Du latin apis, abeille ; le régime alimentaire de la bondrée se compose essentiellement d’hyménoptères (guêpes, abeilles …) d’où son nom de bondrée apivore.
Étymologie germanique
La bondrée apivore est davantage « vespivore » qu’apivore comme le suggèrent ses noms allemand « Wespenbussard » et néerlandais « wespendief ».
Souvent confondue avec la Buse variable, la bondrée apivore est plus commune qu’on ne le croit.
Morphologie
L’aspect général de la bondrée apivore est moins massif, plus svelte, que celui de la buse variable et sa petite tête proéminente et sa longue queue lui confèrent une allure bien différente.
Queue allongée et arrondie.
Dessus du corps brun foncé ou brun roussâtre ; dessous blanchâtre ou roux clair, avec de nombreuses taches d’un brun plus ou moins foncé.
Sexes identiques.
Tête d’un gris bleuâtre chez le mâle.
Tête brune chez la femelle.
La femelle est un petit peu plus grosse que le mâle.
Longueur
De 52 à 60 cm.
Envergure
De 120 à 150 cm.
Hauteur
Poids
De 600 à 1 000 g.
Iris
Iris brun-gris chez les jeunes, virant au jaune à rouge-orange chez les adultes.
Paupières et base du bec garnies de petites plumes au lieu de poils.
Bec
Bec plus long que la moitié de la tête, moins brusquement recourbé que chez les autres accipitridés.
Bec noirâtre ou gris.
Cire du bec noire chez les adultes, jaune chez les jeunes.
Plumage
Dessus brun foncé et gris, dessous tacheté de blanc. Dessous des ailes finement barrées de brun.
Queue avec une ou deux barres sombres qui aident à distinguer la bondrée apivore de la buse variable.
Patte
Tarses robustes, nus dans leur partie inférieure ; ongles longs et forts.
Tarses et doigts jaunes.
Cire brune ou jaune.
Coloris
La coloration de la bondrée présente un polymorphisme analogue à celui de la buse : il existe des formes claires et sombres, et le plumage des juvéniles diffère légèrement de celui des adultes.
La couleur de la tête varie du brun au gris clair.
Dessus brun foncé et gris.
Dessous clair, de brun clair jusqu’à blanc pur, avec des mouchetures, des barres ou de grosses taches brun-sombre.
Dessous des ailes finement barrées de brun.
Queue marquée de trois bandes sombres : une ou deux petites barres sombres à la base et une large bande terminale sombre.
La forme sombre est de couleur uniformément sombre, brun-café.
Les deux sexes ont une coloration identique, à l’exception de la tête.
Capacités physiologiques
Sa spécialisation dans la recherche du couvain (dont elle consomme œufs, larves et nymphes, mais également les insectes adultes, sans leur aiguillon), exige une adaptation physique au rôle de fouisseur et insectivore de la Bondrée. En plus d’une certaine immunité à l’égard du venin, la morphologie générale de la Bondrée la protège contre les aiguillons des hyménoptères : les lorums sont couverts de petites plumes écailleuses, imbriquées comme des tuiles, un revêtement protecteur qui s’étend autour des yeux et sur le front ; son plumage est dur et serré ; ses tarses sont couverts d’écailles épaisses et bombées, tel un « blindage », ses jambes courtes et les griffes peu arquées facilitent le creusement du sol et n’entravent pas la marche ; l’orifice des narines n’est qu’une mince fente oblique dans la cire bien développée.
Remarques
Espèces semblables
La bondrée apivore est généralement difficile à distinguer de la buse variable, en raison de sa taille (60 cm) et de sa coloration, la bondrée s’en distingue par :
sa silhouette plus élancée ; la bondrée est plus petite et plus svelte que la buse variable ;
sa tête plus petite et plus fine, et relevée comme celle d’un pigeon, très proéminente, alors que la grosse tête de la buse variable, portée par un cou épais, se détache peu à l’avant des ailes ;
son iris jaune visible chez les adultes des deux sexes est également un détail la différenciant de la buse dont l’iris est brun ;
son cou est assez allongé et bien marqué ;
sa queue paraît plus longue et plus fine ; la large barre terminale de la queue et les deux autres plus fines (mais souvent difficilement visibles) à sa base sont caractéristiques ;
ses ailes un peu plus larges mais plus étroites à la base, alors que les ailes de la buse sont larges et arrondies.
En vol :
de face, elle plane avec les ailes bien à plat alors que la buse variable plane avec leurs extrémités légèrement relevées (en « V ») ;
son vol est plus souple ;
son cri « puîuh » est plus mélodieux que celui de la buse.
Sa coloration présente un polymorphisme analogue à celui de la buse : certains oiseaux sont nettement plus sombres ou plus clairs que la moyenne.
La Buse est une espèce sédentaire qui se nourrit surtout de petits mammifères, en particulier de rongeurs.
Présent dans la moitié sud de la France, le circaète Jean-le-blanc se différencie plus facilement de la bondrée grâce à sa grande taille.
La bondrée apivore est silencieuse en dehors de la nidification et loquace en période de reproduction.
Cris forts et plaintifs comme « vièèh » ou encore cris trisyllabiques sifflés, un peu plaintifs, « pu-î-uh ».
Comme sa proche parente la buse variable, la bondrée aime lancer ces sifflements flûtés « pu-î-uh » lorsqu’elle cercle au-dessus de son territoire, même en dehors de la phase des parades nuptiales.
Ce sont des cris miaulés, plus sifflés que ceux de la buse.
Cri
Ces cris se transformant en « kikiki » en cas d’alarme.
Cri
Près du nid, on entend parfois un curieux son mécanique cliquetant rapidement.
Le vol de la bondrée apivore est un vol ramé énergique. En vol battu, les battements d’ailes sont souples et assez lents.
Elle pratique fréquemment le vol plané avec les ailes assez planes, voire légèrement incurvées vers le bas.
Le vol de la bondrée ressemble à celui de la buse variable si ce n’est que les ailes sont plus longues et plus effilées et la queue plus longue avec trois barres sombres. La tête est plus petite.
La bondrée apivore, rapace essentiellement forestier, est une espèce assez commune mais relativement discrète et l’observer en train de fouiller avec ses serres au pied d’une souche déracinée pour atteindre un essaim de guêpes n’est pas chose fréquente. Ses serres très courtes sont adaptées au fouissage. En effet, elle gratte la terre pour déterrer les nids.
On peut la voir, plus facilement, posée sur un piquet de parc en lisière de forêt, surveillant avec intérêt les allées et venues des hyménoptères qui finiront par lui indiquer l’emplacement de leur nid, comme une corneille ou une pie surveillant les aller-et-retour des passereaux vers leur nid.
La bondrée aime aussi planer dans les ascendances thermiques se formant au-dessus de son territoire par une fin de matinée ensoleillée. Dès que les rayons solaires auront suffisamment réchauffé le sol, tous les rapaces planeurs du secteur viendront à tour de rôle ou ensemble, se dégourdir les ailes sur fond de ciel bleu. Buse variable, milans royal et noir sont les plus réguliers mais la bondrée apivore, l’épervier et dans certaines régions l’aigle botté les rejoignent volontiers, formant alors un superbe carrousel dans les invisibles pompes d’air chaud. Les oiseaux sont parfois emportés si haut qu’ils deviennent pratiquement invisibles, même en les observant à l’aide de jumelles.
La formation du couple peut avoir lieu avant l’arrivée sur les sites de nidification. Le couple déjà apparié sur ses quartiers d’hivernage recharge son aire située sur un arbre au cœur d’un massif forestier.
Territorialité
Première nidification
Période de nidification
Fin mai, début juin.
Le succès de la nidification, tributaire des conditions météorologiques, est très variable.
Parade nuptiale
La parade nuptiale est l’occasion d’observer de superbes vols planés, ainsi que des vols en festons au cours desquels l’oiseau relève plusieurs fois les ailes, presque jusqu’à les faire se toucher. Lorsqu’elle parade, on dit qu’elle applaudit car elle se laisse tomber en claquant des ailes au-dessus d’elle. Cela permet de la distinguer de la Buse qui parade en montant et en descendant très vite.
Accouplement
Site de nidification
La bondrée apivore niche sur les arbres dans les bois ou forets. L’aire est installée sur de grands arbres (assez haut, à 15-20m de hauteur, et souvent en bout de branche si l’arbre est proche de la lisière), rarement dans les haies, le plus souvent en lisière de forêt.
Nid
Souvent, la bondrée utilise un ancien nid de corvidé (corneille) ou de rapace, parfois celui d’une buse après un échec, ou l’année même après l’envol des jeunes. Parfois, le couple construit son nid.
Les deux partenaires participent à la construction ou au rechargement de l’aire. Pendant un mois, seul le male construit l’aire de branchettes.
L’aire est une construction lâche, de taille assez modeste, élaborée en quelques jours. Elle revêt un aspect bien particulier : le trait le plus typique d’une aire de bondrée est l’abondance des rameaux verts qui la garnissent : les adultes continuent d’en approvisionner l’aire durant la période de couvaison et durant l’élevage des jeunes.
Nichoir
Nombre de couvées
Une ponte annuelle.
Ponte
La femelle pond 15 jours maximum après son arrivée ; la ponte normale a lieu fin-mai ou début juin.
Deux œufs sont pondus à intervalle de 2 à 3 jours.
Œufs
Œufs crème ou beige clair fortement maculés de marron ou de brun-rougeâtre.
Œufs moins gros et moins arrondis que ceux de la buse variable, et d’une longueur de 51 millimètres.
Incubation
Le mâle participe à la couvaison : les deux parents couvent les œufs en alternance pendant 33 (de 30 à 35) jours.
Éclosion
L’éclosion a lieu début juillet.
Nourrissage
L’élevage des jeunes a lieu en juillet-août.
Les jeunes, nidicoles, restent au nid 40 à 44 jours.
Envol
Les jeunes s’envolent au bout de 7 à 8 semaines (48 jours environ), avant la mi-août, juste avant la migration.
Sevrage
Émancipation
L’ensemble de la famille quittent les lieux pour les forêts d’Afrique de l’Ouest et du Centre dans les 15 jours qui suivent. Toutefois, on trouve encore des juvéniles au nid début septembre, alors que la migration de l’espèce vers l’Afrique tropicale est bien entamée.
Plumage juvénile
Période de mue
Prédateurs
Lorsqu’elle creuse le sol pour déterrer les nids de guêpe et de bourdon, la bondrée apivore est si absorbée dans son activité quelle peut se retrouver totalement enfouie dans le sol. Dans cette situation, elle peut facilement être surprise et capturée par l’autour des palombes.
Régime très spécifique composé presque exclusivement de larves d’hyménoptères sauvages (abeilles sauvages, guêpes, bourdons …). Elle se nourrit surtout de larves de guêpes ; c’est ainsi qu’on peut la voir filer avec un couvain entre ses serres, les abeilles ne faisant que rarement les frais de cet oiseau « vespivore » comme le qualifie si justement Paul Géroudet.
L’implantation de ses plumes sur la tête la protège des piqûres d’insectes. Elle possède en effet des plumes écailleuses et serrées sur la tête qui la protègent.
Lors de son retour début mai, ou en période de carence alimentaire, par temps pluvieux, par exemple, elle se rabat sur les insectes présents et se nourrit alors essentiellement de hannetons, carabes, grillons, fourmis, sauterelles, chenilles rases et poilues, de lombrics, mais aussi de grenouilles et de petits reptiles (lézards, orvets, couleuvres), de micromammifères (campagnols) …
Parfois de petits fruits et de petits oiseaux, et quelquefois de poussins pris autour des fermes.
Les hyménoptères et leurs larves constituent 75 % de son alimentation, les fruits 10 %, les petits mammifères 10 %, les oiseaux et reptiles 5 % (des lézards, grenouilles, etc.).
La Bondrée est moins un rapace à proprement parler (prédateur carnassier) qu’un fouisseur dont l’activité de chasse se déroule d’habitude à terre. Lorsqu’elle a repéré une colonie de guêpes ou de bourdons, elle se met à la déterrer les nids, en creusant le sol activement d’une patte, tantôt de l’autre (comme une poule), et un peu du bec.
La bondrée recherche des sous-bois clairs, surtout peuplés en feuillus, assez étendus, entrecoupés de clairières, d’allées forestières et de zones dégagées où la strate herbacée est peu élevée et où elle peut notamment trouver les couvains d’hyménoptères.
Des pâtures et autres espaces semi-ouverts sont nécessaires à leur périphérie car elles représentent ses terrains de chasse favoris.
Elle peut également se contenter de zones plus ouvertes comme des prairies et pâturages bordées de haies ou de bosquets d’arbres.
Lors de la reproduction, elle occupe des terrains découverts et se nourrit dans la proximité des forêts où elle construit le nid.
Gîte
Altitudes
La bondrée se reproduit exclusivement dans les massifs forestiers de plaine et de moyenne montagne, forêt collinéenne et montagnarde méridionale.
La Bondrée apivore est répandue dans toute l’Europe moyenne et l’Asie occidentale tempérée, depuis l’Europe de l’Ouest (Portugal) jusque en Sibérie occidentale, sauf l’extrême nord et la bordure méditerranéenne. Elle est absente de tout le nord de la Scandinavie, de l’Islande, de l’Irlande, des régions méridionales des Balkans, ainsi que de tout le sud de l’Italie et d’une partie de la péninsule Ibérique. Elle est très rare (moins de 10 couples) dans le sud-est de l’Angleterre.
La bondrée apivore est présente dans toute la France, Corse et littoral méditerranéen exceptés, où elle est assez répandue (environ 10 000 couples).
Migratrice, la Bondrée doit l’être du fait de son régime alimentaire. Espèce avant tout insectivore, friande de couvains et d’adultes d’hyménoptères sauvages (guêpes, bourdons), la bondrée apivore n’a d’autre solution que de migrer en Afrique pour trouver de quoi se nourrir durant les mois d’hiver.
La migration débute donc dès la mi-août et s’étale jusqu’à la fin septembre, pour traverser le Sahara et hiverner en Afrique tropicale, souvent en grandes troupes. Cet hivernage disperse les bondrées dans la zone forestière d’Afrique tropicale. C’est là que les bondrées passent la majeure partie de leur vie, le bref séjour européen n’ayant pour but que la reproduction conditionnée par celle des hyménoptères. Rares sont les oiseaux, et surtout les rapaces, qui passent aussi peu de temps en Europe.
Le retour vers l’Europe est tardif et les premiers oiseaux apparaissent dans la dernière décade d’avril, le gros des troupes envahissant l’Europe durant la première quinzaine de mai.
Ce migrateur au long cours parcourt des milliers de kilomètres par année grâce aussi à ses qualités volières qui surpassent celles de la buse.
Le département de l’Aude est l’un des principaux points de passage de l’espèce et plusieurs milliers de bondrées peuvent être observées en quelques jours.
La bondrée, comme tous les oiseaux de proie, joue un rôle bénéfique et contribue au bon fonctionnement des écosystèmes forestiers.
Rareté
La bondrée peut être localement assez commune.
Globalement, ses populations semble plutôt stables.
Menaces
Les menaces pour la bondrée sont multiples : la chasse, notamment pendant la période de migration, la modification de ses habitats et la diminution de ses proies, les insectes, due à l’utilisation d’insecticides et aux facteurs climatiques. Elle est souvent victime des traitements dans les grandes cultures ou vergers.
Longtemps détruite par ignorance car les hommes ne faisaient pas de détails entre les différentes espèces de rapaces toutes classées nuisibles, la bondrée apivore a donc payé un tribut assez lourd à l’homme avant que la loi ne la protège intégralement. Restaient alors seulement les traditions les plus stupides qui ont perduré quelques années encore vers la fin des années 1980 le long du littoral du Languedoc-Roussillon où les bondrées étaient massacrées début mai lors de leur migration printanière, et ce dans le but de les déguster sous forme de soupe !
Hormis ces quelques méfaits, sa discrétion et son choix pour un habitat forestier encore relativement préservé lui ont rapidement permis de retrouver des effectifs importants tant et si bien que sa survie à moyen terme ne semble pas menacée.