La commune d’Archanès occupe le centre de l’île de Crète, dans l’arrière-pays de la ville capitale Héraklion, et encore plus proche de ce qui était vraisemblablement la capitale minoenne de l’île, Cnossos. Cette contrée semble avoir toujours été prospère, depuis l’époque minoenne jusqu’à nos jours, en passant par l’époque vénitienne et l’occupation ottomane ; cette prospérité, principalement agricole, est due à des terres fertiles et bien irriguées qui font notamment de la région d’Archanès un des principaux vignobles crétois.
La commune d’Archanès-Astéroussia (Αρχάνες-Αστερούσια) s’étend presque de la côte nord à la côte sud de la Crète, sur une longueur nord-sud de 37 km et une superficie d’environ 330 km² ; le nord de la commune, près de Patsidès (Πατσίδες), n’est qu’à 7 km de la côte de la mer de Crète, tandis que le sud de la commune présente une côte, très rocheuse, de 18 km de longueur sur la mer de Libye. C’est le village viticole de Péza (Πεζά) qui est officiellement le chef-lieu de la commune, mais c’est la ville d’Archanès qui en est la localité principale.
La commune est traversée du nord au sud par une nouvelle route rapide qui relie Héraklion à Pyrgos, au pied des monts Astéroussia, en passant par Patsidès, Péza, Armanogia (Αρμανώγεια), Téféli (Τεφέλι), Ligortinos (Λιγόρτυνος) et Praitoria (Πραιτώρια). Cette route est surnommée la « route industrielle » parce qu’elle relie la zone industrielle d’Héraklion (Βιομηχανική Περιοχή Ήρακλείου) au port de commerce et à l’aéroport.
La commune comprend trois cantons :
le canton d’Archanès, au nord-ouest ;
le canton de Nikos Kazantzakis, au centre-est, dont le chef-lieu est Myrtia, la ville d’origine de l’écrivain qui a donné son nom à ce canton ;
Dans l’ancien découpage administratif, le canton d’Archanès faisait partie de l’éparchie de Téménos (επαρχία Τεμένους) ; le canton de Myrtia faisait partie de l’éparchie de Pédiada (επαρχία Πεδιάδος) ; le canton d’Astéroussia faisait partie de l’éparchie de Monofatsi (επαρχία Μονοφατσίου).
Le canton d’Archanès est dominé par le mont Giouchtas qui est une sorte de château d’eau pour la région ; les sources qui en jaillissent en aval ont, de tous temps, approvisionner en eau la cité de Cnossos puis celle de Candie, de nos jours Héraklion.
La ville d’Archanès se trouve à une distance d’environ 13 km d’Héraklion et à environ 9 km de Cnossos. Depuis Héraklion, ou depuis l’ouest de la Crète par l’autoroute côtière E90, on accède à Archanès en empruntant l’ancienne route d’Héraklion à Ano Viannos, par Cnossos, Spilia et Patsidès ; près de Spilia on peut voir le pont-aqueduc égyptien qui amenait à Héraklion l’eau d’une source de la région. En venant de l’est de la Crète par l’autoroute E90 on peut emprunter la nouvelle route « industrielle », après la sortie vers l’aéroport, et rejoindre l’ancienne route en bifurquant à droite à Patsidès.
Archanès est desservie depuis Héraklion par de nombreux autocars et plusieurs lignes, au départ de la gare routière A qui est située à l’arrière du port des transbordeurs. Voir les horaires sur le site de la KTEL Héraklion-Lassithi www.ktelherlas.gr.
Les environs de la commune d’Archanès sont propices à de nombreuses activités de plein air, telles que l’escalade, le radelage dans les gorges des monts Astéroussia, le cyclisme tout-terrain, la randonnée sur plus de quinze sentiers balisés, le canoë de mer dans les grottes rocheuses de la côte sud.
Archanès est une petite ville agricole de moyenne montagne, située entre 380 m et 450 m d’altitude, dans une vallée qui sépare le mont Giouchtas, à l’ouest, d’un ensemble de collines couvertes d’oliveraies, à l’est. La ville d’Archanès comprend deux localités : Épano Archanès (Επάνω Αρχάνες), c’est-à-dire « Archanès d’En Haut », et Kato Archanès (Κάτω Αρχάνες), « Archanès d’En Bas », situé environ 1 km plus au nord, plus bas dans la vallée, à 365 m d’altitude.
Le canton d’Archanès comprend également quelques hameaux, dont Karnari (Καρνάρι), situé au sud-ouest du mont Giouchtas, et Vathypétro (Βαθύπετρο), situé environ 3 km au sud d’Archanès. Le canton compte une population d’environ 5 000 habitants, dont la plupart vivent de l’oléiculture et de la viticulture. Archanès est la ville la plus importante de la commune d’Archanès-Astéroussia (Αρχάνες Αστερούσια).
La localité d’Épano Archanès se trouve un peu à l’écart de la nouvelle route qui relie Héraklion à Ano Viannos ; la ville dispose d’une rocade ouest qui détourne le trafic de transit en direction de Pyrgos dans le sud de la commune ; la rocade quitte l’ancienne route juste avant Épano Archanès et la rejoint aux environs de Vathypétro. L’accès au centre-ville depuis Héraklion se fait par l’avenue Kapétanakis (Λεωφόρος Καπετανάκη), puis par l’avenue des Héros de Polytechnique (Λεωφόρος Ηρώων Πολυτεχνείου) qui traverse l’ouest du village jusqu’à la place principale, la place Venizélos. Le stationnement est très difficile dans les rues encombrées par les grosses camionnettes de paysans qui circulent et se garent de façon anarchique ; on peut se garer un peu après la place Venizélos, sur un parc de stationnement informel, en terre battue, et il est préférable de découvrir la ville à pied. Cependant le tourisme n’est sans doute pas la préoccupation prioritaire des autorités municipales et le visiteur a beaucoup de difficultés à se repérer, aucun plan de ville n’étant affiché dans les rues et aucune des attractions n’étant indiquées ; la localité ne dispose pas d’un office de tourisme et même au Musée archéologique, il est impossible d’obtenir de la documentation sur la ville.
Archanès est pourtant un village traditionnel qui pourrait être attrayant sur le plan touristique, avec des ruelles dallées qui escaladent les pentes de la colline, une belle place ombragée qui abrite quelques bonnes tavernes, de belles maisons de maître, nommées archontiques (αρχοντικό), du mot « άρχοντας », maître, archonte ; certaines de ces demeures ont été transformées en hôtels. Une particularité d’Archanès sont les toits à deux pans en tuiles de terre cuite, sans doute hérités de l’occupation ottomane. L’une des plus belles demeures, avec des fontaines et des jardins, était celle du Pacha Moustapha Naili (Mustafa Naili Paşa, Μουσταφά Ναίλη Πασάς), dit le « Crétois » (Giritli), qui gouverna la Crète pendant l’occupation égyptienne.
Le cœur de la ville est en effet l’ancien quartier turc (Τουρκογειτονιά / Tourkogeitoniá), situé à 100 m au nord-est de la place Venizélos et bordé par l’avenue Kapétanakis. C’est autour de cette avenue, qui est en sens unique dans le centre-ville, que se trouvent la plupart des attractions culturelles d’Archanès : un petit mais intéressant musée archéologique, un musée ethnographique (Λαογραφικό Μουσείο), les ruines du « palais » minoen d’Archanès, les églises Saint-Nicolas, Sainte-Croix et Notre-Dame, ainsi que d’étonnantes boutiques d’artisanat traditionnel, certaines avec des enseignes peintes à la main.
L’église Notre-Dame, ou église de la Dormition de la Vierge (Κοίμηση της Θεοτόκου), se trouve au n° 53 de l’avenue Kapétanakis ; cette église de la Panagia, datant de 1670, recèle une importante collection d’icônes de valeur, allant du XVIe siècle au XIXe siècle ; ces icônes sont présentées dans une salle d’exposition. Les horaires d’ouverture sont malheureusement assez restreints. Devant l’église se trouve un campanile de style un peu incongru, ainsi que la minuscule église Saint-Antoine.
D’autres églises intéressantes se trouvent dans les quartiers extérieurs ou à la périphérie de la ville : l’église Sainte-Trinité (Αγία Τριάδα), une église voûtée du début du XIVe siècle située dans l’ouest de la ville, possède d’intéressantes fresques de l’Ascension (Αναλήψεως) et de la Nativité de la Vierge (Γεννήσεως της Θεοτόκου) ; l’église Sainte-Parascève (Αγίας Παρασκευής), située au sud-est de la ville, présente également des fresques de la même époque, mais en plus mauvais état.
Le musée archéologique d’Archanès fut inauguré en 1993 ; la création du musée avait pour but de conserver sur place des découvertes archéologiques faites dans la région, qui étaient jusqu’alors présentées au Musée archéologique d’Héraklion. Cependant les originaux des pièces les plus importantes sont, encore de nos jours, conservées à Héraklion, pour des raisons de sécurité ; ce sont des copies exactes qui sont exposées à Archanès. Le musée est installé dans le bâtiment, de style néoclassique, de ce qui fut la première école de la localité, au XIXe siècle, dans le quartier de Tzami (τζαμί) (mosquée). Dans la cour du musée se trouve un buste de l’archéologue Giannis Sakellarakis (Γιάννης Σακελλαράκης) (1926-2010), qui dirigea les fouilles du palais minoen d’Archanès, et celles de la nécropole de Fourni et du sanctuaire d’Anémospilia.
Les collections sont présentées dans une seule grande salle comportant une vingtaine de vitrines, le long des murs et au centre de la salle, avec des panneaux explicatifs en grec et en anglais. La visite doit se faire dans le sens horaire, en commençant par la gauche.
Les vitrines n° 1 à 6 contiennent des découvertes du cimetière minoen de la colline de Fourni. La vitrine n° 1 contient des reproductions de statuettes, typiques de l’art cycladique, provenant des tombes de Fourni ; ces découvertes confirment la relation qu’avait l’île de Crète, dès le IIIe millénaire avant JC, avec la civilisation proto-cycladique florissante à l’époque.
La vitrine n° 2 présente des objets de l’époque minoenne proto-palatiale, entre autres des bijoux en ivoire, une paire de boucles d’oreilles en argent, des pierres précieuses et de minuscules statuettes d’animaux en argile.
Dans la vitrine n° 3, au sol, dans l’angle de la salle, sont exposées des sépultures, telles qu’elles ont été mises au jour au cimetière de Fourni. On peut voir trois sarcophages en argile, ou larnakès (λάρνακες), avec leurs couvercles, qui contiennent la sépulture d’un homme et d’une femme et trois jarres funéraires, ou pithoi (πίθοι), qui étaient généralement utilisées pour les enterrements d’enfants ; ces larnakès, bien conservés, datent du XIXe siècle avant JC. On remarque les petites dimensions de ces cercueils : en effet les Minoens étaient, en moyenne, de très petite taille et ils enterraient leurs morts en position fœtale, c’est-à-dire les genoux repliés contre la poitrine, comme le montrent les squelettes exposés. Les défunts étaient placés dans les sarcophages ou dans les pithois alors que les corps étaient encore chauds, avant l’apparition de la rigidité cadavérique, de sorte qu’ils s’adaptaient aux sépultures.
Les vitrines n° 4 et n° 5 présentent l’art de la céramique de Fourni depuis l’époque pré-palatiale jusqu’au début de l’époque proto-palatiale ; ce sont des objets en céramique de formes diverses, avec une décoration simple et linéaire. Dans la vitrine n° 4, l’objet le plus intéressant est la reproduction d’un sistre en céramique découvert au cimetière de Fourni et datant d’environ 2000 avant JC. Le sistre (σείστρον) est l’un des plus anciens instruments de musique qui nous soient parvenus ; il était très rare sur l’île de Crète, mais répandu dans l’Egypte ancienne. Le sistre se compose d’un manche d’où partent des barreaux sur lesquels sont accrochés des disques d’argile ; en secouant vigoureusement l’instrument, celui-ci émet des sons similaires à ceux produits par un hochet de bébé. On connaît cet instrument de musique grâce à la scène du « Vase aux moissonneurs » exposé au musée archéologique d’Héraklion. Un détail de cette scène représentant des musiciens, dont l’un tient un sistre et chante, est affiché à côté du sistre.
La vitrine n° 6 contient des sarcophages avec des sépultures d’enfants et divers vases funéraires, dont une marmite de type chytra (χύτρα).
La vitrine n° 7 présente des artefacts liés aux pratiques cultuelles du sanctuaire minoen découvert à Anémospilia ; ce sanctuaire datait du début de l’époque néo-palatiale et a été détruit par un tremblement de terre vers 1700-1650 avant JC. En 1979 les archéologues ont découvert dans ce sanctuaire les squelettes de trois humains qui avaient trouvé la mort à cause de la chute du toit et des murs lors du tremblement de terre ; ils ont également trouvé le squelette d’un humain attaché sur un autel ; les archéologues ont supposé qu’un sacrifice humain se déroulait dans le sanctuaire pendant le tremblement de terre, dans une tentative pour exorciser le mal. Dans la vitrine on peut voir une reproduction du poignard de bronze utilisé pour le sacrifice et un moulage du sceau qui se trouvait sur le poignet gauche de l’un des morts, celui qui est censé avoir été le prêtre sacrificateur. Le poignard a été découvert posé sur le squelette de la victime sacrificielle ; gravé sur la lame, on peut voir un curieux motif d’un animal hybride, ressemblant à un sanglier déformé.
Dans la vitrine n° 7, il y a aussi une reproduction des pieds en terre cuite de la statue en bois d’une divinité qui se dressait dans la salle centrale du sanctuaire et qui a été détruite dans l’incendie qui a suivi la destruction du temple. À droite de la vitrine sont exposées trois jarres géantes qui ont été mises au jour dans la cour centrale du sanctuaire ; les rangées de poignées servaient à faire passer des cordes afin de pouvoir transporter les jarres. La décoration polychrome, dans le style de Kamarès, du plus petit pithos a été altérée par l’incendie qui a suivi le tremblement de terre.
D’autres objets liés aux activités dans le temple d’Anémospilia sont exposés dans la vitrine n° 8.
La vitrine n° 9 présente les activités de la vie quotidienne des habitants d’Archanès à l’époque palatiale, sur leurs habitudes alimentaires et leurs activités professionnelles telles que la teinture et le tissage. Les pesons de métiers à tisser (αγνύθες / agnýthes) de l’époque ont été conservés, ainsi que les coupelles coniques contenant des traces de teintures utilisées pour colorer les textiles ; il y a aussi des marmites en céramique (χύτρες / chýtres), avec des restes de nourriture, qui renseignent sur le régime alimentaire des Minoens. Le bocal de conserve exposé juste après la vitrine n° 9 a été trouvé dans une résidence rurale minoenne dans la région d’Archanès ; il est décoré de motifs d’un excellent savoir-faire.
Les vitrines en verre placées au centre de la salle présentent une cuve de foulage de raisins en argile (ληνός / linós). Cet objet a été trouvé à Fourni, mais des objets similaires ont été trouvés dans de nombreux sites minoens, car la vinification était l’une des principales activités commerciales de l’île. Le panneau situé à côté de la cuve de foulage présente une image des moyens de transport terrestres et maritimes de l’époque, et des relations avec les pays de l’est de la Méditerranée.
Dans la vitrine n° 11 on peut voir des objets en céramique de l’époque néo-palatiale ; les vases exposés ici ont été trouvés dans le bâtiment du palais mis au jour au cœur du village, dans le « Quartier turc » (Τουρκογειτονιά / Tourkogeitoniá). De petites tasses en terre cuite contenaient les ocres utilisées pour peindre des fresques sur les murs des palais et des villas.
La vitrine n° 12 est dédiée aux travaux de la pierre ; elle présente des vases en pierre faits de divers minéraux, ainsi que des outils en pierre et des composants de broche.
La vitrine n° 13 contient un certain nombre de fragments de récipients en argile (όστρακα / óstraka), de différentes époques, découverts à Archanès, qui témoignent de cinq mille ans d’occupation humaine dans cette ville : aux objets bruts de IIIe millénaire avant JC, succèdent les différentes époques minoennes, puis les pièces grecques, romaines, byzantines, vénitiennes et turques, jusqu’aux pots brisés de nos jours. Il est intéressant d’observer comment les styles de céramique se sont développés et ont évolué avec le temps ; les séquences temporelles des styles de céramique sont utilisées par les archéologues pour dater les différentes époques d’un chantier de fouille.
Au centre de la salle, en face de l’entrée, sont présentées les fouilles du palais de Tourkogeitonia ; sur la gauche, on peut voir un trône de pierre trouvé dans le palais (Pièce 14), un vase à libation en forme de taureau de Fourni (Pièce 15) et des fragments de peintures murales minoennes trouvés dans le bâtiment du palais (Pièce 16), des statues et des frises architecturales.
La vitrine n° 18 présente des objets en ivoire trouvés dans la région d’Archanès ; on peut notamment admirer un peigne en ivoire trouvé dans le parc du cimetière mycénien de Fourni, qui est décoré des deux côtés de paires de lézards en relief. Au-dessus de la vitrine n° 18, on peut voir des doubles cornes de taureau en tuf ; les historiens ne connaissent pas le symbolisme exact des « cornes de consécration », comme les appellent les érudits, mais elles sont certainement un symbole sacré des Minoens, qui apparaît dans les palais et les sanctuaires, ainsi que sur tous les ustensiles rituels.
La vitrine n° 19 présente un autel tripode, qui est également associé au culte. À gauche de cet autel se trouve une grande lampe, comme celles utilisées pour éclairer les pièces et les couloirs des bâtiments minoens. Les deux dernières expositions sont des découvertes d’Archanès de l’époque historique : un autel du Ier siècle après JC (pièce 22) et la tête en marbre d’une jeune fille du IIIe siècle après JC (pièce 23), qui indiquent l’importance des années qui ont suivi la destruction de la civilisation minoenne et l’occupation continue de la région jusqu’à nos jours.
Visite du Musée archéologique d’Archanès (Αρχαιολογικό Μουσείο Αρχανών) :
Adresse : 1 rue Kalochristianakis (οδός Καλοχριστιανάκη 1), une petite rue dans le centre du village, à environ 120 m au nord de la place principale, la place Venizélos. Le musée est plutôt mal indiqué.
Horaires d’ouverture : pendant la saison touristique, du mercredi au lundi, de 8 h 30 à 14 h 30 ; fermé le mardi.
La ville d’Archanès est construite sur les ruines d’habitations de l’époque minoenne ; l’un des bâtiments présente les caractéristiques architecturales des palais minoens déjà connus tels que Cnossos ou Faistos. Ce bâtiment est dénommé « Palais d’Archanès » mais il pouvait plutôt s’agir d’une grande villa ou d’un manoir dépendant du palais de Cnossos, situé à seulement 7 km au nord. D’autres vestiges minoens ont été découverts dans la ville d’Archanès, par exemple à Troulos (Τρούλος), dans l’est du village, ou près de l’église Saint-Nicolas, au sud du palais. La proximité de la grande nécropole de Fourni, du sanctuaire d’Anémospilia et du sanctuaire sommital du mont Giouchtas, ainsi que la découverte d’anciennes routes minoennes, indiquent qu’Archanès devait être un important centre à l’époque minoenne.
Le site de fouilles du palais minoen se trouve dans l’ancien quartier turc d’Archanès (Τουρκογειτονιά / Tourkogeitoniá), au milieu d’un îlot de maisons ; la plus grande partie des bâtiments du palais ne pourraient pas être mise au jour sans démolir les maisons existantes. Le palais est désigné sous le nom de « palais minoen de Tourkogitonia » (Μινωικό Ανάκτορο Τουρκογειτονιάς).
Un premier palais a existé à cet emplacement dès l’époque minoenne proto-palatiale, vers 1900 avant JC ; ce palais était contemporain des premiers palais de Cnossos ou de Faistos ; des poteries dans le style de Kamarès, mises au jours sur le site, l’ont confirmé. Ce premier palais fut détruit par un tremblement de terre vers 1700 avant JC ; immédiatement reconstruit, il fut à nouveau détruit un siècle plus tard. Un nouveau palais fut bâti à l’époque néo-palatiale, vers 1600 avant JC et prospéra jusqu’à la destruction de la civilisation minoenne, vers 1450 avant JC ; ce sont les vestiges de ce nouveau palais qui ont été mises au jour sur le site de fouilles. Le bâtiment fut encore occupé pendant la domination mycénienne.
Le « palais » d’Archanès présentait le même plan et la même orientation que les grands palais ; ses dimensions auraient été à peine inférieures à celles du palais de Cnossos ; l’épaisseur des murs, plus d’un mètre, suggère que les bâtiments avaient plusieurs étages. La cour centrale se trouve dans l’angle sud-est de la zone qui a été excavée ; à l’étage de l’aile nord devait se trouver l’espace sacré car des objets de culte y ont été découverts : vases rituels, autel sacrificiel … ; dans cette aile a été aussi découverte une citerne souterraine alimentée par une source ; dans l’aile est des tablettes inscrites en écriture linéaire A ont été mises au jour, ce qui fait supposer que les archives devaient se trouver dans cette aile ; la partie extérieure de l’aile occidentale devait abriter des ateliers car des tours de potier y ont été découverts ; l’étage de l’aile ouest devait avoir un usage résidentiel.
Les fouilles méthodiques du palais minoen ont été menées à partir de 1964 pour la Société archéologique d’Athènes (Εν Αθήναις Αρχαιολογική Εταιρεία) par l’archéologue grec Giannis Sakellarakis (Γιάννης Σακελλαράκης) et son épouse Éfi. De nombreux artefacts ont été mis au jour, notamment une maquette en terre cuite d’une maison minoenne découverte parmi les archives du palais. La plupart de ces objets sont conservés au musée archéologique d’Héraklion.
Visite du palais minoen d’Archanès :
Adresse : à environ 180 m au nord-nord-est du musée archéologique, à l’est de l’avenue Kapétanakis, dans une petite rue derrière le bureau de poste. Le « palais » n’est pas indiqué.
Le site archéologique semble fermé à la visite ; se renseigner au musée archéologique. On peut apercevoir les ruines, à travers la clôture, depuis le nord et depuis l’ouest.
Le monument à l’enlèvement du général Kreipe se trouve sur la route de Cnossos à Archanès, dans la localité de Patsidès (Πατσίδες), à l’intersection avec la route d’Ano Viannos. Il s’agit d’une œuvre d’art contemporain en béton évoquant un poteau de clôture d’un camp de concentration surmonté d’un écheveau de fils de fer barbelés ; c’est une œuvre d’un sculpteur local, Manolis Tzompanakis (Τζομπανάκης Μανόλης). Le monument est situé sur un monticule à l’ouest du carrefour et n’est pas très visible depuis la route ; la topographie des lieux a beaucoup changé depuis l’événement qu’il commémore, du fait de la construction de la nouvelle route d’Héraklion à Ano Viannos.
Ce monument commémore une des actions de commando les plus audacieuses du Special Operations Executive (S O E) britannique et de la résistance crétoise sous l’occupation allemande.
La nécropole de Fourni (νεκρόπολη του Φουρνιού) est le plus grand cimetière minoen découvert en Crète et l’un des plus grands cimetières antiques de toute la mer Égée. La nécropole de Fourni, ou Phourni, tire son nom de la colline de Fourni (λόφος Φουρνί) où elle est située ; la nécropole se trouve sur le flanc sud-est de la colline. La colline de Fourni est une colline dont le sommet est couvert d’une pinède, la forêt de Fourni (Δάσος Φουρνί) ; le flanc occidental de la colline, très escarpé, descend vers de profondes gorges, les gorges de Sylamiano (Συλαμιανό Φαράγγι), qui séparent la colline de Fourni du mont Giouchtas, situé à l’ouest. L’aqueduc de Morosini (Υδραγωγείο Μοροζίνι), construit en 1628, empruntait ces gorges pour amener l’eau du mont Giouchtas jusqu’à Héraklion ; on peut voir des vestiges de cet aqueduc un peu plus au nord dans les gorges.
L’accès à la nécropole de Fourni peut se faire soit par le haut de la colline, soit par le bas. À Kato Archanès une discrète pancarte, à peine visible depuis la route de Cnossos à Archanès, indique la direction du site archéologique de Fourni ; il faut traverser le village par de petites rues, puis monter à gauche en direction de la forêt de Fourni ; on peut se garer le long de la route près d’un panneau d’information et suivre le chemin de promenade à travers la pinède, puis descendre la colline jusqu’au l’entrée du site archéologique.
À l’entrée nord d’Épano Archanès, au premier carrefour après les hangars d’un magasin vendant des produits agricoles régionaux (huile et cetera), prendre la sortie à droite, rouler sur 200 m et se garer sur un terre-plein ; continuer à pied en prenant le chemin, escarpé mais pavé, qui gravit la colline de Fourni en longeant une oliveraie ; ce chemin mène directement, en 500 m, à la nécropole dont l’entrée se trouve sur le côté ouest : il s’agit vraisemblablement du chemin utilisé à l’époque minoenne pour permettre aux habitants d’Archanès de transporter leurs morts, les sarcophages et divers autres objets funéraires.
La nécropole minoenne de Fourni fut utilisée pendant plus de 1 200 ans, depuis l’époque minoenne pré-palatiale, vers 2400 avant JC, jusqu’à l’époque minoenne post-palatiale, vers 1200 avant JC, alors que les Grecs mycéniens avaient envahi la Crète ; la nécropole contient d’ailleurs quelques tombes mycéniennes. La nécropole de Fourni se caractérise par une multitude et une variété de constructions funéraires, construites dans un large éventail de styles architecturaux, notamment des tombes à tholos, c’est-à-dire des constructions en pierre rondes couvertes d’un dôme. La plupart des bâtiments funéraires ont été utilisés pendant de nombreuses décennies et contiennent des sépultures successives ; certaines tombes ont été utilisées pendant une durée extrêmement longue : de 2000 avant JC à 1350 avant JC.
Les fouilles archéologiques de la nécropole de Fourni ont débuté en 1964, avec la mise au jour d’une tombe à tholos située au pied oriental de la colline ; les fouilles ont été menées de 1964 à 1995 par l’archéologue grec Giannis Sakellarakis (Γιάννης Σακελλαράκης) et son épouse Éfi. Les fouilles ont permis d’identifier vingt-six édifices, dont la plupart étaient à usage funéraire, mais dont certains étaient utilisés à des fins laïques ou cultuelles ; la plupart des édifices présentaient aussi plusieurs phases architecturales. La nécropole comportait des allées pavées et des systèmes d’évacuation des eaux de pluie.
Les édifices les plus remarquables du site sont :
La tombe à tholos A. Cette tombe a été construite dans la première moitié du XIVe siècle avant JC et possède un dromos, une tholos et une chambre latérale ; cette chambre latérale contenait une sépulture royale intacte à l’intérieur d’un sarcophage avec de riches offrandes : colliers en or, perles de jade et de pâte de verre, chevalières en or, vases en bronze et en ivoire. Ces bijoux sont, de nos jours, exposés au Musée archéologique d’Héraklion.
Le bâtiment n° 4, dénommé « Bâtiment séculier », se trouve presque au centre de la partie orientale du cimetière. Il s’agit d’une structure rectangulaire complexe, construite sur différents niveaux, dans deux ailes distinctes. Ce bâtiment était probablement utilisé par les vivants pour la préparation des morts, à l’époque minoenne récente MR-I-a (de 1550 à 1500 avant JC).
La tombe à tholos B. C’est la structure la plus grande et la plus complexe du cimetière, construite avant 2000 avant JC et utilisée jusqu’à la première moitié du XIVe siècle avant JC. Les ajouts, effectués pendant la longue période de son utilisation, ont abouti à sa forme complexe, comprenant douze pièces au total. L’ensemble du bâtiment est rectangulaire à l’extérieur, avec un tholos circulaire inscrit au centre.
Le bâtiment funéraire n° 6. Il s’agit d’un ossuaire comprenant six salles rectangulaires, parallèles et oblongues ; il a été construit à l’époque minoenne moyenne MM-I-a (avant 2000 avant JC). Les dépôts à l’intérieur de la structure sont le résultat du nettoyage des bâtiments funéraires voisins, et se composaient principalement de crânes et de nombreuses offrandes funéraires.
Le bâtiment funéraire n° 3. Bâtiment carré, symétrique, extrêmement bien construit et bien conservé, contenant des offrandes importantes. Il imite l’architecture domestique de l’époque (portes, antae, seuils). Il a été utilisé à partir de l’époque MM-I-a (avant 2000 avant JC) jusqu’après 1400 avant JC.
La tombe à tholos C. Cette tombe est construite au-dessus du niveau du sol, avec une entrée du côté est et un foyer construit dans la partie sud-ouest de la tholos. Une particularité architecturale remarquable est la construction d’une fenêtre sur le côté sud de la tholos. Les sépultures étaient placées à l’intérieur des sarcophages ou directement sur le sol et contenaient de nombreuses offrandes. Cette tombe à tholos date de l’époque minoenne ancienne MA-III (de 2250 à 2100 avant JC).
Le bâtiment funéraire n° 19. C’est la seule structure funéraire absidale en Crète, utilisée pour les inhumations et les dépôts depuis l’époque MM-I-a jusqu’à l’époque MM-I-b (de 2100 à 1950 avant JC). Les murs entourant l’abside sont d’une épaisseur exceptionnelle, évidemment pour le support de l’édifice, qui était couvert d’une voûte. Les sépultures contenaient des offrandes riches et nombreuses.
La tombe à tholos E. C’est probablement le premier édifice funéraire à avoir été érigé à Fourni, car les premières sépultures datent de 2400-2300 avant JC mais il a été réutilisé deux siècles plus tard (de 2100 à 2000 avant JC). La tombe était construite au-dessus du niveau du sol, avec une entrée à l’est, une anta et un linteau, et contenait plusieurs sépultures avec de nombreuses offrandes.
La tombe à tholos D. Cette tombe a livré une sépulture féminine riche et intacte, datée du XIVe siècle avant JC. La tombe est taillée dans la roche dure, dont une partie servait de section du mur de tholos tandis que le reste est construit en pierres en anneaux horizontaux irréguliers. Le corps de la femme décédée avait été placé sur une civière en bois.
L’enceinte funéraire mycénienne. L’ensemble funéraire de la partie nord du cimetière contenait sept tombes à fosse, de style mycénien, datant de l’époque minoenne récente MR-III-a (XIVe siècle avant JC). Le péribole est rectangulaire et les tombes, également rectangulaires, sont creusées dans la roche. Dans chacune des fosses un sarcophage (larnax) avait été placé. Toutes les tombes ont livré une grande variété et une grande richesse d’offrandes.
Visite du site archéologique de Fourni (Αρχαιολογικός Χώρος Φουρνί) :
La nécropole de Fourni est fermée au public depuis quelques années, en raison du manque de personnel : se renseigner auprès du Musée archéologique d’Archanès. On ne peut pratiquement rien voir à travers la clôture.
Le site était auparavant ouvert tous les jours sauf le mardi, pendant la saison touristique, et son entrée était gratuite.
Le site archéologique d’Anémospilia montre les ruines d’un temple minoen de l’époque proto-palatiale ; l’importance de ces ruines tient à ce que leur mise au jour a révélé l’existence de sacrifices humains dans la civilisation minoenne, ce qui bouleversait l’idée, qui prévalait jusqu’alors, d’une civilisation douce et non-violente.
Le temple d’Anémospilia se trouve au bas des pentes nord du mont Giouchtas, à environ 420 m d’altitude. Le toponyme « anemospilia » signifie « les grottes du vent », le vent du nord s’engouffrant dans les grottes, nombreuses de ce côté de la montagne. Le site se trouve à environ 2,5 km au nord-nord-ouest du centre d’Épano Archanès. L’accès au site d’Anémospilia est mal indiqué, voire pas du tout : depuis le nord-ouest d’Archanès, rejoindre une petite route qui longe le flanc oriental du mont Giouchtas, au-dessus des cultures, et la suivre vers le nord jusqu’à l’extrémité, où la route tourne en épingle à cheveux ; les ruines du temple se trouvent un peu en hauteur, sur la gauche de la route (n° 11 sur la carte du canton).
Le temple présentait une forme inhabituelle pour un temple minoen, très différente des palais minoens labyrinthiques : le plan est rectangulaire, d’environ 12 m de largeur par 10 m de longueur ; une antichambre transversale, située au nord, donne accès à trois salles rectangulaires de dimensions identiques. C’était une structure robuste, avec des murs épais recouverts de maçonnerie blanche ou rouge partiellement conservée ; de la pierre de tuf taillé a été utilisée pour les seuils et pour les chambranles.
Selon les chercheurs, l’antichambre était le lieu où se faisaient les préparatifs du culte ; les archéologues y ont découvert cent cinquante vases de formes diverses, dont un important calice, ainsi que des jarres, des pilons, des mortiers et des pots. Un premier squelette a été découvert dans cette antichambre ; la position de ses os suggérait que la personne fuyait en emportant un remarquable vase rituel, dans le style de Kamarès ; ce vase a pu être reconstitué à partir des fragments gisant sur le sol.
Dans la chambre centrale, sur un autel, une découverte importante a été faite : une paire de pieds en terre cuite, anormalement grands, avec un trou sur la surface supérieure. Autour des pieds, une épaisse couche de cendre de bois a été trouvée, ce qui laisse supposer que l’objet est un vestige d’une grande statue acrolithique en bois, c’est-à-dire une statue dont les extrémités étaient faites d’un matériau différent de celui de son corps principal ; cette idole aurait été détruite par l’incendie sans doute causé par des lampes à huile qui ont explosé lors du tremblement de terre. Les récipients trouvés tout autour sont révélateurs des offrandes à la divinité du culte à la suite de rituels.
Dans la chambre orientale, à gauche de l’entrée, devaient se dérouler des rituels sans effusion de sang ; contre le mur sud de cette salle, au fond, se trouve une structure graduée, sculptée dans le rocher, qui servait probablement d’autel, sur lequel de nombreuses offrandes votives ont été trouvées. Des paniers, des vases à bec de formes diverses et trois coupes en forme de calice sont quelques-uns des objets trouvés dans cette pièce ; la décoration de certains de ces récipients représentait des scènes religieuses.
Dans la chambre occidentale, à droite de l’entrée, ont été découverts trois squelettes ; la mort des deux premiers, tous deux âgés d’une trentaine d’années, était liée aux chutes de pierres du plafond et de panneaux de bois de la pièce, et à l’incendie qui en avait résulté. Le premier mort, une femme trouvée la face contre le sol, avait été apparemment tuée par le poids du plafond s’abattant sur elle ; on pense que cette femme devait être une prêtresse ou une assistante du prêtre. Le deuxième mort, retrouvé les mains sur le visage comme pour se protéger, était un homme de carrure robuste et très grand, qui avait dû tomber sur le dos sous l’effet d’un choc ; cet homme, de haut rang si l’on en juge par les attributs et les riches bijoux qu’il portait, devait être un prêtre. Le troisième squelette était celui d’un jeune homme, retrouvé non pas sur le sol comme les autres, mais sur une sorte d’autel ; le squelette était en position accroupie, les chevilles serrées, comme si elles avaient été attachées ; un grand couteau en bronze se trouvait sur le squelette : la lame, longue de 40 cm, était décorée d’animaux sacrificiels.
Pour les archéologues Giannis et Éfi Sakellarakis, qui mirent au jour les ruines du temple d’Anémospilia en 1979, cette scène était clairement le résultat d’un sacrifice humain qui avait été interrompu par un tremblement de terre qui avait détruit le temple ; cette destruction s’était produite vers 1700 avant JC, à la fin de l’époque minoenne proto-palatiale.
Cette interprétation, difficilement réfutable, créa une grande controverse parmi les spécialistes de la civilisation minoenne qui considéraient cette civilisation comme paisible et idyllique. Il semble que, dans les situations désespérées telles qu’une succession de séismes dévastateurs, les Minoens aient eu recours exceptionnellement à des sacrifices humains quand les sacrifices d’animaux ne suffisaient pas à apaiser les dieux.
Depuis quelques années le site archéologique d’Anémospilia est fermé au public ; on ne peut le visiter que sur accord préalable du service archéologique (téléphone : 00 30 2810 752 712). On peut quand même observer les ruines du temple à travers la clôture.
Comme consolation on peut profiter des belles vues que le site offre sur le versant nord du mont Giouchtas, sur le massif du Dicté, sur le mont Ida et sur la côte nord.
Le mont Giouchtas est une montagne moyenne, culminant à 811 m d’altitude, située dans l’arrière-pays d’Héraklion et dont les eaux ont, de tous temps, alimenté la ville. Le toponyme est parfois transcrit en français « Iouchtas », plus proche de la prononciation grecque « iouktas ». Dans les temps anciens la montagne était nommée « Ίυττός ».
Le sommet du mont Giouchtas se trouve à une douzaine de kilomètres au sud du port d’Héraklion et à 1,5 km à l’ouest du centre-ville d’Archanès. On peut accéder à son sommet en automobile par une piste de terre qui part sur la droite de la route d’Archanès à Pyrgos ; la piste, cahoteuse mais carrossable, mène en 4 km jusqu’à une aire de stationnement située à 50 m du sommet Afendis Christos.
Le mont Giouchtas est une crête tectonique qui a été formée, au milieu d’une plaine légèrement vallonnée, par l’action de deux failles orientées nord-sud ; dans la faille occidentale prend naissance la rivière Giofyros (ποταμός Γιόφυρος) qui se jette dans la mer de Crète à l’ouest d’Héraklion ; la faille orientale a créé les gorges de la rivière Knossano (ποταμός Κνωσάνο), également connues comme les gorges de Sainte-Irène (Φαράγγι της Αγίας Ειρήνης) ; cette rivière de Knossos se jette dans la mer au port d’Héraklion. Entre ces deux failles, le mont Giouchtas présente une forme très allongée, avec une longueur sud-nord de 5 km et une largeur ouest-est d’environ 1 km ; les versants ouest et sud sont très escarpés, alors que les versants nord et est ont une plus faible pente.
Le mont présente trois sommets : au nord le Psili Koryfi (Ψηλή Κορυφή), c’est-à-dire le « haut sommet », qui culmine à 811 m ; au milieu l’Afendis Christos (Αφέντης Χρήστος), avec environ 800 m d’altitude ; au sud un sommet qui culmine à 743 m.
Près du plus haut sommet se trouve les ruines d’un sanctuaire sommital minoen et, de nos jours, des relais de télécommunications et de télévision. Sur le second plus haut sommet se trouve l’église d’Afendis Christos ; il y a environ 800 m entre les deux plus hauts sommets. Au pied du versant nord se trouvent les ruines du temple d’Anémospilia.
Selon la mythologie crétoise, le mont Giouchtas serait le tombeau de Zeus, roi des dieux de l’Olympe ; selon cette tradition, le tombeau portait l’épigramme « HIC ZAN JACET, QUEM JOVEM VOCANT » (« Ci-gît Zeus, qu’ils appellent Jupiter »). Zeus étant censé être immortel, une variante est que Zeus serait seulement endormi. Le toponyme Iouchtas serait une altération du nom latin de Zeus, « Jupiter ».
Vue depuis le nord-ouest d’Héraklion la crête du mont Giouchtas évoque incontestablement le profil d’une tête d’homme barbu, et la croyance populaire dit que ce serait la tête de Zeus se reposant. Le sommet Psili Korfi serait le front, le sommet Afendis Christos serait les sourcils, le troisième sommet serait le nez.
Du côté oriental la vue s’étend sur la ville d’Archanès et les gorges de la rivière Knossano, parfois nommées gorges d’Archanès ; au-delà on aperçoit la plaine minoenne et les contreforts ouest du massif du Dicté.
Sur le Giouchtas il existe une colonie de vautours fauves (Gyps fulvus), que l’on peut voir planer notamment au-dessus du sommet de Psili Koryfi. Pour cette raison le site du mont Giouchtas a été inclus dans le réseau européen Natura 2000 en tant qu’habitat et réserve ornithologique.
Depuis un belvédère situé sur le rebord ouest du mont Giouchtas on a de magnifiques vues sur la plaine de Téménos ; au sud-est on aperçoit le village de Profitis Ilias et la double colline de Rocca où était bâti le château byzantin de Téménos. En arrière-plan on devine le massif montagneux du Psiloritis et le mont Ida.
Depuis le sommet Afendis Christos on peut observer la falaise du versant ouest du mont Giouchtas, créée par la faille occidentale. La vue s’étend vers le nord-ouest, sur la vallée de la rivière Giofyros, jusqu’à la côte nord de l’île et le golfe d’Héraklion.
Sur le plus haut sommet du mont Giouchtas, le Psili Koryfi (Ψηλή Κορυφή), se trouve les ruines d’un sanctuaire sommital minoen, peut-être un des plus anciens sanctuaires sommitaux, datant de la fin du IIIe millénaire ou du début du IIe millénaire avant JC. Le sanctuaire du Giouchtas était sans doute associé au palais de Cnossos, distant de seulement 6 km au nord en ligne directe, et à l’importante région minoenne d’Archanès où se trouvait un petit palais, la nécropole de Fourni, le temple d’Anémospilia et de grandes villas telles que celle de Vathypétro.
Le sanctuaire, aménagé sur deux terrasses, était entouré d’une enceinte de murs cyclopéens ; il comprenait un temple, de 8 m par 5 m, avec un autel, et cinq salles orientées vers l’est.
Le sanctuaire a été fouillé pour la première fois en 1909 par Arthur Evans ; il fut fouillé de façon plus systématique, de 1974 à 1990, par la Société Archéologique d’Athènes. Une grande quantité d’objets votifs ont été mis au jour lors des fouilles, notamment dans une cavité naturelle de la roche profonde de plus de 10 m : des bijoux en or ou en bronze doré, des figurines humaines et animales en argile, de petits autels miniatures, des vases à usage cultuel en pierre ou en terre cuite ; la plupart de ces ex-voto dataient du minoen moyen MM-III au minoen récent MR-I, c’est-à-dire de l’époque néo-palatiale.
On peut accéder aux ruines du sanctuaire depuis la piste conduisant à l’église Afendis Christos ; dans le dernier virage en épingle à cheveux, un sentier part vers le nord et gravit le sommet de Psili Koryfi ; ce sentier, d’environ 400 m de longueur, est plutôt difficile dans sa dernière partie. L’entrée de la clôture du site archéologique se trouve du côté nord du sommet, près de la station de télécommunication et de télévision (la Voix de Zeus ?).
Le sommet de Psili Koryfi offre des vues panoramiques sur toute la région.
Les pèlerinages au sanctuaire sommital minoen ont été remplacés par des pèlerinages à l’église du Seigneur Jésus Christ : l’église du Seigneur Christ (Αφέντης Χρήστος) se trouve sur le deuxième plus haut sommet du mont Giouchtas, le sommet d’Afendis Christos, qui atteint environ 800 m d’altitude. En contrebas de l’église, accroché à la falaise, se trouvait un monastère de nonnes dont on peut voir les ruines.
L’église du Seigneur Christ, ou église de la Transfiguration du Christ (Μεταμόρφωση του Χριστού) a été fondé dès l’Antiquité. Elle compte, de nos jours, quatre nefs : la première nef, au nord, est dédiée aux saints Anargyres (Άγιοι Ανάργυροι), c’est-à-dire les saints « sans argent », les guérisseurs qui soignaient sans se faire payer ; la nef suivante est dédiée aux Saints Apôtres (Άγιοι Απόστολοι), Pierre et Paul ; la troisième nef à la Transfiguration du Sauveur (Μεταμόρφωση του Σωτήρος) ; la dernière nef, au sud, construite en 1443, est dédiée à la sainte Ceinture (Αγία Ζώνη), la ceinture de la Vierge laissée à saint Thomas après sa Dormition, c’est-à-dire son Ascension.
Chaque année, le 6 août, jour de la fête de la Transfiguration, a lieu un pèlerinage qui rassemble, sur le vaste parvis de l’église, un grand nombre d’habitants des villages environnants, qui apportent des fleurs en procession à l’église. La vue depuis le parvis est époustouflante, notamment vers l’ouest, au-dessus de la falaise.
L’accès à l’église d’Afendis Christos se fait par une piste de terre depuis la route d’Archanès à Vathypétro ; à pied la montée prend environ une heure.
L’église Saint-Michel Archange (Ιερός Ναός Μιχαήλ Αρχαγγέλου) se trouve à environ 2,5 km au sud d’Archanès ; l’église se trouve à 550 m d’altitude, au milieu des oliveraies et des vignes. C’est un tout petit édifice à une seule nef voûtée, mais qui recèle de précieuses fresques datant de l’année 1315. Cette église est également nommée « Assomatos » (Ασώματος) qui est le surnom donné à l’archange Michel dans le monde orthodoxe et qui signifie « l’incorporel, l’immatériel », du mot « σώμα » qui veut dire « corps ».
Parmi les fresques, de style byzantin, on remarque la « Crucifixion du Christ », peinte dans toute sa cruauté, le « Sacrifice d’Abraham », plein de tragédie et de pathétique expressif, et le « Siège de Jéricho », avec Josué entièrement vêtu d’une armure de style médiéval. Sur la fresque, très endommagée, de « Michel Archange » on remarque un portrait du donateur de l’église, un certain Michel Patsidiotis (Μιχαήλ Πατσιδιώτης) et de son épouse ; le donateur est montré offrant à l’archange une maquette de l’église.
L’église Saint-Michel Archange est généralement fermée à clef, sauf le 8 novembre, fête de la Saint-Michel dans le calendrier orthodoxe ; on peut demander la clef au prêtre de l’église de la Panagia à Archanès.
À 4 km au sud d’Archanès, sur la route de Pyrgos (Πύργος), dans une région vallonnée située au pied du mont Giouchtas, se trouvent les ruines du manoir minoen de Vathypétro (μινωικής έπαυλης του Βαθυπέτρου) ; depuis Archanès, prendre la route du sud en direction du hameau de Vathypétro, traverser une région de vignes sur environ 3 km ; se garer près du panneau indiquant sur la droite le chemin dallé allant vers le site archéologique (Αρχαιολογικός χώρος Βαθύπετρου).
Le site de Vathypétro se trouve au milieu d’un paysage bucolique de collines couvertes de vignobles et de vergers d’oliviers ; les vignes y sont cultivées depuis au moins 3 500 ans, ce qui en fait vraisemblablement un des plus anciens vignobles du monde.
La villa de Vathypétro était une « villa » au sens romain du terme, c’est-à-dire une ferme exploitant un domaine agricole et viticole. Cette villa faisait partie d’un hameau constitué d’autres villas semblables, mais la plupart de ces villas ont été détruites par l’extension des cultures, notamment de la vigne ; la région est encore de nos jours une importante région viticole.
La construction du manoir a commencé vers 1580 avant JC, mais le bâtiment a été gravement endommagé vers 1550, vraisemblablement par un tremblement de terre, et a été reconstruit. Cette construction date donc de l’époque minoenne néo-palatiale à l’apogée de sa splendeur, au XVIe siècle avant JC.
La villa était un véritable petit palais et il est étonnant de constater comme son architecture semble très inspirée de celle du palais de Cnossos, situé à seulement une dizaine de kilomètres au nord. La villa avait une cour centrale et une cour occidentale plus petite, des bâtiments de deux étages dans certaines parties, des puits de lumière et un bassin lustral, un petit sanctuaire tripartite, une loggia à trois colonnes, une salle hypostyle avec quatre piliers carrés, un entrepôt contenant seize jarres géantes (pithoïs) et des ateliers. La décoration était plus modeste, sans fresques, mais avec des mortiers colorés.
Dans les dépendances de la villa ont été découverts de nombreux ustensiles agricoles ainsi qu’un moulin à huile d’olive, dans une cour, et un pressoir à vin, dans l’aile sud ; ce pressoir minoen, remarquablement bien conservé et qui a été laissé sur place, est sans doute un des plus anciens pressoirs qui soient parvenus jusqu’à nos jours ; la villa avait également des activités artisanales tel que le tissage ou la poterie, peut-être à une époque ultérieure.
Le site de la villa de Vathypétro a été mis au jour en 1949 par l’archéologue grec Spyridon Marinatos (Σπυρίδων Μαρινάτος) ; les fouilles ont duré jusqu’en 1956. Jusqu’à sa mort accidentelle en 1973, Marinatos a effectué quelques tentatives de reconstruction partielle de la villa.
Le site archéologique de Vathypétro est ouvert du mercredi au lundi, de 8 h 30 à 15 h 30. L’entrée est gratuite.
Dès 1943, au Caire, le S O E avait projeté l’enlèvement du général commandant la 22e division d’infanterie allemande, le général Friedrich-Wilhelm Müller, connu pour sa brutalité dans la lutte contre la Résistance crétoise, notamment lors du « Massacre de Viannos » ; cette action avait pour but de remonter le moral de la Résistance.
Le 4 février 1944, le major Patrick Leigh Fermor, du S O E, fut parachuté sur le plateau de Katharo ; les hommes qui l’accompagnaient ne purent pas être parachutés, à cause des mauvaises conditions météorologiques, et durent rentrer au Caire ; après plusieurs autres tentatives de parachutage, les résistants crétois Georgios Tyrakis (Γεώργιος Τυράκης) et Manolis Patérakis (Μανώλης Πατεράκης) ne purent rejoindre Fermor que deux mois plus tard, par voie maritime, en débarquant près de Tsoutsouros, le 4 avril, accompagnés par le capitaine William Stanley Moss.
Entre-temps, le 1er mars, le général Müller avait été remplacé à la tête de la division par le général Heinrich Kreipe ; bien que celui-ci n’eût pas la même réputation de cruauté que Müller, le commando décida de maintenir l’enlèvement. Les hommes du commando furent rejoints par d’autres membres de la Résistance Nationale (Εθνικής Αντίστασης), qui leur procurèrent des uniformes allemands. Après avoir renoncé à enlever le général dans sa résidence privée, la villa Ariadne à Cnossos, trop bien protégée, le commando décida d’enlever le général sur son trajet entre son Quartier général divisionnaire, situé à Épano Archanès, et la villa Ariadne.
Dans la nuit du mercredi 26 avril 1944, une embuscade fut tendue au général Kreipe entre Kato Archanès et Cnossos, à l’intersection avec la route d’Ano Viannos, un endroit où les automobiles étaient forcées de ralentir. Le commando fut prévenu quand le général quitta son Quartier général ; William Moss, déguisé en Feldgendarm, fit arrêter la voiture du général en agitant une lanterne et en criant « Halt ! » en allemand ; les autres membres du commando encerclèrent la voiture, ligotèrent le général Kreipe et assommèrent son chauffeur. William Moss au volant de la voiture Opel du général et Patrick Fermor se faisant passer pour le général Kreipe, avec le général immobilisé à l’arrière du véhicule par trois résistants crétois.
Le commando put franchir vingt-deux points de contrôle allemands et se dirigea vers Réthymnon par l’ancienne route nationale ; le commando abandonna la voiture à Yéni Gavé, de nos jours Drossia, et continua à pied jusqu’à Anogia ; le 27 avril au soir, le commando débuta l’ascension du massif du Psiloritis, marchant de nuit par Pétrodolakia, Agios Fanourios et le plateau du Nida, faisant halte dans un mitato ; au petit matin du dimanche 30 avril, les hommes arrivèrent dans la vallée d’Amari, se reposant et séchant leurs vêtements dans une grotte, la grotte connue, de nos jours, sous le nom de l’archéologue Paul Faure, située au-dessus de Nithavri ; ils se dirigèrent ensuite vers Agia Pareskévi, près d’Apodoulou. Le commando envoya un messager au village de Saktouria, qui disposait d’une radio permettant de communiquer avec Alexandrie, pour demander qu’un bateau les évacue le 2 mai depuis le port d’Agios Pavlos ; cependant, ils ne virent pas revenir le messager et apprirent que le village de Saktouria avait été détruit le 5 mai par les Allemands.
Le commando dut donc poursuivre sa route vers l’ouest, en longeant le piémont nord du mont Kédros ; le vendredi 5 mai, le commando atteignit le village de Gourgouthi, près de Kardaki ; le 6 mai, il trouva refuge dans la grotte de Chaïnospilios, près de Gérakari ; ils restèrent deux jours dans la grotte, ravitaillés par les habitants du village ; le commando continua ensuite, à travers le plateau du Gious Kampos, vers Patsos, où ils se cachèrent dans la grotte de Charakas le 7 et le 8 mai ; le 9 mai, ils reprirent la route vers Karinès et Asi Gonia, où ils apprirent par la TSF qu’ils devaient être embarqués le 14 mai à Rodakino ; ils furent conduits jusqu’à la plage d’embarquement par des maquisards de ce village. Dans la nuit du 14 mai, après dix-sept jours de marche et de nombreuses péripéties, poursuivi de près par les troupes allemandes, le commando parvint à s’embarquer, sur un bateau à moteur britannique, près du village de Rodakino (Ροδάκινο), à l’est de Frangokastello sur la côte sud, et put rejoindre, sain et sauf, avec leur prisonnier, le port de Marsa Matruh, près d’Alexandrie en Égypte. Le général Kreipe, qui paraissait ravi d’avoir été ravi, fut interné à Calgary au Canada, jusqu’en 1947, par les Britanniques.
Après l’enlèvement de Kreipe, c’est le général Müller qui reprit le commandement militaire de l’île ; Müller savait parfaitement que c’était lui que les agents britanniques avaient eu l’intention d’enlever ; il ordonna de terribles représailles. Ces représailles firent notamment 164 morts parmi la population civile crétoise lors de l’« Holocauste du Kédros » (Ολοκαύτωμα του Κέδρους) dans la vallée d’Amari, le 22 août 1944.
Le récit détaillé de cette opération commando a été relaté par le capitaine Moss dans son ouvrage « Ill Met by Moonlight » (« Mauvaise rencontre au clair de lune »).
En 1972, une émission de la télévision grecque a organisé les retrouvailles de Patrick Leigh Fermor, de deux anciens maquisards crétois du commando, Manolis Paterakis (Μανώλης Πατεράκης) et Giorgis Tyrakis (Γιώργης Τυράκης), et du général Kreipe :
Si la visite des sites culturels d’Archanès et de ses environs est quelque peu frustrante, on peut se consoler avec d’intéressantes boutiques d’artisanat, toutes situées sur l’avenue Kapétanakis.
Au début de l’avenue, près du musée archéologique, se trouve la boutique « Pure Natura » un véritable trésor d’objets et de produits artisanaux :
Plus bas sur l’avenue, un peu avant le bureau de poste, une boutique présente de magnifiques tapis crétois traditionnels.
Au bout de l’avenue, à l’entrée nord d’Archanès, en face des hangars d’un magasin vendant des produits agricoles régionaux, l’atelier de tournage sur bois de Josef (εργαστήριο ξυλότορνου).
Josef réalise à façon des objets en bois tourné dans diverses essences de bois : noyer, mûrier, olivier et cetera ; il parle très bien le français, ce qui permet plus facilement d’expliquer ce que l’on souhaite. À côté de l’atelier se trouve une petite boutique d’objets en bois tout prêts.