Des neuf espèces du genre Aquila, l’aigle royal, oiseau montagnard emblématique et oiseau héraldique par excellence, est le plus majestueux, avec ses 195 à 210 cm d’envergure.
L’aigle royal est l’un des rapaces les plus grands et des plus majestueux : il est le plus grand des aigles d’Europe et l’un des plus gros oiseaux du monde.
Morphologie
Sa tête est assez grande. Son arcade sourcilière saillante, propre aux Aigles, protège son œil du soleil.
Les ailes sont longues et larges, parallèles, souples et élastiques, relevées en V lorsqu’on l’observe de face. Ailes plus étroites à la base qu’au milieu. L’aigle a de longues plumes au bout de ses ailes.
Longue queue, plus longue que celle des autres « aquila » et carrée avec des coins arrondis.
Le mâle est plus petit que la femelle. Il pèse de 3 à 4 kg et son envergure ne dépasse pas 2 mètres.
La femelle est plus grande que le mâle.
Longueur
De 0,95 m à 1,15 m, du bout du bec au bout de la queue.
1 m de longueur pour la femelle (plus grande que le mâle chez les rapaces), du bec à la queue.
Envergure
De 1,9 à 2,3 m.
Hauteur
Poids
De 3 à 6 kg.
Mâle : de 2 850 à 4 500 g.
Femelle : de 3 850 à 6 700 g.
Iris
Iris brun sombre rougeâtre à brun clair.
Les yeux de l’aigle royal sont perçants.
Bec
L’aigle royal a un bec crochu très puissant et épais, mais pointu, de couleur gris-noirâtre, à la pointe noire.
Membrane de la base du bec, la « cire », jaune.
Plumage
Patte
Pattes aux doigts jaunes et aux ongles noirs.
Les tarses de l’aigle royal sont recouvertes de plumes blanchâtres jusqu’aux doigts.
Coloris
Les deux sexes sont de couleurs identiques.
À l’âge adulte le plumage de l’aigle royal est de couleur générale brun foncé.
Côtés de la tête, nuque et occiput d’un jaune doré à blond roux.
Ailes foncées barrées de jaune doré. Rémiges plus ou moins blanchâtres à leur base, très brunes à l’extrémité.
Queue sombre avec la base plus claire, marbrée de gris sombre.
Les races nordiques ont une couleur brun roux (aigle doré), tandis que celles du Sud (Afrique du Nord, Asie Mineure) ont un plumage tirant davantage sur le jaune (aigle fauve).
Juvéniles : on reconnaît les juvéniles à leurs taches blanches, visibles de très loin, en demi lune, présentes sous les ailes à la base des rémiges primaires.
Calotte et nuque jaune chamoisé.
Queue à base blanche, terminée par une large barre noire.
Ce plumage juvénile s’estompe au fil des années pour se transformer graduellement en plumage adulte au bout de 5 à 6 années.
Capacités physiologiques
L’aigle royal possède une vue extraordinaire : en comparaison, il voit six à huit fois mieux que l’homme, ce qui lui permet de repérer des proies de hauteur (il est capable de repérer une marmotte à plus d’un kilomètre). Son champ visuel s’étend sur 300°.
Vitesse : de 150 à 200 km/h en piqué.
Remarques
Il fait partie de la famille des aigles bottés car ses pattes sont aussi couvertes de plumes.
Espèces semblables
Sa grande taille, son envergure de 2 mètres, devraient suffire à identifier l’aigle royal mais certaines personnes inexpérimentées arrivent à le confondre avec une buse variable, ce qui peut arriver lorsqu’on ne dispose pas de possibilité de comparaison de taille.
L’aigle royal ne peut guère être confondu qu’avec des rapaces qu’il côtoie rarement dans les mêmes milieux comme le pygargue à queue blanche immature ou les rarissimes aigles ibérique et impérial.
Le vol de l’aigle royal est majestueux : il plane et fait du vol à voile, les ailes légèrement relevées et souvent pendant des heures.
Son vol, basé sur une maîtrise parfaite des courants ascendants (thermiques et autres) et ne comportant donc que fort peu de coups d’ailes, est très symptomatique.
En vol, l’aigle royal se distingue par de longues et larges ailes aux extrémités fortement digitées et légèrement relevées au-dessus du dos pour former un angle obtus, et par une queue quelque peu arrondie. Sa tête est largement visible.
Lors d’une chasse, l’aigle royal fait en sorte de produire le moins d’efforts possibles. Pour ajuster sa portance, il ne bat pas des ailes mais ce sert remarquablement bien de ses rémiges primaires. Lors d’un piqué final, ce fin réglage lui permet d’attaquer sans bruit.
Le cri est rarement entendu : comme tous les grands rapaces, l’aigle royal n’émet que fort peu de cris et rares sont les personnes qui ont pu entendre les sifflements plus ou moins flûtés, mentionnés dans les ouvrages d’ornithologie, souvent émis près de l’aire ou lorsqu’un adulte est houspillé par un autre rapace ou un corvidé.
Sa voix est semblable à celle de la Buse variable. Il émet à l’occasion un glapissement aboyé : « kia » et des cris sifflés.
Généralement solitaire, il arrive à l’aigle royal de se déplacer en couple.
Comme tous les grands rapaces, l’aigle royal n’a pas une activité débordante, sauf en période de parade nuptiale au début de l’hiver, et ses prestations se résument à la capture d’une à deux proies par jour.
Bien à l’abri sur une paroi rocheuse de haute montagne, il peut surveiller son domaine et repérer les proies.
Il survole lentement les pentes de son territoire, en se servant des courants d’air chauds ascendants, pour y trouver sa proie et plonger sur elle à 150 km/h.
Chasse
L’aigle royal patrouille, et ratisse son territoire inlassablement : voilier remarquable utilisant à merveille les ascendances thermiques, il peut voler de longues heures en spirales sans le moindre effort. L’aigle royal chasse généralement à l’étage alpin, jusqu’à l’étage nival, à 3 000 m.
Il commence par prendre de la hauteur dans les ascendances thermiques et c’est à ce moment surtout qu’on peut suivre à loisir son vol « royal », puis il glisse sans bruit, en un vol plané, le long des prairies, des crêtes, des parois rocheuses, en suivant les plis du terrain, surgissant brusquement afin de surprendre les proies recherchées qui n’ont souvent pas le temps de réagir, telle une marmotte, par trop distraite, n’ayant pas réagi assez vite à l’alerte donnée par ses congénères (un coup de sifflet, unique en général).
À l’affût depuis des perchoirs lui offrant de larges vues, ou par surprise (à contre soleil), une fois la proie repérée, il fond sur elle en se laissant tomber (ses piqués avoisinent les 300 km/h) dans un fort bruit de soufflerie qui le dessert et provoque souvent l’échec de l’attaque ; il replie ses ailes et se lance dans une course poursuite. Il arrive souvent qu’un aigle épuise une proie qui sera tuée par un partenaire.
L’aigle royal capture ses proies au sol, ailes repliées et serres en avant. Il plante ses serres acérées sur sa proie, la traîne parfois sur plusieurs dizaines de mètres avant de l’emporter.
Les proies sont tuées avec les serres, très puissantes, le bec ne servant qu’à disséquer. La victime n’a pas le temps de réagir. En effet, l’aigle royal possède une arme redoutable : ses serres. Ses serres se composent de trois doigts terminés par des ongles acérés. Le quatrième est équipé d’un avillon (ongle recourbé et très acéré, plus long que les autres) qui transperce la peau comme un couteau. Des pelotes qui se situent sous ses doigts font office de crampons.
Une fois morte, la proie est emportée dans un endroit tranquille où le couple peut festoyer. L’aigle royal peut transporter des proies pesant jusqu’à 5 kg, aussi il consomme sur place les proies les plus lourdes.
En plein vol, il est capable de se retourner et de saisir un oiseau par le dessous.
Ses qualités de chasseur s’expliquent par des armes puissantes :
une vision perçante, 8 fois plus puissante que celle de l’homme, il distinguerait une marmotte à plus ’ un kilomètre.
des serres puissantes, chaque patte est muni de quatre doigts puissamment musclés prolongés de longues griffes utilisées pour transpercer la peau et la chair.
un bec crochu, effilé servant à tailler, découper, lacérer.
L’aigle royal chasse seul ou en couple, avec le jeune d’août à octobre.
L’aigle royal a pendant longtemps été utilisé pour la chasse. Actuellement, la réglementation est très stricte. Il reste encore quelques fauconniers.
L’aigle royal vit solitaire ou en couple isolé formé pour la vie (le mâle et la femelle chassent généralement ensemble).
Territorialité
L’aigle royal choisit avec beaucoup de soin son territoire où il passe toute l’année. De ce choix, dépend sa survie : un couple d’aigles royaux défend son vaste territoire de plusieurs dizaines de km² contre l’intrusion des autres aigles.
Dans les Alpes françaises, son domaine peut aller jusqu’à 625 km². Son territoire de chasse est plus restreint et dépasse rarement 40 km².
Dans les forêts d’Amérique du nord, un territoire d’aigle peut atteindre 520 km².
C’est dans ce domaine privé qu’il survole la vallée avec sa compagne. Le couple vole de manière à ce que chacun puisse observer le plus grand périmètre et que rien ne puisse leur échapper.
Première nidification
Vers 4 ou 5 ans, lorsqu’ils sont des adultes accomplis, les jeunes aigles royaux se fixent sur un territoire qu’ils ne quitteront plus de leur vie durant, cherchent une compagne ou un compagnon pour former un couple fidèle à vie.
Période de nidification
La saison de reproduction se déroule de mars à juin environ ; la construction de l’aire a lieu en février-mars.
Parade nuptiale
Une parade nuptiale aux jeux aériens très spectaculaires précède l’accouplement.
Dès la fin de l’automne ou le début de l’hiver, l’aigle royal effectue son vol nuptial durant lequel le mâle pique en plein ciel sur la femelle dans une simulation d’attaque. Cette parade consiste en une suite de jeux aériens au cours desquels les oiseaux rivalisent de prouesses, se livrant à mille pirouettes, volant sur le dos (au moment où il arrive au-dessus de sa future compagne, cette dernière se met sur le dos et agrippe les serres de son fiancé), se laissent tomber en vrille en poussant parfois un « kluî » sonore.
Ces jeux nuptiaux durent plusieurs heures.
Accouplement
L’accouplement se déroule au sol après la parade nuptiale (ou pariade).
Site de nidification
Une fois le couple constitué, l’aigle royal s’active à construire son nid (ou aire) sur le bord d’une falaise, sur la corniche inaccessible d’une paroi rocheuse, dans l’anfractuosité d’un rocher abrupt, de préférence à l’abri d’un surplomb protégeant de la pluie et du soleil, ou, beaucoup plus rarement, au sommet d’un arbre.
Sur ces saillies rocheuses des falaises, il peut profiter des courants d’air ascendants pour prendre son envol et réaliser des planés caractéristiques.
Les aires sont généralement construites à l’étage subalpin entre 1 500 et 2 200 m d’altitude (dans les Alpes, plus bas dans les Pyrénées), en tout cas à une altitude plus basse que celle du territoire de chasse, car le rapace ne peut s’élever avec une proie de plusieurs kilogrammes. On peut les repérer au moyen les traces de fientes qui maculent la paroi rocheuse en contrebas.
Plusieurs aires sont généralement aménagées par le couple ; l’aire définitive n’est choisie qu’au dernier moment.
Nid
Le fond de l’aire est constitué d’un amas de branchages solides entrecroisés ; elle est tapissée intérieurement d’herbes sèches, de feuilles, de brindilles ou de lichens, voire de laine ou de plumes pour le rendre confortable.
L’aire de l’aigle royal est imposante et agrandie en permanence au fil des années : une aire ancienne peut atteindre 3,5 m de hauteur, 1,5 à 2 m de diamètre, et une circonférence atteignant 2 à 3 mètres.
La construction, ou le rechargement en matériaux, de l’aire de l’aigle royal a lieu en février-mars.
Les couples peuvent avoir jusqu’à cinq aires.
L’aire de l’aigle n’est utilisée que pour la couvaison et ne constitue, en aucun cas, « un foyer » dans lequel se réfugieraient ces rapaces.
Nichoir
Nombre de couvées
L’aigle royal a une ponte par an, mais ne pond pas tous les ans. En cas d’échec, il n’y a pas de ponte de remplacement : tout dérangement est donc fatal pendant la couvaison.
Ponte
La ponte d’un ou deux, voire exceptionnellement trois, œufs est déposée tôt, de la fin février à début avril, habituellement à la mi-mars.
Lorsqu’il y a un deuxième œuf, celui-ci est pondu à trois ou quatre jours d’intervalle.
Œuf
Œufs rugueux, d’un blanc sale plus ou moins tachetés de brun, de roux ou de mauve.
D’environ 140 grammes et 77 mm de longueur.
Incubation
L’incubation dure un mois et demi (de 43 à 45 jours).
Les œufs sont couvés essentiellement par la femelle ; le mâle relaie de temps à l’autre la femelle afin qu’elle puisse se nourrir.
Éclosion
L’éclosion a lieu fin avril, début mai.
Nourrissage
C’est d’abord la femelle qui nourrit les petits, puis le mâle l’aide.
Rarement, deux aiglons arrivent à maturité. Lorsqu’il y a plusieurs aiglons, le plus jeune survit rarement et meurt de faim ou est tué par son frère ou sa sœur. Si les proies apportées par les adultes ne sont pas assez nombreuses, le premier né, plus robuste, accapare la nourriture et le cadet, sous-alimenté, s’affaiblit et meurt. Les deux aiglons survivent lorsque le premier est un mâle et le second une femelle (plus grosse) ; dans le cas contraire, l’aiglon femelle tue, sans scrupule aucun, son jeune frère …
Le ou les aiglons sont nourris par leurs parents pendant 2 mois puis ils ne sont plus alimentés.
Envol
La croissance jusqu’à l’envol dure presque 3 mois … Au bout de 5 semaines, l’aiglon commence à perdre son duvet qui disparaîtra complètement au bout de 2 mois. Les 2 dernières semaines, il bat ardemment des ailes au bord du nid pour renforcer ses muscles alaires. Puis, c’est le premier envol, vers la fin juillet ; il est alors âgé de 80 jours et a une envergure atteignant au moins 1,90 m …
Les jeunes quittent le nid au bout de 10 semaines environ après l’éclosion, fin juillet ou début août.
Sevrage
Émancipation
Au cours des mois d’août et de septembre, les jeunes aigles chasseront en compagnie des adultes et feront leur apprentissage, apprenant à leurs côtés à utiliser les ascendances et à chasser.
À l’approche de l’hiver, début de la nouvelle période de reproduction, la nourriture se faisant plus rare et le territoire se révélant insuffisant, ils sont chassés par les adultes. Commence, alors, une période d’errance, à la recherche d’un territoire disponible, une période difficile car les jeunes sont encore des chasseurs inexpérimentés.
La mortalité est élevée la première année : 30 % des jeunes ne passent pas l’hiver.
À l’âge de 4 ou 5 ans, lorsqu’ils sont des adultes accomplis, ils se fixent sur un territoire qu’ils ne quitteront plus de leur vie durant, et cherchent un compagnon pour former un couple fidèle toute leur vie.
Plumage juvénile
À la naissance, les petits sont revêtus d’un duvet très clair, presque blanc. Ce n’est qu’au bout de trois ou quatre ans que le plumage du jeune aigle acquerra sa couleur définitive.
Période de mue
Prédateurs
Le grand corbeau pille parfois l’aire de l’aigle et n’hésite pas à le harceler en vol, tout comme les chocards et autres craves ou faucons.
Maladies
Tuberculose aviaire, coccidiose.
Survie des adultes
75 % de perte avant 4 ans.
Longévité
L’aigle royal vit 15 à 25 ans dans la nature mais atteint 40 à 45 ans en captivité.
Le régime alimentaire de l’aigle royal est essentiellement composé de marmottes (à la belle saison), de lièvres variables, de jeunes ongulés (chamois essentiellement, isards, bouquetins), de jeunes renards, de belettes, d’écureuils, parfois d’agneaux, de gallinacés (perdrix grise) et de tétraonidés (tétras et lagopèdes).
La marmotte est son repas de prédilection : elles le connaissent bien, et, à son approche, donnent l’alarme avec un sifflement énergique!
Dans l’arrière-pays méditerranéen et dans le Massif Central, sa proie préférée est le lapin de garenne et il n’hésite pas à se rabattre vers d’autres proies de moindre taille suivant leurs abondances locales.
Enfin, en hiver essentiellement, l’aigle royal se montre charognard sur les carcasses de chamois, de mouflons ou de bouquetins tués par une avalanche ou une chute. En aucun cas, l’aigle ne s’attaquera à un chamois ou à un mouton adulte. L’hiver, en période de disette, l’aigle peut s’attaquer, par exemple, à un chat isolé.
Lézards, serpents et tortues font aussi partie de son alimentation.
L’aigle royal peut dévorer des animaux plus gros que lui, mais ses proies ne dépassent pas 6 à 7 kg.
Les besoins alimentaires d’un aigle adulte sont de l’ordre de 230 grammes par jour, soit environ 100 kg par an (1 % du potentiel alimentaire de son territoire).
Sélectionnant les proies malades, infirme ou blessées, l’aigle royal participe ainsi à l’équilibre des populations, jouant un rôle de régulateur des populations.
Mangeoire
L’aigle royal est trop fier pour fréquenter les mangeoires.
L’aigle royal habite exclusivement la haute montagne à l’étage alpin, loin des hommes dans de grands espaces.
Son habitat s’étend du maquis et des garrigues de l’étage méditerranéen aux forêts et pelouses de la haute montagne : versants dénudés, pelouse subalpine, localement forêts, plaines et falaises.
L’aigle royal était autrefois capable de nicher en plaine sur des arbres au cœur de grands massifs forestiers, comme le montre le Rocher des Aigles de la forêt de Fontainebleau. Aujourd’hui, on le voit rarement au dessus de régions non montagneuses.
La présence de l’aigle royal reste néanmoins conditionnée à la présence de proies en nombre suffisant pour l’élevage de sa nichée. Les zones de haute montagne où les marmottes, les lagopèdes et les tétras lyres abondent, ou les zones méditerranéennes riches en lapins sont donc ses biotopes favoris.
Territoire
Il utilise un vaste territoire pour s’alimenter et se reproduire ; la taille de son domaine vital dépend de la disponibilité en proies.
Gîte
Les aires sont situées plus bas en altitude que le territoire de chasse (facilité pour amener les proies).
On trouve l’aigle royal dans les régions montagneuses et les régions accidentés :
Afrique du Nord (surtout le Maroc) jusqu’au Sahara.
Amérique du Nord jusqu’au Mexique.
Asie orientale.
Europe (Espagne, Massif alpin, Écosse).
En Europe, l’aigle royal est présent dans les Alpes suisses et françaises, en Corse, dans le sud du Massif Central, dans les Pyrénées, et, depuis le milieu des années 1990, un couple s’est reproduit dans l’extrême sud du Jura français. En dehors de ces zones, l’espèce est plus qu’accidentelle, seuls quelques jeunes en erratisme postnuptial sont observés.
Il est très rare dans le Massif Central. Il fait sa réapparition dans le Jura et en Ardèche.
On comptabilise environ 3 000 aigles royaux en Europe.
On estime sa population en France à 250 couples environ.
L’aigle royal est l’emblème de la ville de Genève, de l’impératrice de Russie, de l’empereur et du duc de Toscane et de l’Empire austro-hongrois sans oublier Napoléon I et Napoléon III.
Littérature
Le premier vol de l’aiglon
(…) Lorsque le jeune aiglon, voyant partir sa mère, En la suivant des yeux s’avance au bord du nid, Qui donc lui dit alors qu’il peut quitter la terre, Et sauter dans le ciel déployé devant lui? Qui donc lui parle bas, l’encourage et l’appelle? Il n’a jamais ouvert ni sa serre ni son aile ; Il sait qu’il est aiglon, le vent passe, il le suit. (…)
Alfred de Musset
(…) L’Espagnol a blessé l’aigle des Asturies, Dont le vol menaçait ses blanches bergeries ; Hérissé, l’oiseau part et fait pleuvoir le sang, Monte aussi vite au ciel que l’éclair en descend, Regarde son Soleil, d’un bec ouvert l’aspire, Croit reprendre la vie au flamboyant empire ; Dans un fluide d’or il nage puissamment, Et parmi les rayons se balance un moment : Mais l’homme l’a frappé d’une atteinte trop sure ; Il sent le plomb chasseur fondre dans sa blessure ; Son aile se dépouille, et son royal manteau Vole comme un duvet qu’arrache le couteau. Dépossédé des airs, son poids le précipite ; Dans la neige du mont il s’enfonce et palpite, Et la glace terrestre a d’un pesant sommeil Fermé cet œil puissant respecté du Soleil. (…)
Alfred de Vigny
Mythes
Dans la mythologie, l’aigle royal c’est l’oiseau des dieux.
Symboles
L’aigle royal jouit d’une excellent réputation : on le considère souvent comme le plus beau des aigles, et comme le roi des oiseaux. Depuis l’Antiquité, il est symbole de victoire, de puissance et de gloire, c’est pourquoi les Assyriens, les Perses et les Romains le plaçaient au dessus des étendards. Pour les Romains, il était aussi messager des dieux, et oiseau de Jupiter.
Représentant la course du soleil pour les Aztèques, certains indiens d’Amérique utilisaient ses plumes pour leurs coiffes de guerres.
Chasseur de hauteur vol, la légende s’est emparée de l’aigle royal, que l’on soupçonnait jadis d’enlever des enfants, et de s’attaquer à l’homme et au bétail. La première accusation n’a jamais été justifiée: il ne peut, d’ailleurs, enlever de proie dont le poids excède 5 à 6 kg. Quant au bétail, sa prédation se trouve limitée aux jeunes agneaux, proies faciles mais très occasionnelles. Les dégâts ne sont d’ailleurs pas considérables et se produisent généralement aux dépens de bêtes malades, l’Aigle peut même se contenter de charognes et doit subir de longs jeûnes en hiver.
Menaces
Menacé.
Les persécutions continues de l’homme avaient fait chuter ses effectifs jusqu’à la fin du XIXe siècle. Les causes traditionnelles de menace étaient : la chasse, l’empoisonnement, le piégeage, les dérangements dans les nids et les prélèvements d’œufs. Quelques unes de ces menaces persistent actuellement. Mais des mesures de protection strictes, dès le milieu du XXe siècle, ont permis d’éviter sa disparition.
Dans la seconde moitié du XXe siècle, les pesticides comme le DDT et la dieldrine ont provoqué une baisse dramatique de la fécondité de l’espèce. Ces substances ont été abandonnées depuis 1972 mais leurs traces subsistent dans son biotope.
Les dernières menaces qui pèsent sur lui sont l’extension des domaines skiables en montagne, les collisions avec les lignes électriques et le braconnage toujours d’actualité.
Rareté
Largement répandu en Europe dans le passé, l’aigle royal a été tellement persécuté qu’il a failli disparaître de beaucoup de régions, notamment de Suisse. Aujourd’hui, il est de nouveau répandu normalement dans les Alpes.
Grâce à sa protection intégrale par la loi, l’aigle royal a retrouvé des populations en très bonne santé au point que tous les naturalistes attendent fébrilement son expansion dans les zones de plaine qu’il habitait autrefois.