| La ville de Perama, les villages de Panormos, de Bali, de Sises, de Melidoni et de Margarites, la grotte de Melidoni, les monastères de Vossakos et d’Attali, et le dème du Mylopótamos en Crète | |
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| | Étymologie et toponymie | La commune du Mylopotamos doit son nom à la rivière qui draine la partie occidentale de la commune, la rivière Mylopotamos (Μυλοπόταμος ποταμός) dont le nom signifie « rivière aux Moulins » ; la rivière avait donné son nom à l’ancienne éparchie du Mylopotamos (επαρχία Μυλοποτάμου). La région était nommée Milopotamo à l’époque vénitienne. La rivière Mylopotamos est un affluent du fleuve Géropotamos, mais le canton du Géropotamos est un canton de la commune du Mylopotamos. Il existe une certaine confusion entre Géropotamos et Mylopotamos : le Géropotamos est parfois désigné comme le Mylopotamos ; pour ajouter de la confusion à la confusion, il existe un autre fleuve nommé Géropotamos, qui draine la plaine de la Messara, dans le sud de l’île. |
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| La commune du Mylopotamos (Δήμος Μυλοποτάμου) occupe le coin nord-est du département de Réthymnon. Le territoire de la commune s’étend principalement sur la partie orientale du massif du Psiloritis et sur des régions de collines situées au pied du massif ; dans le nord de la commune, parallèles à la côte, se dressent les monts Taléens qui s’abaissent vers le nord jusqu’à former la côte rocheuse caractéristique du Mylopotamos. Dans le milieu de la commune, entre le massif du Psiloritis et les monts Taléens, coule le fleuve Géropotamos qui se jette dans la mer de Crète dans le nord-ouest de la commune, près de Panormos. La partie occidentale de la commune est drainée par la rivière Mylopotamos et ses affluents, qui se jette dans le fleuve Géropotamos juste en amont de Pérama. La commune du Mylopotamos est limitrophe : à l’ouest, avec la commune de Réthymnon, dont le territoire, essentiellement de plaine, contraste avec les paysages montagneux du Mylopotamos ; à l’est, avec la commune du Malévizi, dans la province d’Héraklion ; au sud-est, avec la commune d’Anogia qui occupe la partie orientale du massif du Psiloritis. La commune du Mylopotamos est traversée d’est en ouest par la route nationale 90 d’Héraklion à Réthymnon, qui s’étire sur les pentes nord des monts Taléens dans des paysages de montagnes spectaculaires. Au pied du versant sud des monts Taléens, dans la vallée du fleuve Géropotamos, s’étire la vieille route nationale, plus sinueuse mais presque parallèle à la nouvelle route nationale. La commune du Mylopotamos est divisée en trois cantons : au nord-ouest, le canton du Géropotamos, dont le chef-lieu est Pérama ; au centre, le canton du Kouloukonas, dont le chef-lieu est Garazo, qui comprend le point culminant de la Crète, le mont Ida ; au sud-est, le canton de Zoniana. La canton du Géropotamos comprend seize communautés locales : Achladès (Αχλαδές), Agios Mamas (Άγιος Μάμας), Alfa (Αλφά), Angéliana (Αγγελιανά), Chouméri (Χουμέρι), Kalandaré (Καλανδαρέ), Margaritès (Μαργαρίτες), Mélidoni (Μελιδόνιον) qui comprend la station balnéaire de Bali, Mélissourgaki (Μελισσουργάκιον), Orthès (Ορθές), Panormos (Πάνορμο), Pasalitès (Πασαλίτες), Pérama (Πέραμα), Rouméli (Ρουμελή), Sissès (Σίσες) et Sképasti (Σκεπαστή). |
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| La ville de Pérama (Πέραμα / Pérama) | Pérama est un gros bourg agricole situé dans la basse vallée du fleuve Géropotamos, le Kato Mylopotamos ; la localité compte environ 1 500 habitants. Pérama est le chef-lieu de la commune du Mylopotamos (Δήμος Μυλοποτάμου), le chef-lieu du canton du Géropotamos (Δημοτική Ενότητα Γεροποτάμου) et le chef-lieu de la communauté locale de Pérama (Κοινότητα Περάματος) dont fait aussi partie la localité de Dafni (Δάφνη). Pérama se trouve sur la vieille route nationale d’Héraklion à Réthymnon, à 24 km à l’est de Réthymnon et à 56 km à l’ouest d’Héraklion ; la vieille route nationale s’étend sur la rive gauche du fleuve Géropotamos, du côté ouest du cours d’eau. |
| Sur la route de Pérama à Sissès | Pérama et Sissès se trouvent aux extrémités ouest et est des monts Taléens. Pour relier ces deux localités il existe deux itinéraires : soit l’ancienne route nationale de Réthymnon à Héraklion (Παλαιά Εθνική Οδός Ηρακλείου - Ρεθύμνου), soit la route provinciale de Pérama à Panormos (Επαρχιακή Οδός Περάματος-Πάνορμου), puis la nouvelle route nationale 90. Ce second itinéraire, qui longe la côte très découpée, présente plus de points d’intérêt : la première halte peut se faire à Panormos, un charmant port de pêche qui a développé une paisible activité de tourisme et où se trouvent les ruines de la basilique paléochrétienne Sainte-Sophie ; la deuxième halte est une station balnéaire beaucoup plus populaire et développée de façon plutôt anarchique, Bali ; dans l’arrière-pays de Bali se trouve le monastère restauré d’Attali. Entre Bali et Sissès on peut s’arrêter à Kalo Chorafi qui possède une petite plage, une taverne et une petite église vénitienne. Sissès n’a pas d’intérêt touristique particulier, mais on peut visiter l’arrière-pays, avec le monastère de Vossakos, et des curiosités géologiques. En traversant les monts Taléens on atteint la vallée du Géropotamos que l’on peut descendre, par la vieille route nationale, jusqu’à Pérama ; en chemin, peu après Agia (Αγιά), on pourra faire une excursion vers la grotte de Mélidoni, avant de revenir à Pérama. Si on ne veut pas revenir vers Pérama on peut continuer, après Sissès, sur la route nationale 90 vers Fodélé, Agia Pélagia et Héraklion. |
| | Le village de Panormos (Πάνορμος / Pánormos) | Panormos est un village côtier de la côte nord de la Crète ; Panormos possède un port de pêche qui fut aussi, dans le passé, un port commercial pour l’exportation des productions de l’arrière-pays de la province du Mylopotamos. La localité compte un peu plus de 600 habitants et développe une modeste activité touristique. Panormos forme une communauté locale (Κοινότητα Πανόρμου) avec la localité de Lavris (Λαύρις), qui n’a plus d’habitants mais qui accueille un immense complexe hôtelier à l’embouchure du Géropotamos. Le toponyme de la localité, Panormos (Πάνορμος), vient des mots grecs « pan » (παν), « tout » et « ormos » (όρμος), « baie, mouillage, ancrage », signifiant que ce port naturel était apte à recevoir tous les navires. Panormos était le nom de nombreux ports antiques, par exemple celui de la colonie grecque de Sicile qui est connue de nos jours sous le nom de Palerme, déformation de Panormos. Panormos est couramment nommée Panormo (Πάνορμο). Panormos se trouve à 22 km à l’est de Réthymnon, à 58 km à l’ouest d’Héraklion et à 6,6 km au nord de Pérama ; la localité se trouve juste au nord de la route nationale 90 et est d’un accès très facile. Panormos pourrait avoir été le port de la cité dorienne d’Éleutherne, selon l’historien grec du IIe siècle Ptolémée, qui nomme le port d’Éleutherne Pantomatrio (Παντομάτριο). À l’époque romaine et à l’époque byzantine l’existence de la grande basilique paléochrétienne Sainte-Sophie indique l’importance de la localité. À la fin de la seconde époque byzantine, le corsaire génois Enrico Pescatore occupa le port et y fit construire un château ; lorsque les Vénitiens prirent possession de la Crète, en 1212, ils conservèrent ce château de Castello di Milopotamo et en firent le siège d’une châtellenie ; la localité prit le nom de Kastelli (Καστέλλι) jusqu’au milieu du XXe siècle. Panormos est une petite station balnéaire d’un certain charme, moins bondée que sa voisine Bali. Le centre du village de Panormos conserve quelques maisons anciennes, dont certaines datent de l’époque vénitienne et de l’époque ottomane. Dans l’ouest du village, un ancien entrepôt qui abritait un moulin à caroube (Χαρουπόμυλος), a été converti en salle de concert ultramoderne, le Charoupomylos. À l’arrière du port se multiplient d’agréables tavernes et des cafés qui dominent plusieurs petites plages qui ne dépassent pas 100 m de longueur. La plage centrale, située au pied des ruines du château, est protégée de la houle par les digues du port. À l’arrière du château se dresse l’église du village, une église récente, dédiée à l’Ascension du Sauveur (Ανάληψη του Σωτήρος) et à saint Georges (Άγιος Γεώργιος), en souvenir de la chapelle Saint-Georges qui se trouvait dans le château. De l’ancien château génois puis vénitien, le Castel di Milopotamo (Κάστρο του Μυλοποτάμου), il ne reste que de rares vestiges ; en 1649, pendant leur invasion progressive de l’île, les Ottomans le détruisirent à moitié. De même les fortifications vénitiennes du port ont en grande partie disparu lors de la construction de la digue. Aller au Castel di Milopotamo avec Google Maps (35.418586, 24.691274). | |
| Les ruines de la basilique paléochrétienne Sainte-Sophie (Παλαιοχριστιανική βασιλική της Αγίας Σοφίας / Palaiochristianikí vasilikí tis Agías Sofías) | À quelques centaines de mètres au sud du village de Panormos se trouvent les ruines de l’ancienne basilique paléochrétienne Sainte-Sophie, situées de l’autre côté de la route nationale 90. Aller à la basilique Sainte-Sophie avec Google Maps (35.414366, 24.686507). Cette basilique aurait été construite ou reconstruite du Ve siècle à la seconde moitié du VIe siècle, à l’époque byzantine, et vraisemblablement détruite lors des invasions sarrasines, au IXe siècle. La basilique d’Agia Sofia était une grande basilique, de 30 m de longueur, c’est-à-dire l’une des plus grandes basiliques de Crète ; elle aurait été le siège du diocèse d’Éleutherne. Sainte-Sophie présentait le plan classique d’une basilique byzantine avec un narthex, une nef centrale et deux nefs latérales, un bêma et une abside ; de part et d’autre du bêma, au nord et au sud, se trouvaient des pastophoria (παστοφόριο), des sortes de sacristies. Le sol était couvert de mosaïques. Devant l’entrée de l’église, du côté ouest, se trouvait un baptistère. Les ruines de la basilique Sainte-Sophie ont été mises au jour, en 1948, par le théologien crétois Konstantinos Kalokiris (Κωνσταντίνος Καλοκύρης) et fouillées de 1948 à 1955 sous la supervision de l’archéologue Nicolas Platon (Νικόλαος Πλάτων), directeur du Musée archéologique d’Héraklion. Des éléments architecturaux de la basilique sont exposés au Musée archéologique de Réthymnon, notamment des fragments du chancel. Le site des ruines de la basilique d’Agia Sofia est clôturé par un grillage, mais le portail est entr’ouvert. | | |
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| Le monastère de Saint Précurseur d’Attali (Μονή Τιμίου Προδρόμου Αττάλης / Moní Timíou Prodrómou Attális) | Le monastère de Saint Jean le Baptiste d’Attali ou de Bali est un monastère d’hommes dédié à saint Jean-Baptiste ou saint Jean le Précurseur, situé à proximité de Bali ; Attali (Αττάλη) ou Atali (Ατάλη) étant l’ancien nom de la localité de Bali. Le monastère de Bali est situé à environ 1 km au sud-ouest de Bali. Jusqu’à la création de la route nationale, dans les années 1970, ce monastère se trouvait très isolé, très propice à une vie ascétique ; de nos jours, on y accède depuis la route nationale 90 par une petite route de 500 m de longueur. Le monastère est bâti sur les pentes d’une petite colline, la colline d’Agia Ypaki (Λόφος Aγίας Yπακοής) (« Colline de la Sainte Patience »), offrant une belle vue sur la baie de Bali. Aller au monastère Saint-Jean de Bali avec Google Maps (35.402737, 24.772536). Les bâtiments actuels du monastère datent de la fin de l’époque vénitienne, du XVIe siècle et du XVIIe siècle, mais certaines parties des fresques de l’église sont datées du XIVe siècle. Le monastère semble avoir été endommagé lors de la conquête ottomane de la Crète, vers 1646, mais le monastère a recommencé de prospérer au milieu du XVIIIe siècle ; une fontaine a été construite en 1761 et une deuxième fontaine en 1791. Le monastère a été à nouveau endommagé par la répression turque lors des soulèvements de 1821 et de 1866 ; pendant ce deuxième soulèvement le monastère fut bombardé par la marine ottomane. Le monastère, abandonné après la Seconde Guerre mondiale, fut restauré en 1983. | | L’ensemble monastique a une cour allongée et étroite, mais très fleurie, autour de laquelle se trouvent les cellules des moines et le réfectoire qui est décoré de fresques. | | Le catholicon n’est pas placé au centre du domaine mais dans le coin nord-est. L’église est un édifice à deux nefs, l’une dédiée à la naissance du Saint Précurseur (Γέννηση του Τιμίου Προδρόμου), l’autre à la Décapitation de Jean Baptiste (Απότομος) ; la porte principale de l’église date vraisemblablement du XVIe siècle. Le catholicon recèle des fragments de fresques du XVIIe siècle. | |
| Le village de Bali (Μπαλί / Balí) | À environ 11 km à l’est de Panormos se trouve une autre station balnéaire, beaucoup plus développée, la station balnéaire de Bali. Bali est à environ 31 km à l’est de Réthymnon et à 50 km à l’ouest d’Héraklion, un peu à l’écart et en contrebas de la route nationale 90 ; les autocars fréquents reliant ces deux villes ont un arrêt au bord de la route nationale. Cet ancien village de pêcheurs compte une population d’environ 400 habitants. La localité de Bali fait partie de la communauté locale de Mélidoni. La localité était autrefois nommée Attali (Αττάλη), et encore Atali à l’époque vénitienne ; son nom actuel semble provenir du nom du miel en turc (bal). Certains historiens pensent que Bali occupe l’emplacement du port d’Astalé (Αστάλη), qui était l’un des ports, avec Fodélé, de l’antique cité d’Axos. Bali est niché au fond d’une magnifique baie, festonnée de nombreuses criques séparées par des promontoires rocheux ; chacune de ces criques abrite une petite plage bien abritée et parfois solitaire. Trois de ces criques abritent des plages plus importantes : - la plage de Bali proprement dite, située à l’avant du village de pêcheurs et où se trouve le port de pêche de Bali, abrité par une digue, d’où sont organisées des excursions en mer ;
- la plage de Varkotopos ;
- la plage de Livadi, située au fond de la baie, la plus proche de la route et la plus bondée malgré ses 300 m de longueur.
L’industrie du tourisme s’est emparée de ce site magnifique et Bali est devenu une station balnéaire très populaire pendant la haute saison, avec une multitude d’hôtels, de toutes catégories, d’appartements de vacances et de chambres chez l’habitant ; ce n’est qu’en toute fin de saison touristique que Bali retrouve son charme d’origine. | Les roches les plus anciennes de l’unité tectonique de calcaire en plaquettes (Plattenkalk) en Crète se trouvent autour du village de Bali (point A2 sur la carte géologique du Psiloritis). En plusieurs endroits, dans le schiste sombre et la dolomite, des reliques de fossiles datant du Permien, c’est-à-dire d’il y a environ 300 millions d’années, comme des trilobites, des coraux, des crinoïdes et des gastéropodes ont été trouvées (Πέρμιας ηλικίας απολιθώματα Μπαλί). Les roches carbonatées qui dominent dans le massif du Psiloritis peuvent transporter l’eau des hautes montagnes sur de grandes distances, à travers les innombrables grottes que le massif abrite, conduisant souvent l’eau directement à la mer. C’est le cas des sources sous-marines de Bali (Υποθαλάσσιες Πηγές του Μπαλί) qui, après plusieurs kilomètres, apparaissent à divers endroits par des grottes dans les petites baies de Bali (point A5 sur la carte géologique du Psiloritis et n° 68 sur la carte du Géoparc du Psiloritis). Ces sources sous-marines de Bali ont la particularité de fonctionner dans les deux sens ; pendant les six mois de l’hiver et du printemps, elles déversent de l’eau douce dans la mer et, le reste de l’année, elles aspirent de l’eau de mer. Aller aux sources sous-marines de Bali avec Google Maps (35.410560, 24.785000). De préférence en bateau … |
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| Le hameau de Kalo Chorafi (Καλό Χωράφι / Kaló Choráfi) | Le hameau de Kalo Chorafi se trouve sur la côte nord de la commune de Pérama, au pied des monts Taléens et du mont Kouloukonas, un peu à l’écart de la route nationale 90, à environ 6 km à l’est de la station balnéaire de Bali et à environ 5,5 km à l’ouest du village de Sissès. Le toponyme du hameau, « kalo chorafi » (Καλό Χωράφι), signifie « Bonne Terre ». Le nom de la localité de Calocorafiti est mentionné sur plusieurs cartes vénitiennes (Basilicata 1638, Boschini 1651, Coronelli 1692, 1696). Le hameau dispose d’une taverne située en surplomb d’une petite crique avec deux petites plages, séparées par la presqu’île de Vrachi (Βραχί). Dans le hameau se trouve l’église vénitienne des 318 Saints Pères (ναός των 318 Αγίων Θεοφόρων Πατέρων) ; cette église est dédiée aux 318 Saints Pères qui participèrent au premier concile œcuménique de Nicée de Bithynie en l’an 325 après JC, concile dont le but était de condamner l’arianisme, la doctrine d’Arius. L’église est à une seule nef voûtée, sans aucune fresque. Dans une deuxième phase de construction, l’église a été agrandie vers l’ouest, avec l’ajout, du côté nord, de deux portes de plein cintre, qui sont de nos jours murées. La date gravée de 1658 et les armoiries de la famille Kallergis sont visibles au-dessus du linteau de l’entrée ouest de l’église, qui date de la dernière phase de construction. La chapelle des 318 Saints Pères a été restaurée en 2015 par l’Éphorat des Antiquités de Réthymnon, avec la contribution du monastère de Vossakos et de la famille Chnaris (Χνάρης). Un peu à l’ouest du hameau se trouve la grotte côtière de Kalo Chorafi, située à environ 5 km à l’est du village de Bali (point E9 sur la carte géologique du Psiloritis et n° 77 sur la carte du Géoparc du Psiloritis). La grotte est très difficile à trouver : même la famille Chnaris, qui tient la taverne de Kalo Chorafi, ne paraît pas connaître la grotte. Aller à la grotte de Kalo Chorafi avec Google Maps (35.407439, 24.843466). La grotte de Kalo Chorafi s’est formée dans les roches de calcaires en plaquettes (Plattenkalk) ; cette grotte est de petites dimensions et de nombreuses parties de la grotte ont été détruites par l’érosion marine ; elle n’a pas de décorations particulières. L’intérêt de cette grotte est que, il y a quelques décennies, le paléontologue allemand Siegfried Kuss a fouillé le sol de la grotte et a découvert de nombreux ossements de cerfs, d’éléphants nains et de rongeurs datant de la fin du Pléistocène, c’est-à-dire d’il y a environ 150 000 ans. Ces découvertes éclairent la vie de la Crète à la fin des âges glaciaires. |
| Le village de Sissès (Σίσες / Síses) | Sissès est un village de moyenne montagne, situé à environ 120 m d’altitude sur les pentes nord-est des monts Taléens. La localité compte une population de moins de 600 habitants qui vivent principalement de l’arboriculture des oliviers et des orangers, mais aussi de la culture du ciste de Crète (Cistus creticus), à partir duquel est produit le ladanum, ou labdanum, (αλάδανος), une gomme très parfumée qui est utilisée en parfumerie. La communauté locale de Sissès (Κοινότητα Σισών) comprend aussi les localités de Kalo Chorafi (Καλό Χωράφι) et d’Almyrida (Αλμυρίδα). | |
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| Sur la route de Sissès à Pérama | À partir de Sissès on peut revenir à Pérama en traversant les monts Taléens et en rejoignant l’ancienne route nationale d’Héraklion à Réthymnon (Παλαιά Εθνική Οδός Ηρακλείου - Ρεθύμνου) à Drossia, via le village d’Aloidès ou Alidès (Αλόιδες). En traversant les monts Taléens on atteint la vallée du Géropotamos que l’on peut descendre, par la vieille route nationale, jusqu’à Pérama ; en chemin, peu après Agia (Αγιά), on pourra faire une excursion vers la grotte de Mélidoni, avant de revenir à Pérama. |
| Les monts Taléens (Ταλαία Όρη / Talaía Óri) | La chaîne montagneuse du Kouloukonas (οροσειρά του Κουλούκωνα), ou monts Taléens (Ταλλαία Όρη / Tallaía Óri), est située dans la partie nord du Parc Naturel du Psiloritis ; elle constitue une extension vers le nord du massif du Psiloritis, dont elle est séparée par la vallée du fleuve Géropotamos. Les contreforts nord de la chaîne se terminent par une côte rocheuse bordant la mer de Crète. Les monts Taléens doivent leur nom au géant mythique Talos (Τάλως) ; selon la mythologie grecque, Talos était un automate de bronze qui aurait été fabriqué par le dieu Héphaïstos pour être le gardien de la Crète : il faisait le tour de l’île trois fois par jour et devait repousser les intrus en jetant des rochers sur les navires qui s’approchaient ; c’est ainsi que Jason et ses Argonautes auraient été accueillis. Talos était censé résider dans les monts Taléens, au sommet du mont Kouloukonas ou dans la grotte de Mélidoni. Les monts Taléens culminent au mont Koutsotroulis (Κουτσοτρούλος) (1 084 m) ; le deuxième sommet le plus élevé est le mont Kouloukonas (Κουλούκωνας) (1 076 m), également nommé Sainte-Croix (Τίμιος Σταυρός), du nom de la chapelle qui se dresse sur son sommet. | Coupe stratigraphique des monts Taléens (Τομή Ταλλαίων Ορέων) La chaîne des monts Taléens est constituée principalement par des roches de l’unité tectonique de calcaire en plaquettes (Plattenkalk) (Πλακώδεις Ασβεστόλιθοι) ; au pied de cette masse de calcaire en plaques on peut observer l’unité tectonique de phyllites-quartzites qui a été charriée sur le pourtour. C’est le seul endroit en Crète où l’on peut voir la série complète de cette unité tectonique, ainsi que les roches les plus anciennes de l’unité, les gisements de Fodélé (πετρώματα του Φόδελε) (point A3 sur la carte géologique du Psiloritis et n° 50 sur la carte du Géoparc du Psiloritis). La route sinueuse qui part du village de Sissès (Σίσες), passe sur le versant oriental du mont Kouloukonas et le village d’Alidès (Αλόιδες), et se termine dans la vallée du Mylopotamos, offre ainsi un voyage virtuel de 250 millions d’années dans le passé géologique. Sur les tranchées de route, les pentes des vallées et les ravins étroits, tous les types de roches du groupe des calcaires en plaquettes sont présentés avec leurs failles, leurs plis impressionnants, leurs fossiles et autres caractéristiques. Les premiers affleurements des tranchées de l’autoroute nord de la Crète présentent les marbres dolomitiques (δολομιτικά μάρμαρα) sombres des gisements dits de Fodélé, qui datent d’environ 300 millions d’années et qui se trouvent près de Sissès. À quelques centaines de mètres, la route traverse les marbres blancs des gisements de Sissès (άσπρα μάρμαρα των Σισών), d’un âge d’environ 250 millions d’années, puis la dolomite stromatolithique (στρωματολιθικό δολομίτη), rubanée et particulièrement rare, âgée d’environ 220 millions d’années, puis, dans la région d’Alidès, les marbres blancs (λευκά μάρμαρα) et les dolomies cendrées des crêtes (τεφρούς δολομίτες των κορυφογραμμών), âgées d’environ 180 millions d’années, et enfin les marbres schisteux à strates siliceuses, typiques du groupe (Plattenkalk), dans la vallée du Mylopotamos, avec des âges compris entre 150 et 50 millions d’années. Les particularités de cette coupe sont basées sur le fait que les processus tectoniques, qui ont formé l’île de Crète, ont métamorphosé ces roches dans des conditions de haute pression et bouleversé la succession stratigraphique de telle sorte que, de nos jours, ces roches apparaissent dans une position inversée, les roches les plus jeunes étant recouvertes par les roches les plus anciennes, en raison de leur pliage intense à la suite des forces intenses que ces roches ont subies, il y a environ 23 millions d’années, roches qui se présentent aujourd’hui comme d’innombrables plis et fractures rocheuses. De plus, la dolomite stromatolithique est un type de roche très rare et particulier qui a été créé par des cyanobactéries dans des environnements où l’oxygène pourrait bien être absent. Depuis environ deux milliards d’années, et encore aujourd’hui sur les côtes australiennes, ces espèces éliminent les oxydes de fer de l’eau de mer en les déposant par couches et en libérant ainsi de l’oxygène dans l’atmosphère à la manière de la photosynthèse. De cette manière, un type de roche spécial avec des lits sinueux rougeâtres et de la dolomite grise s’est formé. | |
| Le monastère de Vossakos (Μονή Βωσάκου / Moní Vosákou) | Le monastère de Vossakos est un monastère d’hommes situé sur les pentes nord du mont Kouloukonas, à environ 350 m d’altitude et à un peu plus de 2 km de la côte nord de la Crète ; le monastère des Saints Pères de Kalo Chorafi était autrefois une dépendance du monastère de Vossakos. Le monastère est très isolé, mais on peut cependant y accéder, depuis la route nationale 90, par une route à revêtement en bon état, d’environ 5 km de longueur, qui débute près de Sissès ; cette petite route présente d’autres intérêts, notamment géologiques ; après le monastère, cette route continue vers le sud en direction du village de Doxaro (Δοξαρό), situé sur le versant sud des monts Taléens, dans la vallée du fleuve Géropotamos. Aller au monastère de Vossakos avec Google Maps (35.387496, 24.846628). Le monastère de Voussakos, ou de Vossako, est dédié à la Sainte Croix (Τίμιος Σταύρος) ; le toponyme « βωσάκος » signifie « enclos à bœufs », des mots « βους », signifiant « bœuf », et « σηκός », ou « σακός » dans le dialecte grec dorique, signifiant « enclos ». Le petit plateau où est bâti le monastère était vraisemblablement utilisé autrefois pour faire paître des troupeaux. L’époque de la fondation du monastère de Vossakos n’est pas connue ; au-dessus de l’entrée de l’église une inscription en marbre indique que le catholicon du monastère aurait été construit pour la première fois en 1195, c’est-à-dire vers la fin de la seconde époque byzantine de la Crète ; le catholicon aurait été reconstruit au XIVe siècle ou au XVe siècle et était orné de fresques. La plus ancienne mention écrite du monastère se trouve dans un document notarié daté de 1629, vers la fin de la domination vénitienne ; le document indique que le monastère de Vossakos était lié au monastère des Saints Pères à Kalo Chorafi ; Vossakos possédait de vastes étendues de terres et des dépendances à Sissès, à Garazo et à Dafnédès (Δαφνέδες). Peu après la conquête ottomane de l’île, le monastère devient un monastère stavropigiaque (σταυροπηγιακή), par un édit de 1676 du patriarche Parthénios IV, c’est-à-dire qu’il dépendait directement du patriarcat de Constantinople ; c’est à cette époque, en 1673, que fut construite la fontaine monumentale que se trouve dans la cour. Le monastère de Vossakos participa activement au soulèvement crétois de 1821 : en représailles, le catholicon fut incendié par les turco-égyptiens, sa bibliothèque et ses archives détruites, et dix-huit des vingt moines furent massacrés ; les deux moines survivants entreprirent de reconstruire le monastère ; le catholicon fut reconstruit en 1855, tel qu’on peut le voir de nos jours. Pendant le soulèvement de 1866, le monastère servit d’hôpital pour les combattants crétois. Le monastère continua de survivre jusqu’en 1960, quand mourut le dernier moine. En 1998, le monastère de Vossakos commença d’être restauré et de fonctionner à nouveau. Légende du plan du monastère : 1 : Porte principale. 2 : Catholicon. 3 : Réfectoire. 4 : Cuisine. 5 : Cellules de moines. 6 : Fontaine. 7 : Pressoir à raisins. 8 : Distillerie. Le monastère présente un caractère fortifié ; son plan au sol est plutôt irrégulier, avec une aile orientale plus étroite que l’aile occidentale ; à cause de la déclivité du terrain, le monastère est construit sur deux niveaux. L’entrée principale du monastère se trouve du côté oriental ; elle se fait par un passage voûté ; sur le portail monumental se trouve une croix en relief entourée des lettres « ΑΥΥΘ », c’est-à-dire la date de 1669 en datation byzantine. À l’extérieur de la porte se trouvaient des mangeoires pour les animaux des visiteurs du monastère. | | Dans l’aile sud se trouvent des cellules de moines et le réfectoire du monastère. Au milieu de l’aile sud se trouve la distillerie à raki et l’atelier de production de miel et de cire à bougie. | | Le monastère est organisé autour d’une longue cour centrale où se trouve le catholicon et une belle fontaine, gravée de sa date de construction, 1673. Le système d’approvisionnement en eau du monastère est complété par deux citernes d’eau, recueillant l’eau s’écoulant des toits avec un système de tuyaux. Dans le nord de la cour se trouve, en plein air, le pressoir à raisins. | | Le catholicon, reconstruit en 1855, se dresse dans la partie orientale de la cour centrale. Il s’agit d’une église voûtée à nef unique qui présente des caractéristiques artistiques simples. | | L’aile occidentale comprend les cuisines du monastère et d’autres cellules de moines. | L’aile nord du monastère, partiellement construite dans la roche, comprend surtout des cellules de moines ; elle est bordée par la haute cour, très fleurie. | | |
| | Les plis de Vossakos (Πτυχές Βώσακου / Ptychés Vósakou) | Les plis de Vossakos sont des plis géologiques qui se sont formés dans différentes roches de l’unité tectonique des calcaires en plaquettes (« Plattenkalk »). Cette curiosité géologique peut être vue le long des tranchées de la petite route de montagne qui conduit depuis le village de Kato Doxaro (Κάτω Δοξαρό) jusqu’au monastère de Vossakos ; on rencontre les premiers plis environ 1 km après Doxaro (point A4 sur la carte géologique du Psiloritis et n° 62 sur la carte du Géoparc du Psiloritis) ; les plis s’étendent sur environ 1 km. La route s’étire sur la pente orientale du mont Kouloukonas (Κουλούκωνας) (1 078 m). Aller aux plis de Vossakos avec Google Maps (35.357837, 24.846067). Les plis s’observent sur les marbres blancs, sur les schistes jaunâtres de Gigilos (Γκίγκιλος), mais les plus spectaculaires se sont formés sur les marbres plats ou marbres lamellaires. Les plis de Vossakos se sont formés sous l’action d’énormes forces qui se sont exercées sur ces roches il y a 23 millions d’années, vers la fin de l’époque paléogène, lorsque la première masse continentale de la région de Crète a été créée. Selon les roches concernées et les circonstances, les plissements présentent des dimensions et des formes variables ; les dimensions peuvent varier de quelques centimètres à plusieurs mètres ; la forme des plis peut être une simple déformation ou un dédoublement complet de la strate. La grande variété de formes et l’ampleur des structures, et l’intercalage spectaculaire de strates de silice blanchâtres entre les strates grises de marbre lamellaire, fait des plis de Vossakos un monument naturel unique, un véritable musée géologique à ciel ouvert. | | La petite route présente d’autres attractions : quelques cabanes de berger en pierres sèches, que les Crétois nomment mitato, pluriel mitata (μιτάτο, pluriel μητάτα), ainsi que des aires de battage des grains. | |
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| Le village de Mélidoni (Μελιδόνι / Melidóni) | Mélidoni est une bourgade agricole située sur les pentes occidentales des monts Taléens, à une centaine de mètres d’altitude. Mélidoni se trouve à environ 3 km au nord-est de Pérama. La localité compte moins de 600 habitants ; la station balnéaire de Bali fait partie de la communauté locale de Mélidoni (Κοινότητα Μελιδονίου). Le toponyme du village semble provenir du patronyme d’une vieille famille byzantine, les Melidonis (Μελιδόνης), dont deux frères s’illustrèrent encore pendant la guerre d’indépendance grecque de 1821, comme chefs du soulèvements crétois. Le village est surtout connu pour sa grotte où les habitants se réfugièrent en 1824 et furent asphyxiés par les Turcs après un long siège. |
| La grotte de Mélidoni (Σπήλαιο Μελιδονίου / Spílaio Melidoníou) | La grotte de Mélidoni, dont le nom officiel est « Grotte Gérontospilios de Mélidoni » (Γεροντόσπηλιος Μελιδονίου) (« grotte sacrée »), est une grotte d’intérêt archéologique et, surtout, historique important. L’entrée de la grotte se trouve à 220 m d’altitude, sur le flanc sud-est d’une colline située à environ 1 800 m au nord-ouest du village de Mélidoni (point E3 sur la carte géologique du Psiloritis et n° 31 sur la carte du Géoparc du Psiloritis). Depuis le village, une bonne route à revêtement mène en 2 km jusqu’à la grotte (signalisation « Spileon »). Aller à la grotte de Mélidoni avec Google Maps (35.386446, 24.729298). La grotte de Mélidoni a été creusée par l’eau de pluie dans des marbres de l’unité tectonique des calcaires en plaquettes (« Plattenkalk »), vieux de 200 millions d’années. Ce processus a commencé il y a 23 millions d’années. Lorsque le taux de dissolution de la roche est devenu inférieur au dépôt de matériaux incohérents, des formations pierreuses se sont créées. Plus tard, de forts mouvements tectoniques ont provoqué des précipitations, à cause desquelles une doline s’est formée devant l’entrée de la grotte. Aujourd’hui, la grotte est dans sa phase de croissance mature, puisque l’érosion est plus rapide que son renouvellement. La grotte a été intensivement utilisée comme lieu d’habitation permanent, temporaire ou occasionnel, ou comme lieu de culte, depuis l’époque néolithique finale, ou l’Âge du bronze ancien, vers 5000 à 2800 avant JC, grâce aux excellentes conditions de vie : espace, aération et suffisance de la lumière. Les foyers, les récipients de stockage et de cuisson et les outils donnent une idée des activités des habitants de la grotte à cette époque. À l’époque minoenne la grotte fut un sanctuaire où était peut-être adorée la déesse de la fertilité. Aux époques grecque et romaine le sanctuaire était dédié au dieu Hermès, le Mercure des Romains, comme en témoignent des milliers d’inscriptions gravées sur les parois de l’une des salles intérieures de la grotte (non visitable) ; Hermès était associé au géant de bronze mythologique Talos qui était chargé de veiller sur l’île de Crète et dont la grotte était l’une des résidences. Dans la salle principale de la grotte, dite « Salle des Héros », 5,5 m de terre stratifiée ont été extraits d’une tranchée d’essai, où ont été mis au jour des artefacts datant de ces époques ; certains de ces artefacts sont exposés au Musée archéologique de Réthymnon. L’épisode le plus marquant et le plus tragique de l’histoire de la grotte de Mélidoni est survenu en 1824, au cours du soulèvement crétois de 1821 à 1828. En octobre 1823, des troupes égyptiennes de l’Empire ottoman se déployèrent dans la région pour réprimer les groupes d’insurgés ; les habitants de Mélidoni se réfugièrent dans la grotte où ils se barricadèrent, avec des provisions pour six mois ; 340 femmes et enfants et de 20 à 30 combattants résistèrent pendant trois mois aux assauts des Égyptiens ; en janvier 1824, le chef des troupes turco-égyptiennes, le bey Hussein, incapable de faire plier leur résistance, ordonna à ses hommes de sceller l’entrée de la grotte avec des rochers et des buissons et ensuite de mettre le feu aux matériaux inflammables pour enfumer la grotte ; c’est ainsi que périrent, d’une mort atroce par suffocation, près de 400 Crétois. La grotte devint le tombeau des habitants et, dix ans plus tard, en 1835, le voyageur anglais Robert Pashley, visitant la grotte, constata que les os et les crânes jonchaient le sol de la grotte. Cet événement, connu sous le nom de Désastre de Mélidoni (Καταστροφή του Μελιδονίου), est commémoré par un monument, contenant un ossuaire, placé dans la « Salle des Héros ». Le bey Hussein était coutumier de ce genre d’atrocités, qu’il avait déjà perpétrées à la grotte de Milatos, près d’Agios Nikolaos. | Légende du plan de la grotte de Mélidoni : 1 : Billetterie. 2 : Doline. 3 : Tis gres o fournos. 4 : Inscription. 5 : Entrée. 6 : Salle des Héros. 7 : Ossuaire. 8 : Salle Victor Raulin. 9 : Salle Robert Pashley. | La grotte de Mélidoni est une cavité vaste et profonde, d’environ 500 m de longueur, évoquant une cathédrale sous-terraine, ornée de colonnes calcaires semblables à des tuyaux d’orgue. L’entrée voûtée de la grotte débouche sur un escalier de 70 marches descendant, en 24 m, dans la première salle de la grotte, nommée « Salle des Héros » (Αίθουσα ηρώων), en souvenir des événements de 1824, où se trouve le monument commémoratif ; cette grande salle est l’une des plus grandes de Crète, tandis que ses stalactites et ses stalagmites sont parmi les plus hautes de l’île ; malheureusement, le vandalisme en a détruit une grande partie dans un passé lointain. Dans cette salle, on peut suivre un parcours circulaire, bordé de stalagmites, conduisant jusqu’au « Carrefour » (Σταυροδρόμι). Du Carrefour partent deux couloirs : le couloir de gauche mène à la partie gauche de la grotte qui se compose d’une seule et unique chambre « La Salle des Rideaux » (Τον Θάλαμο των Παραπετασμάτων) où la magnifique décoration de draperies, de stalagmites et de stalactites est très riche ; le couloir de droite conduit à l’immense « Salle Pashley », où se trouvent les plus belles formations minérales de la grotte. On atteint ensuite la « Salle des Rochers » (Αίθουσα των Βράχων) où, à travers un couloir étroit, on poursuit jusqu’à la « Salle du Puits » (Θάλαμο της Καταβόθρας), puis on arrive au bout de la voie de droite nommée « Hyperoon » (Το Υπερώον). Les inscriptions anciennes se trouvent dans la dernière partie de la grotte et elles sont liées au culte d’Hermès ; elles datent de l’époque hellénistique, vers 100 avant JC, et de l’époque romaine (IIe-IIIe siècle après JC) jusqu’aux premiers siècles byzantins (IVe-VIe). Les visiteurs ne peuvent admirer que la première grande salle, le reste étant fermé en raison de fouilles archéologiques. Mais même cette petite partie de la grotte suffit à impressionner le visiteur. | | Visite de la grotte de Mélidoni : Horaires d’été (de mai à septembre) : tous les jours, de 9 h à 19 h (18 h en octobre) (dernière admission une demi-heure avant la fermeture). Horaires d’hiver : samedi et dimanche, de 10 h à 16 h. Durée de visite : de 20 à 30 min. Visite libre non guidée. Prix d’entrée : 4 €. Téléphone : 00 30 6 941 561 261. Site sur la Toile : www.melidoni.gr. L’escalier de descente est plutôt abrupt et glissant ; prévoir de bonnes chaussures et un chandail, car la température ne dépasse jamais 18° C. À côté de la billetterie se trouve un petit café. Depuis l’esplanade on a de belles vues sur la vallée du Mylopotamos et sur le mont Ida, en arrière-plan. |
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| | Le village d’Alfa (Αλφά / Alfá) | Alpha est un village d’environ 300 habitants, situé un peu à l’écart sur la droite de la route provinciale, à une altitude d’environ 192 m. Alfa se trouve à 5 km à l’ouest-sud-ouest de Pérama. La communauté locale d’Alfa (Κοινότητα Αλφάς) comprend également les localités de Kallergos (Καλλέργος) et de Skordilo (Σκορδίλο). Alfa est célèbre depuis l’Antiquité pour ses carrières de pierre calcaire, un calcaire marneux tendre, facile à tailler mais qui a la particularité de durcir avec le temps ; cette pierre est connue sous le nom d’« alfopétra » (αλφόπετρα). La pierre d’Alfa était notamment utilisée à l’époque vénitienne pour les pierres d’angle, les linteaux, et les embrasures de portes et de fenêtres. Une partie de la population du village vit de l’exploitation des carrières de pierre et de la construction de bâtiments en pierre dans tout le dème du Mylopotamos. Dans le sud de la localité, 128 tombes appartenant à la partie nord de l’ancien cimetière d’Éleutherne ont été découvertes et fouillées ; ces tombes sont creusées dans la roche calcaire caractéristique de la région et contenaient des offrandes, telles que des vases en argile et des embouchures en or. Un bâtiment de bains romains (ρωμαϊκό λουτρό) de l’Antiquité tardive a également été identifié dans la zone. |
| Le village de Margaritès (Μαργαρίτες / Margarítes) | Margaritès est un village de potiers situé dans le sud de la commune du Mylopotamos ; la localité compte une population d’environ 270 habitants ; Margaritès est le chef-lieu d’une communauté locale (κοινότητα Μαργαριτών) qui comprend huit autres localités : Kynigiana (Κυνηγιανά), Ano Tripodo (Άνω Τριπόδο), Pigouniana (Πιγουνιανά), Laga (Λαγκά), Tzannakiana (Τζαννακιανά), Vergiana (Βεργιανά), Stavroménos (Σταυρωμένος) et Pleuriana (Πλευριανά). Toutes ces localités sont réparties autour des gorges de trois ruisseaux, descendant des contreforts nord-ouest du massif du Psiloritis ; ces trois ruisseaux se dirigent vers le nord où ils confluent pour former la rivière Mylopotamos (Μυλοπόταμος) qui se jette dans le fleuve Géropotamos juste en amont de Pérama. Le cours d’eau qui traverse Margaritès est le ruisseau de Margaritès (Μαργαριτιανός Ρέμα). La localité se trouve à environ 300 m d’altitude. À vol d’oiseau, Margaritès se trouve à 3,5 km au sud-ouest de Pérama, à 2 km au nord-est d’Éleftherna, l’antique Éleutherne, à 6 km au nord-est du monastère d’Arkadi, et à une dizaine de kilomètres de la côte. Le stationnement dans le village est plutôt difficile, notamment après l’arrivée des autocars des agences de tourisme en fin de matinée. Le toponyme de Margaritès évoque le nom de la perle en grec, « μαργαριτάρι », mais serait en réalité une déformation d’un ancien mot byzantin désignant l’argile, « magarika » (μαγαρικά). Le village s’étire entre deux gorges, avec de petites rues étroites et sinueuses qui convergent vers la rue principale, très escarpée, jalonnée de boutiques de potiers, de tavernes et de cafés. Margaritès compte de nombreuses églises, notamment l’église Saint-Jean le Théologien (Άγιος Ιωάννης ο Θεολόγος) qui recèle des fresques datées de 1383, et l’église Saint-Jean le Baptiste (Άγιος Ιωάννης ο Πρόδρομος), qui conserve des fresques de la première moitié du XVe siècle. Avec le village de Thrapsano, situé dans la plaine minoenne, Margaritès est un des villages de potiers les plus connus de Crète. Cette spécialisation est due à la présence de collines environnantes constituées, en grande partie, d’argile grise très fine et à la disponibilité de bois pour chauffer les fours. À Margaritès, la tradition de la céramique est très ancienne et remonte à l’époque minoenne où le village fabriquait déjà les célèbres pithoi mises au jour dans les palais minoens, des jarres géantes utilisées pour emmagasiner les produits alimentaires, notamment l’huile d’olive ; ces pithoi sont encore utilisées dans la Crète agricole ou comme objets décoratifs. De nos jours la localité comprend une vingtaine d’ateliers de céramique, nommés « tsikalaria » (τσικαλαριά), dont la production est destinée principalement aux boutiques de souvenirs pour les touristes ; à quelques exceptions près, il s’agit d’une production très traditionnelle. | |
| Les gorges de Margaritès (Φαράγγι Μαργαριτών / Farángi Margaritón) | Entre les villages d’Éleftherna (Ελεύθερνα), à l’ouest, de Margaritès, au milieu, et d’Orthès (Ορθές), à l’est, se trouvent trois gorges parallèles, creusées par trois cours d’eau qui ont leurs sources au pied des pentes du massif du Psiloritis. Les gorges les plus spectaculaires sont les gorges de Margaritès, creusées par le ruisseau « margaritien » (Μαργαριτιανός Ρέμα) (point F3 sur la carte géologique du Psiloritis et n° 22 sur la carte du Géoparc du Psiloritis). Aller aux gorges de Margaritès avec Google Maps (35.342780, 24.685000). Les gorges de Margaritès se sont développées dans des calcaires marneux blanc-jaune du Miocène supérieur, c’est-à-dire il y a 8 à 10 millions d’années, par suite du soulèvement progressif de toute la zone et de l’érosion hydrique. Les caractéristiques les plus impressionnantes des gorges sont la richesse de la flore et l’environnement unique. De petits bosquets de cyprès communs à rameaux horizontaux (Cupressus sempervirens varietas horizontalis) côtoient des arbustes bas, des fleurs sauvages et des plantes aromatiques. De petits sentiers ont été aménagés par les autorités locales qui initient les visiteurs à la beauté de la région. |
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