| Le plateau du Lassithi, le massif montagneux et la grotte du Dicté, et les villages de Tzermiado, d’Agios Georgios et de Psychro en Crète | |
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| Présentation générale | Le plateau du Lassithi est l’une des contrées les plus attachantes de la Crète, comme un joyau enchâssé dans l’écrin des montagnes du Dicté ; ce n’est sûrement pas sans raison que la mythologie grecque y a fait naître Zeus, le Roi des Dieux de l’Olympe. C’est au printemps qu’il faut découvrir le Lassithi quand cette plaine d’altitude se couvre de fleurs multicolores, offrant un spectacle si différent des paysages habituels de la Crète, souvent arides et escarpés. |
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| La commune du Plateau du Lassithi (Δήμος Οροπεδίου Λασιθίου) est la commune la plus occidentale du département du Lassithi (Νομός Λασιθίου), à la limite avec la province d’Héraklion. La commune du Lassithi ne comprend qu’un seul canton. Le Lassithi est un territoire difficile d’accès ; il n’existe que deux routes à revêtement pour y accéder : au nord, depuis Héraklion, Hersonissos ou Malia, et à l’est depuis Agios Nikolaos ou Néapolis. Depuis Héraklion, situé à 52 km au nord-ouest du plateau, il faut suivre la route nationale 90 et bifurquer à droite à Gouvès (Γούβες), avant Hersonissos, en direction de Kastelli (Καστέλλι), puis remonter la vallée d’Avdou par Potamiès (Ποταμιές) et Avdou (Αβδού) jusqu’à Krassi (Κρασί) (« le vin »), où la route d’Héraklion rejoint la route de Malia ; continuer vers le sud en passant par Kéra-Haut (Άνω Κερά), où l’on peut visiter un intéressant monastère ; on atteint le col de Séli Ampélou (Σελί Αμπέλου), à 900 m d’altitude, avec ses célèbres moulins à vent, puis on redescend vers le plateau à Pinakiano (Πινακιανό). Depuis Agios Nikolaos, situé à 40 km à l’est du plateau, ou Néapolis, situé à 30 km au nord-est, remonter les gorges d’Adrianos jusqu’au col de Sélia, à 1 011 m d’altitude, puis redescendre vers le plateau jusqu’à Mesa Lassithi (Μέσα Λασίθι). Il y a assez peu d’autocars publics qui desservent le plateau du Lassithi ; depuis Héraklion ou Agios Nikolaos, un autocar par jour s’arrête à Tzermiado, à Agios Georgios et à Psychro en haute saison ; seulement deux autocars par semaine en basse saison. Mieux vaut louer une automobile si l’on veut profiter pleinement du Lassithi. Le plateau du Lassithi étant un poljé en partie inondé, au printemps, par les pluies et les eaux de fonte des neiges, les quelque dix-sept villages ont tous été construits sur le rebord du plateau, légèrement plus élevé que la plaine ; une route circulaire relie ces villages ; on peut emprunter cette route dans le sens horaire ou dans le sens antihoraire. Le chef-lieu de la commune, Tzermiado (Τζερμιάδο), est situé sur le bord nord-est du plateau, à peu près à égale distance des deux accès au plateau ; à proximité on peut visiter une grotte qui fut un sanctuaire minoen, la grotte de Trapéza. Si on a choisi de parcourir la route du plateau dans le sens horaire, le village suivant est Marmakéto (Μαρμακέτο). À l’est du plateau, sur la route venant d’Agios Nikolaos, à environ 1 km à l’écart de la route circulaire, se trouve le village de Messa Lassithi (Μέσα Λασίθι) qui fut le chef-lieu du plateau du Lassithi à l’époque ottomane ; de la même communauté locale fait partie le hameau de Messa Lassithaki (Μέσα Λασιθακι) où aboutit la piste de terre venant du plateau de Katharo. Un peu plus loin, près du débouché de la route d’Agios Nikolaos, se trouve le monastère de Kroustallénia, qui fut un foyer de résistance à l’occupant ottoman ; le monastère fait partie de la communauté locale du village d’Agios Konstantinos (Άγιος Κωνσταντίνος), situé au sud-est du plateau. On atteint ensuite le village d’Agios Georgios (Άγιος Γεώργιος) qui est le regroupement de plusieurs hameaux qui constituaient, à l’époque vénitienne, le secteur le plus prospère du plateau ; on y trouve un petit musée ethnographique. Viennent ensuite les communautés locales d’Avrakontès (Αβρακόντες) et de Kaminaki (Καμινάκι). La communauté locale suivante est celle de Psychro (Ψυχρό), située au sud du plateau, à laquelle appartient aussi le village de Magoulas (Μαγούλας) ; le village de Psychro est célèbre pour la grotte qui le surplombe, la grotte du mont Dicté censée être le lieu de naissance de Zeus. Au sud-ouest se trouve le village de Plati (Πλάτη). À l’ouest du plateau se trouve la communauté locale de Kato Métochi (Κάτω Μετόχι), qui comprend aussi le village d’Agios Charalampos (Άγιος Χαράλαμπος) et le monastère de Vidiani (Μονή Βιδιανής) ; c’est la partie la plus humide du plateau, là où les eaux disparaissent sous terre. Dans le nord du plateau, au débouché de la route venant d’Héraklion, se trouve le village de Pinakiano (Πινακιανό) qui fait partie de la communauté locale de Lagou (Λαγού), situé à 2 km à ouest de Tzermiado, où se termine le tour du Lassithi. Les randonneurs à pied peuvent découvrir une partie du plateau du Lassithi en suivant le sentier européen de randonnée E4 qui traverse le sud du plateau depuis Kato Métochi à l’ouest jusqu’à Agios Georgios au sud-est. L’accès au massif du Dicté par l’ouest se fait depuis le village de Kastamonitsa (Κασταμονίτσα) ; cette partie de l’itinéraire emprunte le vieux chemin muletier, très bien pavé, qui était l’accès traditionnel au plateau. De Kato Métochi à Agios Georgios le chemin est plus facile, traversant le sud-ouest du plateau à travers les champs ; le sentier passe par Psychro où une visite de la grotte du mont Dicté s’impose ; Agios Georgios offre de bonnes possibilités d’hébergement. Après Agios Georgios le sentier quitte le poljé du Lassithi pour escalader le plateau de Limnakaro qui se trouve à environ 1 250 m d’altitude ; le chemin redescend ensuite du massif du Dicté à travers la forêt de Sélakano. | |
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| Sur la route d’Agios Nikolaos au Lassithi | Depuis Agios Nikolaos il est possible d’atteindre le Lassithi par la route d’Agios Konstantinos (Άγιος Κωνσταντίνος), qui longe la partie basse des gorges d’Adrianos (Αδριανός) ; cependant cette route est très difficile et il est recommandé de faire un détour par Néapolis pour emprunter la route de Néapolis au Lassithi, qui est elle-même suffisamment tortueuse : les deux routes se rejoignent à Drassi (Δράσι) ; le trajet, de 44 km depuis Agios Nikolaos, n’est rallongé que de 5 km. La route surplombe les gorges d’Adrianos ; près du hameau de Zénia (Ζένια), peu après le village d’Ano Amygdali (Άνω Αμυγδάλοι), c’est-à-dire « Amandiers-Haut », on arrive à un belvédère qui offre de très belles vues sur les gorges et sur les montagnes bordant le plateau de Katharo, le mont Tsivi et les sommets d’Épano Kastello près de Tapès (Τάπαι) ; au belvédère se trouve un kafénio, un magasin de souvenirs et un « musée » pittoresque. La route grimpe ensuite à travers quelques hameaux situés au pied du mont Machaira (Μαχαιράς) où la rivière prend sa source ; les paysages deviennent plus sauvages et dénudés, jusqu’au col de Sélia, avec ses moulins à vent en ruines ; la route redescend jusqu’à Messa Lassithi, au bord du plateau. Depuis la côte du golfe de Mirabello un accès encore plus pittoresque, mais plus aventureux, est de passer par le village de Kritsa avant d’atteindre le plateau de Katharo ; depuis le hameau d’Avdéliako une piste de terre, très poussiéreuse, conduit jusqu’à l’entrée des gorges de Chavgas ; avant l’entrée des gorges, bifurquer à droite sur une piste en direction de Messa Lassithaki (Μέσα Λασιθακι), d’où l’on peut rejoindre Messa Lassithi. | |
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| Le massif montagneux du Dicté (Όρος Δίκτη / Óros Díkti) | Le massif du Dicté est un massif de montagnes situé dans la partie orientale de la Crète, en partie sur la province d’Héraklion et en partie sur le département du Lassithi, entre les chefs-lieux de ces départements, Héraklion et Agios Nikolaos ; administrativement le territoire du massif montagneux est réparti entre six communes : plateau du Lassithi au centre, Agios Nikolaos au nord-est et à l’est, Iérapétra au sud-est et au sud, Viannos au sud-ouest, la plaine de Minoa à l’ouest et Hersonissos au nord-ouest et au nord. Jusqu’à la fin du XIXe siècle les montagnes du Dicté (Δίκτη Όρη) étaient nommées « Montagnes du Lassithi » (Λασιθιώτικα Όρη / Lasithiótika Óri), littéralement « Montagnes lassithiques ». Dans l’Antiquité ces montagnes étaient nommées la « Montagne aux Chèvres » (Αίγαiον Όρος / Aígaion Óros). Après les fouilles archéologiques d’une grotte située dans les montagnes sud du massif, grotte qui a été considérée comme la grotte du Dicté où des auteurs anciens situaient le lieu de naissance de Zeus, le Père des Dieux, le nom de « Mont Dicté » (Όρος Δίκτη / Óros Díkti) s’est imposé. Des auteurs, tels que le géographe et historien grec du Ier siècle avant JC Strabon, situaient en effet le lieu de naissance de Zeus « entre les montagnes de l’Ida et le cap Samonion », cap situé à la pointe nord-est de l’île, qui est de nos jours nommé « cap Sidéros ». Le mot « Δίκτη » viendrait de la contraction des mots « Διός » (Zeus) et « τίκτω » (mettre au monde), c’est-à-dire « lieu de naissance de Zeus ». Cependant il existe toujours une certaine ambiguïté car le nom Dicté désigne aussi le mont le plus élevé du massif, le mont Spathi (Σπαθί), c’est-à-dire l’« Épée ». Le massif du Dicté est le troisième massif montagneux de l’île par sa hauteur, culminant au mont Spathi (2 148 m), après le massif du Psiloritis qui culmine au mont Ida (2 456 m), dans le centre de l’île, et le massif des montagnes Blanches qui culmine au mont Pachnès (2 453 m), dans l’ouest de l’île. Dans le nord du massif se trouvent les monts Séléna (Σελένας) (1 559 m) et Machaira (Μαχαιράς) (1 487 m) qui dominent le plateau du Lassithi au nord-est. À l’ouest du mont Séléna se trouve le plateau de Nissimos (Νίσσιμος ou Νήσιμος) (930 m), qui est un poljé dont les eaux resurgissent près du village de Krassi. Le nord-est du massif est entaillé par les gorges d’Adrianos (Αδριανός) qui débutent au pied des monts Séléna et Machaira, près du village de Potami (Μέσα Ποταμοί et Έξω Ποταμοί) ; c’est par ces gorges que grimpe la route venant d’Agios Nikolaos et de Néapolis. Les eaux du nord-est du massif se jettent dans le golfe de Mirabello à Agios Nikolaos. Au sud de ces gorges, dans la partie orientale du massif, s’élève le mont Tsivi (Τσίβη) ou Tzivi (Τζίβη), ou encore mont Aloida (Αλόιδα), (1 664 m), qui domine le deuxième plus grand plateau du massif du Dicté, le poljé de Katharo ; le sud du plateau de Katharo est dominé par le mont Platia Koryfi (Πλατιά Κορυφή) (1 489 m) ; entre les monts Tsivi de Katharo et Platia Koryfi s’ouvrent les gorges de Chavgas (Χαυγάς) ; le poljé de Katharo est situé à une altitude de 1 120 m, supérieure à celle du poljé du Lassithi, environ 860 m ; les eaux du Katharo s’écoulent vers le plateau du Lassithi à travers les gorges de Chavgas. Dans l’est du massif se trouve aussi le mont Varsami (Βαρσάμη) (1 545 m). Dans le sud-est et le sud du massif du Dicté s’élève une chaîne de montagnes qui sont les montagnes les plus élevées du massif ; au sud-est se trouvent le mont Skafidaras (Σκαφιδαράς), ou mont Batélio (Μπατελιό) (1 673 m), le mont Lazaros (Λάζαρος) (2 085 m) et le mont Spathi (Σπαθί), ou Dicté (Δίχτη), (2 148 m), le point culminant du massif ; au sud du massif le mont Afendis Christos (Αφέντης Χριστός) (2 141 m) et son extension orientale connue sous le nom de Psari Madara (Ψαρή Μαδάρα) (2 094 m) et le mont Madara (Μαδάρα) (1 783 m) ; ces deux groupes de montagnes forment une sorte de fer à cheval qui enserre la vallée de Sélakano (Σελάκανο), célèbre pour sa forêt de pins de Calabre (Pinus brutia), et les gorges de Sarakinas (Σαρακίνα). Sur le versant nord des monts Lazaros et Spathi se trouve le plateau de Limnakaros (Λιμνάκαρο) (1 125 m). Au sud du mont Afendis Christos se trouve le plateau de Lapathos (Λάπαθος) (1 260 m) ; à l’ouest du mont Afendis Christos, au bord des gorges d’Erganos, se trouve le plateau d’Erganos (Έργανος) (950 m) ; plus au sud, à l’est de la localité d’Ano Viannos, se trouve le plateau d’Omalos de Viannos (Ομαλός Βιάννου) (1 325 m), qui est un poljé souvent inondé. C’est dans le sud-est du massif du Dicté, au pied des monts Spathi et Afendis Christos, que prend sa source la rivière Kryos (Kρυός), également nommée Sarantapichos (Σαραντάπηχος) ou Psoriaris (Ψωριάρης) ; la rivière Kryos traverse la vallée de Sélakano puis s’oriente vers le sud, traverse les gorges de Sarakinas (Φαράγγι Σαρακίνα) et se jette dans la mer de Lybie près de la station balnéaire de Myrtos, où elle est nommée rivière de Myrtos. Une partie des eaux du Kryos alimente le barrage de Bramiana près d’Iérapétra. Dans le sud-ouest du massif se trouvent les monts Sarakinos (Σαρακηνό) (1 588 m), Virgiomeno (Βιργιωμένο) (1 414 m), Toumpa Moutsounas (Τούμπα Μούτσουνα) (1 538 m) et Magérevtra (Μαγερεύτρα) (1 462 m). La rivière Anapodaris (Αναποδάρης) prend sa source dans le sud-ouest du massif du Dicté ; un affluent oriental de l’Anapodaris prend sa source au mont Afendis Christos et traverse la vallée d’Emparos (Εμπάρος). Les eaux des deux rivières se jettent dans la mer de Libye à l’est de Tsoutsouros (Τσουτσουρος) après avoir traversé la commune de Viannos. Dans l’ouest du massif se trouvent le mont Mikros Afendis (Μικρός Αφέντης) (1 571 m) et le mont Skloka (Σκλόκα) (1 298 m) ; les eaux de cette partie du massif sont drainées par la rivière Gérakiani (Γερακιανή). C’est dans le nord-ouest du massif du Dicté que la barrière montagneuse est la moins élevée ; les eaux du plateau du Lassithi disparaissent sous terre dans le ponor de Chonos (Χώνος), près de Kato Métochi (Κάτω Μετόχι) et du monastère de Vidiani, et ne réapparaissent à la surface que dans la plaine minoenne (Μινώα Πεδιάδα), au pied du versant nord du mont Mikros Afendis, à l'est d'Amariano (Αμαριανό), où elles forment la source de la rivière Apossélémis (Αποσελέμης). Les eaux de la rivière sont retenues par le barrage de l’Apossélémis (Φράγμα Αποσελέμη) ; pour un drainage plus efficace des eaux de l’Apossélémis et pour éviter les phénomènes d’inondation sur le plateau, un tunnel de 3,5 km de longueur a été construit en 2018, avec une pente de 15 %, pour le transfert des eaux du plateau vers le barrage de l’Apossélémis ; les villes d’Héraklion, d’Hersonissos et d’Agios Nikolaos sont approvisionnées en eau par le barrage de l’Apossélémis. Après le barrage, la rivière traverse des gorges puis se jette dans la mer de Crète dans la région d’Analipsi (Ανάληψης), entre Hersonissos et Malia. | | Dans le nord-nord-est du massif se trouve le mont Louloudaki (Λουλουδάκι) (1 163 m) qui domine le col de Séli Ampélou (Σελί Αμπέλου), à environ 900 m d’altitude, par où débouche la route d’accès au Lassithi depuis Hersonissos ou Malia. Les essences forestières prédominantes du massif du Dicté sont le pin de Calabre (Pinus brutia), le chêne des garrigues ou chêne kermès (Quercus coccifera), nommé « prinos » (πρίνος) en Crète, et une espèce très proche, le chêne de Palestine (Quercus calliprinos), l’érable de Crète (Acer sempervirens), le cyprès commun (Cupressus sempervirens), la filaire à larges feuilles (Phillyrea latifolia), nommée localement « lioprinia » (λιοπρίνια) et l’olivier sauvage (Olea europaea varietas oleaster), nommé « αγριελιά ». Les chênes des garrigues, sous forme arborescente ou sous forme arbustive (κατσοπρίνι), sont l’espèce forestière dominante, formant de vastes peuplements sur les contreforts des montagnes jusqu’à une altitude de 1 700 m sur les pentes sud. Les pinèdes, en revanche, sont limitées au sud et à l’est et à des altitudes relativement plus basses, jusqu’à 1 350 m. Des bosquets de cyprès communs existent principalement à Sélakano, sur le côté sud du mont Tsivi (forêt de cyprès de Kritsa) et sur les flancs escarpés des gorges comme celles d’Erganos (Φαράγγι Εργάνου), au nord de Viannos. Au nord-est du mont Séléna se trouve la forêt d’Azilakodasos (Αζιλακόδασος), une forêt de chênes verts (Quercus ilex), une espèce de chêne à feuilles persistantes qui en Crète se nomme « azilakas » (αζίλακας). Les zones d’altitude comprise entre 850 m et 1 800 m sont un refuge pour une espèce menacée et endémique, la zelkova de Crète (Zelkova abelicea), nommée en crétois « ampélitsia » (αμπελιτσιά). Sur les rochers et les falaises poussent le dictame de Crète (Origanum dictamnus), nommé en crétois « diktamos » (δίκταμο) ou « érontas » (έρωντας) qui tire son nom du massif du Dicté. Le massif du Dicté est l’habitat de plusieurs espèces d’oiseaux de proie : l’aigle royal (Aquila chrysaetos), le vautour fauve (Gyps fulvus), le gypaète barbu (Gypaetus barbatus), le faucon pèlerin (Falco peregrinus), le faucon lanier (Falco biarmicus) et le crave à bec rouge (Pyrrhocorax pyrrhocorax), un grand corvidé. |
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| Le plateau du Lassithi (Οροπέδιο Λασιθίου / Oropédio Lasithíou) | Le plateau du Lassithi est l’élément morphologique le plus caractéristique du massif du Dicté ; sur le plan géologique, le Lassithi n’est pas à proprement parler un plateau mais un poljé, c’est-à-dire une plaine karstique entourée de montagnes. Ce n’est pas le seul poljé des montagnes du Lassithi : à 2 km au sud-est se trouve le poljé de Katharo ; au sud du massif du Dicté se trouve le poljé d’Omalos de Viannos. Le poljé du Lassithi est situé à une altitude moyenne d’environ 830 m ; le Lassithi a une forme ovale, avec une longueur ouest-est d’environ 8,5 km et une largeur nord-sud de 5 km ; sa superficie est d’environ 25 km². La surface du poljé est couverte de riches couches d’alluvions lessivés des montagnes environnantes, ce qui en fait une contrée très fertile, une des plus fertiles de Crète. Dans le sud-est du plateau s’élève une basse colline calcaire, la colline de Kéfala (Κεφάλα) ; cette colline divise le poljé en deux parties : à l’est le xérokampos (Ξερόκαμπος), c’est-à-dire le « champ sec », à l’ouest le kampos (Καμπος), le « champ ». La partie orientale, sèche et pierreuse, n’a pas d’eaux souterraines, tandis que la partie occidentale, plus vaste, a beaucoup d’eaux souterraines à des profondeurs allant de 8 m à 18 m. Le Mégalos Potamos (Μεγάλος Ποταμός), la « Grande Rivière », traverse le poljé du Lassithi du sud-est vers le nord-ouest, depuis la sortie des gorges de Chavgas (Φαράγγι Χαυγά) jusqu’au ponor de Chonos (Χώνος) où la rivière disparaît sous terre ; le Mégalos Potamos doit être régulièrement curé par les habitants pour éviter que le nord-ouest du poljé ne soit inondé et ne devienne un marécage. Le plateau du Lassithi semble avoir été peuplé dès l’époque néolithique, vers 6000 avant JC, comme en attestent les pierres polies et les haches typiques découvertes dans divers sites, généralement situés au pied des pentes des montagnes bordant le plateau ; ces populations pratiquaient l’élevage des chèvres, des moutons et des bovins et fabriquaient des vases en céramique sans doute utilisés pour la production de fromages. À l’Âge du bronze les Minoens s’installèrent dans la région du Lassithi et créèrent des sanctuaires comme dans la grotte de Trapéza, puis la grotte de Psychro ; le plateau semble être devenu un lieu de refuge pour les Minoens lorsque les Doriens commencèrent d’envahir la Crète. Quand la République de Venise prit possession de la Crète, ce plateau difficilement accessible devint à nouveau un foyer de résistance ; à partir de la fin du XIIIe siècle les Vénitiens interdirent la présence de populations au Lassithi, firent expulser les habitants, détruire les villages et arracher les cultures ; ils promulguèrent des lois très sévères contre les contrevenants. Le plateau du Lassithi resta inhabité pendant près de 150 ans ; vers le milieu du XVIe siècle les Vénitiens durent augmenter la production agricole de la Crète pour ravitailler leur armée et leur marine engagées dans la guerre contre les Ottomans qui avaient déjà conquis une partie de la Morée, le Péloponnèse actuel. Les Vénitiens favorisèrent la culture des céréales sur le plateau et créèrent des greniers à blé près d’Agios Georgios, les magasins de Moro (Μαγατζέδες Μόρο), du nom du Provéditeur Benetto Moro ; les habitants n’étaient autorisés à cultiver la vigne que sur les coteaux. Cependant le poljé restait souvent inondé pendant des semaines, ce qui rendait difficile la culture des céréales ; en 1630, l’ingénieur Francesco Basilicata fit faire des travaux de drainage, créant ce quadrillage de fossés, en bordure des champs, que l’on remarque encore de nos jours et que la population locale nomme des « lignes » (λίνιες), du vénitien « linia » ; c’est aussi de cette époque que datent les premiers moulins à vent pour le broyage des grains, ainsi que les premières pompes à vent. Les Vénitiens repeuplèrent le Lassithi, notamment, en 1548, avec des réfugiés venant des régions de Monemvasia et de Nauplie dans l’est du Péloponnèse. Au début la population n’était autorisée à vivre sur le plateau que de façon saisonnière, pendant les semis et les moissons, habitant dans des métoques (μετόχι, metochia) ; plus tard les Vénitiens distribuèrent les terres, divisées en plus de 300 parcelles, et des villages se créèrent ; en 1630 Francesco Basilicata mentionne le village de Psychro qui avait alors 20 maisons. Le plateau du Lassithi fut encore un foyer de résistance sous le joug ottoman, notamment contre les exactions des janissaires ; les janissaires étaient des militaires ottomans, d’origine chrétienne, qui abusaient souvent de leur pouvoir. L’un des plus infâmes de ces janissaires fut l’agha Tsoulis (Τσούλησ Αγάς), chrétien converti originaire du village d’Aski Pediados (Ασκοί Πεδιάδος), près de Kastelli, au nord-ouest du Lassithi ; Tsoulis fut assassiné par des habitants du Lassithi sur la route menant du plateau jusqu’au village de Kastamonitsa (Κασταμονίτσα) ; plus tard un monument fut édifié, sur les lieux du meurtre du janissaire, pour commémorer cet événement, le monument de Tsoulis (Τσούλη Μνήμα) ; une coutume pour les passants chrétiens est d’ajouter leur pierre au monument en guise d’avertissement aux renégats. Le Lassithi prit une part active à la révolte crétoise de 1821 en soutien à la guerre d’indépendance grecque ; en janvier 1823, l’envoyé de Mehmet Ali (Μεχμέτ Αλή), le pacha Hassan (Χασάν Πασάς), dirigea une armée de troupes ottomanes et égyptiennes qui occupa le plateau, détruisant les villages et massacrant la plupart des personnes qui ne s’étaient pas réfugiées dans les montagnes. Cette répression ne dissuada pas la population de participer à la grande révolte (Μεγάλη Επανάσταση) de 1866 ; en mai 1867 les troupes égypto-ottomanes commandées par le pacha Omar Latas (Ομέρ Πασάς Λάττας, Ömer Lütfi Paşa) et par le pacha Ismaël Sélim (Ισμαήλ Σελίμ Πασάς, İsmail Selim Paşa) envahirent le plateau du Lassithi ; après d’intenses combats les insurgés furent écrasés et durent se replier dans les montagnes du Dicté ; entre le 21 et le 29 mai, de nombreux habitants du plateau furent massacrés ou réduits en esclavage, leurs maisons incendiées après que les animaux et les récoltes avaient été pillés et détruits ; le monastère de Kroustallénia, qui était le siège du comité révolutionnaire, fut également démoli. Cette défaite était d’autant plus cruelle que le pacha Ismaël Sélim, également connu sous le nom d’Ismaël Férik (Ισμαήλ Φερίκ, İsmail Ferik), était originaire du village de Psychro : né sous le nom d’Emmanuel Papadakis (Εμμανουήλ Παπαδάκης), il était le fils du pope du village ; son père avait été tué lors de la répression ottomane par le pacha Hassan en 1823, et lui et ses frères avaient été capturés et emmenés en esclavage. Vendu comme esclave en Égypte, Emmanuel avait fait une brillante carrière militaire et avait atteint le grade de « férik » (ferîk), c’est-à-dire de lieutenant général. Le pacha Ismaël Sélim mourut, pour des causes non élucidées, peu de temps après la bataille du Lassithi. Malgré ces dépeuplements, ces repeuplements et ces massacres, il semblerait que la population actuelle du plateau du Lassithi ait un patrimoine génétique plus proche de celui des Minoens que celui de la population crétoise générale ; c’est la conclusion à laquelle sont arrivées des études génétiques. Comme à l’époque minoenne les habitants du Lassithi vivent principalement de l’agriculture et de l’élevage, et un peu du tourisme ; le plateau n’est plus réservé à la culture céréalière comme à l’époque vénitienne, mais plutôt aux cultures maraîchères et à l’arboriculture, pour lesquels le sol fertile du poljé est idéal. Ce sont ces cultures maraîchères qui ont nécessité l’irrigation des terres pendant la saison sèche ; dans ce but, de très nombreuses pompes à vent ont été construites, notamment au début du XXe siècle. Leur rôle était de pomper l’eau accumulée dans les cavités karstiques pendant les mois d’automne et de printemps afin d’irriguer les cultures pendant les mois d’été. Les voiles de toile blanche de ces pompes éoliennes sont devenues une des caractéristiques paysagères du Lassithi ; on dit que ces pompes étaient au nombre de 10 000. À partir des années 1960 ces pompes à vent ont été progressivement remplacées par des motopompes électriques ou à moteur diesel ; le plateau n’a en effet été électrifié que vers 1964. Cependant, de nombreuses éoliennes sont conservées à l’intention des touristes, notamment par les taverniers, et la mode écologique encourage un retour en grâce des pompes éoliennes. La production la plus célèbre du Lassithi est la pomme de terre qui est appréciée dans toute la Grèce ; dans les années 1930 de grands entrepôts avaient été construits près d’Agios Georgios pour stocker les pommes de terre ; ce bâtiment a été démoli dans les années 1970. D’autres légumineuses sont cultivées sur le plateau et on peut notamment voir d’énormes citrouilles. Les arbres fruitiers cultivés sur le Lassithi sont ceux qui peuvent supporter les hivers froids et humides : pommiers, poiriers, pêchers, amandiers, noyers ; en revanche le climat n’est pas très favorable pour la culture de l’olivier, du caroubier et des agrumes. Le plateau du Lassithi compte une population d’un peu plus de 2 000 habitants ; certains habitants possèdent aussi des terres dans la plaine où ils transportent leur bétail pendant les mois d’hiver. La saison hivernale peut en effet être rigoureuse sur ce plateau situé à plus de 800 m d’altitude, et la neige peut persister pendant longtemps à la fin de l’hiver, mais dès le printemps la nature s’épanouit et le plateau du Lassithi se couvre de fleurs sauvages où les coquelicots forment un tapis rouge. Même si les soirées restent fraîches, il devient alors agréable de séjourner un ou deux jours sur le plateau pour faire quelques randonnées dans le massif du Dicté. Les hébergements ne sont pas très nombreux et on les trouve principalement à Tzermiado, à Agios Georgios et à Psychro. Le soir venu, quand les touristes ont quitté le plateau, on peut apprécier pleinement la vie rurale du Lassithi et sa tranquillité. | |
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| La ville de Tzermiado (Τζερμιάδο / Tzermiádo) | Tzermiado est le chef-lieu de la commune du Lassithi ; le village est situé dans le coin nord-est du plateau, au bas des pentes du mont Séléna, à 850 m d’altitude. Tzermiado se trouve à 43 km à l’ouest d’Agios Nikolaos, le chef-lieu de la province du Lassithi, par la route des gorges d’Adrianos, soit environ 1 h de route. La ville de Malia est à 21 km au nord en passant par le col de Séli Ampélou ; Héraklion est à 55 km à l’ouest. Tzermiado compte une population de moins de 700 habitants. Le toponyme du village, Tzermiado (Τζερμιάδο) ou Tzermiadon (Τζερμιάδον), viendrait du patronyme des premiers habitants de la localité, les Tzermiadès. Sous la domination vénitienne le village était nommé Zermiades ; sous l’occupation ottomane, Cermyado. Tzermiado est un village qui s’étire le long de la route périphérique du plateau du Lassithi, jalonnée de tavernes et de kafénios. C’est un village essentiellement agricole qui se consacre aux cultures maraîchères et fruitières, avec quelques boutiques d’artisanat local. On peut y découvrir la vie simple de la campagne crétoise. | |
| La grotte de Trapéza (Σπήλαιο Τράπεζας / Spílaio Trápezas) | La grotte de Trapéza se trouve à environ 400 m à l’est du village de Tzermiado ; lorsqu’on arrive sur le plateau du Lassithi par la route d’Agios Nikolaos, à environ 200 m avant l’entrée est du village, un panneau indique un chemin de terre qui prend sur la droite ; après environ 150 m un sentier monte à gauche jusqu’à un escalier qui donne accès à l’étroite entrée de la grotte, située à environ 880 m d’altitude. Le nom Trapéza signifie « table » (Τραπέζι) et, par extension, « banque » (τράπεζα). La grotte est également nommée « grotte de Kronio » (Κρόνιο Σπήλαιο). La grotte a environ 20 m de profondeur. La grotte de Trapéza, ainsi que d’autres sites du Lassithi, fut fouillée de 1936 à 1939 par l’archéologue anglais John Pendlebury. Les objets mis au jour ont montré que cette grotte avait été habitée dès l’époque néolithique finale et, à l’Âge du bronze, jusqu’à l’époque minoenne ancienne MA-I. Plus tard, de l’époque minoenne ancienne MA-II à l’époque minoenne moyenne MM-I, la grotte fut utilisée comme lieu de sépulture et comme sanctuaire pour le peuplement voisin de la colline de Kastélos. Les sépultures étaient des pithois, des jarres minoennes géantes ; dans le sanctuaire on a découvert des offrandes votives telles que deux figurines en ivoire représentant un singe et une tête humaine, ainsi qu’un scarabée égyptien de la XIIe dynastie ; les poteries de l’époque minoenne ancienne découvertes à Trapéza sont très similaires à celles trouvées à Cnossos et à Vassiliki. Avant la fin de l’époque minoenne moyenne le site de Trapéza fut abandonné et son rôle de sanctuaire fut repris par la grotte du Dicté, près du village de Psychro. À partir de 1937 Pendlebury fouilla également le site de Karfi (Καρφί), situé au nord-ouest de Tzermiado, au nord du village de Lagou (Λαγού), où des Minoens semblent avoir trouvé refuge après les invasions doriennes du XIe siècle avant JC. La grotte de Trapéza est en accès libre et gratuit mais n’est pas aménagée : la grotte n’est pas éclairée et son sol est inégal et parfois boueux ; il faut se munir d’une lampe-torche puissante et se chausser de bonnes chaussures pour ne pas glisser. |
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| Le monastère de Kroustallénia (Μονή Κρουσταλλένιας / Moní Kroustallénias) | Entre Tzermiado et Agios Georgios, à l’intersection avec la route d’Agios Nikolaos, on peut s’arrêter au petit monastère de Kroustallénia, ou Krystallénia (Μονή Κρυσταλλένιας). Ce monastère est dédié à la Dormition de la Vierge Marie (Κοίμηση της Θεοτόκου), c’est-à-dire l’Assomption pour les catholiques romains. Le monastère de Kroustallénia aurait été fondé pendant la seconde époque byzantine de la Crète, avant la prise de possession de l’île par les Vénitiens. Le monastère servit de lieu de réunion pour les résistants crétois à la domination vénitienne, notamment en 1272. Il fut abandonné lorsque les Vénitiens interdirent l’accès au plateau du Lassithi entre 1293 et 1543. Le monastère de Kroustallénia fut restauré au milieu du XVIe siècle quand les Vénitiens autorisèrent à nouveau l’installation de la population sur le plateau du Lassithi afin d’accroître les ressources alimentaires de l’île. Le monastère fut à nouveau très actif dans la lutte contre l’occupation ottomane, devenant un lieu de réunion pour les capitaines de la région ; pendant la révolte crétoise de 1821, le monastère fut incendié par les troupes turco-égyptiennes en janvier 1823 ; pendant la révolte crétoise de 1866 à 1869, il fut à nouveau détruit par les Turcs durant la bataille du Lassithi, du 20 au 30 mai 1867. |
| Le village de Saint-Georges (Άγιος Γεώργιος / Ágios Geórgios) | Le village d’Agios Georgios est situé dans le sud-est du plateau du Lassithi, à 4 km au sud de Tzermiado. Le village se trouve à 840 m d’altitude, au pied des plus hautes montagnes du massif du Dicté, les monts Spathi et Lazaros ; il n’est pas rare que le village soit couvert de neige en hiver. Agios Georgios est au débouché des gorges de Chavgas (Φαράγγι Χαυγά) par lesquelles s’écoulent les eaux du plateau de Katharo ; de nos jours ces eaux sont retenues dans deux réservoirs situés à environ 2 km au sud-est du village. Au nord-est du village se trouve la petite colline de Kéfala (Κεφάλα), au pied de laquelle on peut voir une des rares églises byzantines du plateau du Lassithi, l’église Saint-Nectaire (Άγιος Νεκτάριος). Le village est la réunion de deux anciens villages : Kato Chorio (Κάτω Χωριό), c’est-à-dire le « village d’en Bas », avec son église Saint-Georges (Άγιος Γεώργιος), et Pano Chorio (Πάνω Χωριό), c’est-à-dire le « village d’en Haut », ou Plathianos (Πλαθιανός), avec son église Saint-Dimitri (Άγιος Δημήτριος). Avec près de 500 habitants Agios Georgios est le deuxième village le plus peuplé de la commune après Tzermiado ; en 1980 Saint-Georges avait une population d’environ 1 000 habitants et, jusqu’en 1970, il était encore le village le plus peuplé du plateau ; une partie de la population a émigré dans la région du village côtier d’Analipsi (Ανάληψη), entre Héraklion et Hersonissos, là où se jette d’ailleurs la rivière Apossélémis (Αποσελέμης) qui draine les eaux provenant du plateau du Lassithi. Le village d’Agios Georgios est une base de départ pour une ascension du Dicté ; on atteint d’abord le plateau de Limnakaro (Οροπέδιο του Λιμνακάρου), situé à une altitude de 1 120 m ; on peut ensuite gravir le mont Spathi (Σπαθί) (2 148 m), le plus haut sommet du massif du Dicté, ou, en obliquant vers le sud, gravir le mont Afendis Christos (Αφέντης Χριστός) (2 141 m), le deuxième plus haut sommet. |
| Le musée ethnographique (Λαογραφικό Μουσείο / Laografikó Mouseío) | Dans la partie haute du village d’Agios Georgios, dans le quartier d’Agios Dimitrios, se trouve un petit musée ethnographique fondé dans les années 1980 par l’Association Culturelle et Folklorique du Plateau de Lassithi (Εκπολιτιστικός Λαογραφικός Σύλλογος Οροπεδίου Λασιθίου). Ce musée des Arts et Traditions populaires est abrité dans une vieille maison traditionnelle du XIXe siècle. Dans l’ensemble des cinq pièces de la maison, on peut y découvrir un intérieur crétois avec un lit, un métier à tisser, un four à pain, une presse à vin, des ustensiles agricoles … offerts par des habitants du village. Horaires : d’avril à octobre, tous les jours, de 10 h à 16 h. Entrée payante : 3 €. Il y a un autre musée, consacré à Éleftérios Venizélos, à proximité, près de l’église Saint-Dimitri. |
| Le plateau de Limnakaro (Οροπέδιο του Λιμνακάρου / Oropédio tou Limnakárou) | Au sud des villages d’Agios Georgios et d’Avrakontès (Αβρακόντες) s’élève le plateau de Limnakaro, qui surplombe le poljé du Lassithi d’environ 300 m, avec une altitude moyenne de 1 120 m ; le plateau se trouve au pied du mont Spathi, le point culminant du massif du Dicté, avec 2 148 m. Le plateau présente une forme oblongue avec une longueur ouest-est d’environ 1 100 m et une largeur nord-sud d’environ 600 m, soit une superficie d’une trentaine d’hectares. Le plateau de Limnakaro est utilisé pour la culture d’arbres fruitiers, tels les noyers, les pommiers, les poiriers et les châtaigniers, mais il est surtout utilisé pour faire pâturer les chèvres et les moutons. Dans le sud-ouest du plateau se trouve une petite chapelle à deux nefs, la chapelle du Saint-Esprit (Άγιο Πνεύμα), datant de la première époque byzantine de la Crète ; cette chapelle de grande valeur a récemment été restaurée. Un peu plus au sud se trouve un refuge de montagne, situé à une altitude de 1 350 m, à l’usage des grimpeurs qui escaladent le mont Spathi ou des randonneurs qui parcourent le sentier européen de randonnée E4 ; ce refuge de la Résurrection (Άνεσταση) est géré par l’Association Grecque d’Alpinisme (Ελληνικός Ορειβατικός Σύλλογος, ΕΟΣ). |
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| Le village de Psychro (Ψυχρό / Psychró) | Psychro est un village agricole situé dans le sud-ouest du plateau du Lassithi, presque à l’opposé du village de Tzermiado, distant de 8 km. Le village de Psychro se trouve à environ 840 m d’altitude, au pied du versant nord du mont Toumpa Moutsounas (Τούμπα Μούτσουνα) ; sur ce versant nord, à 200 m au-dessus du village, se trouve la grotte de Psychro, plus connue sous le nom de grotte du mont Dikté, lieu putatif de la naissance de Zeus. Il faut environ 1 h en automobile pour parcourir les 46 km qui séparent Agios Nikolaos de Psychro, et à peu près le même temps pour venir d’Héraklion, situé à 61 km à l’ouest. En semaine le village est desservi depuis Héraklion par une ligne d’autocars de la compagnie KTELHerLas ; l’arrêt se trouve à la sortie nord du village, à environ 700 m du sentier qui monte à la grotte. Le village compte une population d’environ 130 habitants ; son toponyme, Ψυχρό, semble provenir du mot de grec ancien « ψυχρός / psychrós » qui signifie « froid » (synonyme de κρύος), en référence à une source d’eau froide qui jaillit dans le village. |
| La grotte du mont Dicté (Δικταίο Άντρο / Diktaío Ándro) | La grotte de Psychro (Σπήλαιο Ψυχρού) est une grotte qui se trouve à quelques centaines de mètres au sud-ouest du village de Psychro et environ 200 m plus haut que le village. La grotte est située à 1 025 m d’altitude, sur la pente nord du mont Toumpa Moutsounas (Τούμπα Μούτσουνα) (1 538 m), au nord-ouest du mont Spathi (2 148 m). Depuis la fin du XIXe siècle et les fouilles archéologiques qui ont mis en évidence le caractère sacré de cette grotte, la grotte de Psychro est assimilée à l’antre du Dikté (Δικταίο Άντρο) où la mythologie grecque situe le lieu de naissance de Zeus, le Père des Dieux. Depuis cette époque le mont Spathi est souvent désigné comme le mont Dikté. La grotte du mont Dikté est l’une des plus impressionnantes de Crète ; elle a une surface de 2 200 m² répartie sur deux salles. La salle supérieure ressemble plutôt à un abri sous roche et n’a pas de stalactites ; elle a 35 m de largeur et environ 16 m de profondeur ; son sol est encombré d’énormes blocs de pierre tombés du plafond de la grotte. La salle inférieure, dans laquelle on descend par un escalier très raide, est divisée en cinq salles plus petites ; le lieu de naissance de Zeus serait la petite salle au fond à gauche … La salle inférieure est décorée de stalagmites et de stalactites ; tout au fond, à 60 m de profondeur, se trouve un petit lac souterrain où Zeus se serait désaltéré. Dans la salle inférieure nichent des chauves-souris de diverses espèces, dont l’oreillard des Balkans (Plecotus kolombatovici). Dans la mythologie grecque la grotte du mont Dikté serait le lieu de naissance de Zeus (Ζεύς), futur maître des Dieux et de l’univers. Le poète grec du VIIIe siècle avant JC Hésiode, écrit, dans sa « Théogonie » (vers 459 à 506), que Rhéa (Ρέα) fuyant son frère et époux, le Titan Cronos (Κρόνος), aurait trouvé refuge dans une grotte profonde de la montagne Aigaion (Αίγαiον Όρος) (la « Montagne aux Chèvres »), près de Lyctos, pour y cacher son enfant. En effet, Cronos avait été averti par son père Ouranos (Ούρανός) et sa mère Gaïa (Γαΐα) qu’il serait détrôné par un de ses fils et avait pris la fâcheuse habitude de manger sa progéniture. Rhéa donna naissance à Zeus, à l’insu du père de l’enfant, puis en confia la garde à des Courètes dictéens (Δικταίοι Κουρήτες) ; les Courètes frappaient leurs boucliers avec leurs lances, devant l’entrée de la grotte, pour étouffer les cris de l’enfant. Zeus fut nourri avec le lait de la chèvre Amalthée (Άμάλθεια) et avec le miel de l’abeille Mélissa (Μέλισσα) ; selon d’autres auteurs la nourrice de Zeus fut la nymphe Adrastée (Άδράστεια), ou une truie … D’autres auteurs font naître Zeus dans la grotte du mont Ida ; Diodore de Sicile, au Ier siècle avant JC, concilia les deux légendes en écrivant que Zeus serait né dans la grotte du Dicté et aurait ensuite été élevé dans la grotte de l’Ida. Au-delà de la mythologie il est certain que la grotte de Psychro fut bien un lieu de culte, depuis le début de l’époque minoenne jusqu’à l’époque grecque archaïque, comme en attestent les découvertes archéologiques : de nombreux ex-voto, des statuettes de bronze, des haches doubles et de petits autels pour les sacrifices. En 1883 un chasseur découvrit dans la grotte une statuette en bronze d’un taureau ; cela déclencha une véritable chasse au trésor par les habitants des villages environnants qui collectèrent un grand nombre d’objets en bronze et de statuettes en argile, notamment dans la partie supérieure de la grotte. Ces découvertes attirèrent certains des archéologues bien connus de l’époque ; trois ans plus tard, en 1886, l’archéologue italien Federico Halbherr et l’archéologue grec Joseph Chatzidakis (Ιωσήφ Χατζηδάκης) fouillèrent une petite zone devant l’entrée de la grotte, tout en rassemblant des objets trouvés par les villageois. En 1894, l’Anglais Arthur Evans acheta aux habitants des trouvailles provenant de la grotte ; en 1895, Evans revisita le site et découvrit une partie d’une tablette votive portant des inscriptions, qui se révéleront être en écriture linéaire A ; en 1896 Evans effectua une fouille à petite échelle. En 1897 l’archéologue Joseph Demargne, de l’École française d’archéologie d’Athènes, découvrit un autre morceau de la table d’offrandes découverte par Evans ainsi qu’un diadème en or, dont on ne connaît jusqu’à présent que la description. Le programme de recherche le plus systématique fut organisé en 1899 par David George Hogarth, directeur de l’École britannique d’Athènes, qui mit au jour des découvertes datant depuis l’époque minoenne moyenne jusqu’à l’époque archaïque (vers les VIIIe et VIIe siècles avant JC), à l’exception de quelques objets isolés datant jusqu’à l’époque médiévale. Hogarth utilisa des procédés qui seraient critiqués de nos jours : en particulier, il utilisa des explosifs pour briser des blocs de roche tombés du plafond afin de les déblayer. Les fouilles de Hogarth prouvèrent néanmoins que la grotte de Psychro avait été pendant longtemps l’un des sites de culte les plus importants de Crète. L’excavation commença à partir de ce qu’on nomme la salle supérieure où fut découvert le téménos sacré, formé par une enceinte irrégulière et pavée par endroits ; à l’intérieur de l’enceinte un autel rectangulaire en moellons a été identifié qui, selon l’excavateur, était plus ancien que l’enceinte elle-même. La salle inférieure fut explorée ultérieurement ; les archéologues y découvrirent la plupart des figurines masculines et féminines en bronze, des outils en bronze, des couteaux, des haches, des rasoirs, des lames, des sceaux et des fibules, des ex-voto offerts par des pèlerins venus même de pays lointains pour rendre les honneurs à la divinité ; les grandes colonnes de stalactites et de stalagmites étaient utilisées comme objets de culte par les pèlerins de l’Antiquité. Des artefacts mis au jour dans la grotte de Psychro sont de nos jours exposés au Musée archéologique d’Héraklion, à l’Ashmolean Museum d’Oxford, au Musée du Louvre à Paris et au British Museum à Londres. Visite de la grotte du mont Dikté : Aller à la grotte du Dikté avec Google Maps (35.165019, 25.447756). Parc de stationnement payant : 2,5 €. Depuis le parc de stationnement il faut compter de 20 à 30 minutes pour monter à pied jusqu’à la grotte, par un sentier ombragé mais plutôt escarpé et grossièrement pavé ; on peut se laisser tenter par une montée à dos de mulet qui fait partie du folklore ; le chemin muletier, moins difficile et bien pavé, débute sur la gauche du parc de stationnement (prix à débattre avec le muletier … autour de 15 €). Horaires d’été (de mai à octobre) : tous les jours, de 8 h 30 à 17 h. Horaires d’hiver (de novembre à avril) : tous les jours, de 8 h 30 à 14 h 30. La grotte est visitée chaque année par des dizaines de milliers de touristes ; on peut éviter la foule en visitant tôt le matin. Prix : 6 €. Téléphone : 00 30 2841 0 22 462. La grotte a été aménagée pour faciliter la visite, avec des escaliers en béton, des garde-corps et l’éclairage électrique. Le parcours dans la grotte a une longueur de 250 m, avec un dénivelé de 50 m ; la visite prend environ ½ h. Se munir de bonnes chaussures à cause des escaliers plutôt raides et très glissants. |
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| Le monastère de Vidiani (Μονή Βιδιανίς / Moní Vidianís) | Le monastère de Vidiani se trouve sur la route circulaire qui fait le tour du plateau du Lassithi, à 2 km à l’est du village de Pinakiano (Πινακιανό) ; Pinakiano est le premier village du plateau du Lassithi que l’on rencontre quand on vient par la route depuis Hersonissos ou Malia ; après avoir franchi le col des Vignes (Άμπελος Αυχήν) la route descend sur environ 80 m de dénivelé jusqu’au plateau ; à Pinakiano, prendre à droite vers le monastère. Le monastère de Vidiani se trouve sur le territoire du village de Kato Métochi (Κάτω Μετόχι) au pied du mont Louloudaki (όρος Λουλουδάκι). Aller au monastère de Vidiani avec Google Maps (35.195131, 25.440573). Le monastère de Vidiani (Ιερά Μονή Βιδιανίς) date du milieu du XIXe siècle ; il a été construit vers 1841 par Méthodios Pétrakis (Μεθόδιος Πετράκης), probablement sur les ruines d’un monastère plus ancien. L’église du monastère est dédiée à la Vierge Source de Vie (Ζωοδόχος Πηγή / Zoodóchos Pigí). En 1867, peu de temps après sa fondation, le monastère fut incendié par les Turcs du pacha Omar pendant la rébellion crétoise de 1866-1867, comme tous les villages du plateau et le monastère de Krystalénia ; le monastère de Vidiani fut rapidement reconstruit, en 1874. Pendant la Seconde Guerre mondiale, le 25 octobre 1943, l’archimandrite du monastère, Dorothéos Tsangarakis (Δωρόθεος Τσαγκαράκης) fut capturé par les Allemands, pour des faits de résistance, et fusillé à la prison d’Agia au sud-ouest de La Chanée (Αγιά Χανίων) ; sur des icônes de l’église on peut voir des impacts de balles. Le monastère abrite également un petit musée d’Histoire naturelle consacré en particulier au gypaète barbu (Gypaetus barbatus), un rapace assez rare qui vole au-dessus des crêtes entourant le plateau du Lassithi ; le musée possède quelques exemplaires naturalisés de ce rapace. Le monastère de Vidiani, qui est facilement accessible, est une halte rafraîchissante après une visite du Lassithi, avec une petite fontaine et un petit café traditionnel installé à l’ombre de grands cyprès et entouré de fleurs. | |
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