Les ruines de la cité antique de Praissos (Αρχαία Πόλη Πραισού) sont plutôt modestes mais elles revêtent une importance historique particulière car les habitants de cette cité paraissent avoir été les derniers représentants de la population minoenne, au moins dans l’est de la Crète ; ces populations sont nommées Étéocrétois (Έτεόκρητες) par les archéologues, les « vrais crétois », des mots grecs « έτεός », « vrai, authentique », et « κρής », « crétois ». Le nom de Praissos (Πραισός / Praisós) est le nom sous lequel la cité était désignée par les Grecs de l’Antiquité et qui figure sur les pièces de monnaie postérieures au peuplement étéocrétois ; le nom est romanisé en Praissos ou en Pressos. Le site archéologique de Praissos (Αρχαιολογικός Χώρος Πραισού) se trouve à environ 1,5 km au nord du village de Néa Praissos (Νέα Πραισός) ; ce village se nommait anciennement Vavéli (Βαβέλοι) et n’a était renommé Néa Praissos qu’en 1955. Néa Praissos se trouve à environ 18 km au sud de Sitia et à 10 km au nord-ouest de Ziros. Depuis Sitia il faut prendre la route qui conduit à Iérapétra ; à Épano Épiskopi (Επάνω Επισκοπή), prendre à gauche une petite route revêtue en direction de Ziros ; la route s’élève rapidement en corniche, offrant de belles vues sur la baie de Sitia ; au centre du village de Néa Praissos, face à un kafenío avec une terrasse surélevée, part à gauche un mauvais chemin, cahoteux mais carrossable, qui descend vers le site de Praissos. Il est possible de se garer sur un emplacement situé près de la « Première Acropole ».
Aller aux ruines de Praissos avec Google Maps (35.123050, 26.090787). De nos jours, Praissos désigne aussi une des communautés locales de la commune de Sitia, Praisos de Sitia (Πραισός Σητείας), qui comprend les villages de Néa Praissos (Νέα Πραισός) et d’Agios Spyridonas (Άγιος Σπυρίδωνας), ainsi que les hameaux inhabités de Kalamavki (Καλαμαύκι) et de Pantéli (Παντέλη). Ces villages sont situés à environ 350 m d’altitude, entre deux vallées formées par les rivières Pantélis (Παντέλης) et Didymos (Δίδυμος), ou Santalopotamos (Σανταλοπόταμος).
L’emplacement de Praissos aurait été peuplé dès l’époque néolithique et encore à l’époque minoenne moyenne ; la cité se serait développée après la destruction des palais minoens, vers le XVe siècle avant JC, et l’invasion mycénienne subséquente ; les populations minoennes se seraient réfugiées dans la partie orientale de la Crète pour échapper aux envahisseurs grecs venus du Péloponnèse. Praissos devint la plus grande cité étéocrétoise, son territoire s’étendant de la côte nord à la côte sud de la Crète, avec des ports à Itéia (Ητεία), c’est-à-dire Sitia, au nord, et à Stilai (Στήλες), au sud ; Praissos était vraisemblablement la ville capitale des Étéocrétois, les « Vrais Crétois ». Après les invasions doriennes, vers le XIe siècle avant JC, Praissos devint le dernier refuge de la civilisation minoenne ; la cité fut tantôt alliée, tantôt adversaire des cités doriennes voisines, Lyctos à l’ouest, Iérapytna au sud, et Itanos au nord-est. Praissos atteignit son apogée à l’époque hellénistique, époque où la cité frappait sa propre monnaie ; on a découvert des pièces de monnaie de 50 types différents. Cependant, dans une nouvelle guerre, Praissos fut vaincue par son ancienne alliée Iérapytna, vers 155 avant JC, et fut détruite vers 144 avant JC ; Iérapytna annexa le territoire de Praissos, y compris le sanctuaire de Zeus Dictéen situé près de Palaikastro, probablement un ancien sanctuaire minoen. Cet épilogue mit fin à la dernière survivance de la civilisation minoenne, les Étéocrétois, près de treize siècles après la destruction des grands palais minoens. La cité de Praissos était construite sur deux collines voisines séparées par un ensellement, près de la rivière Stomios, de nos jours rivière Pantélis ; la 1re colline, parfois nommée Acropole A, se trouvait à l’est et était la plus élevée, culminant à 340 m ; la 2e colline, ou Acropole B, se trouvait au nord-ouest de la première ; ces deux acropoles étaient entourées d’un mur de fortification dont on peut encore voir les fondations par endroits, notamment au nord-est ; une 3e colline, ou Acropole C, se trouvait au sud de l’acropole A, mais à l’extérieur de l’enceinte ; elle était surmontée d’un important sanctuaire et on la nomme pour cela « Colline de l’Autel » (Βωμός-Λόφος) ; près de l’autel sacrificiel, daté du VIIIe siècle ou du VIIe siècle avant JC, des offrandes furent découvertes : des boucliers, des casques, des cuirasses, des guêtres, des figurines en terre cuite ou en bronze, dont la figurine d’un lion, symbole de la déesse Rhéa, mère de Zeus, et cetera. |
Au sud-est de cette 3e acropole se trouvaient les cimetières de la ville où de riches découvertes ont été faites : des bijoux en or, des vaisselles, des armes, des ustensiles, des pièces de monnaie et cetera. Dans la « Tombe de l’athlète », découverte en 1935, deux amphores panathénaïques (παναθηναϊκοί αμφορείς) d’époque classique, du VIe siècle avant JC, ont été mises au jour ; il s’agissait d’amphores de récompense offertes aux athlètes au cours des Panathénées de la cité d’Athènes. Les premières découvertes à Praissos furent faites par les archéologues italiens Federico Halbherr, en 1884, puis Lucio Mariani, en 1884 et 1886 ; Halbherr mit au jour dans la 3e citadelle des tablettes portant des textes écrits dans une langue inconnue qui a été nommée « étéocrétois » ; l’étéocrétois était une langue, écrite en caractères grecs, que les Étéocrétois (Έτεόκρητες) utilisaient – vraisemblablement en parallèle avec le grec – dans une tentative de préserver leur culture minoenne ; il s’agissait vraisemblablement d’une translittération de la langue minoenne ancienne qui était autrefois écrite en écriture linéaire A ; cette langue étéocrétoise – disposée avec des lignes se lisant alternativement de droite à gauche et de gauche à droite – n’est toujours pas déchiffrée à l’heure actuelle. Robert Bosanquet, de de la British School of Archaeology, effectua des fouilles systématiques en 1901 et découvrit l’autel sur la 3e acropole, le temple sur la 1re acropole, ainsi que la villa hellénistique « Andréion » ; il fouilla également les quatre tombes à tholos (A-D sur le plan). En parallèle avec ces fouilles officielles, des fouilles illégales ont été effectuées par des habitants qui ont même tenu un marché d’antiquités en 1960.
Le site archéologique de Praissos est visitable seulement pendant la saison touristique ; il est fermé en hiver. L’entrée est gratuite. Même si le site n’est pas très spectaculaire, la visite permet de découvrir de beaux paysages. |