| Les villages d’Arkalochori, de Kastelliana et de Tsoutsouros en Crète | |
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| Présentation générale | Arkalochori est une petite ville du centre de l’île de Crète qui est surtout connue pour une grotte où a été découvert un important trésor archéologique, sans doute en relation avec un petit palais minoen découvert au nord d’Arkalochori, près de Galatas. |
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| Le canton d’Arkalochori occupe la partie sud de la commune de la Plaine Minoenne (Δήμος Μινώα Πεδιάδας) ; la pointe sud du canton est baignée par la mer de Libye, sur une petite longueur de côte autour de Tsoutsouros. Dans l’ancienne organisation administrative, Arkalochori ne faisait pas partie de l’éparchie de Pédiada (επαρχία Πεδιάδος), mais de l’éparchie de Monofatsi (επαρχία Μονοφατσίου) qui couvrait le centre-sud du nome d’Héraklion (νομός Ηρακλείου). Le canton d’Arkalochori comprend une vingtaine de localités, dont : Archontiko (Αρχοντικό), à moins d’1 km au nord ; Roussochoria (Ρουσσοχώρια), à 3 km au nord-est ; Nipiditos (Νιπιδιτος), à 6 km à l’est ; Avli (Αυλή), à 4,5 km au sud-est ; Kassanos (Κασάνος), à 6,5 km au sud-est ; Panagia (Παναγία), à 7,5 km au sud-est ; Karavados (Καραβάδος), à 9 km au sud-est ; Skinias (Σκινιάς), à 10 km au sud-est ; Moussouta (Μουσούτα), à 3 km au sud, avec une fontaine vénitienne ; Inio (Ίνιο), à 6 km au sud ; Démati (Δεμάτι), à 12 km au sud ; Kastelliana (Καστελλιανά), à 13 km au sud ; Tsoutsouros (Τσούτσουρος), à 17 km au sud ; Lefkochori (Λευκοχώρι), à 4 km au sud-ouest ; Partira (Πάρτιρα), à 4,5 km au sud-ouest ; Garipa (Γαρίπα), à 7 km au sud-ouest ; Zinda (Ζίντα), à 2 km à l’ouest ; Panorama (Πανόραμα), à 6 km à l’ouest ; Patsidéros (Πατσίδερος), à 3,5 km au nord-ouest ; Choumério (Χουμέριο), à 2,5 km au nord-ouest. La population du canton est d’environ 10 000 habitants. |
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| Le village d’Arkalochori (Αρκαλοχώρι / Arkalochóri) | Arkalochori est un gros bourg agricole, d’environ 4 300 habitants, situé au milieu de la plaine minoenne ; la majeure partie de la population vit du commerce, de l’élevage et de l’agriculture (huile d’olive, raisins secs, céréales). Le toponyme de la localité évoque le nom du blaireau de Crète (Meles meles arcalus), sous-espèce du blaireau d’Europe (ασβός), nommé « arkalos » (άρκαλος) en crétois ; le suffixe « -chori » (χώρι) indique un peuplement. Arkalochori, un « village de blaireaux » ? En l’an 2008, la municipalité a voulu changer le nom de la localité, mais la population s’y est opposée. Le village d’Arkalochori se trouve à 30 km au sud d’Héraklion sur la route provinciale conduisant à Ano Viannos. À l’entrée nord du village, le visiteur est accueilli par la statue de Napoléon Soukatzidis (Ναπολέων Σουκατζίδης), un militant communiste fusillé par les Allemands, au camp de concentration de Chaïdari (Χαϊδάρι) près d’Athènes, le 1er mai 1944, avec 200 autres prisonniers ; ces représailles faisaient suite à l’assassinat par des partisans communistes du général de division Franz Krech près de Molai (Μολάοι), en Laconie dans le Péloponnèse. La famille de Soukatzidis, originaire de Bursa (Προύσσα) en Anatolie, s’était installée à Arkalochori lors de l’échange de populations entre la Grèce et la Turquie en 1923. À côté de la statue, dans ce quartier délabré, se trouve le siège local du Parti Communiste de Grèce (Κομμουνιστικό Κομμα Ελλάδας, KKE). Il y a d’autres attractions touristiques à Arkalochori : au nord du village, au pied de la colline de Profitis Elias, se trouve une grotte où a été découvert un trésor archéologique comprenant des armes votives, notamment des doubles haches en bronze, en or ou en argent. Cette grotte sacrée, la grotte d’Arkalochori (Σπήλαιο του Αρκαλοχωρίου), a été utilisée depuis la fin du IIIe millénaire avant JC jusqu’à environ 1450 avant JC, quand le plafond de la grotte s’est effondré, préservant ces objets votifs jusqu’à nos jours. Les archéologues pensent que le trésor sacré découvert dans cette grotte était en relation avec le palais minoen de Galatas. En 1912 des paysans ont récupéré 20 kg d’armes, datant de l’Âge du bronze, qui ont été vendues comme ferrailles ; en 1934 un enfant a découvert une hache bipenne en or qui avait été déterrée par un lapin ; des fouilles archéologiques méthodiques ont alors été menées par l’archéologue grec Spyridon Marinatos (Σπυρίδων Μαρινάτος). Une double hache en bronze a particulièrement attiré l’attention des archéologues parce qu’elle portait des inscriptions en caractères ressemblant à des caractères de l’écriture linéaire A ; les chercheurs ont finalement conclu que cette inscription était une pseudo-inscription, dénuée de sens, réalisée par un illettré, en imitation des hiéroglyphes du linéaire A, telles que ceux du « Disque de Faistos ». Cette « hache d’Arkalochori », datant vraisemblablement du XVIIe siècle avant JC, est exposée au Musée archéologique d’Héraklion. Le 27 septembre 2021 le village d’Arkalochori a été l’épicentre d’un fort tremblement de terre qui fit d’importants dégâts dans la localité. |
| | Les ruines de la forteresse de Castel Belveder (Φρούριο Μπελβεντέρε / Froúrio Belventére) | À environ 1,5 km au nord des deux villages de Kastelliana se trouvent les ruines d’une forteresse. Cette forteresse était construite au sommet d’une colline, nommée Kastélos (λόφος Κάστελος), qui domine la partie orientale de la plaine de la Messara, que la forteresse protégeait ; cette colline n’est accessible que sur son côté sud. Aller aux ruines du Castel Belveder avec Google Maps (35.044742, 25.259147). Au sommet de cette colline se trouvait déjà, dans l’Antiquité, la cité de Priansos (Πρίανσος), qui, à l’époque hellénistique, frappait sa propre monnaie, marquée « ΠΡΙΑΝΣΙΕΩΝ » ou « ΠΡΙ ». Au début de la seconde époque byzantine, au Xe siècle, un château fut construit à cet emplacement, en remployant les pierres de la cité antique ; ce château était nommé Rizokastro (Ριζόκαστρον). Ce château fut restauré pendant la brève domination génoise du corsaire Enrico Pescatore, entre 1206 et 1211, puis utilisé par les Vénitiens qui le nommait Castel Belveder, c’est-à-dire « Château de Bellevue », car il offre une vue panoramique sur la plaine. La forteresse servit de place-forte pour les Vénitiens lors des révoltes de la population crétoise ; elle servit aussi de siège pour le gouverneur militaire et pour l’administration de la châtellenie de Castellania Belvedere (Καστελλιανά Μπελβεντέρε), qui comprenait les éparchies de Monofatsi et de Viannos. La forteresse fut utilisée jusqu’à la conquête de la Crète par les Ottomans. La forteresse comportait plusieurs églises dont seule subsiste, au milieu des ruines, l’église Sainte-Anastasie (Αγία Αναστασία) (« Résurrection »). |
| Le village de Tsoutsouros (Τσούτσουρος / Tsoútsouros) | Tsoutsouros (Τσούτσουρος), ou Tsoutsouras (Τσούτσουρας), est un petit port de pêche situé sur la côte sud de la Crète ; les quelques kilomètres de côte situés à l’est de Tsoutsouros constituent le seul accès maritime de la commune de Minoa Pédiada. L’accès à Tsoutsouros depuis Arkalochori, distant de 25 km, se fait par une petite route escarpée, de 9 km de longueur, qui relie Kato Kastelliana (Κάτω Καστελλιανά) à Tsoutsouros, à travers un paysage de montagnes dénudées et désertiques. Sur le côté ouest de la route, on peut voir deux sommets parallèles, que les habitants nomment Zeus et Héra, car ils leur rappellent deux corps allongés ; ces montagnes constituent l’extrémité orientale de la chaîne de montagnes d’Astéroussia, qui embrasse la fertile plaine méridionale de la Messara. Un autre accès routier à Tsoutsouros est possible par une petite route côtière venant d’Iérapétra, à 52 km à l’est, via Myrtos, à 40 km, route dont Tsoutsouros est le terminus. À 1,5 km à l’ouest, près du cap de Tsoutsouros (Punta di Zuzuro), on aperçoit le hameau côtier de Maridaki (Μαριδάκι), seulement accessible par une piste depuis Tsoutsouros, en 20 min à pied ; Maridaki se trouve sur la commune voisine d’Archanès-Astéroussia qui est séparée de la commune de Minoa Pédiada par les gorges de la rivière Mintris, rivière qui se jette dans la mer de Libye à Tsoutsouros. | | Les gorges de la Mintris (Φαράγγι Μίντρη) commencent près du village de Filippi (Φίλιπποι), situé à l’extrémité orientale de la Messara, et se terminent au port de Tsoutsouras ; elles ont une longueur de 6 km. Ce sont des gorges ouvertes, sans parois verticales, sèches en été et très faciles à parcourir. Le long de la rivière se trouvent les ruines de l’ancienne cité d’Inatos. La randonnée peut débuter au milieu des gorges, depuis le sentier menant à Tsoutsouras ; le sentier traverse et longe le lit de la rivière Mintris, où se trouvent principalement des caroubiers ; à mi-chemin du sentier, à Perdikonéro (Περδικόνερο), il y a une source d’eau potable. Les deux autres gorges, les gorges de Tsoutsouras (Φαράγγι Τσούτσουρα) et les gorges de Troulla (Φαράγγι Τρούλλας), abritent des torrents qui coulent pendant l’hiver et le printemps mais qui sont secs en été et en automne. Les gorges de Tsoutsouras font environ 1,5 km de longueur ; elles sont situées à Tsoutsouras et sont l’une des nombreuses gorges rugueuses de la région ; les sentiers commencent à la localité de Sfakias et se terminent près du village de Larinaki, où les formations rocheuses sont très impressionnantes. À 350 m à l’ouest des gorges de Tsoutsouras, les plus petites gorges de Tsoutsouraki s’étendent vers l’avant comme une tranchée étroite taillée dans les roches dures ; leur entrée est à une courte distance à l’ouest des impressionnantes gorges de Troulla et de Tsoutsouras, à l’emplacement de Méli Lakkos (Μελί Λάκκος), c’est-à-dire littéralement « la fosse à miel », car la zone produit une grande quantité de miel, et sa sortie se trouve dans le quartier de Staoussa (Στάουσσα), juste à l’extérieur du village de Tsoutsouras. La petite baie de Tsoutsouros se trouve à la confluence de ces gorges (Φαράγγι Μίντρη, Φαράγγι Τσούτσουρα et Φαράγγι Τρούλλας) dont les cours d’eau ont créé, à leur embouchure, de petites plages de gravier ombragées de tamaris ; Tsoutsouras est ainsi devenu une modeste station balnéaire disposant d’un hôtel et d’hébergements en appartements ou en villas de vacances. À l’est du port se trouve la plage de Tsoutsouras (παραλία Τσουτσουρας) ; à l’ouest du port, la plage de Péra Tsoutsouras (παραλία Πέρα Τσούτσουρας) est une longue et large plage de sable et de gravier, qui s’étend sur 400 m jusqu’au cap de Tsoutsouras ; Péra Tsoutsouras fait partie du canton d’Astéroussia dans la commune d’Archanès. Les deux hameaux conjoints de Péra Tsoutsouras et de Tsoutsouras forment un seul village balnéaire, bien organisé pour le tourisme et idéal pour les familles. | À 4 km à l’est de Tsoutsouros se trouve l’embouchure d’une rivière plus importante, la rivière Anapodaris (Ποταμός Αναποδάρης), qui collecte les eaux du bassin sud-ouest du massif du Dicté ; la rivière a créé une belle plage, la plage de Dermatos (παραλία Δέρματος), de près d’1 km de longueur. À l’époque vénitienne Tsoutsouros était connu sous le nom de Zuzuro, ou Zuzzuro, et la plage de Dermatos comme la Spiaggia di Dermato. Au-delà de la rivière Anapodaris commence la commune d’Ano Viannos, avec les villages de pêcheurs de Kastri (Καστρί), puis de Kératokampos (Κερατόκαμπος). | |
| Les ruines de la cité d’Inatos (Ίνατος / Ínatos) | Dans l’Antiquité greco-romaine la région de Tsoutsouros était vraisemblablement l’emplacement de la cité nommée Inatos (Ίνατος ou Έινατος), un port de la cité de Priansos (Πριανσός) qui était située près de l’actuelle Kastelliana ; cette cité, de l’époque romaine puis paléochrétienne, figure, sous le nom d’Inata, sur la « Table de Peutinger » à une distance de 32 milles romains à l’ouest d’Iérapytna, soit 47 km, le mille romain de mille pas (millia passuum) mesurant 1 481 m. Selon Étienne de Byzance le culte de la déesse de l’enfantement Ilithyie (Ειλείθυια) était célébré dans la cité d’Inatos. Les ruines de la cité d’Inatos se trouvent au nord-ouest de Tsoutsouros, près de la rivière Mintris (ποταμός Μίντρης), à 20 m d’altitude ; les fouilles archéologiques d’Inatos ont été menées par Nicolas Platon et Costis Davaras. Les découvertes mises au jour comprennent des bâtiments publics ou privés, des ateliers, des thermes, un aqueduc, un pont, sur la rivière Mintris, qui reliait les deux parties de la ville, les ruines d’un théâtre, ainsi qu’une basilique paléochrétienne. Dans une grotte, connue sous le nom de Fylakès (Φυλακές), ont été découverts des objets votifs datant des époques minoenne, géométrique, grecque et romaine ; ces découvertes sont présentées au Musée archéologique d’Héraklion : des centaines de figurines en cuivre ou en argile, représentant des hommes, des femmes enceintes ou des accouplements, des modèles miniatures d’embarcations, des doubles haches en bronze, des têtes d’aiguilles en pierre, des sceaux en pierre, des objets en bronze ou en or, des colliers de perles, ainsi que des statuettes en « faïence égyptienne », qui est une sorte de quartz … Cette grotte d’Ilithyie ne doit pas être confondue avec la grotte d’Ilithyie située près d’Amnissos, sur la côte nord de la Crète. |
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| Le séisme du lundi 27 septembre 2021 | Le lundi 27 septembre 2021 à 9 h 17 la commune de la Plaine minoenne fut frappée par un séisme de magnitude 5,8 sur l’échelle de Richter, séisme qui fit 12 victimes : un mort et onze blessés hospitalisés, ainsi que d’importants dégâts matériels à plus de 3 000 maisons. Le village d’Arkalochori fut l’épicentre de ce séisme, situé à une profondeur de 10 km. | | Un des villages les plus touchés par le séisme fut le village de Machaira (Μαχαίρα), situé à 6 km au sud d’Arkalochori ; l’abside de l’église Sainte-Trinité (Εκκλησία Αγίας Τριάδος) fut éventrée. | | Le village de Choumério (Χουμέριο), situé à environ 2,5 km au nord-ouest d’Arkalochori, fut presque entièrement détruit. | | Une grande partie du village de Galatas (Γαλατάς), situé à 4,5 km au nord d’Arkalochori, fut également détruite. | |
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