| Le hêtre commun (Fagus silvatica) | |
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| | Règne : plantes (Plantae) | Sous-règne : plantes vasculaires (Tracheobionta) | Division : plantes à graines (Spermatophyta) | Sous-division : | Classe : plantes à fleurs (Angiospermae) | Sous-classe : dicotylédones (Dicotyledonae) | Super-ordre : hamamélidés (Hamamelidae) | Ordre : fagales (Fagales) | Famille : fagacées (Fagaceae) | Sous-famille : cupulifères (Cupuliferae) | Genre : hêtres (Fagus) | Sous-genre : | Espèce : Fagus silvatica [Linné] | Variété : | Nom commun : hêtre commun, hêtre des bois | Nom populaire : faou, favinier, fau, fayard, faye, fouteau, fouillard, foyard |
| | | | Rotbuche | | common beech, european beech | | | | pagoa | | | | | | | | faig | | | | faiu, foiu | | obične bukve | | almindelig bøg | | craobh fhaibhile | | haya | | harilik pöök | | | | kuorimaton pyökinpähkinä, pyökki | | hêtre commun | | | | | | ffawÿdden | | | | δασική οξιά | | bükk | | fea | | skógarbeyki | | faggio comune | | parastais dižskābardis | | | | buch | | бука | | | | | | bøk | | | | beuk | | buk zwyczajny | | | | | | Бук | | | | buk lesný | | bukev | | bok | | buk lesní | | бук | | Fagus silvatica |
| Étymologie latine | Fagus silvatica : fagus, i f. : « hêtre ». Étymologie : indo-européen ; du mot grec phagô, je mange ; fruits qui peuvent se manger. cf. dorien phāgós, ionien-attique phēgós « sorte de chêne » (le hêtre n’existe pas en Grèce). |
| Étymologie française | Le nom français moderne « hêtre » est issu du mot germanique Heister (XIIIe siècle). Les noms français anciens « foyard », « fayard » ou « fau » proviennent du latin fagus ; d’où le faouet, fouet, fouine. |
| Étymologie germanique | Le mot allemand « Buchstabe » (lettre, caractère) trouve son origine dans l’utilisation, par les Germains, d’un bâton de hêtre (« Buchenstab ») pour graver des caractères? Une hêtraie se dit « Buchenwald » en allemand. |
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| | Généralités | Le hêtre est l’une des essences les plus majestueuses qui peuplent les forêts européennes. Avec le chêne, cet arbre, au houppier ovoïde ou sphérique, ample en taillis-sous-futaie ou étroit et haut en futaie, est notre grande essence feuillue de plaine. |
| | Port de la plante | Le hêtre est un grand arbre, majestueux, au port érigé. Son aspect varie selon le traitement forestier : - en futaie, il peut avoir un grand tronc très dégagé avec un houppier étroit et des branches dressées. Si l’on se promène en hiver en forêt, l’effet de colonnade des hêtres s’accentue grâce à la brume environnante, ce qui rend l’endroit très joli. Car les hêtres, lorsqu’ils sont serrés, doivent pousser le plus haut possible vers la lumière, les branches basses sont rares et la voûte feuillée réside alors très haut. Le tronc de l’arbre est donc bien visible. Il peut même être dépourvu de branches jusqu’à 15-20 m de hauteur.
- isolé, son tronc est très court avec un houppier ovoïde ou sphérique, large et haut, aux branches étalées à l’horizontale (les branches sont dites plagiotropes).
Fût régulier, puissant et cylindrique. Cime régulière et dense. | |
| Hauteur de la plante | De 30 à 40 m (45) de hauteur. Son tronc dépasse souvent 1 mètre de diamètre et peut atteindre jusqu’à 2 m (2,5) de diamètre et 6 mètres de circonférence. |
| Espèces semblables | Une dizaine d’espèces de hêtres est naturellement très répandue dans la zone tempérée de l’hémisphère Nord. On dénombre aussi une vingtaine de fossiles qui vivaient, pour la plupart, pendant le Tertiaire. |
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| Description de la racine | Les racines du hêtre sont des racines puissantes, apparentes, assez superficielles. De grosses racines se répartissent dans toutes les directions. Elles vivent en symbiose avec des champignons qui fournissent des sels nutritifs et reçoivent des hydrates de carbone. D’autre part, l’ombre épaisse qui règne au pied des hêtres empêche le développement du sous-bois. |
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| | Description de la tige | Le hêtre a un tronc droit, puissant et élevé. Le fût est bien cylindrique et reste sans branche. Le bois n’a pas de nœuds. | | L’écorce du hêtre est lisse, striée horizontalement. L’écorce est très rarement craquelée. Chez les sujets les plus âgés, des fissures à la base du tronc peuvent apparaître. Écorce peu épaisse et plutôt fragile ; le cambium y est presque superficiel, c’est ce qui permet aux cœurs gravés et percés d’une flèche de rester apparents si longtemps. Rameaux fins, gris vert, sans poil. |
| Couleur de la tige | L’écorce du hêtre présente une couleur qui varie du gris argenté (sujet jeune) au gris noirâtre ou gris-vert (arbre adulte), striée horizontalement et tachetée de lichens. De nombreuses « tâches » blanchâtres ou sombres marquent le tronc. |
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| | Description des feuilles | | Le feuillage du hêtre est dense. Les feuilles du hêtre sont caduques, simples, en position alterne et distique. Les feuilles sont de forme allongée ovoïde ou elliptique, un peu ondulées. Elles sont presque entières ou légèrement dentelées. Les feuilles présentent des bords ondulés et ciliés (à l’état jeune). Le pourtour des feuilles et l’angle des nervures sont bordés de petits cils. Le court pétiole, pubescent, supporte 5 à 9 paires de nervures. Les feuilles, horizontales, forment un plan très homogène et seuls quelques rayons de soleil peuvent passer. L’ombre aux pieds de l’arbre est donc favorable à sa régénération, mais pas beaucoup de plantes de sous-bois y résistent. Si d’aventure, la feuille du charme peut être confondue avec celle du charme, un petit dicton rappelle les différences : « Le charme d’Adam est d’être à poil » (comprendre : le charme a des dents, le hêtre des poils). Comme chez les Cupulifères, les feuilles sont marcescentes. | Les bourgeons du hêtre sont pointus, fusiformes, écailleux, et mesurent 15 mm environ. | |
| Dimension des feuilles | Les feuilles du hêtre sont relativement petites : 4 à 8 (10) cm de longueur et 3 à 6 cm de largeur. Bourgeons très allongés, de 1,5 à 2 cm de longueur. |
| Couleurs des feuilles | De couleur vert clair dans leur jeunesse, elles prennent rapidement une coloration vert sombre luisante sur leur face supérieure et virant au jaune d’or et au marron à l’automne. Le dessous présente une teinte plus pâle. Les jeunes feuilles sont soyeuses et velues. Plus tard, les poils ne subsistent qu’au bord et ils sont plus longs et plus clairsemés. Feuilles aux nervures marquées, pourvues de 5 à 9 paires de veines latérales. | |
| Végétation | Floraison et feuillaison simultanées, de mars à avril-mai. Le débourrement des bourgeons a lieu tardivement. Entre autres signes et indices biologiques ou chimiques, le hêtre reconnait le moment propice à l’éclosion à la durée journalière d’ensoleillement. C’est pour cette raison que le débourrement du hêtre a lieu chaque année fin avril, début mai avec une remarquable précision (à peu de jours près), pourtant plus précoce dans le nord qu’au sud, à 600 m qu’au niveau de la mer. Chaque bourgeon contient depuis sa formation au cours de l’été précédent, la totalité des feuilles qui composeront le rameau (entre 3 et 11). D’autre part, le bourgeon terminal émet au printemps une hormone inhibitrice qui freine le développement des bourgeons adventifs. Cette tendance, très forte au début de leur existence, s’affaiblit chez les vieux sujets. Ce n’est qu’après le débourrement que la croissance des racines commence : il apparaît d’abord de très fines racines (de diamètre inférieur à 0,5 mm) puis après la vague d’allongement aérien, des racines moins fines croissent de façon rythmique. Les feuilles sèches restent à l’automne sur les branches (feuilles partiellement marcescentes). | | Mois | 1 | 2 | 3 | 4 | 5 | 6 | 7 | 8 | 9 | 10 | 11 | 12 |
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Végétation | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | |
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| | Description des fleurs | Le hêtre est une espèce monoïque ; les chations femelles se trouvent sur le même arbre que les chatons mâles. Les fleurs naissent dans l’axe des feuilles extérieures. Elles ont une enveloppe de quatre à sept lobes. | | Les inflorescences mâles sont des chatons globuleux, pendants, à longs pédoncules et à nombreuses fleurs. Fleurs mâles pédonculées (de 3 à 5 cm) à pilosité velue. Les chatons mâles ont de 5 à 6 lobes de périanthe et de 8 à 12 étamines groupées en faisceaux pendants. Périanthe très velu, en cloche, à filets allongés. Les chatons mâles sont souvent bien visibles comme chez le chêne au printemps, moment de la dissémination du pollen. | Les inflorescences femelles, tripartites, réunies par paires, poussent au sommet des pousses annuelles dans une cupule quadrilobée qui s’ouvre à maturité. Les femelles sont placées dans une capsule terminale verdâtre, à quatre lobes et à court pédoncule. La capsule deviendra la cupule des faines (fruits). La cupule est coriace. Périanthe velu, lacinié ; 3 styles filiformes ; ovaire à 3 loges biovulées. Les chatons femelles sont moins bien visibles et en nombre inférieur que les chatons mâles. |
| Dimension des fleurs |
| Couleurs des fleurs | Chatons jaunâtre pour les fleurs mâles. Cupule verdâtre pour les fleurs femelles. |
| Parfum des fleurs |
| Pollen | Les quantités de pollens produites par le hêtre varient fortement d’une année à l’autre. Des totaux annuels élevés sont observés tous les cinq à sept ans seulement. Ces années correspondent aux années de forte production de fruits (faines). Les faines sont groupées par deux, entourées par une cupule portant des écailles sur la face extérieure, et sont une nourriture fortement recherchée par un grand nombre d’animaux. Les problèmes allergiques dus à l’inhalation de ces pollens sont plutôt rares. Ils peuvent se manifester chez certaines personnes allergiques au pollen de bouleau. En effet, il existe une allergie croisée entre les pollens des Fagacées et les pollens des Bétulacées. |
| Floraison | La floraison a lieu principalement en avril et mai. Floraison en une seule poussée, en principe. La floraison et la feuillaison sont simultanées. | Mois | 1 | 2 | 3 | 4 | 5 | 6 | 7 | 8 | 9 | 10 | 11 | 12 |
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Floraison | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | |
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| | Description des fruits | Une caractéristique unique des cupulifères est la cupule, une structure en forme de coupe et souvent couverte d’écailles, qui entoure la noix renfermant une unique graine. La cupule des glands en est un bon exemple. Les fruits du hêtre, ou faînes, sont logés par deux, trois ou quatre, dans une cupule. Cupules ligneuses ovales, pédonculées, hérissées d’épines molles, non piquantes, velues à l’intérieur, s’ouvrant en 3 ou 4 valves. Péricarpe coriace. | |
| Dimension des fruits | Les fruits (faines) mesurent de 1 à 2 cm de longueur. |
| Couleurs des fruits | Les cupules sont de teinte sombre. Les faines sont d’un brun brun brillant. |
| Graines | Les faines sont des amandes à 3 faces triangulaires en forme de pyramide. Graine oléagineuse. Les faines sont comestibles (peuvent servir à faire de l’huile). 4 300 graines par kg. |
| Fructification | Les cupules protègent les faines jusqu’à maturation, en septembre-octobre, s’ouvrant pour libérer les faines. La production de faines est irrégulière et les fainées « totales » (c’est-à-dire très fortes) ne se produisent qu’à de longs intervalles, généralement quand il y a eu une sécheresse estivale l’année précédente, mais jamais deux années de suite. Environ tous les 5 à 8 ans, les hêtres produisent particulièrement beaucoup de fruits. Le hêtre fructifie à partir de 60 ou 80 ans. | Mois | 1 | 2 | 3 | 4 | 5 | 6 | 7 | 8 | 9 | 10 | 11 | 12 |
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Fructification | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | |
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| | | | | Sols | Le hêtre s’implante de préférence dans des sols profonds, meubles, à tendance calcaire bien drainés mais se rencontre aussi parfois sur des terrains sablonneux. En revanche, les milieux argileux, mal drainés, exposés à la lumière et à la chaleur lui sont défavorables. Le hêtre aime des sols ni trop secs ni trop mouillés, permettant un bon développement des racines. Ainsi, le trouve-t-on plus volontiers à flanc de coteaux qu’au fond d’une cuvette argileuse. Il aime les sols fertiles, mais supporte les sols peu fertiles. Sols basiques ou acides, mais pousse difficilement sur les sols les plus acides. Préférence calcaire en basse altitude. |
| Expositions | | C’est une essence d’ombre, de couvert épais. Il se développe particulièrement bien sur les versants nord. Du fait de l’enracinement superficiel, il faut éviter les emplacements trop secs en été. |
| Climats | | Le hêtre a pour exigences majeure une atmosphère humide (des précipitations bien réparties tout au long de l’année ou des brouillards fréquents) et un sol bien drainé : il ne résiste pas à l’excès d’eau. Il croît plutôt en climat océanique et en moyenne montagne humide. Particulièrement bien adapté aux climats océaniques et montagnards d’Europe, il se rencontre plus fréquemment dans les régions à pluviosité abondante où il constitue de magnifiques forêts telle la hêtraie d’Iraty, à cheval sur la frontière franco-espagnole. Il aime l’ombre et l’humidité. Le Hêtre produit un feuillage dense qui assombrit le sous-bois et freine son développement. Les sous-bois de hêtraie sont très sombres et très peu d’espèces végétales sont capables de survivre dans ce milieu où le soleil perce à grand peine. Le hêtre dans ses premières années a besoin d’ombre ; les jeunes sujets redoutent par dessus tout un excessif ensoleillement. En forêt, dans une « coupe blanche », il germe et meurt de dessèchement. Le hêtre peut prendre un « coup de soleil » : cela arrive lorsque les arbres voisins disparaissent, par exemple à l’occasion d’une tempête, et que l’écorce est soudainement exposée à un fort rayonnement solaire. S’il est bien résistant aux froids rigoureux de l’hiver, le hêtre est particulièrement sensible aux gelées de printemps et aux fortes chaleurs. |
| | Espèce associée | Le rôle des mycorhizes dans la croissance du hêtre est considérable. Sans mycorhize, le hêtre ne pourrait vivre ni se développer normalement. Ce rôle est complexe et peut être ainsi schématisé : protection chimique et mécanique des racines contre les bactéries, élaboration de substance de croissance, amélioration dans d’alimentation en éléments minéraux et en eau de l’arbre. C’est la raison pour laquelle il est toujours conseillé lors d’un prélèvement ou d’un rempotage de conserver et réintégrer une part du substrat d’origine pour faciliter la reconstitution de cette flore mycorhyzienne. Les partenaires fongiques du hêtre sont : les bolets, les lactaires, les amanites, les girolles, les cortinaires et les hébélomes. Les hêtres possèdent une cime très dense, ce qui explique pourquoi les hêtraies sont si ombragées. L’épaisseur de son feuillage ne permet pas le développement d’autres végétaux. À la nouvelle saison, lorsqu’il n’y a pas encore de feuilles sur les arbres, la lumière pénètre jusqu’au sol et permet la croissance de plantes qui fleurissent au printemps. Après cela, les hêtraies n’abritent plus que quelques plantes aimant l’ombre. Les hêtres eux-mêmes supportent bien le manque de lumière, ce qui permet aux jeunes individus de pousser à l’ombre des arbres plus âgés. Ils ne peuvent cependant atteindre une taille réellement importante que lorsqu’un vieux hêtre meurt ou est abattu. On trouve le hêtre associé au chêne, au charme ou au sapin sous forme de futaie. Associé au chêne, il le supplante sauf par intervention directe du forestier. Sous les chênes au feuillage clairsemé, le hêtre croît très vite et les dépasse. Il les recouvre de son feuillage dense et les fait mourir par manque de lumière. Heureusement, sur le plan commercial, le chêne est très nettement supérieur au hêtre et les forestiers en assurent la survie en détruisant les jeunes fayards d’un coup de serpe à 10 cm du sol. Le hêtre ne convient pas comme réserve du taillis-sous-futaie car sa cime très ample et son couvert épais éliminent le taillis. Rejetant difficilement de souche, on ne le trouve généralement pas dans les taillis. Associé au sapin (souvent remplacé par l’épicéa), il forme naturellement, en France, la forêt de moyenne montagne, la hêtraie-sapinière. Plantes caractéristiques ou remarquables associées au hêtre : Méconopsis du pays de Galles (Meconopsis cambrica), If, Dentaire digitée, Saxifrage des lieux ombragés, Aspérule odorante, Gesse jaune, Scille Lis-Jacinthe, Néottie nid d’oiseau, Ail des ours. Ces futaies mélangées offre un abri aux pouillot véloce, bécasse des bois, pic vert, pinson, coucou, fauvette des jardins, troglodyte, autour, venturon, roitelet huppé, rouge-gorge, gélinotte des bois … Les hommes et les animaux utilisent le hêtre de diverses façons. On estime qu’environ 7 000 espèces animales dépendent des hêtraies comme habitat. La dissémination des faines est assurée par les écureuils, les souris et certains oiseaux comme le geai. |
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| Origine de la plante | Le hêtre trouve son origine en Europe centrale et méridionale (jusqu’à la Crimée à l’est) et plus particulièrement en Allemagne. |
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| | Distribution globale | Le hêtre se rencontre en Europe occidentale et centrale. En Europe, le Hêtre commun croît jusqu’au 60° de latitude Nord. Le hêtre commun se rencontre dans toute l’Europe moyenne, jusqu’à la Norvège et la Suède au Nord et jusqu’à la mer Caspienne à l’Est. Dans les pays du Sud, il est plus lié à l’altitude. Dans l’Est de l’Europe, il est souvent remplacé par des espèces apparentées, comme le Hêtre d’Orient. Le Hêtre commun est une essence ligneuse dominante dans les forêts décidues, situées en légère altitude dans l’Europe centrale. On peut trouver encore aujourd’hui, dans de nombreux pays, des restes des grandes « forêts vierges », presque intactes, où domine justement le Hêtre commun. Les peuplements qui ont le plus de valeur se trouvent dans le massif des Carpates. La plus belle hêtraie d’Europe se situe en Belgique à Soigne. En France, il se rencontre en plaine, dans les collines et les massifs montagneux de presque toutes les régions, tantôt dans le Nord, l’Ouest, le Bassin parisien et surtout dans l’Est de la France à l’exception du Bassin aquitain, de la Champagne, de la plaine d’Alsace, et du Midi et de la Corse (trop chauds) ainsi que de la Sologne (habitat inadapté). Il prospère dans la partie Nord de la France, notamment en Normandie, sur des sols acides, enveloppés de brouillards hivernaux. Le hêtre fait partie en France des essences dominantes et constitue environ 9 % de la forêt française dernière le chêne. Surface : 1 292 059 ha. |
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| | Généralités | Le bois de hêtre, exploitable vers 100 ans, se travaille aisément et est donc très utilisé en massif. |
| Propriétés du bois | Le bois du hêtre est dur, lourd, très altérable et peu durable. Rétractabilité : retrait total élevé (surtout pour les bois de montagne). Résistance moyenne à la compression. Résilience moyenne. Bois assez nerveux. Un peu raide en flexion. Peu fissile. Stabilité : faible à modérée. À tendance à se fissurer et à se gondoler. Sensibilité aux insectes : assez résistant. Sensibilité aux champignons : très forte. Résistance aux intempéries : très faible. Bois non durable. Le bois de hêtre pourrit facilement s’il n’est pas protégé par un goudron à base de distillat de sa propre écorce (comme pour les traverses de chemin de fer). |
| Aspect du bois | Bois blanc mat à crème, légèrement brunâtre, parfois légèrement rosé. Sa couleur naturelle est crème rosé, mais il est souvent étuvé, ce qui lui donne une couleur plus uniforme, mais plus foncée. On le reconnaît facilement grâce à sa maillure brune qui se détache sur son fond clair. Il a parfois le cœur rouge. L’altération dite « cœur rouge » confère à ce bois une qualité médiocre. Aubier peu distinct du duramen. Cernes soulignés par l’existence d’une zone de fibres aplaties et à parois épaisses sur le bord externe du cerne. Grain fin. Fil assez droit et régulier. | Coupe longitudinale | | Coupe tangentielle | | Coupe radiale | |
| Densité du bois | Dureté : dur, mi-lourd. Densité : de 0,65 à 0,75 kg/dm³. Masse volumique du bois à 1 % d’humidité : 680 kg/m³ |
| | Utilisations du bois | | | Le bois est solide mais peu résistant en extérieur, de sorte qu’on ne l’emploie qu’en menuiserie d’intérieur. Le bois de hêtre représente aujourd’hui notre plus importante source de bois dur, car il est particulièrement dur et se prête aux utilisations les plus diverses. Son bois est très employé dans les industries de l’ameublement (menuiserie en sièges, ébénisterie) et du parquet mais aussi pour la confection de multiples objets domestiques tels les cintres, la tournerie, les accessoires culinaires et les brosses. Il constitue de plus un excellent bois de chauffage. Ses utilisations sont pour les bois : - de haute qualité :
- les meilleures grumes vont au déroulage pour placage, panneaux de contre-plaqué,
- placages,
- lambris,
- de qualité moyenne :
- ossatures de meubles, meubles dits de bois blanc (le hêtre a remis au goût du jour le bois clair dans le mobilier contemporain), son bois dense est utilisé pour la fabrication de pieds de meubles, employé en carcasses de fauteuils et pour la fabrication de sièges.
Le hêtre équipe 1 % des meubles fabriqués en France, juste derrière le chêne. - carrosserie automobile,
- il fut le matériau le plus répandu en cuisine pendant longtemps pour les tables, planches, bols, cuillères, spatules, outils, manches, brosses, balais, etc.),
On en faisait aussi les anciennes pinces à linge de nos grands-mères, avant l’invasion des polymères. - jouets,
- menuiseries intérieures,
- mobilier scolaire comme les chaises d’école,
- tonnellerie, jantes de roues, articles de sport, avirons, luges ou bâtons de glaces, etc.
- Il sert souvent aussi à la fabrication de lames de parquets (très résistant), d’escaliers,
- de qualité médiocre pour de nombreux objets d’usage quotidien :
- chauffage,
- établis, charronnage,
- imprégné de créosote, on en fait des traverses de voies ferrées,
- autrefois utilisé pour la construction de moulins et de ponts car son bois résiste bien à l’eau.
- pavés en bois de bout,
- panneaux de particules,
- de faible diamètre, il est destiné à la pâte à papier. C’est le meilleur bois de feuillu connu pour la pâte à papier, et il est actuellement abondamment exploité pour cet usage.
- C’est un des meilleurs bois de chauffage,
- charbon de bois. Le hêtre a été longtemps utilisé dans la fabrication du charbon de bois, source d’énergie des anciennes forges et verreries. Actuellement, ce charbon de bois est commercialisé pour les barbecues.
Remarques : - L’étuvage augmente la tendance du bois à se gondoler et à se fissurer et provoque une couleur chair.
Bois identiques : |
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| | Utilisations médicinales | | L’huile de faîne a été utilisée comme pouvant remplacer l’huile de foie de morue. C’est l’écorce qui est utilisée pour ses propriétés antiseptiques et fébrifuges notamment. Elle contient entre entre autres du tanin et du créosol. De son bois, par combustion incomplète, on extrait la « créosote », goudron désinfectant et expectorant puissant qui traite les bronchites chroniques et autres affections des voies respiratoires, et calme la toux (diminution des sécrétions bronchiques), ainsi que pour désinfecter et contre les maladies de la peau. En usage externe, l’huile extraite des faînes soulage les maux de dents. |
| Utilisations culinaires | La faine est un fruit oléagineux qui a connu de nombreux usages dont l’alimentation du bétail et même des humains pendant les périodes noires. Les faines sont de véritables bombes énergétiques. Elles contiennent environ 15 à 20 % d’huile, soit plus que les noisettes ou les noix. Les faines elles-mêmes sont d’ailleurs comestibles, après en avoir retiré l’enveloppe. Elles sont même délicieuses, mais il ne faut pas en abuser, car elles sont toxiques si mangées en grande quantité. La faine était pressée au siècle dernier en Angleterre pour obtenir une huile qui entrait dans les préparations culinaires … et dans la lampe (il faut 50 kg de faines pour fabriquer 10 l). Les faines étaient autrefois mangées en cas de famines, ou rôties et utilisées comme substitut au café. Les faines étaient aussi utilisées par les montagnards pour la fabrication de farine. Autrefois, les paysans conduisaient leurs porcs et leurs vaches dans la forêt pour les engraisser. Cependant la fainée n’est pas recommandée pour les porcs destinés à la charcuterie. Comme le gland du Chêne, la faine est appréciée du gibier. Elle est nutritive et riche en huile et attrayante pour les oiseaux et les petits mammifères et pour le grand gibier (Sanglier, Cervidés) : les faines sont mangées par l’Ecureuil roux, le Geai, le Pinson, le Pigeon ramier. Les sangliers en sont très friands. |
| Utilisations économiques | | Ses cendres entraient dans la composition de savon artisanal. Les abeilles vont parfois récolter sur les feuilles de Hêtre le miellat qui donne un miel de mauvaise qualité. Comme dans cette hêtraie dense, aucune semence ne peut donner d’arbre bien croissant, le forestier doit couper une partie des végétaux pour faire de la place ; c’est ce qu’on appelle la coupe d’ensemencement ou de régénération. Les fleurs femelles (apparues en avril et mai) des arbres restés en place sont fécondées et elles évoluent en fruits, appelé faînes, qui restent protégés dans un cupule. Vers septembre-octobre, cette enveloppe s’ouvre et les faînes sont disséminées. Maintenant qu’il y a suffisamment de place, les jeunes végétaux grandissent et le forestier fait une coupe définitive des vieux hêtres pour éclaircir le fourré. Une nouvelle coupe est faite parmi les hêtres en croissance : ceux qui sont trop serrés, malades ou tordus sont éliminés. Le hêtre est utilisé en reboisement. |
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| L’enveloppe des faines contiennent de la fagine, une substance qui peut provoquer des symptômes d’intoxication (migraines et des convulsions) en cas d’absorption massive. |
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| | Histoire | Le hêtre a été la dernière essence à se répandre en Europe à l’époque postglaciaire, deux mille ans avant notre ère. On a la certitude que les faînes étaient consommées vers -3500 à -1800. | La faine, semblable à un noyau, est renfermée dans une enveloppe triangulaire. La feuille du hêtre est mince, des plus légères, semblable à celle du peuplier, jaunissant très promptement ; du milieu, sur la face supérieure, sort presque toujours une petite baie verte, pointue au sommet. La faine est très agréable aux rats ; aussi, quand elle abonde, cet animal pullule. Elle engraisse aussi les loirs, et les grives la recherchent. Presque tous les arbres ne produisent des fruits en abondance que de deux années l’une : cela est surtout vrai du hêtre. Pline l’Ancien - Histoire Naturelle - Livre XVI - VI - 1 |
| Littérature | Virgile chantait le berger Tityre de Sicile « patulae recubans sub tegmine fagi » (étendu à l’ombre du hêtre), jouant de sa flûte.
| Erat alveus illic fagineus, dura clavo suspensus ab ansa : is tepidis impletur aquis artusque fovendos accipit. In medio torus est de mollibus ulvis impositus lecto sponda pedibusque salignis. Vestibus hunc velant, quas non nisi tempore festo sternere consuerant, sed et haec vilisque vetusque vestis erat lecto non indignanda saligno : adcubuere dei. Mensam succincta tremensque ponit anus, mensae sed erat pes tertius impar : testa parem fecit ; quae postquam subdita clivum sustulit, aequatam mentae tersere virentes. Ponitur hic bicolor sincerae baca Minervae conditaque in liquida corna autumnalia faece intibaque et radix et lactis massa coacti ovaque non acri leviter versata favilla, omnia fictilibus. Post haec caelatus eodem sistitur argento crater fabricataque fago pocula, qua cava sunt flaventibus inlita ceris ; parva mora est, epulasque foci misere calentes, nec longae rursus referuntur vina senectae, dantque locum mensis paulum seducta secundis : hic nux, hic mixta est rugosis carica palmis prunaque et in patulis redolentia mala canistris et de purpureis conlectae vitibus uvae. Publius Ovidius Naso, Metamorphoseon libri, 8, 652-676 | Il y avait là un baquet de hêtre, suspendu à un clou par son anse solide : on le remplit d’eau tiède et il reçoit les membres à réchauffer. Au milieu de la pièce, il y a un matelas rempli de laiches moelleuses et posé sur un lit de table au cadre et aux pieds en saule. Ils le recouvrent d’un tapis qu’ils avaient l’habitude d’y étendre seulement les jours de fête, mais c’était encore un vieux tapis sans valeur dont ne devait pas s’indigner le lit en saule : les dieux se couchent dessus. La vieille, retroussée et tremblante, place une table, mais le troisième pied de la table était de longueur inégale : un tesson l’a rendu égal aux autres ; après que celui-ci, placé en-dessous, a supprimé l’inclinaison, la table en équilibre est essuyée avec des menthes vertes. On y pose des baies de la chaste Minerve, de deux couleurs, des cornouilles d’automne conservées dans de la lie liquide, des endives, des raiforts, du lait pressé en une masse compacte, des œufs retournés doucement sous la cendre tiède, le tout sur des plats de terre. Ensuite on y place un cratère ciselé dans le même argent et des coupes taillées dans le hêtre, dont la partie creuse est enduite de cire jaune ; après une courte attente, le foyer envoie des mets chauds, on emporte de nouveau le vin, qui n’a pas pour lui une longue vieillesse, et on le met un peu de côté afin de faire place au second service : voici des noix, voici des figues mêlées à des dattes ridées, des prunes et, dans de larges corbeilles, des pommes parfumées et des raisins cueillis sur les vignes pourpre. Ovide, Métamorphoses, 8, 652-676 | « Il y a deux sortes d’arbres : le hêtre et le non-hêtre. » Raymond Queneau. |
| Traditions | Pour les Romains, le hêtre est arbre de Jupiter. Dans l’astrologie celtique, le hêtre est matérialiste, raisonnable, … |
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