| Les villages d’Adele, d’Amnatos et de Skaleta, et le monastère d’Arkadi en Crète | |
| |
| |
| Le canton d’Arkadi (Δημοτική ενότητα Αρκαδίου) est le canton le plus oriental du dème de Réthymnon ; le canton d’Arkadi est limitrophe : à l’ouest, du canton de Réthymnon ; à l’est, du dème de Pérama ; au sud, du dème de l’Amari. Le canton est formé de la partie orientale de la plaine de Réthymnon, limitée à l’est par le cours inférieur du fleuve Géropotamos, et, au sud, par une barrière de moyennes montagnes qui sépare la plaine de Réthymnon de la vallée d’Amari. Cette barrière de montagnes comprend notamment le mont Gargani (βουνό Γκαργκάνι) qui culmine à 647 m, au sud-ouest du monastère d’Arkadi ; en raison de son aspect de haut plateau entouré de versants escarpés, le mont Gargani est aussi nommé la Fortetsa (Φορτέτσα / Fortétsa), une hellénisation du mot italien « Fortezza », pour « Forteresse ». Le canton d’Arkadi comprend treize communautés locales : Adélé (Άδελε) ; Amnatos (Αμνάτος), qui inclut le monastère d’Arkadi (Μονή Αρκαδίου) ; Archaia Eleftherna (Αρχαία Ελεύθερνα), où se trouve le site archéologique d’Éleutherne ; Chamalévri (Χαμαλεύρι) ; Charkia (Χάρκια) ; Eleftherna (Ελεύθερνα), où se trouve le musée d’Éleutherne ; Erfoi (Έρφοι) ; Kyrianna (Κυριάννα) ; Mesi (Μέση) ; Pagkalochori (Παγκαλοχώρι) ; Pigi (Πηγή) ; Prinos (Πρίνος) et Skouloufia (Σκουλούφια). Le chef-lieu du canton est le village d’Adélé. | Circuit de randonnée dans le canton d’Arkadi : L’itinéraire relie les lieux historiques et culturels du Géoparc du Psiloritis, tels que le monastère historique d’Arkadi, l’ancienne Éleutherne avec son impressionnant parc archéologique et son musée, et le village de Margaritès, avec ses célèbres céramiques. En traversant des sites environnementaux et géologiques importants, tels que des gorges, des ravins et des groupes de cyprès, il fait partie du Sentier européen de longue distance E4. Depuis Arkadi, nous suivons la route asphaltée, puis les chemins de terre traversant d’anciennes oliveraies pour atteindre le village d’Eleftherna puis les réservoirs creusés de l’ancienne Éleutherne. Après avoir visité le site archéologique de l’ancienne Éleutherne et la petite vallée, nous nous dirigeons vers l’ouest jusqu’au petit hameau traditionnel de Kato Tripodo (Κάτω Τρίποδο), où nous trouvons l’ancien sentier qui descend dans le ravin luxuriant puis monte dans le village de Margaritès, célèbre pour ses poteries. Légende des points d’intérêts : 1 : Monastère d’Arkadi. 2 : Réservoir du lac. 3 : Village d’Eleftherna. 4 : Musée d’Éleutherne. 5 : Ancienne Éleutherne. 6 : Anciens réservoirs creusés. 7 : Antiquités d’Éleutherne. 8 : Kato Tripodo. 9 : Village de Margaritès. |
|
|
| Sur la route de Réthymnon à Arkadi | La route de Réthymnon à Moni Arkadi emprunte l’ancienne route nationale de Réthymnon jusqu’au quartier des Platanès ou Platanias (Πλατανιάς), quitte l’agglomération en passant sous le pont de la route nationale 90, puis emprunte la route provinciale des Platanès à Moni Arkadi (Επαρχιακή Οδός Πλατανών - Μονή Αρκαδίου) ; la première localité rencontrée est le chef-lieu du canton d’Arkadi, le village d’Adélé, puis la route traverse Pigi (Πηγή), Loutra (Λούτρα) et Kyrianna (Κυριάννα) ; la route provinciale rejoint les gorges d’Arkadi à Amnatos, la localité la plus proche du monastère d’Arkadi. Au-delà d’Arkadi la route franchit l’extension occidentale du massif du Psiloritis, au pied du mont Gargani, puis descend dans la vallée d’Amari vers Kalogéros, à côté de Thronos, par la route provinciale de l’Amari à Scholi Assomatos (Επαρχιακή Οδός Αμαρίου - Σχολής Ασωμάτων). |
| Le village d’Adélé (Άδελε / Ádele) | Adélé est un village agricole de la plaine de Réthymnon, situé à environ 8 km à l’est de Réthymnon, sur la route provinciale des Platanès à Moni Arkadi. La localité compte environ 500 habitants permanents et est le chef-lieu d’une communauté locale (Κοινότητα Άδελε) qui comprend aussi les villages de Sainte-Parascève (Αγία Παρασκευή) et d’Adélianos Kampos (Αδελιανός Κάμπος), c’est-à-dire la « plaine d’Adélé » ; l’activité primaire de la population est la culture de l’olivier et de la vigne. Dans la bande côtière d’Adélianos Kampos, entre la côte, l’ancienne route nationale et la route nationale 90, les hôtels de tourisme et les autres activités touristiques gagnent de plus en plus de terrain sur les cultures agricoles, grâce à une longue plage de sable et de galets, d’environ 16 km de longueur. |
| Le village d’Amnatos (Αμνάτος / Amnátos) | Le village d’Amnatos est un village agricole situé au piémont nord-ouest du massif du Psiloritis, sur les pentes nord-est du mont Gargani (βουνό Γκαργκάνι), à environ 320 m d’altitude. Amnatos est à environ 17 km au sud-est de Réthymnon, par la route provinciale des Platanès à Moni Arkadi. La localité compte moins de 150 habitants ; elle est le chef-lieu d’une communauté locale (Κοινότητα Αμνάτου) qui comprend aussi le village de Pikris (Πίκρης), le hameau de Kapsaliana (Καψαλιανά) et le monastère d’Arkadi, situé à environ 3 km au sud du village d’Amnatos. Une attraction culturelle du village d’Amnastos est une maison de maître qui appartenait à la famille vénitienne Sanguinazzo ; cette demeure est remarquable par son portail monumental (θύρωμα), surmonté d’un linteau portant la devise « INITIUM SAPIENTE TIMOR DOMINI » (« le début de la sagesse est la peur du Seigneur ») et d’un fronton montrant l’écusson de la famille. Sous l’occupation ottomane la plupart des habitants étaient turcs et, lors du soulèvement crétois de 1866, les chrétiens se réfugièrent dans le monastère d’Arkadi où ils périrent lors de l’« holocauste d’Arkadi ». |
| Le monastère d’Arkadi (Μονή Αρκαδίου / Moní Arkadíou) | Le monastère orthodoxe d’Arkadi est l’un des plus importants monastères de Crète pour son rôle culturel et historique, et comme symbole de la lutte pour l’indépendance crétoise : en novembre 1866 des centaines de Crétois, réfugiés dans le monastère pris d’assaut par les Turcs, préférèrent se donner la mort en faisant exploser la poudrière du monastère plutôt que de tomber entre les mains des Turcs. L’étymologie du nom du monastère d’Arkadi est incertaine : certains historiens ont pensé que le monastère aurait été fondé, au début du Ve siècle, par l’empereur romain d’Orient Arcadius (Άρκάδιος) ; il est plus vraisemblable que, comme beaucoup de monastères, le monastère d’Arkadi doive son nom à un moine nommé Arkadios qui l’aurait fondé ; il faudrait alors plutôt nommer le monastère « monastère d’Arkadios » ; dans le monde catholique romain on parlerait plutôt d’un couvent ou d’une abbaye car il s’agit d’une communauté de moines qui ne sont pas reclus. Le saint monastère patriarcal et stavropégique d’Arkadi (Ιερά Πατριαρχική και Σταυροπηγιακή Μονή Αρκαδίου) est dédié au Christ Sauveur (Χριστός ο Σωτήρας), et au saint empereur Constantin et à sa mère sainte Hélène (Αγιος Κωνσταντίνος και Αγία Ελένη). L’abbaye d’Arkadios se trouve sur le bord d’un plateau fertile et verdoyant situé à environ 500 m d’altitude, à l’extrême pointe des contreforts nord-ouest du massif du Psiloritis ; l’abbaye est à une distance de seulement 13 km, en ligne droite, au nord-ouest du point culminant de l’île de Crète, le mont Ida, et à 9 km, en ligne droite, de la côte nord de l’île. En contrebas, à l’ouest de l’abbaye, prennent naissance les gorges d’Arkadi (Φαράγγι Αρκαδίου), ou gorges « arkadiotiques » (Αρκαδιώτικο φαράγγι), des gorges sauvages dans lesquelles coule la rivière d’Arkadi (ποταμός Αρκαδιώτης), qui se jette dans la mer de Crète près du village côtier de Stavroménos, situé à une dizaine de kilomètres à l’est de Réthymnon, où il prend le nom de ruisseau de Stavroménos (Σταυρωμένος Ρέμα) ; le toponyme Stavroménos signifie le « Crucifié ». À environ 500 m à l’est d’Arkadi, un bassin artificiel (Λιμνοδεξαμενή Μονής Αρκαδίου) a été construit pour irriguer les terres agricoles du monastère, où sont cultivées des vignes, des oliviers et des céréales. Aller au monastère d’Arkadi avec Google Maps (35.310147, 24.629021). Sur la rive gauche des gorges d’Arkadi, puis à travers les oliveraies, s’étire la route provinciale d’Arkadi à Platanés qui conduit ensuite, sur la gauche, jusqu’à Réthymnon, située à 20 km au nord-ouest d’Arkadi ; des autocars publics desservent le monastère depuis la gare routière de Réthymnon. Par la route, Arkadi est à 82 km au sud-est de La Canée et à 80 km au sud-ouest d’Héraklion. Le monastère d’Arkadi aurait été fondé au début de la seconde époque byzantine de la Crète, entre 961 et 1014. Jusqu’au début du XVIe siècle le catholicon du monastère était une église à une seule nef datant vraisemblablement du XIIIe siècle ; cette église a sans doute été détruite par le puissant tremblement de terre de 1508. Vers 1562 le nouvel higoumène du monastère, Clément Chortatzis (Κλήμης Χορτάτζης), entreprit de faire construire un nouveau catholicon ; l’higoumène était aidé dans cette entreprise par son frère, Vissarion Chortatzis (Βησσαρίων Χορτάτζης) ; les deux frères faisaient partie d’une riche famille de Réthymnon, les Chortatzis ou Chortatsis (Χορτάτσης), qui comptait aussi un dramaturge renommé, Georgios Chortatzis (Γεώργιος Χορτάτσης), auteur de la tragédie « Érophile » (Ερωφίλη). Le monastère faisait partie du fief de Matthieu Kallergis (Ματθαίος Καλλέργης). La construction du nouvel édifice, qui comprenait deux nefs, dura 25 années et s’acheva en 1587 ; la remarquable façade fut construite en 1586. Une inscription située au pied du clocher indique la date d’achèvement en numération alphabétique : « ΑΦ ΚΛΜΧΤΖ ΠΖ », c’est-à-dire « 1 500 Klimis Chortatzis 80 7 ». Au cours du XVIe siècle et du siècle suivant, le monastère d’Arkadi a connu une grande prospérité ; le monastère comptait près de 300 moines, dont une centaine étaient hébergés dans le monastère, et les autres dans des habitations dispersées autour du monastère. Le monastère fut agrandi, avec la construction d’une étable en 1610 et d’un réfectoire en 1670. Les moines ne se consacraient pas seulement à des activités économiques : il y avait aussi une grande activité culturelle, notamment dans la copie de manuscrits dans son scriptorium qui conservait des textes de Pindare, de Pétrarque, de Virgile, de Dante, d’Homère, de Strabon, de Thucydide, de Diodore de Sicile, d’Aristophane et d’Euripide ; malheureusement, beaucoup de documents de cette riche bibliothèque furent perdus lors de la destruction du monastère par les Turcs en 1866. Le monastère avait aussi des ateliers de broderie d’or et une école pour l’éducation de la population locale. Lors de la conquête de la Crète par les Ottomans, le monastère fut pillé par les Turcs après la prise de Réthymnon en 1646 ; les moines et l’higoumène Syméon Chalkiopoulos (Συμεών Χαλκιόπουλος) avaient pu se réfugier au monastère de Vrondissi, situé à une trentaine de kilomètres au sud-est, qui, lui, fut épargné par les Turcs. Après avoir prêté allégeance au pacha Gazi Hussein (Gazi Hüseyin Paşa) (« Hussein le Guerrier »), les moines furent cependant autorisés à revenir à Arkadi et à reconstruire le monastère selon le plan d’origine, sans modifications. Les moines du monastère d’Arkadi obtinrent même du pacha l’autorisation d’utiliser la cloche du monastère, alors que, sous l’occupation turque, il était interdit de sonner les cloches dans tous les lieux de culte chrétiens ; pour cette raison le monastère d’Arkadi fut surnommé par les Turcs « Çanlı Manastırı » (Τσανλί-Μαναστίρ), c’est-à-dire le « Monastère à la Cloche ». Au début de l’occupation turque la prospérité du monastère d’Arkadi se poursuivit : visitant la Crète du mois de mai au mois de juillet 1700, le botaniste et voyageur français Joseph Pitton de Tournefort visite le monastère d’Arkadi le 30 juin et juge qu’il est « le plus beau et le plus riche de tous les monastères de l’île » ; Tournefort indique que le monastère produisait « 400 mesures d’huile » par an et que ses caves recélaient 200 barriques de vin. Cependant le monastère commença de décliner au début du XIXe siècle : le botaniste autrichien Franz Wilhelm Sieber visita Arkadi en 1817 et rapporta que le monastère ne comptait plus que huit prêtres et douze moines, et qu’il était très endetté ; sa bibliothèque recelait près de mille textes mais qui étaient dans un très mauvais état. Par son caractère fortifié le monastère d’Arkadi constituait un refuge pour les rebelles crétois combattant l’occupant turc. Cependant, pendant le soulèvement crétois de 1821 à 1828, le monastère fut occupé et pillé par une troupe de soldats turcs, et fut libéré en janvier 1822 par des rebelles venant de la vallée d’Amari. Un nouveau soulèvement crétois se développa en 1866, où le monastère d’Arkadi joua un grand rôle : - À partir du début de 1866 la rébellion crétoise commença de s’organiser par diverses réunions secrètes ; le 1er mai, l’higoumène du monastère d’Arkadi, Gabriel Marinakis (Γαβριήλ Μαρινάκης), fut nommé président du Comité révolutionnaire de la province Réthymnon ; des incidents plus ou moins grave éclatèrent en divers endroits.
- La Crète était gouvernée par le pacha Ismaël (İsmail Paşa, Ισμαήλ Πασάς) ; en juillet, le pacha Ismaël demanda à l’higoumène d’expulser le Comité révolutionnaire du monastère, mais celui-ci refusa ; le pacha Ismaël envoya une troupe à Arkadi, mais le Comité révolutionnaire avait quitté le monastère quand la troupe y arriva ; les soldats turcs détruisirent des icônes et des objets de culte.
- Le 30 août le sultan ottoman Abdulaziz (Abdülaziz) envoya en Crète le pacha Moustapha Naili (Mustafa Naili Paşa), surnommé « Giritli » (le Crétois), pour rétablir la situation ; les troupes ottomanes étaient concentrées dans l’éparchie de l’Apokoronas (Αποκόρωνας), notamment dans les forteresses bordant la baie de Souda.
- En septembre, les membres du Comité révolutionnaire de la région de Réthymnon revinrent au monastère d’Arkadi ; vers le 24 septembre, les Ottomans exigèrent de l’higoumène du monastère qu’il expulse le Comité révolutionnaire, sous la menace de détruire le monastère, mais l’higoumène refusa et commença de renforcer la défense du monastère ; le colonel Panos Koronaios (Πάνος Κορωναίος) était le capitaine général de la région de Réthymnon ; bien qu’il considérât que la place d’Arkadi était difficile à défendre, Koronaios céda à l’higoumène et accepta d’organiser la défense du monastère ; Koronaios partit recruter des renforts dans la province, confiant la garde du monastère au sous-lieutenant Ioannis Dimakopoulos (Ιωάννης Δημακόπουλος). De nombreux réfugiés, femmes et enfants des villages environnants, affluèrent au monastère.
- Après le refus de l’higoumène, le pacha Moustapha mit en route ses troupes, d’environ 12 000 soldats, vers Arkadi depuis l’Apokoronas : le 12 octobre une importante bataille eut lieu, à Vafès (Βαφές) près de Vryssès, entre les Turcs et les rebelles crétois commandés par Ioannis Zymvrakakis (Ιωάννη Ζυμβρακάκη), capitaine général de la province de La Canée ; cette bataille fut remportée par les Ottomans ; les troupes ottomanes progressèrent vers Épiskopi (Επισκοπή), qu’elles pillèrent ; le pacha envoya un message au Comité révolutionnaire, l’informant qu’il arriverait près du monastère dans les prochains jours et leur intimant l’ordre de se rendre ; les troupes ottomanes atteignirent ensuite Agios Konstantinos (Άγιος Κωνσταντίνος) puis Roustika (Ρούστικα) près de Gonia, où le pacha Moustapha passa la nuit au monastère du Prophète Élie ; le 5 novembre les troupes ottomanes atteignirent Réthymnon où elles furent renforcées par des troupes turques et égyptiennes ; les Ottomans arrivèrent à Messi (Μέση) le 7 novembre, où le pacha établit son campement.
- Dans la nuit du 7 au 8 novembre, les troupes ottomanes arrivèrent au monastère d’Arkadi et en commencèrent le siège. Les assiégeants ottomans étaient au nombre d’environ 15 000 soldats, armés de 30 canons, commandés par le bey Soliman (Süleyman Bey, Σουλέυμαν Βέης), le gendre du pacha Moustapha.
- Environ 964 crétois étaient réfugiés dans le monastère d’Arkadi ; parmi eux il y avait environ 325 hommes en état de combattre, mais seuls 259 hommes étaient armés ; la plupart des réfugiés étaient des femmes et des enfants.
- Au matin du 8 novembre, le bey Soliman adressa un ultimatum à l’higoumène Marinakis et à Dimakopoulos, ultimatum qu’ils rejetèrent. Les Turcs attaquèrent le monastère, concentrant leurs efforts contre la porte principale du monastère ; les défenseurs, protégés par les murs épais du monastère, firent de nombreuses victimes parmi les assaillants ; sept combattants crétois se retranchèrent dans le moulin à vent et tuèrent de nombreux Turcs avant de périr à leur tour dans l’incendie du moulin ; à la fin de la journée du 8 novembre les Turcs n’avaient pas pu pénétrer dans le monastère.
- Le 9 novembre les Turcs reçurent, en provenance de Réthymnon, deux canons lourds dont une bombarde redoutée par les Crétois, surnommée « Koutsachila » (Κουτσαχείλα), installée près des étables, face à la façade ouest du monastère ; les canons lourds détruisirent la porte principale et les Turcs pénétrèrent dans le monastère. Les défenseurs crétois commencèrent de manquer de munitions et durent se battre avec des baïonnettes et autres armes blanches ; dans le tronc d’un cyprès du monastère, des balles de fusil témoignent encore de la violence des combats. Les Turcs prirent l’avantage ; l’higoumène Marinakis fut tué. Les nombreux blessés étaient soignés, tant bien que mal, dans l’infirmerie improvisée de la Messokoumia (Μεσοκούμια).
- Au soir du 9 novembre de nombreuses femmes s’étaient rassemblées, avec les enfants, dans une ancienne cave convertie en magasin à poudre. Des centaines de soldats turcs s’amassèrent devant la porte de la cave pour massacrer les chrétiens. Les réfugiés préférèrent se donner la mort plutôt que subir les atrocités des Turcs ; un des rebelles, Konstantinos Giampoudakis (Κωνσταντίνος Γιαμπουδάκης), tira un coup de pistolet vers les barils de poudre et fit exploser la poudrière. La voûte de la cave vola en éclats, des membres humains et des débris de barriques furent dispersés aux alentours du monastère.
- Au total 846 Crétois furent tués au cours de la prise du monastère d’Arkadi et 114 autres furent faits prisonniers ; quelques Crétois parvinrent à s’échapper. On estime qu’environ 1 500 soldats ottomans perdirent aussi la vie.
L’Holocauste de Moni Arkadi (Oλοκαύτωμα της Μονής Αρκαδίου) suscita beaucoup d’émotion et d’indignation en Europe, mais aucun gouvernement ne voulut intervenir dans les affaires intérieures de l’Empire ottoman ; quelques philhellènes européens s’engagèrent pour combattre aux côtés des Crétois. Les Ottomans surent habilement faire quelques concessions au clergé orthodoxe pour apaiser la situation. En 1869 la Conférence de Paris confirma l’appartenance de la Crète à l’Empire ottoman, mais avec un statut spécial qui prévoyait une participation limitée des Crétois à l’administration de l’île et la pleine équivalence des langues grecque et turque. La tragédie d’Arkadi est devenue un symbole de la volonté d’indépendance des Crétois illustrant la devise de la Grèce « Ελευθερία ή θάνατος » (« La Liberté ou la Mort »). | Légende du plan du monastère d’Arkadi : 1 : Porte de l’ouest (Δυτική Πύλη). 2 : Porte Kastrini (Καστρίνη Θύρα). 3 : Poterne (Πόρταλι). 4 : Cloître (Κλάουστρα). 5 : Cour (Αυλή). 6 : Façade du catholicon (Πρόσοψη). 7 : Catholicon (Καθολικόν). 8 : Cyprès historique - Arbre et projectile (Δένδρο και Σφαίρα). 9 : Presbytère - Résidence de l’higoumène (Ηγουμενείο). Hospice (Ξενώνας) - Maison d’hôtes (Κατοικία επισκεπτών). 10 : Escalier extérieur. 11 : Cour du réfectoire. 12 : Réfectoire historique (Ιστορική Τράπεζα). 13 : Cuisine (Κουζίνα). 14 : Chapelle Saint-Arcadius (Παρεκκλήσιο Αγίου Αρκαδίου) - Salle d’exposition (Εκθέριο). 15 : Celliers (Κελαρικά). 16 : Cellules des moines (Κελιά μοναχών). 17 : Ateliers ou débarras des moines (Αίθουσες εργασίας μοναχών). 18 : Boutique (Πωλητήριο). 19 : Poudrière (Πυριτιδαποθήκη). 20 : Entrepôts (Αποθήκη). 21 : Galerie des cellules de moines ou messokoumia (Μεσοκούμια). 22 : Ancien entrepôt principal - Musée. 23 : Galerie d’exposition (Πινακοθήκη). 24 : Entrepôt d’huile (Κελάρι λαδιού). 25 : Laiterie - Fromagerie (Αποθήκη γαλακτοκομικών). 26 : Cave à vin (Κάβα). 27 : Toilettes publiques (Δημόσιες τουαλέτες). 28 : Ossuaire (Οστεοφυλάκιο). | De nos jours comme autrefois, le monastère d’Arkadi apparaît au premier abord comme une austère forteresse, placée à l’arrière d’une vaste esplanade où aucun assaillant ne pouvait s’avancer sans être vu. Les hauts murs, d’environ 1,2 m d’épaisseur, sont percés de petites fenêtres, qui sont presque étroites comme des meurtrières au rez-de-chaussée. Le monastère a un plan au sol quadrangulaire, presque carré, avec une longueur de l’aile ouest de 67 m, de l’aile nord de 78,5 m, de l’aile orientale de 71,8 m et de l’aile sud de 73,5 m ; l’emprise au sol du monastère couvre une superficie de 5 200 m², mais les bâtiments sont sur deux niveaux de plancher. Ce plan général du monastère remonte au XVIIe siècle, entre 1670 et 1714, comme le montrent des inscriptions survivantes, mais aussi les informations des sources historiques ; cependant des bâtiments ont été remaniés par la suite, notamment après les destructions faites par les Turcs en 1866. L’entrée principale du monastère est un haut passage voûté ouvert dans la façade occidentale (n° 1 sur le plan) ; cette Porte de l’Ouest (Δυτική Πόρτα ou Δυτική Πύλη) est également nommée « Porte de Réthymnon » (Ρεθεμνιώτικη Πύλη) ou « Porte de La Canée » (Χανιώτικη Πύλη) car elle donnait sur la route qui conduisait vers ces deux villes. La Porte occidentale a été construite, en pierres de taille, en 1693, sous le mandat de l’higoumène Néophytos Drossas (Νεόφυτος Δρόσας) ; elle fut détruite par les Turcs au moyen d’une bombarde lors du siège de 1866 et reconstruite en 1870. À l’étage se trouvent deux fenêtres encadrées par deux pilastres et surmontées d’un fronton. La Porte de l’Ouest donne accès à une grande cour où se dresse le catholicon du monastère. En pénétrant dans la cour du monastère (n° 5 sur le plan) on peut voir, à gauche de l’église, un vieux cyprès mort qui fut témoin du massacre du 9 novembre 1866 et dont le tronc contient encore une balle de fusil ; la balle est indiquée par une flèche blanche (n° 8 sur le plan). Le catholicon du monastère d’Arkadi se trouve presqu’au centre de la cour intérieure (n° 7 sur le plan), un peu décalée vers le sud de façon à ce que sa splendide façade, qui est tournée vers l’ouest, soit parfaitement alignée avec la Porte de l’Ouest. Ce catholicon date de la Renaissance, sous la domination vénitienne de la Crète, et cette influence se reflète dans son architecture qui associe à la fois des éléments romans et des éléments baroques, notamment dans l’architecture de sa façade ; l’édifice a été achevé en 1587 et consacré quelques années plus tard. L’église d’Arkadi constitue l’une des plus beaux édifices vénitiens qui subsistent en Crète. | | Le catholicon est une basilique à deux nefs qui sont plus visibles du côté des absides ; la nef de gauche, au nord, est dédiée à la Transfiguration du Christ (Μεταμόρφωση του Χριστού) ; la nef du sud est dédiée aux saints Constantin et Hélène (Άγιοι Κωνσταντίνος και Ελένη). L’architecture intérieure de l’édifice est très dépouillée, avec les deux nefs séparées par deux arcs surbaissés appuyés sur un pilier carré ; les murs ne comportent aucune peinture murale. | | En 1645, pendant la conquête ottomane de la Crète, l’église fut endommagée par les Turcs qui détruisirent l’autel ; l’église fut incendiée et les icônes entièrement détruites. Seules une croix, deux anges en bois et un passage de la résurrection du Christ ont été sauvés des flammes ; les absides de l’église ont également été détruites. L’iconostase actuelle a été réalisée, en bois de cyprès, au début du XXe siècle, en 1902. De 1924 à 1927, à l’initiative du métropolite Timothée Vénéris (Τιμόθεος Βενέρης), furent commencés les travaux de renforcement et de restauration des absides et du clocher. À l’intérieur de l’église, les dalles du plancher ont été totalement remplacées en 1933. | | Lorsqu’on pénètre dans le monastère d’Arkadi, l’exubérance de la façade de l’église contraste de façon saisissante avec l’austérité extérieure du monastère (n° 6 sur le plan). Cette élégante façade, dans le style de la Renaissance italienne, étonne dans ce monastère orthodoxe ; la façade a été construite en 1586 et a parachevé la construction du catholicon en 1587. La construction a été entreprise sous le mandat de l’higoumène Klémis Chortatzis, mais le nom de l’architecte n’est pas connu. Les historiens de l’art y ont cependant reconnu les influences directes des œuvres des grands architectes et sculpteurs de la Renaissance italienne, Sebastiano Serlio (Bologne, 1475 - 1554) et Andrea Palladio (Padoue, 1508 - 1580). La façade est bâtie en pierre de taille calcaire très lumineuse, aux reflets légèrement dorés, superbement sculptée ; cette pierre, certainement facile à sculpter, est malheureusement plutôt poreuse et montre beaucoup de signes d’érosion ; la façade porte également la trace d’impacts de balles. Dans la partie inférieure s’ouvrent les deux portes correspondant aux deux nefs ; au milieu une troisième porte est, de nos jours, murée. Les deux portes sont surmontées chacune d’un oculus circulaire et d’une arcature, et encadrées par des doubles colonnes engagées de style corinthien, posées sur des socles surélevés et surmontées de demi-chapiteaux sculptés de feuilles d’acanthe. Dans la partie supérieure de la façade, on remarque des obélisques gothiques placés au-dessus des colonnes extérieures ; au-dessus des portes se trouves des ouvertures de formes oblongues dont le pourtour est sculpté de feuilles de palme, comme celui des oculi. Au milieu du fronton s’élève un clocher-mur à trois cloches sculpté de courbes et de contrecourbes d’influence baroque. | L’aile occidentale du monastère comprenait principalement des cellules de moines (n° 16 sur le plan) ; ces cellules étaient desservies par des galeries voûtées ; la galerie du rez-de-chaussée, située de part et d’autre de la porte principale, est surnommée le cloître (Κλάουστρα) pour sa ressemblance avec une des galeries du cloître d’une abbaye (n° 4 sur le plan) ; dans la partie sud de l’aile ouest, ce cloître desservait des ateliers ou des débarras des moines (n° 17 sur le plan). L’aile occidentale du monastère ne se visite pas, à l’exception des galeries du rez-de-chaussée et de l’étage. | | Dans la partie ouest de l’aile nord du monastère se trouve l’ancien presbytère (Ηγουμενείο), c’est-à-dire les appartements de l’higoumène (n° 9 sur le plan). Ce bâtiment a été gravement endommagé lors de l’assaut des Turcs en 1866 et resta en ruines pendant plusieurs années, faute de fonds pour le reconstruire. Vers la fin du XIXe siècle, l’higoumène Gabriel Marinakis visita plusieurs villes de Russie pour tenter de collecter des fonds pour reconstruire le bâtiment. Ce n’est qu’en 1905 qu’un nouveau presbytère fut construit, conjointement à un autre bâtiment servant de maison d’hôtes (Ξενώνας) et de lieu de rencontre. Une inscription sur le fronton de la porte rappelle cette reconstruction. Entre l’aile occidentale et la maison d’hôtes un passage conduit à une grille qui permet aux hôtes d’entrer et de sortir du monastère. À droite du presbytère, au milieu de l’aile nord, se trouve un ensemble de bâtiments qui étaient consacrés à la restauration des moines : celliers de nourriture, citernes d’eau, cuisine et four, réfectoire, cuvage de fermentation du raisin, cave à vin et cetera. Devant cet ensemble se trouve la cour du réfectoire dit historique (n° 11 sur le plan), fermée par un mur et ombragée par quelques arbres ; sur la clé de voûte du portail menant à la cour, on peut lire la date de construction du réfectoire, 1687, écrite en numération alphabétique, et le nom, en abrégé, de l’higoumène sous le mandat duquel le réfectoire a été construit, Néophytos Drossas (Νεόφυτος Δρόσας) : (ΑΧΠΖ ΝΦΤ ΔΡC), soit 1 600 80 7. Depuis la cour un escalier monte au premier étage du bâtiment où se trouvait une grande salle de réunion, dénommée « salle du Synode » (αίθουσα Συνόδου), où les moines se réunissaient après l’office pour discuter des affaires du monastère. | | En pénétrant dans le bâtiment on trouve, sur la gauche, la cuisine (n° 13 sur le plan) ; sur la droite, la petite chapelle Saint-Arcadius (Παρεκκλήσιο Αγίου Αρκαδίου) (n° 14 sur le plan). On pénètre ensuite dans le réfectoire dit historique (Ιστορική Τράπεζα), ou Sainte Table (Αγία Τράπεζα), (n° 12 sur le plan), situé contre le mur nord du monastère. Le réfectoire est une vaste salle rectangulaire, couverte par une voûte, d’environ 18 m de longueur et de 4 m de largeur. C’est dans cette salle que les moines prenaient leur repas. Au-dessus de la porte du réfectoire, on trouve une inscription gravée sur le linteau de la porte en l’honneur de la vierge Marie et d’un higoumène précédant Néophytos Drossas : ΠΑΜΜΕΓΑ ΜΟΧΘΟΝ ΔΕΞΑΙΟ ΒΛΑΣΤΟΥ ΗΓΕΜΌΝΟΙΟ / ΔΕΣΠΟΙΝΑ Ω ΜΑΡΙΑ ΦΙΛΤΡΟΝ ΑΠΕΙΡΕΣΙΟΝ ΑΧΟ (Vierge Marie, reçois le labeur et l’infinie dévotion de l’higoumène Vlastos 1670). Lors de l’attaque turque de 1866, trente-six défenseurs du monastère furent tués dans cette salle ; on peut encore voir les traces de balles et de yatagans dans le bois des tables et des chaises. Dans la partie orientale de l’aile nord se trouvaient les celliers (κελαρικά) (n° 15 sur le plan), une grande salle voûtée où étaient entreposées les provisions de nourriture du monastère. Sous le plancher des celliers se trouvait une grande citerne (σαρνιτσι) ; cette citerne était alimentée par les eaux de pluie recueillies sur les toits du bâtiment ; cette citerne était enduite de chaux pour assurer la salubrité de l’eau. Dans les celliers, des puits permettaient de puiser de l’eau de la citerne pour la cuisine, le lavage, l’abreuvage des animaux et la boisson des moines. | | Dans la partie orientale de l’aile nord se trouvait le cuvage qui est, de nos jours, converti en boutique (Πωλητήριο) (n° 18 sur le plan), où il est possible d’acquérir des reproductions d’icônes et d’autres produits du monastère. La longue salle sans toiture située dans le coin nord-est du monastère (n° 19 sur le plan) est une ancienne cave à vin du monastère qui avait été transformée en entrepôt de poudre à fusil (Μπαρουταποθήκη), lors du siège du monastère par les Ottomans à l’automne 1866. Cette grande cave mesure 21 m de longueur et 5,4 m de largeur. Lorsque les Turcs envahirent le monastère, le 9 novembre 1866, des centaines de réfugiés s’enfermèrent dans cette cave et l’un d’entre eux mit le feu aux poudres ; l’énorme explosion fit sauter la presque totalité de la voûte de pierre et tua la plupart des réfugiés et beaucoup des Turcs qui tentaient de pénétrer dans la cave. Le bâtiment a été laissé en l’état pour garder toujours vivant le souvenir de cette tragédie ; seule l’extrémité nord de la voûte n’a pas été détruite ; elle abrite de nos jours une inscription commémorative mise en place en 1930 par l’archevêque Timothée Vénéris (Τιμόθεος Βενέρης) : « Αυτή η φλόγα π’ άναψε μέσα εδώ στη κρύπτη κι απάκρου σ’ άκρο φώτισε τη δοξασμένη Κρήτη, ήτανε φλόγα του Θεού μέσα εις την οποία Κρήτες ολοκαυτώθηκαν για την Ελευθερία ΑϠΛ » (La flamme qui s’alluma au fond de cette crypte et illumina, d’un bout à l’autre, la glorieuse île de Crète, était une flamme divine dans laquelle les Crétois furent brûlés vifs pour la liberté 1930) ; la date de 1930 est écrite en numération alphabétique 1 900 30. | Dans le nord de l’aile orientale du monastère s’ouvre la Porte de l’Est (Ανατολική Πύλη) (n° 2 sur le plan) ; cette porte est plus souvent nommée « Porte du Château » (Καστρινή Πύλη) car elle s’ouvre dans la direction d’Héraklion, surnommée le Mégalo Kastro (Μεγάλο Κάστρο), c’est-à-dire le « Grand Château ». C’est par la Porte orientale que les moines et les ouvriers agricoles accédaient aux champs et aux vignes ; c’est aussi par cette porte qu’étaient rentrées les récoltes et les vendanges qui étaient emmagasinées dans les bâtiments de l’aile nord. Comme la Porte de l’Ouest, la Porte de l’Est a été détruite lors de l’attaque turque du 8 novembre 1866 ; la porte a été reconstruite en 1870. En empruntant cette porte on peut découvrir l’arrière-pays agricole du monastère. Au milieu de l’aile orientale, jouxtant la Porte de l’Est, se trouvaient une grande partie des cellules de moines (Κελιά μοναχών) (n° 16 sur le plan), où les moines dormaient et priaient. Devant les cellules s’étend une pergola abritant une allée pavée donnant accès aux cellules. Cette aile orientale du monastère n’est pas visitable. Dans le coin sud-est du monastère se trouvait une petite porte, une sorte de poterne (Πόρταλι), (n° 3 sur le plan) ; ce passage traverse une zone d’entrepôts (n° 20 sur le plan) et débouche sur la façade sud du monastère. | | Au milieu de l’aile sud du monastère, au rez-de-chaussée, se trouvaient des cellules réservées aux moines âgés ou malades ; devant ces cellules se trouve une galerie pavée et couverte d’une voûte en berceau (n° 21 sur le plan) ; cette galerie est dénommée « Messokoumia » (Μεσοκούμια), ce qui a une signification proche d’« hôpital » (νοσοκομείο) ; pendant l’attaque turque de 1866, le Messokoumia servit d’infirmerie pour soigner les blessés. À l’étage de l’aile sud se trouvent d’autres cellules ou ateliers de moines, desservis par une allée couverte d’une pergola. | | Dans la partie occidentale de l’aile sud se trouvaient des entrepôts alimentaires du monastère, des salles voûtées construites en 1714 ; ces salles sont, de nos jours, converties en musée d’art ou d’histoire :- l’entrepôt principal (n° 22 sur le plan) est, de nos jours, le musée d’art sacré du monastère (Μουσείο) ; ce musée présente des vêtements liturgiques comme des étoles et des chasubles brodées d’or par des moines artistes du monastère, des icônes peintes du XVe siècle au XIXe siècle, des objets liturgiques en argent, des livres de prière, des manuscrits et cetera.
- à l’arrière de l’entrepôt principal se trouve une autre salle (n° 23 sur le plan) qui sert de galerie d’exposition.
- à droite de l’entrepôt principal se trouvait un entrepôt d’huile d’olive (n° 24 sur le plan).
- dans le coin sud-ouest du monastère se trouvait une laiterie - fromagerie (n° 25 sur le plan).
- à l’arrière de la fromagerie il y avait une cave à vin (n° 26 sur le plan).
- un escalier permet d’accéder à l’étage où se trouve le musée d’histoire qui évoque le massacre de 1866 perpétré par les Turcs, avec des souvenirs de l’higoumène Gabriel Marinakis, des portraits de combattants crétois, des armes, notamment des mousquets et des yatagans, des boulets de canons et cetera.
On peut notamment voir l’étendard du monastère, le labarum sacré (Ιερών Λάβαρον). | | À une centaine de mètres à l’ouest de la façade occidentale du monastère, de l’autre côté de la route provinciale, se trouve le Mémorial de l’Holocauste d’Arkadi (n° 28 sur le plan) ; ce mémorial surplombe les gorges d’Arkadi. Ce mémorial a été bâti à l’emplacement de l’ancien moulin à vent du monastère, où sept défenseurs périrent brûlés vifs le premier jour de l’attaque turque, le 8 novembre 1866 ; le mémorial dans sa forme actuelle a été construit, en 1910, à l’initiative du prohigoumène Dionysios Psaroudakis (Προηγούμενος Διονύσιος Ψαρουδάκης) (1880 - 1973). Le monument (μνημείο) comprend un portique où sont présentés les bustes de héros de la défense du monastère : Charikléïa Daskalaki (Χαρίκλεια Δασκαλάκη), du village d’Amnatos, la femme qui dirigea le ravitaillement en eau et en munitions pendant le siège ; l’higoumène Gabriel Marinakis (ηγούμενος Γαβριήλ Μαρινάκης) ; Konstantinos Giampoudakis (Κωνσταντίνος Γιαμπουδάκης), du village d’Adélé, qui fit sauter la poudrière ; Ioannis Dimakopoulos (Ιωάννης Δημακόπουλος) qui était le chef militaire des défenseurs du monastère. Le mémorial comprend aussi un ossuaire (οστεοφυλάκιο) où sont conservés les ossements d’un certain nombre de défenseurs du monastère ; il s’agit d’un bâtiment de forme octogonale construit sur les fondations de l’ancien moulin. Une vitrine montre quelques dizaines de crânes de combattants dont certains portent les marques évidentes des blessures reçues : impacts de balles d’armes à feu ou de coups de sabres. Au nord-ouest du monastère, à une cinquantaine de mètres au nord de l’ancien moulin à vent, se trouvaient les étables et les écuries du monastère (στάβλοι) ; ces étables ont été construites en mai 1714 sous le mandat de l’higoumène Néophyte Drossas (Νεόφυτος Δρόσας), comme l’indique l’inscription gravée au-dessus de la porte : ΑΨΙΔ / ΜΑΙΟΥ Η / ΝΕΟΦΥ / ΤΟ ΔΡΣ (1 700 10 4). Les étables abritaient les animaux du monastère, mais aussi, à l’étage, des ouvriers agricoles. | Visite du monastère d’Arkadi : Adresse : route provinciale des Platanès à Moni Arkadi. Horaires d’été : début des visites à 9 h ; fin des visites : mars, 18 h ; d’avril à mai, 19 h ; de juin à août, 20 h ; en septembre, 19 h ; en octobre, 18 h ; en novembre, 17 h. Horaires d’hiver (de décembre à février) : fermé. Téléphone : 00 30 28310 83135. Prix d’entrée : 3 €. Site sur la Toile : arkadimonastery.gr Le monastère est encore habité par quelques moines : une tenue vestimentaire correcte est demandée. En face du monastère, près des anciennes étables se trouve un café-restaurant appartenant au monastère. La terrasse de l’établissement offre de belles vues sur les gorges d’Arkadi. |
|
| Sur la route de Réthymnon à Héraklion | Le littoral du canton d’Arkadi, entre Réthymnon et l’embouchure du fleuve Géropotamos, est une succession de petites stations balnéaires en développement, toutes bien desservies par la route nationale 90 (Εθνική Οδός 90) et par l’ancienne route nationale de Réthymnon à Héraklion (Παλαιά Εθνική Οδός Ρεθύμνου - Ηρακλείου) ; l’ancienne route nationale s’écarte de la côte dans les environs de Stavroménos. Ces stations balnéaires sont souvent liées par une communauté locale à des villages agricoles situés dans l’arrière-pays : Adélianos Kampos (Αδελιανός Κάμπος), la station balnéaire d’Adélé ; Pigianos Kampos (Πηγιανός Κάμπος), liée à Pigi (Πηγή) ; Sfakaki (Σφακάκι), liée à Pagkalochori (Παγκαλοχώρι) où on peut visiter le monastère d’Arsani ; Stavroménos (Σταυρωμένος), liée à Chamalévri (Χαμαλεύρι) ; Skaléta (Σκαλέτα), liée à Prinos (Πρίνος). |
| Le monastère Saint-Georges d’Arsani (Μονή Αγίου Γεωργίου Αρσανίου / Moní Agíou Georgíou Arsaníou) | Le monastère d’Arsani est un monastère orthodoxe d’hommes, situé à environ 12 km à l’est de Réthymnon, sur le territoire de la localité de Pagalochori ou Pagkalochori (Παγκαλοχώρι), entre Pagalochori et Sfakaki (Σφακάκι). Aller au monastère d’Arsani avec Google Maps (35.373886, 24.592166). Le nom Arsani (Αρσάνη) est vraisemblablement une corruption du mot Arsénios (Αρσένιος) (« Arsène »), qui serait le nom du moine qui aurait fondé le monastère. Le monastère est dédié à saint Georges le Grand martyr (Άγιος Γεώργιος ο Μεγαλομάρτυρας), c’est-à-dire saint Georges de Lydda. Le monastère d’Arsani aurait été fondé dans la seconde moitié du XVIe siècle, à l’époque de la domination vénitienne ; il fut agrandi en 1645, c’est-à-dire l’année précédant la conquête de la région de Réthymnon par les Ottomans ; les Turcs dévastèrent le monastère. Le monastère fut à nouveau gravement endommagé par le tremblement de terre du 12 octobre 1856, comme beaucoup de bâtiments de Crète. En 1866 les Turcs achevèrent de détruire ce qui restait du monastère. Le monastère d’Arsani se distingue par sa disposition particulière, avec son catholicon situé non pas au centre, mais à l’extrémité nord-est du monastère, une disposition qui rappelle davantage les monastères de rite catholique romain. Le catholicon est une basilique cruciforme avec une coupole, qui a été construite en 1888, à l’emplacement de la première église. Le monastère possède un petit musée d’art sacré. | |
| Le village de Skaléta (Σκαλέτα / Skaléta) | Le village de Skaléta est la localité côtière de la communauté locale de Prinos (Κοινότητα Πρίνου) ; le village agricole de Prinos (Πρίνος) se trouve à un peu plus d’un kilomètre dans l’arrière-pays ; Skaléta est à environ 13 km à l’est de Réthymnon. Skaléta compte moins de 300 habitants permanents et constitue une petite station balnéaire, avec une belle plage de sable, mais malheureusement traversée par la route nationale 90 qui, à cet endroit, se trouve très près de la côte, à seulement 200 m. Skaléta est une des dernières stations balnéaires de la côte orientale du golfe de Réthymnon : la cap Lianos (Λιανός Κάβος), qui ferme le golfe à l’est, se trouve à seulement 4,5 km de Skaléta, près de l’embouchure du fleuve Géropotamos. La station balnéaire comprend quelques bons hôtels, notamment l’hôtel Creta Royal qui partage le même domaine fleuri et arboré avec l’hôtel Creta Star. | |
|
|
| |
| |
|