Les villages de Gergeri, de Panassos et de Nyvritos en Crète

Le canton de Rouvas (Ρούβας) comprend trois communautés locales : à l’ouest la communauté de Nyvritos, au centre la communauté de Gergéri, et à l’est la communauté de Panassos.

Le canton est situé sur les contreforts sud-est du massif du Psiloritis ; il bénéficie des eaux souterraines du massif par de nombreuses sources.

Le village de Gergéri compte une population d’environ 1 250 habitants ; la localité est le chef-lieu du canton de Rouvas et le chef-lieu de la communauté locale de Gergéris (Κοινότητα Γέργερης), qui comprend six autres localités : Apomarma (Απομαρμά), Kardamiana (Καρδαμιανά), Mastrachiana (Μαστραχιανά), Raptis (Ράπτης), Tzaniana (Τζανιανά) et Psalida (Ψαλίδα). Les habitants vivent de l’oléiculture et de l’élevage ; les troupeaux de moutons du village estivent traditionnellement sur les pâturages entourant la forêt de Rouvas, où la tonte a lieu chaque année au mois de mai et donne lieu à des festivités.

Gergéri se trouve au pied sud du mont Ampélakia (1 441 m) ; au-dessus du village se dressent d’impressionnantes falaises qui matérialisent la faille tectonique de Gergéri - Kamarès, séparant le horst du massif du Psiloritis du graben de la plaine sédimentaire de la Messara (point C7 sur la carte géologique du Psiloritis, n° 58 sur la carte du Géoparc du Psiloritis) ; ces falaises font apparaître l’unité tectonique de calcaire de Tripoli. Le long de la route qui monte vers la forêt de Rouvas se trouvent d’étonnants éboulis de brèches rougeâtres et de sable qui recouvrent les pentes.

Aller à la faille de Gergéri avec Google Maps (35.141940, 24.936670).

De la même manière que la faille de Tyllisos - Kroussonas emprisonne les eaux souterraines avant qu’elles n’atteignent la mer, la faille de Gergéri (Ρήγμα Γέργερης) force les eaux, là aussi, en raison de la présence de nombreux sédiments imperméables, à remonter à la surface et à former de grandes sources. Il y a notamment la grande source de Foundana (πηγή Φουντάνα), à partir de laquelle l’ancienne cité de Gortyne était alimentée ; des parties de l’aqueduc romain sont conservées près de l’acropole de Gortyne. Dans l’ouest du village on peut voir la source de Mai Vrysi (Μάη Βρύση).

Dans le village de Gergéri, mais aussi dans les localités voisines, de nombreux moulins à eau existaient autrefois ; ces moulins, utilisés pour moudre les grains, ont maintenant été rénovés et font partie d’un sentier de découverte nommé « les Routes de l’eau ». Des sources alimentent aussi le réservoir de Gergéri (Λιμνοδεξαμενή Γέργερης) qui sert à l’alimentation en eau potable de la région.

À côté de ce lac artificiel se trouve également un petit lac naturel saisonnier, de forme presque ronde, qui se forme dans une cavité, vraisemblablement étanchée par de l’argile ; ce lac est surnommé « la Tombe de Digénis » (Διγενή το Μνήμα), du nom d’un personnage légendaire de la poésie byzantine, Διγενής Ακρίτας, qui serait mort d’avoir bu de l’eau trop froide. Le lac, situé à environ 1 km à l’est du village, s’assèche en été.

Dans l’est du village se trouve l’église de la Transfiguration du Sauveur (Μεταμόρφωση του Σωτήρος). Près du lac, dans le cimetière, se trouve l’église Notre-Dame Kéra ou Chanoutia (Παναγία Κερά ή Χανουτιά), qui recèle des fresques datées de 1443, mais qui sont en plutôt mauvais état. À côté de l’église se trouve un monument commémorant la mise à mort par les Allemands de vingt-cinq patriotes, le 14 août 1944, au cours des représailles qui suivirent l’attentat de Damasta.

À 2 km au sud de Gergéri, dans la localité d’Apomarma, se trouve l’église byzantine de Notre-Dame Galaktoussa (Παναγία Γαλακτούσα) ; la légende veut que cette église ait été bâtie avec du mortier fait avec du lait à la place de l’eau, d’où le nom de « Notre-Dame Laiteuse » ; il s’agit d’une église à nef unique datant du XIIIe siècle.

Le village a attiré l’attention, dans les années 2000, par la découverte d’ossements fossiles de très étranges mammifères marins qui vivaient à l’époque du Miocène dans les eaux chaudes du paléo-océan Thétys. Ces fossiles de Panassos (απολιθώματα Πανασού) ont été mis au jour par le Muséum d’histoire naturelle de Crète (Μουσείο Φυσικής Ιστορίας Κρήτης) dans des sédiments de l’époque du Miocène supérieur, de nos jours situés à environ 470 m d’altitude, à 800 m au nord-ouest de Panassos,(point C10 sur la carte géologique du Psiloritis, n° 76 sur la carte du Géoparc du Psiloritis).

Ces ossements – des dents, des vertèbres et des côtes – ont été datés d’il y a 6 à 7 millions d’années et faisaient partie du squelette de mammifères marins de l’ordre des Siréniens (Sirenia [Illiger, 1811]) (Σειρηνοειδή). Avant la découverte en Méditerranée occidentale du squelette complet et du crâne d’un de ces animaux, beaucoup attribuaient la partie supérieure du squelette au corps humain et la partie inférieure au poisson, donnant naissance au mythe des sirènes … Des espèces appartenant à cet ordre zoologique vivent encore de nos jours, tels que les lamantins ; les animaux de cet ordre sont surnommés « vaches marines » en raison de leur comportement placide et de leur mode d’alimentation qui consiste à brouter les prairies marines et les algues.

Aller aux fossiles de Sirenia à Panassos avec Google Maps (35.134760, 24.978420).

La principale attraction touristique est un ermitage qui se trouve sur le flanc oriental, très escarpé et boisé de pins, des gorges de Rouvas, au lieu-dit Kalyvès (Καλύβες), ce qui signifie « les cabanes, les huttes » du mot καλύβα, « cabane ». Ce lieu-dit, situé à environ 600 m d’altitude, est plus facilement accessible depuis Zaros dans le dème de Faistos, mais fait partie du territoire de Nyvritos, dans le canton de Rouvas et dans le dème de Gortyne. On peut cependant y accéder en automobile depuis Nyvritos, par une piste de terre d’environ 2,5 km de longueur. On peut aussi accéder à l’ermitage depuis le monastère Saint-Nicolas de Zaros ; la promenade aller-retour prend environ 45 min, avec un dénivelé d’environ 150 m.

L’ermitage d’Agios Efthymios (Ασκητήριο Αγίου Ευθυμίου) aurait été construit par un ascète pendant la seconde moitié du XVIIe siècle ; l’ermite serait mort en 1670. La chapelle de l’ermitage, dédiée au saint ermite Euthyme le Grand (Άγιος Ευθύμιος ο Μέγας), est une chapelle rupestre, construite dans une grotte ; dans l’abside de la chapelle se trouvent des peintures murales, dont une représentation de « l’Homme de douleur ».

Aller à l’ermitage d’Agios Efthymios avec Google Maps (35.144948, 24.909503).