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Les villages d’Episkopi et d’Argyroupoli, les ruines de Lappa, le monastère de Myriokefala et le canton de Lappa en Crète

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PrésentationPrésentation

Présentation généralePrésentation générale

SituationSituation

Le canton de Lappa (Δημοτική ενότητα Λαππαίων) est le canton le plus occidental du dème de Réthymnon et de la province de Réthymnon ; le canton doit son nom à la cité antique dorienne de Lappa (Λάππα) qui se trouvait à l’emplacement du village actuel d’Argyroupoli.

Le village d’Épiskopi en Crète. Situation du canton d'Argyroupoli (auteur Pitichinaccio). Cliquer pour agrandir l'image.Le canton de Lappa est bordé à l’ouest par les cantons de Georgioupoli et d’Asi Gonia, qui font partie du dème de l’Apokoronas dans la province de La Canée ; c’est la rivière Moussélas (ποταμός Μουσελάς) qui marque la limite entre les deux dèmes et les deux provinces.

À l’est, le canton de Lappa est limitrophe du canton de Nicéphore Phokas, dont il est séparé par la rivière de Pétrès ; au sud-ouest, il est limitrophe du dème des Sfakia ; au sud, du canton du Finikas dans le dème d’Agios Vassilios.

Le village d’Épiskopi en Crète. Le mont Kato Agori près d'Argyroupoli. Cliquer pour agrandir l'image.Le sud du canton de Lappa est une région de basses montagnes, comme la colline d’Azonas (λόφος Αζώνας) (560 m) ou le mont Kato Agori (Κάτω Αγόρι) (725 m) ; entre ces deux sommets coule la rivière Moussélas, qui prend sa source entre Myriokéfala et Asi Gonia, qui reçoit une partie des eaux des sources d’Argyroupoli, qui irrigue ensuite le nord du canton et qui se jette dans le golfe de l’Almyros (κόλπος του Αλμυρού), près du village de Dramia (Δράμια), à environ 5 km à l’est de Georgioupoli, sur la côte nord de l’île ; sur les cartes de l’époque vénitienne ce fleuve était nommé « Mussela fiume ».

Le canton de Lappa comprend huit communautés locales : Argyroupoli (Αργυρούπολι) ; Archontiki (Αρχοντική) ; Vilandrédo (Βιλανδρέδο), dans le coin sud-est du canton, qui comprend aussi les villages d’Alonès (Αλώνες), d’Arolithio (Αρολίθιο) et de Rubado ou Roumpado (Ρουμπάδο) ; Épiskopi (Επισκοπή) qui comprend aussi le village de Pyrgos (Πύργος) ; Karoti (Καρωτή) ; Kato Poros (Κάτω Πόρος) ; Koufi (Κούφη ou Σγκούφη) ; Myriokéfala (Μυριοκέφαλα), avec le village de Maroulou (Μαρουλού). Le village d’Épiskopi est le chef-lieu du canton.

Le village d’Épiskopi en Crète. Carte du sentier européen E4 - Section 31 d'Argyroupoli à Moundros. Cliquer pour agrandir l'image.Le village d’Épiskopi en Crète. Carte du sentier européen E4 - Section 28 d'Alones à Agios Konstantinos. Cliquer pour agrandir l'image.

VisitesVisites

Navigateur par satelliteSur la route d’Épiskopi à Chora Sfakion
Le village d’Épiskopi en Crète. La côte nord et le golfe de l'Almyros vus depuis Argyroupoli. Cliquer pour agrandir l'image.La route provinciale d’Épiskopi à Chora Sfakion (Επαρχιακή Οδός Επισκοπής - Χώρα Σφακίων / Eparchiakí Odós Episkopís - Chóra Sfakíon) emprunte l’itinéraire traditionnel qui relie la capitale de la province de Réthymnon à la côte sud de l’île, par l’isthme qui sépare le massif des Montagnes blanches, à l’ouest, du massif montagneux du Psiloritis, à l’est.

La route provinciale remonte la vallée de la rivière Moussélas jusqu’à Argyroupoli, célèbre pour ses sources d’eau et sa fraîcheur, puis Myriokéfala et son monastère ; la route franchit la crête de l’île un peu avant Kallikratis (Καλλικράτης), par un col situé à l’altitude d’environ 830 m ; le route redescend ensuite en direction d’Imbros (Ίμπρος) et ses célèbres gorges, où elle rejoint la route provinciale de Vryssès à Chora Sfakion (Επαρχιακή Οδός Βρυσών-Χώρας Σφακίων).

Village grecLe village d’Épiskopi (Επισκοπή / Episkopí)
Le village d’Épiskopi en Crète. Une chapelle à Episkopi (auteur Tomasz Gasior). Cliquer pour agrandir l'image.Le village d’Épiskopi est une localité du nord de la Crète, située à environ 2 km de la côte nord de l’île, à un peu plus de 20 km à l’ouest de la ville de Réthymnon, par la route nationale 90 de Réthymnon à La Canée ; le village se trouve à une altitude d’environ 135 m et surplombe une plaine fertile irriguée, à l’ouest, par la rivière Moussélas et, à l’est, par la rivière de Pétrès ; entre les embouchures de ces deux fleuves la localité dispose d’une plage de sable de plus de 3 km de longueur (Παραλία Επισκοπής).

Le toponyme de la localité signifie « évêché », qui est un nom plutôt commun ; pour distinguer la localité des autres localités de ce nom il convient de préciser Épiskopi de Lappa de Réthymnon (Επισκοπή Λαππαίων Ρεθύμνης), car il y a une autre localité nommée Épiskopi dans la province de Réthymnon, mais dans le canton du Kouloukonas du dème du Mylopotamos …

La localité compte environ 600 habitants et elle est le chef-lieu d’une communauté locale (Κοινότητα Επισκοπής) et le chef-lieu du canton de Lappa.

Ville antiqueLe site archéologique de Lappa (Λάππα / Láppa)
Lappa était une cité antique, fondée par les Doriens vers le début du Ier millénaire avant JC, qui fut habitée jusqu’à la fin de la première époque byzantine ; l’emplacement de Lappa est occupé de nos jours par le village d’Argyroupoli. Comme beaucoup de cités doriennes, Lappa se trouvait en retrait de la mer, à environ 7 km de la côte nord, mais avec une acropole ayant une large vue sur la contrée et sur la côte.

Le village d’Épiskopi en Crète. Panneau de direction site de Lappa. Cliquer pour agrandir l'image.Depuis la route provinciale d’Épiskopi à Chora Sfakion, on accède à la ville basse de Lappa en bifurquant à gauche, à l’entrée du village moderne d’Argyroupoli, en direction de Kato Poros ; après 400 m on trouve sur la gauche un chemin non carrossable menant à la nécropole de Lappa, avec un panneau de direction indiquant l’Antique Lappa (Αρχαία Λάππα) ; la nécropole est à moins de 300 m. Il n’y a pas d’aire de stationnement et il faut se garer au bord de la route.

Aller au site archéologique de Lappa avec Google Maps (35.293295, 24.342480).

Selon les différents auteurs antiques qui ont mentionné la cité, elle était nommée Lappa (Λάππα), Lampa (Λάμπα), Lampai (Λάμπαι) ou Lampé (Λάμπη) ; selon Étienne de Byzance ces différents noms désignaient le même endroit. Ses habitants étaient nommés Lappaios (Λαππαῖος) ou Lampaios (Λαμπαῖος).

Le village d’Épiskopi en Crète. Drachme d'argent de la cité de Lappa à l'effigie d'Apollon entre 200 et 67 avant JC. Cliquer pour agrandir l'image.La cité de Lappa a été fondée par les Doriens vers l’époque géométrique, à peu près en même temps que d’autres cités doriennes de la périphérie du massif du Psiloritis telles qu’Eleutherna ou Oaxos ; selon Étienne de Byzance la cité aurait été fondée par Agamemnon (Ἀγαμέμνων), le roi de Mycènes, roi peut-être légendaire.

À l’époque hellénistique, entre 221 et 219 avant JC, Lappa fut l’une des cités crétoises alliées à la cité de Lyctos, ou Lyttos, dans sa guerre contre la cité de Cnossos et ses alliées (Πόλεμο της Λύττου) pour la domination de la Crète ; l’historien grec du IIe siècle avant JC Polybe (Πολύϐιος) rapporte que Lappa servit de refuge aux habitants de Lyctos quand Cnossos détruisit leur cité. Lappa fut aussi l’alliée de Philippe V de Macédoine lors de la Première Guerre crétoise (Κρητικός πόλεμος), de 205 à 200 avant JC. Malgré la défaite des Macédoniens, Lappa connut cependant son apogée à la fin de l’époque hellénistique, avec une population estimée à environ 10 000 habitants ; la cité frappait sa propre monnaie, qui portait le nom de ΛΑΠΠΑ, avec des motifs comme des dauphins et des tridents, mais aussi des dieux comme Apollon, Athéna ou Britomartis.

Le village d’Épiskopi en Crète. Statue d'Aphrodite mise au jour à Lappa. Cliquer pour agrandir l'image.En 67 avant JC, après la soumission de Cydonia, de Cnossos, de Lyctos et d’Éleutherne, les armées romaines du général Quintus Caecilius Metellus s’avancèrent vers la cité de Lappa qui fut prise d’assaut, malgré une résistance acharnée, et paraît avoir été presque entièrement détruite. En 27 avant JC, Octave (Octavius), devenu le premier empereur romain sous le nom d’Auguste (Augustus), autorisa la reconstruction de Lappa pour récompenser la cité de l’avoir soutenu contre Marc Antoine (Marcus Antonius) et Cléopâtre (Κλεοπάτρα) pendant la guerre civile romaine, en 31 avant JC ; Auguste fit construire une citerne et la cité fut reconnue « Civitas libra », avec le droit d’émettre sa propre monnaie.

Lappa prospéra jusqu’à la fin de l’époque romaine, comme en témoignent les thermes romains, les mosaïques, les inscriptions, les statues (Zeus, Aphrodite et Dionysos) et les pièces de monnaie mises au jour à Argyroupoli. Lappa frappait des pièces de monnaie avec les têtes des empereurs, dont son bienfaiteur Auguste, ainsi que Domitien et Commode ; l’une de ces pièces à l’effigie d’Auguste porte, à l’avers, l’épigraphe « ΘΕΩ ΚΑΙΣΑΡΙ ΣΕΒΑΣΤΩ » (Dieu César je te respecte) et au revers « ΛΑΠΠΑΙΩΝ » ; les pièces de monnaie de Lappa comportaient également des symboles maritimes, reflétant peut-être les territoires côtiers de la ville.

Le village d’Épiskopi en Crète. Statue de Faustina mise au jour à Lappa. Cliquer pour agrandir l'image.À l’époque de son apogée le territoire de Lappa s’étendait de la côte nord de l’île jusqu’à la côte sud ; Amphimalla (Ἀμφίμαλλα), ou Amphimalion (Ἀμφιμάλιον), situé à l’emplacement du port moderne de Georgioupoli, aurait été le port de Lappa sur la côté nord ; selon le géographe grec du Ier siècle avant JC Strabon, Phoenix ou Phoinix (Φοῖνιξ), situé aux environs du port moderne de Loutro, aurait été le port de Lappa sur la côte sud ; il pourrait cependant s’agir plutôt de Finikas (Φοίνικας), situé près de Plakias.

À l’époque de l’Empire romain d’Orient puis de l’Empire byzantin, Lappa fut le siège d’un évêché (επισκοπή της Λάππας), suffragant de l’archidiocèse de Gortyna ; les évêques de Lappa participèrent au troisième concile œcuménique à Éphèse en 431 (Γ΄ Οικουμενική Σύνοδος της Εφέσου), et au quatrième concile œcuménique à Chalcédoine en 451 (Δ΄ Οικουμενική σύνοδος της Χαλκηδόνας) ; en 787, l’évêque Épiphane participa au deuxième concile de Nicée (Δεύτερη Σύνοδος της Νικαίας). L’évêché et la cité de Lappa furent détruits en 828 par les Sarrasins musulmans.

Le village d’Épiskopi en Crète. Vestiges de la cité antique de Lappa à Argyroupoli (auteur Tomisti). Cliquer pour agrandir l'image.Les vestiges de la cité antique de Lappa sont peu nombreux et peu spectaculaires ; les bâtiments antiques ont servi de carrières de pierre pour les constructions ultérieures et leurs fondations sont ensevelis sous les maisons et les jardins du village moderne d’Argyroupoli. Les vestiges qui ont survécu datent principalement de l’époque romaine ou de l’époque byzantine ; ici ou là on peut apercevoir une colonne ou un chapiteau antique. Les vestiges les plus remarquables sont deux mosaïques de sol situées sur l’acropole ; il y a aussi, près de la place centrale, quelques murs antiques excavés, et, dans la partie basse du village, des ruines des thermes romains.

Les nombreux artefacts mis au jour lors des fouilles de Lappa se trouvent au Musée archéologique de Réthymnon. On peut notamment voir une statue en marbre d’Aphrodite du milieu du IIe siècle après JC ; Aphrodite est représentée selon une variante d’un type de statue de la fin du Ve siècle avant JC, du type Louvre ou Naples ; elle porte un chiton translucide et un himation, et pose son pied droit sur une oie, l’un de ses animaux sacrés. Une autre statue en marbre, du milieu du IIe siècle après JC, du type classique primitif d’« Aspasie », de 460 avant JC ; cette statue a été identifiée de manière variable comme l’impératrice Faustine l’Aînée, Faustine la Jeune, ou l’une de ses filles, en raison de la coiffure et des caractéristiques faciales ; cependant, il s’agit probablement d’un membre de la classe dirigeante de la Lappa romaine.

Les vestiges les plus évocateurs sont les tombes de la nécropole romaine, située dans le nord-est de la partie basse d’Argyroupoli ; cette nécropole se trouve dans la vallée d’une rivière qui borde le versant oriental du promontoire d’Argyroupoli et qui est un affluent de la rivière de Pétrès (Πετρές) ; cette nécropole comprend des centaines de tombes rupestres creusées dans la roche.

Le village d’Épiskopi en Crète. Tombe de la nécropole de Lappa à Argyroupoli. Cliquer pour agrandir l'image.Le village d’Épiskopi en Crète. Tombe de la nécropole de Lappa à Argyroupoli. Cliquer pour agrandir l'image.Le village d’Épiskopi en Crète. Tombe de la nécropole de Lappa à Argyroupoli. Cliquer pour agrandir l'image.Le village d’Épiskopi en Crète. Tombe de la nécropole de Lappa à Argyroupoli. Cliquer pour agrandir l'image.Le village d’Épiskopi en Crète. Tombe de la nécropole de Lappa à Argyroupoli. Cliquer pour agrandir l'image.
Le village d’Épiskopi en Crète. Tombe de la nécropole de Lappa à Argyroupoli. Cliquer pour agrandir l'image.Le village d’Épiskopi en Crète. Tombe de la nécropole de Lappa à Argyroupoli. Cliquer pour agrandir l'image.Le village d’Épiskopi en Crète. Tombe de la nécropole de Lappa à Argyroupoli. Cliquer pour agrandir l'image.Le village d’Épiskopi en Crète. Tombe de la nécropole de Lappa à Argyroupoli. Cliquer pour agrandir l'image.
En contrebas des tombes, on peut voir une vieille fontaine alimentée par une source qui jaillit entre les tombes de la nécropole ; les bergers y faisaient s’abreuver les troupeaux de brebis. À côté de la fontaine se dresse un imposant platane d’Orient (Platanus orientalis) qui serait âgé de plusieurs centaines d’années ; la légende locale dit même « deux fois millénaire ».
Le village d’Épiskopi en Crète. Tombe de la nécropole de Lappa à Argyroupoli. Cliquer pour agrandir l'image.Le village d’Épiskopi en Crète. Tombe de la nécropole de Lappa à Argyroupoli. Cliquer pour agrandir l'image.Le village d’Épiskopi en Crète. Fontaine et platane historique de Lappa à Argyroupoli. Cliquer pour agrandir l'image.
Église orthodoxeLa chapelle des Cinq-Vierges (Παρεκκλήσι των Πέντε Παρθένων / Parekklísi ton Pénte Parthénon)
Le village d’Épiskopi en Crète. La chapelle des Cinq-Vierges de Lappa à Argyroupoli (auteur Olaf Tausch). Cliquer pour agrandir l'image.Devant les tombes de la nécropole de Lappa a été édifiée une chapelle dédiée aux saintes Cinq-Vierges (Αγίες Πέντε Παρθένες) ; cette petite chapelle rectangulaire est en partie rupestre, creusée dans la falaise qui borde la vallée, avec une tombe romaine en forme de chambre encastrée à l’intérieur de la chapelle.

Le village d’Épiskopi en Crète. La chapelle des Cinq-Vierges de Lappa à Argyroupoli. Cliquer pour agrandir l'image dans Adobe Stock (nouvel onglet).Les cinq saintes martyres étaient cinq ascètes qui vivaient dans l’ancienne ville de Lappa ; elles vivaient de manière ascétique, selon le mode de vie des hommes et des femmes ascètes de l’Église orthodoxe, dans la zone de l’ancienne nécropole gréco-romaine, où sont conservées jusqu’à ce jour leurs cellules, cinq chambres creusées dans la roche, ainsi que leur tombe, d’où jaillit de temps à autre de l’eau bénite. Leur tombe a été recouverte par la petite chapelle construite en leur honneur par les chrétiens, il y a plusieurs siècles. De leur vivant, les cinq vierges étaient déjà considérées comme thaumaturges et avaient acquis une grande réputation : de nombreux pèlerins venaient aux grottes pour demander leur bénédiction.

Le village d’Épiskopi en Crète. La chapelle des Cinq-Vierges de Lappa à Argyroupoli. Cliquer pour agrandir l'image dans Adobe Stock (nouvel onglet).Les saintes ont été martyrisées, c’est-à-dire qu’elles ont été brutalement assassinées pour leur foi, vraisemblablement par les envahisseurs arabes de la Crète peu après 828 après JC, l’année de la destruction de Lappa. L’écrivain d’origine vénitienne Francesco Barozzi, né dans le village voisin d’Agios Konstantinos au XVIe siècle, à l’époque de la domination vénitienne, a écrit dans un livre en 1577 qu’elles furent martyrisées après la destruction de la ville, une référence qui renvoie à l’époque de l’occupation arabe.

Selon Barozzi, les noms des saintes étaient : Thècle (Θέκλα), Marthe (Μάρθα), Rhodiona (Ρωδιώνα), Mariamni (Μαριάμνη) et Aneim (Ανεείμ) ; cependant, depuis environ 150 ans, leurs noms ont été confirmés comme étant : Thècle (Θέκλα), Marthe (Μάρθα), Marie (Μαρία), Marianne (Μαριάννα) et Aithana (Αιθανά) ou Athéna (Αθηνά).

Le village d’Épiskopi en Crète. La chapelle des Cinq-Vierges de Lappa à Argyroupoli. Cliquer pour agrandir l'image dans Adobe Stock (nouvel onglet).La chapelle des Cinq-Vierges est l’un des lieux saints les plus importants pour les chrétiens de Réthymnon et est mentionnée par de nombreux écrivains grecs et étrangers, au moins depuis 1416. Il existe une autre chapelle en leur honneur, dans le village de Myli (Μύλοι) (« les moulins ») situé dans les gorges de Myli, près de Chromonastiri. Étant donné que Myli et Argyroupoli avaient tous deux d’importants moulins à eau, les saintes pouvaient être considérées comme les saintes patronnes des moulins et des meuniers. En outre, il existe de nombreux témoignages d’apparitions et de miracles de la part des cinq saintes, et un certain nombre de familles dans de nombreux villages autour d’Argyroupoli ont donné à leurs enfants les noms de certaines de ces saintes.

Le village d’Épiskopi en Crète. La chapelle des Cinq-Vierges de Lappa à Argyroupoli. Cliquer pour agrandir l'image dans Adobe Stock (nouvel onglet).La tradition veut que les saintes aient été mises à mort le Mardi Saint, c’est-à-dire le mardi de la Semaine Sainte, avant le dimanche de Pâques, mais comme les saints de l’Orthodoxie ne sont pas commémorés pendant la Semaine Sainte par respect pour la plus grande solennité de ces jours, les chrétiens honorent leur mémoire le mardi après le dimanche de Pâques ; cependant, à Argyroupoli, ces dernières années, leur commémoration a été reportée au samedi suivant le dimanche de Pâques. Les éleveurs locaux de la région amènent leurs moutons pour qu’ils soient bénis par les prêtres et, après la Divine Liturgie, ils offrent du lait et du fromage aux fidèles. En revanche, l’église de Myli continue de nos jours de commémorer les saintes le mardi après le dimanche de Pâques.

Le Mardi de Pâques a lieu l’un des plus importants pèlerinages de l’ouest de la Crète : de nombreux croyants viennent chercher de l’eau bénite à la fontaine située en contrebas de la chapelle des Cinq-Vierges, fontaine qui comprend cinq becs comme les cinq saintes vierges. Le même jour, les brebis sont bénies, puis leur lait est bouilli et offert après le service. Cet événement provoque un formidable encombrement sur la petite route de Kato Poros où se garent les grosses camionnettes des éleveurs.

Village grecLe village d’Argyroupoli (Αργυρούπολη / Argyroúpoli)
Le village d’Épiskopi en Crète. Le mont Kato Agori et la vallée de la Mousela à Argyroupoli. Cliquer pour agrandir l'image.Argyroupoli est un village situé dans l’ouest du dème et de la province de Réthymnon, à la limite avec la province de La Canée. Le village est construit sur le versant nord de la colline d’Azonas (λόφος Αζώνας) (560 m), entre 180 m et 280 m d’altitude.

Le village d’Épiskopi en Crète. La vallée de la Mousela vue depuis la ville haute d'Argyroupoli. Cliquer pour agrandir l'image.Entre la partie haute et la partie basse du village jaillissent de nombreuses sources qui se déversent dans la rivière Moussélas (ποταμός Μουσελάς) qui borde la colline du côté occidental ; la rivière se jette dans le golfe de l’Almyros à environ 5 km à l’est du village portuaire de Georgioupoli (Γεωργιούπολη) ; Argyroupoli se trouve à environ 7 km de la côté nord de la Crète, et à environ 11 km de la côte sud.

Par la route provinciale d’Épiskopi à Chora Sfakion, Argyroupoli se trouve à 5,7 km au sud d’Épiskopi et à 28 km au sud-ouest de Réthymnon.

Le village d’Argyroupoli compte un peu plus de 300 habitants et constitue l’unique localité de sa communauté locale (Κοινότητα Αργυρουπόλεως).

Argyroupoli, dont le nom officiel est Argyroupolis (Αργυρούπολις), se trouve sur l’emplacement de l’antique cité dorienne de Lappa (Λάππα) ou Lampa (Λάμπα) ; la localité a conservé ce nom jusqu’à sa destruction par les Sarrasins, au IXe siècle, en 828. Pendant la seconde époque byzantine la localité était nommée Stimpolis (Στίμπολις), une contraction de l’expression « στην πόλη » (« en ville ») ; à l’époque vénitienne la localité était nommée simplement « Polis » (Πόλις), c’est-à-dire la « Ville ». Sous l’occupation ottomane Stimpolis était nommé « Stambolköy », « köy » signifiant village ; cependant la localité était plus couramment nommée « Gaïdouropoli » (Γαϊδαρόπολις), c’est-à-dire la « ville de l’âne », de « γάιδαρος », âne, ou de « γαϊδουράκι », petit âne ou ânon ; son autre surnom était « Samaropoli » (Σαμαρόπολις), c’est-à-dire le « ville du bât », le bât (σαμάρι) étant un équipement servant à transporter des charges sur le dos des ânes notamment ; le village était vraisemblablement spécialisé dans la fabrication de bâts. C’est en 1822 qu’un nom plus gratifiant a été donné à la localité, Argyroupolis, la « ville de l’argent », de « άργυρος », « argent », et de « πόλης », « ville » en grec ancien ; l’origine de ce nom est l’existence d’une ancienne mine de galène, un sulfure de plomb argentifère, située sur une colline au sud-est de la localité. C’est le Comité révolutionnaire, qui était réuni dans le village, qui lui donna ce nom, mais comme le Soulèvement crétois de 1821 échoua, le nouveau nom ne fut officialisé qu’en 1878, quand la Crète acquit son autonomie.

Le village d’Épiskopi en Crète. Le sud de la vallée de la rivière Mousela à Argyroupoli. Cliquer pour agrandir l'image.Après la reconquête de la Crète par Nicéphore Phokas en l’an 961, la contrée de Stimpolis (Στίμπολις) devint le fief de la famille Chortatzis (οικογένειας Χορτάτση) ; cependant, sous la domination vénitienne, les Chortatzis menèrent une rébellion contre les Vénitiens en 1273, la « Révolution des Chortatzides » (επανάσταση των Χορτατζηδων), mais ils furent vaincus en 1278 et perdirent leur fief. La région d’Argyroupoli devint le fief de la famille noble vénitienne des Barozzi, qui firent édifier une église dédiée à la Panagia dans le haut du village. Au XIXe siècle, sous l’occupation ottomane, Argyroupoli prit part aux soulèvements et fut le siège de l’Assemblée générale des rebelles en 1867 ; la ville fut détruite par les Turcs en avril 1867.

Le village d’Épiskopi en Crète. La taverne Archaia Lappa à Argyroupoli. Cliquer pour agrandir l'image dans Adobe Stock (nouvel onglet).La localité d’Argyroupoli comprend deux villages : le village d’en haut (Απάνω Χωριό), où se trouvait l’acropole de la cité antique de Lappa, avec des vestiges romains, byzantins et vénitiens, et le village d’en bas (Κάτω Χωριό) irrigué par de nombreuses sources et ombragé par de nombreux arbres.

Le village d’Épiskopi en Crète. La taverne Archaia Lappa à Argyroupoli. Cliquer pour agrandir l'image dans Adobe Stock (nouvel onglet).Pour sa fraîcheur, sa verdure et ses tavernes, Argyroupoli attire en été de nombreux visiteurs amenés par les autocars des excursionnistes ; il est plus agréable de visiter le site en début ou en fin de journée.

Le village d’en bas (Κάτω Χωριό)
La partie basse du village d’Argyroupoli est située à environ 185 m d’altitude, soit une centaine de mètres plus bas que la village d’en haut. Depuis la route provinciale d’Épiskopi à Chora Sfakion, on accède au Bas-Argyroupoli en bifurquant à droite environ 100 m après la bifurcation à gauche vers les ruines de l’antique Lappa et vers Kato Poros (Κάτω Πόρος) ; on emprunte alors la route provinciale d’Argyroupoli à Asi Gonia (Επαρχιακή Οδός Αργυρούπολης-Ασή Γωνιάς) qui descend vers la vallée de la rivière Mousséla (ποταμός Μουσελάς) ; après environ 1 km on arrive à une aire de stationnement qui se trouve près des sources d’Argyroupoli et de tavernes. Après Argyroupoli la route franchit la rivière Mousséla par un pont et remonte la rive gauche de la rivière en direction d’Asi Gonia puis de Kallikratis.

Aller aux sources d’Argyroupoli avec Google Maps (35.286717, 24.332367).

Le village d’Épiskopi en Crète. Cascade des sources d'Argyroupoli. Cliquer pour agrandir l'image.Les sources d’Argyroupoli (Πηγές Αργυρούπολης) jaillissent du flanc occidental du promontoire qui est l’extension vers le nord de la colline d’Azona, entre le village d’en haut et le village d’en bas ; les eaux de ces dix sources abondantes forment des chutes d’eau, des cascades et des bassins, certains aménagés artificiellement, passent sous la route provinciale, puis vont se jeter dans la rivière Mousséla. L’endroit est ombragé et verdoyant, envahi de toutes sortes d’arbres, et constitue une oasis de fraîcheur lors des journées torrides de l’été.

Le village d’Épiskopi en Crète. Chute d'eau des sources d'Argyroupoli. Cliquer pour agrandir l'image.Les sources de Lappa étaient célèbres dès l’Antiquité et des thermes romains se trouvaient en contrebas des sources ; on peut voir les vestiges des thermes près du confluent des sources avec la rivière ; à proximité des thermes se trouve la petite église de la Présentation de la Vierge et de la Source de Vie (Εισόδια της Θεοτόκου και Ζωοδόχος Πηγής), qui se trouverait à l’emplacement d’un temple dédié à Poséidon (Ποτειδάων), dieu grec de la mer, des sources et de la fertilité, le dieu Neptune des Romains.

Le village d’Épiskopi en Crète. La chapelle d'Agia Dynami à Argyroupoli (auteur Olaf Tausch). Cliquer pour agrandir l'image.L’une des sources jaillit dans une grotte où a été construite une petite chapelle dédiée à saint Jean (Άγιος Ιωάννης), mais qui est surtout connue localement sous le nom de « Sainte Puissance » (Αγία Δύναμη), comme une action de grâce envers les sources dont la puissance permettait de faire fonctionner plusieurs moulins hydrauliques pour moudre les grains et les olives.

Le village d’Épiskopi en Crète. Vivier à poissons sur les sources d'Argyroupoli. Cliquer pour agrandir l'image dans Adobe Stock (nouvel onglet).Le village d’Épiskopi en Crète. Pont-canal sur les sources d'Argyroupoli. Cliquer pour agrandir l'image.Le village d’Épiskopi en Crète. Bassin des sources d'Argyroupoli. Cliquer pour agrandir l'image.Le village d’Épiskopi en Crète. Bassin des sources d'Argyroupoli. Cliquer pour agrandir l'image.
On peut voir des vestiges de ces moulins à eau en contrebas de la route, sur le domaine de la taverne nommée le « Vieux Moulin » (Παλιός Μύλος).

Au milieu de cette végétation luxuriante, agrémentée par le bruit des cascades, plusieurs tavernes se sont installées, qui servent des grillades et des poissons d’eau douce conservés dans des viviers ou des aquariums.

Le village d’Épiskopi en Crète. Grillade au feu de bois dans une taverne d'Argyroupoli. Cliquer pour agrandir l'image. Le village d’Épiskopi en Crète. Vivier de poisson frais dans une taverne d'Argyroupoli. Cliquer pour agrandir l'image. Le village d’Épiskopi en Crète. Poisson frais dans une taverne d'Argyroupoli. Cliquer pour agrandir l'image.Le village d’Épiskopi en Crète. Moulin décoratif dans une taverne d'Argyroupoli. Cliquer pour agrandir l'image.Le village d’Épiskopi en Crète. Moulin décoratif dans une taverne d'Argyroupoli. Cliquer pour agrandir l'image.
 Le village d’Épiskopi en Crète. Chute d'eau décorative dans une taverne d'Argyroupoli. Cliquer pour agrandir l'image.Le village d’Épiskopi en Crète. Chute d'eau décorative dans une taverne d'Argyroupoli. Cliquer pour agrandir l'image.Le village d’Épiskopi en Crète. Chute d'eau décorative dans une taverne d'Argyroupoli. Cliquer pour agrandir l'image.
Le village d’en haut (Απάνω Χωριό)
Le village d’Épiskopi en Crète. La colline d'Azona et le sud d'Argyroupoli. Cliquer pour agrandir l'image.La partie haute d’Argyroupoli correspond à l’ancienne acropole de la cité antique de Lappa ; la ville haute (Άνω Πόλη) se trouve sur la crête d’un promontoire à une altitude d’environ 280 m, dominant la partie basse du village d’environ 40 m ; le sommet du promontoire est à peu près plat et peut être visité sans efforts ; c’est un dédale de ruelles pavées bordées de maisons vénitiennes en pierre et d’églises byzantines.

Le village d’Épiskopi en Crète. L'église Saint-Jean à Argyroupoli. Cliquer pour agrandir l'image.Au milieu du village haut se trouve la place centrale, avec l’église principale d’Argyroupoli, l’église Saint-Jean, une église à deux nefs datant du XVIIe siècle. À l’est de la place, sur la gauche de l’église, on peut voir une partie du site archéologique de Lappa (Αρχαιολογικός Χώρος Λάππα).

À la pointe du promontoire se trouvent les principaux points d’intérêt, là où les classes dominantes romaines, puis vénitiennes, possédaient des domaines. Certaines des villas vénitiennes sont encore habitées ; d’autres ont servi de carrières de matériaux pour la construction des maisons du village moderne.

Le village d’Épiskopi en Crète. Le mont Kato Agori et la vallée de la Mousela à Argyroupoli. Cliquer pour agrandir l'image.Depuis la place centrale, on peut faire le tour de la pointe du promontoire en passant sous un passage ; à l’ouest du promontoire on peut voir le mont Kato Agori et la vallée de la rivière Mousella (Μουσελά). En tournant dans le sens horaire, le premier site intéressant que l’on rencontre est le sol couvert de mosaïques, très bien conservées, d’anciennes maisons de l’époque romaine.

Deux zones avec des sols en mosaïque ont été fouillées à la fin des années 1920. Les mosaïques ont été réenterrées pour des raisons de sécurité et sont restées telles quelles jusqu’en 1993, lorsque la 25e Éphorie des Antiquités Préhistoriques et Classiques a procédé à une nouvelle fouille.

Le seuil qui existe entre les deux zones suggère qu’elles communiquaient.

Le village d’Épiskopi en Crète. La partie nord de la mosaïque d'Argyroupoli. Cliquer pour agrandir l'image dans Adobe Stock (nouvel onglet).La mosaïque de la zone orientale (10) est conservée intacte et est caractérisée par une décoration géométrique de style occidental. Le fond blanc et les motifs colorés, de couleurs bleue, jaune, rouge et noire, sont faits de tesselles de pierre et utilisés dans deux sections distinctes de la mosaïque.

Le village d’Épiskopi en Crète. Légende de la mosïque de la villa romaine d'Argyroupoli. Cliquer pour agrandir l'image.La section nord de la mosaïque (1) est décorée d’un simple rouleau d’acanthe (5) et définit un côté du motif. Deux bandes, l’une à double guillochage en boucle droite (4) et l’autre plus étroite à rangée d’ogives tangentes juxtaposées (6), formant des épines, entourent le thème central de la mosaïque. Le thème central présente un médaillon au centre (2), des demi-cercles (3) et des losanges à dessin géométrique (7). Des motifs floraux (8) décorent les quatre coins de cette section.

Le village d’Épiskopi en Crète. La partie sud de la mosaïque d'Argyroupoli. Cliquer pour agrandir l'image dans Adobe Stock (nouvel onglet).La section sud de la zone orientale (9) (11) est décorée d’un motif en damier de cases noires et blanches (14). Le centre de la section sud est décoré d’une aile de moulin (13) qui est entourée d’une bande et d’une corde. L’ensemble du thème est entouré d’une spirale (12). Les murs de la zone particulière sont ciselés dans la roche naturelle et enduits d’un épais mortier hydraulique qui présente des restes de revêtement en marbre (15).

Le village d’Épiskopi en Crète. Légende de la mosïque de la villa romaine d'Argyroupoli. Cliquer pour agrandir l'image.

Le village d’Épiskopi en Crète. La partie ouest de la mosaïque d'Argyroupoli. Cliquer pour agrandir l'image dans Adobe Stock (nouvel onglet).La deuxième zone se développe vers l’ouest (16), sous la rue du village et est reliée à la première zone par un seuil. La mosaïque de cette zone présente un décor géométrique bicolore, noir sur fond blanc. Le motif décoratif montre des cercles qui forment des motifs à quatre feuilles (18) entourés de méandres à croix gammées avec des retours simples (17).

Le village d’Épiskopi en Crète. Légende de la mosïque de la villa romaine d'Argyroupoli. Cliquer pour agrandir l'image.

Légende des mosaïques :

1 : Partie nord. 2 : Médaillon au centre. 3 : Demi-cercles. 4 : Bande à double guillochage droit en boucle. 5 : Bande à simple volute d’acanthe. 6 : Bande à rangée d’ogives tangentes juxtaposées, formant des épines. 7 : Losanges de dessin géométrique. 8 : Motifs floraux à l’angle. 9 : Partie sud. 10 : La zone orientale. 11 : Partie sud de la zone orientale. 12 : Spirale. 13 : Voile de moulin entourée d’une bande et d’une corde. 14 : Motif en échiquier de cases noires et blanches. 15 : Revêtement en marbre. 16 : La zone ouest. 17 : Méandre à croix gammées à retours simples. 18 : Cercles formant des motifs à quatre feuilles.

Deux zones non fouillées sont visibles dans la partie nord du domaine.

Une partie d’une conduite d’eau est visible dans la zone ouest.

Les mosaïques sont datées du IIe siècle ou du IIIe siècle après JC ; elles comprendraient plus de 7 000 tesselles. La partie survivante du bâtiment fait référence à un complexe de bains, l’un des nombreux bains de l’antique Lappa.

Des exemples ultérieurs de sols en mosaïque d’Argyroupoli, qui représentent des jeux de chasse, ainsi que des découvertes de fouilles de l’ancienne Lappa sont exposés à l’exposition temporaire du musée archéologique de Réthymnon.

Le village d’Épiskopi en Crète. L'église Panagia des Barozzi à Argyroupoli. Cliquer pour agrandir l'image.Une cinquantaine mètres après le site des mosaïques romaines, on trouve, sur la droite de la rue, une petite église de style byzantin, entourée d’un jardin luxuriant, l’église Notre-Dame des Barozzi, la Panagia « barozzienne » (Παναγία Μπαροτσιανή), édifiée dès le XIIIe siècle par la famille Barozzi. Argyroupoli, nommé à l’époque Polis, faisait en effet partie du fief de la branche crétoise de la famille Barozzi (Οικογένεια Μπαρότση), hellénisé en « Βαρότσης », l’une des familles fondatrices de la République de Venise.

Le village d’Épiskopi en Crète. Ruelle du village d'en haut d'Argyroupoli. Cliquer pour agrandir l'image dans Adobe Stock (nouvel onglet).La Panagia barotsiani est une église à deux nefs, nefs qui sont de longueur différente, avec un narthex de chaque côté ; à l’intérieur on peut distinguer des traces de fresques.

En continuant jusqu’à la pointe du promontoire on atteint une intersection en forme de « T » ; sur la gauche, une rue descend vers le bas du village ; à droite, une rue retourne vers la place centrale en suivant le rebord oriental du promontoire.

Le village d’Épiskopi en Crète. L'église Sainte-Parascève à Argyroupoli (auteur Olaf Tausch). Cliquer pour agrandir l'image.En face de l’intersection se trouve une petite église dédiée à sainte Parascève (Αγία Παρασκευή) ; avant de pénétrer dans la cour, on peut observer la marche du perron : cette marche est rehaussée du couvercle d’un sarcophage d’enfant. Dans la cour de l’église on remarque aussi une colonne antique qui est un vestige d’une basilique paléochrétienne sur l’emplacement de laquelle l’église Sainte-Parascève a été édifiée au XXe siècle. Un peu plus bas en descendant la rue sur la gauche on peut également voir une colonne à chapiteau ionique.

Le village d’Épiskopi en Crète. Portail vénitien avec linteau à Argyroupoli. Cliquer pour agrandir l'image dans Adobe Stock (nouvel onglet).En prenant à droite, pour retourner à la place centrale, on arrive, après quelques dizaines de mètres, devant le portail d’une villa ; le linteau qui surmonte ce portail porte une inscription : « OMNIA MUNDI FUMUS ET U[MBRA] » (« Tout en ce monde n’est que fumée et ombre ») ; en réalité la fin de la phrase, gravée sur trois pierres assemblées, est masquée par le chapiteau d’un pilastre.

Ce linteau est, bien sûr, un remploi provenant d’une autre construction : il se trouve que la devise en question est l’une des deux devises de la famille noble vénitienne des Da Molin, ou Damolino, qui possédait un fief et un château à Alikianos dans le canton actuel des Kéramia (Κεραμιά) (« les Poteries »), à 12 km au sud-ouest de La Canée, à 42 km à l’ouest d’Argyroupoli ; la porte principale du donjon du château portait cette devise. Lors du soulèvement dit de Kantanoléos, en 1527, le château et la tour furent en grande partie détruits dans des circonstances rocambolesques qui sont connues, dans l’histoire de la Crète, comme les « Noces sanglantes ».

On ignore si le linteau d’Argyroupoli est le linteau de la tour détruite d’Alikianos, ou si les Da Molin possédaient une villa à Argyroupoli.

À côté de la porte de la villa d’Argyroupoli, un écriteau rappelle ces événements :

« Il y a environ cinq siècles, la belle princesse vénitienne Sofia Da Molin, fille du seigneur féodal local Francesco da Molin, était fiancée à Pétros (Πέτρος Καντανολέος), fils du rebelle crétois Georgios Kantanoléos (Γεώργος Καντανολέος). Ce mariage avait lieu à l’initiative de la famille Kantanoléos et avait pour but de réconcilier les deux camps ennemis.
Mais Francesco da Molin considéra cela comme une excellente occasion de se débarrasser définitivement de ses adversaires une fois pour toutes. Lors du grand festin qui suivit le mariage, il s’assura que Kantanoléos et ses trois cents hommes étaient tellement ivres qu’ils s’effondrent ivres. Il donna alors un signal convenu pour qu’une armée vénitienne de deux mille hommes arrive soudainement de La Canée. Ils capturèrent les rebelles et, les jours suivants, les pendirent dans les rues et dans les villages autour de La Canée, en guise d’avertissement et de menace pour la population locale. Après cela, les Crétois apprirent bien leur leçon : si tu veux être un rebelle, oublie les mariages et reste caché dans les forêts ! … Sur l’une des pierres qui se trouvait sur le linteau de l’entrée principale de la forteresse Da Molin, la morale de cette sombre histoire était gravée, une morale qui peut facilement s’appliquer à l’humanité en général :
OMNIA MUNDI FUMUS ET UMBRA

(Tout dans le monde n’est que fumée et ombre) »

Monastère orthodoxeLe monastère de Myriokéfala (Ιερά Μονή Μυριοκεφάλων / Ierá Moní Myriokefálon)
L’ancien monastère de Myriokéfala est, de nos jours, désaffecté mais son catholicon demeure un des principaux lieux de pèlerinage de la province de Réthymnon.

Le village d’Épiskopi en Crète. La vallée de la rivière Mouselas vue depuis Myriokefala. Cliquer pour agrandir l'image.L’ancien monastère se trouvait au centre du petit village de Myriokéfala qui compte encore plus de 250 habitants et qui est le chef-lieu d’une communauté locale (Κοινότητα Μυριοκεφάλων) qui comprend aussi le village de Maroulou (Μαρουλού), situé à environ 1,5 km au nord de Myriokéfala. Le toponyme du village « Μυριοκέφαλα » signifie littéralement « 10 000 collines », une myriade de collines ; la localité est en effet située, à environ 500 m d’altitude, dans une zone de collines, sur les pentes nord du mont Kakavès (Κακάβες) (1 258 m), un des sommets du nord-ouest du massif du Kryonéritis (Κρυονερίτης) (1 310 m) ; le village de Myriokéfala surplombe la vallée de la rivière Moussélas et le village d’Asi Gonia, à environ 3 km au nord-ouest, en ligne droite, mais à près de 15 km par la route, de l’autre côté de la vallée. Myriokéfala est à 7 km au sud-ouest d’Argyroupoli et à 35 km au sud-ouest de Réthymnon.

Aller au monastère de Myriokéfala avec Google Maps (35.254782, 24.302177).

Le village d’Épiskopi en Crète. Le monastère de Myriokefala. Cliquer pour agrandir l'image dans Adobe Stock (nouvel onglet).Le monastère de Myriokéfala a été fondé au début du XIe siècle, vers l’an 1020, c’est-à-dire un peu plus de cinquante ans après la reconquête de la Crète par Nicéphore Phokas ; c’est l’un des plus anciens monastères de Crète, représentatif de l’architecture religieuse de l’époque byzantine médiane. Le fondateur du monastère était le moine Jean l’Étranger (Ιωάννης ο Ξένος), dit Jean l’Ermite (Ιωάννης ο Ερημίτης), un moine érudit qui fonda neuf monastères dans les nomes de La Canée et de Réthymnon, notamment le monastère des 99 Saints Pères (Μονή των 99 Αγίων Πατέρων) à Azogyrès (Αζογυρές) près de Paléochora et le monastère de Katholiko (Καθολικό) (Μονή Καθολικού) dans la presqu’île d’Akrotiri près de La Canée. Jean l’Étranger, né à Syia (Συΐα), de nos jours Sougia, vers l’an 970, mourut vers l’an 1027 au monastère de Gouvernéto ; il fut déclaré Bienheureux (ὅσιος) (Οσιος Ιωάννης ο Ξένος).

Le village d’Épiskopi en Crète. Le monastère de Myriokefala. Cliquer pour agrandir l'image dans Adobe Stock (nouvel onglet).Selon une pieuse légende le moine Jean l’Étranger aurait découvert dans la campagne, dans un buisson, une icône de la Vierge qui lui dit « Je suis ici » ; le moine décida de lui construire un monastère, le monastère de Myriokéfala ; c’est la raison pour laquelle le monastère est aussi nommé monastère de la Panagia Antiphonitria (Παναγία Αντιφωνήτρια), c’est-à-dire la « Vierge qui répond ».

Le monastère de Myriokéfala perdit de son importance pendant la domination vénitienne, au profit du monastère du Prophète Élie à Roustika, puis il déclina sous l’occupation ottomane ; le monastère fut désaffecté au début du XXe siècle, mais son pèlerinage reste toujours vivace jusqu’à nos jours.

Le village d’Épiskopi en Crète. Plan de l'église du monastère de Myriokefala. Cliquer pour agrandir l'image.Le catholicon du monastère de Myriokéfala date du début du XIe siècle, mais les bâtiments qui l’entourent datent des XVIIIe et XIXe siècles. Le catholicon était à l’origine un édifice carré, en forme de croix libre, surmonté d’un dôme cylindrique à huit fenêtres surmontées de doubles arcs en plein cintre. L’abside est éclairée par une fenêtre surmontée de trois arcs en plein cintre. L’église est bâtie en moellons de pierres calcaires. Au XIVe siècle, l’aile occidentale de l’édifice fut étendue vers l’ouest, donnant à l’ensemble un aspect de croix latine, avec un clocher-mur au-dessus de la nouvelle entrée ; le mur occidental d’origine dut être démoli à cette occasion.

Le village d’Épiskopi en Crète. Le monastère de Myriokefala. Cliquer pour agrandir l'image dans Adobe Stock (nouvel onglet).Le catholicon est dédié à la Nativité de la Vierge (Γενέσιο της Θεοτόκου), fêtée le 8 septembre ; le catholicon fait office d’église paroissiale du village de Myriokéfala.

Le village d’Épiskopi en Crète. Nef de l'église du monastère de Myriokefala (auteur C. Messier). Cliquer pour agrandir l'image.L’intérieur de l’église était décoré de fresques qui ont été restaurées et dont trois couches distinctes ont été identifiées ; les deux premières couches sont de pur style byzantin ; malgré leurs particularités, elles présentent les caractéristiques de l’art de l’époque des Comnènes et, de ce fait, sont associées aux fresques des églises de Constantinople, de Macédoine et de Chypre : les influences de la capitale sur l’architecture et la peinture ecclésiastiques sont évidentes et domineront jusqu’à ce que les Vénitiens prennent le relais dans la première moitié du XIIIe siècle. Les contours nets et couleurs claires dominent toutes ces fresques ; les peintres n’ont pas copié les motifs des époques antérieures et ont ajouté des détails supplémentaires aux représentations peintes ; il s’agissait de peintres archaïsants, même si les particularités de leurs fresques semblent en faire des précurseurs du courant artistique qui apparut à Constantinople aux XVe et XVIe siècles et connu sous le nom d’École crétoise :

  • Le village d’Épiskopi en Crète. Coupole de l'église du monastère de Myriokefala (auteur C. Messier). Cliquer pour agrandir l'image.la première couche de fresques remonte à l’époque de la construction de l’église, au XIe siècle ; ces fresques les plus anciennes se trouvent principalement sur la coupole du dôme, illustrant le Pantocrator (Παντοκράτωρ) en pied, assis sur le trône, sur fond d’arc-en-ciel ; sur le tambour de la coupole, au-dessous du Pantocrator, se trouve la représentation de la Sainte Vierge, parmi des personnages bibliques (Moïse, David, Salomon, deux anges et les quatre prophètes majeurs) ; cette représentation du Pantocrator est d’une importance capitale pour l’histoire de l’art. Dans les branches de la croix, les fresques des évangélistes Matthieu et Marc, avec des évangiles ouverts, ainsi que les saints Nicolas et Georges dans les petites niches des branches, appartiennent aussi à cette première couche de fresques.
  • la deuxième couche de fresques date de la fin du XIIe siècle ou du début du XIIIe siècle ; ces fresques paraissent de moins bonne facture. Sur la voûte de l’abside du bêma, on trouve une fresque des « Hiérarques concélébrant » (Συλλειτουργούντες Ιεράρχες) célèbrent la liturgie ; quatre scènes de la Passion sont représentées dans le bras occidental de la croix : la « Trahison » de Judas (Προδοσία), l’« Entrée à Jérusalem », le Dimanche des Rameaux, ou « Vaïoforos » (Βαϊοφόρος) (de βάϊς, palme), la « Mise au tombeau » (Ενταφιασμός), et la « Descente aux Enfers » (Εις Άδου Κάθοδο). Malgré quelques éléments de populisme que l’on observe, cette couche de fresques confirme le caractère universel de l’art de l’époque des Comnènes, qui avait également prévalu en Crète au cours du XIIe siècle.
  • la troisième couche, plus tardive, date du XIVe siècle ; dans les absides aveugles du narthex, cette couche représente la « Dormition de la Vierge » (Κοίμηση της Παναγίας) et la « Déisis » (Δέησις), œuvres typiques du niveau populaire de la seconde moitié du XIVe siècle.

Le village d’Épiskopi en Crète. Le monastère de Myriokefala. Cliquer pour agrandir l'image dans Adobe Stock (nouvel onglet).Ces décorations montrent que la Crète, après 126 ans de domination musulmane a su retrouver très rapidement la tradition byzantine et si facilement rattacher son art à l’art byzantin.

Le moine Jean l’Étranger avait rapporté de Constantinople tous les accessoires ecclésiastiques pour équiper le monastère de Myriokéfala, mais rien ne subsiste de ces objets. Le petit musée du monastère présente une icône miraculeuse de la Vierge, mais qui date du XVIIIe siècle et n’est pas l’icône originelle de la Vierge Antiphonitria, et quelques objets sacerdotaux.

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