Sur la route de Tylissos à Anogia | La route provinciale d’Héraklion à Anogia a été construite dans les années 1930 ; d’Héraklion à Tylissos, la route s’étire dans la plaine en suivant le cours de la rivière Gazanos (Ρέμα Γαζανός), puis, à partir de Tylissos, elle escalade les contreforts nord-est du massif du Psiloritis, en longeant la rive gauche des gorges de Goniès (Επαρχιακή οδός Τυλίσου – Ανωγείων). Au début des années 2020, une autre route a été construite pour relier Héraklion à Anogia ; cette nouvelle route traverse le plateau du Stroumpoulas et rejoint la vieille route de Tylissos à Anogia aux environs du village d’Astyraki (Αστυράκι). Au débouché des gorges on remarque un monument aux morts, situé sur la gauche de la route, au bord des gorges ; ce Monument de Goniès (Γωνιανό Μνημείο) est une sépulture collective de 23 hommes de la région qui furent mis à mort par les troupes allemandes du 65e Régiment de Grenadiers (Grenadier-Regiment 65), le 21 août 1944. Cette tuerie a été perpétrée en représailles d’une attaque commise le 8 août, près de Damasta (Δαμάστα), par des maquisards de la région d’Anogia ; au cours de cette attaque 45 soldats allemands et italiens avaient été tués ; en représailles, le général Müller avait ordonné la destruction d’Anogia, destruction qui dura du 13 août jusqu’au début du mois de septembre. C’est pendant cette opération que, le 21 août, les troupes allemandes arrêtèrent des civils, principalement originaires de Kamaraki (Καμαράκι), mais aussi d’Astyraki (Αστυράκι), de Goniès, de Sissarcha (Σίσαρχα), d’Anogia (Ανώγεια) et de Kamariotis (Καμαριώτης), les amenèrent près de la sortie des gorges de Goniès, là où se trouve ce monument, et les mirent à mort. Sur la stèle on peut lire : « ΤΥΜΒΟΣ ΚΟΙΝΟΣ ΤΩΝ ΥΠΕΡ ΠΙΣΤΕΩΣ ΚΑΙ ΠΑΤΡΙΔΟΣ ΕΚΤΕΛΕΣΘΕΝΤΩΝ ΥΠΟ ΤΩΝ ΒΑΡΒΑΡΩΝ ΚΑΤΑΚΤΗΤΩΝ ΓΕΡΜΑΝΩΝ ΝΑΖΙ, ΤΗ 21-8-1944. ΚΑΤΟΙΚΩΝ ΚΑΜΑΡΑΚΙΟΥ ΜΑΛΕΒΥΖΙΟΥ ΚΑΙ ΠΕΡΙΧΩΡΩΝ » (« Sépulture collective de fidèles et de patriotes exécutés par les envahisseurs barbares allemands nazis, le 21 août 1944. Les habitants de Kamaraki de Malévizi et des environs »). À environ 4 km de la sortie des gorges, on aperçoit, sur la gauche, les ruines de la villa minoenne de Sklavokampos, ruines qui ont été découvertes lors de la construction de la route provinciale, mais qui ont aussi en partie été détruites par cette construction, car la route passe au milieu des ruines. Sur une petite route, qui prend sur la droite de la route provinciale, on peut voir les vestiges d’un ancien moulin à eau, le vieux moulin (Παλιόμυλος). Encore 2 km et on atteint le village de Goniès, où l’on peut découvrir des aspects de la géologie de la Crète en parcourant un chemin géologique. Quelques kilomètres plus loin on peut s’écarter de la route pour découvrir la grotte de Chaïnospilios près de Kamaraki. La route traverse ensuite Sissarka et se poursuit jusqu’à Anogia. |
| Le site archéologique de Sklavokampos (Αρχαιολογικός Χώρος Σκλαβόκαμπου / Archaiologikós Chóros Sklavókampou) | Le site archéologique de Sklavokampos montre les ruines d’une grande construction datant de l’époque minoenne tardive. Le vocabulaire hésite sur la désignation de cette construction : palais minoen (μινωικό μέγαρο), villa minoenne (μινωική έπαυλη) ou ferme minoenne (μινωϊκή αγροικία) ; il s’agissait vraisemblablement d’une villa, au sens romain du terme, c’est-à-dire une sorte de manoir exploitant les terres agricoles environnantes, comme il en existait beaucoup à la fin de l’époque minoenne néo-palatiale. Le toponyme Sklavokampos, ou Sklavokambos, signifie « le champ de l’esclave ». La villa de Sklavokampos, construite à environ 420 m d’altitude, dominait en effet une petite vallée fertile, située près de l’entrée des gorges de Goniès ; cette vallée de Sklavokampos est arrosée par un ruisseau intermittent qui est un affluent de la rivière Gazanos. Le bâtiment de la ferme lui-même était adossé à une colline rocailleuse et inculte, culminant à 620 m d’altitude. Les vestiges de la villa se trouvent, de nos jours, à environ 4 km à l’ouest de Tylissos et à environ 3 km à l’est de Goniès. Aller à la villa minoenne de Sklavokampos avec Google Maps (35.295420, 24.957846). Les fondations de la villa de Sklavokampos furent découvertes par hasard, au début des années 1930, lors de la construction de la route reliant Tylissos à Anogia ; la partie nord de ces fondations a été détruite par les travaux de construction de la route. Des fouilles de sauvegarde ont alors été menées par l’archéologue grec Spyridon Marinatos (Σπυρίδων Μαρινάτος). D’autres dégâts importants ont été provoqués par les troupes allemandes pendant la Seconde Guerre mondiale. La mise au jour des ruines a révélé un vaste bâtiment, d’environ 20 m par 28 m, orienté dans la direction nord-sud, et comportant vraisemblablement deux niveaux. Les murs du bâtiment étaient construits en pierre calcaire grossièrement taillée et avaient de 0,4 à 0,9 m d’épaisseur ; de nos jours, les ruines des murs ne dépassent pas 2,5 m de hauteur. Le bâtiment devait comprendre au moins 27 chambres parmi lesquelles un sanctuaire, des entrepôts, des pièces à vivre et des pièces annexes en liaison avec des couloirs, des escaliers et des balcons. Cette villa devait ressembler aux villas découvertes à Tylissos, mais sans en avoir ni le raffinement ni la décoration luxueuse, comme par exemple des fresques ou des finitions en plâtre. L’entrée principale se trouvait vraisemblablement sur la cour située du côté est du bâtiment (n° 1 sur le plan). Dans l’aile nord, se trouvait la salle qui est considérée comme la salle principale de la villa (n° 4 sur le plan) ; cette salle était située à côté de la cour d’entrée n° 1 ; elle mesure 6,7 m par 3,3 m. Cette salle a été en partie détruite par la construction de la route, mais les archéologues y ont découvert une tête de taureau en terre cuite, une grande cruche dans le style de l’époque MR-I-b et un rhyton en pierre. Dans cette salle ont aussi été découverts des objets provenant sans doute de l’étage supérieur quand il s’est effondré : 39 sceaux d’argile ornés de diverses représentations, des récipients, des outils et des pots en terre cuite ; des sceaux provenant des pierres à sceau de Sklavokampos ont été trouvés dans des sites minoens aussi éloignés que Zakros, Gournia et Agia Triada. À côté de la salle principale se trouvait un petit sanctuaire (n° 8 sur le plan). La pièce n° 5 était un couloir, à l’extrémité nord-ouest duquel un escalier menait à l’étage. Au sud de ce couloir se trouvait l’entrée des pièces n° 9 et n° 10, qui étaient partiellement séparées par une cloison. L’utilisation des pièces n’est pas claire car elles ne contenaient aucun artefact. À l’ouest du couloir, les salles n° 11 et n° 12 devaient être des réserves, car on y a trouvé des pithoi, des jarres géantes où étaient conservées les denrées alimentaires ; la salle n° 13 était sans doute un porche. Sur le côté sud de la villa, un chemin pavé menait à une autre entrée, qui donnait sur un couloir (n° 14 sur le plan), et qui débouchait sur une cour intérieure (n° 15 sur le plan), dont il reste trois bases de piliers. À l’est de la cour intérieure n° 15, il y avait deux chambres (n° 16 et n° 17 sur le plan) ; la chambre n° 16 communiquait avec le couloir n° 14 qui débouchait sur une troisième entrée, au sud-est. Dans la chambre n° 17 un pyxide en terre cuite a été découvert. De l’autre côté de la cour intérieure, les pièces n° 18 et n° 19 étaient sans doute des cuisines ; les archéologues y ont trouvé un petit pithos, un pilon, une meule et une pierre à aiguiser. Dans le coin sud-ouest, la pièce n° 20 était une dépendance sans accès identifiable. Il n’y avait pas de communication possible, par l’intérieur, entre l’aile nord et l’aile sud de la villa. De ces découvertes, les archéologues ont conclu que la villa de Sklavokampos n’était pas plus ancienne que le début de l’époque minoenne récente MR-I-a et qu’elle avait été détruite par un incendie à l’époque MR-I-b. Le site archéologique de la villa de Sklavokampos est fermé de façon permanente ; le site est clôturé et ne peut pas être visité, mais seulement observé depuis l’extérieur. |
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| Les gorges de Goniès (Φαράγγι Γωνιών / Farángi Gonión) | Comme beaucoup d’autres gorges de Crète, les gorges de Goniès constituent une sorte de couloir d’accès à des zones montagneuses du massif du Psiloritis ; les gorges de Goniès permettent d’accéder, depuis la plaine d’Héraklion, à la contrée historique du Mylopotamos (Μυλοπόταμος), la « Rivière au Moulin », située sur les contreforts nord du Psiloritis. La principale route menant aux villages du Mylopotamos longe les gorges de Goniès. Les gorges de Goniès sont presque rectilignes, dans la direction nord-ouest – sud-est, et presqu’orthogonales à la faille tectonique de Kroussonas - Tylissos qui sépare le horst du Psiloritis de la fosse d’effondrement de la plaine sédimentaire d’Héraklion. La longueur des gorges de Goniès est d’environ 3 km. La partie supérieure des gorges de Goniès a été creusée, dans le calcaire de l’unité tectonique de Tripoli, par un cours d’eau drainant les eaux pluviales du versant nord-est du Psiloritis, du plateau d’Evdomos (Οροπέδιο του Εβδόμου), littéralement « septième », et de la vallée de Sklavokampos. Ce cours d’eau se jette dans la rivière Gazanos (Ρέμα Γαζανός) près du village de Moni (Μονή), un peu au sud de Tylissos. Au droit du « Monument aux morts » de Goniès, les gorges se heurtent à la faille tectonique et tournent à angle droit en direction du sud ; la dernière partie des gorges est particulièrement spectaculaire, avec des passages très étroits et des falaises verticales. Dans cette dernière partie, les gorges sont nommées « Gorges de Moni » (Μονιανό Φαράγγι), du nom du hameau de Moni qui se trouve à proximité de la sortie des gorges ; cette partie des gorges est inaccessible au randonneur ordinaire, car elle nécessite des équipements et des connaissances techniques. Postérieurement à la faille de Kroussonas – Tylissos, une faille parallèle s’est développée dans le bassin d’Héraklion en soulevant son côté ouest, où se forme la partie inférieure des gorges de Goniès ; cette partie inférieure a été creusée dans les sédiments néogènes du bassin d’Héraklion et est donc moins impressionnante. La zone de faille de Kroussonas – Tylissos sépare donc ces deux parties des gorges de Goniès, mais elle agit également comme une barrière souterraine pour l’eau qui s’infiltre dans les roches du Psiloritis ; un grand réservoir d’eau souterrain est ainsi formé qui alimente en eau la ville d’Héraklion, ainsi que la grande source de l’Almyros. Aller à la sortie des gorges de Goniès avec Google Maps (35.282780, 24.991940). | | |
| Le village de Goniès (Γωνιές / Goniés) | Goniès est un bourg agricole de moyenne montagne, situé à une altitude d’environ 600 m, sur les contreforts nord-est du massif du Psiloritis ; le village se trouve au fond d’une vallée coincée entre trois collines : la colline de Filiorimos (Φιλιόρημος), la colline de Poupa (Πούπα) et la colline d’Anémoprinos (Ανεμόπρινος). C’est cette situation qui a valu son nom à la localité, qui se nomme officiellement « les Coins » (αι Γωνίαι / ai Goníai), pluriel de « γωνία », qui signifie « coin, angle ». Plusieurs autres localités crétoises sont nommées Gonies ou Gonia, par exemple le village de Goniès situé dans la vallée d’Avdou, près de Malia, (Γωνίες Πεδιάδας) ou le village de Gonia, près de Réthymnon. Pour distinguer Goniès de ces autres localités, on précise Goniès en Malévizi (Γωνιές Μαλεβιζίου). Goniès se trouve sur la route provinciale d’Héraklion à Anogia, à 28 km d’Héraklion et à 8 km d’Anogia. Le village de Goniès, d’un peu plus de 300 habitants, vit principalement de l’agriculture et de l’élevage. | |
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| Le parcours géologique de Goniès (Γεω-διαδρομή Γωνιών / Geo-diadromí Gonión) | Les nappes de Goniès (Καλύμματα Γωνιών) (n° 52 sur la carte du Géoparc du Psiloritis) : Les collines situées au-dessus du village de Goniès peuvent être considérées comme une miniature de la structure géologique de la Crète. Quatre des six unités tectoniques qui forment l’île de Crète apparaissent dans un petit affleurement, sous la forme de nappes géologiques empilées les unes sur les autres, comme des couvertures. Goniès est le lieu qui possède la plus grande diversité géologique de l’île. Le meilleur emplacement d’observation de ces roches se trouve le long d’une petite route, d’environ 4 km de longueur ; cette route, située en arrière du village, du côté ouest, part de la route à revêtement qui relie Tylissos à Anogia (n° 1 sur la carte du parcours), puis atteint un col où se dresse un ancien moulin à vent restauré, bâti à côté d’une aire de battage (n° 3 sur la carte du parcours) ; sur la gauche le chemin monte en direction du sud vers la zone montagneuse du mont Voskéro (όρος Βοσκερό) (1 199 m) ; sur la droite le chemin monte vers la colline de Filiorimos (λόφος του Φίλιορημου), qui domine Goniès ; au sommet de la colline, qui culmine à 797 m d’altitude, se dresse la petite église du Prophète Élie (Προφήτης Ηλίας) ; on y a aussi récemment découvert un sanctuaire sommital datant de l’époque minoenne moyenne et composé de deux salles contiguës. Le géo-parcours suit la petite route à revêtement qui monte de Goniès en direction du sud. Ce chemin est très praticable par les petits et par les grands, sans grands dénivelés, ni dangers ou difficultés particuliers, puisque tout son parcours emprunte des chemins agricoles de la région. Au début du parcours, on rencontre des tranchées routières exceptionnelles taillées dans des roches volcaniques formées il y a 140 millions d’années, au fond d’un océan primitif ; ces roches sont nommées ophiolites (O). Ces formations rocheuses sont principalement des serpentines et des pyroxénites et elles constituent toute la colline de Filiorimos (λόφο Φιλιόρημος). Le long du parcours en montée, on rencontre de nombreuses formations rocheuses de ce type, des failles, ainsi que leur contact avec les formations rocheuses inférieures de la nappe de Vatos (V). Le meilleur endroit pour les observer est le moulin à vent traditionnel, l’un des rares encore conservé à Mylopotamos. Près du moulin à vent, il y a de nombreux points où l’on peut voir les ardoises calcitiques de l’unité de Vatos qui se sont courbées, créant de jolis plis. A partir de ce point (n° 3 sur la carte du parcours), il faut suivre le chemin revêtu qui continue vers le sud ; très vite les formations rocheuses changent et de fines couches de grès (ψαμμίτης), de calcaire (ασβεστόλιθος), de sédiments argileux (αργιλικά ιζήματα), de silex (πυριτόλιθος) et de chaille (ραδιολαρίτες), qui forment le flysch du Pinde (Pφ), apparaissent (n° 4 sur la carte du parcours). Ensuite, sur une assez longue distance, on rencontre des alternances des mêmes formations rocheuses et une végétation de broussailles caractéristique avec des pimprenelles épineuses (Sarcopoterium spinosum) (αστοιβίδα), du thym (Thymus vulgaris) (θυμάρι), des cistes de Crète (Cistus creticus) (λαδανιά) et des spartiers à tiges de jonc (Spartium junceum) (σπάρτο), communément nommés genêts d’Espagne, tandis qu’il y a occasionnellement des cultures traditionnelles de vignes, d’oliviers, de noyers et d’amandiers. À l’approche d’une ancienne carrière, les formations rocheuses changent et deviennent des calcaires lamellaires (πλακώδεις ασβεστόλιθοι), aux altérations siliceuses caractéristiques, qui sont rapidement remplacées par les radiolarites rouges inférieures du Pinde (Pr) (n° 6 sur la carte du parcours). C’est l’une des formations rocheuses les plus belles et les plus impressionnantes que l’on peut rencontrer en Crète. Bientôt, au fur et à mesure que l’on remonte le sentier, on rencontre à nouveau des formations de flysch du Pinde ; cependant, celles-ci sont brusquement interrompues car une faille les coupe et les met en contact avec les formations inférieures de flysch de Tripoli (Tφ), constituées d’épaisses couches de grès bruns et de conglomérats, en contrepoint des fines couches de flysch du Pinde (n° 7 sur la carte du parcours). Jusqu’au col, à l’intersection avec le chemin de terre qui ramène au village, les formations rocheuses restent les mêmes ; environ 50 m après l’intersection, on rencontre le calcaire inférieur de Tripoli (Tl), qui couvre l’intégralité de la région montagneuse jusqu’au plateau d’Evdomos (οροπέδιο του Εβδόμου) (n° 8 sur la carte du parcours). Le parcours continue vers le village, en suivant les chemins de terre qui mènent à de petits enclos, traversant constamment les formations rocheuses de flysch de Tripoli. Dans le premier petit ravin que l’on rencontre, on doit franchir une clôture qu’il ne faut pas oublier de refermer derrière soi (n° 10 sur la carte du parcours) ; l’attention est très vite attirée par les faucons qui s’élancent depuis les petites falaises qui surplombent le village. Pour retourner à Goniès, on doit passer par le rocher de grès carré qui domine le parcours et suivre le sentier, situé derrière celui-ci, qui descend en passant sous un grand caroubier (Ceratonia siliqua) (χαρουπιά) (n° 11 sur la carte du parcours). Le quartier de Péra (Πέρα γειτονιά) est l’un des quartiers les plus anciens et les plus beaux du village, avec des maisons en pierre, des entrées voûtées et des petites cours, mais la plupart de ces maisons sont en ruines. Les petites places avec des bancs et une ombre abondante permettent aux visiteurs de se reposer et de se rafraîchir. En suivant la rue principale, on traverse le village en passant par d’anciennes fontaines et de petits cafés (n° 12 sur la carte du parcours), puis on aboutit à la route provinciale Tylissos - Anogia, qui ramène au début du sentier. C’est la seule partie du parcours qui nécessite une attention particulière en raison de la circulation des véhicules. | Caractéristiques du parcours géologique de Goniès (Γεω-διαδρομή Γωνιών) : Longueur du parcours : 3,95 kms. Altitude du point de départ : 620 m. Altitude du point d’arrivée : 620 m. Altitude la plus basse : 620 m. Altitude maximale : 720 m. Dénivelé maximal : 100 m. Approvisionnement en eau : uniquement dans le village de Goniès. Végétation : une sorte de garrigue épineuse, la phrygana (φρύγανα), des vignes et des vergers. Durée : 2 heures. Niveau de difficulté : faible (adapté aux familles et aux scolaires). L’accès au parcours géologique se fait depuis la route provinciale de Tylissos à Anogia. Les points de départ et d’arrivée sont les mêmes : l’intersection entre la route provinciale Tylissos à Anogia et la route locale qui mène au plateau d’Evdomos (οροπέδιο του Εβδόμου), juste en face du point de vue. Difficultés - dangers : marcher le long de la piste ne présente aucun risque ni aucun danger pour les visiteurs, car elle traverse des routes locales et agricoles à très faible trafic. Seulement le long des 300 derniers mètres de la piste, les visiteurs doivent être très prudents car ils doivent marcher le long de la route régionale menant à Anogia, avec un trafic modéré selon le moment. De plus, pendant l’été, les visiteurs doivent avoir suffisamment d’eau en cas de températures élevées. Aller au chemin géologique de Goniès avec Google Maps (35.295280, 24.925830). | Légende de la carte du parcours géologique : 1 : Ophiolites (Οφειόλιθοι). 2 : Contact entre ophiolite et schiste de Vatos (Επαφή Οφειολίθων – Σχιστολίθων Βάτου). 3 : Schiste de Vatos (Σχιστόλιθοι της Βάτου) - Moulin à vent. 4 : Flysch du Pinde (Φλύσχης της Πίνδου). 5 : Calcaire lamellaire du Pinde (Πλακώδης ασβεστόλιθος της Πίνδου). 6 : Radiolarites rouges du Pinde (Κερατόλιθοι της Πίνδου). 7 : Faille Tripoli - Pinde (Ρήγμα Πίνδου –Τρίπολης). 8 : Flysch de Tripoli (Φλύσχης της Τρίπολης). 9 : Contact entre flysch et calcaire de Tripoli (Επαφή φλύσχη – ασβεστολίθων Τρίπολης). 10 : Clôture (Φράκτης). 11 : Roche de grès (Ψαμμιτικός βράχος). 12 : Fontaine (Βρύση).
Légende des nappes géologiques de Goniès : O : Ophiolites. V : Nappe de schiste de Vatos. Pr : Chaille rouge. Pφ : Flysch du Pinde. Tφ : Flysch de Tripoli. Tl : Calcaires de Tripoli. MM : Sédiments du Miocène. | Le sommet de la colline de Filiorimos est constitué de roches ophiolitiques (indiquées en violet sur le dessin avec la lettre O). Ces roches ont les couleurs caractéristiques des ophiolites : le pourpre des oxydes et le vert des roches serpentinites dont la serpentine est altérée par le contact avec l’atmosphère. Sur ces sols alcalins poussent des plantes comme l’alysse de Baldacci (Alyssum baldaccii). Les sédiments du Miocène les plus récents sont indiqués en jaune (MM) sur le dessin. Juste sous les ophiolites apparaissent les laves de la nappe d’Arvi (καλύμματος της Άρβης), les schistes argileux de la nappe de Vatos (καλύμματος του Βάτου) (en gris, lettre V) ; à partir du moulin à vent, au sud, apparaissent les roches de l’unité tectonique de calcaires du Pindos. Plus loin apparaissent les sédiments de flysch argileux et sablonneux, constitués d’argile et de grès avec des radiolarites rougeâtres (en orange, lettres Pφ) ; en dessous de ces sédiments se trouvent du calcaire en plaquettes et de la chaille rouge (Pr), c’est-à-dire des concrétions en partie silicifiées ; ensuite apparaît l’argile du Trias inférieur. Une faille normale, très proéminente, met en contact ces roches de l’unité tectonique de calcaires du Pindos avec le flysch de l’unité de calcaires de Tripoli (en mauve, lettres Tl), unité plus profonde qui s’étend vers le sud. Le sommet de ce groupe de flysch (en rose, lettres Tφ) continue, sur une longue distance, jusqu’au premier col de la colline d’où on a une vue panoramique sur la vallée de Sklavokampos (Σκλαβόκαμπος) et sur ses environs. Un chemin de terre continue, soit vers l’entrée des gorges de Mygias (φαράγγι της Μύγιας), soit vers le magnifique plateau d’Evdomos (οροπέδιο του Εβδόμου), qui est une petite, mais pittoresque, doline formée par l’activité des failles dans les roches de la Tripolitsa. | Les ophiolites de Goniès (Οφιόλιθοι Γωνιών) (n° 49 sur la carte du Géoparc du Psiloritis) : Goniès est le meilleur endroit pour observer des ophiolites, mais ces roches se trouvent également dans la zone plus large de Sklavokampos et d’Anogia. Les ophiolites sont des roches particulières et plutôt rares. Elles se composent d’autres roches individuelles telles que des gabbros, des péridotites, des pyroxénites et des serpentines. Les ophiolites sont des roches provenant de parties profondes de la croûte océanique, formées par des volcans sous-marins il y a 140 millions d’années. Leur exposition à la surface de la Terre a provoqué une altération, transformant toutes les roches en serpentinites, une roche verdâtre assez tendre. D’après les recherches archéologiques, les ophiolites de Goniès ont servi à la construction de nombreux objets de l’époque minoenne. | Les bauxites de Métochi (Βωξίτης Μετόχι) (n° 48 sur la carte du Géoparc du Psiloritis) : Dans les calcaires de Tripoli, et en particulier dans une petite dépression située sur le côté de la route, un dépôt de sédiments contenant de la bauxite apparaît dans une zone limitée. Aller aux bauxites de Métochi avec Google Maps (35.286140, 24.903700). |
| La grotte de Chaïnospilios (Σπήλαιο Χαϊνόσπηλιος / Spílaio Chaïnóspilios) | La grotte de Chaïnospilios se trouve au nord de Goniès, à environ 200 m à l’ouest du hameau de Kamaraki (Καμαράκι), situé un peu à l’écart de la route provinciale de Tylissos à Anogia (point E4 sur la carte géologique du Psiloritis et n° 33 sur la carte du Géoparc du Psiloritis) ; la grotte est située à 550 m d’altitude. Le nom de la grotte signifie « la grotte du Rebelle », du mot grec « χαΐνης », au pluriel « χαΐνηδες », désignant les rebelles à l’occupant turc ; le mot grec dérive du mot turc « hain » ou « hayın », venant lui-même de l’arabe « خائن », « traître, rebelle » ; de ce terme péjoratif les Crétois ont fait un titre de gloire pour désigner les résistants. La grotte a en effet servi de repaire aux résistants crétois pendant l’époque ottomane, notamment pour le capitaine Giannis Palmétis (Γιάννης Παλμέτης), natif de Kamaraki, qui s’illustra en éliminant de nombreux Turcs pendant la révolte crétoise de 1821. La grotte est aussi parfois nommée Marmarospilios (Μαρμαρόσπηλιος). La grotte du Rebelle est une section du lit d’une rivière souterraine qui s’était formée dans des roches calcaires bréchiques datant du milieu de l’époque Miocène, c’est-à-dire il y a environ 12 millions d’années ; cette nappe de brèche calcaire recouvre les roches ophiolitiques de la région. La plupart des autres parties de cette rivière souterraine sont encore en activité. À cause de sa formation, la grotte de Chaïnospilios se présente comme une galerie, étroite et très allongée, d’environ 200 m de longueur ; un bras secondaire de la rivière a formé une autre galerie, parallèle à la première, d’environ 120 m de longueur et qui est richement décorée de concrétions. D’énormes colonnes de stalagmites, de plus de 6 m de hauteur, mais aussi un grand nombre d’autres concrétions plus petites, décorent la grotte ; tout au long de son plafond, on peut voir les traces d’érosion faites par l’eau de la rivière souterraine. Visite de la grotte : L’entrée de la grotte est en forme de triangle étroit, de 3,75 m de hauteur et de 0,9 m de base. L’entrée donne accès, après une pente descendante de 4,5 m aménagée, à un corridor sinueux s’élargissant en trois salles, avec des couloirs annexes. La grotte de Chaïnospilios est un lit de rivière surcreusé et se dirigeant généralement vers le sud-ouest, en légère déclivité ; le couloir s’étend sur 166 m jusqu’à une faille de 8 m de profondeur, au-delà de laquelle le couloir continue, sans traces de passage humain. Dans les salles et sur les bancs latéraux d’argile, près des flaques d’eau, on a découvert d’abondants débris de vaisselle du XIXe siècle, quelques tessons médiévaux et, parmi ceux de la fin de l’empire romain, une lampe et une cruche : ces dernières ont été trouvées dans la partie la plus lointaine qui est aussi la plus humide (98 %). La visite de la grotte de Chaïnospilios ne convient pas aux personnes qui ne sont pas familières de spéléologie. L’entrée de la grotte est fermée par une grille verrouillée par un cadenas ; on peut demander la clé au café situé sur la place du village de Kamaraki. Aller à la grotte de Chaïnospilios avec Google Maps (35.304939, 24.926305). |
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