| Les villages de Gonia, de Valsamonero, de Roustika et de Moundros, la grotte de Gerani, le château de Bonriparo et le canton de Nikiforos Fokas en Crète | |
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| Le canton de Nicéphore Phokas (Δημοτική ενότητα Νικηφόρου Φωκά) est situé dans l’ouest du dème de Réthymnon et dans le coin nord-ouest de la province de Réthymnon. Le canton doit son nom au nom du libérateur de la Crète de l’occupation sarrasine, en 961, et qui deviendra empereur de l’Empire byzantin sous le nom de Nicéphore II Phocas (Νικηφόρος Β΄ Φωκάς), de 963 à 969. Le canton se trouve dans la plaine sédimentaire de Réthymnon et ne comprend pas de hautes ou de moyennes montagnes ; cependant, le nord du canton est occupé par une colline, la colline de Gérani, qui est constituée de phyllites-quartzites et qui apparaît comme un îlot de faible hauteur – environ 367 m – émergeant de la plaine ; la colline de Gérani est bordée par la rivière de Gérani à l’est et par la rivière de Pétrès à l’ouest ; la rivière de Pétrès draine l’arrière-pays du canton, dans la région de Roustika, où elle est nommée ruisseau de Kaminia (ρέμα Καμίνια), puis elle traverse les gorges de Pétrès (φαράγγι Πετρέ) avant de se jeter dans la mer de Crète sur la plage de Pétrès (παραλία Πετρέ), près du village côtier de Pétrès (Πέτρες) ; le nom de la localité signifie « les Pierres ». Dans l’ensemble, la contrée présente un charme bucolique, mais est plutôt ignorée par le tourisme de masse, sans doute à cause de sa côte rocheuse dépourvue de longues plages de sable. La rivière de Pétrès marque la limite entre le canton de Nicéphore Phokas et le canton de Lappa. À l’est, le canton de Nicéphore Phokas est limitrophe du canton de Réthymnon ; au sud, le canton est limitrophe du canton de Finikas, dans le dème d’Agios Vassilios. Sous la domination vénitienne, une partie de la contrée fut le fief de la branche crétoise de la famille Barozzi (Μπαρότση), hellénisé en « Βαρότσης », qui possédait aussi l’île de Santorin. La famille Barozzi était l’une des familles fondatrices de la République de Venise. Giacomo ou Iacopo I Barozzi fut duc de Candie de 1244 à 1245 ; Iacopo II Barozzi fut duc de Candie de 1300 à 1301. La famille Barozzi possédait un palais à Agios Konstantinos (Άγιος Κωνσταντίνος, San Costantino), dont il ne reste rien (palazzo dei Barozzi) ; à Argyroupoli il existe une église byzantine nommée Panagia de Barozzi (Παναγία Μπαροτσιανή), témoignage des 200 ans d’influence de la famille sur l’île de Crète. Le canton de Nikiforos Fokas comprend quinze communautés locales : Agios Konstantinos (Άγιος Κωνσταντίνος), avec le village d’Agios Georgios (Άγιος Γεώργιος) ; Ano Valsamonéro (Άνω Βαλσαμόνερο) ; Atsipopoulo (Ατσιπόπουλο), avec les villages d’Agna (Αγνά), de Violi Charaki (Βιολί Χαράκι) et de Panorama (Πανόραμα) ; Frantzeskiana Métochia (Φραντζεσκιανά Μετόχια) ; Gérani (Γεράνι), avec le village de Pétrès (Πετρές) ; Gonia (Γωνιά), avec le village d’Agios Andréas (Άγιος Ανδρέας) ; Kalonyktis (Καλονύκτης) ; Kato Valsamonéro (Κάτω Βαλσαμόνερο), avec le village de Monopari (Μονοπάρι) et le château de Bonriparo ; Malaki (Μαλάκι), avec les villages d’Ano Malaki (Άνω Μαλάκι) et de Kato Malaki (Κάτω Μαλάκι) ; Moundros (Μούντρος), avec le village de Vélonado (Βελονάδο) ; Prinès (Πρινές) avec le village de Védéri (Βεδέροι) ; Roustika (Ρούστικα), avec le village de Palailimnos (Παλαίλιμνος) ; Saïtourès (Σαϊτούρες) et Zouridi (Ζουρίδι). |
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| Sur la route nationale de Réthymnon à La Canée | La route nationale de Réthymnon à La Canée (Εθνική Οδός Ρεθύμνου - Χανίων) suit la côte nord du canton de Nicéphore Phokas à faible distance ; contrairement à l’ancienne route nationale qui contourne la colline de Gérani, la nouvelle route nationale est construite en corniche sur le versant nord de la colline, sur environ 3,5 km, entre Gérani et Pétrès (Πέτρες), où elle franchit par des ponts les rivières de Gérani et de Pétrès. À Gérani on peut quitter brièvement la route nationale pour voir l’emplacement de la grotte de Gérani, mais cette grotte ne se visite pas. À Pétrès se trouvent deux petites plages de sable, situées de part et d’autre de l’embouchure de la rivière, avec une petite chapelle et une buvette de plage. Après Pétrès, la route atteint Épiskopi dans le canton de Lappa. |
| La grotte de Gérani (Σπήλαιο Γερανίου / Spílaio Geraníou) | La grotte de Gérani est une des grottes les plus importantes de Crète du point de vue archéologique, même si son attraction touristique est modeste. La grotte est située à moins de 6 km, en ligne droite, à l’ouest de la vieille ville de Réthymnon et à moins d’1 km au nord-nord-est du village de Gérani (Γεράνι) ; la grotte se trouve au fond d’une crique créée par la rivière de Gérani, près de l’embouchure de cette rivière. De nos jours la grotte se trouve en contrebas de la route nationale 90 qui relie Réthymnon à La Canée, près du pont routier où la route nationale franchit la rivière de Gérani (Γέφυρα Γερανίου). On peut y accéder en empruntant la bretelle routière qui quitte la route nationale en direction du village de Gérani. Aller à la grotte de Gérani avec Google Maps (35.358744, 24.407664). La grotte se trouve sur la zone de contact entre la colline de phylitte-quartzite de Gérani et les couches sédimentaires de la plaine de Réthymnon. La grotte de Gérani fut découverte, le 15 mars 1969, lors des travaux publics de construction de la bretelle routière de Gérani ; les travaux de dynamitage ont créé une entrée artificielle dans la grotte, l’entrée naturelle ayant été obstruée par des rochers au milieu de l’époque néolithique, vraisemblablement par un tremblement de terre. La grotte comprend six salles pour une superficie totale de 1 200 m² ; cinq des salles sont alignées vers la profondeur des roches, sur une cinquantaine de mètres ; les salles sont séparées par de grandes stalactites, stalagmites et colonnes ; la sixième salle se trouve à gauche de la première salle et correspond à l’entrée naturelle de la grotte, obstruée par des rochers éboulés. Les plafonds des salles sont couverts de nombreuses concrétions blanchâtres, mais qui n’ont rien d’exceptionnel. Les découvertes archéologiques les plus anciennes sont des fossiles de squelettes, datant de la fin de l’époque du Pléistocène, d’une centaine de cervidés endémiques de deux espèces distinctes : le cerf de Crète (Candiacervus ropalophorus) et une espèce naine de cerf géant (Megaloceros cretensis ou Megaceros cretensis). Des ustensiles et des outils, en os, en pierre ou en céramique, datant du milieu de l’époque néolithique, ont été mis au jour : des aiguilles, des poinçons et des ciseaux en os, des petites haches et des petits marteaux en pierre, des récipients en pierre ou en terre cuite et cetera. Trois squelettes humains ont également été mis au jour ; il s’agit vraisemblablement d’humains qui ont été piégés dans la grotte lord d’un tremblement de terre qui se serait produit vers 4 500 avant JC. Les archéologues n’ont pas découvert d’objets datant de la fin de l’époque néolithique ni de l’époque minoenne. La plupart de ces artefacts sont exposés au Musée archéologique de Réthymnon, quelques-uns au Musée archéologique d’Héraklion. La grotte de Gérani est encore l’objet de fouilles archéologiques et n’est pas ouverte à la visite. L’entrée de la grotte est fermée par une porte de fer verrouillée. La zone de la grotte de Gérani n’est d’ailleurs pas plaisante à visiter, étant située en contrebas de la route nationale bruyante ; il y a cependant une petite plage rocheuse au fond de la crique, la plage de Kamari (Παραλία Καμάρι), plutôt fréquentée, et une petite église, la Panagia « La Kamariani » (Παναγία « Η Καμαριανή »), ainsi qu’une taverne. |
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| Sur l’ancienne route nationale de Réthymnon à La Canée | À la sortie sud-ouest de Réthymnon, l’ancienne route nationale 90 (EO90), de La Canée à Réthymnon (Παλαιά Εθνική Οδός Χανίων - Ρεθύμνου), s’écarte de la côte pour contourner par l’arrière-pays la colline de Gérani. La première localité rencontrée est le village d’Atsitopoulo (Ατσιπόπουλο), qui est devenu une banlieue de Réthymnon mais qui est entouré d’une forêt de chênes vélani (Quercus ithaburensis subspecies macrolepis), forêt qui est unique en Crète ; cette essence de chêne est nommée en grec « chêne domestiqué » (ήμερη βελανιδιά ou ήμερη βαλανιδιά), ce qui a donné le nom spécifique en français de cette essence de chêne « vélani » ; ces chênes étaient cultivés pour leur bois très dur et le tanin extrait de leurs cupules et de leurs glands ; cette forêt a assuré la prospérité du village jusque dans les années 1960. L’ancienne EO90 continue vers Gonia et Agios Andréas, où l’on peut bifurquer à droite vers Kato Valsamonéro ou, à gauche, vers Ano Valsamonéro (Άνω Βαλσαμόνερο) et Monopari ; 2,5 km après Gonia, un embranchement part sur la gauche en direction du sud du canton, la route provinciale de Kalinyktis à Saïtourès. L’ancienne route nationale continue tout droit vers l’ouest en direction de la vallée de la rivière de Pétrès (Πέτρες) et vers Épiskopi (Επισκοπή), dans le canton de Lappa, d’où la côte redevient visible. |
| Le village de Gonia (Γωνιά / Goniá) | Le village de Gonia se trouve à environ 11 km au sud-ouest de la ville de Réthymnon, par l’ancienne route nationale, et à environ 220 m d’altitude. Gonia est une localité d’environ 350 habitants qui est le chef-lieu du canton de Nicéphore Phocas. La communauté locale de Gonia (Κοινότητα Γωνιάς) comprend aussi la localité d’Agios Andréas (Άγιος Ανδρέας), située à seulement 300 m au sud-ouest de Gonia et où se trouvait la mairie de l’ancien dème de Nicéphore Phocas. Le toponyme Gonia est très commun et signifie « coin, angle » ; il désigne souvent des localités coincées entre deux collines. Pour distinguer Gonia de la localité d’Asi Gonia (Ασή Γωνιά) ou du monastère de Gonia, près de Kolymvari, le village est parfois nommé Mikri Gonia (Μικρή Γωνιά) ou Miki Gonia (Μική Γωνιά en dialecte crétois), ce qui signifie « petit coin » … Sous l’occupation ottomane Gonia était le seul village des environs à être principalement peuplé de chrétiens, contrairement aux villages d’Agios Andréas, d’Ano Valsamonéro, de Kato Valsamonéro et de Monopari ; Gonia fut incendié par les Turcs à trois reprises en 1770, en 1821 et en 1866. |
| Le village de Kato Valsamonéro (Κάτω Βαλσαμόνερο / Káto Valsamónero) | À la sortie sud de Gonia une route bifurque sur la droite de l’ancienne route nationale en direction de Kato Valsamonéro ; après environ 2,5 km, on atteint le village qui est situé à 16 km de Réthymnon, à environ 250 m d’altitude. Kato Valsamonéro est une localité de moins de 200 habitants. Aller au village de Kato Varsamonéro avec Google Maps (35.325298, 24.391050). Le toponyme Valsamonéro (Βαλσαμόνερο) ou Varsamonéro (Βαρσαμόνερο) dérive de « βάλσαμο » ou « βάρσαμο », le nom grec de la plante nommée millepertuis perforé (Hypericum perforatum), une plante médicinale aromatique, fréquente dans la région, contenant des huiles essentielles, dont le nom grec « balsamo » a donné le mot français « baume ». À Kato Valsamonéro on peut visiter l’église dédiée à saint Jean Chrysostome (Άγιος Iωάννης ο Χρυσόστομος) (« saint Jean Bouche d’Or »), située dans le coin sud-est du village, près de l’entrée du village en venant de Gonia. L’église d’Agios Ioannis Chrysostomos abrite des fresques plutôt bien conservées, qui dateraient du début du XIVe siècle et du début du XVe siècle ; parmi les fresques figurent notamment la Transfiguration (Μεταμόρφωση), la Nativité (Γέννηση), les Porteurs de Myrrhe (Μυροφόρες), le Massacre des Innocents (Σφαγή των Αθώων), ainsi que les Châtiments de l’Enfer (Τοιχογραφίες της Κόλασης). |
| Les ruines du château de Bonriparo (Κάστρο Μπονριπάρο / Kástro Bonripáro) | Le Castel Bonriparo fut, sous la domination vénitienne de la Crète, le siège d’une châtellenie située au sud-ouest de Rettimo. Les rares vestiges du château de Bonriparo se trouvent à environ 1 km au sud-est du village de Monopari (Μονοπάρι), dont le nom est une corruption du nom du château. Le village de Monopari compte une trentaine d’habitants et fait partie de la communauté locale d’Ano Valsamonéro (Άνω Βαλσαμόνερο), ou Varsamonéro (Βαρσαμόνερο) ; la localité est située à 16,5 km au sud-ouest de Réthymnon, via Gonia, sur la route entre Ano Valsamonéro et Kato Malaki (Κάτω Μαλάκι). La contrée est très peu exploitée, sur le plan touristique, bien qu’elle présente un charme bucolique certain, avec de nombreux chemins qui parcourent la campagne. Le château se trouve à moins d’1 km au sud-est du village de Monopari, au sommet d’une colline qui culmine à environ 400 m d’altitude, dénommée Kastello (Καστέλο) ou Kastelli (Καστέλι) ; à la sortie sud du village, environ 50 m après l’église du village, un chemin d’exploitation agricole prend sur la gauche en direction de l’est ; à la première bifurcation, prendre la branche de gauche qui mène à la forteresse. On accède aux ruines par le versant nord, moins escarpé et aménagé en terrasses de culture. Il est aussi possible de s’approcher de la forteresse depuis le village de Kastellos (Κάστελλος), situé à environ 1 km au nord-ouest d’Arméni, en suivant l’itinéraire de la section du sentier européen de randonnée E4 ; avant d’atteindre Monopari, le sentier passe au nord de la forteresse. Aller aux ruines du château de Bonriparo avec Google Maps (35.290475, 24.432482). Le nom du Castel Bonriparo (Καστέλλι Μπονριπάρο) signifie, en italien, le château « Bon refuge », « Bon abri » ; le château est parfois aussi nommé Castel Belriparo, le château « Beau refuge », ou encore « forteresse de Monopari » (Φρούριο του Μονοπαρίου), du nom du village voisin, Monopari (Μονοπάρι). Cette fortification a été construite à l’origine, semble-t-il, à la fin de la seconde époque byzantine de la Crète, vers 1185, par la famille des Mélissènes (Μελισσηνοί), l’une des douze familles nobles byzantines qui s’étaient vues attribuées un fief en Crète après la reconquête de l’île par Nicéphore Phocas ; la fortification est parfois nommée le « Tour des Mélissènes » (πύργος των Μελισσηνών). Lorsque le comte de Malte et pirate génois Enrico Pescatore (Ενρίκο Πεσκατόρε) s’empara de la Crète en 1206 pour le compte de la République de Gênes, avant que la République de Venise – qui avait acheté l’île après la Quatrième croisade – en prit possession, il construisit ou restaura une quinzaine de châteaux byzantins pour assurer la défense de l’île. Pescatore restaura et, peut-être, fit agrandir la Tour des Mélissènes, qu’il nomma Castel Bonriparo. Lorsque les Vénitiens reprirent la Crète à Enrico Pescatore, en 1211, la plupart des châteaux de Pescatore devinrent les sièges de châtellenies vénitiennes (Καστελλανία) qui formaient un réseau contrôlant du territoire de l’île ; le Castel Bonriparo devint le siège de la châtellenie de Bonriparo (Castellania di Bonriparo) qui contrôla la contrée de Réthymnon jusqu’à l’instauration du rectorat de Réthymnon (rettorato di Rettimo). Cependant les Vénitiens durent affronter des révoltes de la noblesse byzantine pendant plusieurs décennies, le premier duc de Candie étant Giacomo Tiepolo, de 1212 à 1216 ; le Castel Bonriparo prit une part importante dans ces événements historiques. En 1217, 1222 et 1230 eurent lieu les soulèvements des « Deux Syvritos » (επανάσταση των Δύο Συβρίτων) qui opposèrent le nouveau pouvoir vénitien aux familles seigneuriales byzantines des Skordilis (Σκορδίλης) et des Melissène (Μελισσηνός), seigneurs de la province d’Amari, le Syvritos d’en Haut (Άνω Σύβριτος), et de la province de Saint-Basile, le Syvritos d’en Bas (Κάτω Σύβριτος), ainsi que d’autres familles byzantines. Le conflit fut déclenché par le châtelain vénitien de Bonriparo, Pietro Filicanevo (Πέτρος Φιλικανέβος) qui aurait volé du bétail à la famille Skordilis ; les soulèvements prirent fin en 1236 quand le duc de Candie accorda des fiefs aux familles byzantines. Le Castel Bonriparo paraît avoir encore été en activité à la fin du XVIe siècle ; dans le recensement vénitien de 1583 par Pietro Castrofilaca (Πέτρος Καστροφύλακας), les quelque 200 habitants du village de Monopari sont mentionnés comme étant des artisans travaillant pour les besoins de la forteresse. Près de trois siècles plus tard la forteresse était à l’état de ruine quand l’amiral et voyageur anglais Thomas Spratt visita la région et fit un croquis des ruines pour son ouvrage « Travels and Researches in Crete », en 1865. Près de 40 ans plus tard, en 1903, l’historien italien Giuseppe Gerola visita les ruines et en fit une description détaillée, illustrée de photographies, dans son ouvrage en trois volumes, publiés entre 1905 et 1932, « Monumenti Veneti nell’Isola di Creta » : « Il est situé dans une région montagneuse et est séparé des collines environnantes par une vallée profonde, dans laquelle coule un ruisseau qui le contourne, sauf vers le nord, où une selle le sépare des collines adjacentes. Partout en forte pente, la partie supérieure est constituée de rochers à pic, sauf vers le nord, où s’étendent les puissantes fortifications : l’ensemble a ainsi la forme d’un triangle dont deux côtés sont formés par la défense naturelle, le troisième par les travaux de fortification. En contrebas se trouve un premier mur extérieur (A) d’un côté à l’autre de la colline (en grande partie ruiné vers l’intérieur et donc visible uniquement du dessous), qui se prolonge par un petit éperon là où passe le chemin d’accès. Le mur le plus intérieur se détache des roches orientales et, après un court arc, commence à entourer le côté nord : c’est un mur en sac d’une épaisseur totale de 2 m. Après une trentaine de mètres se trouve la première tour (B) à laquelle on accédait naturellement de l’intérieur, où se trouvent aujourd’hui des ruines ; à l’intérieur, la partie nord est plus haute que celle du sud : à l’est il y a une meurtrière. La courtine qui suit - d’environ 24 m de longueur - est constitué d’un mur solide, d’une épaisseur de 1,35 m. On arrive ensuite sur la deuxième tour (C), vraisemblablement la plus grande et la plus solide de toutes. Son rez-de-chaussée est désormais encombré de matériaux tombés, qui ont également brisé la séparation entre celui-ci et l’étage supérieur, déjà constitué de poutres : cet étage était cependant en partie remblayé dès l’origine. La partie supérieure, cependant, s’élève au même niveau que le terrain intérieur du château, et on y accédait probablement du côté sud au moyen d’une porte : cette partie, cependant, est aujourd’hui ruinée ; le toit était voûté en berceau - dont il reste quelques traces - et il y avait encore une terrasse au-dessus. Bref, nous avons une première base remblayée ; un rez-de-chaussée, ou un sous-sol si l’on préfère, où l’on descendait de l’étage supérieur ; un étage supérieur au niveau de l’intérieur du château ; et enfin une terrasse avec un parapet tout autour. Au-dessous de la tour se trouvent des murs extérieurs et des murs de soutènement. Du côté nord, il y a quatre meurtrières, deux au rez-de-chaussée et deux à l’étage supérieur. Vient ensuite environ 36 m de courtine, qui recouvre le sol intérieur, et n’émerge actuellement pas de son niveau. La troisième tour (D), toujours haute au-dessus du sol, mesurée extérieurement, a 5,05 m du côté ouest et 6,60 m du côté nord. L’ensemble est rempli de matériaux tenaces, maintenus ensemble par de la chaux forte : sur le côté inférieur ouest et sur le côté supérieur sud, cependant, en partie éviscérés. Cela se terminait sur une terrasse. Après 27 m supplémentaires de courtine se trouve un complexe de bâtiments (E) qui ne dépasse pas le niveau du sol intérieur. Il devait s’agir de deux tours - elles aussi massives - qui flanquaient la porte d’entrée du château. Le dernier tronçon du mur d’enceinte, long de 35 m ou plus, ne continue pas dans la direction encerclant les autres courtines, mais s’étend plutôt vers l’extérieur et se rattache aux rochers occidentaux. Un autre petit morceau de mur dans l’éperon de la montagne qui fait saillie vers le nord-ouest. On ne sait pas grand-chose des bâtiments à l’intérieur du château. Les ruines des bâtiments se trouvent dans la partie la plus au nord ; mais leur objectif n’est pas clair. Seule la salle F vers le nord-est, proche de la colline, est très bien conservée : elle mesure une dizaine de mètres de côté ; son niveau de base est en remblai, tandis que le niveau supérieur – où les murs ont 1 m d’épaisseur – est accessible par une porte située sur son côté ouest. Plus haut, au sein d’une dépression du sol, se trouve un bâtiment (G) d’une vingtaine de mètres de côté (1 m d’épaisseur), divisé en plusieurs compartiments, que l’on croit être une citerne. Enfin, au sommet se trouvent un puits circulaire H (diamètre 0,80 m), ainsi que les restes de quelques autres petits bâtiments (K), en partie creusés dans la roche. » De nos jours les ruines du château de Bonriparo sont à peu près dans le même état qu’au début du XXe siècle, mais un peu plus envahies par la végétation. Depuis la bordure nord des ruines on peut apercevoir une grande partie de la contrée, jusqu’à Georgioupoli. |
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| Sur la route de Kalonyktis à Saïtourès | La route provinciale de Kalonyktis à Saïtourès (Επαρχιακή Οδός Καλονίχτη - Σαϊτούρων) est un trajet possible pour relier Réthymnon à la côte sud-ouest de la province, trajet plus bucolique que la route provinciale de Réthymnon à Agia Galini. La route débute à environ 2,5 km après Gonia sur la gauche de l’ancienne route nationale 90. On atteint le village de Kalonyktis (Καλονύκτης) après environ 2 km ; ce village, dont le nom signifie « Bonne Nuit » aurait été fondé par Nicéphore Phokas après sa libération de l’île. Un peu à l’écart de la route provinciale, sur la droite, on peut faire un détour par les villages de Palailimnos (Παλαίλιμνος) et de Roustika (Ρούστικα) où l’on peut visiter quelques édifices religieux. Après Saïtourès (Σαϊτούρες), le village de Moundros (Μούντρος) présente d’intéressants bâtiments d’époque vénitienne et des possibilités de randonnées pédestres dans les gorges de la région. Dans la région de Moundros, la route provinciale de Kalonyktis à Saïtourès rejoint la route provinciale d’Agios Konstantinos à Agios Ioannis (Επαρχιακή Οδός Αγίου Κωνσταντίνου - Αγίου Ιωάννη) qui pénètre dans le dème d’Agios Vassilios et atteint le village de Kali Sykia et le village d’Agios Ioannis ; on peut alors bifurquer à droite sur la route provinciale de Rodakino à Sellia et traverser les gorges de la rivière Kotsifos pour atteindre la côte sud dans la région de Plakias. |
| Le village de Roustika (Ρούστικα / Roústika) | Le village de Roustika se trouve à 9 km au sud-ouest de Gonia, par la route provinciale, à 26 km au sud-ouest de Réthymnon, et à 290 m d’altitude. La localité a une population d’un peu plus d’une centaine d’habitants, fortement en baisse au cours des dernières décennies. Roustika est le chef-lieu d’une communauté locale (Κοινότητα Ρουστίκων) qui comprend aussi le village de Palélimnos, ou Palailimnos (Παλαίλιμνος), situé à 1 km au nord-est. Le toponyme « Roustika » pourrait provenir de l’adjectif latin « rusticus, rustica, rusticum » qui signifie « rustique », même si la contrée n’est ni plus ni moins rustique que des centaines d’autres en Crète. Dans le nord du village de Roustika, dans le quartier nommé Livadi (Λιβάδι) (« prairie »), se trouve l’église Notre-Dame, la Panagia (Παναγία). Il s’agit d’une église à deux nefs : la nef la plus ancienne est dédiée à la Dormition de la Vierge (Κοίμηση της Θεοτόκου), Dormition qui est nommée Assomption dans l’église catholique romaine ; l’autre nef est dédiée à la Transfiguration du Sauveur (Μεταμόρφωση του Σωτήρος). La nef de la Panagia est décorée de fresques sur tous ses murs ; ces fresques sont datées de l’année 1381, mais sont en bon état ; les fresques du mur qui a été abattu lors de l’ajout de la seconde nef ont disparu. On remarque notamment les fresques : les « Châtiments de l’enfer » (Τιμωρίες των κολασμένων), les « Saints à cheval » (Έφιπποι Άγιοι), la « Trahison de Judas » (Προδοσία του Ιούδα), la « Préparation de la croix » (Ετοιμασία του Σταυρού), la « Crucifixion » (Σταύρωση), et la « Descente de croix » (Αποκαθήλωση). Selon une inscription gravée sur le clocher, sa construction date de 1627. Le village de Roustika compte de nombreuses autres églises byzantines. |
| Le monastère du Prophète Élie (Μονή Προφήτη Ηλία / Moní Profíti Ilía) | Dans le sud du village de Roustika, au pied de la colline d’Ampélos (Άμπελος) (« vigne ») (359 m), se trouve le monastère du prophète Élie (Μονή Προφήτη Ηλία). Aller au monastère du Prophète Élie avec Google Maps (35.284039, 24.374843). La construction du monastère date de l’époque vénitienne, vers le milieu du XVIe siècle ou le début du XVIIe siècle. Le monastère est dédié au prophète Élie le Thesbite ou Tishbite (Προφήτης Ηλίας ο Θεσβίτης) qui était originaire du village de Tishbé ou Thisbe. Le catholicon du monastère est une spacieuse basilique à trois nefs dont la nef centrale est surmontée d’un dôme à tambour cylindrique. Le clocher-mur à trois cloches porte l’inscription de la date de 1637 ; il s’agit d’un clocher d’inspiration vénitienne, comme celui du catholicon du monastère d’Arkadi. La nef centrale est dédiée au prophète Élie ; les autres nefs sont dédiées à la Sainte Trinité (Αγία Τριάδα) et à la Sainte Ceinture (Αγία Ζώνη), la ceinture sacrée, seule relique de la Vierge Marie, fêtée le 31 août ; seule la nef centrale a une abside. La forme actuelle et les peintures murales de la coupole et de l’abside ont été créées après une rénovation au XIXe siècle. Pendant l’occupation ottomane le monastère de Roustika a participé à la lutte contre les Turcs ; il a été détruit à plusieurs reprises, la dernière fois en 1866. Les bâtiments du monastère à l’est, à l’ouest et au sud ont été ajoutées après 1866. Pendant la Seconde Guerre mondiale, sous l’occupation allemande, le monastère a abrité les Archives historiques de la Crète. Le prophète Élie est célébré le 20 juillet, qui est aussi le jour de la fête du village de Roustika. |
| Le village de Moundros (Μούντρος / Moúntros) | Moundros est un petit village situé dans le sud-ouest du canton de Nicéphore Phocas, à seulement 3 km du village d’Argyroupoli situé dans le canton de Lappa. Moundros est à une distance de 28,5 km par la route au sud-ouest de Réthymnon. Le nom du village est parfois translittéré Mountros ou Moudros. La localité, dont la population a fortement décru depuis le début du XXe siècle, ne compte que 64 habitants ; elle est le chef-lieu d’une communauté locale (Κοινότητα Μούντρου) qui comprend aussi la localité de Vélonado (Βελονάδο) ; ces deux localités sont reliées par les gorges de Moudros, Moudros, au nord, à 280 m d’altitude, et Vélonado, au sud, à 400 m d’altitude. Deux sources abondantes jaillissent dans le village et fournissent en eau les habitants et leurs jardins. Moundros est un beau village traditionnel avec quelques bâtiments datant de la fin de l’époque vénitienne, avec des portails sculptés et des armoiries. On remarque notamment un bâtiment à deux planchers, avec un portail impressionnant ; au-dessus de la porte, l’architrave porte l’inscription « PER TOT DISCRIMINA RERUM » (« À travers tant de hasards divers »), qui provient du poème de Virgile « L’Énéide » (Livre I au vers 204), ainsi que la date de construction, MDCXI (1611) ; la porte en plein cintre est encadrée par deux pilastres à chapiteaux qui soutiennent un fronton ; un écu est conservé à l’intérieur du fronton, dont l’appartenance n’a pas été identifiée. Ce bâtiment aurait abrité un tribunal à l’étage supérieur, tandis que le rez-de-chaussée faisait office de prison. La région de Moundros est marquée par deux gorges, presque parallèles, qui sont nommées « gorges de Kollita » (Κολλητά Φαράγγια) (« les deux ravins ») ; ces deux gorges convergent près du village abandonné de Nissi (Νησί), situé à 1,5 km au nord-ouest de Moundros, qui doit son nom à sa situation isolée entre ces deux gorges : - à l’ouest se trouvent les gorges de Kato Poros (Κάτω Πόρος) du nom du village qui se trouve à la sortie des gorges, qui sont aussi nommées gorges de Vilandrédo (Φαράγγι Βιλανδρέδο), du nom du village qui se trouve à l’entrée des gorges ; les gorges de Kato Poros sont plus spectaculaires que celles de Moudros, avec notamment un passage très étroit. Les eaux de ces gorges alimentaient les thermes romains de la cité antique de Lappa.
- à un peu plus d’1 km à l’est, se trouvent les gorges de Moudros, or « gorges moudriennes » (Μουδριανό Φαράγγι), surplombées à l’est par le mont Vigla (Βίγλα) (570 m).
Il est possible de faire un circuit de randonnée au départ de Moundros, en remontant les gorges de Moudros jusqu’au village de Vélonado, en rejoignant ensuite le village de Vilandrédo par une petite route à revêtement, puis en descendant les gorges de Kato Poros jusqu’à Nissi, et en retournant à Moudros. La section 31 du sentier européen de randonnée E4, d’Argyroupoli à Moundros, emprunte ces deux gorges. Ce circuit est d’une difficulté moyenne. |
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