Le village de Thrapsano (Θραψανό / Thrapsanó) | Thrapsano est un gros bourg situé à environ 30 km au sud-est d’Héraklion et à environ 20 km au sud-est d’Archanès ; la localité se trouve à 4 km au sud de la route provinciale qui relie Péza à Kastelli, via Apostoli (Απόστολοι) ; en venant depuis Héraklion, il faut tourner à gauche après Péza, en direction d’Agiès Paraskiès (Άγιες Παρασκιές). Thrapsano a une population d’environ 1 250 habitants, nommés les Thrapsaniotes (Θραψανιώτες), dont beaucoup sont des potiers ; une partie de la population est faite de cultivateurs qui cultivent la vigne et l’olivier et pratiquent un peu d’élevage. Thrapsano est à une altitude de 350 m. Le toponyme Thrapsano proviendrait du mot « thrapsala (θράψαλα) » désignant les tessons de poteries brisées qui abondaient autour des fours de potiers. L’histoire de Thrapsano remonte au moins au début de la domination vénitienne ; le village était alors nommé Trapsiano, ou Trapsano, et était un fief de la famille Kornaros, originaire de Sitia. Thrapsano est depuis des siècles un centre de poterie, grâce à la présence d’argile et à la disponibilité de bois pour chauffer les fours de cuisson, ainsi qu’au savoir-faire transmis au fil du temps par les parents aux enfants ; les potiers de Thrapsano utilisent aussi couramment, pour chauffer leurs fours, des grignons d’olives, c’est-à-dire les résidus du pressage des olives : peaux, chairs et fragments de noyaux au fort pouvoir calorifique par la présence résiduelle d’huile. Dans l’imaginaire crétois, l’habitant de Thrapsano, le Thrapsaniote (Θραψανιώτης / Thrapsaniótis), s’identifie au potier ; il se voudrait même le descendant des potiers minoens. Avec d’autres villages de Crète, tels que Margaritès (Μαργαρίτες) près de Réthymnon, Thrapsano étaient un des lieux de la « Ventéma (βεντέμα) », la campagne d’été pendant laquelle les potiers s’installaient provisoirement, jusqu’à la mi-septembre, dans les lieux favorables à la production de poteries en terre cuite ; ces potiers fabriquaient de grandes jarres appelées « pitharia (πιθαρία) » et d’autres vases en terre. Les potiers parcouraient ensuite les contrées pour vendre leur production, mais les poteries étaient fragiles et le transport, à dos d’ânes ou de mulets, depuis Thrapsano jusqu’au lieu de vente était risqué ; un proverbe disait : « Tout le monde craint Dieu, et les Thrapsaniotes les murs ». Les ateliers de poterie prospèrent toujours dans le village et le long des routes vers Voni et Évangélismos ; à Thrapsano les pithoi (πίθοι / píthoi) – au singulier pithos (πίθος / píthos) – sont partout : sur la place du village, devant l’église, et même à l’arrière des camionnettes garées dans les rues. Ces jarres géantes, au style inspiré de celui des pithoi de l’Antiquité minoenne, sont vendues pour orner les hôtels, les restaurants et les maisons crétoises, et même à l’exportation. La plupart des ateliers organisent des visites et certains possèdent des magasins d’usine où l’on peut faire l’acquisition d’un de ces objets encombrants. Un festival de la poterie est organisé chaque année, le 17 juillet et dure trois jours. | | Thrapsano compte treize églises, les principales étant l’église de l’Exaltation de la Sainte Croix (Ύψωση του Τιμίου Σταυρού), une église à deux nefs du XVe siècle, avec des fresques bien conservées, l’église de la Transfiguration du Sauveur (Μεταμόρφωση του Σωτήρος) et l’église de l’Assomption de la Vierge Marie. | | L’église Notre-Dame Mesochoritissa (Παναγία η Μεσοχωρήτισσα) est une église à deux nefs, antérieure au XVIIe siècle, qui se trouve sur la place principale du village. Site sur la Toile : e-thrapsano.gr. | |
| Le monastère d’Agarathos (Μονή Αγκαράθου / Moní Agaráthou) | Le monastère d’Agarathos est un monastère grec orthodoxe situé dans le coin nord-ouest de la Plaine minoenne. Le monastère se trouve à environ 360 m d’altitude, au sommet d’une colline boisée, dans un massif montagneux plutôt dénudé. Le monastère est situé à l’est de la route qui relie Épiskopi à Arkalochori, en longeant le cours de la rivière Kartéros (ποταμός Καρτερός), peu après le village de Sgourokéfali (Σγουροκεφάλι) ; depuis ce village, une petite route, de 2,5 km de longueur, grimpe jusqu’au monastère (επαρχιακή οδός Καρτερού - Μονής Αγκαράθου). Agarathos fait cependant partie du territoire du village de Sampas (Σάμπας), dans le canton de Thrapsano, et donc de la commune de Minoa Pédiada. Le monastère se trouve à environ 23 km au sud-est d’Héraklion et à 9 km à l’est de Myrtia. Aller au monastère d’Agarathos avec Google Maps (35.227521, 25.249352). Le monastère d’Agarathos (Αγκάραθος / Agkarathos) est dédié à la Dormition de la Vierge Marie, c’est-à-dire l’Assomption pour les catholiques romains ; son nom complet est « Saint Monastère de la Dormition de la Vierge d’Agarathos (Ιερά Μονή Κοιμήσεως της Θεοτόκου Αγκαράθου) » ; le nom du monastère est parfois translittéré Angarathos. Le mot « agarathos (αγκάραθος) » proviendrait du nom d’une plante, le phlomis de Jérusalem, communément nommée sauge de Jérusalem (Phlomis fruticosa), ou phlomis laineux (Phlomis lanata), qui est nommé « agarathia (αγαραθία ou αγκαραθιά) » en dialecte crétois, et « asphaka » en grec général (ασφάκα) ; l’agarathia est une plante buissonnante à fleurs jaunes et à petites feuilles velues qui dégagent une odeur de sauge quand on les frotte. Selon une pieuse légende c’est sous un plant d’agarathia qu’une icône de la Vierge aurait été découverte par un moine, qui décida de construire une chapelle à cet endroit, chapelle qui deviendra le catholicon du monastère ; cette icône est toujours vénérée dans le monastère d’Agarathos. La date de fondation du monastère d’Agarathos n’est pas connue avec certitude, mais des érudits pensent qu’il aurait été fondé après la reconquête de la Crète par Nicéphore Phocas en 961, pendant la seconde époque byzantine de la Crète, qui dura de 961 à 1204 ; ce monastère serait l’un des plus anciens de Crète. Il aurait appartenu à la famille noble des Kallergi (Καλλέργης). La plus ancienne mention écrite conservée de Moni Agarathou est datée de 1532, pendant la domination vénitienne, dans un manuscrit qui est conservé de nos jours à la Bibliothèque marcienne (Biblioteca Marciana) à Venise. À l’époque vénitienne le monastère d’Agarathos était prospère et très riche ; il détenait d’importantes collections d’archives et de manuscrits et était un lieu d’éducation et de culture ; beaucoup de ses moines étaient originaires de l’île de Cythère. Un grand nombre d’higoumènes du monastère devinrent des personnalités éminentes de l’Église orthodoxe : le théologien Joseph Vryennios (Ιωσήφ Βρυέννιος) (vers 1350- vers 1431), auteur d’écrits considérés comme fondamentaux pour la diffusion de l’orthodoxie ; Mélétios Pigas (Μελέτιος Πηγάς) (1550-1601), patriarche d’Alexandrie de 1593 à 1601 et patriarche de Constantinople de 1597 à 1598 ; son successeur au patriarcat d’Alexandrie, Cyrille Loukaris (Κύριλλος Λούκαρης) (1572-1638), patriarche d’Alexandrie de 1602 à 1621, puis patriarche de Constantinople à plusieurs reprises ; à une époque plus récente Nikolaos Choreftakis (Νικόλαος Χορευτάκης) (né en 1954), qui fut moine à Agarathos, devint patriarche d’Alexandrie et de toute l’Afrique en 2004 sous le nom de Théodore II (Θεόδωρος Β΄). En 1647, pendant l’invasion de la Crète par les Ottomans, l’higoumène de Moni Agarathou, Athanasios Christoforos (Αθανάσιος Χριστόφορος), forma une troupe armée d’habitants de la région qui combattit les Turcs, leur infligeant de lourdes pertes. Pendant l’occupation ottomane le monastère d’Agarathos continua d’instruire la population dans la foi orthodoxe et servit de base aux combattants crétois ; en représailles le monastère fut plusieurs fois attaqué et incendié, et les moines massacrés, par les Turcs. Afin de les sauvegarder, la plupart des archives, les principales reliques et la précieuse icône du monastère furent transportées dans l’île de Cythère, restée en possession de la République de Venise ; ce n’est que dans les années 1970 que ces reliques et cette icône furent restituées au monastère d’Agarathos. | L’aspect général actuel du monastère date de la seconde moitié du XVIe siècle, à l’époque vénitienne, quand il fut fortifié au moyen de murs d’enceinte massifs sur trois côtés ; dans la porte du nord de l’enceinte on peut voir inscrite la date de 1585, et, dans la porte du sud, la date de 1583. Il reste quelques vestiges de ces fortifications du XVIe siècle, mais la plupart des murs ont été remplacés par divers bâtiments, tels que des entrepôts ou des ateliers. | | À l’intérieur de l’ancienne enceinte se trouve une cour pavée triangulaire plantée de palmiers, d’orangers et de cyprès. | | Au centre de la cour se trouve le catholicon du monastère dédié à la Dormition de la Vierge, fêtée le 15 août. L’église que l’on voit de nos jours a été édifiée, en remplacement de l’ancienne église, à l’époque de la reconstruction du monastère, à la fin du XIXe siècle, vers 1894 ; elle a été reconstruite à nouveau au début des années 1940. Il s’agit d’un édifice à trois nefs, de style byzantin, avec un grand dôme. L’intérieur du catholicon est décoré de fresques modernes qui représentent des saints crétois. Le monastère comprend une autre église, plus ancienne, dédiée à saint Raphaël (Άγιος Ραφαήλ), située à l’extérieur de l’enceinte. | | | Le monastère d’Agarathos est un monastère d’hommes qui est habité par une vingtaine de moines qui s’emploient à des activités agricoles, notamment la production de vin et d’huile d’olive ; les moines sont accueillants mais une tenue correcte est exigée ; quelques chambres d’hôtes sont disponibles si on veut faire une retraite au monastère. | Le monastère comprend un petit musée abrité dans l’ancien réfectoire et dans un ancien entrepôt dont une inscription indique qu’il a été construit en 1628 ; on peut y voir des souvenirs évoquant l’histoire du monastère et des vêtements ecclésiastiques, notamment des objets personnels donnés par le patriarche Théodore II d’Alexandrie. | | L’entrée du monastère et du musée est gratuite, mais les dons sont bienvenus. |
| Les ruines du palais de Galatas (Ανάκτορο Γαλατά / Anáktoro Galatá) | Les ruines du petit palais minoen de Galatas sont un site de fouilles archéologiques situé sur la bordure occidentale de la Plaine minoenne (Μινώα Πεδιάδα), à environ 28 km au sud-est d’Héraklion, à 3 km au sud-ouest de Thrapsano et 2 km au nord d’Arkalochori, près du hameau de Galatas (Γαλατάς) ; le site archéologique se trouve dans le canton de Thrapsano. Le peuplement minoen était bâti, à environ 410 m d’altitude, dans le nord du sommet aplati d’une colline, Galatiani Kéfala (Γαλατιανή Κεφάλα), qui culmine à 435 m. Le versant occidental de la colline est très escarpé ; à son pied coule un ruisseau qui est un affluent de la rivière Astrakianos (ποταμός Αστρακιανός), qui, à son tour, se jette dans la rivière Kartéros (ποταμός Καρτερός), qui se jette dans la mer de Crète à Amnissos (Αμνισός), un peu à l’est d’Héraklion. Aller au palais minoen de Galatas avec Google Maps (35.175149, 25.245513). Un peuplement minoen semble s’être déjà développé, au sommet de la colline Galatiani Kéfala, dès le début de l’époque minoenne ancienne MA-I ; cependant, les premiers éléments architecturaux datent de l’époque minoenne moyenne MM-I-b, à l’époque proto-palatiale, quand un village occupait la zone nord de la colline. Les fouilles ont montré que le village avait une importante activité de production et de commerce ; le village disposait de structures nécessaires à ces activités, notamment pour l’entreposage de céréales, mais ne comportait pas de premier palais, contrairement à d’autres cités minoennes de l’époque proto-palatiale. Au milieu de ce peuplement d’époque proto-palatiale un grand bâtiment fut bâti à l’époque néo-palatiale, plus précisément à l’époque minoenne moyenne MM-III-b, au XVIIe siècle avant JC ; ce bâtiment présentait certaines caractéristiques des palais minoens de l’époque néo-palatiale : une vaste cour centrale rectangulaire pavée, la plus grande longueur étant orientée nord-sud, entourée de constructions sur les quatre côtés ; la cour mesurait 16 m par 32 m, ce qui en faisait la quatrième plus grande cour après celles des palais de Cnossos, de Malia et de Phaistos. Au nord, la cour était délimitée par une façade en pierre de taille ; l’aile nord semble avoir été un bâtiment résidentiel ; les salles devaient avoir un mobilier élégant et de précieuses fresques ; une grande attention avait été portée aux matériaux utilisés : les sols étaient recouverts de plâtre blanc qui donnait luxe et somptuosité ; les marches étaient finement peintes en rouge. L’aile orientale du palais comprenait des salles utilisées pour les réceptions, les réunions officielles et les fêtes religieuses ; des fêtes et des banquets semblent avoir été les principales activités dans ce bâtiment : de nombreux restes d’ustensiles de cuisine, assiettes, tasses et verres, ainsi que des restes d’animaux ont été retrouvés dans ces salles ; une particularité du palais de Galatas est une grande cheminée centrale, de 3 m par 1,5 m, située dans une pièce à quatre colonnes de cette aile orientale ; sous la couche de cendres, des fragments d’une fresque représentant une partie d’un paysage rocheux ont été découverts. Autour de ce palais une vaste zone urbaine, d’au moins 70 000 m² de superficie, s’étendait vers le sud-est au bas de la colline. La ville minoenne de Galatas se trouvait à environ 10 km au sud-est de la cité d’Archanès, à 15,5 km au sud-est de la cité de Cnossos et à 41,5 km au nord-est de la cité de Phaistos. Au début de l’époque minoenne récente MR-I-a, ce « palais » a perdu son caractère palatial et a été détruit par un tremblement de terre à la fin de cette période, et abandonné ; en tant que centre urbain de la région, la ville minoenne, qui entourait le palais, a continué d’être habitée jusqu’à ce qu’elle soit détruite par un incendie à la fin de l’époque minoenne récente MR-I-b ; cette destruction de la ville est en relation avec la destruction de l’ensemble des cités minoennes de l’île entre 1500 et 1430 avant JC, marquant le début de l’époque post-palatiale. Ce n’est qu’à la fin de l’époque minoenne récente MR-III-a2 à MR-III-b que les activités de construction ont repris dans certaines parties des bâtiments néo-palatiaux détruits, mais ces constructions étaient destinées à d’autres usages et étaient peut-être en relation avec invasions mycéniennes. Le palais de Galatas fut découvert, au début des années 1990, à la suite de signalements faisant état de fouilles illégales dans la zone de la colline de Galatiani Kéfala. Des fouilles méthodiques débutèrent, à partir de 1995, sous la direction de l’archéologue Giorgos Réthymiotakis (Γιώργος Ρεθυμιωτάκης) ; en 1997 Réthymiotakis annonça avoir mis au jour un nouveau palais minoen de l’époque néo-palatiale. Les fouilles se sont poursuivies jusqu’en 2005. Les ailes nord et est se sont révélées en meilleur état que les ailes sud et ouest, gravement endommagées. Le site archéologique de Galatas (Αρχαιολογικός Χώρος Γαλατά) n’est pas encore ouvert à la visite par le public ; la zone de fouille, d’environ 80 m par 90 m, est entourée d’une clôture, mais on peut observer les ruines à distance. On accède au site par un chemin de terre qui gravit le versant oriental de la colline depuis la route reliant le hameau de Galatas au village d’Archontiko (Αρχοντικό) ; le chemin débute sur la droite à environ 700 m après Galatas. En contrebas du plateau de Galatas se trouve une chapelle, la chapelle Saint-Jean (Άγιος Ιωάννης). | |
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