L’est d’Héraklion | Le secteur est d’Héraklion est circonscrit au nord par le vieux port, à l’est par les remparts vénitiens des XVIe et XVIIe siècles, au sud par la Rue de la Justice qui occupe l’emplacement de l’ancienne muraille byzantine, à l’ouest par la Rue du 25-Août ; aux angles de ce quadrilatère se trouvent quelques unes des places les plus populaires de la ville, bordées de cafés et de tavernes : au nord-ouest la Place des 18-Anglais, au sud-est la Place de la Liberté, au sud-ouest la Place Venizélos ou Place aux Lions. Entre ces deux dernières places s’étend un réseau de petites rues, de ruelles tortueuses et de petites places, souvent piétonnières, très animées le soir venu. Près de la Place de la Liberté, le Musée archéologique attire une clientèle plus culturelle. Dans une ville dans l’ensemble plutôt décevante, parce que reconstruite trop précipitamment après les destructions de la Seconde Guerre mondiale, le quartier de l’est est certainement celui qui présente le plus d’attraits. | Circuit de visite du secteur est d’Héraklion : Légende : 1 : Fontaine de Morosini. 2 : Place de la Liberté. 3 : Palais de justice régional. 4 : Porte Saint-Georges. 5 : Fontaine de Yenicar Aga. 6 : Musée archéologique. 7 : Porte Sabionara. 8 : Port vénitien - Arsenal. 9 : Forteresse vénitienne de Koulès. 10 : Rue du 25 août. 11 : Église Saint-Tite. 12 : Loggia vénitienne (mairie d’Héraklion). 13 : Basilique Saint-Marc (galerie municipale). 14 : Résidence Chronakis. 15 : Fontaine de Priuli. 16 : Porte de Dermatas. 17 : Musée historique. 18 : Église Saint-Pierre le Martyr. 19 : Muséum d’histoire naturelle. 20 : Éphorat des antiquités byzantines (usine de déchiquetage du tabac). 21 : Église Sainte-Parascève. 22 : Rue de 1866 - Le marché. 23 : Fontaine de Bembo - Fontaine Sebil. 24 : Porte de Jésus. 25 : Tombe de Nikos Kazantzakis. 26 : Stoa Makasi. 27 : Église Saint-Matthieu. 28 : Cathédrale Saint-Ménas. 29 : Église Sainte-Catherine. 30 : Porte de Panigra. |
| La rue du 25-août (οδός 25ης Αυγούστου / Odós 25is Augoústou) | La Rue du 25-Août (n° 10 sur le plan) est la « grand-rue » historique d’Héraklion, qui conduit depuis le port vénitien, où débarquaient les voyageurs, jusqu’au centre de la cité où se trouvaient les bâtiments de prestige. La Rue du 25-Août débute de la Place des 18-Anglais (Πλατεία 18 Άγγλων), en face du môle qui conduit à la forteresse de Koulès ; la rue laisse sur sa droite le Parc El Greco ou Parc Théotokopoulos (Πάρκο Θεοτοκόπουλου), entouré de cafés et de bars ; sur la droite de la rue s’étend le vaste parvis où se dresse l’église Saint-Tite, qui est l’église du Métropolite de Crète ; un peu plus loin sur la gauche, on découvre le portique de l’ancienne loggia vénitienne, bâtiment très modifié qui est de nos jours l’Hôtel de Ville d’Héraklion ; c’est ensuite la façade de l’ancienne église Saint-Marc, devenue la galerie d’art municipale, située sur la Place Kallergis (Πλατεία Καλλεργών) ; la Rue du 25-Août traverse cette place et se termine sur la place qui se nomme officiellement la Place Venizélos mais que tout le monde nomme la Place des Lions, à cause de la fontaine aux quatre lions qui s’y dresse. Au-delà de la place, la Rue du 25-Août est continuée par la Rue de 1821. La Rue du 25-Août est une rue commerçante, piétonne et pavée, d’environ 450 m de longueur, bordée de bâtiments néoclassiques dont les rez-de-chaussée hébergent des agences de voyage, des bureaux de compagnies maritimes, des loueurs de voitures, des banques, des magasins, des restaurants, des boutiques de souvenirs … À l’époque de la domination vénitienne la Rue du 25-Août était nommée Ruga Maistra, ou Ruga Magistra, (« Rue Maîtresse ») ; elle était déjà la rue principale de la ville de Candie, reliant le vieux port vénitien à la Place Saint-Marc (Piazza di San Marco) où se trouvait la basilique Saint-Marc, de nos jours la Place Venizélos. Pendant l’occupation ottomane, la rue prit le nom de Vezir Çarşı (« Marché du Vizir ») par sa proximité avec la mosquée du Vizir (« Vezir Camii »), l’église Saint-Tite convertie en mosquée. La Rue du 25-Août doit son nom à un événement tragique qui se produisit le 25 août 1898 (dans l’ancien calendrier julien, le 6 septembre dans le calendrier grégorien utilisé de nos jours), date de la fête de Saint-Tite. En 1878 l’Empire ottoman et les puissances européennes avaient signé un pacte qui devait conduire à l’autonomie de la Crète, mais les Ottomans ne cessèrent de violer ce pacte et une énième insurrection des Crétois se produisit en 1896-1897 ; les puissances européennes envoyèrent des troupes sur l’île pour forcer les Ottomans à respecter les accords. La situation était très tendue en raison des conflits constants entre Chrétiens et Musulmans qui n’avaient pas bien compris tous les bienfaits du « vivre-ensemble ». L’étincelle qui déclencha la tragédie fut le choix de la Grande-Bretagne de nommer un fonctionnaire chrétien plutôt qu’un musulman à la tête des bureaux portuaires. Le 25 août 1898 une foule de soldats turcs irréguliers en colère, sortes de bachibouzouks (başıbozuk), mit le feu aux bâtiments et massacra plusieurs centaines de Crétois chrétiens, dix-sept soldats britanniques et le vice-consul britannique Lysimaque Kalokairinos (Λυσίμαχος Καλοκαιρινός) ; la flotte britannique bombarda la ville. L’assassinat du vice-consul poussa la Grande-Bretagne et les autres grandes puissances européennes à exiger le retrait des troupes ottomanes de Crète avant un mois. La Crète fut semi-autonome sous l’autorité formelle du sultan jusqu’en 1913, date à laquelle elle fut réunie au Royaume de Grèce. La Place des 18-Anglais est dédiée à la mémoire des dix-sept soldats britanniques, qui étaient en réalité des Écossais de la Highland Light Infantry, et du vice-consul tués lors de ces événements. La rue et une grande partie de la ville étaient en ruines après cet épisode. Des bâtiments néoclassiques furent construits le long de la Rue du 25-Août, mais le reste de la ville resta à l’état de ruines pendant longtemps. C’est pour cette raison que la Rue du 25-Août est souvent surnommée ironiquement la « Rue de l’Illusion » (οδός της Πλάνης / Odós tis Plánis) parce qu’elle donnait aux voyageurs venant du port l’illusion qu’Héraklion était une ville prospère alors que, derrière ces beaux bâtiments, la ville était pleine de quartiers pauvres et sales. |
| Le parc El Greco (Πάρκο Θεοτοκόπουλου / Párko Theotokópoulou) | Le parc El Greco est l’un des rares espaces verts situés à l’intérieur de la ville close. Le parc se nomme officiellement parc Théotokopoulos, du nom de naissance du célèbre peintre Dominique Théotokopoulos (Δομήνικος Θεοτοκόπουλος / Domínikos Theotokópoulos), né en 1541 à Héraklion, qui se nommait alors Candie ; on peut voir dans le parc un buste du peintre. Pendant la journée, on peut y faire une halte entre deux visites, au milieu d’agréables jardins parsemés de bancs ; le soir le parc s’anime grâce aux quelques cafés situés autour du parc. Le parc se trouve à droite de la Rue du 25-Août en venant du vieux port vénitien, en face de la Place Saint-Tite. |
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| L’église Saint-Tite (Ναός Αγίου Τίτου / Naós Agíou Títou) | L’église orthodoxe Saint-Tite se trouve sur la gauche de la Rue du 25-Août en venant du port, au fond d’une grande place plantée de palmiers, la Place Saint-Tite (Πλατεία Αγίου Τίτου) (n° 11 sur le plan) ; sur la droite de la place se trouve une agréable taverne ombragée. L’église est dédiée au saint patron de la Crète, saint Tite (Άγιος Τίτος), un Grec d’Antioche, disciple et compagnon de voyage de Paul de Tarse et peut-être premier évêque de Crète vers 55 après JC ; la Saint-Tite est fêtée le 25 août par l’Église orthodoxe grecque. Une église Saint-Tite existait déjà en Crète sous l’Empire romain ; elle se trouvait à Gortyne, capitale de la Crète romaine. La basilique Saint-Tite de Gortyne fut détruite par un tremblement de terre ; le crâne de saint Tite fut transféré à Héraklion en l’an 796, peu de temps avant l’invasion sarrasine. Sous l’occupation sarrasine, entre 828 et 961, Gortyne fut détruite et la capitale de la Crète fut transférée à « Rabd-el-Khandak », de nos jours Héraklion. La cité fut reconquise par le général byzantin Nicéphore Phocas (Νικηφόρος Φωκάς) en 961, ce qui marqua le début de la seconde époque byzantine de la Crète ; la cité prit de nom de « Chándax » (Χάνδαξ), déformation de son nom arabe. En 962, peu avant de devenir empereur de l’Empire byzantin, Nicéphore Phocas fit édifier l’église Saint-Tite qui devint l’église cathédrale du nouveau diocèse de Crète. Le crâne de saint Tite (Τιμία Κάρα του Τίτου) fut transféré dans la nouvelle église, ainsi qu’une icône miraculeuse de la Vierge Marie de Mésopotamie (Παναγιάς της Μεσοπαντίτισσας) et d’autres reliques. Lorsque la République de Venise prit possession de la Crète, en 1211, l’église Saint-Tite devint la cathédrale catholique du Royaume de Candie (Regno di Candia) tout en conservant le même nom, Chiesa di San Tito. L’édifice subit quelques modifications, comme l’ouverture d’un oculus sur la façade et la construction d’un clocher. L’église Saint-Tite fut détruite peu avant le milieu du XVe siècle et fut reconstruite dans le style d’une basilique à trois nefs, de plus de 170 mètres de longueur ; la basilique Saint-Tite fut inaugurée le 3 janvier 1446 par l’archevêque de Crète Fantino Dandolo (Φαντίνο Ντάντολο) (1380-1459). Le nouvel édifice fut légèrement endommagé par le tremblement de terre du 29 mai 1508, puis fut complètement détruite par un incendie le 3 avril 1544 ; seule la relique de saint Tite put être sauvée. L’église fut reconstruite dans le même style architectural en 1557. À la prise de Candie par les Ottomans, en 1669, les Vénitiens furent autorisés à emporter leurs trésors et le crâne de saint Tite fut envoyé à Venise où il fut conservé dans la basilique Santa Maria della Salute. Peu après la prise de Candie, les Ottomans convertirent l’église Saint-Tite en mosquée, nommée Vezir Camii (Βεζίρ Τζαμί) (« Mosquée du Vizir »), en l’honneur du Grand Vizir Ahmet Fazil Köprülü (Köprülü Fazıl Ahmet / Κιοπρουλού Φαζίλ Αχμέτ), le conquérant de Candie. Le clocher de l’église fut transformé en minaret. Lors du séisme du 12 octobre 1856, la mosquée fut entièrement détruite ; en 1869 le Grand Vizir Aali Mehmet (Mehmed Emin Âli) confia la reconstruction de la mosquée à l’architecte Athanase Moussis (Αθανάσιος Μούσης), qui avait déjà réalisé l’église métropolitaine Saint-Minas dans le sud de la ville. La nouvelle mosquée (Yeni Cami / Γενί Τζαμί), conçue dans un style mêlant diverses influences mais principalement ottoman, fut achevée en 1872. Après l’échange de populations entre la Grèce et la Turquie, en 1923, la mosquée fut convertie en église et son minaret fut démoli ; on peut voir la base de ce minaret au coin sud-est du bâtiment. L’église d’Agios Titos fut rendue au culte orthodoxe le 3 mai 1925 par le métropolite Titos Zografidis (Τίτος Ζωγραφίδης). L’église d’Agios Titos a conservé les caractéristiques de sa dernière reconstruction, en 1872 : elle se présente comme une mosquée orientée vers La Mecque avec un plan carré et un dôme central. Le bâtiment est construit en pierre de grès claire, la façade et les côtés sont presque identiques dans leur structure murale. En plus de l’entrée principale, l’église dispose de deux autres larges entrées latérales avec des portes en bois à deux battants. Lorsque la mosquée a été convertie en église après 1923, trois absides ont été ajoutées sur la façade arrière. | | L’intérieur de l’église présente un mélange hétéroclite de styles gothique, classique, byzantin et ottoman. La coupole est soutenue par des arcs appuyés sur quatre piliers constitués de faisceaux d’étroites colonnes. Au milieu de la nef, sous le dôme, est suspendu un lustre de bois, rond et massif, à trois étages ; les fines sculptures qui le décorent représentent des animaux de différentes espèces et d’autres ornements. | | La nef unique est séparée du chœur par une iconostase à trois portes à deux battants ; à droite de la porte centrale, ou porte royale, l’icône montre Jésus intronisé avec l’Évangile ouvert, à côté de lui l’icône de saint Jean-Baptiste, à gauche de la porte centrale la Sainte Mère (Panagia Hodegetria), à son côté les apôtres Pierre et Paul et l’archange saint Michel ; au-dessus de la porte centrale un cartouche présente le sacrement du Jeudi saint. Deux autres portes à deux battants sont situées aux deux extrémités de l’iconostase ; avec les archanges, ils rappellent l’expulsion du paradis. Dans la nef, les sièges en bois clair et foncé s’harmonisent aux icônes de l’iconostase grâce à leurs dossiers semi-circulaires. De grandes tableaux rectangulaires ornent les murs et montrent la vie de saint Tite et l’histoire du salut. Certaines icônes richement décorées d’argent et d’or, principalement dédiées à la Panagia, se dressent sur des socles ou sont représentées dans de petits autels. L’icône de la Vierge du Buisson ardent est particulièrement frappante à droite de l’entrée. Au-dessus des tableaux, des vitraux, cinq de chaque côté du bâtiment, montrent différents saints et rendent l’intérieur lumineux et chaleureux. | | À gauche du narthex se trouve une petite chapelle, dans laquelle la relique du crâne de saint Tite est conservée dans sa mitre épiscopale, en or et en argent serti de diamants et décoré d’icônes, placée dans une niche sous une cloche de verre. Le corps du saint serait enterré à Gortyne. Ce reliquaire avait été emporté à Venise, après la reddition de Candie, par l’héroïque défenseur de la cité, Francesco Morosini, pour le mettre à l’abri de l’occupant turc ; il a été restitué par Venise le 15 mai 1966. En revanche l’icône de la Vierge de Mésopotamie se trouve toujours à Venise dans la basilique Santa Maria della Salute. |
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| La loggia vénitienne (Ενετική Λότζια / Enetikí Lótzia) | L’ancienne loggia vénitienne se trouve au bout de la Rue du 25-Août, sur la droite de la Place des Kallergis (Πλατεία Καλλεργών / Plateía Kallergón), une petite place qui, à l’époque vénitienne, était nommée Piazza dei Signiori (« Place des Seigneurs ») et qui était le centre de la ville de Candie (n° 12 sur le plan). Dans toutes les grandes cités de la République Sérénissime et toutes les grandes villes dont elle prenait possession, les Vénitiens construisaient une telle loge (loggia). Les loggias (logge) étaient des lieux de rencontre, d’échange et de loisir pour les nobles, les magistrats et, plus généralement, les citoyens éminents et riches, les notables, qui pouvaient s’y réunir pour discuter des questions politiques et commerciales ; les loggias étaient généralement situées en position centrale ; les changeurs y avaient leur comptoir et les marchands y faisaient leurs affaires ; on y affichait également les annonces officielles. Sur l’île de Candie les principales cités avaient une loggia : la ville de Candie (Candia), La Canée (La Canea), Réthymnon (Rettimo) et même Sitia (Sitia), même si la loggia de cette dernière ville n’a pas pu être localisée. À Candie quatre loggias successives furent construites à différentes époques et en différents endroits. Une première loggia aurait été construite au milieu du XIIIe siècle, avant 1269, même s’il n’y a pas d’informations ou de vestiges permettant de déterminer sa situation ; dans les textes cette loggia est désignée comme « loggia anticha ». La noblesse demanda à Venise de construire une autre loggia, car la première était trop exposée au vent et au froid ; une nouvelle loggia fut bâtie – peut-être en 1329 – mais fut vraisemblablement détruite par le séisme du 29 mai 1508 ; elle est désignée comme « loggia vecchia ». Une troisième loggia fut construite en 1541, qui était plus petite que la deuxième ; on la nommait « loggia nuova ». La quatrième loggia, deux fois plus grande que la loggia précédente et désignée comme « loggia nuovissima », fut construite à l’emplacement de la loggia actuelle en 1628 ; elle avait l’aspect de la loggia reconstruite que nous pouvons voir de nos jours. Cette loggia fut construite à l’initiative de Francesco Morosini, Provéditeur Général de la Crète de 1625 à 1628, le même qui fit construire l’aqueduc alimentant la cité et la fontaine de Morosini. La loggia du XVIIe siècle fut construite, de 1626 à 1628, selon un style architectural qui serait inspiré de celui de la basilique palladienne de Vicence en Vénétie (Basilica Palladiana di Vicenza), datant du XVIe siècle : elle présente, au rez-de-chaussée, un portique dorique, avec des métopes et des triglyphes, et, au premier étage, une galerie d’ordre ionique ; les statues de la balustrade supérieure restent dans le plus pur classicisme. Ce style fut créé par l’influent architecte de Padoue Andrea Palladio (1508-1580). Elle est considérée comme l’un des monuments architecturaux les plus élégants de la période vénitienne. | | On sait peu de choses de l’histoire de la loggia pendant l’occupation ottomane, sinon qu’elle n’eut pas d’utilisation officielle, mais on sait que les Ottomans utilisèrent l’armurerie vénitienne (armeria), qui jouxtait la loggia, comme trésor pour entreposer les impôts de l’île. La loggia souffrit sans doute du séisme du 12 octobre 1856 comme les autres bâtiments alentour, notamment l’armurerie. Au début de l’indépendance de la Crète, en 1900, la loggia devait être restaurée pour devenir un musée archéologique, mais le bâtiment fut jugé trop instable et le premier étage fut démoli, en septembre 1904, de manière brutale, endommageant le rez-de-chaussée ; seules quelques pièces de sa décoration sculpturale furent conservées ; le rez-de-chaussée sera démoli à son tour en 1937. La reconstruction de la loggia, sous sa forme connue par des photographies et des croquis du début du XXe siècle, commença vers 1962. En 1987, cette reconstruction fidèle et méticuleuse reçut le prix « Europa Nostra ». Du côté nord de la loggia se trouve la petite fontaine de Sagredo (Fontana di Sagredo, Κρήνη Σαγκρέντο), construite entre 1602 et 1604 ; elle porte le nom d’une famille noble de Venise. La fontaine de Sagredo était ornée d’un bas-relief représentant une figure féminine entre deux piliers, qui selon l’historien Giuseppe Gerola, symbolisait la Crète. Lors de la reconstruction de la loggia, le bas-relief de la fontaine, seule partie conservée, fut intégré à son mur nord. L’armurerie vénitienne avait été reconstruite entre 1932 et 1934 ; l’ensemble loggia-armurerie abrite de nos jours l’Hôtel de Ville d’Héraklion. Adresse : 25is Avgoústou Téléphone : 00 30 28103 99399 Horaires : ouvert du lundi au samedi. Fermé les jours fériés. | |
| L’ancienne basilique vénitienne Saint-Marc (Ενετική Βασιλική Αγίου Μάρκου / Enetikí Vasilikí Agíou Márkou) | L’ancienne basilique Saint-Marc (Βασιλική Αγίου Μάρκου) se trouve sur la Place des Kallergis, tout près de la Place Venizélos et de sa Fontaine aux Lions (n° 13 sur le plan). À l’époque vénitienne l’église se trouvait en face du palais ducal (Palazzo Ducale), la résidence du gouverneur vénitien. La basilique d’Agios Markos (Άγιος Μάρκος) abrite de nos jours une galerie d’art municipale. La basilique Saint-Marc (Basilica di San Marco) fut édifiée par les Vénitiens au début du XIIIe siècle, entre 1239 et 1244, quelque 25 ans après leur prise de possession de la Crète ; ce fut la première église catholique romaine de l’île. L’église fut dédiée au saint patron de Venise, saint Marc ; c’était l’église cathédrale de Candie. Pendant la domination vénitienne, la basilique était le lieu des cérémonies officielles de l’administration vénitienne et le lieu de sépulture de gouverneurs et de membres de nobles familles vénitiennes du Royaume de Candie (Regno di Candia). Aujourd’hui, quelques pierres tombales en bas-relief sont visibles sur le côté oriental de l’église. L’édifice d’origine fut détruit par le terrible tremblement de terre du 8 août 1303, mais fut immédiatement reconstruit. Un autre fort tremblement de terre, le 29 mai 1508, endommagea gravement la structure du bâtiment, mais il retrouva sa splendeur initiale. La façade fut détruite et les murs fissurés par le séisme du 26 novembre 1595. L’église Saint-Marc se présentait comme une basilique à trois nefs de style italien, avec un toit en bois ; les bas-côtés étaient séparés de la nef centrale, plus haute, par deux colonnades de hautes colonnes supportant des arcs gothiques. La façade était précédée d’un portique à six colonnes supportant sept arcs, cinq arcs frontaux et deux arcs latéraux. Ces colonnes, de style corinthien, auraient été remployées d’un site antique, peut-être celui de Cnossos. Un campanile, avec une horloge, se dressait sur le côté droit de l’église, à l’angle sud-ouest. Pendant le siège de Candie ce campanile servait de poste d’observation et sa cloche était utilisée pour sonner l’alarme lors des assauts turcs ; les canons turcs prirent le campanile pour cible à plusieurs reprises. Seule la base de ce campanile a survécu. Pendant l’occupation ottomane de Candie, la basilique fut partiellement modifiée et fut convertie en mosquée, nommée mosquée du Defterdar, en l’honneur du defterdar Ahmet Pacha (Defterdar Ahmed Paşa Camii ou simplement Defterdar Camii) ; dans l’Empire ottoman, un defterdar était un Grand Trésorier, une sorte de surintendant des Finances. Le clocher de la basilique fut démoli et, à sa place, un minaret fut érigé ; les fresques furent détruites et les sépultures chrétiennes furent profanées. À la libération de l’île le minaret fut démoli à son tour. En 1956, la Société d’Études Historiques Crétoises (Εταιρία Κρητικών Ιστορικών Μελετών) a restauré l’édifice dans sa forme originelle du XIVe siècle. De nos jours l’ancienne basilique Saint-Marc sert de pinacothèque municipale (Δημοτική Πινακοθήκη / Dimotikí Pinakothíki) qui présente sur les murs une exposition permanente de fresques crétoises de l’époque byzantine, des expositions temporaires, des conférences, des concerts et cetera. Adresse : 100 Plateía Kallergón. À droite de l’ancienne basilique se trouve le bureau principal de l’Office de Tourisme. Téléphone : 00 30 28103 99228 Horaires : du mardi au vendredi, de 9 h à 14 h et de 17 h à 21 h ; le samedi, de 9 h à 14 h. Ces horaires peuvent être modifiés. Prix d’entrée : gratuit, mais certaines expositions temporaires sont payantes. |
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| La place Éleuthère Venizélos (Πλατεία Ελευθερίου Βενιζέλου / Plateía Eleftheríou Venizélou) | De forme triangulaire, la place Venizélos est le cœur de l’animation de la ville close, au carrefour des grandes artères qui relient le centre-ville aux portes ouvertes dans l’enceinte fortifiée (n° 1 sur le plan). Du nord de la place Venizélos part la Rue du 25-Août qui descend vers le vieux port ; vers le sud-est part la rue Dédale (οδός Δαιδάλου / Odós Daidálou), une rue piétonnière où il fait bon flâner et où l’on trouve quelques tavernes, des boutiques de souvenirs et d’artisanat crétois (bijoux réputés, icônes) ; parallèle à la rue Dédale, la Rue de la Justice (οδός Δικαιοσύνης / Odós Dikaiosínis) conduit vers la Porte Saint-Georges du bastion de Vitturi ; vers le sud-ouest, au-delà de la Place Nicéphore Phocas (Πλατεία Νικηφόρου Φωκά / Plateía Nikifórou Foká), la Rue de 1821 part en direction de la Porte de Bethléem ; vers l’ouest, l’Avenue Kalokairinos (Λεωφόρος Καλοκαιρινού / Leofóros Kalokairinoú) se dirige vers la Porte de Panigra, en direction de La Canée ; vers le nord-ouest, la Rue de Chandax (οδός Χάνδακος / Odós Chándakos) est l’une des rues piétonnières les plus fréquentées de la vie nocturne de la ville ; elle suit le tracé de l’ancienne muraille de la vieille ville de Chandax jusqu’à la baie de Dermatas. Pendant l’occupation arabe, aux IXe et Xe siècles, la place Venizélos abritait le plus grand marché aux esclaves de la Méditerranée orientale. Sous la domination vénitienne la place était déjà le centre de la vie sociale, à proximité de la basilique Saint-Marc et du palais ducal. La place Venizélos, dallée et réservée aux piétons, est le point de rencontre favori des autochtones et des touristes, à toutes heures du jour et de la soirée, été comme hiver ; la foule se presse dans les cafés à bougatsas (μπουγάτσα), les bars à souvlakis (σουβλατζίδικο / souvlatzídiko) et les tavernes de la place, et déborde sur le portique de l’ancienne basilique Saint-Marc ; les terrasses du premier étage de certains restaurants offrent une vue sur l’animation de la place. La place est dédiée à l’homme d’état grec Éleuthère Venizélos (1864-1936), mais elle est plus souvent nommée Place aux Lions (Πλατεία Λιονταριών / Plateía Liontarión) ou « Liondaria » (Λιοντάρια / Liontária), à cause de la fontaine décorée de quatre sculptures de lions qui se trouve en son centre. |
| La fontaine de Morosini (Κρήνη Μοροζίνι / Kríni Morozíni) | La fontaine de Morosini se trouve au centre de la place Venizélos, en face de la basilique Saint-Marc (n° 1 sur le plan) ; cette jolie fontaine vénitienne est le plus souvent nommée la « Fontaine aux Lions » (Κρήνη Λιοντάρια / Kríni Liontária), en raison de la présence des lions qui la décorent. La fontaine doit son nom au Provéditeur Général de Candie, Francesco Morosini, qui la fit construire en 1628 ; la fontaine de Morosini fut inaugurée le 25 avril 1628, jour de la fête de saint Marc, le saint patron de Candie à l’époque vénitienne. Ce Francesco Morosini fut duc de Candie (Duca di Candia) de 1612 à 1614 et Provéditeur Général (Provveditore Generale) de Candie de 1625 à 1628 ; il ne doit pas être confondu avec son neveu Francesco Morosini (1619-1694) qui fut commandant des forces terrestres pendant la majeure partie du siège de la place de Candie, entre 1648 et 1669. Le Provéditeur Général Francesco Morosini fit amener l’eau courante à Candie, en construisant un aqueduc, d’une douzaine de kilomètres de longueur, entre la source de Pélékita (Πελεκητά) dans la région d’Archanès, près du mont Giouchtas, et le centre de la cité ; le projet ne prit que 15 mois. Cet aqueduc de Morosini (Υδραγωγείο Μοροζίνι) est encore visible en différents endroits, comme au pont-aqueduc de Sylamos (Σύλαμος) dans les gorges de Sainte-Irène (Φαράγγι της Αγίας Ειρήνης) ou gorges de Knossano (Κνωσανό Φαράγγι) ; l’aqueduc pénétrait dans la ville close aux environs de la Porte Saint-Georges et suivait le tracé de l’ancienne muraille de Chandax jusqu’à l’ancienne Porte Il Voltone, près de la fontaine. Sous la fontaine de Morosini on peut voir les fondations de cet ancien aqueduc, à travers quatre hublots éclairés ; trois de ces hublots sont situés dans l’eau, mais le plus grand se trouve à côté de la fontaine. Aller à l’aqueduc de Morosini avec Google Maps (35.260769, 25.159966). Malgré sa vocation utilitaire, la fontaine de Morosini a le charme des ouvrages vénitiens. Le bassin présente une forme octogonale, avec, à chacun des huit angles, une sorte de lobe faisant ressembler la fontaine à une fleur à huit pétales ; cette disposition n’était pas seulement esthétique : elle permettait à un plus grand nombre de personnes de puiser de l’eau en même temps, environ cinq personnes par lobe, soit quarante personnes au total. Les parois du bassin et des lobes sont décorées d’élégants bas-reliefs en marbre évoquant la mythologie du monde marin et aquatique : néréides, nymphes, sirènes, tritons, hippocampes, dauphins et même des chérubins et autres créatures mythologiques … Cette décoration sculpturale est l’œuvre de Thomas Benetos, dit Frabenetos, et de ses frères Michele et Matteo, sculpteurs originaires de Réthymnon. Les écussons portant des armoiries ont visiblement été martelés et les bas-reliefs ont aussi été endommagés sous l’occupation ottomane pour placer des robinets. Au centre du bassin se trouve un piédestal où se dressent quatre lions supportant une vasque de marbre ; l’eau potable se déverse par les gueules des quatre lions. D’après une médaille que Morosini avait fait graver lors de l’inauguration de la fontaine, on sait qu’à l’origine se dressait sur le piédestal une statue géante du dieu Poséidon (Ποσειδώνας) juché sur un dauphin et brandissant un trident, figure plus en rapport que des lions avec le monde aquatique. Pour cette raison, la fontaine était alors surnommée la « Fontaine du Géant » (Fontana del Gigante / Κρήνη του Γίγαντα) ou le « Géant » (Gigante / Τζιγάντε). Cette statue de Poséidon, Neptune pour les Romains, fut détruite sous l’occupation ottomane, peut-être par un tremblement de terre, et on ignore ce qu’elle est devenue. Les sculptures de lions qui ont remplacé la statue proviendraient d’une fontaine plus ancienne, datant du XIVe siècle. Les Turcs firent d’autres modifications à la fontaine de Morosini : au milieu du XIXe siècle, vers 1847, le pacha Mustapha Naili (Mustafa Naili Paşa) fit dresser des colonnes de marbre supportant un entablement où était inscrit en lettres d’or « Fontaine d’Abdülmecid » (Συντριβάνι Αμπντούλ Μετζίτ), dédiant la fontaine au sultan de l’époque, Abdülmecid Ier (Abdülmecîd-i evvel), sultan de 1839 à 1861, qui visita la ville en 1850. La place Venizélos se nommait alors « Place du Bassin » (Havuz Meydanı). À la libération de la Crète, en 1900, ces ajouts turcs furent supprimés. |
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| La rue de la Justice (οδός Δικαιοσύνης / Odós Dikaiosýnis) | La Rue de la Justice relie le centre-ville au bastion de Vitturi au sud-est, à côté duquel se trouve le Musée archéologique ; la rue suit le tracé de l’ancienne muraille de la vieille ville de Chandax. Sur la droite de la rue se trouve le Palais de Justice, d’où le nom de la rue ; jusqu’en 1975, après l’instauration de la République par le régime des colonels, la rue se nommait Rue du roi Constantin (Odós Βασιλέως Κωνσταντίνου) ; un peu plus loin, se trouve la Préfecture de la région de Crète (Περιφέρεια Κρήτης). Derrière le Palais de Justice et la Préfecture se trouve la petite place Daskaloiannis (Πλατεία Δασκαλογιάννη / Plateía Daskalogiánni) avec son buste, dédiée au héros de la révolte crétoise de 1770 contre les Turcs ; on y trouve aussi le bureau de poste principal. La Rue de la Justice aboutit à la Place de la Liberté. Au n° 53 de la Rue de la Justice se trouve le siège crétois de l’Association Grecque d’Alpinisme (Ελληνικός Ορειβατικός Σύλλογος, ΕΟΣ), qui organise des randonnées en montagne, du torrentisme, des visites de grottes, du ski en hiver … Téléphone : 00 30 2810 227 609 Site sur la Toile : eos-her.gr |
| La place de la Liberté (Πλατεία Ελευθερίας / Plateía Eleftherías) | La place de la Liberté est la plus vaste place d’Héraklion (n° 2 sur le plan) ; elle fut construite sur ce qui était, à l’époque vénitienne, la Place d’Armes (Piazza d’Armi) ou Champ de Mars (Campo Marzio), où la troupe s’exerçait, à l’arrière du bastion de Vitturi. La place était autrefois nommée Place des Trois Arches (Τρίς Καμάρες / Trís Kamáres) parce que s’y dressaient les trois arches qui soutenaient l’aqueduc de Morosini qui se dirigeait vers la fontaine de Morosini ; ces arches furent démolies par les Turcs au XIXe siècle. La Place de la Liberté est une place peu attrayante, plantée de quelques palmiers et eucalyptus et décorée de pylônes métalliques censés évoquer des mâts de navire ; on y trouve aussi quelques statues de grands hommes crétois, tels que Venizélos ou Kazantzakis. La place est entourée de voies de circulation très importantes et très bruyantes, où se trouvent de nombreux arrêts de bus. Du nord de la place part le Boulevard Duc de Beaufort (Λεωφόρος Δούκος Μποφώρ / Leofóros Doúkos Bofór), qui longe les remparts par l’intérieur, passe derrière le Musée archéologique, puis descend vers la citerne de Zane, l’ancien arsenal vénitien, le port et la gare principale des autobus, en passant devant le grand hôtel de prestige, l’hôtel Mégaron. Vers l’est, près de la Porte Saint-Georges, part l’Avenue Icare (Λεωφόρος Ικάρου / Leofóros Ikárou), en direction de l’aéroport. Vers le sud l’Avenue de la République suit les remparts par l’extérieur pour se diriger vers la côte sud de l’île, notamment vers Iérapétra. Du côté oriental de la place, face à la statue du Soldat inconnu (Άγαλμα Αγνώστου Στρατιώτη), part la Rue de la Justice en direction du centre-ville. L’ancien couloir vénitien du XVIe siècle, récemment restauré, relie la place de la Liberté à la Porte vénitienne Saint-Georges (Ένετική Πύλη Αγίου Γεωργίου) qui débouche sur l’Avenue Icare. |
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