Les épillets ont deux fleurs, dont l’une est souvent stérile. Chez l’engrain sauvage, les deux glumelles portent une longue arête, alors que seule la lemma a une arête dans les formes cultivées. Chez l’engrain cultivé, seuls les épillets du sommet de l’épi se désarticulent parfois à maturité. Que ce soit au battage ou une fois désarticulés, les épillets restent attachés au segment du rachis situé au-dessous de l’épillet.
L’engrain est devenu une culture relique, et n’est plus guère cultivé que dans des zones de montagne au Proche-Orient, Irak, Iran, Caucase, Crimée, Roumanie (Siebenbürgen), Yougoslavie, Suisse, Autriche (éteint), France, Espagne, Maroc. En Espagne, 120 000 ha sont cultivés comme fourrage pour les mulets et les porcs.
En France, c’est le « petit épeautre » cultivé en Haute-Provence, autour du Mont Ventoux notamment.
Ses qualités de panification ne sont pas très bonne en comparaison des autres blés.
Il peut se cuire comme le riz et devient alors tendre.
Utilisations économiques
L’engrain est une espèce à très longue saison végétative, requérant jusqu’à 12 mois pour parvenir à maturité. Ce dernier fait, ainsi que de faibles rendements habituellement, semblent les principaux freins à sa culture.
La proportion de balle dans le grain est de 27 % ou plus. On considère même qu’on peut compter la moitié du rendement une fois décortiqué. Les rendements escomptés sont très variables allant de 560 à 3 600 kg/ha.
La collecte d’engrain sauvage a dû précéder de plusieurs millénaires sa mise en culture. Des restes en ont été trouvés datant de 10000 - 9000 avant JC à Tell Abu Hureyra et de 8000 avant JC à Mureybit (nord de la Syrie).
L’engrain cultivé apparaît vers 7000 - 6000 avant JC des piémonts de l’Anatolie à l’ouest de l’Iran. Il se répand ensuite en Palestine, puis au Proche-Orient, mis à part les zones les plus chaudes. Alors qu’il était resté jusqu’alors moins important que l’amidonnier et l’orge, il participe aux débuts de l’agriculture à Chypre et en Grèce vers 6000 avant JC, et devient une des céréales importantes dans les Balkans puis dans la région danubienne vers 4500 - 4000 avant JC, souvent en mélange avec l’amidonnier. Par contre, il reste rare au début de l’agriculture dans l’ouest de la Méditerranée (5000 avant JC).
D’après Pline (18, 81), les Romains ne le cultivaient pas, mais le connaissaient sous un nom grec (typhe) pour l’avoir vu ailleurs.
L’engrain se retrouve dans les cités lacustres néolithiques de Suisse, du Wurtemberg et de Thuringe. Il est resté important en Europe pendant tout l’Âge du Bronze, alors qu’il est progressivement remplacé par des blés nus au Proche-Orient. Sa culture a persisté un peu partout en Europe jusqu’au début du XXe siècle, où elle a considérablement régressé.