| Le village de Kritsa, le plateau de Katharo et les ruines de la cité dorienne de Lato en Crète | |
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| Présentation générale | Kritsa (Κριτσά / Kritsá) est un village de moyenne montagne, situé dans l’est de la Crète, à mi-chemin entre le plateau du Lassithi et le golfe de Mirambello. C’est l’un des villages crétois les plus anciens, le peuplement de ce site remontant au IIe millénaire avant JC, à l’époque minoenne. Ce village a conservé son caractère traditionnel et il est connu dans toute la Crète ; il est également célèbre auprès des agences de tourisme et il est la destination de très nombreux voyages organisés. Kritsa est aussi connu pour une église toute proche, Notre-Dame Kéra, datant de l’époque byzantine et pour les ruines d’une cité dorienne situées à 3 km du village, les ruines de Lato. Kritsa fait partie de la province du Lassithi, de la commune et du canton d’Agios Nikolaos. Sa population est d’environ 1 300 habitants, les Kritsotes (Κριτσώτες) ; 2 500 habitants avec les hameaux environnants. |
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| Le village de Kritsa se trouve à environ 6 km de la côte du golfe de Mirabello, à l’est de la petite station balnéaire d’Ammoudara (Αμμουδάρα) et à 15 km au nord-ouest d’une autre petite station balnéaire, Istro (Ίστρο). La préfecture de la province du Lassithi et chef-lieu de la commune, Agios Nikolaos, est à une dizaine de kilomètres au nord-est par la route. Depuis Saint-Nicolas la route vers Kritsa, via Mardati (Μαρδάτι), prend vite de l’altitude et offre une vue superbe sur la baie de Mirabello. À 600 m avant d’arriver au village on peut prendre un chemin sur la droite qui conduit à l’église Notre-Dame Kéra. Une ligne d’autocars relie Saint-Nicolas en 15 min, toutes les heures en saison, avec un arrêt à l’entrée du village. Une autre route provinciale, via Flamouriana (Φλαμουριάνα), passe d’abord près des gorges de Kritsa (Φαράγγι Κριτσάς / Farággi Kritsás) et des ruines de la cité dorienne de Lato avant d’atteindre Kritsa. Le village est en grande partie piétonnier ; pour les visiteurs en automobile il est possible de se garer sur un parc de stationnement situé en bas du village, au-dessus du cimetière ; il y a un autre parc de stationnement en haut du village. Le village est bâti, entre 250 m et 360 m d’altitude, sur le flanc d’une colline rocheuse plantée d’amandiers. Entre le village et la côte s’étend une vaste zone de collines où est cultivée la grande oliveraie de Kritsa. Kritsa est situé sur les contreforts orientaux du massif du Dicté, à seulement 15 km du point culminant du massif, le mont Dicté (2 148 m), et du mont Lazaros (2 085 m). Un chemin de randonnée, d’environ 16 km, monte depuis le village vers le plateau de Katharo (Οροπέδιο Καθαρού / Oropédio Katharoú), situé en contrebas du massif, à environ 1 130 m d’altitude ; sur le plateau on peut découvrir une flore rare et endémique ; le musée d’histoire naturelle « Rodanthi » de Kritsa présente cette flore. Au nord de Kritsa un autre chemin de randonnée conduit dans les gorges de Kritsa (Φαράγγι Κριτσάς), longues de 4 km et, parfois, larges de seulement 1,50 m, formées par la rivière Kalos Potamos (Καλός Ποταμός) qui se jette dans le golfe de Mirabello à Istro ; un peu plus au nord se trouvent les ruines de la cité dorienne de Lato. À 6 km au sud se trouve le village de Kroustas. |
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| Le village de Kritsa (Κριτσά / Kritsá) | Le village de Kritsa s’étire en amphithéâtre sur le flanc de la colline de Kastellos (Κάστελλος) et on dit qu’il présente la forme d’un scorpion, visible depuis la route de Kroustas, notamment le soir quand le village est éclairé. La colonne vertébrale de ce « scorpion » – si les scorpions avaient une colonne vertébrale – est la rue principale du village, la rue de la « Fille de Kritsa » (οδός Κριτσωτοπούλας / Odós Kritsotopoúlas) qui tire son nom du surnom d’une héroïne, Rodanthi (Ροδάνθη), fille du protopope de Kritsa, éduquée à l’école clandestine du monastère de Fanéroméni, qui rejoignit la révolte crétoise de 1821 pour échapper à un mariage forcé avec un pacha turc et combattit les occupants, travestie en garçon ; elle fut tuée au combat en 1823 ; sur la place principale de Kritsa un buste de Rodanthi a été érigé. Kritsa fut détruit à plusieurs reprises en raison de l’ardeur révolutionnaire de ses habitants qui étaient toujours actifs dans les combats de libération de l’île ; c’est l’un des rares villages crétois où il n’y ait jamais eu d’habitants turcs. La rue principale est bordée de cafés, de tavernes et de boutiques d’artisanat qui ont fait la célébrité de Kritsa. Depuis les terrasses situées à l’arrière de certains cafés, il est possible d’admirer la vue sur la plaine côtière et sur le golfe de Mirabello. De part et d’autre de la rue principale s’étend un pittoresque réseau de ruelles voûtées et d’escaliers bordés de maisons blanches et ocres accrochées à la colline. La prospérité de Kritsa à la fin du Moyen Âge est attestée par le grand nombre d’églises décorées de fresques que l’on trouve dans la région. En raison de sa taille et de sa riche décoration de fresques byzantines, l’église Notre-Dame Kéra est la plus importante de toutes ces églises. Dans le cimetière, situé un peu avant le parc de stationnement, se trouve l’église Saint-Jean Baptiste (Άγιος Ιωάννης Πρόδρομος / Ágios Ioánnis Pródromos), de 1370, avec des fresques. À la sortie du village en direction de Kroustas, à gauche après le pont, l’église à nef unique Saint-Georges Kavousotis (Άγιος Γεώργιος Καβουσιώτης), recèle des fresques du XIIIe siècle et du début du XIVe siècle, plutôt en mauvais état ; plus loin sur la route de Kroustas se trouve l’église Saint-Jean le Théologien (Άγιος Ιωάννης Θεολόγος / Ágios Ioánnis Theológos), très belle par son architecture. En 1956 le village de Kritsa a servi de décor au tournage de certaines scènes du film réalisé par Jules Dassin « Celui qui doit mourir » (1957), d’après le roman de Nikos Kazantzakis « Le Christ recrucifié ». Dans son autobiographie « Je suis née grecque », Mélina Mercouri rapporte les anecdotes de ce tournage pour lequel les habitants de Kritsa avaient été embauchés comme figurants. Le charme traditionnel de Kritsa en a malheureusement fait une cible favorite des agences de tourisme locales : pendant la haute saison les autocars y déversent des flots de visiteurs tout au long de la journée ; les touristes envahissent les boutiques de souvenirs vendant principalement des produits de l’artisanat local : tissus, broderies, dentelles, tapis de laine, objets en bois d’olivier et cuirs, comme des bottes crétoises traditionnelles en cuir ou, plus modestement, des sandales ; les articles restent chers mais leur authenticité est garantie : de vieilles villageoises, assises devant leurs boutiques, travaillent à confectionner des napperons au crochet. Cet afflux touristique n’a pas réussi à gâcher le charme de Kritsa : le soir venu ou en fin de saison, quand les ruelles sont laissées aux seuls habitants des lieux, le village retombe dans une agréable quiétude. Il est même envisageable de séjourner à Kritsa, pour goûter à l’authentique atmosphère crétoise, loin du tumulte de la côte : des auberges, comme l’Argyro (Αργυρώ) (site sur la Toile : www.argyrorooms.com), disposent de quelques chambres confortables. |
| L’église Notre-Dame Hodigitria (Παναγία Οδηγήτρια / Panagía Odigítria) | En montant vers le centre du village depuis le parc de stationnement, on peut voir sur la droite une grande église, Notre-Dame Hodigitria, la « Vierge qui montre le chemin » . | | Sur la gauche, de l’autre côté de la rue, une ruelle conduit à une église, beaucoup plus petite mais plus charmante, cachée derrière un portail surmonté d’un motif tréflé, l’église Saint-Georges. | |
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| | Le musée Kritsotopoula (Μουσείο Κριτσωτοπούλας / Mouseío Kritsotopoúlas) | Le Musée Historique et Folklorique de Kritsotopoula est abrité dans la maison authentique de Rodanthi, alias Kritsotopoula ; il présente de façon exceptionnelle l’histoire de Rodanthi, tout en gardant son mythe intact et inoubliable. Les objectifs du musée sont la conservation du patrimoine culturel, la narration de l’histoire de Kritsotopoula et surtout la collecte, la préservation, la conservation et la mise en valeur de tout matériel historique et folklorique, pour la promotion culturelle de Kritsa et des régions environnantes ; les objets exposés présentent la vie quotidienne et le mode de vie des habitants de cette époque-là. L’histoire de Rodanthi se déroule entre 1817 et 1823, à l’époque où la Crète était sous occupation turque. « Fille de l’archiprêtre du village, Rodanthi a eu un début de vie béni et une belle enfance, jouant dans les ruelles étroites de Kritsa. Elle était encore une petite fille, quand son père l’a envoyée au monastère de Faneromeni (c’est-à-dire de « la Révélée »), où fonctionnait une école secrète, pour qu’elle soit instruite. Dans le monastère, le maître de Rodanthi a réussi à renforcer la soif de connaissances de la petite fille et surtout sa soif de Liberté. Le temps coulait et les saisons se succédaient. Rodanthi, jeune fille maintenant, retourne à Kritsa et à la vie quotidienne de la région. Un matin, assise sur son métier à tisser, elle commence à chanter. Elle ne savait pas que Khursit Pacha, habillé en paysan, errait dans le village. Ensorcelé par sa voix et par sa beauté, il retourne à Houmeriako et demande à son ami fidèle, Orner, d’enlever la jeune chrétienne et de la lui emmener. Le lendemain, Orner part pour Kritsa pour satisfaire le désir de son agha (despote turc). Hélas, ce jour-là les hommes du village, ainsi qu’un bon nombre de femmes, étaient absents, parce qu’ils étaient allés à l’enterrement d’un chef militaire, à Tapes. Rodanthi et sa mère étaient assises dans la cour de la maison et lorsqu’elles ont entendu le piétinement des chevaux, elles ont compris que quelque chose n’allait pas bien. Tout de suite, l’épouse du prêtre envoie sa fille s’enfermer dans la maison et se cacher. Lorsqu’Omer arrive avec son escorte chez Rodanthi, il commence à la chercher, tandis que la mère essayait en vain de les empêcher. Furieux, ils se sont élancés dans la maison, renversant et détruisant tout ce qu’ils rencontraient, jusqu’à la grange où ils ont trouvé Rodanthi cachée sous un tas de paille. Ils l’ont tirée par les cheveux pour la forcer à les suivre. Sa mère essayait en vain de la protéger, hurlant et ignorant les coups qu’ils lui donnaient et essayant de protéger Rodanthi avec son corps. Alors, Omer a renversé en arrière la tête de la mère, la tirant par les cheveux, et il l’a égorgée devant les yeux de sa fille. Rodanthi, ensanglantée par le sang de sa mère, s’évanouit et c’est ainsi qu’Orner parvient à l’enlever. Dans l’après-midi, Omer arrive à Houmeriako, chez Khursit, et livre Rodanthi aux femmes turques qui l’ont lavée et l’ont préparée pour la cérémonie du mariage. Tard dans la soirée, après la cérémonie, le couple est resté seul, mais Rodanthi arrive à déjouer Khursit, le désarme et l’attaque avec rage, en le frappant avec le stylet de Khursit à plusieurs reprises. Elle enlève sa robe de mariée ensanglantée et met les vêtements de Khursit, fourbit les armes de Khursit et s’enfuit par une porte latérale. Marchant toute la nuit et essayant d’échapper aux Turcs, elle arrive à Zenia, un village près du plateau du Lassithi et elle trouve refuge dans l’église de Saint-Jean. Stigmatisée comme mariée turque, elle ne pouvait plus retourner à son pays natal. Ainsi, les larmes aux yeux, elle natte et puis se coupe les cheveux, en utilisant le même couteau avec lequel elle avait égorgé Khursit. Rodanthi parvient à entrer dans la troupe du Capitaine Kazanis et porte le prénom masculin de « Manolis » ou « Spanomanolis ». C’est comme ça que ses compagnons d’armes l’appellent, croyant qu’elle était un homme. Elle apprend peu à peu à faire la guerre et elle lutte en même temps, intrépidement et courageusement. Cependant, après le massacre de Khursit, les Turcs étaient fous de colère et avaient décidé de ravager Kritsa. Alors, ils détruisaient tout sur leur passage. On a vite connu les nouvelles et tous les chefs militaires se sont rassemblés dans les environs de Kritsa. Les Crétois et les Turcs luttaient sans merci dans la région de Koutaranto et ce combat est considéré comme l’un des plus grands de l’Histoire. Durant cette bataille, Rodanthi rencontre Orner, se jette sur lui avec rage et le tue, après lui avoir révélé son identité. Malheureusement, un janissaire blesse Rodanthi à la poitrine, en passant la jeune fille au fil de l’épée. Rodanthi tombe … Au crépuscule, l’image de la bataille terminée était épouvantable … Allongée sur la terre sanglante, les vêtements trempés de sang, Rodanthi priait ses compagnons d’armes de la transporter chez l’archiprêtre du village, à Kritsa. En la transportant chez son père, ils se sont informés qu’il était lui aussi gravement blessé. C’était en ce moment-là que Rodanthi a pleuré pour la première fois depuis des mois ! Alors on a su la vérité sur « Spanomanolis »: lorsqu’on a dégrafé sa chemise pour soigner la plaie, on s’est rendu compte que leur compagnon d’armes était une jeune fille. Rodanthi a essayé de s’approcher de son père et, de toutes ses forces, elle a chuchoté: « Je suis Rodanthi … ta fille ». Au petit matin, on les a enterrés ensemble, le père et sa fille, côte à côte, dans la cour de l’église, auprès des os de sa mère. La mort de Rodanthi a effacé pour toujours ce moment fugace où les Crétois de Minos ont pu voir la fin de leur esclavage. » Visite du musée Kritsotopoula : Adresse: 73 rue Kritsotopoula. Horaires : du lundi au vendredi, de 11 h à 16 h. Téléphone : 00 30 2841 0 51 545 Courriel : museumkritsotopoulas@gmail.com | |
| L’église du Seigneur Christ (Αφέντης Χριστός / Aféntis Christós) | L’église du Seigneur Christ se trouve à l’extrémité nord-est du village de Kritsa, dans un quartier qui conserve son caractère médiéval et coïncide à peu près avec « Cristos », l’un des trois villages (Chipriana, Cornarata, Cristo) qui composaient la partie résidentielle de Kritsa à l’époque vénitienne. L’église est à 150 m au nord de la maison-musée Kritsotopoula : c’est de cette église que le père de la « Kritsotopoula » était le pope. L’église du Christ a été construite en trois phases : à l’origine, aux XIIe et XIIIe siècles, une petite église voûtée en berceau à une seule cellule a été érigée, dédiée à la Transfiguration du Christ ; dans la deuxième phase, au début du XIVe siècle, un bâtiment carré à caractère funéraire a été ajouté à l’ouest et dans la troisième phase, en 1877, le bas-côté nord, dédié aux saints Anargiroi, a été construit. L’église, selon une inscription, a été rénovée en 1615 ; le nom de famille du donateur Georges Mazizanis indique une présence de trois cents ans de la famille Mazizani dans la région, puisque ses membres sont représentés à l’église Panagia Kéra à Kritsa au XIVe siècle. L’église d’origine était enduite de mortier de sable à la chaux. Plus tard, l’église a été décorée de fresques d’art provincial qui ont survécu par fragments, datant probablement de la fin du XIIe siècle ou du début du XIIIe siècle. Le bâtiment de l’ouest, voûté en croix, est également décoré de peintures murales mieux conservées. La plupart, dans la partie supérieure, représentent des scènes du cycle du Jugement dernier. Le caractère eschatologique du programme iconographique et le portrait du donateur mort, sur le mur ouest, suggèrent le caractère funéraire de l’édifice. Les peintures sont l’œuvre du même atelier qui a créé les fresques de l’allée centrale de l’église Panagia Kéra à Kritsa dans un style qui a été décrit comme une version provinciale des formes mixtes de l’art byzantin moyen avec des éléments du vocabulaire visuel paléologue ancien. Ce style, répandu dans la région de Mirabello, a été daté des deux premières décennies du XIVe siècle. L’église a été restaurée dans les années 2011-2015. |
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| L’église Notre-Dame Kéra (Παναγία η Κερά / Panagía i Kerá) | L’église Notre-Dame Kéra se trouve quelque 600 m avant d’arriver à l’entrée sud-est du village de Kritsa en venant depuis la côte ; on peut se garer sur un parc de stationnement à droite de la route, en face de la taverne Paradisos ; un chemin de quelques dizaines de mètres, indiqué par un panneau routier, conduit jusqu’à l’église, cachée au milieu d’un bosquet de cyprès et de pins un peu à l’écart de la route. La Panagia i Kera est une église byzantine qui date du début de la domination vénitienne de la Crète, au XIIIe siècle. L’église est composée de trois nefs voûtées juxtaposées se terminant toutes par une abside arrondie. La plus ancienne et la plus grande des nefs est la nef du milieu qui est surmontée d’une coupole centrale ; elle a probablement été édifiée à l’époque byzantine et reconstruite au début de l’époque vénitienne ; les nefs latérales ont été édifiées ultérieurement, au XIVe siècle, et sont soutenues par de puissants contreforts, construits encore plus tard. La nef centrale et la nef du nord communique par une petite porte. Au XVIe siècle, l’église a reçu des frontons sur ses façades est et ouest, rappelant les prototypes de la Renaissance. La présence d’influences vénitiennes est illustrée par la forme des fenêtres des bas-côtés et du dôme. Notre-Dame Kéra est surtout célèbre pour le remarquable ensemble de fresques byzantines qu’elle recèle, datant principalement des XIVe et XVe siècles ; il s’agit de l’ensemble byzantin le plus complet de Crète, aux coloris raffinés, qui témoigne de la technique du clair-obscur utilisée à cette époque. Les fresques, organisées en quatorze panneaux, couvrent les murs et les absides des nefs, ainsi que le dôme de la coupole ; l’intérieur de l’église est entièrement peint. Les fresques sont toutes très retouchées et entièrement restaurées. Les fresques de chacune des nefs sont inspirées de thèmes majeurs différents, entrecoupés de portraits de saints et d’apôtres, y compris un saint de l’église catholique romaine, saint François d’Assise, ce qui est rare dans les églises crétoises et dénote l’influence vénitienne. Les fresques de la nef du sud, la nef de droite, la première nef rencontrée en venant de l’entrée, sont consacrées à la Sainte Famille : sainte Anne (Αγία Άννα), la mère de la Vierge, Joachim (Ιωακείμ), le mari de sainte Anne, et la Vierge Marie enfant jusqu’au voyage à Bethléem ; sur la gauche de la nef, le « Voyage à Bethléem » (Ταξείδιον εις Βηθλεέμ), de la première moitié du XIVe siècle ; sur la droite de la nef, la « Naissance de la Vierge » (Γέννηση της Θεοτόκου) ; sur la gauche de la voûte, une « Bénédiction de la Vierge Marie par les Prêtres » (Ευλογία της Θεοτόκου υπό των ιερέων) ; une « Annonce aux Bergers » (Ευαγγελισμός των Ποιμένων) de la naissance du Christ ; sur la gauche, une « Scène de Joachim » (Σκηνή των Ιωακείμ) ; une « Flatterie de Marie » (Κολακεία της Θεοτόκου) ; sur la droite une « Maison de Joachim » (Οικία των Ιωακείμ) ; la « Présentation de Marie au Temple » (Εισόδια της Θεοτόκου) ; sainte Anne est représentée dans la niche de l’abside de la nef, au-dessus d’un saint Jean le Précurseur (Ιωάννης ό πρόδρομος). Les scènes de la vie de sainte Anne sont enrichies iconographiquement par des scènes des Apocryphes et sont rendues de façon réaliste et expressive. Les représentations des saintes femmes, sainte Irène (Άγια Ειρήνη), sainte Dominique (Αγία Κυριακή) et sainte Barbe (Αγία Βαρβάρα), qui occupent la zone inférieure de la décoration murale, sont impressionnantes, tout comme celle de saint Théodore le Stratilate (Θεόδωρος ο Στρατηλάτης) sur le mur sud : le mouvement et le dynamisme de son cheval rappellent les valeurs esthétiques de la Grèce antique. L’inscription dédicatoire indique que la nef de Sainte-Anne a été reconstruite et peinte avec l’aide de tout le village de « Kretzea » (Kritsa), d’Antonios Lameras (Αντώνιος Λαμέρας) et d’Eiginos, également connu sous le nom de Sinouléto (Σηνουλέτο). | | | La nef centrale a reçu deux couches de fresques : il ne reste que quelques fragments de la première couche, du milieu du XIIIe siècle, dans l’abside et dans les panneaux des arcs soutenant le dôme ; ces scènes sont caractérisées par un rendu linéaire de leurs figures. Au cours des deux premières décennies du XIVe siècle, après de graves dégâts, une seconde couche de fresques a été peinte ; celles-ci recouvrent les surfaces restantes de la nef principale et du dôme, avec des scènes du Cycle Christologique. Cette couche est caractérisée par la coexistence d’éléments de l’art byzantin moyen et du début de l’art paléologien. C’était le travail d’un atelier local qui a peint d’autres églises de la région. Les motifs iconographiques sont abondants et descriptifs, peints dans des panneaux relativement grands. Les scènes de la Cène et du Banquet d’Hérode sont intéressantes avec leurs représentations de tables dressées avec de la nourriture. Le mur occidental est dominé par des scènes d’hommes et de femmes en Enfer, qui font partie de la scène de la Seconde Venue du Christ. La figure de saint François sur la face ouest du pilier nord-ouest, rare dans les églises crétoises, montre l’intéressante intégration d’un saint catholique dans l’iconographie orthodoxe. Les fresques de la nef centrale sont consacrées à la vie de la Vierge. La voûte occidentale, à l’entrée de la nef centrale, comprend huit panneaux : on remarque, sur la gauche de la voûte, un « Banquet d’Hérode » (Συμπόσιο του Ηρώδη) ; toujours sur la gauche de la voûte, une « Dernière Cène » (Μυστικός Δεΐπνος), du XIIIe siècle, montrant de la nourriture et de la vaisselle de l’époque vénitienne, où Judas trempe sa main dans un bol pour se laver les mains ; sur la droite de la voûte, un « Paradis » (Παράδεισος), du XIIIe siècle, avec la Vierge, l’Ange et les Patriarches Abraham, Isaac et Jacob, et une « Descente aux Enfers » (Άδου Κάθοδος) ; toujours sur la droite, une « Naissance du Christ » (Γέννησις Χριστού) ; un « Massacre des Innocents » (Σφαγή των Αθώων). Sur le tambour de la coupole sont peints les douze apôtres et, dans les pendentifs triangulaires de la coupole, les quatre évangélistes : saint Jean, saint Luc, saint Matthieu et saint Marc. Sur la voûte de la coupole, découpée en quatre secteurs par des nervures voûtées : la « Résurrection de Lazare », le « Baptême de Jésus », la « Présentation au Temple » et « L’Entrée à Jérusalem ». Dans l’abside, une « Ascension » (Ανάληψης). | | Les fresques de la nef du nord, à gauche, sont consacrées à saint Antoine l’Ermite (Άγιος Αντώνιος), à la « Seconde Parousie » (Δευτέρα Παρουσία), la Seconde venue du Christ et au « Jugement Dernier » ; elles datent du XVe siècle et sont d’une qualité un peu moindre, sans doute réalisées par des artisans moins compétents. Sur la droite de la voûte, une fresque montre une autre évocation des délices du « Paradis », du milieu du XIVe siècle, avec saint Pierre conduisant Ève à l’entrée de la Jérusalem Céleste, cependant que la Vierge est représentée en compagnie des Patriarches portant les âmes des élus ; une fresque représentant l’« Eau de l’Épreuve » (Τό ύδωρ τής Έλέγξεως), de la première moitié du XIVe siècle ; sur le mur de droite, des saints martyrs sous Dioclétien : Eugène (Άγιος Ευγένιος), Mardaire (Άγιος Μαρδάριος), Oreste (Άγιος Ορέστης) et Anempodistos (Άγιος Ανεμπόδιστος), fresque du milieu du XIVe siècle. Sur le mur du nord, à gauche, sont peints les donateurs qui ont fait édifier la nef de saint Antoine : Georgios Mazizanis (Γεώργιος Μαζηζάνης), sa femme et sa fille, la fille dont le visage a été effacé par le temps ; la femme semble poser sa main droite sur la tête de l'enfant ; c’est une fresque du milieu du XIVe siècle. | | Conditions de visite : Horaires : du mardi au dimanche, de 8 h 30 à 15 h. Prix : 3 €. Téléphone : 00 30 2841 0 51 806. Les photos avec flash sont interdites à l’intérieur de l’église. À côté de l’église se trouvent des échoppes vendant des icônes de reproduction des fresques, excellentes mais coûteuses. |
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| Les ruines de Lato (Λατώ / Lató) | Le site archéologique de la cité antique de Lato se trouve dans la région de Koutarantos (Κουτάραντος), à environ 3 km au nord-nord-est du village de Kritsa, sur la route qui conduit vers la plaine agricole de Lakonia (Έξω Λακώνια) puis vers Saint-Nicolas. Un petit chemin asphalté mène jusqu’à un petit parc de stationnement situé juste avant la billetterie du site ; pour les personnes qui sont venues à Kritsa en autocar, le trajet peut facilement se faire à pied en 45 min à travers les oliveraies. Le site de Lato se trouve à environ 360 m d’altitude, sur un ensellement situé entre deux collines à peine plus élevées ; depuis les hauteurs de la ville, le site offre un magnifique panorama, vers l’est sur le golfe de Mirabello, et, vers l’ouest, sur les contreforts du Lassithi, ce qui justifierait à soi seul la visite. Aller aux ruines de Lato avec Google Maps (35.179981, 25.655486). Lato était une cité antique, fondée par les Doriens ; le nom de la cité proviendrait du nom de Léto (Λητώ), une maîtresse de Zeus dont elle eut deux enfants, les frère et sœur jumeaux Apollon et Artémis, à la grande fureur d’Héra, l’épouse légitime de Zeus. Lato (Λατώ) serait une déformation dorienne du nom de la déesse. Dans l’Odyssée Homère raconte que Léto, lorsqu’elle donna naissance au dieu Apollon sur l’île de Délos, fut assistée par Ilithyie (Ειλείθυια / Eileíthuia), la déesse grecque de l’accouchement, une déesse sans doute d’origine minoenne. Cela expliquerait qu’Ilithyie ait été la principale déesse adorée dans la cité de Lato ; des pièces de monnaie frappées à son effigie ont été retrouvées dans les ruines de la cité. La cité dorienne de Lato fut fondée par les Doriens vers le VIIe siècle avant JC, bien que certaines découvertes suggèrent qu’un peuplement existait déjà sur ce site dès le XIIe siècle avant JC, à l’époque minoenne tardive. Lato était l’une des principales cités doriennes de Crète ; son territoire s’étendait, du côté de la côte, depuis la région d’Ellinika (Ελληνικά), nommée Aphrodision (Άφροδίσιον) dans l’Antiquité, entre la presqu’île de Spinalonga et l’actuelle ville d’Agios Nikolaos, jusqu’à l’actuel village d’Istro (Ίστρον) ; du côté de la montagne son territoire couvrait jusqu’au plateau de Katharo. Lato tenait donc une position stratégique contrôlant le passage du centre à l’est et le passage le plus court du nord au sud de la Crète. Au nord du territoire de Lato se trouvait le territoire d’Olous, la grande cité rivale de Lato, de nos jours Élounda. Le port de Lato, Kamara (Καμάρα), se trouvait près de l’emplacement de l’actuelle ville de Saint-Nicolas. Les habitants de Lato (Λατίων) participèrent à la Ligue des villes crétoises, concluant des traités avec Gortyne (Γόρτυνα), Éleutherne (Ελεύθερνα), Lyttos (Λύττο), Hiérapytna (Ιεράπυτνα), Olous (Ολούντας), Milétos (Μίλητο) et aussi avec les rois de Pergame, Attalos Ier (Ατταλο Α) et Eumène II (Ευμένη Β). Cependant, Lato fut en conflit permanent avec la ville voisine d’Olous, pour l’aménagement des frontières entre les deux cités. Néarque (Νέαρχος) (vers 360-312 avant JC), un des amiraux d’Alexandre le Grand, serait originaire de Lato. Lato fut prospère jusqu’au IIIe siècle avant JC ; sous la domination romaine l’importance de Lato Étéra (Λατώ η Ετέρα) déclina au profit de son port, Lato pros Kamara (Λατώ η προς Καμάρα), plus facilement accessible ; entre le IIIe et le IIe siècle avant JC, Lato pros Kamara, comme la plupart des villes portuaires crétoises, connut une période de grande prospérité grâce aux échanges commerciaux maritimes avec d’autres populations du monde antique. Lato Étéra fut progressivement abandonnée par ses habitants, qui déménagèrent vers le port. La cité de Lato était bâtie au bord d'un poljé karstique, fertile et riche en eau, abrité au creux de deux collines rocheuses qui servaient sans doute de postes d’observation, sans être de véritables acropoles. L’étendue des ruines atteste de l’importance de Lato à l’époque classique ; les bâtiments s’étageaient sur des terrasses aménagées sur les pentes de la colline située au nord du quartier civique, la colline de Goulas (Γουλάς) ; le quartier civique comprenait les édifices habituels d’une cité grecque : une agora, un temple, un portique, un théâtre … Comme la plupart des cités doriennes, Lato était une cité fortifiée, entourée d’un puissant mur de fortification. La porte principale, ouverte dans le mur, se trouvait à l’ouest. | Légende du plan du centre de la ville : 1 : Porte principale (Κύρια πύλη). 2 : Boutiques et ateliers (Μαγαζιά και Εργαστήρια). 3 : Portique (Στοά). 4 : Exèdre (Εξέδρα). 5 : Sanctuaire (Ιερό). 6 : Citerne centrale (Κεντρική δεξαμενή). 7 : Prytanée (Πρυτανείο). 8 : Agora (Αγορά). 9 : Grand Temple (Μεγάλος ναός). 10 : Espace théâtral (Θεατρικός χώρος). 11 : Maison du Temple (Οικία του ναού). 12 : Maisons du Prytanée (Οικίες του Πρυτανείου). I-VII : Terrasses (Άνδηρα). | C’est à la Porte de l’Ouest que débute la visite du site archéologique : depuis la billetterie un sentier de terre battu, d’environ 150 m de longueur, monte jusqu’à cette Porte de l’Ouest (n° 1 sur le plan). La Porte de l’Ouest était constituée de trois portes successives séparées par deux cours intérieures rectangulaires afin de contrôler d’éventuels assaillants. Après la Porte de l’Ouest débute la rue principale de la cité, qui se présente comme un escalier de quatre-vingts marches conduisant jusqu’à l’agora. Sur la gauche de la rue principale, du côté nord, se trouvaient des habitations bâties sur sept terrasses successives, de sorte que le toit des maisons inférieures servait de cour aux maisons supérieures (n° I à VII sur le plan) ; ces maisons étaient de plan simple, généralement avec deux pièces carrées, avec un foyer au centre ; des citernes souterraines, taillées dans la roche étaient utilisées pour la collecte de l’eau de pluie pour les besoins des habitants. Du côté droit de la rue principale, entre la rue et la muraille, se trouvaient des boutiques et des échoppes ; la troisième construction sur la droite était un atelier de teinturerie où les fouilleurs ont découvert des pigments à côté d’une fosse (n° 2 sur le plan). Sur la droite on peut aussi voir des vestiges de tours de défense. La rue principale aboutit derrière le portique situé à l’ouest de l’agora (n° 3 sur le plan) ; les portiques, ou stoas, étaient des constructions très répandues dans les cités grecques ; ils étaient composés d’un long couloir couvert délimité, d’un côté par une colonnade, de l’autre par un mur ; les portiques permettaient de s’abriter du soleil ou abritaient des étals de marchands. Sur trois de ses côtés, la stoa de Lato était surélevée de deux marches partiellement taillées dans la roche. À une époque plus récente, l’extrémité sud des ruines du portique a été supplantée par une aire circulaire de battage du blé. Au sud du portique se trouvait une exèdre rectangulaire (n° 4 sur le plan), c’est-à-dire une sorte de banc public. Sur l’agora se trouvait un petit sanctuaire de forme rectangulaire sans colonnes, avec une seule salle et probablement sans toit (n° 5 sur le plan) ; de nombreuses statuettes du VIe siècle avant JC y ont été mises au jour. À côté du sanctuaire il y avait une profonde citerne hypostyle de forme carrée (n° 6 sur le plan), dont le plafond s’est effondré et dont on peut voir les piliers qui le soutenaient ; c’était la plus grande citerne de la ville qui en comptait beaucoup d’autres. L’agora (n° 8 sur le plan) était un espace ouvert de forme rectangulaire qui servait sans doute de marché et de lieu de rencontre. Du côté nord de l’agora une rangée de sept gradins, divisés en trois sections par des escaliers étroits, pouvaient accueillir environ quatre-vingt personnes ; ces gradins étaient probablement utilisés pour participer à des assemblées publiques ou pour regarder des spectacles, comme on en trouve sur les sites minoens de Cnossos et de Phaistos. Les escaliers des gradins permettaient aussi d’accéder à la terrasse supérieure où se trouvait le Prytanée de Lato (Πρυτανείο), datant du IIIe siècle avant JC ; le prytanée était le siège du gouvernement de la cité, le lieu de réunion des magistrats (n° 7 sur le plan). On pénétrait dans le Prytanée à travers une petite cour à péristyle et une porte étroite ; deux hautes tours, construites en gros blocs, entouraient le bâtiment et soutenaient l’étage situé au niveau supérieur. Dans la salle centrale du Prytanée, il y avait un « eschara » (έσχάρα), c’est-à-dire un foyer brûlant jour et nuit en l’honneur de la déesse Hestia ; le foyer était entouré de bancs à deux gradins, chacun pouvant accueillir huit personnes ; c’était l’endroit où les magistrats de la ville (κόσμοι / kósmoi) dînaient et tenaient leurs réunions. Deux salles au nord, à l’arrière du Prytanée, abritaient les archives de la ville. Au sud-est de l’agora, sur une terrasse surélevée soutenue par un mur de soutènement, se trouvent les ruines du grand temple de la ville (n° 9 sur le plan) ; ce grand temple, daté du IVe siècle ou du IIIe siècle avant JC, était de taille plutôt modeste, mesurant 10 m par 16 m ; le grand temple de Lato était consacré à Apollon, le fils de Léto ; il comprenait un sékos carré (σηκός / sikós, la cella des temples romains) - où la base de la statue du culte de la divinité a été trouvée in situ, avec une inscription illisible - et un prodomos rectangulaire (πρόδομος), une sorte de vestibule. Un autel à deux marches se trouvait devant le temple. À côté du temple se trouvait une autre exèdre. À l’est du temple, en contrebas, il y avait une « zone théâtrale » avec des marches en partie construites et en partie taillées dans la roche, d’une capacité de 350 places assises (n° 10 sur le plan) ; une autre plate-forme formait la scène (σκήνη / skéne). Les fouilles archéologiques de Lato débutèrent en 1899-1901, menées par Joseph Demargne de l’École française d’archéologie d’Athènes ; cependant les fouilles ont été délaissées car les archéologues s’intéressaient davantage aux sites minoens de la Crète. La mise au jour systématique des ruines de Lato n’a été reprise qu’en 1967, jusque dans les années 1970, toujours sous l’égide de l’EFA. Les ruines mises au jour sont celles de la cité telle qu’elle se présentait vers le IIIe siècle avant JC ; cependant, les fouilles ont mis au jour des statuettes et des tablettes en terre cuite des VIIe et VIe siècles avant JC, et des fours de potier pour vases et figurines de la même époque. Lato est considérée comme l’une des villes classiques-hellénistiques les mieux conservées de Crète. Visite du site archéologique de Lato : Adresse : à 3 km au nord de Kritsa ; suivre les panneaux « Ville antique de Lato » (Αρχαία Πόλη Λατώ). Horaires : en été, du mardi au dimanche, de 8 h 30 à 15 h. Fermeture de la billetterie à 14 h 30. Prévoir une heure de visite. Téléphone : 00 30 2841 0 22 462. Tarif d’entrée : 3 €. Le site est assez peu fréquenté. |
| Le village de Kroustas (Κρούστας / Kroútas) | Kroustas est un joli village de montagne qui se trouve à environ 5 km au sud de Kritsa ; la montée à Kroustas offre un point de vue exceptionnel sur la mer. Le village est réputé pour sa cuisine traditionnelle et sa rue ombragée de grands mûriers. |
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| Le plateau de Katharo (Οροπέδιο Καθαρού / Oropédio Katharoú) | Le plateau de Katharo (Καθαρό / Katharó) est une plaine d’altitude de la partie orientale de la Crète, dans le département du Lassithi, dans la commune d’Agios Nikolaos. Le plateau de Katharo est situé à l’altitude moyenne de 1 150 m, 300 m plus haut que le plateau du Lassithi voisin qui se trouve à 12 km à l’ouest ; ces deux plateaux font partie du massif du Dicté (Δίκτη) ; une piste accidentée, de 12 km de longueur, relie les deux plateaux, mais elle n’est praticable que par des véhicules tout-terrain. Le plateau de Katharo se trouve à environ 16 km à l’ouest du village de Kritsa ; depuis Kritsa on accède au plateau par une route spectaculaire, escarpée et sinueuse mais assez large et en bon état, où le croisement d’autres véhicules ne pose pas de problème. Agios Nikolaos se trouve à 26 km au nord. Depuis le sud et Iérapétra on peut accéder au plateau de Katharo par des pistes de terre passant par les villages de Malès (Μάλες) et de Kalamafka (Καλαμαύκα). Aller au plateau de Katharo avec Google Maps (35.146615, 25.565916). Le plateau doit son nom au hameau, de nos jours abandonné, de Katharo ; le mot « καθαρός » signifie « pur, propre » ce qui n'est pas usurpé car l'air et l'eau sont particulièrement purs sur ce plateau. | | | À l’ouest du plateau de Katharo se trouvent les sommets de Spathi (Σπαθί) (2 148 m) et de Lazaros (Λάζαρος) (2 085 m), et au nord-est et à l’est se trouvent les sommets de Tsivi (Τσίβη) (1 664 m) et de Platia Koryfi (Πλατιά Κορυφή) (1 489 m). Le plateau de Katharo mesure environ 4 km de longueur par 1 km de largeur ; au milieu se trouve un hameau nommé Avdéliako (Αβδελιακό / Avdeliakó) ; ce serait le village le plus haut de Crète ; les maisons du village sont alimentées en électricité par des turbines à éolienne. Avdéliako ne compte que quelques habitants, principalement des bergers qui amènent leurs troupeaux au printemps, après la fonte des neiges, vers le 15 mai, et qui les remmènent à l’automne, au début du mois de novembre. Pendant l’estive deux ou trois tavernes sont ouvertes et on y mange fort bien, notamment des légumes, des fromages et des fruits produits localement, sous des tonnelles ombragées comme celle de la taverne Stéréos (Στερεός) ; le plateau de Katharo est en effet couvert de champs, de jardins et de vergers, généralement cultivés par les bergers. Le plateau possède un statut de propriété foncière particulier, hérité de son histoire : ce sont des terres communales appartenant au village de Kritsa, et seuls les résidents permanents enregistrés du village ont le droit de construire à Katharo. Le plateau de Katharo est une sorte de « château d’eau » de la Crète : plusieurs cours d’eau y prennent leur source. Au centre et au nord du plateau se trouve le bassin de la rivière Aposélémis (Αποσελέμης) ; les eaux de l’Aposélémis coulent depuis le plateau de Katharo en direction du plateau du Lassithi à travers les gorges de Chavgas (Φαράγγι Χαυγά). Au sud du plateau se trouve la rivière Kryos (Κρυός) (« rivière froide ») qui est alimentée par des sources provenant des monts Spathi (Σπαθί) et Afendis Christos (Αφέντης Χριστός) ; le Kryos se dirige d’abord vers le sud-est et traverse le village de Sélakano (Σελάκανο), puis se dirige vers le sud et se jette dans la mer de Libye aux environs du village de Myrtos ; une partie des eaux du Kryos alimente le barrage de Bramiana (φράγμα των Μπραμιανών) près d’Iérapétra, qui irrigue les cultures sous serres de la région. Grâce à cette abondance de l’eau le plateau de Katharo se couvre au printemps, après la fonte des neiges, d’une flore magnifique. La faune aviaire est également intéressante avec des vautours fauves (Gyps fulvus) et des gypaètes barbus (Gypaetus barbatus). Le plateau de Katharo est également riche en fossiles, notamment des fossiles de grands mammifères tels que des squelettes d’éléphants et d’hippopotames nains datant d’environ 500 000 ans ; les paléontologues pensent que le plateau était à cette époque un lac autour duquel vivaient ces animaux. Les meilleures saisons pour visiter le plateau de Katharo sont le printemps, quand la flore sauvage s’épanouit, et le mois d’août : le 6 août, pour la fête du village, et le premier dimanche suivant le 15 août, quand a lieu la fête des bergers, avec dégustation de fromages et de viandes grillées. Au mois d’août, à l’occasion de la nouvelle lune, quand le ciel est dégagé, le spectacle de la voûte céleste est magnifique dans ce lieu le plus haut de Crète, loin de toute pollution lumineuse. | |
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