| Le châtaignier commun (Castanea sativa) | |
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| | Généralités | Les châtaigniers constitue un genre de Fagacées groupant une douzaine d’espèces de l’hémisphère Nord. Il existe plus de 50 variétés de châtaignier commun dont certaines à utilisation décorative. Il existe également d’autres espèces telles que : - Le châtaignier d’Amérique (Castanea dentata [(Marsh.) Borkh.], ) au tronc très droit et long ; originaire des États-Unis ( Maine au Golfe du Mexique), environ 30 m de hauteur, en voie de disparition à l’état sauvage car vers 1895 furent introduit des châtaigniers de Chine (Castanea mollissima [Blume]), qui étaient porteur de l’Endothia, qui décimèrent de 1895-1940 presque tout ces châtaigniers. De très beaux sujets sont visibles à l’arboretum de Tervuer en Belgique et en 1975 un sujet a été planté au Jardin botanique de Montréal (Canada).
- Le châtaignier de Chine (Castanea mollissima [Blume], Castanea duclouxii [Dode]), de petite taille et aux feuilles à revers duveteux. Originaire de Chine, environ 25 m de hauteur. Cultivé pour ses fruits.
- (Castanea crenata [Siebold & Zuccarini], Castanea japonica [Blume]. Originaire d’Asie, environ 15 m de hauteur.
- Le châtaignier de Virginie (Castanea pumila [Mill.], Castanea alnifolia [Nutt]), châtaignier nain, originaire d’Amérique du Nord, environ 3 à 4 m de hauteur donnant des fruits de la taille d’une noisette.
- (Castanea seguinii [Dode], Castanea davidii [Dode]), originaire de Chine, environ 8 à 12 m de hauteur.
- (Castanea vilmoriniana [Dode], Castanea henryi [Rehder & Wilson]), originaire de Chine, environ 25 à 30 m de hauteur, découvert tardivement vers 1900.
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| | Règne : plantes (Plantae) | Sous-règne : plantes vasculaires (Tracheobionta) | Division : plantes à graines (Spermatophyta) | Sous-division : | Classe : plantes à fleurs (Angiospermae) | Sous-classe : dicotylédones (Dicotyledonae) | Super-ordre : hamamélidés (Hamamelidae) | Ordre : fagales (Fagales) | Famille : fagacées (Fagaceae) | Sous-famille : | Genre : châtaigniers (Castanea) | Sous-genre : | Espèce : Castanea sativa [Miller], Castanea vulgaris [Lam.], Castanea vesca [Gaertner], Castanea castanea [Karst.], Fagus castanea [Linné] | Variété : | Nom commun : châtaignier commun | Nom populaire : |
| | | | Eßkastanie, Buchengewächse, Edelkastanie, echte Kastanie, Keschten, Köschten, Marone, zahme Kastanie | | European chestnut, Spanish chesnut, sweet chestnut tree | | | | gaztainondoa, gaztañondo, gaztena | | | | | | кестени | | castanyer | | | | | | pitomi kesten, šumski kesten | | ægte kastanje | | chraobh geanm-chno | | castaño, castaño común, castaño regoldo, castañero | | harilik kastanipuu | | | | | | châtaignier commun | | | | castiñeiro, castiro | | | | | | καστανιά | | szelídgesztenye | | | | | | castagno comune, marrone | | | | | | | | | | | | | | edelkastanje | | | | europees kastanje, tamme kastanje | | kasztan jadalny | | castanheiro-bravo, castanheiro, catanherira | | | | например, кестени | | | | gaštan jedlý | | pravi kostanj | | kastanj | | kaštanovník setý | | каштана съедобного | | Castanea sativa |
| Étymologie latine | Castanea vulgaris : du nom grec Kastanon, Castana, Castane, ville de Thessalie renommée dans l’Antiquité pour la qualité des châtaignes qu’on y récoltait ; on pensait que le Châtaignier était originaire de cette contrée. Sativa, du latin sativus-a-um = qui se cultive ou se plante. |
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| | Généralités | Le châtaignier est un grand arbre à écorce grisâtre et fendillée ; ses fleurs paraissent en mai et juin ; ses fruits sont mûrs en septembre et octobre ; c’est un arbre qui peut vivre très longtemps. Originaire d’Asie mineure, c’est une essence de demi-lumière, à croissance rapide, à cime développée, au tronc gros et court. Il peut vivre plusieurs siècles. En peuplement mélangé avec des résineux ou en peuplement pur, il constitue un bon moyen de protection contre les incendies. La plantation fruitière est plus répandue hors forêt et fait appel à des sujets greffés, mais elle est en nette régression. | |
| Catégorie de plante |
| Port de la plante | Port érigé, puis étalé. Avec l’âge, il prend une forme arrondie. En plaine (espace dégagé), les châtaigniers sont des arbres majestueux à cime large. Tronc tronc, gros et court, quand il n’est pas en massif. Très grosses branches. | |
| Hauteur de la plante | Arbre de haute futaie, il peut atteindre en plaine 25 à 30 (35) m de hauteur, avec des troncs pouvant atteindre jusqu’à 10 m de circonférence et 4 m de diamètre à la base. En forêt de montagne, le châtaignier n’a pas ces dimensions. Il reste plus modeste et parfois malingre. Un Châtaignier du bord du lac de Genève a un tronc qui mesure 13 mètres de tour, et son âge est de plus de 1 200 ans ; un autre des environs de Sancerre (Cher) mesure 10 mètres de tour et est âgé de plus de 1 000 ans. Les rejets de l’arbre peuvent arriver à former un cercle de 60 m de diamètre. | |
| Espèces semblables | Le fruit est souvent confondu avec le marron. Le marron est un fruit à une graine, alors que la châtaigne peut en avoir deux ou trois. Par suite de leur ressemblance morphologique, on confond parfois le marron, fruit du marronnier, de la famille des Hippocastanacées avec la châtaigne, fruit du châtaignier de la famille des Cupulifères (Fagacées). - le fruit du marronnier est une capsule déhiscente contenant des graines (marrons) non comestibles,
- le fruit du châtaignier est formé par une cupule provenant des bractées de l’inflorescence et contenant les châtaignes qui sont chacune un akène (fruit sec indéhiscent contenant une graine),
- on note une grande ressemblance morphologique entre la cupule du châtaignier et la capsule du marronnier et entre l’akène du châtaignier et la graine du marronnier,
- pour plus de complication, les grosses châtaignes consommées sont appelées marrons (marrons glacés).
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| Description de la racine | Enracinement puissant, pivotant et profond. |
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| | Description de la tige | Tronc assez trapu. Le tronc a tendance à devenir creux. | | L’écorce des jeunes arbres est lisse et argentée jusqu’à 25-30 ans, et les premières fissures verticales. | | Écorce craquelée avec l’âge, rhytidome à gerçures longitudinales. Avec l’âge ils tendent à se vriller suivant une spirale de plus en plus aplatie, à l’inverse des aiguilles d’une montre.
| Rameaux robustes, en disposition spiralée, souvent anguleux, brun verdâtre, grandes lenticelles allongées. | Bourgeons ovoïdes globuleux, brun-rouge, écailles peu nombreuses légèrement pubescentes ; coussinet foliaire saillant, cicatrice foliaire triangulaire à angles arrondis. |
| Couleur de la tige | Écorce gris-violacé devenant gris-argenté qui, en vieillissant, vire au gris-brun à brun foncé. |
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| | Description des feuilles | Feuillage pendant et caduc. Feuilles caduques. Feuilles oblongues lancéolées, aiguës, à court pétiole. Feuilles fortement et profondément dentées, munies de dents régulières, aiguës, nombreuses et raides. Feuilles coriaces. Feuilles glabres sur les deux faces. Feuilles à nervures saillantes dessous (de 15 à 20). Ses feuilles assurent à la plante un effet décoratif par leur forme et leur effet d’ensemble. Bourgeons foliaires ovoïdes recouverts de 2 écailles duveteuses. Couvert relativement léger. |
| Dimension des feuilles | Feuilles grandes, de 10 à 20 cm de longueur sur 4 à 8 cm de largeur. |
| | Végétation | C’est en octobre que les feuilles commencent à tomber ainsi que les enveloppes épineuses (les bogues ou buissons). | | Mois | 1 | 2 | 3 | 4 | 5 | 6 | 7 | 8 | 9 | 10 | 11 | 12 |
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Végétation | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | |
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| | | | Description des fruits | Le fruit comestible du châtaignier est un akène contenu dans une bogue verte épineuse. Cette bogue est constituée par un involucre de bractées mimant une capsule et s’ouvrant à maturité, en deux ou quatre valves (fin de l’automne). Le fruit contient de 1 à 3 noix. La châtaigne était un aliment de base autrefois comme fruit qui peut être consommé cuit ou bien servir à faire de la farine. Ainsi, le châtaignier porte-il aussi le nom d’arbre à pain. Sont appelés marrons les fruits où il n’y a qu’une seule amande généralement ronde. Si sous l’enveloppe dure, il y a plusieurs amandes séparées par des cloisons, le fruit est une châtaigne. La fructification du châtaignier exige de la chaleur. | |
| Dimension des fruits |
| | Graines | Les graines sont de grosses noix brunes et coriaces, enveloppées par deux ou par trois dans la bogue. La châtaigne se présente avec son enveloppe brune et brillante qui la protège du dessèchement : c’est le péricarpe, communément nommé écorce ou première peau. Cette peau extérieure dure, marron et luisante protège la graine ou amande protégée par une fine peau. La seconde peau c’est le tan (à cause des tanins qu’elle contient) ou encore petite peau : elle cache la partie nourricière du fruit, l’amande, de couleur éburnéenne tirant plus ou moins sur le jaune. Les stigmates sont visibles à l’extrémité. Les châtaignes sont des akènes (fruits à péricarpe sec, ne s’ouvrant pas à maturité). |
| Fructification | Les graines tombent au sol au mois d’octobre-novembre, et sont disséminées par les animaux (rongeurs et certains oiseaux tels les geais) qui les enterrent, afin de se faire un garde-manger pour l’hiver. Mais, comme parfois ils oublient où ils ont caché leurs réserves, le printemps arrivant, celle-ci vont germer et avec un peu de chance donner naissance à un arbre de plusieurs mètres de hauteur. | Mois | 1 | 2 | 3 | 4 | 5 | 6 | 7 | 8 | 9 | 10 | 11 | 12 |
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Fructification | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | |
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| | Pérennité |
| Plantation | En automne. |
| Multiplication | La multiplication se fait :- par semis de graines fraîches à l’automne (mais il faudra attendre environ 20 à 25 ans pour avoir une fructification),
- par marcottage,
- par greffage de rejets (environ 5 à 6 ans pour un début de fructification),
- ces deux derniers moyens permettent de conserver les caractéristiques du parent.
Les arbres sont traités en taillis. Les troncs sont périodiquement coupés pour permettre à la souche de rejeter de nouveaux baliveaux. |
| Entretien | |
| Croissance | Croissance rapide, lente au début. |
| | Ennemis | | Le châtaignier fait partie des arbres qui payent un lourd tribu aux maladies, parmi celles-ci on trouve : | Chancre de l’écorce du châtaignier | Le Chancre de l’écorce, causé par le champignon Cryphonectria parasitica (ou Endothia parasitica, cause dans certaines régions de graves dégâts aux châtaigneraies. Le champignon est repérable sur l’écorce par la présence de lésions d’un brun-rougeâtre sur les branches et le tronc, qui provoquent le dépérissement des parties atteintes. La maladie se caractérise par le sommet de l’arbre défeuillé et sec, avec une écorce parsemée de pustules orangées. Le centre du tronc se creuse, l’arbre dans son ensemble se dessèche, l’écorce tombe par plaques. Les spores sont disséminées par le vent et l’eau. Elles infectent les arbres en pénétrant dans de petites blessures corticales. Les plantes peuvent être infectées sans que cela se remarque. Le champignon se développe aussi sur les chênes, mais il n’y cause aucun dommage. Cette maladie est particulièrement active dans les châtaigneraies, mais elle épargne généralement les individus isolés. Suite à l’apparition du chancre, il y eut un abattage massif des châtaigniers et vers 1900 de nouvelles variétés japonaises furent introduites. Cette maladie, qui a décimé la châtaigneraie forestière américaine, sévit actuellement sur la majeure partie de l’Europe où elle est apparue vers 1950 - 1960. Il existe un vaccin qui s’implante en perforant l’écorce. Les recherches menées par l’INRA de Clermont-Ferrand ont permis la mise au point et la commercialisation d’un moyen de lutte biologique contre le Chancre. Il s’agit de l’utilisation des souches hypovirulentes du champignon qui, inoculées à la périphérie d’un Chancre provoqué par une souche virulente, entraînent la cicatrisation de la lésion en quelques mois. L’application du traitement étant difficile en châtaigneraie traditionnelle, étant donné la grande taille des arbres, cette méthode n’est pas suffisante pour endiguer la progression de la maladie. Cryphonectria parasitica est un parasite de quarantaine pour la Communauté Européenne : les plants de Châtaigniers et les bois non écorcés doivent en être totalement indemnes pour pouvoir circuler et être commercialisés. Les outils de coupe participent également à la dissémination. | La présence de feuilles flétries pendant la période de végétation trahissent parfois un chancre de l’écorce du châtaignier. Rameaux morts et branches aux feuilles flétries qui restent suspendues. | L’écorce infectée prend une couleur rougeâtre, elle s’enfonce et des gourmands se forment. Les parties infectées de l’écorce deviennent d’abord rougeâtres, puis elles s’enfoncent et se dessèchent. L’écorce se fissure et des chancres apparaissent. | Le champignon forme un éventail de mycélium jaunâtre sous l’écorce. | Les fructifications jaunâtres à rougeâtres du champignon se développent dans les fissures de l’écorce. Des gourmands apparaissent au-dessous des chancres. | Maladie de l’Encre du châtaignier | Le châtaignier est sensible à la maladie de l’encre, apparue en 1860, qui empêche la sève de circuler dans le système racinaire, provoquant des lésions à la base du tronc qui exsudent la sève sous forme de liquide noirâtre, provoquant un dessèchement des branches à partir de la cime. La maladie de l’Encre, est due aux champignons Phytophthora cinnamomi et Phytophora cambivora qui attaquent le collet et les racines de l’arbre. La maladie de l’Encre se manifeste par une perte de vigueur, puis un dessèchement des pousses terminales, entraînant la mort progressive des branches. Ces symptômes peuvent s’accompagner d’un suintement noirâtre au niveau de lésions à la base du tronc. Cette infection met en danger les arbres dont le système racinaire est affaibli par la présence d’eaux stagnantes mais aussi ceux qui ont perdu de nombreuses racines fines sous l’effet de la sécheresse. Les châtaigniers infectés meurent en l’espace de 2 à 3 périodes de végétation. Sur les souches, toutes les pousses sont atteintes. Phytophthora cambivora et Phytophthora cinnamomi sont des champignons inférieurs (oomycètes), vivant au sol, qui se propagent par des zoospores disséminées par les eaux du sol, des rigoles et des ruisseaux. Grâce à leurs spores durables (chlamydospores), ces champignons sont capables de résister même aux périodes de sécheresse. Il existe un danger de transmission s’ils sont mêlés à de la terre qui adhère aux chaussures, aux outils ou aux véhicules. Dans les pépinières, de jeunes plantes apparemment saines peuvent être infectées de manière latente et contribuer à transmettre la maladie. Les moyens de lutte contre l’Encre restent très limités : les produits disponibles (fongistatiques) s’avèrent en effet d’une efficacité restreinte et momentanée. Récemment, une nouvelle voie de lutte a été explorée : l’utilisation de champignons mycorhiziens (association symbiotique avec les racines de l’arbre), dont certains présentent un antagonisme vis-à-vis des Phytophthora pathogènes. Associés aux racines, ils pourraient, comme l’indiquent les résultats obtenus en laboratoire, améliorer le comportement d’hybrides présentant déjà un certain niveau de résistance génétique. | Arbres dégarnis, feuilles atrophiées et jaunissements, tels sont les signes extérieurs de la maladie de l’encre. La maladie touche généralement le houppier entier. | Sous l’écorce, le cambium est noirci à partir des racines. À la base du tronc, le bois sous l’écorce présente une couleur noire qui s’élance, telle une flamme, à partir des racines. | La roulure | Elle consiste en une séparation de 2 cercles de croissances. Cette maladie peut se déclarer de son vivant, elle reste alors invisible, mais fournit un refuge idéal pour certains champignons ou insectes, qui vont pouvoir ainsi parasiter l’arbre. L’inconvénient de cette maladie non transmissible, est principalement pour le bûcheron ; l’arbre perd en effet toute sa valeur s’il est atteint par la roulure. Cette maladie peut être provoquée par des blessures dues aux animaux, à l’homme ou au feu, mais également par de mauvaises conditions climatiques influant sur son développement. |
| Longévité | Il s’agit d’un arbre d’une longévité exceptionnelle car il peut atteindre 1 000 ans. |
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| | Milieux | | Forêts de feuillus, bois, coteaux, le plus souvent planté. |
| Sols | Le Châtaignier aime les terrains profonds, frais, acides, sableux, pauvres, perméable et non calcaires. Les forêts de châtaigniers affectionne les sols acides (terre de bruyère) ou neutres. Il exige des sols siliceux ou décalcifiés, il craint les sols calcaires. Il souffre de la présence de l’humidité stagnante. Il se plaît par contre sur les terres bien drainées et c’est pourquoi on le trouve essentiellement sur les moyennes montagnes d’Europe méridionale. |
| | | Espèce associée | Pour la flore et la faune, il est fort sociable. Il héberge sur son tronc ou à ses pieds de nombreuses variétés de champignons (la russule verdoyante, le bolet bai, le polypore en touffe, …). Poussent également très bien sous son ombre, la fougère, le millepertuis, le chèvrefeuille, .… Cette grande variété florale incite de nombreux animaux à le côtoyer pour le gîte et le couvert. Les rongeurs s’abritent dans son tronc lorsqu’il est creux et se nourrissent avec ses châtaignes, tout comme le sanglier qui en est également friand. De nombreux insectes se nichent dans son tronc, ou son bois victime de la roulure. Les insectes butineurs se régalent et font provisions de pollen sur ses chatons et sur la végétation environnante. |
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| Asie mineure. Le châtaigner est originaire du Caucase. |
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| | Distribution globale | Il est limité dans son aire de développement qui ne dépasse pas 52° Nord de latitude. Europe méridionale et sud-orientale, Asie mineure, Amérique du Nord. En Europe la plus forte concentration se trouve dans le Grand Sud français, le Portugal, l’Italie du Nord. En France, le châtaignier se trouve à l’état spontané surtout dans la moitié Sud de la France, en particulier dans le Limousin, les Cévennes, l’Ardèche, les Maures, les Pyrénées-Orientales, la Corse. Ailleurs, a été planté et est devenu abondant dans l’Ouest, le Centre, le Sud, etc. En Corse, on peut admirer une magnifique forêt de châtaigniers, la Castagniccia. Surface boisée en 1994 : 485 996 ha. Il occupe actuellement environ 4 % de la surface boisée en France. |
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| | | Propriétés du bois | Il possède de très bonnes propriétés mécaniques. Mi-dur, moyennement à peu nerveux. Essence durable, en raison de sa richesse en tanin, c’est un bois qui résiste bien aux attaques des champignons. Rétractabilité : retrait total assez faible. Moyennement nerveux. Son bois a une bonne élasticité. |
| | Densité du bois | Dureté : bois mi-dur et mi-lourd. Poids : 0,55 kg par dm³ à 0,75 kg par dm³ environ ; 0,63 kg par dm³ en moyenne. |
| | Utilisations du bois | | Manchisterie, menuiserie, parqueterie, charpente, tonnellerie, clôtures. Le bois de châtaignier est apprécié en ébénisterie pour ses qualités de dureté, de souplesse et de quasi-imputrescibilité. Le bois est peu utilisé en menuiserie car il se fend. Les plus grosses billes sont utilisées en sciages pour la menuiserie et les petites pièces de charpente. Il est utilisé dans l’industrie du meuble pour la confection de menuiseries d’intérieur, huisseries, lames de parquets, ou d’extérieur, de ruches et de cercueils. Utilisé comme bois d’œuvre, pour la confection de charpente (il est réputé éloigner les mouches et les araignées). Le taillis de châtaignier fournit des piquets de vigne, pieux, piquets de clôtures, échalas, perches, échelles, maillets, manches d’outils, etc.… et sert en tonnellerie, et même pour la fabrication de … castagnettes (castañetas). Son duramen est imperméable, ce qui a fait de lui un bois privilégié pour la fabrication tuiles de toit : des bardeaux en bois de châtaignier du Limousin recouvrent les toits du Mont Saint-Michel. Utilisé aussi pour la vannerie (découpé en fines lamelles tressées). La vannerie de châtaignier utilise la faculté du châtaignier à se fendre en fines lamelles appelées « éclisses » pour réaliser un mobilier rustique, solide et confortable. Le bois est utilisé pour faire des échalas de vigne. Le châtaignier est utilisé pour la fabrication de panneaux de particules. Avec sa croissance rapide et son aptitude au rejet de souche (cépée) il est exploité en bois de chauffage. |
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| | Utilisations médicinales | La pharmacopée traditionnelle utilisait l’écorce riche en tanin pour ses propriétés antidiarrhéiques, le feuillage pour ses propriétés astringentes, antitussives (toux, coqueluche) et fébrifuges. On utilise les feuilles contre la coqueluche soit en extrait, soit en infusion (20 à 30 grammes par litre d’eau). |
| Utilisations culinaires | | La châtaigne est un aliment énergétique qui a servi de base à l’alimentation de nombreux peuples méditerranéens. La richesse de ses fruits fait cultiver le châtaignier depuis des millénaires. La valeur calorique de la châtaigne fraîche est supérieure à celle de la pomme de terre et celle de la châtaigne sèche et dépasse celle des céréales. Elle contient plus de 70 % de glucides composés d’amidon et de sucre, peu de lipides (matières grasses) : 5 %, relativement peu de protéines : 7 % mais elle est riche en minéraux, vitamines et fibres. La châtaigne est riche en protides, potassium, magnésium, phosphore et surtout vitamine C, elle contient aussi un peu de vitamines A, B1, B2, PP. La châtaigne est donc un aliment alcalinisant, nutritif, énergétique et reminéralisant préconisé pour le travail de force et les convalescents. Elle stimule aussi les fonctions intellectuelles, soigne les troubles veineux et facilite la digestion. Pour les spécialiste de la culture de la châtaigne, différence est faite entre les châtaignes et les marrons, à savoir: - pour la châtaigne, la cupule épineuse ou bogue est cloisonnée : en général en trois fruits. La châtaigne est poly-embryonnaire (plusieurs amandes par fruit).
- pour le marron, la cupule ne contient qu’un seul fruit (bien sûr à ne pas confondre avec le marron d’Inde, fruit non comestible du marronnier qui est toxique). Le terme de marron (ex: marron glacé) est employé pour certaines variétés de châtaignes qui ont une enveloppe qui ne pénètre pas dans l’amande. Le marron est dit mono-embryonnaire (une seule amande par fruit).
- Pour l’INRA de Bordeaux : une variété fruitière de châtaignier est considérée comme marron si elle produit moins de 1 % de fruits cloisonnés.
- D’une façon habituelle, on réserve souvent le nom de châtaigne à l’aliment qui nourrit ; c’est ainsi qu’on parle de purée de châtaignes ou de châtaignes bouillies ; et celui de « marron » à celui qui « régale » (marrons glacés, crème de marrons, confiture de marrons, etc.).
Pour l’homme, c’est un réservoir à nourriture (avec les châtaignes) dans lequel les habitants de la campagne piochaient allègrement, pendant les périodes de disette. En effet les châtaignes, qui peuvent se conserver tout l’hiver, en prenant quelques précautions, se consomment en légume (cuit à l’eau, purée, …) en dessert (en crème ou grillé) en confiserie (« marron » glacé) et même en pain, grâce à la farine que l’on obtient à partir d’elles. Elles constituaient autrefois la nourriture principale de certaines régions (Cévennes) généralement sous forme de bouillie dans du lait. Aujourd’hui, la consommation de châtaines fraîches est surtout ponctuelle et saisonnière : elle est passée du statut d’aliment de base à celui d’aliment « coup de cœur ». La châtaigne se consomme fraîche, bouillie, grillée, rôtie ou séchée (entière ou sous forme de farine) ou encore sous forme de purée, en accompagnement de viandes, en desserts, gâteaux, crème de marron, marrons glacés.. Elle entre dans la confection de crêpes, crèmes, glaces, desserts, pâtisseries et confiseries, farces, polenta, bouillies, potages, garniture de viandes rôties. Arrosées de vin cuit, les châtaignes étaient appréciées de Charlemagne. Les fameux marrons glacés font la réputation de Privas et d’Aubenas dans l’Ardèche. En octobre, ne manquez pas la fête de la châtaigne d’Oberbronn. En 1876, les meilleurs marrons venaient de la commune du Luc (Côte d’Azur). Avant de faire griller des châtaignes, faites une incisions dans l’écorce, cela évitera que la châtaigne explose et facilitera son épluchage. il faut compter 250 g de châtaigne par personne. La châtaigne peut être utilisée fraîche pendant la « châtaignaison », soit consommée grillée (prendre soin alors de fendre son écorce sous peine de la voir exploser), bouillie (décortiquée ou non). Elle entre dans diverses préparations culinaires : pâtés, boudins, soupes …; on ne saurait passer sous silence la populaire dinde de Noël accompagnée de ses indissociables marrons, le rôti de porc frais aux marrons … La confiserie (sous forme de marrons glacés), la confiturerie et la pâtisserie l’utilisent aussi. À noter que le marron ne serait pas à proprement parler une variété botanique de châtaigne, mais plutôt une variété commerciale. Ramassée en automne, la châtaigne peut difficilement se conserver au-delà de Noël, habitée par des larves d’insectes (balanin, carpocapse..), quand elle n’est pas envahie par les champignons de la pourriture noire ou de la pourriture brune. La dessiccation est le moyen de conservation efficace le plus généralement utilisé et ce, depuis fort longtemps. C’est au séchoir, nommé clède en Ardèche, ou encore clée, clédier, clédo … que se passe cette transformation : au rez-de-chaussée d’un petit bâtiment d’un étage, souvent isolé des maisons d’habitation, brûle un feu doux, desséchant les châtaignes déposées en couches sur la claie de l’étage supérieur. Le tas de châtaignes est remué sans cesse jusqu’à dessiccation totale. En Limousin on préfère les blanchir. La châtaigne est immergée complètement dans de l’eau pendant cinq jours, ainsi les vers et autres parasites sont noyés. Ensuite les châtaignes sont mises à sécher sur des grillages. Une fois bien séchées elles sont pelées (soit au couteau soit en les passant dans des brûleurs au butane) et ensuite elles sont brassées et brossées dans de l’eau très chaude. Le tanin extérieur est ainsi enlevé, la châtaigne est prête à être séchée ou même à être conservée par le froid dans les congélateurs. Elles se conservent bien également sous forme de farine. Bien que l’organisme puisse grâce à la néo-protéogénése ou la néo-lipidogénèse, compenser le manque d’apport en protéines ou en lipides par transformation biochimique des sucres, il ne faudrait pas abuser d’un régime à base strictement de châtaignes car il mènerait inéluctablement à des carences . Heureusement, rares furent les régimes limités à la consommation unique de châtaignes : nos ancêtres y ajoutaient toujours, même en petite quantités, des laitages, du lard, des viandes, des fruits sauvages, apportant ainsi un minimum de protéines, de lipides, de minéraux plastiques (calcium, magnésium…), d’oligo-éléments, de vitamines et d’acides amines essentiels. Ainsi, beaucoup de chercheurs relèvent que les populations des zones castanéicoles jouissaient d’une santé bien meilleure que celles des gens des cités. Donc, jusqu’à très récemment, la châtaigne a été le plat de base de nombreuses populations paysannes, en particulier durant la plus mauvaise saison : l’hivernale. En effet, en montagne la châtaigne a souvent pallié le manque d’autres ressources nourricières, comme les céréales (froment, blé, orge, seigle …) plus présentes dans les zones de plaine. Sans elle, une famine à l’état endémique aurait régné dans ces contrées ; la conservation du fruit, à l’état sec, a fait que souvent elle permettait de supporter sans trop de dommage une à deux années de mauvaises récoltes. La production française est passée de 512 000 tonnes en 1880 a 136 000 en 1950 puis à 41 000 en 1976, ce qui place la France au quatrième rang en Europe après l’Italie, l’Espagne et le Portugal mais très loin derrière le Japon, premier producteur mondial. |
| Utilisations économiques | | Dans certaines régions, il était appelé l’arbre à pain, car durant des siècles, toutes ses parties étaient utilisées et pour certaines d’entre elles la base de l’alimentation pour les humains et le bétail. La plantation fruitière est plus répandue hors forêt et fait appel à des sujets greffés, mais elle est en nette régression. Le châtaignier ne devient normalement productif que vers sa XXe année, mais, aujourd’hui, des variétés hybrides permettent des récoltes au bout de 5 ou 6 ans. C’est cependant à partir de sa trentième année qu’il donne sa meilleure récolte, et il fournira des fruits jusqu’à sa 80éme année, au cours d’une vie qui, par un étrange parallèle, s’apparente à celle de l’homme qu’il fait vivre. Il semble que son rendement maximum soit atteint entre 35-40 et 60-70 ans. Il peut donner jusqu’à 50 kg de châtaignes par récolte. Les bogues peuvent être utilisées pour teindre les tissus en beige. Les bogues servent aussi à faire du compost. Les chatons séchés étaient autrefois utilisés pour aromatiser le tabac. Les abeilles récoltent du miellat sur les feuilles. Le châtaignier donne un miel brun assez foncé, au goût légèrement amer, et l’on y retrouve le goût très caractéristique du marron. Avec le temps, le miel de châtaignier cristallise grossièrement. Les feuilles sont comestibles pour les bestiaux. Le feuillage est utilisé dans la confection de shampoing pour donner des reflets dorés. C’est la principale essence employée pour la production d’extraits tannants. L’écorce est employée pour le tannage et pour fournir une teinture noire. Sa richesse en tanin (matière rendant les peaux imputrescibles et qui fournit de l’encre) lui vaut à partir de la fin du XIXe siècle une campagne d’abattage qui ne prendra fin que vers les années 1950. En peuplement mélangé avec des résineux ou en peuplement pur, les châtaigniers constituent un bon moyen de protection contre les incendies. En raison de sa faculté à rejeter de souche, le Châtaignier est souvent encore traité en taillis. |
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| Les châtaignes comestibles contiennent jusqu’à 3 % d’amidon, des albumines, des dextrines, de la saccharose, de l’huile et d’autres matières nutritives. |
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| | Histoire | Le site d’origine du châtaignier semble être tout le bassin méditerranéen, les pays du Proche-Orient jusqu’en Iran. Dans ces civilisations, on désignait les châtaignes comme des « noix d’Héraklion », des « glands de Sardaigne » ou encore des « noix de cataignier ». Beaucoup de langues nationales désignent le Châtaignier par un nom qui rappelle sa dénomination latine, Castanea. Il a été introduit en Europe au Ve siècle avant JC. Les premières châtaigneraies virent le jour lorsque les hommes surent maîtriser les techniques de la greffe, du bouturage et de la taille. On peut en trouver des preuves en Italie du Nord, dans des fortifications circulaires datant de l’époque du bronze, mises au jour par des fouilles ; en Espagne on les connaît depuis le Néolithique. On en a aussi retrouvé des traces forts anciennes en Dordogne et en Ardèche, dans des sites archéologiques de l’époque glaciaire. La châtaigne a longtemps représenté une ressource alimentaire importante pour les populations de régions aussi diverses que le massif Armoricain, le massif Central, la Corse, le Portugal. À la fin du XIXe siècle, avec l’exode rural, et l’apparition de graves maladies dans les exploitations, commence le lent déclin des châtaigneraies. Des feuilles et une châtaigne fossilisées découvertes à Saint-Bauzile en Ardèche ont été datées à 8,5 millions d’années ère tertiaire. Le châtaignier fut introduit en France par les Romains, mais la véritable mise en culture du châtaignier ne remonte en réalité qu’au Moyen Âge même s’il s’agit plutôt, comme dans le cas de la vigne, d’une renaissance des châtaigneraies, auparavant provisoirement effacées devant les invasions barbares. Ce sont les moines qui, comme pour la vigne, développèrent sa culture. La présence ancienne du châtaignier dans nos régions est attestée par une foule d’indices, qu’il s’agisse de présence de fossiles, de la toponymie (nom de lieux), de la mention du châtaignier dans des cartulaires anciens, de l’existence de redevances féodales qui s’y référent expressément, de baux agricoles etc. La première extension de la culture du châtaignier semble s’être produite au XVIe siècle mais c’est au XVIIIe siècle qu’elle prendra un nouvel essor, après avoir été momentanément arrêtée par les très fortes gelées du début de ce siècle, qui l’ont affectée comme elles ont affecté oliviers et vignes. Au fil du temps, le châtaignier a trouvé son aire de développement dans l’arrière-pays méditerranéen. Matière première de meubles régionaux (surtout armoires) le châtaignier a même servi de cachettes au moment de la guerre des Camisards des Vallées Cévenoles. En Europe centrale, les châtaigneraies les plus anciennes datent de 1679, quelques spécimens de vieux arbres y vivent encore. Historiquement, l’arbre serait arrivé chez nous via la Grèce et l’Italie dès le premier siècle après JC. La température ambiante doit être chaude pour que la pollinisation se fasse dans d’excellentes conditions. Aussi, très sensibles aux grands froids, les châtaigneraies furent-elles anéanties certains hivers rudes, notamment en 1685 dans les Cévennes, ou 1709 en Limousin ou durement éprouvées récemment en 1956. Au cours des millénaires, on a sélectionné des espèces à grands fruits, les Marronniers. À partir de ces fruits, on entreprit jadis, à Lyon, de préparer les premiers nougats : châtaignes, miel et caramel. Au XVIIIe siècle, il connaît un fabuleux essor et devient une des bases de l’alimentation, d’où son nom « d’arbre à pain ». À la fin du XIXe siècle, avec l’exode rural commence le lent déclin du châtaigner. Mais, dés avant la fin de ce siècle (1860) la maladie de l’encre (moisissure sur les racines) est apparue : les arbres doivent être abattus et ils sont vendus aux fabricants de tannins, qui, entre 1875 et 1914, vont ainsi développer leurs productions. |
| Traditions | Dans toute l’Europe, les châtaigniers peuvent prendre des formes et des tailles phénoménales. Repartant de souches, certains sont parfois considérés comme immortels tandis que d’autres, à la ramure exceptionnelle, deviennent des légendes vivantes. C’est la cas du « Castagno dei cento Cavalli » ou « Châtaignier des Cent Chevaux » qui doit son nom à une reine napolitaine. À l’époque de la Renaissance, Giovanna I d’Angio fut surprise par un violent orage alors qu’elle faisait route vers l’Etna. Elle s’abrita sous la ramure immense de ce châtaignier ainsi que son escorte de cent cavaliers d’où le nom donné depuis à l’arbre. On lui attribue plus de deux mille ans. Au XVIIe siècle, Kircher y vit un troupeau de trois cents moutons à l’abri dans un énorme trou qui se trouvait à son pied ; quelques années plus tard, un autre voyageur y vit une famille habitant dans son intérieur. Actuellement, il mesure cinquante-cinq mètres de tour, avec quatre troncs divisés. Le cinquième ayant été brûlé volontairement par des voyous, une barrière peu esthétique protège dorénavant cet arbre vénérable qui enorgueillit le petit village de 2 000 habitants, Sant’Alfio. Cette image exceptionnelle symbolise les générations et civilisations qui ont gravit autour de son immense frondaison de plus de 2 000 ans, les enfants pérennisant l’avenir de ce gigantesque doyen végétal. Il gît sur les pentes Est de l’Etna, à environ 550 mètres d’altitude. Dans ce même village, on peut également voir le « Castagno della Nave », le « Châtaignier du Navire » qui surplombe la mer ionienne ; peut-être a-t-il servi de repère aux bateaux ! | |
| Religions | Ste Hildegarde (XIIe siècle) connaissait déjà l’action du châtaignier au niveau circulatoire : « Si un homme se fabrique un bâton de ce bois et le tient dans la main de sorte que sa main s’en trouve réchauffée, ses veines et toutes les forces de son corps en seront renforcées ». |
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