| L’armoise absinthe (Artemisia absinthium) | |
| |
| | Généralités | Il s’agit d’une espèce d’armoise, herbe vivace et commune des régions arides de l’Europe méridionale et du nord de l’Afrique, qui pousse dans le midi de la France, au bord des chemins, dans les rues des villages ou dans les ruines, dans les lieux incultes et pierreux ; elle fleurit de juillet à septembre. L’absinthe est originaire de la région de la Méditerranée et est maintenant naturalisée dans les régions à climat tempéré. Elle est bien connue pour l’ingrédient dont elle est composée en majeure partie et avec lequel on fait un breuvage alcoolique qui se nomme l’Absinthe. |
|
| | Règne : plantes (Plantae) | Sous-règne : plantes vasculaires (Tracheobionta) | Division : plantes à graines (Spermatophyta) | Sous-division : | Classe : plantes à fleurs (Angiospermae) | Sous-classe : dicotylédones (Dicotyledonae) | Super-ordre : astéridés (Asteridae) | Ordre : astérales (Asterales) | Famille : astéracées (Asteraceae) | Sous-famille : | Genre : armoises (Artemisia) | Sous-genre : | Espèce : Artemisia absinthium [Linné], Artemisia absinthum [Linné] | Variété : | Nom commun : armoise absinthe | Nom populaire : absinthe, absinthe officinale, alayne, aluine, alvine, armoise amère, grande absinthe, herbe sainte, herbe aux vers, herbe des vierges |
| | pelin | | Wermut, Absinth, Alsem, bitterer Beifuß, Wurmkraut | | wormwood, absinth wormwood, old man, old woman | | | | asentsio belar, axinse, xixari belarr | | | | | | | | donzell | | | | | | | | have-malurt, malurt | | buramaide | | ajenjo, hierba maestra, hierba santa | | koirohi | | | | mali, koiruoho | | armoise absinthe | | | | axenxo | | | | | | | | üröm, fehér üröm | | | | | | assenzio vero, ascenzo | | | | kartusis kietis, pelynas | | | | | | | | | | malurt | | | | absintalsem | | bylica piołun | | absinto, losna | | | | полынь горькая | | | | | | pravi pelin | | malört | | pelyněk pravý | | | | Artemisia absinthium |
| Étymologie latine | Artemisia : plante consacrée par les anciens grecs à Artémis (Diana, pour les Romains), déesse de la fécondité. absinthium : du grec apsinhion = « privé de douceur ». Elle est citée dès le Ier siècle par le médecin et pharmacien grec Dioscoride ; les Grecs la nomment apsinthion (de a privatif et psiothos le plaisir, parce qu’elle est très amère) et les Latins absinthium. |
|
| | Généralités | Plante pouvant atteindre 90 cm à 1,50 m, à tiges ramifiées. Cette plante se reconnaît très facilement par ses feuilles très découpées vert argenté et soyeuses sur les deux faces. Les inflorescences sont des grappes unilatérales de petits capitules de 3 mm de diamètre. La plante est odoriférante. | |
| Catégorie de plante | Plante herbacée vivace. |
| Port de la plante |
| Hauteur de la plante | L’absinthe peut atteindre 90 cm. |
| Espèces semblables |
|
| Description de la racine | La plante possède un rhizome dur. |
|
| | Description de la tige | Elle porte des tiges cannelées érigées et ramifiées vers le haut. Les tiges sont très feuillées. |
| Couleur de la tige | La tige est de couleur vert argent, recouverte de poils soyeux blancs argentés. |
|
| | Description des feuilles | Les feuilles sont opposées à la base, puis alternes pour le reste de la plante. Elles sont très découpées, plumeuses, pennatilobées en trois lobes dentés. Les feuilles basiliaires mesurent jusqu’à 25 centimètres de longueur et sont longuement pétiolées. Les feuilles caulinaires sont brièvement pétiolées, moins divisées, bipennatiséquées à lobes oblongs. Les feuilles au sommet peuvent même être simples et sessiles (sans pétiole). Involucre blanchâtre à folioles linéaires. Les rameaux portent à leurs extrémités des petits capitules globuleux. | |
| Couleurs des feuilles | Elles sont vert grisâtre au dessus et vert argenté, presque blanches et soyeuses, sur le dessous. La plante possède une forte odeur acide (essence d’absinthe) et une saveur amère due à l’absinthine. L’essence s’accumule dans les nombreuses glandes sécrétrices oléifères de la feuille. |
| Végétation | Mois | 1 | 2 | 3 | 4 | 5 | 6 | 7 | 8 | 9 | 10 | 11 | 12 |
---|
Végétation | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | |
|
|
| | | | Description des fruits | Akène lisse. |
| Couleurs des fruits |
| Graines |
| Fructification | Mois | 1 | 2 | 3 | 4 | 5 | 6 | 7 | 8 | 9 | 10 | 11 | 12 |
---|
Fructification | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | |
|
|
| | | | Milieux | | Elle était cultivée pour fabriquer l’absinthe mais on la rencontre assez fréquemment à l’état naturel à toutes les altitudes en terrains incultes, les lieux pierreux, alluvions, talus, sur les pentes rocheuses, au bord des chemins et des champs. |
| Sols | Peut facilement être cultivée dans un terrain sec et pauvre. À mettre en exposition chaude sur sols fertiles, et semi-lourds. Elle préfère les sols calcaires et riches en azote. Aime les sols riches en azote. |
| Climats | | En abondance dans les lieux arides et ensoleillés. |
| Altitudes | | Sur les littoraux et en zones de basse montagne. |
| Espèce associée | Reconnu pour éloigner les insectes. Nuisible aux autres plantes installées autour d’elle. Dans le principe des cultures associées, l’absinthe, de part ses secrétions racinaires d’absinthine, exerce un effet inhibiteur sur la croissance des plantes environnantes, ainsi des adventices. Elle est utile comme vermifuge mais il ne faut la planter que sur les bords de planches de culture. |
|
| Originaire des régions continentales à climat tempéré d’Europe, d’Asie et d’Afrique du Nord. |
|
| | Distribution globale | Dans son aire d’origine. Naturalisée par ailleurs. On la trouve aussi en Asie Centrale et sur la côte est des États-Unis. En France, elle se rencontre surtout dans le Massif central, l’Est et le Sud-Est de la France. |
|
| | Utilisations médicinales | | Médicinale : antiseptique, digestive, emménagogue, stimulante, tonique, vermifuge. La thuyone a également des propriétés emménagogues et passe pour abortive. On utilisait le capitule floral en infusion, elle était tonique, stimulait l’appétit et facilitait la digestion. Cette plante soignait les diarrhées et les coliques. Elle était aussi utilisée comme antitoxique contre le plomb. On l’utilise aussi en compresse pour soulager les piqûres d’insectes et pour calmer les règles douloureuses. Elle est aussi utilisée en usage externe contre les irritations, foulures, les bleus. L’absinthe est d’ailleurs un des composés de l’Absorbine Jr. Absinthisme L’absinthisme est l’intoxication par la liqueur d’Absinthe. Cette liqueur contient de l’alcool et de l’essence de Grande Absinthe ; elle contient aussi de l’anis, du fenouil, de l’hysope, de la mélisse, de l’angélique, du dictame, du genièvre, de la muscade, de la badiane, de la véronique et cetera. Pendant la seconde moitié du XIXe siècle, on fabriquait l’Absinthe dans de grands alambics chauffés à la vapeur. Cette liqueur a fait des ravages dans toutes les classes de la société (abrutissement, torpeur, hallucinations). Verlaine en est mort et Zola en a décrit l’horreur dans l’Assommoir. En 1859, Auguste Motet soutint une thèse de médecine intitulée « De l’alcoolisme et des effets toxiques induits par la liqueur d’Absinthe ». La liqueur d’Absinthe contient de la thuyone (contenue dans la Grande Absinthe), du pinocamphone (contenu dans l’hysope), de la fenchone (contenue dans le fenouil). Sa toxicologie est donc protéiforme, car liée à des facteurs nombreux, en provenance d’une formule complexe. Les physiologistes Cadeac et Meunier ont étudié vers 1890 les conséquences néfastes des différentes essences contenues dans la liqueur d’Absinthe : les essences épileptisantes (Absinthe, hysope, fenouil) et les essences stupéfiantes (anis, badiane, angélique, origan, mélisse, menthe). Les premières expérimentations animales effectuées avec de l’essence de Grande Absinthe datent de 1864. Elles sont l’œuvre de Louis Macé. Il provoqua des convulsions et des troubles respiratoires chez des chiens et des lapins intoxiqués. Ces effets étaient dus à l’action de l’Absinthe, en particulier de la thyuone, conjuguée à celle de l’alcool. Un élève de Macé, Valentin Magnan, étudia les effets de l’Absinthe seule, indépendamment de ceux de l’alcool. Il décrivit chez l’animal des hallucinations (chiens qui faisaient face au mur en grognant) et des convulsions épileptiformes. Symptômes La thuyone que contient la Grande Absinthe (et également le thuya !) est un poison convulsivant. À petites doses, elle peut provoquer : - des tremblements,
- des vertiges,
- des hallucinations.
À doses plus fortes, elle provoque des crises d’épilepsie : après les tremblements, le sujet convulse, fait des grimaces, se mord la langue, bave. On décrit aussi des manifestations hystériques, excitation suivie de délire ; le sujet va de longueur en large, pris de détresse ; visions de démons. |
| Utilisations culinaires | Plante aromatique de saveur extrêmement amère, elle était utilisée pour confectionner une liqueur qui s’est révélée très toxique pour le système nerveux central et fut interdite. Souvent on diluait la poudre dans un liquide afin de la boire. Il s’agissait notamment de vin ; cette habitude est à l’origine du Vermouth, recette de boisson alcoolisée encore très appréciée de nos jours, de vin affiné à l’aide de divers autres condiments ou épices (famille à laquelle appartiennent le Martini, le Cinzano, etc.). La Fée verte, la Bleue, l’alcool qui rend fou, l’ascenseur pour des Paradis artificiel, le Poison, jamais un alcool n’a soulevé autant de passions et de controverses. Phénomène de société et créée par le groupe Pernod en Suisse en 1797 consommée uniquement pour raisons médicales, le succès de cet alcool (62°) provient sans doute de son goût, servie coupée d’eau comme les pastis aujourd’hui, mais la différence était que pour atténuer l’amertume de l’absinthe, l’eau était sucrée en passant par un morceau de sucre placé sur une cuillère percée de trous. Ce breuvage est reconnu pour causer une dépendance rapide et des dérangements mentaux. La fabrication d’absinthe (alcool) est maintenant illégale dans plusieurs pays occidentaux. Elle est interdite en France depuis 1915, mais il y a 100 ans c’était l’élixir, le remède, la raison de vivre des alcooliques … la France ne pouvait pas s’en passer. Longtemps après le passage de la loi fatale, cet alcool appartient maintenant à l’histoire française mais elle belle et bien réelle et tolérée dans la plus part des pays latins comme l’Espagne, le Portugal ou l’Amérique du Sud! Les composés de la plante sont encore utilisés pour aromatiser certains autres alcools, comme le vermouth et la liqueur de chartreuse et, en pays maghrébin on aromatise le thé avec des feuilles séchées. La liqueur d’absinthe, aujourd’hui moins alcoolisée (avant de 68° à 72°, maintenant 40°), est produite notamment dans des distilleries de Provence à partir de la cueillette d’armoise, mais également dans le Doubs et à Fougerolles. La plante d’absinthe utilisée dans cette composition a été modifiée pour en limiter la thuyone à 1 % qui était la cause de la toxicité de la liqueur. Depuis fin 2001 la distillerie Guy, de Pontarlier dans le Doubs, produit de nouveau de l’absinthe, et ceci en toute légalité. La recette est celle originale utilisée jusqu’au début du XXe siècle, mais la plante d’absinthe utilisée dans cette composition a été modifiée pour en retirer la thuyone (substance qui a entraînée l’interdiction de l’absinthe). Nous pouvons donc aujourd’hui boire à nouveau une véritable absinthe, produite dans le Haut-Doubs, son territoire d’origine. | Vin d’absinthe | Pour 60 g d’alcool à 60°, il faut 30 g de feuilles d’absinthe sèche. | Laisser macérer les feuilles dans l’alcool pendant 24 heures. Ajouter ensuite un litre de vin blanc et laisser 10 jours en agitant de temps en temps. Passer et filtrer. Ce vin est particulièrement stomachique et vermifuge. | Recette de l’Absinthe fabriquée à Pontarlier en 1855 | | Faire macérer 2,5 kilogrammes de Grande Absinthe séchée, 5 kilogrammes d’anis vert et 5 kilogrammes de fenouil dans 95 litres d’alcool à 85 degrés. Faire infuser pendant au moins 12 heures dans les alambics. Ajouter 45 litres d’eau au moment de distiller et recueillir 95 litres de produit. À 40 litres de ce distillat, ajouter 1 kilogramme de Petite Absinthe, 1 kilogramme d’hysope et 500 grammes de citronnelle, chacune des plantes ayant été au préalable séchée et réduite en poudre. Extraire à faible température, puis récupérer la liqueur, la filtrer et l’ajouter aux 55 litres d’esprit parfumé restant de la distillation précédente. Diluer avec de l’eau afin d’obtenir environ 100 litres d’Absinthe à 74 degrés. |
| Utilisations économiques | | Son odeur caractéristique peut la faire utiliser pour réaliser des purins de plantes. L’essence est encore utilisée comme caractéristique de l’Absorbine ou le Vicks Vaporub. On en accrochait des plants aux fenêtres pour chasser les moustiques. |
|
| En 1900, le chimiste allemand Friedrich Semmler découvrit la structure de la thuyone. Par distillation de l’absinthe, on obtient environ 0,5 % d’une essence vert blanchâtre qui contient 30 à 4 % de thuyone. L’essence contient aussi 15 à 2 % de thuyol, du pinène, du phellandrène, du cadinène, un flavonoïde (l’artémitine), et un azulène (anti inflammatoire et cicatrisant) qui donne à la plante une coloration bleutée. L’absinthine est un composé de formule C15H20O4, peu soluble dans l’eau chaude, responsable de l’amertume de l’absinthe. La Thuyone est un toxique du système nerveux donc épileptisante, de formule chimique C10 H16 O, il s’agit d’une cétone mono terpénique saturée qui se matérialise sous 2 formes : alpha et bêta thuyone ou ténacétone, d’une structure moléculaire conforme à celle de la tetrahydrocannibine (THC) qui est aussi le composant actif du Cannabis, utilisé pour certaines drogues douces comme la Marijuana ou le Hashisch, des effets psychologiques distinctifs en seraient générés ainsi que des effets physiques comme la dépendance. |
|
| | Histoire | La plus ancienne mention de l’absinthe connue remonte à 1600 avant JC, sur un papyrus égyptien. Les romains et les grecs utilisèrent également la plante contre de nombreuses maladies. Dans toutes les grandes bibliothèques du monde, on mélangeait du vermouth à de l’encre pour effrayer les souris et rats. Le passage du médicament à l’ingrédient culinaire a été franchi par la Mère Henriod, à Couvet, dans le canton suisse de Neuchâtel. À la fin du XVIIIe siècle, elle distillait un extrait d’absinthe dont la recette contenait également d’autres herbes comme l’anis, le fenouil, la mélisse … Ces herbes donnent du goût et de la couleur, mais pas d’effet thérapeutique. Ce qui est sûr, c’est que la recette de la Mère Henriod se trouve dès 1794 entre les mains du père de Henri Louis Pernod. De celui-ci, Henri Louis apprit également à distiller, car il était bouilleur de cru. Mais ce fut Daniel-Henri Dubied, courtier en dentelles, qui en 1797 acheta la recette. Il fonda avec l’aide de Henri Louis une première distillerie d’absinthe, toujours à Couvet. Cependant, Henri Louis Pernod épousa la fille de Daniel-Henri Dubied, et créa lui-même en 1805 sa propre distillerie à Pontarlier, juste de l’autre côté de la frontière, en France, là où se trouvaient les clients. Cette entreprise est aujourd’hui encore une marque renommée. Après sa fusion avec Ricard en 1974, elle constitue à l’heure actuelle le second groupe mondial dans le domaine des spiritueux. La boisson Absinthe était née et Pontarlier, son berceau, en est devenue la capitale. En 1905, on pouvait y compter pas moins de 25 distilleries, employant 3 000 personnes et produisant 10 millions de litres d’absinthe par an. Le seul Pernod produisait 25 000 bouteilles par jour. Les raisons de ce succès sont nombreuses mais liées à l’époque, et il est donc aujourd’hui impossible de les retrouver sous cette forme. Après des débuts prometteurs, le déclic survint à partir de 1830, quand les troupes françaises s’installèrent en Algérie. Dans chaque balluchon se trouvait une bouteille d’absinthe, utilisée comme remède contre la malaria ou d’autres maladies. Cela devint une tradition militaire dans toutes les colonies françaises. En 1848, environ 100 000 soldats étaient stationnés seulement en Algérie. Napoléon avait institué que ses soldats, après leur retour au pays, ne devaient pas être oubliés. Il fit construire des monuments en leur honneur comme l’Arc de triomphe, des établissements de soins pour les malades et les blessés comme le Dôme des Invalides. En 1850 plus de 3000 soldats y furent soignés. Et pour la première fois une petite pension fut allouée aux anciens militaires pour le reste de leur vie. Ainsi, les anciens combattants à l’étranger avaient le temps et l’argent nécessaires pour se reposer le long des boulevards parisiens, rénovés par le Baron Hausmann à partir de 1859. De la Bastille à la Madeleine s’installèrent cafés, bistros et restaurants sur plusieurs kilomètres de longueur, où les soldats pouvaient à loisir flâner et boire de l’Absinthe. Il faut préciser que de nombreux soldats ne buvaient pas seulement pour leur plaisir. Renvoyés au pays en provenance des colonies, ils étaient trop vieux ou bien blessés. Amputés, atteints de malaria ou d’autres maladies tropicales, ils buvaient pour endormir la douleur. Les habitants de Paris étaient fascinés par les militaires, auréolés de gloire et rapportant avec eux les mystères de l’Orient. Ils s’emparèrent de leur boisson et en firent une mode générale. Entre 5 et 7 heures le soir, on célébrait l’heure verte. On se retrouve au Café avec des amis, on verse l’Absinthe dans les verres, et on pose les cuillères par dessus afin d’y placer le morceau de sucre … Enfin on ajoute l’eau délicatement, proportion: 5 volumes pour 1. À partir de 1866 il est décrit que le parfum de l’Absinthe envahit les boulevards aux premières heures du soir. Entre 1850 et 1915 s’ajoutèrent d’autres facteurs, qui font que la consommation d’alcool se répandit dans toute l’Europe et s’étendit à toutes les couches de la société. L’industrialisation attira la population des ouvriers dans les banlieues des villes, où ils vivaient dans la pauvreté, et devaient travailler jusqu’à 14 heures par jours 6 jours par semaine. Avec l’alcool on essayait d’oublier la misère. D’autre part, pour la première fois, de nombreuses femmes seules vinrent dans les villes. L’Absinthe était aussi leur boisson. Pas seulement pour son goût, mais aussi pour ses effets. Elle permettait aux jeunes femmes de pouvoir travailler malgré les douleurs dues aux règles, ou malgré leur grossesse. Elles devinrent l’égal des hommes au travail. L’émancipation pouvait commencer. En 1860, une épidémie de Choléra se répandit en France, surtout à Paris. À ce moment, l’Absinthe se buvait pour la défense du corps ou encore comme médicament. Les soldats ne furent à cette époque pas les seuls à en boire. La production industrielle de l’Absinthe la rendit certaines années moins chère que le vin, dont le prix dépendait de la récolte. Cela est également lié au phylloxéra, qui en 1858 ravagea les vignes de l’ensemble de la Provence. Par la suite, la Provence est devenu la Mecque de l’Absinthe. Avec 3 litres par habitant Marseille était en 1907 numéro 1 en France et dans le monde entier. Pour cette raison on comprend mieux pourquoi l’Absinthe a pu devenir un tel succès, malgré la lutte véhémente, mais désespérée, des vignerons. L’Absinthe fut une boissons démocratique, produite par beaucoup de petites et moyennes entreprises. Le vin en revanche était à cette époque une boisson produite pour la plupart pour l’aristocratie et l’Église. La lutte contre l’Absinthe avait donc des alliés puissants. La lutte des viticulteurs contre l’Absinthe a été conduite tout à fait ouvertement et soutenue par beaucoup de personnalités célèbres. Bien entendu, ce n’était pas d’abord une lutte pour des raisons morales, mais purement Utilisations économiques. Le lauréat du prix Nobel Louis Pasteur était, à partir de 1885, en même temps président de la commission nationale contre le phylloxéra, et membre dirigeant de la société d’abstinence, dont le seul but était toutefois la lutte contre l’Absinthe. Les différentes petites organisations contre l’Absinthe se sont unies en 1897 dans l’« Union française antialcoolique », qui avait ensuite en 1903, comme « Ligue Nationale Contre l’Alcoolisme », assez de moyens et d’adhérents pour posséder une efficacité politique redoutable. « Partout où l’hydre verte paraît, paraissent le crime et la folie » : Titre d’une pétition qui avait pour but d’abolir la consommation et la fabrication de l’absinthe, 400 000 personnes signèrent cette pétition. Ceci conduisit à son interdiction dans de nombreux pays, car les ligues de vertus disaient d’elle « qu’elle rend fou et criminel, fait de l’homme une bête et menace l’avenir de notre temps ». Tandis qu’en Belgique l’Absinthe fut interdite dès 1906 (en Suisse et Hollande en 1907), cela dura en France jusqu’en 1915, après plusieurs étapes. Des activités considérables des adversaires de l’Absinthe, témoignent encore de nombreuses cartes postales et affiches. Un premier film muet a même été tourné. En 1906, 300 000 signatures ont été rassemblées et soumises comme pétition en faveur de l’interdiction de l’Absinthe. Le 14 juin 1907, 4 000 viticulteurs ont manifesté à Paris contre l’ Absinthe. À partir de 1908, l’Absinthe a été imposée plus haut, afin de diminuer, en théorie, sa consommation. Depuis 1906, des politiciens à tous les niveaux se sont occupés de plusieurs propositions de loi, qui ont trouvé toutefois seulement dans le début de la guerre, le 3 août 1914, une cause définitive pour être converties. De même que les Anglais ont craint que la consommation d’un mauvais gin empêche le soldat de combattre, et le travailleur dans les usines d’armement de travailler, les Français ont pris le début de la guerre comme raison pour l’interdiction de l’alcool. Avec le soutien des pouvoirs spéciaux pendant la guerre, elle a été interdite à Paris le 15 août 1914 par le gouverneur militaire. Et le 16 mars 1915 l’interdiction est enfin annoncée dans toute la France. L’État confisquait les dépôts des fabricants et les dédommageait en partie. La production d’Absinthe est transférée en Espagne, car là-bas elle reste légale. Pernod lui-même la produit dans son usine en Tarragona jusqu’en 1965. Puisqu’en France non seulement la production et la vente, mais aussi la possession et le transport, sont devenus punissables, il n’y a pas eu de grand trafic frontalier entre les deux pays. On ne peut pas regarder l’interdiction de l’Absinthe en 1915 comme un cas isolé pour la France, car la situation fut tout à fait semblable en Angleterre avec le Gin, en Russie avec la Vodka, en Allemagne avec le Schnaps … Chaque pays a adopté au début du siècle ses propres lois pour lutter contre l’alcoolisme. Avec cela, on découvrît les véritables causes du danger de l’Absinthe : lors de la distillation de l’alcool, il y a une tête, un cœur et une queue de distillation. Seul le cœur est propre à la consommation, le reste contient les mal famés tord-boyaux toxiques. Pour la production d’alcool à prix bas, souvent fabriqué illégalement et de manière non professionnelle les têtes seront également utilisés, l’alcool devient nuisible. Le pire était qu’en France, les producteurs légaux d’Absinthe ont vendu les têtes, mais celles-ci était utilisées par les fabricants illégaux comme élément principal de leurs mélanges. On utilisait également le Méthanol qui était alors reconnu comme non-toxique. La Grande Absinthe a eu un goût tellement extrême que cela pouvait rendre buvable même l’alcool imbuvable. |
| Littérature | L’absinthe entrait dans la composition de la liqueur du même nom, que l’on surnommait « la fée verte » et dans laquelle Van Gogh, Verlaine Toulouse-Lautrec et bien d’autres recherchèrent l’inspiration. Cette fée verte connut un vif succès au XIXe siècle, mais elle provoqua de graves intoxications, décrites notamment par Émile Zola dans l’Assommoir. Le Vermouth, le Bitter, l’Absinthe Nous font des trous dans le gésier. On ne peut que s’extasier Sur l’état de leur triple teinte. Jaune, rouge, vert, triple flot Diaprant la foule commune qu’il fasse (nous souffrons de l’eau) Clair de soleil ou clair de lune.Charles Cros « n’ayant sous la main ni opium, ni haschisch, et voulant s’emplir le cerveau de crépuscule, il avait eu recours à cet effrayant mélange d’eau-de-vie, de stout et d’absinthe qui produit des léthargies si terribles. »(Hugo, Les Misérables, IV, p. 325, 1862) « Et Gomer, l’emballeur d’en face, un autre républicain celui-là, il cassait les pincettes sur la tête de sa femme, et il a bu tant d’absinthe, qu’on va le mettre dans une maison de santé. »(Flaubert, l’Éducation sentimentale, III, p. 138, 1869). |
| Mythes | Son nom semble lié avec celui de la déesse grecque Arthémis « Intégrité », déesse grecque responsable des morts violentes. Différentes légendes rapprochent cette plante et cette fille de Zeus armée de l’arc dont les flèches font mourir les femmes enceintes. C’était la sœur jumelle d’Apollon, maîtresse et protectrice de bêtes fauves et de la nature sauvage qu’elle défend de l’atteinte des hommes, n’aimant pas les hommes en tant que garçons, elle devient pour cette raison la déesse des amazones en Orient et protectrice de toutes les femmes, ce qui leur a permis de franchir plus aisément les deux étapes essentielles qui marquent leur vie : la puberté et la ménopause … Entre ces deux périodes de la vie féminine, Artémis à pour rôle de régulariser les cycles menstruels qui sont liés aux phases lunaires, étant également déesse de la lune, elle permet dont la femme de se délivrer d’une grossesse, acte où l’homme l’atteint ! Hippocrate, Pline et Dioscoride considèrent l’armoise comme une plante féminine par excellence (les Artemisia ayant fait l’objet d’un large usage en gynécologie durant l’antiquité). |
| Symboles | Dans les écritures Saintes, elle est le symbole des épreuves et chagrins de la vie. |
|
| Menaces | La culture de la plante elle-même n’a jamais été interdite, il est donc possible de la faire pousser dans son jardin. |
|
| | |
|