| Le site archéologique de Gortyne (Górtyna) et le code de Gortyne en Crète | |
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| Présentation générale | Le site archéologique de Gortyne est le plus vaste site archéologique de la Crète ; ici ce ne sont pas des ruines minoennes mais des ruines romaines. Gortyne (Γόρτυν), Gortys (Γόρτυς) ou Gortyni (Γορτύνη), mais plutôt nommée Gortyna (Γόρτυνα) par les Romains, fut en effet choisie par l’Empire romain, puis l’Empire romain d’Orient et l’Empire byzantin, comme la ville capitale de l’île de Crète, pendant près de huit siècles. À l’apogée de la prospérité de la cité, les Gortyniens (Γορτύνιοι, au singulier Γορτύνιος) étaient plus de 100 000. Dans la mythologie, Gortyne est aussi la cité où le dieu Zeus épousa la belle princesse Europe. Située dans une zone très fortement sismique, près de la zone de subduction de la plaque tectonique africaine sous la plaque eurasiatique, les tremblements de terre n’ont rien laissé intact de cette puissante cité, sinon une inscription lapidaire de l’un des plus anciens codes de loi européens, le « Code de Gortyne ». Gortyne a cependant donné son nom à la commune où se situent ses ruines, le dème de Gortyne (Δήμος Γόρτυνας). |
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| Le site archéologique de Gortyne est situé à la bordure nord de la fertile plaine de la Messara, au débouché des gorges de la rivière Mitropolianos. Gortyne se trouve sur la route provinciale reliant Agioi Déka à Mirès, à l’intersection avec la route provinciale de Gortyne à Matala (Επαρχιακή Οδός Γόρτυνας - Ματάλων) ; Agioi Déka est à seulement 1,5 km à l’est, Mirès à 7 km à l’ouest ; la route d’Agioi Déka à Mirès rejoint la route nationale 97 d’Héraklion à Faistos à 3 km à l’ouest de Gortyne ; Héraklion se trouve à 44 km au nord-nord-est de Gortyne, soit environ 50 min de conduite, via Agia Varvara, où il faut quitter la route nationale 97 en direction d’Agioi Déka. Un itinéraire moins rapide, mais plus attrayant, est de passer par Archanès, Péza et Choudetsi ; ce trajet est long de 54 km et prend un peu plus d’une heure. Depuis Réthymnon la distance est de 82 km, pour 1 h 30 min de route. Des autocars de la compagnie KTEL Héraklion - Lassithi permettent de venir à Gortyne depuis la gare routière du port d’Héraklion. Gortyne est desservi par les lignes ayant pour destination Agia Galini, Tympaki, Matala ou Lendas ; l’arrêt des autocars se trouve exactement devant le site archéologique de Gortyne. Des informations à jour sont censées être disponibles sur le site sur la Toile de la KTEL HerLas, mais ce site est à peu près incompréhensible. Aller au site de Gortyne avec Google Maps (35.061788, 24.948028). |
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| Le site archéologique de Gortyne (Αρχαιολογικός Χώρος Γόρτυνα / Archaiologikós Chóros Górtyna) | Le site archéologique de Gortyne présente les ruines d’une cité qui, à son apogée, aurait compté entre 100 000 et 300 000 habitants selon les estimations des historiens. Le géographe et historien grec Strabon, qui vivait à l’époque où Gortyna était devenue la capitale de la province romaine de Crète et Cyrénaïque, écrit que les murailles de Gortyna avaient une longueur de 50 stades, c’est-à-dire d’environ 9 km, soit un diamètre d’environ 3 km et une superficie de 7 km² ; cependant les ruines reconnaissables de nos jours sont disséminées sur une superficie de seulement 2 km². Le site est délimité au nord par des collines qui sont les derniers contreforts du massif du Psiloritis avant la plaine de la Messara : au nord-ouest la colline Saint-Jean (Άγιος Ιωάννης) qui était l’acropole de la cité dorienne, au nord la colline de Volakas (Βόλακας), au nord-est la colline du Prophète Élie (Προφήτης Ηλίας) ; à l’est se trouve le village moderne d’Agioi Déka ; au sud-ouest la localité de Mitropoli. À la périphérie du site se trouvent des nécropoles de diverses époques. Les ruines que l’on peut visiter sont réparties sur trois secteurs : - le secteur du site officiel, clôturé et d’accès payant, qui se trouve au nord de la route provinciale d’Agioi Déka à Mirès et Phaistos, et à l’est de la rivière Mitropolianos, l’antique Léthée. Ce secteur comprend la basilique Saint-Tite, l’odéon romain et le célèbre « Code de Gortyne » ; c’est le secteur le plus visité par la plupart des gens, mais il ne couvre qu’une petite partie de la cité antique.
- le secteur de l’acropole, situé au nord de la route provinciale et à l’ouest de la rivière ; ce secteur est d’accès libre et comprend les ruines du temple d’Athéna et celles du théâtre du nord.
- le secteur situé au sud de la route provinciale et à l’est de la rivière, où se trouvent les ruines du prétoire romain, de nymphées, de thermes et de théâtres romains, d’un temple d’Apollon, d’un sanctuaire des dieux égyptiens ; ce secteur est d’accès libre, mais les principales ruines excavées sont entourées d’une clôture. Dans le sud-ouest de ce secteur se trouvent les vestiges de la basilique de Mitropoli. Quelques panneaux indiquent les principales ruines, accessibles par des chemins de terre, mais on peut aussi errer librement parmi les oliviers en méditant gravement sur le destin de ce qui fut une orgueilleuse cité antique et le berceau du christianisme crétois. « Sic transit gloria mundi … », comme disaient les anciens Romains.
La cité romaine de Gortyna avait été bâtie – pour les édifices de prestige – avec de la pierre calcaire marneux extraite des carrières, dites « labyrinthes de Gortyne », situées à environ 3 km au nord-ouest de la cité antique, près de la localité de Roufas (Ρουφάς) ; les murs ordinaires étaient construits en moellons jointoyés au mortier et les marbres étaient importés. Après la destruction de la cité, la plupart des matériaux nobles ont, semble-t-il, étaient remployés pour la construction des villages modernes environnants : Agioi Déka, Mitropoli et Ampélouzos (Αμπελούζος) ; les moellons ont, par endroits, été entassés en monticules pour faire place aux plantations d’oliviers. | Légende du plan du site : 1 : Temple d’Athéna. 2 : Autel d’Athéna. 3 : Basiliques chrétiennes-byzantines (sept basiliques). 3.1 : Basilique Saint-Tite. 3.5 : Basilique de Mitropoli. 4 : Théâtre du nord et théâtre du sud. 5 : Odéon hellénistique et romain. 6 : Agoras grecques classique et hellénistique. 7 : Sanctuaire de Déméter et de Koré. 8 : Thermes (plusieurs thermes). 9 : Sanctuaire des dieux égyptiens. 10 : Temple et autel d’Apollon pythien. 11 : Ensemble du prétoire (salle basilicale, thermes, temple d’Auguste). 12 : Maisons de l’époque hellénistique. 13 : Habitations de l’époque hellénistique et protoimpériale, puis romain tardif byzantin. 14 : Amphithéâtre. 15 : Grands thermes romains de la « Mégali Porta ». 16 : Forum romain (?). 17 : Stade ou hippodrome. 18 : Tombes byzantines (plusieurs endroits). 19 : Fontaine du nord-est et nymphée du prétoire. 20 : Fontaine et nymphée du sud-ouest. Traits violets : voies des époques romaine et byzantine. Traits noirs tiretés : fortifications hellénistiques. Traits noirs continus : fortifications byzantines. Traits verts : aqueducs. Traits verts-jaunes : essais de fouilles de 1978 et 1979. Points jaunes numérotés : constructions d’époque hellénistique. Points rouges numérotés : constructions d’époque romaine. Points blancs numérotés : constructions d’époque byzantine. Points bleus : fontaines. Points verts : nymphées. |
| La rivière Mitropolianos (Μητροπολιανός ποταμός / Mitropolianós potamós) | La rivière Mitropolianos, c’est-à-dire la rivière de Mitropoli ou « rivière métropolitaine », arrose la cité de Gortyne ; son cours passe au pied de l’acropole qu’elle sépare du reste de la cité. Dans l’Antiquité la rivière était nommée le « Léthée » (Ληθαίος ποταμός / Lithaíos potamós), à ne pas confondre avec un fleuve du même nom qui coule en Thessalie. Le Léthée prend sa source près de Gergéri (Γέργερη) et de Panassos (Πανασός) où il recueille les eaux du versant sud-est du massif du Psiloritis. Aux environs de la localité d’Apomarma (Απομαρμά), la rivière franchit sous un pont la route nationale 97 d’Héraklion à Faistos, puis s’enfonce progressivement dans des gorges (Φαράγγι του Ληθαίου) et débouche dans la plaine de la Messara juste avant Gortyne ; la rivière passe par le village de Mitropoli (Μητρόπολη), qui lui a donné son nom moderne de rivière Mitropolianos ; aux environs de Choustouliana (Χουστουλιανά) et de Platanos (Πλάτανος), le Léthée conflue avec le grand fleuve qui draine la plaine de la Messara, le fleuve Géropotamos, qui se jette dans le golfe de la Messara au sud de Tympaki. Le Lithaios a un cours d’une quinzaine de kilomètres de longueur ; le long de son cours se trouve des vestiges d’un aqueduc qui amenait l’eau depuis Gergéri jusqu’à la cité de Gortyne, ainsi que les ruines de plusieurs moulins à eau. |
| Les aqueducs de Gortyne (Υδραγωγείο / Ydragogeío) | La cité romaine de Gortyna disposait d’un réseau très élaboré d’adduction et de distribution d’eau de source qui alimentait plus de cinquante fontaines, au moins deux nymphées, c’est-à-dire des fontaines à jeux d’eau, et plusieurs thermes romains (en traits verts continus ou tiretés sur le plan). L’eau était captée à environ 15 km au nord de Gortyna, au pied des pentes sud-est du massif du Psiloritis, entre les villages actuels de Zaros et de Gergéri ; près des sources, l’eau était emmagasinée dans un vaste réservoir, d’environ 37 m par 15 m, construit en « opus caementicum », c’est-à-dire en moellons jointoyés au mortier, et couvert par une voûte ; ce réservoir se trouvait au nord de Zaros, au lieu-dit Sterna (πηγή Στέρνα), dont le toponyme signifie « citerne ». Depuis ce réservoir, l’eau s’écoulait dans un aqueduc principal qui longeait la vallée de la rivière Léthée par la rive droite, tantôt enfoui dans des tranchées creusées dans la roche, tantôt soutenu par un mur qui pouvait atteindre 2 m de hauteur ; cet aqueduc avait une canalisation rectangulaire d’environ 1 m de hauteur par 0,5 m de largeur. Le débit moyen de cet aqueduc était d’environ 7 000 m³ par jour, ce qui, pour une cité de 100 000 habitants, représenterait 70 l d’eau par personne et par jour. À un endroit, encore inconnu de nos jours, l’aqueduc principal se divisait en deux branches, toutes les deux situées sur la rive droite de la rivière, une branche supérieure et une branche inférieure : - À environ 500 m avant l’acropole, une dérivation partait de la branche inférieure de l’aqueduc et franchissait la rivière par un pont ; un système de siphon permettait de maintenir la pression d’eau et de remonter l’eau sur la rive gauche de la rivière ; cette dérivation s’étirait vers l’est sur le flanc de la colline de Volakas et alimentait les quartiers de la partie orientale de la cité de Gortyna par trois sous-branches, orientées nord-sud, de l’aqueduc. La deuxième sous-branche devait alimenter les grands bains publics romains ; la dernière sous-branche fournissait l’eau au quartier du prétoire.
- La branche inférieure de l’aqueduc continuait vers le sud puis franchissait la rivière par un pont situé au droit de l’ancienne agora grecque et de l’odéon romain.
- La branche supérieure de l’aqueduc alimentait vraisemblablement d’énormes citernes construites sur l’acropole, puis continuait vers le sud pour alimenter les quartiers occidentaux de Gortyna.
À partir des diverses branches de l’aqueduc, les fontaines, les nymphées et les thermes étaient alimentés par des canalisations souterraines en terre cuite. Ce réseau d’adduction d’eau fut gravement endommagé par le tremblement de terre catastrophique de l’an 365 et ne fut pas entièrement réparé ; certaines fontaines furent alimentées à partir de citernes hors-sol et le nymphée du prétoire lui-même fut converti en citerne à fontaine. Ces citernes rectangulaires étaient construites en moellons ou en briques cimentés par du mortier, et couvertes d’une voûte en berceau ; dans les coins intérieurs, des nervures permettaient de contenir la poussée de l’eau vers l’extérieur. |
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| La basilique Saint-Tite (Ναός του Αγίου Τίτου / Naós tou Agíou Títou) | En entrant dans la partie clôturée du site archéologique de Gortyne, le premier monument que l’on remarque sont les ruines de la basilique paléochrétienne Saint-Tite (n° 3.1 sur le plan), situées juste au nord de la route provinciale d’Agioi Déka à Mirès ; la basilique a été bâtie dans la partie sud de l’ancienne agora grecque, à une centaine de mètres au sud de l’odéon romain, qui est situé dans la partie nord de l’agora. L’église doit son nom à saint Tite, qui fut nommé premier évêque de Crète par saint Paul de Tarse, au Ier siècle ; le siège épiscopal de Tite fut Gortyne qui était alors la capitale de la Crète romaine. Né vers l’an 10, Tite (Τίτος, Titus) mourut à Gortyne au début du IIe siècle, à l’âge de plus de 90 ans. Saint Tite (Άγιος Τίτος) est le saint patron de la Crète. Ce sont les archéologues italiens qui ont donné ce nom à cette basilique, en se fondant sur la tradition locale ; cependant il subsiste un doute quant à l’identification exacte de la première basilique dédiée à saint Tite à Gortyne ; à environ 300 m au sud, une autre basilique paléochrétienne, plus ancienne et plus grande, a été mise au jour près du hameau de Mitropoli. Saint Tite étant mort au début du IIe siècle, le christianisme étant devenu religion officielle de l’Empire romain d’Orient en l’an 330, et Gortyne étant devenue le siège épiscopal de la Crète dès le IVe siècle, il est vraisemblable que des édifices antérieurs aient été dédiés à l’évangélisateur de la Crète ; le crâne du saint fut conservé à Gortyne jusqu’en 796, une trentaine d’années avant l’invasion de la Crète et la destruction de la cité par les Arabes. L’emplacement de la basilique serait le lieu de sépulture de saint Tite. Des doutes subsistent quant à la date de fondation de la basilique dite de Saint-Tite (Βασιλική του Αγίου Τίτου) ; des chapiteaux de piliers de l’église portent le monogramme de l’empereur romain d’Orient Justinien Ier, qui régna de 527 à 565. La basilique aurait été fondée sous son règne, au VIe siècle, puis aurait été agrandie, en plusieurs phases de construction, jusqu’au VIIIe siècle. Il est vraisemblable que la basilique du VIe siècle ait été bâtie sur les vestiges d’une ancienne église où étaient conservées les reliques de saint Tite, église qui aurait été détruite par un tremblement de terre, peut-être celui de l’année 415. En 712, le métropolite de Crète, à Gortyne, était saint André de Crète. En 825, un an après leur invasion de la Crète, les musulmans arabes ont entièrement pillé et détruit la basilique comme l’ensemble de la cité de Gortyne. L’église a été reconstruite à la fin du Xe siècle, après la libération de la Crète de l’occupant sarrasin par Nicéphore Phocas. Il ne reste de la basilique Saint-Tite que la zone de l’autel et l’abside, flanquée de deux absidioles ; l’absidiole de gauche a été aménagée en chapelle orthodoxe. L’endroit est très apprécié par les pigeons … Cependant, les traces des fondations des murs permettent d’imaginer le plan général de l’édifice : l’édifice présentait, à l’origine, un plan basilical à trois nefs, mais, selon une pratique byzantine fréquente, une nef transversale, c’est-à-dire un transept, fut ajoutée dans le milieu de l’église ; aux extrémités de ce transept se trouvaient de petites absides couvertes d’un dôme ; la croisée du transept était également couverte d’un dôme hémisphérique. Devant l’entrée de l’église, située à l’ouest, se trouvait un atrium ; on pénétrait dans l’édifice par cinq portes ; à l’intérieur, à l’avant des trois nefs, se trouvait un narthex, divisé en trois parties correspondant aux trois nefs ; les trois nefs étaient séparées par des colonnades de trois colonnes qui s’étendaient du narthex au transept. La basilique Saint-Tite a été longuement restaurée entre 2014 et 2018. |
| L’agora grecque classique (Αγορά / Agorá) | L’ancienne agora grecque de l’époque classique s’étendait au pied de l’acropole, sur l’autre rive de la rivière Léthée (n° 6 sur le plan) ; un petit pont permettait de passer d’une rive à l’autre. Dans le nord de cette ancienne agora, vraisemblablement à l’emplacement d’un bâtiment publique des époques grecques archaïque et classique, un odéon a été construit à l’époque romaine, au Ier siècle. À l’époque de l’Empire romain d’Orient, une basilique, dédiée à saint Tite, a été édifiée dans la partie sud de l’agora. |
| L’odéon (Ωδείο / Odeío) | L’odéon de Gortyne est un édifice datant de l’époque romaine. Les odéons romains (odea, odeum au singulier) étaient des petits théâtres couverts destinés à accueillir des spectacles de musique, de chant lyrique ou de poésie ; les odéons étaient de taille plus petite que les théâtres, mais avaient une structure semblable. L’odéon avait été bâti dans la partie nord de l’ancienne agora grecque de l’époque classique (n° 6 sur le plan), sur la rive gauche de la rivière Léthée (Ληθαίος ποταμός) (n° 5 sur le plan). À cet emplacement devait se trouver auparavant un ancien bâtiment publique utilisé pour l’assemblée de la cité ; des matériaux de ce bâtiment, datant du Ve siècle avant JC, ont été remployés pour construire l’odéon, notamment les blocs de pierre portant le célèbre « Code de loi de Gortyne ». L’odéon aurait été initialement construit au Ier siècle mais a été endommagé par un tremblement de terre, peut-être celui de l’année 66 ; l’édifice a été reconstruit ou restauré au début du IIe siècle, sous le règne de l’empereur Trajan (règne de 98 à 117), sous la forme qu’on lui connaît de nos jours. L’édifice a encore subi des modifications mineures au IIIe siècle et au IVe siècle ; les fouilles archéologiques ont mis au jour des statues mutilées datant d’une époque aussi tardive que le IVe siècle. L’odéon a sans doute été fortement endommagé par le tremblement de terre de l’année 415 qui a dévasté Gortyne. À partir du VIe siècle l’utilisation de l’odéon comme salle de spectacle a cessé et des inhumations ont eu lieu dans la zone du fond, où des tombes byzantines ont été mises au jour (n° 18 sur le plan). L’odéon se présente comme un petit théâtre avec une cavea semi-circulaire (κοίλο), d’environ 18 m de rayon ; les gradins en pierre de la partie supérieure de la cavea reposaient sur une voûte construite en briques qui abritait un couloir semi-circulaire ; la voûte de ce couloir s’appuyait, du côté intérieur, sur dix-huit arches en briques dont on peut encore voir les ruines des piliers, et, du côté extérieur, sur un mur d’enceinte en pierre, dont une section était construite avec les pierres portant le « Code de Gortyne » ; la section de la galerie qui protégeait l’inscription a été reconstruite au XXe siècle, en briques similaires aux briques de la voûte d’origine. Seules survivent les trois rangées de gradins de la cavea construites sur la terre ferme. L’orchestre (ορχήστρα) avait aussi une forme semi-circulaire et était dallé de dalles de marbre blanc et bleu ; deux entrées permettaient au public d’accéder aux gradins de la cavea. La scène était rectangulaire et surélevée ; dans le mur de scène se trouvaient des niches carrées où étaient placées des statues de marbre, vraisemblablement les statues que l’on a retrouvées mutilées au milieu des ruines. La scène avait trois entrées et un sol en mosaïque avec des thèmes géométriques. |
| Le platane de Zeus et d’Europe | Au nord de l’odéon, une allée conduit, en une cinquantaine de mètres, jusqu’à un des platanes sacrés qui auraient abrité les amours de Zeus et d’Europe. Charmé par la princesse Europe, fille du roi de Tyr en Phénicie, Zeus l’aurait enlevée et, métamorphosé en taureau blanc, aurait transporté Europe sur son dos jusqu’en Crète ; arrivé sous des platanes situés près d’une source à Gortyne, Zeus aurait repris sa forme humaine et se serait accouplé avec Europe, qui aurait donné naissance à Minos, Sarpédon et Rhadamanthe qui devinrent les rois des trois palais minoens de Crète, Cnossos, Malia et Faistos.
Depuis lors ces platanes auraient gardé le privilège de ne jamais perdre leur feuillage. Théophraste (Θεόφραστος), botaniste du IVe siècle avant JC, en parle comme d’un platane dont les feuilles ne tombent qu’au moment où lui en viennent de nouvelles. L’arbre en question se trouve dans un enclos, sur la rive de la rivière Léthée, qui baigne ses racines, et cet arbre supporterait les inondations de la rivière. Une pancarte en grec indique « ΑΕΙΘΑΛΗΣ ΠΛΑΤΑΝΟΣ. ΣΠΑΝΙΟ ΑΕΙΘΑΛΕΣ ΔΕΝΔΡΟ ΤΟΥ ΣΥΝΗΘΩΣ ΦΥΛΛΟΒΟΛΟΥ ΕΙΔΟΥΣ ΡLΑΤΑΝUS ΟRΙΕΝΤΑLIS ΜΕ ΒΟΤΑΝΙΚΟ ΕΝΔΙΑΦΕΡΟΝ ΜΥΘΟΛΟΓΙΑ : Ο ΔΙΑΣ ΥΠΟ ΜΟΡΦΗ ΤΑΥΡΟΥ ΑΠΗΓΑΓΕ ΤΗΝ ΕΥΡΩΠΗ ΜΕ ΤΗΝ ΟΠΟΙΑ ΣΥΝΕΖΕΥΧΘΗ ΕΔΩ ΚΑΙ ΑΠΕΚΤΗΣΑΝ ΤΟΝ ΜΙΝΩΑ … ΔΑΣΙΚΗ ΥΠΗΡΕΣΙΑ ». Cet arbre ne ressemble guère à un platane, même oriental (Platanus orientalis), mais plutôt à un érable sycomore (Acer pseudoplatanus) ou à un érable de Crète (Acer sempervirens) qui est un des rares érables à ne pas perdre ses feuilles en hiver ; ce platane est un faux platane, mais tout le reste de l’histoire est véridique … Une statue colossale d’Europe, assise sur le dos d’un taureau, a été découverte dans l’amphithéâtre de Gortyne au XIXe siècle ; cette statue a été dérobée par l’amiral britannique Spratt qui l’a emportée à Londres en 1862 ; cette statue, de 1,85 m de hauteur et datée de 100 avant JC, fait maintenant partie des réserves de collections du British Museum. Par ailleurs, de nombreuses pièces de monnaies ont été trouvées avec des représentations d’Europe au revers, montrant que le peuple de Gortys honorait Europe comme une grande déesse. Sur le Vieux-Port d’Agios Nikolaos, on peut voir une statue moderne en bronze qui évoque aussi ce mythe de Zeus et d’Europe (Ο Μύθος της Ευρώπης και του Δία). |
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| Le théâtre du nord (Βόρειο Θέατρο / Vóreio Théatro) | Après avoir franchi la rivière Léthée en direction de l’acropole on découvre, sur la rive droite de la rivière, les ruines du théâtre du Nord adossé au flanc sud-est de l’acropole (n° 4 sur le plan) ; il s’agit d’un théâtre datant de l’époque hellénistique tardive ou de l’époque romaine ; ces ruines sont en plutôt mauvais état. |
| L’acropole (Ακρόπολη / Akrópoli) | L’acropole de Gortys (Γόρτυς) se trouvait au sommet de la colline Saint-Jean (λόφος του Aγίου Iωάννη), une colline située sur la rive droite de la Léthée et qui culmine à environ 250 m d’altitude. Les ruines de l’acropole se trouvent à l’extérieur du site archéologique clôturé de Gortyne ; pour accéder à l’acropole on peut prendre un chemin qui débute à environ 200 m à l’ouest de l’entrée du site archéologique et qui remonte la rive droite de la rivière Mitropolianos, puis qui passe à l’arrière du théâtre du Nord ; il faut compter une trentaine de minutes de marche pour atteindre le sommet de l’acropole. Si l’on dispose d’un véhicule on peut continuer sur la route d’Agioi Déka à Mirès et, après 600 m, bifurquer à droite sur une petite route vers le village d’Ampélouzos (Αμπελούζος) ; juste après l’entrée dans ce village, il faut prendre sur la droite une petite route qui conduit à Apomarma (Απομαρμά) et à Gergéri ; une pancarte indique un chemin de terre qui mène à l’acropole de Gortys. On peut se garer sur la droite, au pied du versant ouest de la colline Saint-Jean ; la montée jusqu’à l’acropole prend environ 5 min. La ville haute s’est développée à l’époque dorienne, du Xe siècle avant JC au VIIe siècle avant JC, autour du temple d’Athéna Poliouchos ; l’acropole commença à perdre de son importance à l’époque hellénistique, au profit de la ville basse qui se développait dans la plaine. À l’époque de l’Empire byzantin une basilique paléochrétienne fut édifiée sur les ruines du temple d’Athéna (n° 3.2 sur le plan). L’acropole était protégée par des fortifications depuis l’époque archaïque jusqu’à l’époque hellénistique (en traits noirs tiretés sur le plan) ; ces fortifications ont été restaurées et renforcées à l’époque de l’Empire byzantin, au VIIe siècle, sous le règne de l’empereur Héraclius (en traits noirs continus sur le plan). On peut voir quelques vestiges de ces murailles qui ont encore jusqu’à 6 m de hauteur en certains endroits. À l’époque romaine un bâtiment de grande taille a été construit, dont on ne connaît pas l’utilisation ; il est localement nommé « kastro », mais ce pourrait être de grandes citernes, qui auraient été alimentées par la branche supérieure de l’aqueduc de Gortyna. Les visiteurs ne se pressent pas en grand nombre au sommet de l’acropole ; cependant l’endroit offre des vues magnifiques sur l’ensemble du site archéologique dont on peut essayer de deviner le plan et la structure du réseau d’aqueducs amenant l’eau depuis Zaros et Gergéri. |
| Le temple d’Athéna Poliouchos (ναός της Αθηνάς Πολιούχου / naós tis Athinás Polioúchou) | Le temple d’Athéna Poliouchos, c’est-à-dire Athéna « Protectrice de la Cité », fut le sanctuaire officiel de la cité de Gortys jusqu’à l’époque hellénistique ; le temple d’Athéna fut progressivement supplanté par le temple d’Apollon Pythien. Le temple d’Athéna se trouvait au sommet de l’acropole (n° 1 sur le plan). En contrebas du temple, sur le versant oriental, se trouvait un autel sacrificiel avec une fosse sacrificielle (n° 1 sur le plan). Le temple d’Athéna était un temple de forme carrée, de 13 m de côté, sans colonnes. Il aurait été édifié dans la première moitié du VIIe siècle avant JC. Les fouilles archéologiques du temple ont mis au jour une statue féminine assise vêtue d’une robe richement décorée. Les archéologues ont aussi découvert des triades de déesses nues, portant des couronnes de type polos (πόλος), qui décoraient vraisemblablement la façade du temple ; ces sculptures en haut-relief étaient en réalisées en pierre poreuse ou poros (πώρος). De nombreuses statuettes votives, dédiées à Athéna Poliouchos, ont également été trouvées près de l’autel et de la fosse sacrificiels. Ces artefacts, datés du milieu du VIIe siècle avant JC, sont exposés au Musée archéologique d’Héraklion. |
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| Le quartier du prétoire | Le quartier du prétoire était le cœur de la Gortyne romaine qui s’est développée à l’est de la rivière Léthée, de nos jours nommée Mitropolianos ; la cité romaine s’étendait depuis les collines, au nord, jusqu’aux sites des localités modernes d’Agioi Déka, à l’est, et de Mitropoli, au sud-ouest. Cette vaste zone était irriguée par un système très ramifié de canalisations en terre cuite distribuant, par de nombreuses fontaines, l’eau amenée par un aqueduc descendant des contreforts du massif du Psiloritis. Le quartier du prétoire est situé au sud de la route provinciale qui relie Agioi Déka à Mirès ; une façon intéressante de découvrir ce quartier est de marcher depuis l’ouest de la localité d’Agioi Déka, après avoir visité l’église des Dix-Saints et les tombes des dix saints, et de suivre le chemin agricole qui se dirige vers l’ouest, au milieu des oliveraies, en restant à l’écart de la route provinciale. Avant 500 m, on parvient aux ruines de l’ensemble prétorien qui comprenait, entre autres bâtiments, le prétoire lui-même, un nymphée, des thermes et plusieurs petits temples. En continuant sur le chemin on trouve, 300 m plus loin, les ruines du temple d’Apollon Pythien et celles du théâtre romain du sud et, au milieu d’une oliveraie, le temple des divinités égyptiennes. Sur la gauche du chemin, en s’enfonçant au milieu des cultures, on peut découvrir les ruines des thermes publics romains et celles de l’amphithéâtre romain ; tout à fait au sud, se trouvait un stade ou un cirque romain, dont on peut seulement deviner le périmètre, qui est occupé par des cultures agricoles. Dans le quartier, de nombreuses parties de statues et de monuments en l’honneur des gouverneurs romains et d’autres fonctionnaires ont été trouvées, ainsi que des parties de fontaines publiques et de l’aqueduc qui les alimentait. Cette zone de la Gortyne romaine n’a été que partiellement fouillée et on devine combien il reste encore, sous les oliveraies, de ruines qui attendent d’être découvertes ; les ruines qui ont été mises au jour sont en général clôturées, et parfois bâchées, mais on peut les observer de l’extérieur à travers la clôture grillagée. Il faut compter entre 1 h et 1 h 30 min pour faire le tour de ces ruines, ou beaucoup plus pour les passionnés. Après cette visite on peut continuer sur le chemin agricole jusqu’à rencontrer la route provinciale d’Agioi Déka à Lendas ; en prenant à droite, on se dirige vers le site archéologique payant de Gortyne ; en prenant à gauche, on peut aller voir les ruines de la basilique byzantine de Mitropoli. | Légende du plan du quartier prétorien : 1 : salle basilicale. 2 : théâtre du sud. 3 : temple d’Apollon pythien. 4 : zone byzantine. 5 : zone du prétoire. 6 : thermes du prétoire. 7 : ? 8 : Théos Hypsistos. 9 : temple d’Antonin le Pieux. 10 : mausolée. 11 : nymphée du prétoire. 12 : temple hellénistique. |
| Le prétoire (Πραιτώριο / Praitório) | Le prétoire (praetorium) était le palais du préteur romain (praetor), c’est-à-dire du gouverneur de la province romaine de Crète et de Cyrénaïque (Creta et Cyrenaica) dont Gortyna était la capitale. Le préteur d’une province avait un pouvoir civil et militaire sur la province qu’il gouvernait ; il était nommé pour un an. Le palais du préteur était un ensemble imposant de bâtiments qui servait à la fois de siège administratif et de résidence privée du préteur, ainsi que de lieu de culte. Le prétoire de Gortyna se trouvait au cœur de la cité romaine, à moins d’un kilomètre au sud-est de l’ancienne acropole de la cité dorienne (n° 11 sur le plan). Aller au prétoire de Gortyne avec Google Maps (35.058824, 24.951874). La conquête de la Crète par Rome s’est achevée en 67 avant JC et Gortyna est devenue la capitale de la province de Crète et Cyrénaïque vers l’année 27 avant JC, et un préteur a dû être nommé. Les prétoires pouvaient être de simples tentes militaires. Le bâtiment dont on peut voir les ruines n’aurait été construit qu’au Ier siècle après JC, à l’emplacement de bâtiments datant de l’époque hellénistique ; le prétoire aurait été rénové au IIe siècle, sous le règne de l’empereur Trajan, qui régna de l’an 98 à l’an 117. Au IVe siècle, le prétoire, comme toute la cité de Gortyne et la majeure partie de la Crète, fut dévasté par le tremblement de terre de 365 ; le prétoire fut reconstruit à la fin du IVe siècle, puisque des inscriptions contemporaines de la seconde forme font référence à Gratien, Valentinien et Théodose, et montrent que Cyrène avait été dissociée de la Crète et affectée à l’Empire d’Orient. Après la conquête arabe du IXe siècle la ville de Gortyne fut abandonnée, mais, après la reconquête de l’île par Nicéphore Focas, les ruines du prétoire furent utilisées comme monastère. Le bâtiment du prétoire était de forme rectangulaire ; les murs étaient construits au moyen de briques et de moellons cimentés au mortier ; il reste quelques sections de murs d’une hauteur impressionnante. En approchant du prétoire par l’est, on découvre en premier les ruines d’un temple dédié à l’empereur Auguste déifié, temple édifié sous le règne de l’empereur Antonin le Pieux (règne de 138 à 161), situé dans la partie orientale du bâtiment prétorien (n° 9 sur le plan du quartier) ; devant l’entrée du temple, au nord-est, se dressait un atrium monumental dont on peut voir, au sol, les énormes fûts de colonnes brisées reposant près de leurs bases ; ces colonnes de marbre avaient un diamètre de plus d’un mètre. Au centre du bâtiment se trouvait le prétoire à proprement parler (n° 1 sur le plan du quartier), que les archéologues italiens prirent d’abord pour une basilique. Au sud du bâtiment se trouvaient les thermes du prétoire (n° 6 sur le plan du quartier). Au hasard des ruines, on peut voir l’enchevêtrement des canalisations d’adduction et d’évacuation d’eau, des conduites de chauffage, des revêtements muraux, des dalles de sol colorées, des fragments de colonnes lisses ou cannelées, ou parfois torsadées, et des statues mutilées. Le vaste champ de ruines du prétoire donne quand même une impression de son ancienne splendeur. La zone du prétoire est clôturée et n’est visible que de l’extérieur. |
| Le nymphée du prétoire (Νυμφαίο / Nymfaío) | Sur la droite de la rue passant devant les façades du temple d’Auguste et du prétoire, se trouvait une série de petits édicules : un mausolée, un nymphée et un petit temple d’époque hellénistique. Ce nymphée du nord-est (Βορειανατολική νυμφαίο) se trouvait en face du prétoire (n° 19 sur le plan général). Le nymphée (νυμφαίο), édifié au IIe siècle, était une grotte artificielle consacrée aux nymphes, ornée de statues de nymphes placées dans des niches et de jeux d’eau, avec des bassins pour y puiser l’eau ; le nymphée était alimenté par un aqueduc dont il reste quelques arches. À l’époque byzantine, au VIIe siècle, ce nymphée fut transformé en fontaine à citerne, la fontaine du nord-est (Βορειοανατολική πηγή) ; le réservoir de cette fontaine était couvert d’une voûte. Les ruines du nymphée sont clôturées. |
| Les thermes du prétoire | Le prétoire comprenait des thermes, c’est-à-dire des bains romains (ρωμαϊκά λουτρά), qui étaient vraisemblablement des bains privés, réservés à l’entourage du préteur. Il y avait divers bains publics à l’intérieur de la cité (les n° 8 sur le plan), notamment les grands bains publics qui se trouvaient plus au sud. |
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| Le temple d’Apollon pythien (Ναός Πυθίου Απόλλωνα / Naós Pythíou Apóllona) | En continuant une centaine de mètres vers l’ouest après l’ensemble prétorien, on rencontre, à 50 m à droite du chemin, dans un verger de vieux oliviers, le temple d’Apollon pythien (n° 10 sur le plan). L’entrée du temple ouvrait sur l’agora grecque de l’époque hellénistique (n° 6 sur le plan) ; le temple d’Apollon pythien est devenu progressivement le temple principal de Gortys, supplantant le temple d’Athéna, situé sur l’acropole, qui était plus petit. Le temple d’Apollon fut lui-même supplanté comme lieu de culte lorsque le christianisme s’imposa en Crète, vers le IVe siècle. Le temple était dédié à Apollon pythien, c’est-à-dire l’Apollon vainqueur du serpent Python à Delphes ; c’est dans le temple oraculaire d’Apollon pythien de Delphes qu’officiait la célèbre Pythie. Aller au temple d’Apollon pythien avec Google Maps (35.059390, 24.949852). Le temple d’Apollon pythien fut fondé à l’époque archaïque, au VIIe siècle avant JC. Ce temple archaïque d’origine était une simple salle rectangulaire, avec quatre piliers en bois au centre pour soutenir le toit ; les murs et les marches du temple étaient couverts d’inscriptions en écriture archaïque, dont certaines pierres taillées ont été conservées jusqu’à nos jours. Au nord du temple se trouvait le trésor du sanctuaire. À l’époque hellénistique, au IIIe siècle avant JC, un pronaos (πρόναος) fut ajouté devant le naos (ναός), ainsi qu’un fronton ; à l’époque romaine deux rangées de colonnes furent ajoutées dans le naos (cella), la divisant en trois nefs ; un autel monumental à quatre niveaux fut construit devant le pronaos. Le temple d’Apollon fut converti en église à l’époque byzantine. |
| Le théâtre du sud (Νότιο Θέατρο / Nótio Théatro) | Le petit théâtre du sud, parfois nommé théâtre d’Apollon pythien, se trouve immédiatement au sud-ouest du temple d’Apollon (n° 4 sur le plan), sur l’agora hellénistique. Ce théâtre fut construit à l’époque romaine, au IIe siècle. Aller au théâtre du sud avec Google Maps (35.059263, 24.949417). Les ruines du théâtre du sud sont relativement bien conservées ; on peut voir des fragments de murs en briques et de gradins en pierre recouverts de bâches ; ce petit théâtre avait douze rangées de gradins et pouvait accueillir environ 2 000 spectateurs. Depuis le sommet de la petite butte formée par la cavea du théâtre, on peut deviner d’autres ruines, en direction du sud : l’amphithéâtre et les grands thermes romains. |
| Le sanctuaire des dieux égyptiens (Ιερό Αιγυπτιακών Θεοτήτων / Ieró Aigyptiakón Theotíton) | À moins de 200 m au nord-ouest du prétoire, et à environ 50 m au nord du théâtre du sud, se trouvent les ruines d’un petit temple dédié aux divinités égyptiennes (n° 9 sur le plan). Ce sanctuaire de Gortyne est le seul de toute la Crète à être dédié aux divinités égyptiennes, bien que ces divinités aient également été vénérées dans d’autres villes crétoises, telles qu’Itanos ou Hiérapytna. Aller au temple des dieux égyptiens avec Google Maps (35.060222, 24.950483). Ce temple est un « isiéion » (Iσιείον), c’est-à-dire un temple principalement dédié à la déesse Isis (Ίσις ou Ίσιδα), déesse funéraire de l’Égypte antique, adoptée par la dynastie grecque d’Égypte, les Ptolémées, et assimilée à la déesse grecque Perséphone (Περσεφόνη), déesse grecque du monde souterrain, assimilée elle-même par les Romains à Proserpine (Proserpina). Deux autres divinités égyptiennes étaient honorées dans ce temple : Sérapis (Σάραπις) ou Sarapis (Σάραπις), assimilé par les Grecs à Hadès (Άδης), dieu des Enfers et frère de Zeus (Ζεύς), le père des dieux, le Pluton (Pluto) des Romains ; Anubis (Άνουβις), dieu funéraire de l’Égypte antique, assimilé à Hermès (Ερμής), le messager des dieux de la mythologie grecque, le Mercure (Mercurius) de la mythologie romaine. Cette triade syncrétique de dieux gréco-égyptiens était très vénérée dans le monde gréco-latin à partir de l’époque hellénistique, puis pendant l’époque romaine. L’influence gréco-égyptienne en Crète a commencé à se faire sentir dès l’époque de Ptolémée II Philadelphe (Πτολεμαίος Φιλάδελφος), dans la première moitié du IIIe siècle avant JC ; les Ptolémées intervinrent dans les guerres opposants des cités crétoises et firent entreprendre des fortifications à Gortys. Le temple des divinités égyptiennes a été fondé au IIe siècle avant JC ; cependant des inscriptions trouvées dans le temple de Gortyna sont beaucoup plus tardives et datent du Ier siècle ou du IIe siècle après JC ; il s’agit d’une inscription dédicatoire, découverte sur une architrave, faite par une certaine matrone romaine, Flavia Philyra, et ses enfants à Isis, Sarapis et d’autres dieux ; cette Romaine avait vraisemblablement financé une réfection du temple ou la construction d’un élément du temple. Le temple d’Isis se présente comme un édifice de plan rectangulaire et de dimensions modestes, environ 12 m de longueur par 10 m de largeur. Les deux entrées du temple se trouvaient à l’ouest, par un portique à quatre colonnes, dont on peut voir les bases et des fragments de fûts brisés ; au fond du naos, contre le mur oriental du temple, se trouvait un podium, de 4,75 m de longueur et de 0,55 m de hauteur, divisé en trois niches par deux petits murs ; chacune des niches contenait une statue cultuelle d’une divinité : dans la niche du nord, Isis ; dans la niche centrale, Sérapis ; dans la niche du sud, Anubis. Sur le côté sud de la cella se trouvait une crypte souterraine où l’on pouvait descendre par un escalier ; dans la crypte il y avait un bassin, d’une profondeur d’environ 1,55 m, sans doute utilisé pour des cérémonies de purification caractéristiques du culte égyptien. Dans les murs de cet escalier se trouvaient trois niches, dont l’une contenait une statuette en terre cuite d’Isis in situ ; dans les autres étaient peut-être placées deux figures de bœufs couchés, dont des fragments ont été retrouvés dans le puits. Sur le côté oriental du temple, à l’extérieur de la cella, se trouvait une citerne. Les statues des divinités ont été mises au jour par les archéologues, découvertes au pied du podium ; des fragments d’une statue d’une matrone romaine, peut-être Flavia Philyra, ont aussi été mis au jour. Ces statues en marbre sont datées du IIe siècle. Elles sont exposées au Musée archéologique d’Héraklion. La statue d’Isis représente la déesse debout, vêtue d’un chiton (χιτών), une sorte de longue tunique, et d’un himation (ιμάτιο), un vêtement drapé ; la tête est couverte d’un petit voile ; Isis porte ses symboles caractéristiques : sur le front un disque avec un croissant de lune ; dans la main droite, le sistre (σείστρο), un instrument de musique égyptien également connu en Crète depuis la préhistoire ; la main gauche tenait vraisemblablement la situle (situla), un récipient destiné à contenir l’eau lustrale, qui a disparu. La statue de Sérapis le représente debout, drapé dans un grand manteau et coiffé du calathos (κάλαθος) ou muid (modius), un instrument de mesure du grain ; il s’appuie sur un haut sceptre ; le chien à trois têtes Cerbère (Κέρβερος), le gardien des Enfers, se tient à ses pieds. La niche du sud devait contenir la statue d’Hermanubis (Ερμάνουβις), une divinité hybride d’Hermès et d’Anubis, qui a été retrouvée amputée de la tête ; le dieu était généralement représenté sous la forme d’un jeune homme portant le caducée, mais avec une tête de chien. Après la visite du temple des dieux égyptiens, on peut – si on ne veut pas visiter les autres ruines situées au sud du chemin – continuer vers le nord, sur environ 70 m ; on rejoint la route provinciale et, en la suivant sur la gauche sur environ 300 m, on arrive à l’entrée de la partie payante du site archéologique et au parc de stationnement. |
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| | | | | Le stade (Στάδιο / Stádio) | Le stade, ou le cirque romain, de Gortyne se trouvait à l’extrême sud de la cité (n° 17 sur le plan) ; il n’en reste plus que la trace du périmètre, matérialisé par un chemin d’exploitation agricole. |
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| La basilique paléochrétienne de Mitropoli (παλαιοχριστιανική βασιλική της Μητρόπολης / palaiochristianikí vasilikí tis Mitrópolis) | Les ruines de ce qui fut sans doute une magnifique basilique paléochrétienne se trouvent dans le sud-ouest du site de Gortyne, à l’entrée de la localité nommée Mitropoli (Μητρόπολη) (n° 3.5 sur le plan). Cette basilique paléochrétienne était vraisemblablement le siège du diocèse de Gortyne ou même de l’archidiocèse de Crète, c’est-à-dire la métropole (μητρόπολις), siège du métropolite (μητροπολίτης) ; c’est la mémoire de ce statut qui aurait été conservée dans le toponyme de la localité de Mitropoli. La basilique de Mitropoli se trouve sur la route provinciale de Gortyne à Matala (Επαρχιακή Οδός Γόρτυνας - Ματάλων), à environ 300 m de l’entrée du site archéologique de Gortyne. Aller à la basilique paléochrétienne de Mitropoli avec Google Maps (35.058705, 24.946327). On pourrait même dire que la basilique se trouve « sous » la route provinciale, car la route traverse les ruines de l’église à peu près entre la nef et le bêma ; les ruines de l’abside centrale se trouvent à l’est de la route. La basilique de Mitropoli a été mise au jour en 1978, à l’occasion de fouilles d’essai, et on veut croire que la route provinciale avait été construite bien avant ; cependant rien n’a été fait depuis cette date pour contourner les ruines, ce qui donne un spectacle consternant. La basilique de Mitropoli aurait été édifiée au VIe siècle et dédiée à saint Tite, le premier évêque de Gortyne. L’édifice fut gravement endommagé, dès le siècle suivant, par le tremblement de terre de l’année 620, puis totalement détruit par le tremblement de terre dévastateur de l’année 670 ; la basilique ne fut pas reconstruite et c’est alors que le culte de saint Tite aurait été transféré à la basilique Saint-Tite située sur l’ancienne agora grecque. La basilique épiscopale était un édifice imposant, de grandes dimensions, environ 69 m de longueur par 33 m de largeur. Le plan au sol montre la présence d’un atrium et d’un narthex, et de trois, voire cinq nefs, une bêma et, vraisemblablement des absides, dont seule l’abside centrale est encore visible. La nef centrale était séparée des nefs latérales par des colonnades de treize colonnes monolithiques dressées sur des piédestaux carrés ; de nombreux fûts de colonnes brisées gisent au milieu des ruines. Le sol de la nef centrale était couvert de belles mosaïques, mais qui sont masquées par des filets et du gravier pour les protéger. À une vingtaine de mètres au nord de la basilique se trouvent les vestiges d’un édifice de forme ronde, qui était vraisemblablement le baptistère de la basilique épiscopale de Mitropoli. Ce baptistère devait se présenter comme une rotonde abritant un vaste bassin, de près de 15 m de diamètre, divisée en huit niches individuelles absidiales ; les parois et le sol du bassin étaient recouverts de marbre en « opus sectile », une sorte de marqueterie de plaquettes de marbres colorés. Entre les niches se dressaient huit colonnes de marbre supportant la toiture qui protégeait la rotonde ; le dôme de la toiture reposait sur des chapiteaux décorés de sculptures de feuilles d’acanthe. Les catéchumènes pouvaient descendre dans les fonds baptismaux par quatre escaliers disposés en croix. Ce baptistère pourrait être antérieur à la basilique et dater du Ve siècle. Ce baptistère est dans un état plutôt meilleur que celui de la basilique elle-même. Les deux édifices sont entourés d’une clôture, ce qui n’empêche pas des gougnafiers de traiter ces ruines comme un dépôt d’ordures, sans doute par goût du sacrilège … Si vous en prenez un sur le fait, appelez le poste de la police nationale d’Agioi Déka au numéro de téléphone 00 30 2892 031 984. |
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| Histoire | La région de Gortys fut sans doute peuplée dès l’époque néolithique, entre 6000 et 3500 avant JC : des vases en céramique et des outils en pierre, datant de l’époque néolithique, ont été mis au jour sur la colline Saint-Jean où sera bâtie plus tard l’acropole dorienne. La région était encore habitée à l’époque minoenne et s’est notamment développée aux époques néo-palatiale et post-palatiale, entre 1600 et 1100 avant JC ; les archéologues ont fait de remarquables découvertes sur le site de la villa minoenne de Kania (Κανιά), située à environ 1,2 km au sud-ouest du village de Mitropoli (Μητρόπολη) ; il s’agit d’une villa au sens romain, c’est-à-dire le centre d’une exploitation agricole ; à l’époque minoenne, le peuplement de Gortys était vassal du palais de Phaistos. Aller à la villa minoenne de Kania avec Google Maps (35.048837, 24.933458). La fondation de la cité de Gortys par les envahisseurs doriens est datée d’environ 1100 avant JC ; Gortys est d’ailleurs évoquée par Homère dans le catalogue des vaisseaux de l’« Iliade » et dans « Odyssée », œuvres qui relatent les événements de la guerre de Troie censés se dérouler au XIIe siècle avant JC. Beaucoup plus tard, au IIe siècle après JC, Pausanias le Périégète (Παυσανίας Περιήγησις) affirmera que Gortys avait été fondée par un certain Gortys, originaire de la cité de Tégée en Arcadie (Τεγέα της Αρκαδίας), cité qui fut longtemps un ennemi de Sparte. Au VIIe siècle avant JC, la cité dorienne de Gortys était devenue une puissance commerciale importante qui pouvait rivaliser avec Phaistos comme capitale de la Messara ; la cité disposait d’un port de commerce sur la mer de Libye, Levin (Λέβην), près de l’actuel Lendas (Λέντας). C’est de cette époque que date l’acropole fortifiée et le temple d’Athéna. À l’époque archaïque la cité s’étendit à la zone de la première agora grecque, où sera construit plus tard l’Odéon romain ; une deuxième agora sera ensuite créée près du temple d’Apollon pythien ; c’est de la fin de cette époque archaïque que date le célèbre « Code des lois de Gortyne ». À l’époque classique, aux Ve et IVe siècle avant JC, Gortyne commença de conquérir les territoires environnants. Gortyne fut, en 470 avant JC, la première cité crétoise à frapper des pièces de monnaie en argent ; à l’avers de l’une de ces monnaies est représentée Europe, dévêtue, chevauchant en amazone le taureau dont Zeus avait pris la forme. À l’époque hellénistique, de la fin du IVe siècle au Ier siècle avant JC, Gortys prit le contrôle de toute la plaine de la Messara et assura sa domination sur Phaistos vers l’an 150 avant JC ; Gortys prit aussi possession des ports de Matala et de Komos, qui étaient les ports de Phaistos. Gortys devint la rivale de Cnossos, qui était encore la cité la plus puissante de Crète et une ennemie de Rome ; les autres cités crétoises puissantes à cette époque étaient Éleutherne, Cydonie et Lyctos. Gortys entra en relations amicales avec les Macédoniens et les Ptolémées ; une anecdote veut qu’Hannibal Barca se soit brièvement réfugié à Gortyne, vers l’an 190 avant JC, après avoir été battu par les Romains. Au IIIe siècle avant JC, des ouvrages de défense furent construits sur les collines au nord de Gortyne, à l’instigation de Ptolémée IV Philopator (Πτολεμαΐος Φιλοπάτωρ) (244 - 204 avant JC). La plupart des vestiges de construction de cette période sont situés sous le village de Mitropoli, enterrés sous les anciens dépôts des époques romaine et byzantine. Au Ier siècle avant JC, le géographe Strabon décrit Gortyne comme une vaste cité dont les murailles avaient une longueur de 50 stades ; la cité devait alors avoir entre 40 000 et 80 000 habitants. Les statères d’argent de l’époque hellénistique continuent de représenter le mythe de l’enlèvement d’Europe par Zeus : une pièce de monnaie montre, à l’avers, Europe assise, nue, dans le platane et soulevant son voile tandis qu’un aigle, symbolisant Zeus, tourne la tête vers elle. À partir du IIe siècle avant JC, la République romaine a commencé de jouer un rôle important dans les affaires intérieures de la Crète, sans toutefois occuper l’île. Cnossos et ses alliés s’opposaient à cette influence romaine, mais Gortyne, ennemie de Cnossos, se rangea dans le camp des Romains, ce qui provoqua une série de conflits avec Cnossos. Lorsque le général romain Quintus Caecilius Metellus entreprit la conquête de la Crète, en 68 avant JC, Gortyne fut son alliée ; une fois la conquête achevée, en 67 avant JC, la cité en fut récompensée en étant désignée par la République romaine comme capitale de la Crète, alors que Cnossos et ses alliées furent pillées et détruites. Vers 27 avant JC, Rome réunit la Crète et la région de la Cyrénaïque et de la Tripolitaine, en Afrique du Nord, en une seule province, la province de Crète et Cyrénaïque (Creta et Cyrenaica), dont Gortyna devint la capitale. En raison de ce statut de capitale, d’imposants édifices publics, administratifs et religieux, furent érigés dans la zone du prétoire, c’est-à-dire le palais du gouverneur romain, où une troisième agora fut créée ; la ville fut équipée d’un vaste système d’approvisionnement en eau et d’un réseau de drainage des eaux usées ; ce développement s’intensifia sous le règne de l’empereur Trajan, au début du IIe siècle. Gortyne était aussi un important centre économique, car la plaine de la Messara fut l’un des greniers à blé les plus importants de Rome pendant toute la période impériale ; la capitale de la Crète romaine disposait de trois ports : Lévin (Lebena), Kommos et Matala (Metallum) où se trouvaient ses chantiers navals. Partiellement détruite par un tremblement de terre en l’an 46, la cité de Gortyna fut immédiatement reconstruite encore plus magnifiquement. En l’an 59, l’apôtre Paul, en route vers Rome, fut forcé par une tempête d’accoster à Kali Liménès (Actes des Apôtres 27:7-8) ; il prêcha à Gortyna et y laissa son compagnon Tite, qu’il nomma plus tard premier évêque de Crète. Le christianisme commença de se propager en Crète à partir de Gortyne, mais il eut des martyrs, notamment dix martyrs qui furent mis à mort par décapitation dans l’amphithéâtre de Gortyna en 250, sous le règne de l’empereur Dèce (Caesar Caius Messius Quintus Traianus Decius Augustus …) ; ces dix martyrs canonisés ont donné son nom au village d’Agioi Déka. Au IVe siècle, en 395, le christianisme devint la religion officielle de l’Empire romain ; sous l’Empire romain d’Orient, Gortyne devint le siège d’un archevêché qui s’étendait sur toute la Crète ; l’église cathédrale de l’archidiocèse était la basilique Saint-Tite de Gortyne. La cité fut endommagée par plusieurs tremblements de terre. Au début de l’époque byzantine le centre administratif et civique de la ville fut déplacé vers le quartier chrétien de l’actuel village de Mitropoli, tandis qu’un deuxième noyau de la ville byzantine primitive se trouvait dans la zone de l’église d’Agioi Déka ; au VIIe siècle, de nouvelles murailles de fortification furent construites sous le règne de l’empereur Héraclius (règne de 575 à 641), notamment autour de l’acropole. En l’an 796 Gortyne fut anéantie par un tremblement de terre dévastateur. En 824, moins de 30 ans après ce tremblement de terre, la Crète fut envahie par les Sarrasins qui pillèrent et détruisirent ce qu’il restait de la ville de Gortyne ; les Arabes fixèrent leur capitale à Chandax, à l’emplacement de l’actuelle Héraklion. Même après la reconquête de la Crète par Nicéphore Focas, en 961, Gortyne resta inhabitée. |
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| Les fouilles archéologiques | Après les tremblements de terre dévastateurs du VIIe siècle et du VIIIe siècle, puis le pillage de la cité lors de l’invasion sarrasine de la Crète, Gortyne fut abandonnée. Au cours des siècles suivants, des voyageurs visitèrent ses ruines : en 1415, le moine italien Cristoforo Buondelmonti fut impressionné par son étendue et estima, dans son ouvrage « Liber Insularum Archipelagi » de 1420, que la cité était « grande comme Florence » (una città grande come Firenze) ; en l’an 1700 le botaniste français Joseph Pitton de Tournefort (1656 - 1708), envoyé au Levant par ordre du roi de France Louis XIV, visita les vestiges de Gortyne et en publia une gravure dans son ouvrage « Relation d’un voyage du Levant fait par ordre du roy », publié après sa mort en 1717. Ce n’est qu’en 1884 que des fouilles systématiques furent entreprises par une mission archéologique italienne dirigée par le professeur Federico Halbherr, et poursuivies jusqu’en 1887 par l’École archéologique italienne d’Athènes (Scuola archeologica italiana di Atene) qui menait des fouilles sur le site de Phaistos. Ces fouilles mirent notamment au jour le Code des Lois de Gortyne. Les fouilles archéologiques par l’École italienne ont repris en 1970 et se poursuivent de nos jours. |
| Le code de loi de Gortyne (κώδικας της Γόρτυνας / kódikas tis Górtynas) | Le « Code de Gortyne » (κώδικας της Γόρτυνας) serait le plus ancien texte de loi de la Grèce antique qui ait survécu en grande partie. Il s’agit d’un ensemble de lois concernant principalement le droit civil, mais aussi le droit pénal ainsi que le code de procédure pénale ; certains éléments, décrivant les institutions politiques de la cité de Gortyne, relèvent du droit constitutionnel. Pour le caractère exceptionnel de cette inscription épigraphique, le « Code de Gortyne » a été surnommé la « reine des inscriptions » (βασίλισσα των επιγραφών). C’est l’une des plus importantes découvertes archéologiques de Crète, qui a fait la célébrité du site de Gortyne. Ce texte de loi est gravé sur des stèles incorporées dans le mur circulaire qui ceinturait l’odéon romain de Gortyna construit au IIe siècle. Ces stèles étaient remployées d’un bâtiment antérieur datant de l’époque hellénistique situé sur l’ancienne agora ; ces dalles faisaient vraisemblablement partie, à l’origine, d’un bâtiment officiel de la cité de Gortys, datant du Ve siècle avant JC, utilisé pour les assemblées de la cité ; sur un tel bâtiment le rappel des lois avait tout son sens. Les Romains auraient conservé ces textes de loi dans un but de décoration de leur odéon, bien que ces lois n’aient plus de valeur juridique à leur époque. Lorsqu’elles ont été découvertes à la fin du XIXe siècle, en 1884, ces stèles étaient entièrement ensevelies sous un sol érodé arraché à la colline de Volakas, située à l’arrière de l’odéon. Au XXe siècle, ces « Tables de la Loi », portant cette précieuse inscription, ont été protégées par une galerie voûtée en briques qui couvre une partie du couloir circulaire de l’odéon. La grande inscription de Gortyne (Mεγάλη Eπιγραφή) est gravée sur les 12 stèles conservées des 20 stèles d’origine ; ces 12 stèles sont constituées de 42 blocs de pierre légèrement concaves, couvrant au total 9 m de longueur par 3 m de hauteur, ce qui constitue la plus grande inscription grecque jamais découverte. Chaque stèle comporte 52 lignes ; le texte comprend environ 17 000 lettres, 3 000 mots et 600 lignes ; ces lignes ont la particularité de se lire alternativement de droite à gauche puis de gauche à droite, dans un système d’écriture connu sous le nom de boustrophédon (βουστροφηδόν / boustrophedón), ce qui veut dire littéralement « comme le bœuf tourne [à tout bout de champ] » ; ce système d’écriture permet aux yeux de suivre l’écriture en continu ; les lignes commençant à droite sont donc écrites en écriture miroir – clairement reconnaissables au « Ε » inversé. Le texte est rédigé dans un dialecte crétois, plutôt grossier, de la langue dorienne. L’inscription est datée de 480 à 460 avant JC, mais est encore parfaitement lisible ; ce texte formalise vraisemblablement des lois établies par la coutume et la pratique, bien antérieurement au Ve siècle avant JC, sans doute à la fin du VIIe siècle avant JC. On peut noter le fait que nulle part dans le texte n’est mentionnée l’autorité qui a édicté ces lois. Des fragments de l’inscription se trouvent dans des musées du monde entier, mais la plupart des fragments se trouvent sur le site archéologique de Gortyne. Un fragment de la stèle XII avait été découverte, dès 1857, par les archéologues français Louis Thenon et Georges Perrot, dans le mur d’un moulin voisin où elle était remployée comme pierre de construction ; ce fragment de quinze lignes est relatif au droit de succession ; il se trouve au Musée du Louvre à Paris, en France. Une copie de la stèle VI se trouve au musée épigraphique d’Athènes. Les « Lois de Gortyne » contiennent quelques éléments de droit constitutionnel disposant que le pouvoir politique était exercé par un collège de dix cosmes (κόσμοι / kósmoi, au singulier κόσμος / kósmos), qui étaient des magistrats élus parmi les membres de l’aristocratie. Les cosmes devaient rendre compte à un conseil des Anciens (γερουσία), choisis parmi les anciens cosmes, une sorte de Sénat ; les cosmes pouvaient eux-mêmes être condamnés à une amende s’ils n’appliquaient pas correctement la loi. À la fin de leur mandat, les cosmes ne pouvaient pas se représenter à cette fonction avant un délai de trois ans ; on peut noter que dans une autre cité dorienne de Crète, Dréros, ce délai était de dix ans. Le code de Gortyne était principalement un code civil et un code de la propriété ; ce code civil faisait une distinction entre trois catégories d’habitants : les hommes libres, les serfs et les esclaves ; la différence entre les serfs et les esclaves était, notamment, que les serfs pouvaient se marier. Il a été supposé que les hommes libres, citoyens à part entière, pouvaient être des Doriens et que les serfs pouvaient être des Étéocrétois, c’est-à-dire des habitants d’origine « minoenne ». Certains historiens du droit ont d’ailleurs observé que les « Lois de Gortyne » n’étaient pas purement inspirées par le droit dorien de Sparte, mais présentaient une certaine influence minoenne. Le code couvrait un large éventail de droit civil, pénal et procédural : - les droits de propriété et d’héritage, la vente et le partage des terres et des biens. Les femmes de Gortyne avaient des droits patrimoniaux et héréditaires : elles pouvaient posséder leurs propres biens et partager l’héritage paternel avec leurs frères, ce qui était plutôt rare dans les sociétés de cette époque.
- les règles du mariage : bien que les femmes fussent de toute façon soumises aux choix des hommes dans le domaine matrimonial (le père choisissait le mari pour ses filles), les femmes de Gortyne avaient certains droits à la propriété en cas de divorce ou d’héritage sans testament.
- le statut des enfants issus de mariages mixtes, c’est-à-dire entre une personne libre et une personne serve : si un homme libre épouse une femme serve, les enfants seront libres ; si, à l’inverse, une femme libre épouse un serf, les enfants seront des serfs ; si des enfants libres et non libres naissent de la même mère, seuls les enfants libres pourront hériter de la mère.
- l’adoption.
- le divorce était admis et ce n’était pas seulement l’homme qui pouvait mettre fin au mariage en répudiant sa femme : la séparation pouvait avoir lieu à la demande d’un seul des deux époux.
- les amendes pour adultère étaient également fixées selon le statut de l’auteur et celui de la victime.
- le viol n’était pas un crime, mais un délit punissable d’une simple amende ; cependant l’emprisonnement était prévu jusqu’à ce que le contrevenant ait payé l’amende. La peine prévue dépendait du statut de l’auteur et de celui de la victime : violer un homme ou une femme libre était passible d’une amende de cent statères ; violer un serf ou une serve était passible d’une amende de seulement cinq statères.
Il est à noter que le code de Gortyne ne traitait pas de l’homicide. Cinq témoins étaient nécessaires pour faire condamner un homme libre pour un crime, tandis qu’un seul suffisait pour faire condamner un esclave. |
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| | Conditions de visite | L’entrée de la partie aménagée pour la visite du site archéologique de Gortyne se trouve à 1,5 km à l’ouest du village d’Agioi Déka, sur la droite de la route d’Agioi Déka à Mirès ; le site dispose d’un vaste parc de stationnement gratuit pour les véhicules de particuliers et les autocars d’excursion. Horaires d’été (d’avril à octobre) : tous les jours sauf les jours fériés, de 8 h à 20 h (dernière admission un quart d’heure avant la fermeture) ; fermeture de plus en plus tôt à partir de novembre. Horaires d’hiver (de novembre à mars) : tous les jours sauf les jours fériés, de 8 h 30 à 17 h (dernière admission un quart d’heure avant la fermeture). La visite de la partie aménagée peut se faire en une demi-heure ; il n’y a pas de visites guidées sur place. Le reste du site est accessible librement à toute heure, mais les ruines des bâtiments sont clôturées ; il faut compter une journée entière si l’on veut tout voir. Prix d’entrée : 6 € ; tarif réduit : 3 €. Gratuit pour les mineurs de 25 ans des pays de l’UE. Quelques jours gratuits dans l’année. Renseignements téléphoniques : 00 30 28920 31144. À côté de la billetterie se trouve un café avec une terrasse ombragée et une boutique. Il y a aussi une petite exposition de sculptures, une glyptothèque (Γλυπτοθήκη), près de la billetterie ; on peut y voir une quinzaine des statues découvertes dans les ruines de Gortyne, principalement dans les nymphées. Beaucoup de ces statues grandeur nature, en marbre finement travaillé, sont acéphales, brisées par les tremblements de terre ou peut-être décapitées par les premiers chrétiens. À environ 1 km à l’ouest du site archéologique de Gortyne, au sud du village d’Ampélouzos (Αμπελούζος), se trouve un vaste bâtiment moderne qui prétend abriter le Musée archéologique de la Messara (Αρχαιολογικό Μουσείο Μεσαράς) ; ce musée, qui a eu beaucoup de difficultés à voir le jour, présente une riche documentation, mais très peu d’artefacts, faute d’accord, semble-t-il, avec le Musée archéologique d’Héraklion. |
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