| Les villages de Myrtia, Péza et Choudetsi, et les Routes du Vin en Crète | |
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| Présentation générale | Myrtia est un bourg agricole du centre-nord de la Crète, au sud de la capitale de l’île. Le village est le chef-lieu du canton qui porte le nom de l’écrivain crétois Nikos Kazantzakis, canton qui fait partie de la commune d’Archanès-Astérioussia. La localité compte une population d’environ 560 habitants qui vivent principalement de la viticulture et de l’oléiculture ; le Musée Nikos Kazantzakis attire un petit flux touristique vers le village. |
| Étymologie et toponymie | Le toponyme « μυρτιά » est le nom grec du myrte (Myrtus communis), un arbuste méditerranéen commun dans la région. Ce nom de Myrtia, ou Mirtia, est très récent : avant 1965 le village était nommé « Varvari » (Βάρβαροι), c’est-à-dire « Barbares » ; ce nom provenait de l’installation de « barbares », c’est-à-dire des soldats non grecs, par Nicéphore Phocas (Νικηφόρος Φωκάς), après la libération de la Crète des Sarrasins en l’an 961. À l’époque vénitienne, le village était nommé Varvaro ou Varvarus. Bien que le mot « barbare » (βάρβαρος) ne soit pas aussi péjoratif en grec que dans les langues d’Europe de l’Ouest, désignant avant tout des peuples qui ne parlent pas le grec, ce nom a sans doute été jugé dévalorisant et remplacé par « Myrtia ». |
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| Le canton de Myrtia est le deuxième plus grand des trois cantons de la commune d’Archanès-Astéroussia ; il est situé entre le canton d’Archanès, au nord-ouest, et le canton d’Astéroussia, au sud. Au nord-est se trouve le canton d’Épiskopi, dans la commune de Chersonissos ; à l’est le canton de Thrapsano, dans la commune de Minoa Pédiada ; au sud-est, le canton d’Arkalochori, dans cette même commune ; au sud-ouest le canton d’Agia Varvara, dans la commune de Gortyne ; à l’ouest le canton de Téménos, dans la commune d’Héraklion. Myrtia faisait autrefois partie d’une enclave de l’ancienne éparchie de Pédiada (επαρχία Πεδιάδος), c’est-à-dire la « Province de la Plaine », dans l’éparchie de Monofatsi (επαρχία Μονοφατσίου), située au sud. Le canton de Nikos Kazantzakis comprend les localités de : Saint-Basile (Άγιος Βασίλειος / Ágios Vasíleios), Saintes-Parascèves (Άγιες Παρασκιές / Ágies Paraskiés), Alagni (Αλάγνι), Astraki (Αστρακοί), Astritsi (Αστρίτσι), Choudetsi (Χουδέτσι), Damania (Δαμάνια), Kalloni (Καλλονή), Katalagari (Καταλαγάρι), Kounavi (Κουνάβοι), Mélessès (Μελέσες), Métaxochori (Μεταξοχώρι), Myrtia (Μυρτιά) et Péza (Πεζά). |
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| Le village de Myrtia (Μυρτιά / Myrtiá) | Myrtia se trouve à 18 km au sud-sud-est de la capitale crétoise, Héraklion, et à 5 km à l’est du chef-lieu de la commune, Archanès, mais à 9 km par la route. Le village de Myrtia est en effet un peu à l’écart de la route rapide reliant Héraklion à Ano Viannos ; en venant de la zone du port ou de l’aéroport d’Héraklion, à Néa Alikarnassos (Νέα Αλικαρνασσός), il faut quitter la route principale en direction de Skalani (Σκαλάνι), en tournant à droite avant d’entrer dans Skalani ; Myrtia n’est plus qu’à environ 7 km en suivant une petite route tranquille, parallèle à la route principale, qui traverse une région vallonnée, plantée de vignes, où débute la Route orientale du vin. Si l’on vient de Cnossos, il faut tourner à gauche après 3 km, à Spilia, pour se diriger vers Skalani. Le village de Mirtia est à une altitude d’environ 365 m. Une section du sentier européen de grande randonnée d’Archanès au monastère d’Agarathos passe par Myrtia. Myrtia est un village attrayant, aux rues pavées, calmes et fleuries, où il fait bon flâner et s’asseoir à la terrasse ombragée d’une modeste taverne ou d’un kafénio. Le village recèle quelques églises : l’église de la Transfiguration du Sauveur (Μεταμόρφωση του Σωτήρος), l’église de l’Annonciation de la Vierge (Ευαγγελισμός της Θεοτόκου), l’église de la Nativité de la Vierge (Γενέθλιο της Θεοτόκου), l’église Saint-Georges (Άγιος Γεώργιος) et l’église Saint-Antoine (Άγιος Αντώνιος). C’est cependant le musée Nikos Kazantzakis qui attire le plus de visiteurs à Myrtia, mais la visite de cette contrée viticole vaut à elle seule le détour. | |
| Le musée Nikos Kazantzakis (Μουσείο του Ν. Καζαντζάκη / Mouseío tou N. Kazantzáki) | Le musée Nikos Kazantzakis de Myrtia rend hommage au célèbre écrivain crétois dont le père, Michel Kazantzakis (Μιχάλη Καζαντζάκη), était originaire du village. Le musée a été créé, de 1978 à 1983, par le décorateur et costumier de théâtre Georges Anémogiannis (Γιώργος Ανεμογιάννης), ami de Kazantzakis, avec l’aide d’Hélène Samiou (Ελένη Σαμίου), veuve de Kazantzakis, et du Centre de littérature crétoise (Κέντρο Κρητικής Λογοτεχνίας), fondé par la municipalité en coopération avec l’Université de Crète. Le musée Nikos Kazantzakis fut inauguré en 1983 par le ministre grec de la Culture, Mélina Mercouri (Μελίνα Μερκούρη). Le musée est installé dans une maison qui appartenait à la famille d’Anémogiannis, mais qui a été profondément transformée ; le musée a été rénové en 2009. Le musée apparaît comme un bâtiment un peu trop moderniste dans ce village traditionnel ; il est situé sur la place principale du village. Sur la place d’autres bâtiments abritent des dépendances du musée : une boutique de souvenirs et un café. Le musée retrace la vie et l’œuvre de l’écrivain au moyen de souvenirs, d’objets personnels, de photographies, de journaux intimes, de lettres, de manuscrits, d’éditions originales de ses livres parus dans 53 pays et traduits en 41 langues, des costumes de théâtre portés lors de la représentation de ses pièces, des photographies de films tirés de ses œuvres et cetera. Les visiteurs français noteront avec un peu de mélancolie combien la langue française était couramment utilisée comme langue internationale jusqu’avant la Seconde Guerre mondiale. | | Horaires d’été (d’avril à octobre) : tous les jours, de 9 h à 17 h. Horaires d’hiver (de novembre à mars) : du lundi au vendredi et le dimanche, de 10 h à 15 h ; fermé le samedi. Prix d’entrée : 5 €. Audioguide en anglais : 1 €. Téléphone : 00 30 2810 741 689. Site dur la Toile : www.kazantzaki.gr La visite peut se faire en une heure en comptant un documentaire vidéo de 20 min, disponible en six langues. Si l’on est un passionné de Kazantzakis on peut aussi visiter le Musée d’histoire d’Héraklion où une large place est faite à cet écrivain. |
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| Les Routes du Vin | Le vignoble d’Héraklion est la région viticole la plus importante de Crète ; il produit environ 70 % de la production crétoise commercialisée. Autrefois de la qualité de vins de table, la production crétoise est de plus en plus élaborée et s’exporte vers divers pays. Ce vignoble est l’un des plus anciens vignobles du monde, datant de l’époque minoenne, c’est-à-dire il y a plus de 4 000 ans ; à Vathypétro ont été mis au jour les vestiges d’un chai, avec son pressoir, datant de cette époque. Les principaux cépages crétois utilisés sont le kotsifali (κοτσιφάλι), le mandilari (μαντηλαριά ou μαντιλαριά) et le liatiko (λιάτικο), pour les vins rouges, le plyto (πλυτό) et le vilana (βηλάνα), ainsi que le rozaki (ροζακί), pour les vins blancs ; le cépage malvoisie, ou malvasia (μαλβαζία), est aussi employé pour le blanc. Le vignoble comprend une vingtaine de domaines, concentrés principalement dans deux zones : - au sud d’Héraklion, un polygone formé par les villages d’Archanès (Αρχάνες), de Skalani (Σκαλάνι), de Myrtia (Μυρτιά), de Péza (Πεζά) et de Kalloni (Καλλονή), dans la commune d’Archanès-Astéroussia ; ce polygone comprend le canton de Myrtia, autour du village de Péza, qui produit l’Appellation d’Origine Protégée « AOP Peza » (Προστατευόμενη Ονομασία Προέλευσης « ΠΟΠ Πεζά ») et le canton d’Archanès qui produit l’AOP Archanès.
- au sud-ouest d’Héraklion, dans les cantons de Paliani et de Gorgolainis, dans le sud de la commune d’Héraklion, de part et d’autre de la route qui mène à Matala, via Agioi Déka et Mirès ; cette zone produit le vin d’AOP Dafnès. Cette route de l’ouest des vins d’Héraklion comprend notamment les villages de Dafnès (Δαφνές), Vénérato (Βενεράτο), Kato Assitès (Κάτω Ασίτες) et Kérassia (Κεράσια).
Quelques domaines épars se trouvent dans le sud du département. Bon nombre de ces chais (οινοποιείο) ouvrent leurs portes aux visiteurs, le plus souvent sur rendez-vous ; ces chais sont signalés par un panneau « Routes du Vin » (Δρόμοι Κρασιού) ; on peut se procurer la brochure « Routes du Vin » dans l’un des établissements vinicoles participants ou dans les bureaux d’information touristique. On peut y déguster et y acheter la production locale à un tarif intéressant ; il y parfois aussi un petit musée vinicole. La route orientale des vins d’Héraklion comprend notamment les domaines suivants : Les chais Boutari, à Skalani (Σκαλάνι), sur la route de Skalani à Myrtia (n° 10 sur la carte de la route des vins). C’est le domaine crétois du plus grand producteur grec de vins Boutari, Fantaxométocho (Φανταξομέτοχο) planté en 1990, avec des installations très modernes. Visite guidée et dégustation. Aller aux chais Boutari avec Google Maps (35.275497, 25.193047). Site sur la Toile : boutari.gr Les chais Stilianou, à Kounavi (Κουνάβοι) (n° 12 sur la carte). Aller aux chais Stilianou avec Google Maps (35.235858, 25.191400). Site sur la Toile : stilianouwines.gr Les chais Titakis, à Kounavi (n° 13 sur la carte). Aller aux chais Titakis avec Google Maps (35.233336, 25.184113). Site sur la Toile : titakis.gr Les chais Mediterra - Creta Olympias, à Kounavi (n° 11 sur la carte). Aller aux chais Mediterra avec Google Maps (35.233417, 25.184730). Téléphone : 00 30 2810 741 383 Les chais Minos - Miliarakis, à Péza (Πεζά), à la sortie du village en direction de Kastelli (n° 14 sur la carte). Les frères Miliarakis (Μηλιαράκη), créto-français, gèrent ce grand domaine familial, fondé en 1932, qui est l’un des plus grands producteurs de vins de l’île ; le chai comprend une salle de dégustation, une boutique de vente et un petit musée, avec une petite collection d’anciens équipements de vinification, où l’on peut assister à une projection vidéo. Aller aux chais Miliarakis avec Google Maps (35.216307, 25.194339). Téléphone : 00 30 2810 741 213 La famille Miliarakis possède un autre chai, situé à Sampas (Σάμπας), à environ 10 km à l’est de Péza, sur la route de Kastelli ; le Clos Minos - Miliarakis produit des vins fins que l’on peut déguster dans une salle aménagée comme un kafenío traditionnel, avec une vue imprenable sur la campagne environnante ; on peut aussi visiter le vignoble, d’une superficie de 2,5 ha. À proximité se trouve le monastère d’Agarathos. Aller au Clos Minos avec Google Maps (35.215083, 25.250695). Site sur la Toile : minoswines.gr Les chais Digénakis à Kalloni (Καλλονή) (n° 15 sur la carte). Aller aux chais Digénakis avec Google Maps (35.203915, 25.192815). Site sur la Toile : digenakis.gr Entre les villages de Péza et de Kalloni se trouve l’Union des Coopératives Agricoles de Péza (Ένωση Αγροτικών Συνεταιρισμών Πεζών), ou Union de Péza (Ένωση Πεζών), qui regroupe une vingtaine de coopératives primaires représentant plus de 3 000 petits producteurs d’huile d’olive et de vin. On peut y visiter un musée ; la visite est suivie d’une dégustation de vins et d’un mézé (μεζές), une petite collation (n° 16 sur la carte). Aller à l’Union de Péza avec Google Maps (35.209202, 25.196937). Site sur la Toile : pezaunion.gr Le domaine Patérianakis, à Mélessès (Μελέσες) (n° 17 sur la carte). Aller au domaine Patérianakis avec Google Maps (35.181052, 25.196809). Site sur la Toile : paterianakis.gr Les chais Lyrarakis, à Alagni (Αλάγνι) (n° 18 sur la carte). La famille Lyrarakis est l’un des producteurs de vins les plus primés de Crète. Visite guidée d’une durée d’1 h 30, à travers le vignoble et les chais, suivie d’une dégustation. Aller aux chais Lyrarakis avec Google Maps (35.184274, 25.208515). Site sur la Toile : lyrarakis.com Le domaine Gavalas, à Vorias (Βοριάς) (n° 30 sur la carte). Aller au domaine Gavalas avec Google Maps (35.100137, 25.117158). Site sur la Toile : gavalascretewines.gr |
| Le village de Péza (Πεζά / Pezá) | Péza est un village agricole situé au cœur du vignoble de la région d’Héraklion ; le village, situé à 300 m d’altitude, produit des vins d’Appellation d’Origine de Qualité Supérieure (Ονομασία Προελεύσεως Ανωτέρας Ποιότητας, ΟΠΑΠ) mais aussi des huiles d’olive d’appellation d’origine. La tradition viticole du village est très ancienne ; le village est mentionné, sous le nom de Piscia, au XIIIe siècle, au début de l’époque vénitienne, pour sa production de vin. Le village de Péza, de moins de 500 habitants, est officiellement le chef-lieu de la commune d’Archanès-Astérioussia. Il se trouve à 4 km au sud-ouest de Myrtia, à 5 km au sud d’Archanès et à environ 16 km au sud d’Héraklion. Péza est très facile d’accès, étant situé un peu à l’écart de la nouvelle route, dite route industrielle, qui relie Héraklion à Ano Viannos, via Arkalochori. À 1,5 km au nord-ouest de Péza, près de la localité de Katalagari (Καταλαγάρι), se trouvent les ruines du château de Katalagariou (κάστελος Καταλαγαρίου). |
| Le village de Choudetsi (Χουδέτσι / Choudétsi) | Choudetsi est un village agricole, d’environ 800 habitants, qui se trouve à une dizaine de kilomètres au sud d’Archanès, sur une route transversale qui relie la route provinciale d’Archanès à Pyrgos et la route reliant Péza et Arkalochori à Ano Viannos. Ce village vit de la culture de l’olivier et de la vigne ; il est notamment réputé pour ses raisins de table. Choudetsi se trouve au pied impressionnantes falaises rocheuses à l’entrée des gorges de Spiliotissa (Φαράγγι Σπηλιώτισσας) ; à l’autre extrémité des gorges, à environ 500 m du village, se trouve le monastère de la Vierge de la Grotte (Μονή Παναγίας Σπηλιώτισσας). À 3 km à l’est de Choudetsi, près de la localité de Mélessès (Μελέσες), se trouvent les ruines du château byzantin de Mélesson (κάστελος Μελεσών). Choudetsi est surtout connu pour son Atelier musical Labyrinthe (Μουσικό Εργαστήρι Λαβύρινθος) fondé en 1982 par un joueur virtuose de lyre crétoise et d’autres instruments, Ross Daly. L’atelier est installé depuis 2002 dans une ancienne maison de maître à Choudetsi, dans le centre du village. L’Atelier musical Labyrinthos organise des séminaires de formation, donnés par des maîtres réputés de divers instruments de musique traditionnels, et des formations à la lutherie de ces mêmes instruments, ainsi que des concerts donnés, le vendredi soir, tout au long de l’été, dans le jardin de la propriété. Le bâtiment abrite également un musée d’instruments de musique traditionnels que Daly a rapporté de ses voyages ou qui lui ont été offerts ; ces instruments, souvent très rares, sont principalement des instruments à corde ou à percussion du monde entier. Le musée présente près de 250 instruments provenant de Crète, de la Méditerranée orientale, de l’Inde, de la région du Caucase, du Moyen-Orient et d’Asie centrale. Téléphone : 00 30 2810 741 027 Prix d’entrée du musée : entrée payante. Site sur la Toile : www.labyrinthmusic.gr Site personnel de Ross Daly : www.rossdaly.gr Un festival a lieu à la mi-août, qui attire plus de 15 000 visiteurs ; on peut consulter le programme sur le site de l’atelier. |
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| Le village de Métaxochori (Μεταξοχώρι / Metaxochóri) | Métaxochori est un village agricole, d’environ 400 habitants, situé dans la province de Monofatsi (Μονοφάτσι), à 30 km au sud d’Héraklion et à 17 km au sud d’Archanès ; le village se trouve à environ 425 m d’altitude et se consacre à l’oléiculture et à la viticulture. Au nord-est de la localité s’élèvent les monts Mégali Koryfi (Μεγάλη Κορυφή) (777 m). Le toponyme « μεταξοχώρι » signifie « village de la soie », en raison du grand nombre de mûriers qui poussent dans la région ; le mûrier (Morus) est une espèce d’arbres dont les feuilles sont la nourriture des chenilles du bombyx (Bombyx mori), dont les cocons servent à fabriquer la soie naturelle (μετάξι, en grec). Jusqu’en 1951 le village était nommé Kako Chorio (Κακό Χωριό), c’est-à-dire « mauvais village », ce qui est bien moins gratifiant ; à l’époque vénitienne le village était nommé Caco Chorio. Sous l’occupation ottomane, le village était presqu’entièrement peuplé de Turcs ; lors du soulèvement crétois de 1821 à 1828, les Turcs de Kako Chorio massacrèrent 18 moines du monastère d’Épanossifi situé à 2 km au nord du village. Au nord-est du village on peut visiter les chais Michalakis : Aller aux chais Michalakis avec Google Maps (35.156172, 25.155794). Site sur la Toile : www.michalakis.gr |
| Le monastère Saint-Georges Épanossifis (Μονή Άγιος Γεώργιος Επανωσήφης / Moní Ágios Geórgios Epanssífis) | Le monastère Saint-Georges Épanossifis est l’un des plus grands monastères de Crète par le nombre de moines qu’il accueille ; le monastère compte de nos jours une vingtaine de moines. Le monastère se trouve sur le territoire du village de Métaxochori, à environ 2 km au nord de la localité, dans l’ancienne éparchie de Monofatsi (επαρχία Μονοφατσίου). On accède facilement au monastère depuis la route provinciale de Cnossos à Charakas (Χάρακας) ; le monastère est à environ 30 km au sud d’Héraklion, en bifurquant à droite, à 28 km, en direction de Damania (Δαμάνια). Le nom du monastère, dédié à saint Georges (Άγιος Γεώργιος), remonte à l’histoire de la fondation du monastère. Le monastère fut fondé, vers l’année 1600, à la fin de la domination vénitienne, par un moine qui voyageait depuis le monastère Saint-Antoine d’Apézana (Μονή Αγίου Αντωνίου Απεζανών), situé entre Mirès et Lendas, jusqu’au monastère d’Agarathos (Μονή Αγκαράθου), situé près de Thrapsano dans la plaine minoenne. Ce moine, nommé Paisios (Παΐσιο), avait été chassé du monastère d’Apézana pour en être venu aux mains avec d’autres frères. Le moine Paisios fit une halte dans une petite église d’Agios Georgios, située sur les terres du seigneur vénitien Lagouvardo (Λαγγουβάρδος) ; dans son sommeil le moine eut la vision de saint Georges lui demandant d’agrandir l’église et de fonder un monastère. Le seigneur Lagouvardo possédait sur ses terres deux bergeries, des cabanes de berger – nommées en grec mitata (μητάτα), au singulier mitato (μιτάτο) ; l’une des bergeries était située près de l’endroit où se trouve, de nos jours, le monastère, l’autre située à Charaki (Χαράκι), à 2 km au sud du monastère. Les bergers de ces deux bergeries portaient le même prénom, Sifis (Σήφης) ; pour les distinguer, Lagouvardo les appelaient Épano Sifis (Επάνω-Σήφης), Sifis le Haut, et Kato Sifis (Κάτω-Σήφης), Sifis le Bas. Sifis (Σήφης) est un diminutif du prénom Iossif (Ιωσήφ), c’est-à-dire Joseph. L’église Saint-Georges se trouvait près de la bergerie d’Épanosifis ; le monastère qui fut fondé porte le nom d’Épanossifis (Επανωσήφη) ou Apanosifis (Απανωσήφη). Dans son ouvrage de 1755 « Creta Sacra », Flaminio Cornaro mentionne le monastère sous le nom de Monasterium Sancti Georgii Mart[yris] Apamosifii, Monastère de Saint-Georges Martyr d’Apamosifi. | | L’occupation ottomane débuta dans la région du monastère dès l’année 1645, alors que Candie était encore assiégée et ne fera sa reddition qu’en 1669. Pendant l’occupation ottomane le monastère d’Épanossifis se développa et acquit des possessions importantes, tout en jouant un grand rôle dans le maintien de la culture crétoise et de la foi orthodoxe ; cette prospérité se poursuivit jusqu’à la première insurrection crétoise de 1821, quand débuta la guerre de libération nationale grecque. Le monastère prit une part active à la révolte crétoise, qui fut durement réprimée, et de nombreux moines furent massacrés par les Turcs de Kako Chorio, le village voisin nommé, de nos jours, Métaxochori. Après l’indépendance de la Grèce continentale la Crète resta sous le joug ottoman et se souleva une nouvelle fois en 1866 ; l’higoumène Sofronios (Σωφρόνιος) joua un rôle actif dans cette révolte et beaucoup de jeunes moines du monastère rejoignirent les groupes armés, notamment celui commandé par Michel Korakas (Μιχαήλ Κόρακα) dans la Crète orientale ; les moines plus âgés se réfugièrent au monastère d’Apézana emportant avec eux les reliques sacrées et les objets précieux. Lors du tremblement de terre du 12 octobre 1856, le catholicon du monastère, l’église Saint-Georges, fut entièrement détruit. L’église que l’on voit de nos jours, au centre de la cour du monastère, fut construite de 1861 à 1863 ; il s’agit d’une basilique à deux nefs : la nef de droite est dédiée à saint Georges, la nef de gauche à la Transfiguration du Sauveur. Sur la gauche de l’église se trouve une fontaine dont l’eau est réputée miraculeuse. En face de l’église se trouve le musée du monastère et sa bibliothèque ; le musée présente des icônes anciennes, des évangiles, des vases liturgiques, tel un calice en argent de 1842, des habits sacerdotaux ainsi que d’autres artefacts. | | Si l’on se trouve dans la région du monastère d’Épanosifis pendant la Semaine sainte, il ne faut pas manquer la fête de la Saint-Georges, le 23 avril, jour du martyr de saint Georges. Une procession équestre précède l’ostension de l’icône de saint Georges, saint patron des cavaliers, souvent représenté à cheval ; les chevaux utilisés pour cette procession sont des chevaux d’une race crétoise plutôt rare, la race « georgalidika » (γεωργαλίδικα) qui survit dans la plaine de la Messara. Une autre fête a lieu le 3 novembre, date du transfert des reliques de saint Georges. | |
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| Personnages | Nikos Kazantzakis (Νίκος Καζαντζάκης) | Nikolaos Kazantzakis (Νικόλαος Καζαντζάκης) est né en 1883 à Héraklion, en Crète encore occupée par les Ottomans, dans la rue qui porte de nos jours son nom. Lorsque débute l’ultime révolte crétoise contre les Turcs, en 1897, la famille Kazantzakis part se mettre à l’abri dans l’île de Naxos, qui faisait partie depuis 1832 de la Grèce indépendante. Nikos fait des études à l’École française de commerce Sainte-Croix de Naxos, où il apprend le français et l’italien. La famille revient à Héraklion en 1899 après le départ de Crète des troupes ottomanes ; Nikos y termine ses études secondaires et obtient son diplôme de bachelier en 1901. En 1902, Nikos part pour Athènes où il étudie le droit ; il obtient son doctorat en droit en 1906. Il part pour Paris en 1907 où il étudie la philosophie ; les conférences d’Henri Bergson l’initient à la pensée de Frédéric Nietzsche, auquel il consacre sa thèse et qui influencera sa manière d’écrire. En 1910 Nikos Kazantzakis s’installe à Athènes ; en 1911 il épouse Galatée Alexiou (Γαλάτεια Αλεξίου) dans une petite église d’Héraklion car son père était opposé à ce mariage. En 1914, il se lie d’amitié avec le poète Angélos Sikélianos (Άγγελος Σικελιανός) et voyage avec lui dans de nombreuses régions de la Grèce à la recherche de « la conscience de leur terre et de leur race ». En 1917, Kazantzakis tente d’exploiter une mine de lignite à Prastova (Πραστοβά) dans l’ouest du Magne (Μάνη), avec un ouvrier nommé Georges Zorbas (Γεώργιος Ζορμπάς) ; cette expérience donnera naissance bien plus tard à un célèbre roman. En 1919 Kazantzakis est nommé directeur général dans le Ministère des Affaires Sociales du gouvernement Venizélos ; il s’occupe du transfert des Grecs de la mer Noire fuyant la révolution bolchévique. Après la chute du gouvernement Venizélos, en 1920, Kazantzakis entreprend une longue série de voyages en Europe, au Proche-Orient et en Extrême-Orient, notamment comme correspondant de presse ; ces voyages lui inspirent divers livres de voyage. Il divorce en 1926. En 1938 il publie ce qu’il considère comme son œuvre majeure, « Odyssée » (Οδύσσεια), un poème de 33 333 vers. Kazantzakis passe la Seconde Guerre mondiale sur l’île d’Égine où il a acquis une maison au début des années 1930. En 1943, il achève l’écriture de son roman « Vie et mœurs d’Alexis Zorbas » (Βίος και πολιτεία του Αλέξη Ζορμπά) qui sera publié en 1946. En 1945 Nikos Kazantzakis épouse Hélène Samiou (Ελένη Σαμίου), avec qui il vivait depuis 1924. Cette même année 1945, il est brièvement ministre sans portefeuille, mais quitte définitivement la Grèce, en proie à la guerre civile, en 1946. En 1947 il est à Paris, travaillant pour l’U.N.E.S.C.O. En 1948 il publie « Le Christ recrucifié » (Ο Χριστός Ξανασταυρώνεται). En 1950, il s’installe à Antibes, sur la Côte d’Azur, dans une région lui rappelant sans doute les paysages de la Crète ; cette année-là il publie « Le Capitaine Michalis » (Ο Καπετάν Μιχάλης), publié en français sous le titre « La Liberté ou la Mort », inspiré de la figure de son père ; en 1951 il écrit « La Dernière Tentation » (Ο Τελευταίος Πειρασμός), ouvrage qui sera mis à l’index par l’Église catholique dès sa parution en 1954 ; en 1953, « Le Pauvre de Dieu » (Ο Φτωχούλης του Θεού), publié en français sous le titre « Le Pauvre d’Assise ». En 1957 Kazantzakis reprend ses voyages, en Chine et au Japon, mais contracte une hépatite à la suite d’une vaccination faite avec une seringue mal stérilisée ; il doit rentrer en Europe et meurt à Fribourg, en Allemagne le 26 octobre 1957. Nikos Kazantzakis est inhumé sur le bastion de Martinengo des fortifications d’Héraklion ; sur la stèle de sa tombe est gravée cette phrase de Kazantzakis « Δεν ελπίζω τίποτα, δε φοβούμαι τίποτα, είμαι λέφτερος. » (« Je n’espère rien. Je ne crains rien. Je suis libre. »). L’œuvre de Nikos Kazantzakis présente de multiples facettes : poèmes épiques, essais philosophiques, récits de voyages, pièces de théâtre, romans et traductions d’œuvres classiques, telle la « Divine Comédie » de Dante Alighieri. Il reste cependant surtout connu du grand public pour les films tirés de ses œuvres : « Celui qui doit mourir », film de Jules Dassin de 1957, adapté du roman « Le Christ recrucifié » ; « Zorba le Grec », film de Michel Cacoyannis (Μιχάλης Κακογιάννης) de 1964, avec une musique devenue célèbre de Mikis Théodorakis ; « La Dernière Tentation du Christ », film de Martin Scorsese de 1988, qui suscita presqu’autant de controverses que le roman de Kazantzakis. Bien qu’il fût plutôt controversé au cours de son existence, notamment par l’église orthodoxe pour ses œuvres philosophiques, Nikos Kazantzakis fut très honoré après son décès : le canton d’origine de sa famille paternelle porte son nom, de même que l’aéroport international d’Héraklion. |
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