rares visiteurs. La visite est gratuite mais des troncs sont disponibles dans l’église pour des dons.

Le monastère possède un site sur la Toile.

CapLe cap Lithino (Άκρα Λίθινο / Ákra Líthino)
La ville de Mirès en Crète. Le cap Lithino (auteur Antonis Berkakis). Cliquer pour agrandir l'image dans Panoramio (nouvel onglet).Le cap Lithino, ou Lithinos (Άκρα Λίθινος), est le point le plus méridional de l’île de Crète et aussi le point le plus occidental de la chaîne montagneuse des monts Astéroussia ; il ferme, au sud, la baie de la Messara (Όρμος Μεσαράς). Le cap est formé par le mont Képhali (Κεφάλι) qui culmine à 391 m d’altitude ; sur ce point culminant se dresse la petite chapelle de la Sainte-Croix (Τίμιος Σταυρός).

Aller au cap Lithino avec Google Maps (34.923642, 24.732528).

Sur le pourtour du cap se nichent quelques plages sauvages très difficilement accessibles par voie terrestre, mais il est possible d’y venir en bateau depuis Matala ou depuis Kali Liménès ; parce que ces terres appartiennent au monastère d’Hodigitria, il est strictement interdit d’y pratiquer le nudisme. À environ 4 km au nord du cap se trouve la petite plage de Vathy (παραλία Βαθύ) blottie au fond d’une longue crique ; il est possible d’y accéder par une piste de terre à partir du monastère d’Hodigitria, en prenant à droite à l’entrée des gorges de Martsalo.

GorgesLes gorges de Martsalo (Φαράγγι του Μάρτσαλου / Farángi tou Mártsalou)
La ville de Mirès en Crète. Les gorges de Martsalos (auteur Dretakis Manolis). Cliquer pour agrandir l'image.Dans l’ouest des monts Astéroussia, entre le cap Lithino et le port de Kali Liménès, se trouvent deux gorges spectaculaires ; les gorges situées le plus à l’ouest sont les gorges de Martsalo (Μάρτσαλο), ou de Martsalos (Μάρτσαλος).

La ville de Mirès en Crète. La Panagia i Martsaliani dans les gorges de Martsalo (auteur Dretakis Manolis). Cliquer pour agrandir l'image.On peut atteindre les gorges de Martsalo depuis le monastère d’Hodigitria ; après le monastère, la route de Phaistos à Kali Liménès devient une piste de terre ; à la première bifurcation, la branche de droite conduit vers les gorges de Martsalo, tandis que la piste principale conduit vers les gorges d’Agiofarango et vers Kali Liménès. Si on dispose d’un véhicule tout-terrain, il est possible de rouler presque jusqu’à l’entrée des gorges, marquée par une église rupestre, Notre-Dame de Martsalo (Παναγία η Μαρτσαλιανή) ; l’église de la Panagia i Martsaliani est construite dans une grotte du rocher, avec 8 m de profondeur et 10 m de hauteur.

Aller aux gorges de Martsalo avec Google Maps (34.941365, 24.770114).

La ville de Mirès en Crète. Palmiers de Crète dans les gorges de Martsalo (auteur Pascal Mullon). Cliquer pour agrandir l'image.Il faut ensuite descendre les gorges de Martsalo à pied ; ces gorges sont particulièrement raides et difficiles, et il est parfois nécessaire de marcher dans le lit à sec du torrent ; les pentes sont escarpées et abritent un grand nombre de grottes où vivaient de nombreux ermites de la région au début du christianisme. La végétation est plutôt dense, avec des lauriers-roses ; à mi-chemin on rencontre une petite forêt de palmiers de Crète (Phoenix theophrasti).

La ville de Mirès en Crète. La plage de Martsalos (auteur Dretakis Manolis). Cliquer pour agrandir l'image.Les gorges de Martsalo débouchent sur la mer de Libye dans une petite crique avec une petite plage idyllique mais caillouteuse, ombragée de quelques tamaris. Des fouilles archéologiques ont révélé que cette crique aurait abrité un petit port à l’époque minoenne néo-palatiale, entre 1800 et 1600 avant JC, mais, compte tenu de la difficulté d’accès depuis l’arrière-pays, il ne devait s’agir que d’un havre où les navires pouvaient trouver refuge.

GorgesLes gorges d’Agiofarango (Φαράγγι του Αγιοφάραγγου / Farángi tou Agiofárangou)
À seulement 600 m à l’est des gorges de Martsalo, et presque parallèles à celles-ci, se trouvent les gorges d’Agiofarango (Αγιοφάραγγο / Agiofárango), dont le nom signifie « les Gorges Saintes », parce qu’elles ont abrité de nombreux ermites depuis l’époque paléochrétienne jusqu’à la fin de l’occupation ottomane.

La ville de Mirès en Crète. Les gorges d'Agiofarango (auteur Pascal Mullon). Cliquer pour agrandir l'image.L’entrée des gorges d’Agiofarango se trouve à environ 4,5 km, à vol d’oiseau, au sud du monastère d’Hodigitria ; après le monastère il faut continuer tout droit sur la route de Phaistos à Kali Liménès, route qui devient une piste de terre, carrossable mais cahoteuse ; à environ 3,5 km, peu après la petite chapelle Sainte-Dominique (Αγία Κυριακή), il faut quitter la route de Kali Liménès et bifurquer à droite sur une piste qui conduit aux gorges d’Agiofarango ; après 2,5 km sur cette piste, on atteint l’aire de stationnement de l’entrée des gorges ; au retour on appréciera la petite buvette mobile qui se trouve à côté de l’aire de stationnement. Le reste de la piste, moins d’1,5 km jusqu’à la côte, doit se faire à pied ; compter 30 min de marche pour l’aller simple. La descente des gorges n’est pas difficile, mais dépourvue d’ombre.

Aller aux gorges d’Agiofarango avec Google Maps (34.937284, 24.781615).

Les gorges d’Agiofarango ont été creusées par deux ruisseaux qui confluent au droit de la chapelle d’Agia Kyriaki. Sur les flancs escarpés des gorges se trouvent des centaines de grottes où vécurent de nombreux ermites depuis les premiers temps du christianisme. Le fond des gorges est tapissé d’une végétation d’arbustes, en particulier de lauriers-roses (Nerium oleander).

La ville de Mirès en Crète. L'église Saint-Antoine dans les gorges d'Agiofarango (auteur Pascal Mullon). Cliquer pour agrandir l'image.À environ 1 km de l’entrée des gorges, et à 500 m de la côte, le sentier atteint une petite église, l’église Saint-Antoine (Άγιος Αντώνιος). Cette église de style byzantin, à deux coupoles, datant du XIVe siècle, était le catholicon d’un ancien monastère totalement isolé dans ces gorges. À l’origine l’église était une église rupestre construite dans une grotte du rocher auquel l’église Saint-Antoine est adossée ; l’église a été agrandie plusieurs fois avec l’augmentation du nombre d’ermites, prenant, aux XIVe et XVe siècles, la forme que l’on voit de nos jours. Le puits du monastère, à droite de l’église, était la seule source d’eau douce pour les ermites vivant dans les gorges ; son eau n’est plus potable de nos jours.

En continuant le sentier en direction de la mer, on rencontre, 50 m plus loin sur la gauche, une autre grotte ; la légende dit qu’un saint, nommé Antoine, y aurait vécu ; cette grotte, dénommée Gouménospilios (Γουμενόσπηλιος), présente la forme d’un dôme, de 9 m de hauteur et 7 m de largeur ; elle recèle une petite icône.

La ville de Mirès en Crète. La plage d'Agiofarango (auteur Pascal Mullon). Cliquer pour agrandir l'image.Quelque 300 m plus loin on atteint la plage d’Agiofarango (Αγιοφάραγγο Παραλία), une plage de sable gris et de gravier, large d’environ 150 m, avec des eaux calmes et turquoise. La plage est entourée de hautes falaises qui l’abritent des vents, et où se pratique l’escalade. Malgré son isolement cette plage est plutôt fréquentée, notamment parce que des bateaux d’excursion y amènent de nombreux vacanciers depuis le port de Matala ; on peut aussi y venir depuis le port de Kali Liménès en s’étant mis d’accord avec un pêcheur. Le nudisme y est interdit car la plage se trouve sur le territoire du monastère d’Hodigitria.

PortLe port de Kali Liménès (Καλοί Λιμένες / Kaloí Liménes)
Kali Liménès est un village côtier de la côte sud de la Crète, surtout connu sur le plan historique parce que Paul de Tarse, futur saint Paul, y aurait fait un séjour forcé, causé par une tempête, lors d’un voyage vers Rome. Ce petit village de pêcheurs ne compte qu’une vingtaine d’habitants et pas beaucoup plus pendant la saison touristique car son activité de station balnéaire est plutôt modeste.

Le nom de Kali Liménès signifie « les Bons Ports », parfois traduit « les Beaux Ports », car la côte environnante présente plusieurs criques très protégées par des îlots.

Kali Liménès est le terminus de la route de Phaistos à Kali Liménès ; le port de Kali Liménès est à 77 km au sud-sud-ouest d’Héraklion, via la ville de Mirès, située à environ 22 km au nord-nord-est. La dernière partie de la route, à partir du monastère d’Hodigitria, est une piste de terre non revêtue, en plus ou moins bon état. L’autre itinéraire, par Pompia (Πόμπια), est revêtu sur toute sa longueur.

Aller au port de Kali Liménès avec Google Maps (34.932414, 24.802047).

Jusqu’à l’époque grecque classique, Kali Liménès fut le port de la cité dorienne de Gortys ; à l’époque hellénistique Gortys prit le contrôle de la cité de Phaistos et s’empara de ses ports, Kommos et surtout Matala ; à l’époque romaine, Kali Liménès perdit de son importance en tant que port, Matala étant le port principal de Gortyna, capitale de la province romaine de Crète et de Cyrénaïque. C’est à l’époque romaine, vers l’an 60 après JC, que l’apôtre Paul de Tarse aurait débarqué à Kali Liménès, près de la cité de Lasée (Λασαία) : selon les Actes des Apôtres (27, 8 et suivants), Paul était emmené à Rome comme prisonnier à bord d’un navire marchand, mais sous la garde d’un centurion romain ; de forts vents du nord-est contraignirent le navire qui le transportait à trouver refuge sur la côte sud de la Crète, à Kali Liménès ; Paul y aurait séjourné plusieurs semaines en attendant que les vents tournent, peut-être dans une grotte qui est de nos jours marquée par une grande croix de bois ; cette grotte se trouve près de la petite église Saint-Paul (Άγιος Παύλος), construite en 1911, mais à un emplacement où se trouvait déjà un église visible sur la carte de Basilicata. Comme Kali Liménès n’était pas propice à l’hivernage, le navire de Paul repartit avec l’intention de passer l’hiver dans le port abrité de Phénix, Phoenix, ou Phoinix (Φοίνιξ), situé de nos jours à l’emplacement de Loutro, près de Sfakia ; le navire fut à nouveau frappé par une tempête près de l’île de Clauda (Κλαύδα), de nos jours nommée Gavdos (Γαύδος), dériva vers l’ouest et fit naufrage sur une île qui pourrait être Malte ou Céphalonie. Paul et les autres passagers passèrent l’hiver sur cette île et purent continuer vers Rome sur un navire céréalier d’Alexandrie ; Paul arriva à Rome vers le mois d’avril, après une traversée aventureuse d’environ neuf mois. Paul de Tarse serait mort à Rome vers l’an 67 au cours de persécutions antichrétiennes, sous le règne de Néron.

La ville de Mirès en Crète. Carte ancienne de Kali Liménès par Francesco Basilicata en 1618. Cliquer pour agrandir l'image.Le port de Kali Liménès se trouve au fond d’une très belle baie protégé un îlot dénommé îlot Saint-Paul, en référence à l’apôtre Paul (Απόστολος Παύλος) qui aurait accosté dans les parages, mais que les habitants nomment couramment Mikronissi (Μικρονήσι) (« la Petite Île »), par opposition à un autre îlot, un peu plus grand, situé au sud-ouest, de l’autre côté du cap, et qui est nommé Mégalonissi (Μεγάλονησί) (« la Grande Île »). Sur la carte vénitienne de Francesco Basilicata de 1618, l’îlot Mikronisssi apparaît sous le nom de Sto Mizzo Gnissi, et l’îlot Mégalonissi sous le nom de Megalo Gnissi.

La ville de Mirès en Crète. Les réservoirs de soutage à Kali Limenes (auteur Olaf Tausch). Cliquer pour agrandir l'image.Un problème, pour l’attrait touristique de la station balnéaire de Kali Liménès, est que l’îlot Saint-Paul est défiguré, depuis le début des années 1960, par quatre gros réservoirs d’hydrocarbures. Ces réservoirs sont ceux de la station de soutage appartenant à la compagnie SEKA Bunkering Stations, fondée par le défunt magnat grec Nikos Vardinogiannis (Νίκος Βαρδινογιάννης) ; la compagnie possède une autre station de soutage au Pirée. La station de soutage de Kali Liménès ravitaille en fioul les navires qui transitent sur la ligne maritime du détroit de Gibraltar au canal de Suez ; pour cette raison, Kali Liménès a même une autorité portuaire officielle avec un poste de douane. La station de soutage est remplie par des pétroliers ; cette installation ne présente pas de danger de pollution de l’air ou de l’eau, mais la vue de ces réservoirs dégrade fortement l’esthétique de cette portion de côte.

La station balnéaire de Kali Liménès n’est pas très fréquentée, en raison de sa difficulté d’accès. On y trouve quelques hébergements chez l’habitant et quelques tavernes.

La ville de Mirès en Crète. La plage de Kali Limenes (auteur Olaf Tausch). Cliquer pour agrandir l'image.Il y a une petite plage à côté du port, dénommée Psili Ammos (παραλία Ψιλή Άμμος) (« Sable Fin ») et une plage plus longue à l’est du village, la plage de Kali Liménès (παραλία Καλοί Λιμένες), d’environ 1 km de longueur, bordée de tamaris.

Une mauvaise piste part le long de la côte, en direction de l’est, et passe à l’arrière d’autres plages, la plage de Makria Ammos (παραλία Μακριά Άμμος) et la plage de Karavovrissi (παραλία Καραβόβρυση), puis atteint le site archéologique de l’ancienne cité de Lassaia (Αρχαιολογικός Χώρος Λασαία).

Après le site archéologique se trouve la plage de Chrysostomos (παραλία Χρυσόστομος) (« Bouche d’Or »), derrière laquelle il y a un lotissement avec quelques hébergements de vacances ; après cette plage, on pénètre dans une zone défigurée par des cultures sous serres en polyéthylène, mais avec d’autres plages telles que la plage de Platia Péramata (παραλία Πλατεία Περάματα).

Site archéologiqueLe site archéologique de Lasaia (Αρχαιολογικός Χώρος Λασαια / Archaiologikós Chóros Lasaia)
La ville de Mirès en Crète. Le site archéologique de Lasaia et l'îlot de Trafos (auteur Olaf Tausch). Cliquer pour agrandir l'image.Lasaia était, à l’époque romaine, une ville portuaire qui était le port de la cité de Gortyne, dont les Romains avaient fait la capitale de la province de Crète. Selon les sources historiques, la ville était nommée Lasaia (Λασαία), ou Lasaea et bien d’autres noms, et en français classique Lasée. Lasée est citée dans la Bible comme étant la ville à côté de laquelle l’apôtre Paul a dû accoster lors de son troisième voyage vers Rome.

Les ruines de Lasaia se trouvent sur la côte sud de la Crète, à environ 2 km à l’est du village moderne de Kali Liménès, en face d’un îlot nommé Trafos (Τράφος). Selon le Stadiasmus Maris Magni, qui nomme le lieu Halas (Άλας), le port était situé à 50 stades de Lebena, de nos jours Lendas, et à 80 stades de Matalum.

Aller au site archéologique de Lassaia avec Google Maps (34.938650, 24.824587).

La ville de Mirès en Crète. La jetée de Lasaia et l'îlot de Trafos (auteur Olaf Tausch). Cliquer pour agrandir l'image.Le port de Lasaia semble avoir été lié à l’exploitation de gisements de minerais de cuivre. Il reste quelques vestiges du port, notamment les vestiges de la jetée qui reliait la terre ferme à l’îlot de Trafos qui émergent à peine, mais, à l’époque romaine, le niveau de la mer était vraisemblablement inférieur d’un mètre.

Le site de Lasaia n’a pas encore fait l’objet de fouilles archéologiques systématiques.

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