| Les villages de Tympaki et de Matala, la grotte de Kamarès et les ruines d’Agia Triada en Crète | |
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| | Étymologie et toponymie | Dans l’ancien découpage administratif, cette contrée constituait autrefois l’éparchie de Pyrgiotissa (επαρχία Πυργιωτίσσης), alors que le reste du dème de Phaistos, à l’est et au sud, faisait partie de l’éparchie de Kainourgio (επαρχία Καινουργίου). L’éparchie de Pyrgiotissa devait son nom à l’église de la Panagia Pyrgiotissa (Παναγίας της Πυργιώτισσας) (« Notre-Dame de la Tour »), construite près d’une tour de défense qui protégeait le littoral du golfe de la Messara et l’embouchure du fleuve Géropotamos des incursions de pirates ; cette tour avait été détruite et reconstruite de nombreuses fois depuis le IXe siècle ; en 1558, la tour fut incendiée puis reconstruite selon les plans de l’ingénieur militaire Giulio Savorgnan. On peut la voir sur la carte de Francesco Basilicata, datée de 1618, où la tour apparaît sous le nom déformé de Castel Priotissa. Plus tard, la tour fut à nouveau détruite par des pirates turcs et disparut dans les sables. |
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| Le canton de Tympaki (Δημοτική Ενότητα Τυμπακίου) occupe la partie nord-ouest du dème de Phaistos, dont Mirès est le chef-lieu. Le canton est limitrophe : du dème d’Agios Vassilios à l’ouest, du dème d’Amari au nord-ouest, du dème de Mylopotamos au nord, et du dème d’Anogia au nord-est. Le canton comprend la partie occidentale de la plaine de la Messara et le cours inférieur du fleuve Géropotamos qui se jette dans le golfe de la Messara (Κόλπος Μεσαράς) au nord du village de Tympaki. La partie nord du canton est plus montagneuse et s’étend sur les contreforts sud du massif du Psiloritis. Le canton de Tympaki comprend les communautés locales de : Tympaki (Κοινότητα Τυμπακίου) qui comprend la villa minoenne d’Agia Triada ; Vori (Κοινότητα Βώρων) et son musée d’ethnologie crétoise ; Grigoria (Κοινότητα Γρηγορίας) ; Kamarès (Κοινότητα Καμαρών) et sa célèbre grotte ; Kamilari (Κοινότητα Καμηλαρίου) et la plage de Kalamaki ; Klima (Κοινότητα Κλήματος) ; Lagoli (Κοινότητα Λαγολίου) ; Magarikari (Κοινότητα Μαγαρικαρίου) ; Pitsidia (Κοινότητα Πιτσιδίων) qui comprend la station balnéaire de Matala et les cavernes de Matala ; Sivas (Κοινότητα Σίβα Πυργιωτίσσης) ; Fanéroméni (Κοινότητα Φανερωμένης) et le monastère de Kaliviani. | Légende de la carte paléogéographique de la Messara : Α : Carte de localisation de la plaine occidentale de la Messara et de sa zone côtière. Les établissements anciens et modernes sont indiqués. Β : Carte de localisation de la côte de Kommos et de la baie de Matala. C : Carte de localisation détaillée de la côte de Kommos et de l’îlot de Papadoplaka. D : Carte de localisation détaillée de la baie de Matala. E : Carte géologique du bassin de Tympaki (modifiée de Bonneau et alii, 1984). cd : Dépôts côtiers. al : Dépôts alluvionnaires. q : Dépôts fluvio-lacustres du Pléistocène. pl-pt : Sables et argiles du Plio-Pléistocène. pl : Marnes marines du Pliocène. m-m : Marnes du Miocène. mk : Calcaires marneux du Miocène. mc : Marnes marines du Miocène conglomérats et sables. ml : Argiles et sables lacustres miocènes. o : Complexe ophiolitique. gn : Gneiss. sch : Schiste de Vatos. fo : Flysch du Pinde. kk : Calcaires lamellaires du Pinde. F : Faille tectonique. Th : Chevauchement tectonique. |
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| Sur la route d’Agia Galini à Phaistos | La section occidentale de la route nationale 97 est l’ancienne route provinciale Agia Galini - Phaistos (Επαρχιακή Οδός Αγίας Γαλήνης - Φαιστού) ; à partir d’Agia Galini, la route contourne les massifs montagneux du littoral, puis elle se rapproche de la côte du golfe de la Messara et entre dans le canton de Tympaki et la commune de Phaistos aux environs de la petite station balnéaire de Kokkinos Pyrgos ; la route suit ensuite la bordure nord-ouest de la plaine de la Messara, envahie par les serres agricoles en plastique, traverse le chef-lieu du canton, Tympaki, puis passe à proximité des ruines de la villa minoenne d’Agia Triada, du village de Vori, avec son remarquable musée ethnographique, puis près des ruines du palais minoen de Phaistos ; la route se dirige ensuite vers le chef-lieu de la commune, Mirès. |
| Le village de Kokkinos Pyrgos (Κόκκινος Πύργος / Kókkinos Pýrgos) | Kokkinos Pyrgos est un village côtier situé sur la côte du golfe de la Messara ; ce village, d’environ 400 habitants, est, en quelque sorte, le port de pêche du village de Tympaki, situé à seulement 2,5 km au sud-est. Kokkinos Pyrgos est aussi devenu une petite station balnéaire qui est surtout fréquentée par les Crétois, les touristes étrangers préférant la très bondée station balnéaire de Matala qui bénéficie d’une réputation un peu surfaite. Le toponyme « Kokkinos Pyrgos » signifie « la Tour Rouge », du nom d’une tour de guet médiévale construite en brique d’argile rouge ; cette tour a totalement disparue, sans doute détruite par les divagations et les crues du fleuve Géropotamos, ou par des incursions de pirates. Au sud du port de pêche et de plaisance se trouve la plage de Kokkinos Pyrgos, une plage de sable gris mélangé à des galets, longue d’environ 1 km ; par endroits, la plage est équipée par les taverniers. La plage de Kokkinos est prolongée au sud par la plage de Katalyki qui se trouve à l’avant de l’ancien aérodrome militaire de Tympaki ; du mois de juin au mois de septembre, cette plage est utilisée par des tortues marines caouannes (Caretta caretta) pour y pondre leurs œufs ; il faut prendre garde à ne pas écraser les nids qui sont, en principe, balisés et clôturés. À l’arrière de la plage de Katalyki se trouve une petite lagune, le lac salé de Katalyki (Λίμνη Καταλυκή) qui est une zone de repos appréciée par les oiseaux migrateurs, notamment par l’ibis falcinelle (Plegadis falcinellus). Cette lagune est le vestige d’une embouchure du fleuve Géropotamos, où régnait autrefois le paludisme. |
| Le village de Tympaki (Τυμπάκι / Tympáki) | Tympaki, ou Tymbaki, est un gros bourg agricole de l’ouest de la plaine de la Messara, à seulement 2 km de la côte, au sud de l’embouchure du fleuve Géropotamos ; le village compte plus de 5 000 habitants. L’économie de Tympaki est basée sur l’oléiculture traditionnelle et, de plus en plus, sur la culture sous serres de fruits, de légumes et de fleurs ; les immenses serres en toile de polyéthylène ne présentent pas un paysage très attrayant pour les touristes et la localité ne vit que très peu de l’activité touristique. De plus, le village historique a été rasé par les Allemands, pendant la Seconde Guerre mondiale, pour construire un aérodrome militaire ; le village a été reconstruit après-guerre, à grand renfort de béton. Dans l’ancien découpage administratif grec, Tympaki était le chef-lieu de l’éparchie de Pyrgiotissa (επαρχία Πυργιωτίσσης) ; de nos jours, la localité est le chef-lieu du canton de Tympaki (Δημοτική Ενότητα Τυμπακίου) dans la commune de Phaistos, dont Mirès est le chef-lieu. La localité est aussi le chef-lieu de la communauté locale de Tympaki (Κοινότητα Τυμπακίου), qui comprend aussi les localités d’Afrathias (Αφραθιάς) et de Kokkinos Pyrgos (Κόκκινος Πύργος). |
| L’aérodrome de Tympaki (Αεροδρόμιο Τυμπάκι / Aerodrómio Tympáki) | Au sud du village de Tympaki se trouve un aérodrome désaffecté ; cet aérodrome a été construit par les forces d’occupation allemandes, pendant la Seconde Guerre mondiale, en automne 1941. Pour la construction de l’aérodrome, les Allemands rasèrent l’ancien village de Tympaki et firent effectuer les travaux de construction par des soldats britanniques et grecs prisonniers. Le rôle de cet aérodrome militaire était de soutenir les troupes de l’Afrika Korps déployées en Afrique du Nord depuis février 1941, en Libye italienne puis en Tunisie ; des escadres de bombardement de la Luftwaffe, équipées d’appareils Junkers 88, effectuaient des missions de bombardement et de ravitaillement depuis Tympaki. Après la guerre l’aérodrome fut utilisé par l’armée de l’Air grecque qui y déploya, pendant la guerre froide, des chasseurs-bombardiers F-84F du constructeur étasunien Republic Aviation. À partir de 1973, l’aérodrome a été désaffecté et a eu des utilisations diverses. Des projets, pour rendre le terrain à l’exploitation agricole ou pour y construire une centrale électrique solaire, n’ont pas été mis en œuvre. Le terrain est clôturé et fermé au public général. |
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| La villa d’Agia Triada (Αγία Τριάδα / Agía Triáda) | Les archéologues ne savent pas vraiment quelle était la nature précise de ce qui est ordinairement nommé la « Villa d’Agia Triada » : une grande villa, mais pas au sens romain de centre d’un domaine agricole, un petit palais d’été des souverains de Phaistos, le palais d’un vassal des souverains de Phaistos ? Lors des fouilles de ces ruines, des artefacts plus précieux, des fresques plus belles et des archives plus riches que ceux découverts à Phaistos même ont été mis au jour, ce qui favoriserait l’hypothèse d’un palais où les souverains résidaient réellement, réservant le palais de Phaistos aux activités religieuses, économiques et administratives. Le nom antique du palais reste inconnu, ni le nom minoen, ni même le nom que les envahisseurs mycéniens lui auraient donné ; la villa royale d’Agia Triada n’est mentionnée nulle part dans les tablettes en écriture linéaire B découvertes à Cnossos. Le nom « Agia Triada » est simplement le nom d’un village voisin, qui aurait été détruit par les Turcs en 1897 et jamais reconstruit, dont il ne reste que l’église Sainte-Trinité, située à 250 m au sud-ouest du palais. Ne pas confondre le site de la villa minoenne avec le monastère d’Agia Triada situé sur la presqu’île d’Akrotiri, près de La Canée. La villa d’Agia Triada se trouve sur la même colline allongée que le palais de Phaistos, mais à son extrémité nord-ouest et à une altitude plus faible, environ 35 m. La distance en ligne droite entre le palais et la villa est d’environ 2,2 km ; à l’époque minoenne une voie pavée reliait le palais à la villa. Cela peut être une expérience intéressante que de refaire de nos jours à pied ce trajet d’environ 3 km de longueur. La villa d’Agia Triada était construite sur le flanc nord-ouest de la colline et avait une vue panoramique sur le nord de la plaine de la Messara, sur la vallée du fleuve Géropotamos et sur le versant sud du massif du Psiloritis ; vers l’ouest la vue donnait sur la côte du golfe de la Messara ; cette côte était vraisemblablement plus proche à l’époque minoenne, sans doute au pied de la villa. De nos jours la plaine alluviale, entre Agia Triada et la côte, est occupée par l’aérodrome militaire de Tympaki. La construction de la villa d’Agia Triada semble dater du XVIe siècle avant JC, vers 1550 ; la villa aurait été construite peu après le nouveau palais de Phaistos. La villa a été détruite en même temps que les nouveaux palais minoens, vers 1450 avant JC, par un séisme suivi d’un incendie ; elle n’aurait donc été habitée que pendant environ un siècle. À la différence du site du palais de Phaistos, le site d’Agia Triada fut réoccupé à l’époque mycénienne, quand un mégaron de type mycénien fut construit sur les ruines de l’aile nord de la villa (n° ABCD sur le plan). À l’époque géométrique, au VIIIe siècle avant JC, le site avait une fonction religieuse. À l’époque hellénistique, aux IVe et IIIe siècles avant JC, un sanctuaire dédié à Zeus Velchanos fut édifié à l’est de la cour sud de l’ancienne villa. Au XIVe siècle, sous la domination vénitienne, une église fut bâtie dans l’ouest de la cour sud, l’église Saint-Georges Galatas. La Villa Royale a été redécouverte en 1902 par l’archéologue italien Luigi Pernier et fut fouillée de 1902 à 1914 par l’École italienne d’archéologie d’Athènes (Scuola archeologica italiana di Atene), qui continue, de nos jours, de fouiller le secteur. Comme à Phaistos, et contrairement à Cnossos, les archéologues italiens n’ont pas effectué de reconstruction intempestive, se limitant à consolider par du béton les ruines mises au jour. Les fouilles de la Villa Royale ont mis au jour certains des artefacts les plus précieux de l’époque minoenne : trois vases à libations, sculptés dans de la roche, dénommés le « Vase aux Moissonneurs », le « Vase au Pugiliste » et le « Vase du Chef » ; des fragments de fresques, dont une fresque dénommée « Le Chat Guettant un Faisan ». Les ruines contenaient aussi des tablettes d’argile inscrites en écriture linéaire A, écriture qui n’est toujours pas déchiffrée. Dans la nécropole voisine, située au nord du village, à l’extérieur du site, a été découvert un des plus beaux sarcophages peints de Crète, datant de l’époque mycénienne, le célèbre « sarcophage d’Agia Triada » ; la décoration du sarcophage représente une procession funéraire. Tous ces artefacts sont exposés au Musée archéologique d’Héraklion. | Légende du plan : 1 : Vestibule de réception. 2 : Cour. 3 : Salon de réception. 4 : Salle des archives. 5 : Salle aux fresques. 6 : Magasin aux lingots. 7 : Appartements des maîtres. 8 : Cour des autels (sanctuaires). 9 : Escalier vers la rampe nord ou rampe de la Mer. 10 : Échoppes. A - B - C - D : Mégaron mycénien. En traits pleins : bâtiments minoens antérieurs à 1450 avant JC. En traits vides : bâtiments postérieurs à 1450 avant JC. | Le site archéologique d’Agia Triada comprend deux ensembles : une villa et un village, situé au nord et en contrebas de la villa ; entre les deux ensembles passe une rampe, dite rampe de la Mer (rampe nord sur le plan), qui était censée continuer jusqu’à la côte. Depuis l’entrée sur le site on découvre d’abord la villa située en contrebas de l’entrée, avec, sur la droite, au nord, le village ; cette villa présente une forme de lettre « L », avec une aile ouest et une aile nord. Il s’agit d’un bâtiment nettement plus petit que les palais minoens, mais avec au moins deux niveaux de planchers, car on remarque des départs d’escaliers vers un étage ; la villa présentait cependant des éléments architecturaux identiques à ceux des palais, tels que des puits de lumière, des salles avec polythyrons, des sanctuaires, des fresques, des cours pavées de dalles, des magasins et des ateliers ; cependant il n’y a pas ici de cour centrale comme à Phaistos, Cnossos ou Malia, mais une simple cour située au coin des deux ailes de la villa (n° 8 sur la plan). Depuis l’entrée du site on peut descendre les escaliers et se diriger vers la rampe de la Mer qui longe l’aile nord de la villa en direction de la mer, et qui comportait un portique à son extrémité orientale ; on remarque que la façade nord présente les dentelures typiques de l’architecture minoenne. Arrivé à l’angle des deux ailes, où se trouve une terrasse pavée offrant une belle vue sur la mer, on peut tourner à gauche, le long de l’aile ouest, jusqu’à l’entrée du palais ; la première salle que l’on voit est un grand hall de réception aux nombreuses portes (n° 1), derrière lequel se trouve une sorte de cour intérieure (n° 2), semblable à un atrium romain, puis on accède au salon de réception, aujourd’hui couvert, dans lequel un banc court tout autour et où des lambris muraux ont été reconstitués (n° 3). La salle située au nord de l’atrium est identifiée comme une salle des archives, car de nombreux sceaux et tablettes en écriture linéaire A y ont été trouvés (n° 4). À l’est se trouve une salle où des fresques ont été découvertes (n° 5). L’étroite salle n° 6 était un magasin où des lingots de cuivre, du type « peau de bœuf », ont été découverts. Dans la partie sud de l’aile occidentale se trouvaient des magasins, des cuisines, dont une avec un four ; un long couloir où a été trouvé le célèbre « Vase aux Moissonneurs » desservait les magasins où on peut encore voir quelques pithoi ; certains de ces pithoi portent des marques de brûlure du grand incendie qui a détruit le palais vers 1450 avant JC. Dans l’aile nord de la villa se trouvait les « appartements royaux » (n° 7) dont une grande partie des ruines a été oblitérée par un mégaron de type mycénien construit postérieurement (ABCD sur le plan). La cour du sud (n° 8) comprenait des autels où se tenaient certainement des sacrifices ; sur le côté oriental de la cour se trouvent les ruines d’un temple de Zeus d’époque hellénistique. Sur le côté ouest de la cour, on peut voir deux grosses canalisations, parfaitement conservées, qui amenaient l’eau vers des citernes. L’escalier n° 9, sur le côté oriental de l’aile nord, permet de retourner vers la rampe de la Mer. Au nord de la rampe de la Mer se trouve le village, où on peut descendre par un escalier. Le village comprend deux parties d’époque différentes : à l’ouest se trouvent des habitations minoennes ; à l’est on peut voir des habitations, une place de marché et une rangée de huit échoppes, de taille identique, précédée d’un portique couvert, dont on peut voir les bases carrées des piliers et les bases des colonnes en alternance ; cette partie orientale date de l’époque mycénienne, entre 1375 et 1100 avant JC, et était vraisemblablement contemporaine du mégaron construit sur les ruines de la villa minoenne. Cette agora serait l’une des plus anciennes de Grèce. Discrète mais incongrue au milieu de ces ruines, une petite église a été édifiée, dans l’ouest de la place du sud de la villa, sans doute au début du XIVe siècle, car elle comporte une épigraphe datée de 1302. Cette petite église, à une seule nef et une abside, est dédiée à saint Georges Galatas ; sur les côtés, à l’extérieur, se trouvent des sarcophages dont l’un en forme de pignon. À l’intérieur, l’église recèle quelques fragments de belles fresques, un « Jugement dernier » et les quatre évangélistes. L’église d’Agios Georgios peut se visiter ; si elle est fermée, on peut demander la clé au gardien du site. Visite du site archéologique d’Agia Triada (Αρχαιολογικός χώρος Αγίας Τριάδας) : Adresse : en automobile, en quittant le palais de Phaistos par le sud, prendre à droite à la première bifurcation. La venue est difficile par les transports en commun. Aller à la villa d’Agia Triada avec Google Maps (35.058767, 24.793860). Horaires d’ouverture : tous les jours, de 9 h à 16 h. Horaires réduits en hiver (d’octobre à avril). Fermé les principaux jours fériés. Prix d’entrée : 4 € ; tarif réduit : 2 €. Téléphone : 00 30 28920 91564 Le site d’Agia Triada n’est pas très fréquenté par les autocars d’excursion, qui se concentrent sur Phaistos, ce qui rend le site paisible et agréable, à l’ombre des pins. |
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| Le village de Vori (Βώροι / Vóroi) | Vori est un bourg agricole du nord-ouest de la plaine de la Messara, dont les quelque 700 habitants vivent primitivement de l’agriculture, de l’oléiculture et un peu de l’élevage, sur des terres alluvionnaires arrosées par le fleuve Géropotamos et son affluent la rivière Koutsoulitis (Κουτσουλίδης) ; le village est bâti sur une faible hauteur dominant la plaine, à 60 m d’altitude, à l’abri des inondations qui, historiquement, ont marqué le cours inférieur du fleuve. Vori est l’unique localité de la communauté locale de Vori (Κοινότητα Βώρων). Le village se trouve à environ 2 km au nord-est de la Villa d’Agia Triada et à environ 1,6 km au nord du palais de Phaistos ; ce serait l’explication étymologique du toponyme « βώροι », qui dériverait du mot grec pour « nord », « βοριάς ». Autrefois, jusqu’en 1940, le nom de la localité s’écrivait « Βόρροι », et « Vorus » sous la domination vénitienne. Vori est situé un peu à l’écart de la route nationale 97, à 4,4 km à l’est de Tympaki, à 8,4 km à l’ouest de Mirès et à 56 km au sud-ouest d’Héraklion. La localité est bien desservie par les autocars reliant Héraklion à Tympaki ou à Agia Galini. Vori est un village traditionnel, dont le centre historique, Katochori (Κατωχώρι), se trouve dans le sud-est, avec quelques maisons d’époque vénitienne. L’église paroissiale Notre-Dame se trouve dans cette partie du village ; elle date de la seconde moitié du XIXe siècle et est dédiée à la Présentation de Marie au Temple (Εισόδια της Θεοτόκου). La principale attraction touristique qui amène des visiteurs à Vori est l’intéressant musée ethnographique. |
| Le musée d’ethnologie crétoise de Vori (Μουσείο Κρητικής Εθνολογίας / Mouseío Kritikís Ethnologías) | Le musée d’ethnologie crétoise est sans doute le musée d’arts et de traditions populaires le plus intéressant et le plus riche de Crète. Ce musée se trouve dans le village de Vori, dans le nord-ouest de la riche plaine agricole de la Messara, mais son ambition est d’illustrer les modes de vies de tous les terroirs crétois, et pas seulement celui de la Messara, du Xe siècle au XXe siècle. S’agissant d’une présentation concrète d’objets de la vie quotidienne crétoise il vaudrait mieux parler de musée ethnographique. Aller au Musée d’ethnologie crétoise avec Google Maps (35.067042, 24.812550). Le projet de musée ethnographique a pris naissance en 1973, à l’initiative de l’Association culturelle de la Messara (Πολιτιστικός Σύλλογος Μεσαράς) ; la conception du musée s’est faite avec les conseils de l’architecte français Georges Henri Rivière (1897 - 1985), le créateur du Musée national des Arts et Traditions populaires de Paris ; le musée a été inauguré en 1988 avec une première exposition ethnographique. Le musée est la « vitrine » du Centre de Recherche d’Ethnologie Crétoise qui est abrité dans un bâtiment annexe. L’exposition est classée en sept thèmes présentant les divers aspects de la vie rurale crétoise, depuis les besoins les plus primordiaux que sont l’alimentation, le gîte et l’habillement jusqu’aux activités artistiques telles que la musique et la danse populaires, en passant par les armes indispensables à la défense contre les envahisseurs. Des activités artisanales sont souvent en support de ces premières activités telles que la poterie, le travail du bois, le travail des métaux, la vannerie et cetera. | Les activités liées à la subsistance sont illustrées par des objets utilisés pour la cueillette d’herbes, aromatiques ou médicinales, et de champignons, la chasse et la pêche, la production de nourriture par l’agriculture, l’oléiculture et l’élevage, la préparation de la nourriture par la cuisine. | | La nécessité de se vêtir, de se chausser et de s’abriter est illustrée par des objets employés pour le cardage de la laine, le tissage des fibres, la fabrication de sabots ou de bottes, la construction de maisons, la fabrication de meubles et cetera. L’architecture crétoise traditionnelle est illustrée par des modèles réduits de maisons crétoises typiques, montrant aussi les influences vénitienne et turque. | | Les artisanats de la poterie, du bois et des métaux servent à diverses autres activités. Le potier produit des objets utilisés pour la fabrication de fromage, pour la cuisine, pour le transport et la conservation de l’huile d’olive, du vin ou du raki, pour l’équipement de la maison et cetera. Les produits du vannier servent à la pêche, par exemple pour des pièges à anguilles, au transport des denrées alimentaires, au fromager avec des égouttoir à fromage, et cetera. Le bâtier fabrique des bâts nécessaires au transport des marchandises à dos d’ânes ou de mules. La ferronnerie fabrique des pièces de métal pour l’agriculture, le travail de la pierre, des balcons en fer forgé, des serrures de portes et des grilles de fenêtres pour les habitations, et cetera. | | La culture populaire est illustrée par quelques instruments de musique typiquement crétois. Au cours des dix siècles couverts par l’exposition la Crète a été occupée pendant huit siècles jalonnés d’innombrables révoltes crétoises contre les Vénitiens, les Turcs ou les Allemands. | | Visite du Musée d’ethnologie crétoise : Adresse : Le musée est installé dans une vieille demeure située dans le sud-est du village, près de l’église principale du village, l’église Notre-Dame. Il y a un grand parc de stationnement gratuit à une centaine de mètres au nord. Horaires d’été (d’avril à octobre) : tous les jours, de 11 h à 19 h. Fermé les principaux jours fériés. Horaires d’hiver (de novembre à mars) : tous les jours, de 11 h à 17 h. Prix d’entrée : 5 €. Pas de réduction : le musée a, de nos jours, le statut de fondation privée d’utilité publique. Téléphone : 00 30 28920 91110. Site sur la Toile : www.cretanethnologymuseum.gr. Site en allemand, en anglais, en français et en grec. Les explications des objets sont en grec et en anglais uniquement. |
| Le monastère de Kalyviani (Μόνη Καλυβιανής / Moní Kalyvianís) | Le monastère de Kalyviani ou Kaliviani est un monastère de femmes qui se trouve au sud du village de Kalyvia (Καλύβια), au nord de la route de Tympaki à Mirès. Aller au monastère de Kalyviani avec Google Maps (35.052980, 24.833910). Le monastère de Notre-Dame de Kaliviani est un des plus grands monastères de Crète encore habités ; quelques dizaines de religieuses font vivre cet orphelinat où les pensionnaires apprennent des métiers artisanaux crétois traditionnels, tels que des travaux d’aiguille et de tissage. Les pièces d’artisanat produites par l’orphelinat sont en vente dans la boutique ; les plus belles pièces, tissées et brodées, sont exposées dans un petit musée. Pour que l’école dure, amis, donnez ! Le monastère de Kalyvia comprend aussi une maison de retraite et un hospice ; les jardins sont très fleuris. |
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| | Le village de Kamarès (Καμάρες / Kamáres) | Kamarès est un village agricole de moyenne montagne, situé à environ 580 m d’altitude au pied du flanc sud du mont Mavri Koryfi dans le massif du Psiloritis. Les quelque 300 habitants vivent principalement de l’élevage et des cultures fourragères associées. Kamarès est la seule localité de sa communauté locale (Κοινότητα Καμαρών). Le nom de ce modeste village est cependant connu pour le nom d’un style de poteries minoennes, le « style de Kamarès », dont les premières furent découvertes dans une grotte située au-dessus du village. Sur le plan géologique la faille de Kamarès - Gergéri désigne une faille tectonique qui longe le piémont du massif du Psiloritis entre ces deux villages. Kamarès est situé sur la route provinciale d’Agia Varvara à Lochria, à environ 3 km à l’ouest de Vorizia. Le 14 août 1944, Kamarès fut détruit par les Allemands pendant la Deuxième Guerre mondiale, de même que les villages voisins de Skourvoula (Σκούρβουλα), de Magarikari (Μαγαρικάρι) et de Lochria (Λοχριά). Il reste cependant dans le village une charmante petite église du XIVe siècle, l’église Saint-Georges, ornée de motifs byzantins finement sculptés ; l’église d’Agios Georgios se trouve dans le sud-ouest du village. Depuis le village plusieurs randonnées sont possibles dans le massif du Psiloritis : vers la grotte de Kamarès, vers le plateau du Nida, vers l’antre de l’Ida et vers le mont Ida. |
| Les gorges de Kamarès (Φαράγγι Καμαρών / Farángi Kamarón) | Il existe quatre gorges au nord du village de Kamarès ; toutes les quatre sont creusées dans le flanc sud du massif du Psiloritis ; les gorges que l’on nomme habituellement « gorges de Kamarès » (φαράγγι των Καμαρών) sont celles qui sont situées le plus à l’ouest et qui sont les plus impressionnantes ; elles sont aussi nommées « les Grandes Gorges » (Μεγάλο Φαράγγι) (point C12 sur la carte géologique du Psiloritis, n° 24 sur la carte du Géoparc du Psiloritis). Aller aux gorges de Kamarès avec Google Maps (35.158120, 24.805800). Comme les gorges voisines de Vorizia, situées un peu plus à l’est, les gorges kamaréennes (Καμαραϊκό Φαράγγι) se sont formées dans les roches de l’unité de calcaires de Tripoli, creusées par le torrent qui donne naissance à la rivière Mageiros (Μάγειρος Ποταμός) ; cette rivière traverse les villages de Grigoria (Γρηγορία) et de Lagolio (Λαγολιό), avant de rejoindre le fleuve Géropotamos près de Tympaki ; la rivière apparaît sous le nom de Magiero Torrente sur la carte de Francesco Basilicata de 1618. L’entrée des gorges se trouve sous le petit plateau d’Akollita (Οροπέδιο Ακόλλητα) (1 850 m), situé au sud du mont Ida ; à l’ouest de la grotte de Kamarès ; les gorges entaillent profondément les roches calcaires, sur une longueur d’environ 4,5 km, et débouchent sur la faille tectonique de Kamarès - Gergéri ; la sortie des gorges est particulièrement spectaculaire, se présentant comme une brèche géante dans la montagne. L’excursion jusqu’à la grotte de Kamarès débute, à environ 570 m d’altitude, à la sortie des gorges, située dans un virage serré à 1,5 km à l’ouest du village de Kamarès, en direction de Lochria (Λοχριά). Au début du chemin, les gorges présentent des versants très abrupts et très accidentés ; le sentier doit, en grande partie, emprunter des escaliers rocheux aménagés à cet effet. Le sentier débouche dans une pinède, la forêt de Kamarès (Καμαραϊκό Δάσος), située sous la grotte de Kamarès. Cette randonnée est très difficile, avec environ 5 km de longueur et plus de 1 000 m de dénivelée ; il faut compter plus de 4 h de marche pour des marcheurs bien entraînés, être équipé de bonnes chaussures et muni de beaucoup d’eau. Pour les visiteurs fatigués, il est possible de monter en automobile, par une piste de terre, jusqu’au plateau d’Akollita depuis le village de Lochria, situé à 5 km à l’ouest de Kamarès ; depuis le plateau on peut redescendre vers la grotte de Kamarès. |
| La grotte de Kamarès (Καμαραϊκό Σπήλαιο / Kamaraïkó Spílaio) | La grotte de Kamarès est l’une des grottes les plus célèbres de Crète, non pas pour son intérêt spéléologique mais pour son intérêt archéologique, car de précieuses poteries minoennes y ont été découvertes. La grotte est nommée « grotte de Kamarès » (Σπήλαιο Καμαρών) ou « grotte kamaraïque » (Καμαραϊκό Σπήλαιο) ; le nom de Kamarès a été donné au style de poteries minoennes découvertes dans la grotte. La grotte de Kamarès se trouve sur le flanc sud du mont Mavri Koryfi (Μαύρη Κορυφή) (« le sommet sombre »), qui culmine à 1 981 m, dans le sud du massif du Psiloritis ; l’entrée de la grotte est située à environ 1 720 m d’altitude, pas très loin du sommet de la montagne (point E2 sur la carte géologique du Psiloritis, n° 32 sur la carte du Géoparc du Psiloritis) ; la grotte de Kamarès est l’une des grottes les plus élevées de Crète. Depuis la grotte, on peut voir, vers l’est, le mont Soros (Σωρός βουνό). Il n’est possible d’accéder à la grotte de Kamarès qu’à pied, par des sentiers de randonnée : l’accès le plus utilisé, mais très difficile, est l’accès depuis le village de Kamarès, à travers les gorges de Kamarès ; l’autre possibilité d’accès est depuis le plateau du Nida, situé au pied du mont Ida. Aller à la grotte de Kamarès avec Google Maps (35.177370, 24.827440). La grotte de Kamarès s’est formée dans des roches dolomites de l’unité de calcaires de Tripoli (Tripolitsa), exactement au-dessus de la faille dite du « Détachement crétois », marquant la limite entre les horsts et les grabens de la Crète. Devant l’entrée de la grotte se trouve une grande esplanade naturelle, de 50 m de longueur et de 30 m de largeur, où l’archéologue italien Antonio Taramelli a supposé la présence d’un autel sacrificiel. Cette esplanade offre une vue magnifique sur la plaine de la Messara. La grotte sacrée de Kamarès est presque exactement située à la même longitude que le palais de Phaistos, pour lequel elle devait être un sanctuaire : en regardant plein sud depuis la grotte, on devrait apercevoir le site archéologique de Phaistos, à 14 km de distance. Les poteries découvertes dans la grotte étaient vraisemblablement fabriquées dans les ateliers du palais. L’ouverture de la grotte est plutôt vaste, avec une largeur de 42 m et une hauteur de 20 m. La grotte se compose d’une grande salle principale, prolongée par une étroite galerie ; l’ambiance dans la grande salle est plutôt lumineuse grâce à la grande ouverture. La salle principale mesure environ 100 m de longueur et s’abaisse abruptement de 40 m. Au fond de la grande salle, il y a un passage étroit, de seulement 1 m de largeur, qui mène à une galerie sombre de 10 m de hauteur ; au bout de la galerie, se trouve une autre salle avec un petit lac souterrain. En 1890, un paysan de Kamarès a remis à l’archéologue crétois Joseph Chatzidakis (Ιωσήφ Χατζηδάκης), premier Éphore des Antiquités de Crète, des tessons de poteries découvertes par un berger dans la grotte de Kamarès. Ces poteries présentaient un style original de décoration inconnu à ce jour. En 1894, l’archéologue italien Antonio Taramelli, qui travaillait sur les ruines de Gortyne, visita la grotte de Kamarès ainsi que d’autres sites minoens des alentours de Kamarès où il découvrit d’autres poteries minoennes. En 1913, des fouilles systématiques de la grotte furent menées par les archéologues britanniques Richard MacGillivray Dawkins et Max Laistner, de la British School at Athens. Les poteries découvertes dans la grotte de Kamarès sont pour la plupart des vases à usage cultuel ; leur analyse a déterminé que leur date de fabrication se situait principalement aux époques minoennes pré-palatiale et proto-palatiale, de l’époque minoenne moyenne MM-I-b à MM-II-a ; cependant il y a des indices que la grotte était utilisée dès l’époque néolithique, vers 3000 avant JC. Ces vases sont de fabrication très délicate, avec une épaisseur de quelques millimètres, comme en témoignent les coupes en « coquille d’œuf » finement travaillées. Les vases présentent des formes plutôt variées, telles que des cruches, des pichets, des écuelles, des coupes ou des tasses ; ils devaient contenir des liquides ou de la nourriture, en offrande à une divinité, vraisemblablement une déesse de la fertilité. Leur décoration était polychrome, associant surtout du blanc, des ocres, des rouges, des oranges et des jaunes, sur un fond sombre. Les motifs de la décoration sont d’inspiration végétale ou, plus tardivement, marine, avec des spirales et des volutes, des rosettes et des glands, des pétales, des feuilles et des pousses végétales. Ce style de poteries délicates, découvertes pour la première fois à Kamarès, a reçu le nom de « style de Kamarès » (Καμαραϊκή), mais ces vases étaient vraisemblablement fabriqués dans la plaine de la Messara, avec de l’argile qui abonde dans cette plaine, peut-être à Phaistos même ; il y avait d’autres ateliers dans les autres régions, notamment près de Knossos, de Malia, de Gournia et de Vassiliki. La poterie du style de Kamarès était très recherchée en Crète et à l’extérieur ; c’était un produit de luxe du commerce d’exportation minoen, présent dans toute la Méditerranée, des Cyclades et du Péloponnèse à Chypre, en Égypte et en Syrie-Palestine. On peut en voir un grand nombre dans la salle III du Musée archéologique d’Héraklion. |
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| Sur la route de Faistos à Matala | En quittant Phaistos par la route provinciale de Phaistos à Kali Liménès (Επαρχιακή Οδός Φαιστού - Καλών Λιμένων) on atteint rapidement une bifurcation ; peu avant la bifurcation on peut faire une halte à l’église Saint-Georges Falandras (Άγιος Γεώργιος της Φαλάνδρας) qui est l’église d’un ancien monastère datant du XVIe siècle, à l’époque vénitienne. À la bifurcation, la branche de droite conduit vers la villa minoenne d’Agia Triada ; la route provinciale continue à gauche vers le village d’Agios Ioannis. À la sortie d’Agios Ioannis, près de l’église Saint-Paul, il faut quitter la route provinciale, qui continue vers Sivas, et bifurquer à droite, vers le sud-ouest, sur la route qui mène à Kamilari, à Pitsidia, où on rejoint la route provinciale de Gortyne à Matala (Επαρχιακή Οδός Γόρτυνας - Ματάλων), puis à Matala, qui est un cul-de-sac. En chemin on peut faire des excursions vers la plage de Kalamaki et vers la plage et le site archéologique de Kommos. |
| Le village de Saint-Jean (Άγιος Ιωάννης / Àgios Ioánnis) | Agios Ioannis, c’est-à-dire « Saint-Jean », est une localité d’une soixantaine d’habitants qui est situé à environ 600 m au sud des ruines du palais minoen de Phaistos, à l’emplacement de l’ancienne ville basse de Phaistos qui se trouvait au pied du palais. Le village se trouve dans la plaine de la Messara, à une altitude d’environ 45 m. Saint-Jean fait partie de la communauté locale de Kamilari. Pendant l’occupation turque, Agios Ioannis était le fief d’un janissaire sanguinaire du nom d’Agriolidis (Αγριολίδης) ; il reste des vestiges d’une tour de défense qu’il avait fait construire dans le nord du village, la tour d’Agriolidis (Πύργος του Αγριολίδη). Le village mérite une halte pour une petite église, l’église Saint-Paul (Άγιος Παύλος), qui se trouve à environ 150 m au sud-ouest du village, dans un cimetière, ombragé de cyprès et entouré de hauts murs, situé à gauche de la route provinciale. Cette église est dédiée à l’apôtre Paul, disciple de Jésus, venu en Crète pour répandre le christianisme ; c’est l’une des rares églises de Crète dédiées à saint Paul, peu prisé par les Crétois qu’il décrit, dans l’une de ses épîtres à Tite : « Les Crétois sont toujours menteurs, de méchantes bêtes, des ventres paresseux ». Les parties les plus anciennes de l’église semblent dater de l’époque paléochrétienne, vers le Ve siècle ou le VIe siècle ; ce serait, pour partie, une des plus anciennes églises de Crète. L’église d’Agios Pavlos présente une curieuse architecture hétéroclite ; la partie arrière est la plus ancienne, avec un dôme et quatre arcs murés ; cette partie était peut-être, à l’origine, un baptistère, plus tard transformée en chœur quand les autres parties furent construites. Au centre s’élève un tambour surmonté d’un dôme, vraisemblablement ajouté au XIVe siècle ; en effet, au-dessus des arches, une inscription indique qu’en 1303-1304 l’empereur Andronic II Paléologue (Άνδρόνικος Βʹ Παλαιολόγος), sa seconde épouse Yolande de Montferrat et son fils, né de son premier mariage, Michel IX Paléologue ont fait rénover et réaménager l’église. À l’avant de l’édifice se trouve un exonarthex, de taille surdimensionnée, présentant trois ouvertures avec arcs en ogive, dans le style vénitien ; ce porche daterait du XVIe siècle. L’ensemble est construit en pierres taillées apparentes. L’intérieur de l’église Saint-Paul recèle des vestiges de fresques du XIVe siècle, datant de 1303 selon une inscription. Les fresques présentent des épisodes de la vie de saint Paul, des effigies de Saint Luc et de saint Matthieu ; une autre fresque représente le châtiment des damnés en enfer, molestées par des serpents. Aller à l’église Saint-Paul à Saint-Jean avec Google Maps (35.044157, 24.809818). |
| Le village de Kamilari (Καμηλάρι / Kamilári) | Kamilari est un village, d’environ 400 habitants, situé dans l’ouest de la plaine de la Messara, à moins de 3 km de la côte du golfe de la Messara. Kamilari est à l’origine un village agricole vivant traditionnellement de l’agriculture et de l’élevage, mais, depuis quelques décennies, il tire de plus en plus ses revenus d’un tourisme de haut de gamme, grâce à de nombreuses villas de vacances plutôt cossues, construites dans un style traditionnel. Le toponyme de la localité proviendrait d’un patronyme d’origine byzantine, Kamilaris (Καμηλάρης), signifiant « chamelier » ; le nom officiel du village est « Καμηλάριον », le village du chamelier. Le village se nommait Camilari à l’époque vénitienne. La légende dit que l’un des sept sages de l’Antiquité, Épiménide de Cnossos (Επιμενίδης), aurait vécu près de Kamilari, au VIe siècle avant JC. Kamilari est le chef-lieu d’une communauté locale, la communauté de Kamilari (Κοινότητα Καμηλαρίου), qui comprend aussi les villages d’Agios Ioannis et de Kalamaki. Kamilari se trouve à environ 6,7 km au sud de Tympaki, le chef-lieu du canton, à 11 km à l’ouest de Mirès, le chef-lieu de la commune de Phaistos, et à 58 km au sud-ouest d’Héraklion par la route nationale 97. La station balnéaire de Matala se trouve à environ 8 km au sud-ouest. Le village est bâti sur trois collines, la plus haute culminant à 110 m d’altitude, qui dominent la plaine couverte d’oliveraies, offrant des vues sur la côte, à l’ouest, et sur le massif du Psiloritis, au nord. Kamilari est un village agréable, avec de nombreuses vieilles maisons crétoises restaurées, abondamment fleuries. La localité dispose d’une place centrale animée, de quelques restaurants de qualité et de tous les commerces de base ; c’est un lieu de séjour haut de gamme, idéal pour visiter le sud de l’île et profiter des plages de la région. Kamilari est très apprécié par les touristes et les résidents allemands. Visite virtuelle. |
| Le site archéologique de Kamilari (Καμηλάρι / Kamilári) | À environ 1,2 km au nord du village de Kamilari, à mi-chemin de la villa d’Agia Triada, se trouve un cimetière comprenant notamment une tombe minoenne à tholos (θολωτός τάφος), c’est-à-dire un tombeau circulaire couvert d’une voûte ; le cimetière se trouve au sommet d’une basse colline culminant à 60 m d’altitude, la colline de Grigori Korfi (Γρήγορη Κορφή). Depuis le nord du village, des pancartes sont censées donner la direction de la tombe à travers les oliveraies, mais le site est plutôt difficile à trouver. On peut aussi y accéder, par un chemin de terre, depuis la route d’Agios Ioannis à Kamilari ; ce chemin prend à droite 300 m après l’église d’Agios Pavlos. Aller à la tombe à tholos de Kamilari avec Google Maps (35.045713, 24.786979). Ce cimetière a été bâti au début de l’époque minoenne proto-palatiale, au minoen moyen MM-I-b, vers 1900 avant JC ; cependant le tombeau a été utilisé pendant une très longue période, sans doute jusqu’à l’époque minoenne post-palatiale, au minoen récent MR-III-a, vers 1400 avant JC. Cependant la plupart des artefacts découverts datent de l’époque néo-palatiale, au minoen moyen MM-III. Ce serait l’une des tombes à tholos les plus anciennes de Crète. Le cimetière comprenait un tombeau à tholos et d’autres chambres. Le tombeau à tholos, bien conservé, se présente comme une construction circulaire, de 10,8 m de diamètre extérieur et 7,65 m de diamètre intérieur, qui devait être couverte d’un dôme, écroulé à l’intérieur ; les ruines du mur circulaire ont encore, par endroits, une hauteur de 2 m. L’entrée du tombeau était une ouverture, plutôt basse, située sur le côté oriental, qui pouvait être obturée par une dalle de pierre encore visible sur place. Il y avait un autre tombeau à tholos dont il ne reste que peu de vestiges. Sur le côté oriental du tombeau, se trouvait un parvis dallé et un couloir conduisant à l’entrée du tholos ; de part et d’autre du vestibule étaient disposées cinq autres chambres ; ces chambres latérales, plus récentes, datant vraisemblablement du minoen moyen MM-III-a, devaient être utilisées à la fois comme lieux de sépulture supplémentaires ou d’ossuaire, comme salles pour les rituels religieux et pour stocker des offrandes votives. Le tombeau à tholos de Kamilari fut fouillé, à la fin des années 1950, par l’École italienne d’archéologie d’Athènes, dirigée par Doro Levi, qui menait des fouilles à Agia Triada. Le cimetière avait été pillé avant l’écroulement de la coupole, mais les archéologues ont quand même découvert, dans le tombeau à tholos, environ 250 vases d’argile. Dans les chambres latérales ont été découverts environ 500 vases et autres artefacts en terre cuite, datant d’une époque ultérieure ; les archéologues ont découverts notamment : un groupe de quatre danseurs dansant en cercle ; une scène représentant deux prêtresses assises à une table sacrificielle ; une scène représentant deux personnes agenouillées faisant des offrandes à quatre autres personnes assises, vraisemblablement des morts enterrés dans le tombeau ; cette scène donne un aperçu du culte minoen des morts. Les plus remarquables de ces artefacts sont exposés au Musée archéologique d’Héraklion. Le tombeau à tholos est clôturé mais le portail est habituellement ouvert. Le site par lui-même est pittoresque et particulièrement spectaculaire au soleil couchant. |
| Le village de Kalamaki (Καλαμάκι / Kalamáki) | Kalamaki est une petite station balnéaire, d’une centaine d’habitants résidents, située sur la côte du golfe de la Messara. La station n’a pas beaucoup d’attrait sinon une longue plage de sable et une animation nocturne. La localité fait partie de la communauté locale de Kamilari, village situé à environ 3 km en arrière de Kalamaki. La station balnéaire de Kalamaki a connu un développement très important et un peu sauvage au cours des dernières décennies, avec la construction hâtive d’hôtels bas de gamme, d’appartements de vacances et de restaurants de plage, formant un véritable mur de béton le long d’une route côtière. La plage de Kalamaki (παραλία Καλαμάκι), longue de plus d’un kilomètre, est moins bondée que celle de Matala, située quelque 4 km plus au sud, mais ses fonds sont rocheux et la plage est exposée aux vents d’ouest, causant souvent de fortes vagues. Dans les secteurs éloignés, la plage est fréquentée par les nudistes. Au nord, la plage de Kalamaki est séparée de la plage de Pachia Ammos par un petit promontoire rocheux ; au sud, se trouve la plage, tout aussi longue, de Kommos. |
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| Le village de Pitsidia (Πιτσίδια / Pitsídia) | Pitsidia est un village agricole du sud-ouest de la plaine de la Messara, situé à seulement 2 km en arrière de la côte du golfe de la Messara. Le village compte une population d’environ 700 habitants qui vivent primitivement de l’oléiculture, de la viticulture, de l’élevage et de la pêche, mais aussi, de plus en plus, du tourisme. Pitsidia est en effet situé à seulement 4 km au nord-est de la célèbre station balnéaire de Matala et bon nombre de touristes préfèrent trouver un hébergement à Pitsidia plutôt que dans la cohue de Matala, tout en pouvant profiter des plages de Matala ; les logements de vacances sont aussi moins chers qu’à Matala. Le village est construit sur le flanc nord d’une colline qui culmine à environ 80 m d’altitude, dominant la plaine de la Messara. Pitsidia est à 58 km d’Héraklion et est desservi par les autocars de la ligne Héraklion - Matala, via la ville de Mirès ; l’arrêt des autocars se trouve sur la route provinciale de Gortyne à Matala, à l’entrée nord du village, en contrebas. Pitsidia est le chef-lieu d’une communauté locale, la communauté de Pitsidia (Κοινότητα Πιτσιδίων), qui comprend aussi les localités de Néo Kalamaki (Νέο Καλαμάκι) et de Matala. Le territoire de la communauté comprend aussi la plage de et le site archéologique de Kommos. Le toponyme de Pitsidia proviendrait, selon l’érudit crétois Stergios Spanakis (Στέργιος Σπανάκης), du nom de la province de Pisidie (Πισιδία) ; le village aurait été fondé par des soldats de Nicéphore Phocas originaires de cette province, située dans le sud-ouest de l’Anatolie, au nord de la Lycie, après la reconquête de l’île contre l’occupant sarrasin ; les Sarrasins avaient d’ailleurs envahi la Crète en débarquant sur cette côte, en 824. Le quartier le plus animé de Pitsidia est la place centrale, avec d’agréables tavernes ; au mois d’octobre, après les vendanges, un grand festival du raki a lieu à Pitsidia, avec un grand buffet de plats typiques locaux, de la musique crétoise et du raki à volonté. Les logements chez l’habitant les plus agréables se trouvent à l’écart de la route provinciale, plutôt dans le haut du village. |
| La plage de Kommos (παραλία του Κομμού / Paralía tou Kommoú) | La plage de Kommos est l’une des plus belles plages de la côte sud de la Crète. Cette plage se trouve à 2 km à l’avant du village de Pitsidia ; la vaste étendue de terrains, d’1 km² de superficie, située entre Pitsidia et la plage de Kommos est une réserve archéologique inconstructible, ni bâtie ni cultivée. La plage de Kommos doit son nom à l’antique port minoen de Komos qui se trouvait au sud de cette plage. Une piste mène, depuis Pitsidia, jusqu’à un parc de stationnement situé sur la gauche du site archéologique, en arrière de la zone équipée de la plage ; à pied, le trajet prend environ 30 min. On peut aussi se garer un peu plus bas, près de la petite église Saint-Pantaléon (Άγιος Παντελεήμονας). Aller à la plage de Kommos avec Google Maps (35.017702, 24.760029). La plage de Kommos est une plage de sable grossier grisâtre, d’environ 1,8 km de longueur et d’une largeur qui peut atteindre une centaine de mètres à certains endroits ; grâce à cette grande superficie, la plage de Kommos n’est jamais bondée et même souvent déserte hors-saison. C’est une plage sauvage, non équipée, sur la majeure partie de sa longueur ; quelques plantations de tamaris procurent un peu d’ombre dans cette partie de la plage. Plus on va vers le nord et plus la plage de Kommos devient naturiste. Le campement est interdit sur la plage car les tortues caouannes (Caretta caretta) viennent y pondre pendant la période estivale. Seule la partie la plus méridionale de la plage est équipée de parasols et de chaises longues par les taverniers installés à l’arrière de la plage, hors de la zone archéologique réservée. Le fond marin est plutôt rocheux et glissant, et la plage est exposée aux vents d’ouest ; il y a aussi de forts courants sous-marins qui peuvent entraîner les nageurs loin de la côte. En face de la plage, à environ 13 km à l’ouest, on distingue le petit archipel des îles Paximadia ; vers le nord on aperçoit le port d’Agia Galini et les hauteurs du mont Kédros (Όρος Κέντρος), que la vallée d’Amari sépare du massif du Psiloritis ; vers le sud se dresse le cap Nissi (Νησί), derrière lequel s’abrite la station balnéaire de Matala. |
| Le site archéologique de Komos (Αρχαιολογικός χώρος Κόμου / Archaiologikós chóros Kómou) | Le site archéologique de Komos (Κομός), ou Kommos (Κομμός), montre les ruines de ce qui fut une ville portuaire à l’époque minoenne et au début de l’époque grecque ; Komos était sans doute le port de commerce à longue distance pour la riche plaine de la Messara et ses centres économiques de Phaistos et d’Agia Triada, situés à environ 6 km au nord-est. Les ruines de Komos se trouvent de nos jours à une altitude d’environ 9 m au-dessus de la mer, mais, à l’époque minoenne, le dénivelé devait être plus grand de quelques mètres ; le port de Komos était protégé de la houle du nord-ouest par un îlot, le récif de Papadoplaka (Παπαδόπλακα), qui est de nos jours submergé. Les ruines de Komos se trouvent à l’extrémité sud du littoral de la Messara, à 6 km au sud de Tympaki, à 2 km à l’ouest de Pitsidia et à 2,5 km au nord-ouest de Matala ; le port de Komos était séparé du port de Matala par un promontoire, nommé de nos jours le cap Nissi. Aller au site archéologique de Komos avec Google Maps (35.013210, 24.760712). Le port de Komos paraît avoir été construit à la même époque que le premier palais de Phaistos, entre 1900 et 1800 avant JC. La ville portuaire subit les mêmes destructions que les cités minoennes vers 1700 avant JC et vers 1450 avant JC ; un nouveau tremblement de terre, vers 1250 avant JC, aurait mis fin à la fonction de port de la ville, à cause d’une élévation relative du niveau de la mer, conjointement à un envasement de la côte par les alluvions charriés par le fleuve Géropotamos. À partir de cette époque le port de Matala commença de remplacer le port de Komos en tant que port de la Messara. La ville semble avoir été abandonnée définitivement à l’époque romaine, avant l’an 200. Jusqu’au début des années 1970 la plupart des experts estimaient que le port antique de Phaistos devait se trouver près de Kokkinos Pyrgos, au nord-ouest de Tymbaki. L’excavation de la ville portuaire de Komos, située à l’autre extrémité de la baie, ne débuta qu’en 1976, sous la direction de l’archéologue canadien de l’Université de Toronto Joseph Shaw et de son épouse grecque Maria Coutroubaki (Μαρία Κουτρουμπάκη). Les fouilles des époux Shaw durèrent jusqu’en 1995, les résultats étant progressivement publiés par l’Université de Princeton, de 1990 à 2004. Après l’achèvement de cette phase de fouilles, des travaux de consolidation furent menés de 2004 à 2006 pour protéger le site de l’érosion. Les fouilles continuent de nos jours ; seule une partie des ruines a été fouillée, la ville antique s’étendant vers l’est et le nord dans la zone archéologique protégée. La diversité d’origine des artefacts découverts, au cours des fouilles de Komos, atteste que ce port minoen était en relation avec diverses contrées de la Méditerranée orientale : Chypre, un grand producteur de cuivre, la Phénicie, la Palestine, la Syrie, l’Égypte, mais aussi avec la Grèce continentale et la Sardaigne ; ainsi ont été identifiées des jarres cananéennes et égyptiennes utilisées pour le transport maritime. Cependant la plupart des jarres à étrier découvertes sont des jarres réalisées en argile local de la Messara, même si leur style imite parfois le style des jarres cananéennes ; l’analyse des argiles montre diverses sources d’approvisionnement, mais l’argile était vraisemblablement cuite dans un four qui a été mis au jour sur le site. Le site archéologique de Komos s’étend sur une colline, située immédiatement à l’arrière de la plage de Kommos, qui s’allonge parallèlement à la côte, sur une longueur d’environ 200 m. Sur l’emprise du site clôturé se trouvent trois zones de fouilles montrant des structures très différentes : - au pied sud de la colline se trouve la zone portuaire à proprement parler ;
- au centre, sur le flanc sud de la colline, se trouve un quartier d’habitation datant de l’époque néo-palatiale ;
- au nord, au sommet de la colline, se trouve un quartier d’habitation datant de l’époque post-palatiale.
Les ruines de la zone portuaire, au sud, présentent une superposition de bâtiments appartenant à des époques très différentes, depuis l’époque minoenne proto-palatiale jusqu’à l’époque hellénistique, soit près de dix-huit siècles d’utilisation, plus ou moins continue, du site ; cela rend plutôt difficile l’interprétation des ruines, les ruines minoennes étant recouvertes par les ruines grecques. L’élément le plus ancien qui subsiste paraît être une chaussée dallée, datant de l’époque proto-palatiale, située au nord de la cour centrale du « palais » (en jaune). Le bâtiment dénommé « palais » était un vaste bâtiment entourant une cour centrale (bâtiment T en noir) ; le bâtiment était de forme à peu près carrée, de 60 m de côté. Ce bâtiment était vraisemblablement moins un palais qu’un bâtiment administratif dédié au fonctionnement du port de Komos ; aucun artefact retrouvé ne laisse penser qu’il s’agissait d’une résidence de luxe. Les ruines visibles de nos jours sont celles du second palais, datant de l’époque néo-palatiale MM-III ; quelques fondations de murs datent de l’ancien « palais », d’époque proto-palatiale. Il reste quelques vestiges de l’aile nord du bâtiment ; le mur intérieur de l’aile nord est le plus long pan de mur minoen subsistant de toute l’île : plus de 50 m de pierre de taille, certains blocs ayant plus de 3 m de longueur. Il reste un fragment de mur de l’aile sud du palais, qui devait comporter un portique dont on peut voir les bases des colonnes (n° 48). L’aile ouest a été totalement emportée par l’érosion. À l’époque post-minoenne MR-III, après la destruction du palais, la partie orientale de la cour centrale fut convertie en bâtiment d’entretien ou d’hivernage de navires (P sur le plan, en orange), empiétant sur les ruines de l’aile orientale du palais ; cette sorte de chantier naval, de 30 m de longueur par 35 m de largeur et 4 m de hauteur, contenait six longues salles étroites couvertes, ouvertes du côté de la mer ; ces salles étaient vraisemblablement des cales sèches. On peut voir distinctement voir les ruines des trois cales sèches situées le plus au nord. La chaussée pavée de la cour centrale devait servir au halage des navires. Dans le sud-ouest de la cour centrale on peut également voir les vestiges d’un grand four (n° 47 sur le plan, en violet), qui paraît dater de la fin de l’époque néo-palatiale ; ce four devait servir à la fabrication des céramiques destinées à l’exportation des denrées ; de nombreux tessons de céramiques ont été découverts à proximité. Au nord du palais passait une chaussée, pavée de pierres calcaires, orientée en direction de l’est et qui conduisait sans doute vers Phaistos et Agia Triada (n° 17 sur le plan) ; il reste un tronçon, de 3 m de largeur et de plus de 60 m de longueur, de cette voie minoenne ; on remarque encore la trace faite par les roues des chariots. Sur la bordure nord de la voie se trouvait un canal de drainage. Au nord de la voie, dans le coin nord-est de la zone sud, se trouve une grande habitation (maison X sur le plan), de construction très élaborée, datant de la fin de l’époque néo-palatiale MR-I-a ; dans cette maison ont été découverts des fragments d’une fresque au motif de lys blancs. Le port de commerce de Komos paraît avoir été abandonné, au profit du port de Matala, à la fin de l’époque minoenne post-palatiale, vers le XIIIe siècle avant JC. Au début de l’époque dorienne, à partir de la fin du XIe siècle ou du début du Xe siècle avant JC, la zone portuaire devint une zone de sanctuaire où se succédèrent trois temples grecs, jusqu’à l’époque hellénistique, au IIe siècle après JC. Le premier temple, dénommé « Temple A » par les archéologues, se trouvait dans le nord-ouest de la zone sud du site ; il fut édifié au début de l’époque dorienne, à la fin du XIe siècle, vers 1020 avant JC. Le temple A fut construit au moyen de matériaux pris dans les ruines du palais minoen ; c’était un édifice rectangulaire avec son ouverture du côté oriental. Un nouveau temple, le « Temple B », fut édifié vers l’an 800 avant JC ; c’était un bâtiment rectangulaire, mais, devant son entrée, à l’est, se trouvait une sorte de rotonde (D sur le plan), abritant un autel. Le Temple B avait la particularité d’abriter un autel où la divinité n’était pas représentée par une statue, mais par trois piliers rectangulaires en pierre, érigés sur un bloc de pierre vaguement triangulaire ; cet autel a été identifié comme d’origine phénicienne et devait avoir été édifié par des commerçants et des marins phéniciens faisant escale à Komos. Le temple B fut utilisé jusqu’à la fin de l’époque dorienne, vers 600 avant JC. Les fouilles du Temple B ont livré des miniatures crétoises en terre cuite, un petit cheval de bronze grec, des figurines égyptiennes en céramique, des armes et des objets usuels. Un troisième temple, le « Temple C », fut construit au IVe siècle avant JC. Dans le naos, entre deux piliers de pierre, se trouvait un foyer rectangulaire ; le Temple C accueillait des fêtes rituelles : des fouilles à l’intérieur du naos ont mis au jour des coupes, des aryballes, des restes d’animaux et des arêtes de poisson. Le Temple C fut abandonné vers 150 avant JC. La zone centrale du site archéologique de Kommos se trouve au nord des ruines de la zone portuaire, sur la pente sud de la colline. La zone de fouilles est la plus petite des trois ; les archéologues y ont mis au jour les ruines d’habitations de l’époque néo-palatiale construites sur les ruines de maisons datant de l’époque proto-palatiale ; les dalles de calcaire tombées lors du tremblement de terre, d’environ 1700 avant JC, qui détruisit les premiers palais. Un grand nombre de poteries intactes ont été trouvées dans cette zone, dont une grande partie dans le style de Kamáres, aux couleurs vives. La troisième zone de fouilles se trouve sur le sommet de la colline, dans le nord du site archéologique clôturé ; cette zone comprend principalement des bâtiments d’habitation datant de l’époque minoenne tardive, entre 1500 et 1200 avant JC ; à cette époque post-palatiale, la ville de Komos connut sa plus grande expansion et devait s’étendre au-delà du site clôturé, vers l’est et vers le nord. Ce quartier comprenait de nombreuses petites maisons, séparées par des ruelles, sans doute habitées par des cultivateurs et des pêcheurs ; dans de nombreuses maisons ont été découverts des escaliers, ce qui indique une construction à deux planchers ; dans le sud de la zone on peut cependant voir les ruines d’une maison, plus grande que les autres, avec une cour pavée et un pressoir en pierre calcaire. Bien que le site archéologique de Komos ait été consolidé depuis 2006 en vue de son ouverture au public, le site n’est toujours pas ouvert ; les ruines sont entourées d’un grillage de clôture et ne peut pas être visité. On peut avoir une vue d’ensemble du site depuis le promontoire du cap Nissi. |
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| Le village de Matala (Μάταλα / Mátala) | Matala est un village côtier de la côte sud de la Crète, situé à l’extrémité occidentale de la chaîne des monts Astéroussia. Cet ancien village de pêcheurs, d’environ 70 résidents permanents, est devenu, depuis les années 1970, une station balnéaire très prisée ; Matala fait partie de la communauté locale dont le chef-lieu est le village de Pitsidia, situé à environ 4 km au nord-est. Matala se trouve à 15 km au sud du chef-lieu de canton, Tympaki, à 15 km au sud-ouest du chef-lieu de la commune, Mirès, et à 62 km au sud-ouest de la capitale de l’île, Héraklion. Il y a un grand parc de stationnement public juste à l’arrière de la plage de Matala, mais le stationnement y est payant ; il y a des parcs de stationnement payants privés disséminés un peu partout dans la localité. Des autocars de la compagnie KTEL HerLas desservent Matala depuis la gare routière B de la Porte de La Canée à Héraklion, via Mirès ; le trajet prend plus de deux heures. Le village de Matala est situé au débouché d’une longue vallée creusée dans un massif de calcaire marneux jaunâtre, des roches très tendres dont on peut voir les strates inclinées sur les falaises qui enserrent la baie de Matala ; sur le côté nord de la baie se dresse le cap Nissi (Άκρα Νησί), ou Nyssos (Νύσος), creusé de nombreuses cavernes ; sur le côté sud, le cap de Matala (Άκρα Μάταλα). C’est dans cette baie très protégée qu’avait été construit un des ports de la cité minoenne de Phaistos, le port de Matalon (Μάταλον), qui devint le port principal de Phaistos à la fin de l’époque port-minoenne, quand le port de Kommos fut progressivement abandonné. Dans son ouvrage « Stadiasmus maris magni », le géographe du Ier siècle avant JC Strabon indique que Matalon se trouvait à 40 stades de Phaistos, soit environ 7,6 km. Lorsque sa rivale Gortyne vainquit Phaistos, vers 150 avant JC, le port de Matala devint un des ports de Gortyne. Quand Rome conquit la Crète et fit de Gortyna la capitale de la province, Matalum devint le principal port de Gortyna. Même si le port de Matalum était bien protégé des vents, la force des courants marins, dans ces parages du cap Lithino, a causé de nombreux naufrages ; des épaves de navires romains, chargés d’amphores d’huile et de vin, ont été localisées à proximité de Matala. Les vestiges du port romain sont en partie immergés, à cause de la montée du niveau de la mer ou de l’abaissement de la côte, mais on peut les deviner par mer calme. Selon la mythologie grecque c’est aussi à Matalon qu’accosta Zeus, métamorphosé en taureau blanc, portant sur son dos la belle princesse Europe ; de là ils se dirigèrent vers Gortyne où ils s’accouplèrent sous un célèbre platane. La station balnéaire de Matala s’est développée autour d’une rue principale autour de laquelle ont été construits quelques modestes hôtels ; le bord de mer est lui envahi de tavernes et de cafés, à l’arrière de la longue plage de sable ; quelques bateaux de pêcheurs continuent d’approvisionner ces tavernes en poissons frais. Dans les années 1960 Matala a été envahi par des hippies qui squattèrent les habitations troglodytiques de la falaise ; de cette époque, maintenant lointaine, la station a fait son fonds de commerce et la décoration des tavernes s’inspire de ce style hippy un peu frelaté. La station balnéaire est généralement bondée, même en fin de saison, mais, lorsque la foule des baigneurs s’est retirée et que les autocars de touristes sont repartis, le site retrouve la splendeur qui a fait sa célébrité ; le coucher du soleil donne aux falaises des couleurs rouges et ocres particulièrement spectaculaire. Dans le sud du village se trouve une petite église rupestre dédiée à la Vierge Marie ; cette petite église de pêcheurs comprend une simple iconostase avec de nombreuses icônes. À l’arrière de l’église se trouvent les ruines de la ville portuaire romaine de Matalum ; sur la colline dominant ces ruines on peut voir quelques ruines de l’acropole. |
| Les cavernes de Matala (Σπηλιές στα Μάταλα / Spiliés sta Mátala) | L’image emblématique de Matala est une falaise criblée d’une multitude de cavités ; ces cavités sont des grottes creusées artificiellement par l’homme dans les roches sédimentaires dont est constitué le promontoire de Nysos qui protège la baie de Matala sur son côté nord. Ces roches présentent des strates de sédimentation de composition et de tendreté variées : grès, calcaire marneux. Les strates montrent une inclinaison très marquée vers l’ouest, conséquente à l’abaissement de la côte ; certaines des grottes des niveaux inférieurs ont été submergées et se présentent de nos jours comme des grottes sous-marines. L’époque à laquelle ces cavités ont été creusées reste incertaine, de même que leur destination : habitations troglodytiques d’hommes de l’époque néolithique, tombeaux de l’époque romaine ou paléochrétienne. Cependant certaines de ces grottes présentent des caractéristiques qui indiquent une utilisation résidentielle : fenêtres, cheminées, escaliers, couloirs reliant plusieurs grottes, tables, bancs, lits, petites niches de rangement et cetera. Les derniers habitants connus de ces grottes furent des troglodytes hippies dans les années 1960 et le début des années 1971. Cette communauté devint un des lieux de la contre-culture et reçut la visite de quelques chanteurs célèbres : Cat Stevens, Bob Dylan, Joni Mitchell … Cette dernière évoque même Matala dans sa chanson « Carey », de 1971, « they’re playin’ that scratchy rock and roll beneath the Matala moon ». Cependant, les habitants finirent par se lasser de cette population et, avec le soutien du métropolite de Gortyne, réussit à faire expulser les hippies. Néanmoins, dans le but d’exploiter commercialement la nostalgie de la mode « Peace and Love », la municipalité créa, en 2011, un festival, le Matala Beach Festival, qui a lieu chaque année au mois de juin ; les graffiti du style « Today is life ; tomorrow never comes. » datent de la création de ce festival. L’accès aux grottes semble avoir été clôturé, comme site archéologique, vers l’année 1977. Il est cependant possible de visiter les grottes pendant la journée, entre 10 h et 19 h, moyennant un prix d’entrée. On peut visiter librement les grottes, accessibles par quelques marches depuis la plage de Matala, mais il est préférable d’être bien chaussé, car le sol des grottes est irrégulier. Le site est fermé le soir, nettoyé et inspecté pour s’assurer que personne ne veut jouer les troglodytes. La falaise est illuminée à la nuit tombée. |
| La plage de Matala (παραλία Ματάλα / Paralía Matála) | La plage de Matala est sans conteste une belle plage de sable gris et fin, en forme de croissant, blottie au fond d’une baie longue d’environ 400 m ; même si la plage est exposée aux vents d’ouest, les eaux sont turquoise et cristallines, grâce aux côtes rocheuses, et sont généralement calmes ; les courants marins peuvent cependant y être dangereux et il est nécessaire de respecter les consignes. La plage a une longueur d’environ 300 m et une largeur atteignant 60 m ; c’est une plage équipée de chaises longues et de parasols payants, et surveillée par un maître-nageur secouriste. Depuis le petit port de pêche situé à l’extrémité sud de la plage, des excursions sont organisées vers les îles Paximadia ou vers la plage d’Agiofarango. Le principal inconvénient de la plage centrale de Matala est qu’elle est extrêmement fréquentée ; quand la densité humaine devient trop pressante, il est possible de se réfugier sur une plage sauvage qui se trouve un peu plus au sud, au-delà du cap Matala, la « Plage Rouge ». |
| La plage rouge (παραλία Κόκκινη / Paralía Kókkini) | La station balnéaire de Matala dispose d’une seconde plage, la Plage Rouge, qui doit son nom au sable rougeâtre (κόκκινη άμμος) qui la couvre. La Plage Rouge se trouve au fond d’une crique, située à seulement 500 m, à vol d’oiseau, au sud de la station balnéaire. On ne peut accéder à la Plage Rouge qu’en bateau ou à pied. À pied, depuis le village de Matala, il y a deux points de départs pour rejoindre la Plage Rouge : prendre la rue principale, bordée d’hôtels, qui part en direction du sud et qui passe devant les ruines de la ville antique de Matalum ; l’extrémité de la rue, grimper pour rejoindre le chemin de la Plage Rouge (Μονοπάτι Κόκκινη Άμμος) ; l’autre point de départ se trouve à l’extrémité sud du front de mer, après la dernière taverne ; le chemin de la Plage Rouge grimpe sur le cap de Matala, offrant de belles vues sur Matala et sa falaise ; ce rocher, qui forme le cap de Matala est dénommé « Rocher de Théosyni » (βράχος της Θεοσύνης). Le trajet à pied prend une trentaine de minutes ; il est conseillé d’être bien chaussé, car le sentier est caillouteux et escarpé. On peut s’écarter du sentier pour s’approcher du bord de la falaise, qui atteint à cet endroit une hauteur de 70 m ; l’érosion marine a creusé au pied de la falaise des sortes de fjords et une grotte marine, la grotte de Kouroupi (Κουρουπί), qui abrite des phoques moines. Quelques rochers, situés au pied de la falaise, ont été sculptés par un hippy belge qui logeait dans une grotte des environs. La Plage Rouge est une plage aussi longue que la plage principale de Matala, environ 300 m, mais un peu moins large. C’est une plage non équipée, non surveillée et sans ombre, mais il y a une buvette à l’arrière de la plage, qui loue aussi des parasols. C’est aussi une plage où le naturisme est toléré et même majoritaire, en particulier du côté de la falaise. |
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