| Les villages de Ziros, Chandras, Xérokampos et Goudouras, et l’île de Koufonissi en Crète | |
| |
| Présentation générale | La pointe sud-est de la Crète est une région où s’aventurent assez peu de touristes, du fait de son éloignement et de l’absence de sites archéologiques importants. En revanche les paysages sont arides, mais spectaculaires, et les côtes recèlent certaines des plus belles plages de la Crète orientale. |
|
|
| Le canton de Leucé, ou unité municipale de Leucé, est le canton qui occupe la pointe sud de la commune de Sitia et le coin sud-est de l’île de Crète. Cette ancienne commune de Lefki (Δήμος Λεύκης) doit son nom à la petite île de Leucé, la « Blanche », nommée de nos jours Koufonissi, qui se trouve au large de la pointe sud du canton, le cap de Goudouras. Au nord-ouest du canton se trouve le canton de Sitia ; au nord-est, le canton d’Itanos. À l’ouest se trouve le canton de Makrygialos qui fait partie de la commune d’Iérapétra. Au sud les côtes du canton de Lefki sont baignées par la mer de Libye (Λιβυκό Πέλαγος). Dans l’ancien découpage administratif tous ces cantons faisaient partie d’une seule éparchie, l’éparchie de Sitia (επαρχία Σητείας). L’unité municipale de Lefki (δημοτικές ενότητες Λεύκης) comprend six communautés locales (τοπικές κοινότητες) : Agia Triada (Αγία Τριάδα), Apidi (Απίδι), Arménoi (Αρμένοι), Chandras (Χανδράς), Pappagiannadès (Παππαγιανναδες) et Ziros (Ζίρος), le chef-lieu du canton. Le canton de Leucé a une économie essentiellement agricole avec un grand plateau fertile, le plateau de Chandras (Οροπέδιο Χανδρά), où sont cultivés la vigne et l’olivier, et des cultures sous serres dans les petites plaines côtières de Xérokampos et de Goudouras ; cette région est aussi le royaume des chèvres qui déambulent nonchalamment sur les routes. Le tourisme occupe une place modeste à Xérokampos. En revanche la production d’énergie du canton est assez importante, avec une centrale électrique éolienne au nord de Chandras et une centrale électrique thermique à Athérinolakkos (Αθερινόλακκος), près de Goudouras ; ces centrales mettent la partie orientale de la Crète à l’abri d’une pénurie d’électricité. |
|
|
| Le village de Ziros (Ζίρος / Zíros) | Ziros est un bourg de moyenne montagne situé à environ 590 m d’altitude ; la localité est le chef-lieu d’un canton de la commune de Sitia mais était auparavant une municipalité indépendante, le démos de Lefki (Δήμος Λεύκης) ; Ziros compte environ 400 habitants. Ziros se trouve à l’extrémité orientale d’un vaste plateau fertile, le plateau de Chandras (Οροπέδιο Χανδρά) ou plateau d’Arméni-Chandras (Οροπέδιο των Αρμενοχαντράδων). La localité est dominée au sud-est par la montagne Égremnos (Εγκρεμνός), située entre Chamaitoulo et Ziros ; au sommet de cette montagne, qui culmine à 785 m, se trouve un énorme radôme des Forces aériennes tactiques grecques et de l’OTAN ; entre autres équipements, un radar HR-3000 de fabrication Hughes surveille la partie orientale de la mer Méditerranée. Dans tout ce secteur des panneaux, en grec et en anglais, avertissent les visiteurs de ne pas faire de photographies … Ziros est à une distance de 28 km au sud de Sitia, par la route de Chandras (Χαντράς), située à 4 km à l’ouest ; il y a un bus quotidien depuis Sitia. Depuis Iérapétra on peut accéder à Ziros en quittant la côte sud à Goudouras, situé à 15 km au sud et en traversant Agia Triada. Depuis Palaikastro ou Zakros, sur la côte orientale, on accède à Ziros via le village côtier de Xérokambos, situé à 19 km au sud-est de Ziros ; la route, large et en bon état, monte en de multiples lacets impressionnants, à travers un paysage aride, jusqu’au plateau de Ziros, passant à proximité du hameau de Chamaitoulo. Le plateau de Ziros (Οροπέδιο Ζήρου) est un poljé, c’est-à-dire une dépression karstique entourée de montagnes escarpées, où l’on trouve de nombreuses formations géologiques caractéristiques telles que des grottes calcaires et des dolines ; la place principale du village serait un ancien lac et, au sud-ouest, on peut voir un autre petit lac, le lac de Ziros (Λίμνη Ζίρου). Comme sur le plateau du Lassithi, les terres sont irriguées au moyen de pompes hydrauliques actionnées par des éoliennes. Le village agricole de Ziros vit principalement de la culture de l’olivier et de la vigne ; la région produit environ 150 000 litres de vin et 600 tonnes de raisins secs, ainsi que du raki ; la variété de raisin utilisée pour cette production de raisins secs est le sultanine (σουλτανίνα), qui est aussi consommé comme raisin de table. À l’ouest du village on peut voir une presse à raisins datant de l’époque minoenne, témoignant que la culture de la vigne est ici très ancienne. Dans les petites plaines côtières du canton sont également produites des bananes, et l’on trouve aussi des cultures maraîchères sous serres. Le village pratique aussi l’élevage des moutons et des chèvres. Une spécialité artisanale de Ziros a été, dans le passé, la fabrication de battants en cuivre pour les cloches des animaux domestiques, exportés dans toute la Grèce. Le toponyme préhellénique « ziros » atteste de la longue histoire de Ziros, dont témoignent également les antiquités disséminées dans les environs ; des vestiges minoens ont été découverts sur cinq sites du canton ; d’autres découvertes archéologiques datent d’époques moins anciennes, de l’époque géométrique à l’époque romaine. Le tourisme n’occupe pas une place très importante dans l’économie du village ; il n’y a pratiquement pas d’hébergements. Le village possède cependant quelques églises à voir ; la plus célèbre est une petite église à deux nefs de style byzantin, mais datant du XVIe siècle, l’église Sainte-Parascève (Αγία Παρασκευή), la parascève étant le jour précédant le sabbat, c’est-à-dire le vendredi ; cette église est datée de 1523 d’après la date gravée sur le linteau de la porte orientale ; au-dessus de la porte, une petite fresque représente la Vierge. L’église Sainte-Parascève recèle des fresques de 1565 ; elle renferme également un ossuaire où sont conservés les ossements des héros du village voisin de Skalia, surnommé « la forteresse inexpugnable de la Crète orientale », qui résista aux Turcs depuis le début de l’occupation ottomane ; les habitants de Skalia furent finalement massacrés par les Turcs pendant la révolte crétoise de 1821, après avoir été trahis par le pope du village ; une place de Ziros leur est dédiée. L’église Saint-Nicolas (Άγιος Νικόλαος) date des XIVe et XVe siècles et contient des inscriptions du XVIe siècle. La Géoroute n° 9 relie Ziros à Skalia, suivant le tracé du sentier européen de randonnée E4 ; Skalia est un village abandonné situé à environ 5 km au nord-est de Ziros. La fête du village (γλέντι) a lieu à la fin du mois de juillet ; des victuailles et du raki sont servis sur la place du village, tandis que les musiciens jouent du bouzouki (μπουζούκι) et de la lyra (λύρα) ; Ziros, où est né le célèbre joueur de lyra Konstantinos Hatzantonakis (Κωσταντίνος Χατζαντωνάκης), est en effet le berceau de la musique traditionnelle de la Crète orientale. |
|
| Sur la route de Ziros à Sitia | Depuis Ziros la route de Sitia traverse le plateau de Chandras-Arméni en direction de Chandras. À Chandras on peut continuer par deux itinéraires différents pour rejoindre la route provinciale Sitia-Iérapétra. La route par le nord se dirige vers Néa Praissos (Νέα Πραισός) et permet de découvrir le site de la cité antique de Praissos. La route du sud part en direction du village d’Arméni puis du village abandonné du village d’Étia où on peut voir – de l’extérieur – le manoir restauré de la famille vénitienne Da Mezzo. Plus au nord on traverse le village de Papagiannadès (Παπαγιαννάδες) où se trouve, sur une colline voisine, un sanctuaire sommital minoen. Un peu plus loin, un peu à l’écart de la route, sur la droite, le village de Sklavi (Σκλάβοι) possède une très belle fontaine ottomane. Le dernier village avant d’atteindre la route provinciale est le village de Sykia (Συκιά), dont le nom signifie « figuier » ; Sitia n’est plus qu’à 16 km au nord. |
| Les ruines du village de Voïla (Βόιλα / Vóila) | Voïla est un village abandonné qui se trouve sur le plateau de Chandras-Arméni, à environ 3 km à l’ouest de Ziros et à environ 800 m au nord-est du village de Chandras ; depuis le centre de Chandras, des panneaux indiquent le chemin du village médiéval de Voïla (Μεσαιωνικό χωριό Βόϊλα). Voïla est à 600 m d’altitude, au pied d’une colline calcaire dont les eaux alimentaient le village. Les ruines de Voïla sont un site archéologique protégé. Aller aux ruines du village de Voïla avec Google Maps (35.085599, 26.105691). Le village de Voïla existait déjà à l’époque vénitienne sous le nom de Voila et comptait environ 300 habitants en 1583. Après la conquête complète de la Crète par les Ottomans, en 1669, Voïla fut nommé Vuyalo ; vers le milieu du XVIIIe siècle le village et sa tour vénitienne étaient aux mains d’un noble d’origine vénitienne nommé Zeno (Ζένο), converti à la religion mahométane sous le nom de Tsin-Ali (Τσιν-Αλή) ou Tzénalis (Τζεναλή) ; ce renégat fut l’un des janissaires ottomans les plus brutaux du sandjak de Sitia et un prosélyte musulman fanatique. Le village de Voïla ne comptait plus que quelques habitants au début de XIXe siècle et fut sans doute détruit et abandonné pendant la révolte crétoise de 1866 ; en 1881 Voïla n’était plus mentionné dans les recensements. La ruine la plus spectaculaire de Voïla est une ancienne tour vénitienne, la tour de Voïla (Πύργος Βόιλας), dont il reste les murs et de grandes salles voûtées. Au-dessus de la porte d’entrée de la tour, on peut voir un linteau sculpté de cyprès, de haches et de pentagrammes ; sur un mur, une épigramme en turc indique la date de l’année 1153 de l’hégire, ce qui correspond à l’année 1742 du calendrier chrétien ; selon la tradition, la tour était à cette époque en possession du janissaire Tzénalis, un chrétien converti. Au sud de la tour se trouve une église en ruines qui est désignée étrangement sous le nom d’église de Tzinalis (εκκλησία του Τζιναλή). Un autre bâtiment intéressant est une ancienne maison d’époque vénitienne, avec un four à l’extérieur et une cheminée à l’intérieur. Voïla possède également deux belles fontaines, situées aux deux extrémités du village, qui fonctionnent toujours ; ces fontaines, datant de l’époque de l’occupation ottomane, présentent des inscriptions en relief en langue turque et de beaux robinets en laiton. | | Un peu à l’est du village, au pied de la colline, se trouve une intéressante église à deux nefs, l’église Saint-Georges (Άγιος Γεώργιος), datant vraisemblablement du XVe siècle, dédiée à saint Georges et à la Vierge Marie. L’église est généralement fermée à clé, mais la clé est souvent sur la porte. Dans la nef sud de l’église, à droite en entrant, il y a une niche latérale où se trouve une tombe ; sur le mur situé au-dessus de la tombe on peut voir une fresque intéressante, mais en très mauvais état, qui représente une Vierge à l’Enfant (Παναγία της Βρεφοκρατούσας) ; cette fresque est datée du XVIe siècle. À gauche et à droite du visage de la Vierge il y a des disques où sont peints des anges jouant de la harpe ; à la droite de la Vierge se tient un homme avec un costume crétois et une femme avec un costume européen ; un enfant, qui se trouve entre les deux silhouettes, tient la main de la femme ; à la gauche de la Vierge, on distingue des silhouettes féminines en noir et blanc. Au-dessous de la scène, une inscription est écrite dans un cartouche de deux lignes : à gauche, une inscription un peu effacée indique le nom de Georgios Salamos (Γεώργιος ο Σαλαμός) avec les lettres « ΙΗ », c’est-à-dire les deux dernières lettres de l’année « ΑΦΙΗ » en numération alphabétique (c’est-à-dire l’année 1518), ou de l’année « ΖΙΗ » (c’est-à-dire l’année 7018 depuis la création du monde, en 5509 avant JC, selon le calendrier byzantin, soit l’année 1509). Au-dessus du chevet de la tombe, sur le mur occidental contigu, il y a une autre fresque, plus petite, avec une image de jeune fille sur son lit de mort et des personnages penchés au-dessus d’elle, avec la date « αφξ » (c’est-à-dire l’année 1560). Cette tombe serait la tombe de la famille de Georgios Salamos, qui aurait fait construire l’église Saint-Georges de Voïla. Cette famille Salamos, ou Solomos, serait une famille de marchands et de prêteurs juifs de Sitia, établie en Crète depuis le début de la domination vénitienne ; une partie de cette famille se serait convertie au catholicisme sous le nom de Salamone, aurait acheté des fiefs dans la province de Sitia et aurait été anoblie. Selon l’érudit crétois Stergios Spanakis (Στέργιος Σπανάκης), cette famille Solomos de Sitia (Σολομών της Σητείας) se serait réfugiée à Zante en 1669, après la conquête de Candie par les Ottomans, et serait des ancêtres du poète Dionysos Solomos (Διονύσιος Σολωμός), né à Zante en 1798, auteur des paroles de l’hymne national grec. |
| Le village de Chandras (Χανδράς / Chandrás) | Chandras (Χανδράς ou Χαντράς) est un village agricole du sud-est de la Crète, situé à environ 580 m d’altitude, à l’extrémité occidentale du plateau fertile d’Arméni-Chandras (Αρμενοχαντράδες / Armenohandrádes) qui s’étend depuis les villages de Chandras et d’Arméni à l’ouest jusqu’au village de Ziros à l’est. Au nord du plateau s’élève une crête de montagne, Monacho Chorafi (Μοναχό Χωράφι), où a été construite une centrale électrique d’une vingtaine de gigantesques éoliennes. Chandras se trouve à 24 km au sud de Sitia. Chandras constitue une communauté locale avec les villages d’Agios Pantéleimon (Άγιος Παντελεήμων / Ágios Panteleímon) et de Katélionas (Κατελιωνας / Kateliónas), de nos jours abandonnés, et fait partie du canton de Lefki dans la commune de Sitia. La localité compte un peu plus de 200 habitants. Les parages de Chandras étaient habités depuis l’époque minoenne comme en témoigne un sanctuaire sommital découvert par Paul Faure à Xyképhalo (Ξυκέφαλο), à 756 m d’altitude, entre Katélionas et Ziros (Aller à Xyképhalo avec Google Maps (35.089993, 26.131185)) ; des artefacts importants y ont été découverts. D’autres découvertes datant de l’époque minoenne ont été faites à Plakalonas (Πλακάλωνα) et des ruines antiques sur les sites de Gras (Γράς) et de Katrani (Κατράνι). Le village de Chandras aurait été fondé par les Sarrasins pendant l’occupation de l’île du IXe siècle au Xe siècle. Aux époques vénitienne et ottomane le village était un bourg prospère qui comptait une population de 400 à 500 habitants. Chandras conserve quelques vestiges de cette prospérité : de grandes demeures cossues de style vénitien, des bains turcs (Τουρκικό χαμάμ), une belle fontaine vénitienne de style Renaissance, située dans le sud du village, et quelques églises. L’église de l’Assomption de la Vierge (Κοιμήσεως της Θεοτόκου) conserve quelques mosaïques de l’époque vénitienne ; l’église de la Transfiguration du Sauveur (Μεταμόρφωση του Σωτήρος), dans le hameau de Pano Pantéli (Πάνω Παντέλι), présente des fresques exceptionnelles et des gravures de 1486. Chandras possède un petit, mais intéressant, musée des arts et traditions populaires, situé près de la place principale ; le musée est normalement ouvert de 10 h à 13 h et de 17 h à 20 h, et son entrée est gratuite. |
|
| Le village d’Arméni (Αρμένοι / Arménoi) | Le village d’Arméni se trouve à seulement 1,5 km au sud-est du village de Chandras, et à 23 km au sud de Sitia via Papagiannadès (Παππαγιανναδες) et à 26 km via Néa Praisos (Νέα Πραισός) et Chandras. Arméni se trouve sur le même plateau d’Arméni-Chandras (Αρμενοχαντράδες / Armenohandrádes), à 560 m d’altitude, entouré de jardins, de vergers et de vignobles irrigués par des dizaines d’éoliennes qui pompent l’eau. Le village compte près de 300 habitants. À la différence de Chandras, qui aurait été fondé par les Sarrasins, Arméni aurait été fondé par des soldats originaires du thème byzantin (région militaire) des Arméniaques de la mer Noire (Θέμα Αρμενιακών της Μαύρης θάλασσας), dans la région de Sinope. Ces Arméniaques ont vraisemblablement reçu les terres des Sarrasins évincés après la reconquête de l’île par Nicéphore Focas en 961. Le village tire son nom de cette origine, comme plusieurs autres villages crétois. Pendant la domination vénitienne et l’occupation ottomane, le village était nommé Armenus. À 800 m à l’ouest d’Arméni se trouvent les ruines du monastère Sainte-Sophie (Μονή της Αγίας Σοφίας / Moní tis Agías Sofías), un monastère autrefois prospère fondé au XVe siècle. Les cellules des moines sont en ruine, mais l’église du monastère est conservée en bon état ; elle recèle une iconostase en bois avec de belles icônes. Un peu au sud du monastère se trouve la chapelle du Saint-Esprit (Αγιο Πνεύμα), installée dans une grotte, qui dépendait du monastère Sainte-Sophie. |
| Les ruines du village d’Étia (Ετία / Etía) | Étia, ou Éthia (Εθιά), est un village médiéval abandonné qui se trouve sur la route de Sitia à Chandras via Papagiannadès, à 1,5 km au nord-ouest d’Arméni et à 3 km à l’ouest de Chandras. Le toponyme du village semble provenir du nom du saule en grec « ιτιά », une espèce d’arbres qui aime les sols humides. Le village d’Étia existait déjà à l’époque byzantine mais prit de l’importance à la fin du XVe siècle quand une grande famille vénitienne de Sitia, les Da Mezzo, décida de s’y faire construire un manoir ; la République de Venise avait donné en fief aux Da Mezzo la région d’Arméni. À la fin du XVIe siècle Étia comptait une population de près de 600 habitants ; au début du XXe siècle le village ne comptait plus que 8 habitants. Le village est en ruines, à l’exception des deux églises byzantines, l’église Sainte-Catherine, avec un élégant clocher, qui avait été transformée en mosquée sous l’occupation ottomane, et l’église Saint-Jean le Théologien qui recèle quelques fresques. Le troisième bâtiment conservé est le manoir Da Mezzo qui a été en partie restauré. La plupart des habitations étaient très simples avec souvent une seule pièce. Les ruines d’Étia constituent désormais un site archéologique protégé. Le manoir Da Mezzo était un manoir fortifié, une maison forte, de plan carré et comportant deux étages ; le bâtiment était couvert d’un toit à quatre pans en tuiles. Le manoir était entouré d’une cour avec une entrée majestueuse, aujourd’hui en ruine. À l’entrée, sur la droite, se trouvait une fontaine dont l’eau était déversée dans des bacs à l’extérieur de l’enceinte ; à l’intérieur de la fontaine, il y a une inscription avec une épigramme indiquant la date de sa construction (1701) et le nom de celui qui l’a fait construire, l’évêque Mélétios Trivizas (Μελέτιος Τριβιζάς) du monastère Sainte-Sophie à Arméni. Sur la façade du manoir, au-dessus de l’imposante porte d’entrée, se trouvent les armoiries des Mezzo dont le blasonnement se lit « D’or à trois fasces ondées d’azur au chef du même chargé d’un lion léopardé du champ tenant une fleur-de-lis du même ». Après la porte d’entrée on pénètre dans un vestibule pavé avec un plafond voûté dont les clés de voûte sont sculptées. Sur la gauche du vestibule se trouve un escalier qui menait au premier étage. Sur le linteau de l’entrée des étages, on peut lire l’inscription « INTRA VOSTRA SIGN(I)ORIA SENZA RISPETTO » (c’est-à-dire : « Entrez, votre Seigneurie, sans embarras »). Le manoir Da Mezzo était considéré comme le plus bel exemple d’architecture civile de la campagne crétoise. Après la conquête de la Crète par les Ottomans, le manoir fut occupé par des aghas turcs, notamment par l’agha Mehmet (Mehmet Ağa, Μεχμέτ Αγάς), dit Mémétakas (Μεμέτακας), infâme pour ses atrocités envers les chrétiens comme le viol d’une centaine de jeunes filles, au point qu’il fut mis à mort en 1821 par le pacha d’Héraklion sur ordre de la mère du sultan. Sous l’occupation ottomane, le manoir était nommé Séragio (Σεράγιο), déformation du mot italien pour « sérail », seraglio, ou sérail (Σεράϊ) du turc « saray », c’est-à-dire « palais ». Lors de la révolte crétoise de 1828, le Séragio fut attaqué par les paysans crétois ; après la reddition des Turcs les paysans récupérèrent les poutres du toit, puis les pierres sculptées, ce qui fit s’effondrer le second étage ; plus tard le premier étage fut également détruit. L’abandon et le passage du temps achevèrent ensuite la ruine du manoir. Les ruines du manoir Da Mezzo ont été achetées par les services archéologiques en 1959, mais ce n’est qu’en 2007 que la restauration du bâtiment a débuté ; par manque de matériau d’origine, seul le rez-de-chaussée a été restauré en assez bon état ; le premier étage n’a été restauré qu’à l’extérieur. Le manoir restauré accueille des événements culturels tels que des festivals de musique (www.casadeimezzo.com). La villa vénitienne (Ενετική έπαυλη) Da Mezzo, ou le Séragio (Σεράγιο), se trouve dans le nord du village d’Étia, au bord de la route qui conduit à Papagiannadès. Elle est ouverte sur arrangement avec le Service des Antiquités du Lassithi pour des événements. |
|
| Sur la route de Ziros à la côte sud-est | À la sortie orientale de Ziros une route en cul-de-sac conduit au village de Lamnoni (Λαμνώνι), distant de 4 km ; abandonné de nos jours, ce village comptait près de 200 habitants à l’époque vénitienne ; sous l’occupation ottomane le village fut entièrement colonisé par les Turcs et ne comptait que des habitants musulmans, environ une centaine ; après la libération de la Crète, à la fin du XIXe siècle, et le départ des musulmans, le village fut abandonné. Le village a donné son nom à des gorges qui prennent naissance au sud du village et qui débouchent sur la côte sud-est 6 km plus loin près du village de Xérokampos, les gorges de Lamnoni (Φαράγγι Λαμνόνι). Pour se diriger vers la côte sud-est il faut revenir vers Ziros et prendre la route de Zakros, une bonne route asphaltée qui a remplacé l’ancienne piste de terre et qui offre des vues spectaculaires sur la côte. Environ 2 km après la sortie de Ziros, on rencontre, sur la droite, une petite route qui descend vers le village de moyenne montagne de Kalo Chorio (Καλό Χωριό / Kaló Horió), le « bon village » ; en continuant la route on peut aller jusqu’au mont Agridomouri (Αγριδομούρι), qui culmine à 527 m et dont le sommet qui offre de magnifiques vues sur la côte et sur les paysages arides de la région. La route provinciale passe ensuite au pied du mont Égremnos (Εγκρεμνός), au sommet duquel se trouve un radar qui surveille la partie orientale de la mer Méditerranée ; la route atteint ensuite le village de Chamaitoulo (Χαμαίτουλο), à 7 km de Ziros ; ce village se trouve un peu à l’écart de la route provinciale, à 500 m sur la gauche ; Chamaitoulo est un joli village crétois typique, mais à moitié abandonné, d’une vingtaine de maisons dont les habitants tentent d’exploiter les terres ingrates de cette région rocailleuse. À 250 m après l’embranchement vers Chamaitoulo, un autre embranchement s’enfonce, cette fois-ci sur la droite, à l’intérieur des terres, jusqu’au hameau désert de Sainte-Irène (Αγία Ειρήνη / Ayía Iríni) ; après 7 km la route se termine sur une petite plage sauvage. En restant sur la route provinciale, qui suit les gorges de Lamnoni, on descend par de nombreux lacets jusqu’au village côtier de Xérokampos, à 20 km de Ziros. Arrivé à Xérokampos on n’a d’autre choix que de continuer, sur la route provinciale, vers Zakros et la côte nord-est. |
| Le village de Xérokampos (Ξερόκαμπος / Xerókampos) | Xérokampos est un petit village agricole dont les habitants cultivent une étroite plaine côtière de 3 km de longueur, coincée entre la mer de Lybie et les derniers contreforts sud-est des monts de Sitia. Le toponyme de la localité, « xerókampos », signifie « plaine sèche ». Cette plaine, autrefois stérile, est de nos jours cultivée grâce à l’irrigation au moyen de pompes éoliennes ; ces cultures consistent essentiellement en oliveraies. La plaine côtière s’étend entre deux profondes gorges : les gorges de Katsounaki (Φαράγγι Κατσουνάκι), au nord, et les gorges de Xérokampos (Φαράγγι του Ξερόκαμπου), au sud, qui sont prolongées par les gorges de Lamnoni (Φαράγγι Λαμνόνι), du nom du village abandonné de Lamnoni (Λαμνώνι) situé à l’entrée de ces gorges, à quelque 6 km de la côte. Au sud-ouest du village un grand promontoire s’avance dans les eaux de la mer de Lybie, le cap Trachilos (Ακρωτήριο Τράχηλας), c’est-à-dire le « cap du Cou » (τράχηλος, « cou ») ; dans le prolongement du promontoire se trouve un ensemble d’îlots, les îlots de Kavalli (Νησίδες Καβάλλοι) : Kavalos (Καβάλος), Kéfali (Κεφαλή) et Anavatis (Αναβάτης) ; dans ces îlots rocheux vivent de nombreux couples de faucons d’Éléonore (Falco eleonorae), nommés en Crète barvakis (βαρβάκι / barváki). Xérokampos se trouve à 38 km de Sitia via Zakros, situé à 9 km, et Karydi, et à 48 km par la route de Ziros, situé à 20 km, mais la durée du trajet est à peu près équivalente, environ 40 min ; en effet l’ancienne piste qui reliait Zakros à Ziros est, de nos jours, devenue une belle et large route, souvent déserte, traversant des paysages sauvages et offrant de magnifiques vues sur la côte et sur les gorges. La localité de Xérokampos est distante de 69 km d’Iérapétra, par Ziros et Lithinès, soit environ 1 h 30 de conduite. Il n’y a pas de lignes d’autocars desservant Xérokampos. Une ville antique existait déjà dans cette plaine à l’époque hellénistique et une population était encore recensée à l’époque de la domination vénitienne, mais, dès l’occupation ottomane, aucun village n’est plus mentionné à Xérokampos, ni même au début du XXe siècle. Le village compte, de nos jours, quelques dizaines d’habitants ; les quelques maisons se trouvent le long de la route, un peu en retrait de la côte, à environ 20 m au-dessus du niveau de la mer. Grâce à quelques très belles plages, Xérokampos est aussi devenue une modeste station balnéaire, d’une tranquillité absolue ; on y trouve quelques hébergements en chambres d’hôtes et en appartements de vacances, disséminées dans les oliveraies ou à l’arrière des plages ; il y a aussi deux ou trois tavernes et une supérette, mais pas de station de carburant ni de distributeur d’argent. L’attraction principale de Xérokampos est, bien sûr, la quinzaine de plages de sable blanc qui s’égrènent sur 5 km de côtes, séparées par des affleurements rocheux. Ces plages de rêve, au bout du monde crétois, sont peu fréquentées en raison de l’éloignement de la contrée ; il n’est pas difficile de trouver un coin isolé, mais, pour cette même raison, certaines de ces plages sont très appréciées par les naturistes. Ces plages aux eaux cristallines sont également idéales pour la plongée avec tuba ; elles sont protégées du vent du nord par les monts de Sitia qui leur servent de décor en arrière-plan. La plage située le plus au nord est la plage de Katsounaki qui se trouve au débouché des gorges du même nom (Φαράγγι Κατσουνάκι) ; elle est également nommée plage d’Alona (παραλία Αλώνα) ; c’est sans doute la plus belle des plages de Xérocampos, couverte d’un sable d’une blancheur étincelante. La plage d’Alona est un site protégé en raison de la présence d’une plante, le lis de mer (Pancratium maritimum), qui se développe sur les dunes et qui est menacée par la circulation de véhicules de loisir sur ces dunes ; de plus des tortues caouannes (Caretta caretta) y nidifient et il faut veiller à ne pas déranger les nids qui sont, en principe, indiqués et clôturés. Un peu au sud d’Alona, près du lit de la rivière intermittente qui coule dans les gorges, se trouve la plage de Potamos (παραλία Ποταμός), une grande plage couverte des galets charriés par la rivière. Devant les premières maisons du village, en venant de Zakros, se trouve une grande plage de sable, la plage d’Alatsolimni (Αλατσολίμνη), c’est-à-dire le « lac salé » ; entre le village et la plage se trouve en effet un petit lac salé intermittent, dont le sel était autrefois exploité ; ce lac, d’environ 3 ha de superficie, est à sec pendant les mois d’été et se couvre alors d’une croûte de sel ; le reste de l’année le lac se remplit d’eau de mer et devient une aire de repos intéressante pour les oiseaux migrateurs, dont des flamants roses ; les abords du lac sont aussi l’habitat de plantes halophiles, c’est-à-dire aimant le sel, telles que les salicornes (Salicornia species et Arthrocnemum species), et de plusieurs espèces de plantes ammophiles, c’est-à-dire aimant le sable : le lis de mer (Pancratium maritimum), le panicaut maritime (Eryngium maritimum), l’oyat (Ammophila arenaria) et l’euphorbe maritime (Euphorbia paralias). Après les plages de Limanaki et de Karavopétra, on arrive à la plage dite « centrale » (Κεντρική Παραλία), avec du sable et quelques gros rochers. Cette plage est ombragée par des tamaris et elle est aussi équipée, par les taverniers, de chaises longues et de parasols. Au sud de la plage principale on trouve quelques plages sablonneuses nichées au fond de criques isolées, avec quelques rochers à la fois sur la plage et dans la mer : la plage de Vourlia (παραλία Βουρλιά), la plage de Chiona (παραλία Χιόνα), la plage d’Argilos (παραλία Άργιλος) et la plage de Gérondolakkos (παραλία Γεροντόλακκος), c’est-à-dire la « fosse des anciens » ; l’ensemble de ces plages est désigné sous le nom de « plages d’Ampélos » (παραλία του Αμπέλου / Paralía tou Ampélou), c’est-à-dire « plages de la Vigne », car elles sont situées à proximité des ruines d’une cité hellénistique qui est considérée comme l’antique cité d’Ampélos (Άμπελος / Ámpelos). La plage d’Argilos est bordée par une falaise argileuse. Au-delà du cap Trachilas se trouve la crique de Psili Ammos (Ψιλή Άμμος), c’est-à-dire « Sable fin », avec la plage de Mazida Ammos (παραλία Μαζιδά Άμμος), ou « Grande Plage » (Μεγάλη Παραλία), la plage de Vlichada (παραλία Βλυχάδα) et la plage de Charitou Lakos (παραλία Χαρίτου Λάκος). La plage la plus méridionale de Xérokampos est la plage d’Amatos (παραλία Αμάτου), c’est-à-dire la « Plage de Sang », qui se trouve de l’autre côté de la baie de Psili Ammos ; elle est nommée ainsi à cause des terres rougeâtres qui l’environnent. Une autre attraction de Xérokampos est la randonnée dans les gorges, notamment les gorges de Katsounaki (Φαράγγι Κατσουνάκι) qui présentent des reliefs très impressionnants créés par un phénomène érosif nommé lapiaz, causé par un ruissellement des eaux de surface sur le calcaire ; on peut accéder aux gorges en prenant un chemin de terre qui part sur la gauche à l’entrée nord du village, au niveau des villas Alkionidès ; ce chemin mène aussi à la plage de Potamos. L’entrée, très impressionnante, des gorges de Xérokambos (Φαράγγι του Ξερόκαμπου) est plus facile à trouver car elle est visible depuis la route reliant Xérokampos à Ziros, après la sortie sud du village dans la région de Rousomoutsouna (Ρουσομουτσούνα). |
| Le site archéologique de Xérokampos (Αρχαιολογικός Χώρος Ξερόκαμπου / Archaiologikós chóros Xerókampou) | Au sud-ouest de la localité de Xérokampos se trouvent les ruines d’une ville antique que des archéologues pensent être la cité d’Ampélos (Άμπελος), mentionnée dans des textes et des inscriptions anciens ; une autre hypothèse est qu’il s’agirait des ruines de Stilai (Στήλες), ou Stalai (Σταλαι), ville qui avait une convention avec Praissos (Πραισός) pour lui servir de port. Le site archéologique se nomme simplement « Peuplement hellénistique de Xérokampos » (Ελληνιστικός οικισμός Ξερόκαμπου), mais les promoteurs touristiques ont opté pour Ampélos et les plages situées au pied du site se nomment « Plage d’Ampélos » (παραλία του Αμπέλου), la « Plage de la Vigne ». Cette ville antique était bâtie sur le versant nord-est d’une colline allongée de faible hauteur, environ 15 m, située à 300 m à l’arrière du cap Trachilos (Ακρωτήριο Τράχηλας), la colline nommée de nos jours Farmakokéfalo (Φαρμακοκέφαλο), le « sommet aux Remèdes ». Dans la partie sud-ouest de la colline se trouve une petite chapelle datant de 1895, la chapelle Saint-Nicolas (Άγιος Νικόλαος). La ville avait une superficie d’environ 1,2 ha et était protégée par des murs de 2,5 m d’épaisseur, faits de pierres et de mortier, qui ne subsistent que sur une hauteur d’environ 1 m. Il y aurait eu un temple antique, datant de l’époque classique, à l’emplacement de la chapelle Saint-Nicolas. D’après les découvertes faites dans les ruines, la ville fut fondée au Ve siècle avant JC mais connut l’apogée de sa prospérité à l’époque hellénistique et jusqu’à l’époque romaine, au Ier siècle avant JC. La ville vivait vraisemblablement du commerce du sel, du poisson salé et de la pourpre comme en témoigne la convention fiscale sur le partage des taxes sur ces produits avec la cité de Praissos. Les pièces de monnaie et les sceaux retrouvés dans ses ruines indiquent que ce commerce s’effectuait principalement avec d’autres villes crétoises, telles qu’Iérapytna, et avec les îles de Karpathos, de Rhodes et de Kalymnos. Les ruines de Farmakokéfalo furent reconnues dans les années 1830 par le voyageur anglais Robert Pashley puis par l’officier de marine britannique Thomas Spratt dans les années 1860, mais ce n’est que dans les années 1960 que des fouilles sérieuses furent entreprises par l’archéologue grec Nicolas Platon (Νικόλαος Πλάτων) ; des fouilles méthodiques furent menées à partir de 1984 par Nikolaos Papadakis (Νικόλαος Παπαδάκης), mettant au jour l’enceinte fortifiée, les fondations de bâtiments et de nombreux objets archéologiques, indiquant qu’il s’agissait d’une importante ville de l’époque hellénistique : objets d’art, poteries en céramique, figurines en terre cuite, pièces de monnaie, outils en pierre, poids de métier à tisser et de grandes quantités de cuivre, de plomb et de fer. Les découvertes de ces fouilles sont exposées au musée archéologique de Sitia. Visite du site archéologique de Xérokampos (Αρχαιολογικός Χώρος Ξερόκαμπου) : Accès : prendre la sortie sud du village, en direction de Ziros ; au droit de l’hébergement en chambres d’hôtes Lithos, tourner à gauche sur une petite route à revêtement qui conduit aux plages de Vourlia et de Chiona ; arrivé à une aire de stationnement en terre battue, tourner à droite en direction de la chapelle Saint-Nicolas ; après environ 100 m le chemin passe devant le site archéologique de Farmakokéfalo. |
|
| Sur la route de Ziros à la côte sud | Depuis Ziros on peut rejoindre la côte sud en prenant la direction du village d’Agia Triada (Αγία Τριάδα), la « Trinité », situé à 5 km au sud de Ziros ; dans les environs de ce village se trouvent plusieurs hameaux abandonnés : Dasonari (Δασονάρι) ; Livari (Λειβάρι), près duquel se trouve la grotte d’Alogara (Αλογαρά), habitée à l’époque minoenne ; Achladi (Αχλάδι) ; Stalos (Σταλός), avec une tombe minoenne à tholos ; Amygdali (Αμυγδάλι) ; l’île de Koufonissi (Κουφονήσι) fait également partie de cette communauté locale. La route rejoint ensuite la côte à Goudouras (Γουδουρας), où débute la route côtière du sud de la Crète. Depuis Ziros la longueur du trajet, jusqu’à la côte sud, est de 15 km. Sur la route côtière on peut visiter le monastère de Kapsa (Μονή Καψά), mais l’on est déjà dans la commune d’Iérapétra … À Pilalímata (Πιλαλήματα), un peu avant les stations balnéaires d’Analipsi (Ανάληψη) et de Makry-Gialos (Μακρύ-Γιαλός), on peut reprendre la route du nord vers Sitia, via Lithinès (Λίθινες) et Épano Épiskopí (Επάνω Επισκοπή). |
| Le village de Goudouras (Γούδουρας / Goúdouras) | Goudouras est traditionnellement un village de pêcheurs, célèbre pour la richesse de ses pêches. À cette activité traditionnelle s’est ajouté, depuis quelques décennies, la culture sous serres de légumes primeurs, tels que les tomates, dans la petite plaine côtière qui s’étend au pied des escarpements rocheux. Depuis 2004 s’est aussi installé, à 4 km à l’est du village, à l’écart de toute zone touristique, une centrale électrique thermique, la centrale d’Athérinolakkos (Αθερινόλακκος) ; cette centrale thermique au fuel, de 100 MW, permet de répondre aux pics de consommation électrique de la Crète pendant la saison touristique. Ces diverses activités ont fait que la population de Goudouras est l’une des rares populations de la région à avoir augmenter dans la période récente, attirant les habitants des villages de l’arrière-pays comme Messa Apidi (Μέσα Απίδι) et Exo Apidi (Έξω Απίδι) ; la population atteint environ 300 habitants. Goudouras se trouve à la pointe méridionale de la commune de Sitia, à 43 km du chef-lieu. Cette pointe sud est marquée par le cap de Goudouras (Άκρα Γούδουρα) ; ce cap est vraisemblablement le cap connu dans l’Antiquité sous le nom de « Erythraeum promontorium » (Ερυθραίον Άκρον) situé à proximité de la cité antique d’Érythrée (Ερυθραία, Erythraea), mentionnée par l’historien Florus dans sa narration de la conquête de la Crète par le consul romain Quintus Caecilius Metellus. La localité est aussi à l’extrémité orientale de la route côtière longue de 56 km qui débute à Myrtos, à l’ouest, et passe par Iérapétra, située à 40 km à l’ouest de Goudouras, puis par Makry-Gialos et Analipsis, où débouche la route principale reliant Sitia à la côte sud de la Crète. Pour rejoindre les villages côtiers situés plus à l’est, tels que Xérokampos et Zakros, il faut passer par l’intérieur des terres, via Ziros, à 15 km au nord-est de Goudouras. Goudouras possède une plage assez longue (παραλία Γούδουρας), mais faite de gros galets et plutôt ventée ; aussi le tourisme ne joue qu’un rôle modeste dans l’économie de la localité. À l’arrière de la plage on peut voir une petite église, l’église de l’Ascension (Αναλήψεως). Il n’y a pratiquement pas d’hébergement touristique à Goudouras, mais – port de pêche oblige – il y a une bonne taverne de poisson (ψαροταβέρνα). Même si Goudouras est le port le plus proche de l’île de Koufonissi, les excursions vers l’île partent plutôt du port de Makry-Gialos. |
| L’île de Koufonissi (Κουφονήσι / Koufonísi) | L’île de Koufonissi est une île, de nos jours inhabitée, située à environ 3,5 milles marins (6,5 km) au sud du cap de Goudouras, dans les eaux de la mer de Libye, au sud-est de la Crète. Aller à Koufonissi avec Google Maps (34.939533, 26.138565). Le toponyme de l’île, « κουφονήσι », signifie littéralement « île creuse », du grec « κούφιος », « creux », en raison des grottes percées dans les falaises de l’île. Cette île de Koufonissi ne doit pas être confondue avec les îles homonymes de Koufonissi, au pluriel Koufonissia (Κουφονήσια / Koufonísia), qui sont deux îles des Petites Cyclades Orientales (Μικρές Ανατολικές Κυκλάδες) situées au sud-est de l’île de Naxos ; pour éviter la confusion l’île crétoise est parfois nommée Koufonissi du Lassithi (Κουφονήσι Λασιθίου). Dans l’Antiquité gréco-romaine l’île était nommée Leucé (Λεύκη / Léfki), c’est-à-dire « l’Île Blanche », en raison de la blancheur de ses roches calcaires. Ce nom antique a donné son nom au canton de Lefki (Λεύκη), canton dont fait partie l’île et dont le chef-lieu est Ziros. L’île fait partie de la communauté locale d’Agia Triada, dans le sud du canton. Dans son « Histoire Naturelle - Livre IV » Pline l’Ancien mentionne l’île de Leucé (Leuce, qui devait être prononcé « lé-ou-ké ») « Reliquæ circa eam : ante Peloponnesum quæ Coricœ, totidem Mylæ ; et latere septentrionali, dextra Cretam habenti contra Cydoniam Leuce, et duæ Budroæ. Contra Matium, Dia. Contra Itanum promontorium, Onisia, Leuce ; contra Hierapytnam, Chrysa, Gaudos. Eodem tractu, Ophiussa, Butoa, Aradus; circumvectisque Criumetopon, tres Musagores appellatæ. Ante Sammonium promontorium, Phoce, Platiæ, Sirnides, Naulochos, Armedon, Zephyre. » « Autres îles autour de la Crète : au-devant du Péloponnèse, les deux îles Coryces, les deux îles Myles ; du côté du nord, en ayant la Crète à droite, en face de Cydonie, Leucé et les deux Budroa ; en face de Matium, Dia ; en face du promontoire Itanum, Onisia et Leucé ; en face de Hiérapytna, Chrysa et Gaudos ; dans le même parage, Ophiussa, Butoa, Aradus ; et, après qu’on a doublé le cap Criumétopon, les trois îles appelées Musagores ; en face du promontoire Sammonien, Phocé, Platies, Sirnides, Naulochos, Armendon, Zephyré. ». Traduction par Émile Littré, 1848. L’île de Koufonissi a vraisemblablement été habitée dès l’époque minoenne, mais c’est pendant l’Antiquité gréco-romaine que l’île a connu sa plus grande prospérité grâce à la production d’un colorant très prisé dans l’Antiquité, puis dans l’Empire byzantin, pour teindre les étoffes des vêtements des aristocrates, la pourpre (πορφύρα, purpura). La pourpre est une substance, de couleur rouge violacé, extraite d’un gastéropode marin, le murex (Murex trunculus). L’île, alors nommée Leucé (Λεύκη, Leuce), exportait sa pourpre dans tout le Bassin méditerranéen, notamment à Athènes et à Rome ; on dit que la pourpre valait son poids en argent métal massif. Leucé exportait également des éponges naturelles pêchées dans ses eaux. La richesse de l’île de Leucé fut la cause de divers conflits entre cités crétoises, notamment entre Iérapytna et Itanos qui revendiquaient toutes les deux la possession de Leucé ; en l’an 132 avant JC le Sénat de la République romaine, qui n’avait pas encore formellement conquis la Crète mais qui y exerçait une grande influence, confia l’arbitrage de ce conflit à la cité carienne de Magnésie du Méandre en Anatolie ; le texte de cet « Arbitrage des Magnésiens » a été découvert gravé sur une dalle dans les ruines de la cité d’Itanos, à laquelle l’arbitrage attribuait l’île de Leucé ; il semble cependant que la puissante Iérapytna ait continué d’occuper Leucé ; on peut voir cette dalle épigraphique scellée sur la façade de l’église du monastère du Toplou. L’île de Leucé continua d’être habitée par des pêcheurs pendant la première époque byzantine de la Crète et ne fut abandonnée qu’avec les attaques de pirates sarrasins au VIIIe siècle et l’invasion sarrasine, au IXe siècle. Koufonissi est la plus grande des îles d’un petit archipel qui comprend quatre autres îlots : Marmaro (Μάρμαρο) au nord-ouest, Makroulo (Μακρουλό) et Strongylo (Στρογγυλό) au nord, et Trachilos (Τράχηλος) au sud. Koufonissi mesure environ 2,8 km dans sa largeur est-ouest et 2,8 km dans sa largeur nord-sud, pour une superficie d’environ 4,26 km² ; son relief est plutôt plat, avec une altitude maximale est de 73 m. L’île est un site de nidification pour les faucons d’Éléonore (Falco eleonorae) et a été classée, avec les îlots alentour, comme « Zone d’Importance pour la Conservation des Oiseaux (ZICO) » ; Koufonissi est une zone Natura 2000. Ce qui attire les visiteurs sur l’île de Koufonissi ce sont principalement ses plages, au nombre total de 36. Dans le nord-est de l’île se trouve la plage d’Anermétia (παραλία Ανεμερτιά), une plage en partie sablonneuse et en partie rocheuse ; dans la partie centrale un peu d’ombre est offerte par quelques tamaris. En continuant vers l’est, on arrive à un petit bâtiment en pierre, après lequel se trouve une petite plage de sable mélangée de galets, la plage de Pigadi (παραλία Πηγάδι), c’est-à-dire la « Plage du Puits », ainsi nommée en raison de la présence de quelques puits de pierre ; un petit chemin mène à la petite chapelle Saint-Nicolas (Άγιος Νικόλαος). La côte nord-est présente ensuite une paroi rocheuse au pied de laquelle s’étend une plage de sable dur, la plage de Pérasma (παραλία Πέρασμα), c’est-à-dire la « Plage du Passage », un nom provenant de la présence d’un petit chemin, maintenant disparu, qui commençait au pied de la falaise. La côte nord-est se termine par des plages, certaines sablonneuses et certaines rocheuses, appelées Gréos (Γρέος), terme qui en langage nautique indique le vent du nord-est. Il semble donc superflu de dire que ces plages sont très souvent venteuses ; dans les premiers mètres depuis le rivage la mer est d’un bleu clair enchanteur ; la transparence de l’eau permet d’admirer les fonds marins, principalement rocheux, sans l’utilisation de masque même là où ils atteignent plusieurs mètres de profondeur. Le long de la côte sud-est, il n’y a qu’une seule plage, la plage de Prosfora (παραλία Προσφορά), la plus longue de l’île, d’environ 800 m de longueur ; large dans la zone nord-est, elle se rétrécit du côté opposé ; la plage a du sable doré, fin et compact ; les fonds rocheux sont parfaits pour ceux qui aiment la plongée en apnée. Il n’y a pas un fil d’ombre sur toute sa longueur ; le nom de la plage, qui signifie en grec « offrande », provient d’un rocher rond qui repose sur la mer et qui ressemble au pain utilisé pour la célébration pendant la liturgie orthodoxe. À l’arrière de cette plage se trouve les ruines d’un phare (Φάρος) qui fut bombardé par les Allemands pendant la Seconde Guerre mondiale. La pointe sud de l’île est constituée de falaises, d’une roche calcaire très blanche, percées de grottes marines ; elle est prolongée par l’îlot de Trochilos. La côte sud-est de l’île est plutôt courte et très découpée par de petites criques au fond desquelles se trouvent les plus belles plages de Koufonissi, notamment la plage de Chalasma (παραλία Χάλασμα) et la plage de Chiliaderfia (παραλία Χιλιαδερφιά) ; les guides d’excursions disent que, il y a de nombreuses années, le Prince Charles et Lady Diana auraient amarré leur yacht dans ces belles criques, passant des moments d’intimité et d’amour. Sur la côte ouest de Koufonissi se trouvent les plages d’Asprougas (παραλία Άσπρουγας) et d’Akritanos (παραλία Ακρίταμος), et les deux plages de Papaloukas (παραλία Παπαλούκας) qui sont séparées par un haut promontoire rocheux ; ces plages, de sable et de galets, ont des eaux d’une couleur vert pâle qui devient splendide aux abords du promontoire ; les fonds rocheux autour des rochers sont riches en faune et en flore. Le nom de ces plages, Papaloukas, est le nom crétois de la cistanque (Cistanche phelypaea), une plante à fleurs jaunes très commune autour de ces plages. Le tour des plages de l’île se termine sur la côte nord-ouest par la plage de Kamarélès (παραλία Καμαρέλες), derrière laquelle se trouvent les ruines de l’antique petite cité de Leucé. De cette antique cité gréco-romaine il reste les ruines d’un théâtre à douze gradins ; ce théâtre, qui pouvait accueillir environ 1 000 personnes, se trouve dans le sud de la plage. Dans le milieu de la plage on peut voir les fondations d’une villa romaine de huit pièces ; à l’est du théâtre les archéologues ont aussi mis au jour les ruines de ce qui était vraisemblablement des ateliers où était produite la pourpre. Au nord de la plage il y a les ruines d’un autre grand bâtiment qui abritait des bains publics, en usage entre le Ier et le IVe siècle après JC. On peut voir les vestiges de l’atrium autour duquel se trouvaient les chambres chauffées ; la découverte de deux hypocaustes, c’est-à-dire des systèmes de chauffage, distincts suggère que les bains avaient des zones distinctes pour les hommes et pour les femmes ; ce type de bains publics se nommait « balineae », différents des thermes habituels (thermae). C’étaient des spas très luxueux comme en témoignent la découverte de sols en marbre et de mosaïques murales de bonne facture ; d’autres vestiges soulignent la présence de vestiaires, de réservoirs de diaphorèse, d’un caldarium, d’un frigidarium et d’un tepidarium. Ce qui a le plus frappé les archéologues et les historiens, c’est l’aqueduc de la ville, formé par un réseau complexe de tuyaux qui transportaient l’eau de sources situées au nord vers d’autres parties de l’île ; les sources qui alimentaient cet aqueduc sont, de nos jours, taries. Le port de la ville devait se trouvait à l’avant de la plage actuelle, à l’abri de l’îlot de Marmaro ; il a été submergé de même que le reste de la cité. Toutes ces ruines sont en mauvais état et, en grande partie, enfouies sous le sable. | | Pendant la saison touristique il est possible de faire des excursions en bateau à Koufonissi depuis le port de Makry-Gialos (Μακρύ-Γιαλός), situé à 18 km au nord-ouest de l’île ; le prix de l’excursion est d’environ 25 € aller-retour par personne. Koufonissi est une île sauvage et inhabitée, il y a peu d’ombre et l’île n’abrite aucun service : il faut se munir de tout le nécessaire pour la journée : nourriture, boisson, parasol, protection solaire, masque pour la plongée et cetera. Des repas et de la boisson sont vendus sur le bateau d’excursion, avec supplément. Il ne faut rien abandonner sur l’île et emporter ses déchets ; à l’inverse il est interdit d’emporter des souvenirs, archéologiques, minéraux, végétaux ou autre. |
|
|
| |
| |
|