| La source de Zaros (Πηγή Ζαρού / Pigí Zaroú) | La source de Zaros (Πηγή Ζαρού) (n° 69 sur la carte du Géoparc du Psiloritis) : Dans la zone de la faille de Gergéri - Kamarès (ρήγμα της Γέργερης - Καμαρών) apparaissent certaines des plus grandes sources de Crète, les sources de Zaros. Dans la région de Votomos, une partie des sources alimentent un petit lac artificiel qui se fond harmonieusement à l’environnement et au paysage calcaire rugueux. Une partie des sources de Zaros est captée par l’usine d’embouteillage « Votomos », installée au nord du village ; en 2017, l’eau minérale naturelle de Zaros (Νερό Ζαρού) a été désignée comme la meilleure eau du monde ; c’est une eau peu minéralisée, pauvre en sodium ; on la trouve un peu partout en Crète.
Site sur la Toile : zaroswater.gr Une autre partie de l’eau des sources de Zaros remplit le barrage de Fanéromeni ; grâce à ces sources, l’une des régions les plus belles et les plus fertiles de la Crète s’est développée. Dans l’Antiquité romaine, l’eau de Zaros était déjà captée pour alimenter en eau la capitale de la province romaine de Crète-Cyrénaïque, Gortyne ; des vestiges de l’aqueduc romain sont encore visibles. |
| Le lac de Votomos (Λίμνη Βοτόμου / Límni Votómou) | Le lac de Votomos (Βοτόμος) est un lac artificiel (Τεχνητή Λίμνη Βοτόμου) qui a été créé en 1987 pour retenir l’eau de la source Votomos (Πηγή Βοτόμος) ; cette source jaillit au pied du mont Ampélakia (Αμπελάκια), situé dans le sud-est du massif du Psiloritis, à environ 300 m en arrière du lac ; elle produit une eau de qualité et abondante, avec un débit stable d’environ 400 m³ par heure. Avant le creusement du lac, l’emplacement du lac était un zone humide où se déversait naturellement les eaux de la source Votomos. Le lac se présente, de nos jours, comme un bassin presque circulaire, d’environ 80 m de diamètre et bordé d’arbres et de gazon ; ses eaux de couleur vert émeraude hébergent des truites ; l’endroit apparaît comme une oasis de fraîcheur au pied des pentes rocheuses et arides du Psiloritis.
Le lac de Votomos se trouve à environ 1 km au nord-nord-est du village de Zaros et de l’usine d’embouteillage de l’eau de Zaros, qui est reliée au lac par une canalisation souterraine. D’autres activités économiques se sont développées autour du lac artificiel : un petit parc de loisirs comprenant un restaurant, un café, une aire de pique-nique et une aire de jeux pour les enfants, mais sans possibilité de se baigner dans le lac, qui est un réservoir d’eau potable (Site sur la Toile : zaros-lake.com).
Un peu en aval du lac se sont installés deux fermes aquatiques où sont élevées des truites, ainsi qu’un bon hôtel de tourisme, l’hôtel Idi (Site sur la Toile : idi-hotel.gr). Dans le passé le cours d’eau provenant de la source alimentait un moulin hydraulique (νερόμυλος) pour la production de farine ; le moulin est visitable. Le trop-plein d’eau va à la rivière qui conflue avec le fleuve Géropotamos, dans la plaine de la Messara. | _small.jpg) _small.jpg) _small.jpg) | Le lac de Votomos est également apprécié par la faune aviaire, des espèces nicheuses comme des espèces migratrices ; moins plaisant, les moustiques apprécient aussi l’endroit.Le lac de Votomos, ses tavernes et son hôtel sont aussi d’excellentes bases de départ pour de nombreuses possibilités de randonnées que présente la contrée. La principale de ces randonnées est la remontée des gorges de Rouvas, mais il existe une multitude d’autres prétextes à promenades, notamment les petites églises disséminées dans les alentours, mais qui sont souvent fermées ; cependant, ces randonnées sont moins bien, ou pas du tout, balisées et documentées. |
| | Les gorges de Rouvas (Φαράγγι του Ρούβα / Farángi tou Roúva) | Les gorges de Rouvas sont les plus importantes gorges du massif du Psiloritis, qui s’élève, par de grandes failles situées sur ses contreforts, au-dessus de la plaine de la Messara (n° 20 sur la carte du Géoparc du Psiloritis) ; les gorges de Rouvas sont comparables, par leur beauté, aux gorges de Samaria pour le massif des Montagnes Blanches, elles aussi situées sur le flanc sud de ce massif, mais beaucoup plus longues.Les gorges de Rouvas ont été creusées par l’érosion hydrique, dans des roches calcaires et de la dolomite de l’unité tectonique de Tripoli, par un cours d’eau qui descend du massif vers la plaine de la Messara. Ce torrent draine les deux bassins versants de la partie sud-est du Psiloritis, situés entre les monts Samari (Σαμάρι) (1 413 m), Madari (Μαδαρή) (1 478 m) et Chalassokéfala (Χαλασοκεφάλα) (1 917 m), à l’ouest, et les monts Ampélakia (Αμπελάκια) (1 441 m), Kéfala (Κεφάλα) (1 310 m), Skinakas (Σκίνακας) (1 752 m) et Koudouni (Κουδούνη) (1 860 m), à l’est. Le nom officiel de ces gorges est « Gorges de Garafi » (Φαράγγι Γάφαρη) ; le nom de « Gorges de Rouvas » (Φαράγγι Ρούβα) provient du nom de la forêt de Rouvas, dans le massif du Psiloritis, où les gorges prennent naissance ; un troisième nom est utilisé pour désigner ces gorges : les « Gorges de Saint-Nicolas » (Φαράγγι Αγίου Νικολάου), du nom du monastère Saint-Nicolas qui se trouve à la sortie des gorges. Les gorges de Saint-Nicolas sont situées au nord du village de Zaros ; les eaux des gorges alimentent l’usine d’embouteillage de l’eau de source de Zaros et, en aval, confluent avec la rivière Koutsoulidis (Κουτσουλίδης) sur laquelle est construit le lac de barrage de Fanéroméni (λίμνη της Φανερωμένης), qui sert à irriguer la plaine de la Messara. Les gorges de Rouvas marquent la limite entre quatre communes et deux départements : la commune d’Anogia, dans le département de Réthymnon, et les communes de Gazi, d’Agioi Déka et de Mirès, dans le département d’Héraklion. Les gorges de Rouvas sont relativement petites, avec une longueur d’environ 3 km, entre leur entrée, près de la forêt de Rouvas, et leur sortie, près du monastère Saint-Nicolas ; cependant ce sont des gorges impressionnantes, par leurs parois abruptes, et intéressantes par la richesse de leur flore, de leur faune et de leurs formations géologiques ; le cours d’eau coule une grande partie de l’année, avec de petites cascades près de la sortie des gorges. Les gorges de Saint-Nicolas peuvent être découvertes par un sentier de randonnée qui part du lac de Votomos, à environ 422 m d’altitude, et qui conduit jusqu’à l’église d’Agios Ioannis, située dans la forêt de Rouvas, à environ 950 m d’altitude. La longueur du sentier de randonnée est d’environ 3,8 km ; à cause du fort dénivelé, d’environ 500 m, il faut compter environ 3 h de marche pour la montée et 2 h de marche pour la descente. Il est possible de raccourcir la randonnée en partant du monastère Saint-Nicolas, ce qui fait gagner environ 800 m à la montée et à la descente.
Au départ du lac de Votomos, à l’arrière du restaurant, le sentier débute de façon plutôt raide, avec des marches de pierre ; on rejoint le monastère Saint-Nicolas après 20 min de marche ; il faut ensuite marcher dans une vallée de plus en plus encaissée, en suivant le cours d’eau, sur 2 km avant d’atteindre la partie la plus spectaculaire des gorges ; à la sortie des gorges il faut encore marcher 500 m pour atteindre la petite église Saint-Jean (Άγιος Ιωάννης), construite dans une clairière de la forêt.
À cet endroit, le sentier des gorges de Rouvas rejoint le sentier de randonnée européen E4 ; une aire de piquenique est aménagée à proximité, sous des chênes des garrigues (Quercus coccifera). Les plus courageux pourront continuer à gauche, vers l’ouest, sur le sentier E4 jusqu’au plateau du Nida et la grotte de l’Ida ; à droite, vers l’est, le sentier E4 conduit en direction du village d’Ano Assitès (Άνω Ασίτες) ; ces itinéraires prennent près de 8 h de marche, mais il est permis de camper, près de l’aire de piquenique, avant de les entreprendre ; des toilettes sont disponibles sur place.
La visite des gorges est possible presque toute l’année, d’avril à novembre, mais elle est plus gratifiante au printemps lorsque les fleurs sauvages sont épanouies : des orchidées, telle que l’épipactis à larges feuilles (Epipactis helleborine), des lys et des iris. Le sentier de randonnée est plutôt bien balisé et bien équipé, avec des escaliers et des ponts de bois aux endroits les plus difficiles ; il faut cependant être convenablement chaussé, pour franchir quelques rochers éboulés, et se munir de beaucoup d’eau si le torrent est à sec. Des cartes de randonnées sont normalement disponibles au restaurant du lac ; au retour on peut s’y restaurer : la spécialité culinaire est évidemment la truite de l’élevage voisin du lac. L’accès aux gorges de Rouvas est gratuit. |
| La forêt de Rouvas (Δάσος Ρούβα / Dásos Roúva) | La forêt de Rouvas est une forêt de chênes qui s’étend sur un petit plateau situé, à environ 900 m d’altitude, au pied des pentes du mont Skinakas dans le sud-est du massif du Psiloritis (n° 20 sur la carte du Géoparc du Psiloritis).Il est possible d’accéder à la forêt par trois chemins différents : - depuis le village de Gergéri, situé sur la commune d’Agioi Déka, par une route forestière qui escalade les pentes au nord du village, puis par un chemin forestier qui part sur la gauche en direction de l’ouest, suivant le tracé balisé du sentier européen de randonnée E4 ; les éleveurs de moutons de Gergéri font pâturer leur bétail dans la forêt de Rouvas ;
- depuis le plateau du Nida en suivant ce même sentier E4 vers l’est ; cet itinéraire est en grande partie en descente ;
- depuis le lac de Votomos à Zaros, en remontant les gorges d’Agios Nikolaos ; il faut compter 3 h de marche.
Ces trois accès convergent vers la petite église d’Agios Ioannis (Άγιος Ιωάννης) qui se trouve au cœur de la forêt de Rouvas.
Cette forêt compte une importante population de chênes des garrigues, ou chênes kermès (Quercus coccifera), l’une des plus importantes de Crète, bien qu’un incendie en ait détruit une partie en 1994. La forêt de Rouvas comprend aussi des érables de Crète (Acer creticus), des pins de Calabre (Pinus brutia), des cyprès et cetera. Dans le nord du plateau on peut trouver une espèce d’arbres très rare, la zelkova de Crète (Zelkova abeticea), ou faux orme de Crète, qui vit exclusivement dans cette île. Sur le plan de la flore on rencontre un grand nombre de plantes endémiques crétoises : une orchidée plutôt rare, la céphalanthère de Crète (Cephalanthera cucullata), la berbéris de Crète (Berberis cretica), l’euphorbe épineuse (Euphorbia acanthtamnos), l’astragale à larges feuilles (Astragalus angustifolius) et la pimprenelle épineuse (Sarcopoterium spinosum). |
| | Le monastère Saint-Nicolas de Zaros (Μονή Αγίου Νικολάου Ζαρού / Moní Agíou Nikoláou Zaroú) | Le monastère Saint-Nicolas à Zaros est un monastère orthodoxe construit au XIVe siècle, sous la domination vénitienne, pendant laquelle il appartenait au monastère voisin de Saint-Antoine de Vrondissi. La plus ancienne mention du monastère se trouve dans un registre de 1644. Le monastère se trouve à la sortie des gorges de Rouvas, qui sont, pour cette raison, aussi nommées « Gorges de Saint-Nicolas ». Saint-Nicolas est situé à environ 2 km au nord de Zaros ; depuis le village d’Ano Zaros, prendre la direction de l’ouest, puis tourner à droite au panneau indiquant Agios Nikolaos, en direction du nord. Aller au monastère Saint-Nicolas avec Google Maps (35.145878, 24.906321). En arrivant au monastère le visiteur bute sur une énorme église orthodoxe, aux dimensions d’une cathédrale, qui défigure le site ; il s’agit d’une église en béton, en forme de croix grecque, et couverte de deux coupoles peintes en bleu ; cette église récente, mais inachevée, s’est vue ajouté, dans les années 2010, un clocher tout aussi démesuré.
Passé l’étonnement et la confusion, il faut chercher le monastère originel, que rien n’indique, qui se situe à l’arrière de cette nouvelle église, au creux du vallon dans lequel débouche les gorges de Rouvas. Cet ancien monastère est bâti autour de deux églises à nef unique : l’une de ces églises est dédiée à saint Nicolas ; l’autre à sainte Parascève. Autour de ces édifices anciens se trouvent les bâtiments modernes du monastère, datant du XXe siècle.
L’église byzantine Saint-Nicolas recèle de vieilles icones et des fragments de fresques datant du XIVe siècle ou du XVe siècle. L’autre église, Sainte-Parascève, abandonnée au début du XXe siècle, a été restaurée dans les années 1970.
Le monastère Saint-Nicolas est habité par une petite communauté de quelques moines et quelques moniales, qui offrent aux visiteurs des rafraichissements et des gâteaux secs de leur fabrication. On peut le visiter du lever au coucher du soleil, sauf entre 13 h et 16 h. À partir du monastère d’Agios Nikolaos, on peut faire une courte promenade jusqu’à l’église rupestre Saint-Euthyme, un ermitage où vécut l’ascète Agios Efthimios (Άγιος Ευθύμιος) et qui est décoré de fresques ; l’aller-retour jusqu’à l’ermitage prend environ 45 min. La visite des gorges de Rouvas est un peu plus longue et nécessite environ 3 h ; le sentier prend sur la gauche avant l’entrée du monastère. |
| Le monastère Saint-Antoine de Vrondissi (Μονή Αγίου Αντωνίου Βροντησίου / Moní Agíou Antoníou Vrontisíou) | Le monastère de Vrondissi est l’un des plus anciens et des plus importants monastères de Crète encore en activité ; il fait partie de la Métropole de Gortyne et d’Arcadie (Ιερά Μητρόπολη Γορτύνης και Αρκαδίας), dans l’éparchie de Kainourgio (Επαρχία Καινούργιου). L’origine du nom de ce monastère n’est pas connue avec certitude : Μονή Βροντησίου ou, anciennement, Μονή Βροντισίου ; on pense que ce nom pourrait provenir du nom de famille du moine qui aurait fondé le monastère, Vrontisis (Βροντίσης), car c’était un usage courant en Grèce. Le monastère Moni Vrontisiou est bâti, à 545 m d’altitude, sur une terrasse située au pied du versant sud du mont Alikadam (Αλικαδάμ) (1 917 m), dans le sud-est du massif montagneux du Psiloritis ; cette situation fait bénéficier le monastère d’une vue panoramique sur les vallées de la rivière Koutsoulidis (Κουτσουλίδης) et du fleuve Géropotamos, sur la plus vaste plaine de Crète, la plaine méridionale de la Messara, et sur les monts Astéroussia (Αστερούσια) qui séparent la plaine de la côte sud de l’île. Le monastère se trouve à peu près à mi-chemin entre les villages de Vorizia (Βορίζια) et de Zaros ; Vorizia est à 3,5 km de route à l’ouest et Zaros à 4,5 km de route à l’est ; depuis la route de Zaros à Vorizia, prendre sur la droite une petite route, indiquée (indication « Ayios Antonios »), qui conduit en 1 km jusqu’au monastère. Depuis Héraklion, au nord-est, la distance est d’environ 48 km.
Aller au monastère de Vrondissi avec Google Maps (35.143843, 24.881359). La date de fondation de Moni Vrondisiou n’est pas connue, mais le monastère est mentionné dans des archives historiques vers le début du XVe siècle et en 1474, à l’époque de la domination vénitienne ; le monastère existait déjà au XIVe siècle, mais il est vraisemblable qu’il ait été fondé pendant la seconde époque byzantine de la Crète, entre le Xe siècle et le XIIe siècle. À l’époque vénitienne le monastère de Vrondissi était un métoque (μετοχή), c’est-à-dire une dépendance, d’un monastère voisin, le monastère de Valsamonéro, situé à moins de 2 km ; cependant, il semble que Moni Valsamonérou commença de décliner au début du XVIe siècle et que Moni Vrondisiou amorça son essor à cette époque, puis connut son apogée entre le milieu du XVIe siècle et le milieu du XVIIe siècle ; un grand nombre de ses bâtiments furent construits à cette époque. Le monastère Saint-Antoine fut un des principaux foyers des arts et des lettres de la « Renaissance crétoise » ; la communauté monastique comprenait de nombreux érudits, copistes de manuscrits, et artistes notables, dont le plus célèbre fut Michel Damascène (Μιχαήλ Δαμασκηνός / Michaíl Damaskinós) (né entre 1530 et 1535, mort en 1592 ou en 1593). Les œuvres de Damaskinos combinaient des éléments de l’art byzantin et de la Renaissance italienne ; il a peint à Vrondissi six de ses icônes les plus célèbres ; ces icônes portables furent conservées au monastère jusqu’en 1800, puis elles furent transférées à l’église cathédrale Saint-Minas d’Héraklion par l’évêque Gérassimos (επίσκοπος Γεράσιμος), ce qui les a probablement sauvées de la destruction par les Turcs ; elles sont, de nos jours, exposées au Musée des icônes Sainte-Catherine du Sinaï, situé à côté d’Agios Minas. Une tradition, ou une légende, veut que le plus grand peintre grec, Le Greco (1541 - 1614), ait été apprenti à l’atelier du monastère. Le monastère de Vrondissi ne subit pas de destructions lors de l’invasion ottomane de cette partie de la Crète, vers 1646 ; le Grand Vizir ottoman Kioproulis (Κιοπρουλής, Köprülü Fazıl Ahmed Paşa), aurait, en personne, donné l’ordre de respecter le monastère ; au contraire, le monastère d’Arkadi, situé à une trentaine de kilomètres au nord-ouest, fut pillé par les Turcs en 1648 ; son higoumène, Syméon Chalkiopoulos (Συμεών Χαλκιόπουλος), et ses moines se réfugièrent au monastère de Vrondissi. En revanche, au XIXe siècle, le monastère fortifié Moni Vrondisiou servit de quartier général au capitaine des insurgés de la Crète orientale, Michel Korakas (Μιχαήλ Κόρακας) ; en représailles le catholicon et les bâtiments du monastère furent en grande partie détruits, ainsi que de nombreuses œuvres d’art de la Renaissance crétoise qu’ils contenaient ; quatre des moines furent massacrés et les cultures agricoles d’oliviers et de céréales furent brûlées. Le monastère fut abandonné par les moines et transformé en bergerie pour ses moutons par l’agha ottoman Sadia Agas (Σαδιά Αγάς). Les ruines du monastère de Vrondissi servirent encore de refuge lors de la nouvelle révolte crétoise contre les Turcs, en 1878.
De nos jours, Moni Vrondisiou est toujours imposant par sa situation, bien qu’il ait perdu la plus grande partie de ses épais murs de fortification ; seules des parties du mur de l’ouest subsistent. L’élément le plus intéressant du monastère est sans doute la fontaine vénitienne qui se trouve à l’extérieur de l’enceinte monastique, à gauche de la porte principale du monastère, sur le parvis ombragé de platanes qui seraient vieux de plus de 300 ans.
Cette élégante fontaine de marbre, de style Renaissance, date du XVe siècle ; c’est l’une des plus belles fontaines vénitiennes de Crète, bien qu’elle ait été gravement vandalisée. La fontaine comprend un bassin rectangulaire très simple où l’eau se déverse depuis les gueules de quatre créatures chevelues accoudées, qui seraient la représentation des quatre fleuves du Jardin d’Éden ; ces gueules sont surmontées de deux figures, finement sculptées en haut-relief, représentant « Adam et Ève au Paradis » (Αδάμ και Εύα στον Παράδεισο). Les effigies d’Adam et d’Ève ont malheureusement été décapitées par les Turcs, l’islam ne tolérant pas la représentation de figures humaines ; il y aurait même eu un troisième personnage, placé entre Adam et Ève, les premiers hommes (Πρωτόπλαστοι) : le Dieu Tout-puissant lui-même (Παντοκράτορας), qui aurait été effacé. Les Turcs ont cependant nommé le monastère de Vrondissi en référence à cette fontaine : le monastère de la Fontaine, ou monastère de Sandrivanli (Σαντριβανλί μοναστίρ) ; le mot turc « şadırvan » (sadirvan) désignant une fontaine, notamment une fontaine utilisée pour les ablutions rituelles. L’eau fraîche de cette fontaine est une eau de source des montagnes du Psiloritis, de la même qualité que l’eau de Zaros ; les habitants de la région sont nombreux à venir y remplir leur bidons et les vacanciers leurs gourdes ou leurs bouteilles. | _small.jpg) _small.jpg) _small.jpg) | Le monastère Saint-Antoine de Vrondissi comprend un catholicon, situé au milieu d’une grande cour entourée d’un mur, des bâtiments monastiques disposés sur deux niveaux à l’ouest et au nord de la cour, et des bâtiments d’exploitation agricole. Le catholicon est une église à deux nefs, construites à des dates différentes, devant lesquelles se dresse un campanile d’une taille imposante. La plus ancienne des deux nefs est l’église d’origine, l’église Saint-Antoine (Άγιος Αντώνιος), dédiée à saint Antoine le Grand (Μέγας Αντώνιος) (251 - 356), saint patron des ermites, et non à saint Antoine de Padoue. Cette première église, celle de droite en entrant, située du côté sud, a d’abord été agrandie vers l’ouest, puis une nef plus grande lui a été adjointe sur le côté nord, vers la fin du XVIe siècle ; cette seconde nef, à gauche en entrant, est dédiée à l’Ascension de l’apôtre Thomas (ψηλάφηση του Αποστόλου Θωμά) ; à cette même époque a été construit, devant la façade du côté ouest, un campanile, c’est-à-dire un clocher indépendant avec une entrée séparée ; il s’agit d’un campanile de plan carré, surmonté de quatre arches, dont le style est d’inspiration vénitienne. À l’époque vénitienne, une des nefs était destinée au rite orthodoxe grec, l’autre nef au rite catholique latin.
L’intérieur de la nef Saint-Antoine est décoré de belles fresques datant de la fondation de l’église, au XIVe siècle ; leur auteur n’est pas connu, mais la qualité de la peinture suggère qu’il devait être issu d’un grand centre artistique de Constantinople ou de Thessalonique. Les fresques sont encore en partie conservées. Dans le quadrant de l’abside de la nef se trouve une fresque unique en Crète qui est une représentation émouvante de la « Cène du Christ à Emmaüs » (Δείπνο του Χριστού στους Εμμαούς), entourée de bustes d’apôtres, de prophètes et d’anges. Le catholicon recèle également des icônes portatives du XVe siècle, qui proviendraient de l’église d’Agios Fanourios du monastère de Valsamonéro voisin. Ces icônes sont l’œuvre du grand iconographe crétois Angélos Akotantos (Άγγελος Ακοτάντος) (1390 - 1457) ; parmi ces icônes se distingue l’icône du « Christ dans les Vignes » (Χριστός ως άμπελος).
Dans la nef principale se trouvent des fresques représentant un Ménologe (Μηνολόγιο), c’est-à-dire un calendrier des fêtes des saints ; la figure de Saint Syméon le Théodoque (Άγιος Συμεών ο Θεοδόχος), tenant l’Enfant Jésus dans ses bras, est caractéristique. Sur le mur sud est conservée la partie représentant les saints fêtés au mois de décembre, ainsi qu’un « Massacre des Enfants » (Η Σφαγή των Νηπίων), comme dernière scène du tableau du 29e jour de ce mois. Visite du monastère Saint-Antoine de Vrondissi : Téléphone : 00 30 28940 31247 Horaires : du lundi au samedi, de 8 h à 13 h et de 16 h au coucher du soleil ; le dimanche, de 6 h à 13 h et de 16 h au coucher du soleil. Le monastère est fermé tous les jours de 13 h à 16 h. Prix d’entrée : gratuit, mais un tronc est disponible dans l’église pour les oboles. Le monastère est toujours servi par quelques moines : une tenue correcte est exigée. La visite est libre, mais les photographies sont interdites dans tout le monastère, particulièrement à l’intérieur de l’église. |
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