| Le sud de la vallée d’Amari, les villages de Meronas, d’Amari et de Gerakari, le plateau du Gious Kampos et les gorges de Smiles et de Messa en Crète | |
| |
| |
| Sur la route de la vallée d’Amari par le versant sud | La route du versant sud de la vallée d’Amari est la route provinciale d’Apostoli à Nithavri (Επαρχιακή Οδός Αποστόλων-Νίθαυριού). La route débute à Apostoli - Agia Fotini et suit le fond de la vallée, au piémont oriental du mont Katsonissi (Κατσονήσι) (1 108 m) qui sépare la vallée du bassin versant opposé, celui de la rivière de Platanias. À environ 4 km d’Apostoli, se trouve le village de Méronas situé dans un cadre verdoyant de vergers bien irrigués par les sources jaillissant de la montagne. Peu après Méronas, une route secondaire prend sur la gauche et mène vers les villages d’Amari et d’Opsigias (Οψιγιάς), en longeant le piémont nord du mont Samitos ; cette route rejoint la route provinciale d’Apostoli à Nithavri dans les environs de Pétrochori. Si l’on continue tout droit sur la route provinciale après Méronas, on arrive bientôt au village de Gérakari, où la route rejoint la route provinciale de Spili à Gérakari (επαρχιακή οδός Σπηλίου - Γερακαρίου) qui descend du plateau du Gious Kampos. À partir de Gérakari tous les villages suivants traversés par la route provinciale présentent un aspect récent : ces huit villages ont en effet tous été détruits par les troupes allemandes en août 1944 ; si l’on peut encore y visiter quelques vieilles églises, c’est parce qu’elles étaient à l’écart des localités ; c’est par cette route que les ravisseurs du général Kreipe avaient remonté la vallée d’Amari en mai 1944. Gérakari (Γερακάρι), Kardaki (Καρδάκι), Vryssès (Βρύσες), Drygiès (Δρυγιές), Ano Méros (Άνω Μέρος) et Chordaki (Χωρδάκι) se sont relevés de leur ruines, mais des villages comme Smilès (Σμιλές) ou Gourgouthoi (Γουργούθοι) ne sont plus que des hameaux presque déserts ; on peut voir des monuments aux morts poignants dans la plupart de ces villages. La route provinciale longe les gorges de Smilès, situées entre le versant nord du mont Kédros et le versant sud du mont Samitos, puis débouche dans la vallée du fleuve Platys qu’elle traverse par le pont de Manouras à la sortie des gorges de Messa. La route entre ensuite dans le canton des Kouritès, traverse le village d’Agios Ioannis, puis rejoint, à Nithavri, la route du versant nord de la vallée d’Amari. |
| Le village de Méronas (Μέρωνας / Méronas) | Le village de Méronas se trouve tout au fond de la vallée d’Amari, à une altitude de 620 m, au pied du mont Katsonissi. Méronas est situé à mi-chemin de la route qui traverse le fond de la vallée, depuis Apostoli, à 4,7 km au nord, jusqu’à Gérakari, à 4,9 km au sud ; le village d’Amari est à 4,1 km à l’est, au pied du mont Samitos. Méronas est à environ 35 km au sud-est de Réthymnon.
Le village de Méronas domine la vallée d’Amari ; en 1867, après le soulèvement crétois de 1866, les Ottomans construisirent, au sommet d’une colline située à 500 m au nord du village, un château qui pouvait surveiller la vallée (Κουλές). Ce château est, de nos jours, dans un état très ruiné. La zone de Méronas est très verdoyante, bien irriguée, fertile et riche en arbres fruitiers ; elle produit une grande variété de fruits : des cerises, des pêches, des abricots, des pommes, des noix, et même des oranges. La localité de Méronas compte un peu plus de 300 habitants et constitue à elle seule la communauté locale de Méronas (Κοινότητα Μέρωνα). | | Au centre de Méronas se trouve la jolie petite église de la Dormition de la Vierge (Κοίμηση της Θεοτόκου) ; il s’agit d’une église de type basilique à trois nefs voûtées, dont les deux nefs les plus anciennes, la nef centrale et la nef nord, datent du début du XIVe siècle ; la nef sud est plus tardive et date du XVIe siècle. L’église de l’Assomption recèle des fresques du XIVe siècle, qui ont été restaurées, dont le style est caractéristique de l’époque paléologienne ; elle recèle aussi une icône de la Vierge qui est une des plus anciennes icônes de Crète, datant également du début du XIVe siècle. L’iconostase en bois date du XIXe siècle. À l’extérieur de l’édifice on remarque l’emblème de la famille Kallergis, ainsi qu’une abside à l’architecture très ouvragée. Aller à la l’église Notre-Dame avec Google Maps (35.232603, 24.628566). | | Au sud-ouest du village se trouve une autre église qui mérite une visite, l’église Saint-Nicolas (Άγιος Νικόλαος), une église à une seule nef qui recèle des fresques du XIIIe siècle. L’église d’Agios Nikolaos se trouve, de nos jours, au milieu d’un terrain de campement. Aller à la chapelle Saint-Nicolas avec Google Maps (35.228885, 24.619595). |
|
| Le village d’Amari (Αμάρι / Amári) | Amari est un village agricole situé, à environ 460 m d’altitude, au milieu de la vallée d’Amari, au pied des pentes nord du mont Samitos (Σάμιτος). Autrefois, la localité était nommée Nefs Amari (Νευς Αμάρι) ; le terme « Neus » serait la transcription d’un mot arabe voulant dire « le centre, l’âme », signifiant que Nefs Amari était le chef-lieu de l’Amari ; sous l’occupation ottomane, des populations musulmanes arabophones vivaient en effet dans la région. Cette réminiscence de l’occupation turque a été supprimée en 1955, et le village se nomme simplement, de nos jours, Amari. Amari se trouve à environ 4,1 km à l’est de Méronas et à 2 km à l’ouest de Monastiraki, par la route qui longe le piémont nord du mont Samitos et qui rejoint la route du versant nord de la vallée après Monastiraki. La localité d’Amari compte un peu plus d’une centaine d’habitants ; avec le village d’Opsigias (Οψιγιάς) la communauté locale d’Amari (Κοινότητα Αμαρίου) compte environ 140 habitants. La population vit primairement de l’élevage et de l’agriculture, cultivant principalement la vigne, l’olivier et d’autres arbres fruitiers, ainsi que des céréales et du fourrage pour le bétail. Amari est un village sans beaucoup d’attrait touristique, si ce n’est la tour d’Amari (Πύργος Άμαρίου), qui est en réalité un clocher construit à l’emplacement d’un ancien château vénitien. Il est possible de monter dans le clocher qui offre une vue magnifique sur la vallée d’Amari et sur le massif du Psiloritis. Le village possède aussi un petit musée « laographique » (Λαογραφικό Μουσείο Αμαρίου), où sont exposés des matériels agricoles. Plusieurs églises intéressantes se trouvent à proximité du village d’Amari. | À environ 700 m au nord-est du village, sur la route provinciale d’Amari à Assomatos (Επαρχιακή Οδός Αμαρίου-Σχολής Ασωμάτων), se trouve la petite église Sainte-Anne (Αγία Άννα). Aller à la chapelle Sainte-Anne avec Google Maps (35.230877, 24.656870). L’église byzantine d’Agia Anna daterait de 1196, c’est-à-dire la toute fin de la seconde époque byzantine de la Crète ; ses fresques seraient les plus vieilles fresques de Crète ; sur l’une des fresques du chœur apparaît la date de 1225 et la première mention du village d’Amari. Sa façade nord présente de jolies arcades. | | À seulement 400 m, à vol d’oiseau, au nord-nord-ouest de la chapelle Sainte-Anne, se trouve l’église Notre-Dame Kéra (Παναγία Κερά), également nommée Notre-Dame Source de Vie (Ζωοδόχος Πηγή) Aller à l’église Notre-Dame Source de Vie avec Google Maps (35.234035, 24.653793). L’église de Zoodochos Pigi (« La source qui donne la vie »), ou Panagia Kéra à Amari, a été initialement construite, au XIIIe siècle, comme une église à dôme en forme de croix, avec un narthex transversal à l’ouest ; à cette première phase de construction appartiennent le bas-côté nord, le bêma dans sa majeure partie, le mur ouest du narthex, les trois plus grands piliers et une partie du toit. Les peintures murales conservées appartiennent à un courant stylistique archaïque largement répandu en Crète à la fin du XIIIe siècle. Au milieu du XIVe siècle, après l’effondrement du bas-côté sud et d’une partie du toit, l’église fut reconstruite et transformée en une basilique voûtée à trois nefs avec un narthex transversal. Sur le mur sud a été construit l’impressionnant portail de style gothique tardif, avec les armoiries de la famille Kallergis sculptées sur le linteau de la porte sud. Un système de conduits recouverts de tuiles d’argile du sol, qui sont aujourd’hui conservées uniquement dans la zone du bêma, évacuait les eaux souterraines abondantes à l’extérieur de l’église, car l’église a été construite sur une zone humide, ce qui explique sans doute le nom de Source de Vie. À la même époque, au milieu du XIVe siècle, une chapelle en forme de dôme est ajoutée au nord de l’édifice, avec des fonts baptismaux rectangulaires en son centre. À l’intérieur de l’église et dans l’enceinte ont été trouvées des tombes dont la manière de construire indique une date du XIVe siècle au XVIe siècle. | |
|
| Le plateau du Gious Kampos (Οροπέδιο Γιούς Κάμπος / Oropédio Gioús Kámpos) | Gious Kampos est un petit plateau, situé entre 750 m et 800 m d’altitude, au piémont nord-ouest du mont Kédros (βουνό Κέντρος), sur la bordure sud de la vallée d’Amari (n° 17 sur la carte du Géoparc du Psiloritis). Le plateau est accessible depuis quelques villages : Patsos au nord-ouest et Gérakari au nord-est, dans le canton de Syvritos du dème d’Amari ; Spili à l’ouest et Kissos au sud, dans le canton de Lampi du dème de Saint-Basile. Le plateau est bordé au nord par la route provinciale de Spili à Gérakari (Επαρχιακή οδός Σπηλίου - Γερακαρίου), à mi-chemin entre ces deux localités. Sur le plan administratif, le plateau du Gious Kampos fait partie du dème d’Agios Vassilios, à la limite entre ce dème et le dème d’Amari. Aller au plateau du Gious Kampos avec Google Maps (35.214035, 24.567370). Le toponyme du Gious Kampos signifierait, en dialecte crétois, le « champ d’Io » (κάμπος της Ηούς) ; dans la mythologie, Io (Ίώ) était une prêtresse, une des nombreuses amantes de Zeus, que Zeus transforma en une génisse blanche pour la cacher à son épouse Héra. « kampos » est un mot de grec byzantin, dérivé du latin « campus », désignant des terres plates, une petite plaine (πεδιάδα en grec moderne). Le plateau du Gious Kampos est formé par des roches schisteuses de la nappe tectonique de Vatos, village situé au sud du mont Kédros, tandis que de grands blocs de calcaire provenant de l’unité tectonique de calcaires du Pindos et de l’unité tectonique de calcaires de Tripoli (Tripolitsa) constituent les collines environnantes. En raison de ce schiste argileux imperméable, un petit ruisseau se forme pendant plusieurs mois en hiver et au printemps, fournissant l’humidité nécessaire à la croissance de nombreuses plantes. Le plateau du Gious Kampos est entouré d’un certain nombre de montagnes plus ou moins élevées : au nord-ouest, près de Patsos, le mont Soros (όρος Σωρός) (1 186 m), dont le nom, très commun, signifie « le tas », à ne pas confondre notamment avec le mont Soros situé dans le sud-est du Psiloritis ; à l’ouest, le mont Vorizi (όρος Βορίζη) ; au sud-est, le mont Kédros ; au sud, près de Kissos, le mont d’Agio Pneuma (όρος Άγιο Πνεύμα) (« mont Saint-Esprit »). Le « champ d’Io » est une terre alluviale extrêmement fertile ; il produit toutes sortes de céréales, de légumes, de cerises, de pommes, de prunes et de noix, ainsi que des plantes fourragères que pâturent de nombreux troupeaux de chèvres et de moutons. La surface exploitée pour les cultures couvre environ 25 ha, soit 2,5 km². Malgré l’utilisation agricole intensive de ce plateau, Gious Kampos abrite des plantes uniques de l’île, notamment une grande variété d’espèces d’orchidées, et une tulipe rouge vif, endémique de la Crète, la tulipe d’Orphanidès (Tulipa orphanidea ou Tulipa doerfleri) ; cette particularité fait de ce plateau une destination unique pour le tourisme botanique au printemps. | | |
|
| Le village de Gérakari (Γερακάρι / Gerakári) | Gérakari est un village agricole situé à environ 660 m d’altitude, au piémont nord du mont Kédros ; le territoire est très irrigué par les sources jaillissant au pied du Kédros ; les quelque 300 habitants vivent primairement de l’arboriculture d’arbres fruitiers cultivés sur les pentes de la montagnes : pommiers, poiriers, noyers, cognassiers, mais le village est surtout très réputé pour sa production de cerises griottes et d’eau-de-vie de cerise. La localité de Gérakari se trouve à 5 km au sud de Méronas et à 36 km au sud-est du chef-lieu du département, Réthymnon. Gérakari est relié à la ville voisine de Spili par une belle route panoramique traversant d’est en ouest le plateau du Gious Kampos (Επαρχιακή οδός Σπηλίου - Γερακαρίου) ; Spili est à environ 11 km de Gérakari. Le fleuve Platys et son affluent la rivière Lygiotis (Λυγιώτης) prennent leurs sources dans les environs de Gérakari ; Gérakari se trouve près de l’entrée des gorges de Smilès creusées par la rivière Lygiotis. L’origine du toponyme « Γερακάρι » est incertaine ; l’hypothèse la plus pittoresque veut que ce soit le nom byzantin du fauconnier (ιερακάριος), celui qui dresse les faucons (γεράκι) pour la chasse. Le nom se prononce « yéra-kari ». Gérakari a fait partie des neuf villages détruits par les troupes allemandes le 22 août 1944 lors de ce que l’on nomme l’« Holocauste du Kédros » (Ολοκαύτωμα του Κέδρους) ; ces destructions étaient faites en représailles au rôle joué par cette région, pendant toute l’occupation allemande, dans l’accueil et le ravitaillement des résistants crétois et des agents britanniques, notamment lors de l’enlèvement du général Kreipe, qui se cachèrent dans la grotte de Chaïnospilios près de Gérakari. Peu de temps auparavant, le 16 août, les troupes allemandes avaient fait subir le même sort à la région d’Anogia. Le 22 août 1944 la Wehrmacht pilla, dynamita et incendia tous les bâtiments de Gérakari, y compris des églises datant de l’époque vénitienne ; 49 habitants du village, demeurés sur place, furent mis à mort. La cloche vénitienne d’une église, avec un décor en relief, a pu être sauvée et se trouve de nos jours dans le clocher de l’église de l’Annonciation à la Vierge (Ευαγγελισμός της Θεοτόκου). Un monument, situé sur la place centrale de Gérakari, commémore ce crime de guerre (Μνημείο 22 Αυγούστου 1944). Par suite des destructions de la Seconde Guerre mondiale, Gérakari est un village plutôt moderne ; les seuls édifices anciens qui ont survécu se trouvent dans des localités voisines : - à Élénès (Ελένες), situé à environ 700 m au nord-est de Gérakari, en contrebas de la route, se trouve une chapelle à deux nefs, Agios Nikolaos (Άγιος Νικόλαος), qui contient de belles fresques du XIIIe siècle.
- au lieu-dit Fotis (Φώτης), à environ 1,5 km à l’est-sud-est de Gérakari, au bord de la route vers Kardaki, se trouve l’église byzantine Saint-Jean l’Évangéliste, ou Saint-Jean le Théologien (Άγιος Ιωάννης ο Θεολόγος). L’église d’Agios Ioannis Theologos est une église du XIe siècle ou du XIIe siècle, reconstruite avec une coupole au XIIIe siècle, et qui a été récemment restaurée. L’église Saint-Jean recèle des fragments de fresques de grande valeur datant du XIIIe siècle et du XIVe siècle. En face de l’église il y a une belle aire de repos ou de pique-nique, à l’ombre d’un grand chêne.
Gérakari est un bon point de départ pour des excursions vers le mont Kédros ou vers la grotte de Chaïnospilios. |
| La grotte de Chaïnospilios (Χαϊνόσπηλιος / Chaïnóspilios) | Chaïnospilios est une grotte située à environ 880 m d’altitude sur le versant nord du mont Kédros (όρος Κέντρος), à moins d’un kilomètre, à vol d’oiseau, au sud du village de Gérakari. Le toponyme « Χαϊνόσπηλιος », signifie la « grotte du Rebelle » ; une autre grotte porte le même nom, près de Goniès, sur les pentes nord du Psiloritis. La grotte de « Chaïnospilios » est une grotte de petite taille dont l’ouverture est obturée par un mur de pierres, car elle était utilisée par les bergers comme lieu naturel d’affinage des produits fromagers, comme une sorte de « mitato » (μιτάτο), une cabane de berger. Le 6 mai 1944, l’équipe du capitaine britannique William Stanley Moss conduisit le commandant des forces d’occupation allemandes de Crète, le général Heinrich Kreipe, qu’elle avait enlevé le 26 avril à Archanès près d’Héraklion, à « Chaïnospilios », utilisant la grotte comme cachette. Depuis la grotte, les résistants pouvaient aisément surveiller la vallée d’Amari. Le lendemain, le 7 mai 1944, l’équipe du capitaine Moss, ainsi que le général enlevé, arriveront au village de Patsos où ils rencontreront le chef de l’équipe d’enlèvement, le major britannique Patrick Leigh Fermor. Dans la soirée du 14 mai 1944, les ravisseurs, emmenant le général Kreipe, se sont échappés dans un bateau de la Royal Navy britannique, depuis la baie des « Pigeons » (Περιστερές) dans la région de Rodakino, avec comme destination Le Caire, en Égypte. Randonnée à la grotte de Chaïnospilios : Le chemin part de la zone de « Campou Sténo » (Κάμπου Στενό) et traverse les lieux-dits de « Champéssi » (Χαμπεσή), « Spartès Potamos » (Σπαρτές Ποταμός), « Skalia » (Σκαλιά), « Lidi » (Λίδι), « Mathiouli Mnima » (Μαθιουλή Μνήμα), « Poros tou Klefti » (Πόρος του Κλέφτη), « Makré Charaki » (Μακρέ Χαράκι) et « Avdélaré » (Αβδελαρέ) ; le chemin se termine à la grotte de « Chaïnospilios ». Point de départ : Aller au point de départ de la piste de Chaïnospilios avec Google Maps (35.212218, 24.608915). La promenade dure deux heures aller-retour, avec un dénivelé d’un peu plus de 200 m. Le chemin est balisé, avec un panneau explicatif au départ, sur le parc de stationnement. |
|
| Le village de Kardaki (Καρδάκι / Kardáki) | Kardaki est un village de moyenne montagne, situé à environ 580 m d’altitude, entre les contreforts nord du mont Kédros et le mont Samitos, près de l’entrée des gorges de Smilès ; la région est bien arrosée et verdoyante. Le toponyme de la localité « καρδάκι » paraît être une corruption du nom « καρυδάκι », dérivant du nom grec du noyer, « καρυδιά », et de la noix, « καρύδι » ; cet arbre fruitier est en effet abondamment cultivé dans la région. Sous la domination vénitienne, le village était d’ailleurs nommé « Caridachi » ou « Caridhachi ». La localité de Kardaki compte une population d’une trentaine d’habitants et fait partie de la communauté locale de Vryssès (Βρύσες) (Κοινότητα Βρυσών), village situé à environ 500 m au sud-est de Kardaki. Lors de l’« Holocauste du Kédros », sous l’occupation allemande, le 22 août 1944, le village de Kardaki fut entièrement détruit et une vingtaine d’hommes mis à mort. À environ 600 m au sud-ouest de Kardaki se trouve le hameau de Gourgouthès (Γουργούθες) ou Gourgouthi (Γουργούθοι), presque abandonné après sa destruction par les Allemands ; son église, dédiée à saint Jean et à sainte Anne, située dans le cimetière, mérite une visite. Dans un autre village détruit le 22 août 1944 et abandonné, le village de Smilès (Σμιλές), situé à 1 km à l’est de Kardaki et à 300 m au nord-est de Vryssès, se trouve une autre église méritant une visite, l’église Notre-Dame de Smilès (Παναγία Σμιλέ) ; cette église, dédiée à la Présentation de Marie au Temple (Εισόδια της Θεοτόκου), recèle de belles fresques du XIVe siècle. L’église est malheureusement dans un état proche de l’abandon. À moins de 100 m à l’ouest, se trouve une autre église, l’église du Seigneur Christ (Αφέντης Χρηστός). Aller à l’église Notre-Dame de Smilès avec Google Maps (35.205926, 24.640311). |
| Les gorges de Smilès (Σμιλιανό Φαράγγι / Smilianó Farángi) | Les gorges de Smilès, ou « gorges smiliennes » (σμιλιανό φαράγγι), ou encore « gorges de Kalamafka » (φαράγγι Καλαμαύκας), sont des gorges situées sur la bordure sud de la vallée, entre le mont Kédros (1 777 m) et le mont Samitos (όρος Σάμιτος) (1 104 m) ; depuis le sommet du mont Samitos, on a une vue panoramique sur la vallée où coule le bras principal du fleuve Platys. Les gorges de Smilès doivent leur nom au village abandonné de Smilès, situé au nord-est de Vryssès. L’entrée des gorges se trouve un peu à l’est du village de Vryssès ; la sortie des gorges se trouve à mi-chemin entre Ano Méros, au sud, et Pétrochori (Πετροχώρι), au nord ; les gorges de Smilès ont une longueur d’environ 2,5 km. Aller aux gorges de Smilès avec Google Maps (35.201717, 24.657344). Les gorges Smiliano ont été formées par l’érosion causée par le ruisseau Lygiotis (ρέμα Λυγιώτης) ou rivière Lygiotis (Λυγιώτης ποταμός), un cours d’eau torrentueux qui draine les eaux des pentes nord du mont Kédros et du mont Samitos, dans les environs de Gérakari ; la rivière Lygiotis, qui est également nommée rivière de Smilès (Σμιλιανός ποταμός), conflue avec le fleuve Platys peu après la sortie des gorges de Smilès. La rivière creuse d’abord les calcaires de l’unité tectonique du Pindos, puis les flyschs de calcaires en plaquettes de la faille tectonique formée entre le mont Kédros et le mont Samitos. À la sortie de la partie la plus encaissée des gorges se trouve un pittoresque pont ancien en pierre, le pont de Smilès (Σμιλιανό Γεφύρι) ; au bout des gorges, un pont moderne permet le passage d’une petite route reliant Ano Méros à Pétrochori. La traversée des gorges, notamment dans leur partie supérieure, est impossible sans équipement spécial ni guide expérimenté. On peut découvrir les gorges en suivant le chemin qui conduit au village de Drygiès (Δρυγιές), puis rejoint la sortie des gorges au pont de Smilès ; depuis la route, des chemins d’exploitation agricole permettent de s’approcher de la rivière et de découvrir quelques-unes des chutes d’eau qui jalonnent le cours d’eau, dont la plus haute a une hauteur de 13 m. |
|
| Le village d’Ano Méros (Άνω Μέρος / Áno Méros) | Ano Méros est un village agricole situé, à environ 580 m d’altitude, sur les contreforts nord-est du mont Kédros ; le village fait face, au nord, au mont Samitos et surplombe des gorges de Smilès ; les quelque 200 habitants vivent principalement de la culture de la vigne et de l’olivier, ainsi que de l’élevage de chèvres et de moutons. La localité est le chef-lieu de la communauté locale d’Ano Méros (Κοινότητα Άνω Μέρους) qui comprend aussi les localités de Drygiès (Δρυγιές), situé à 1 km au nord-ouest d’Ano Méros, et de Chordaki (Χωρδάκι), situé à environ 2 km, à vol d’oiseau, au sud-est d’Ano Méros. Ano Méros se trouve à environ 8 km à l’est-sud-est de Gérakari. Chordaki est le dernier village de la route du versant sud de la vallée d’Amari ; en continuant vers l’est, on traverse le fleuve Platys par le pont de Manouras (καμάρα Μανουρά) et on atteint la partie orientale de la vallée, avec le village d’Agios Ioannis comme première localité rencontrée, puis Nithavri, où on rejoint la route du versant nord de la vallée d’Amari. On peut faire une pause à Ano Méros et admirer la vallée d’Amari depuis la terrasse du café situé à la sortie sud du village. Aller au pont de Manouras avec Google Maps (35.173013, 24.695071). | | Le toponyme « méros » (μέρος) signifie en grec « partie », dans le sens de partie d’un tout ; familièrement « méros » signifie aussi le « petit coin », c’est-à-dire les toilettes. Ano Méros signifie quelque chose comme « Partie-d’en-Haut ». Ano Méros et Chordaki furent les derniers des neuf villages détruits, par représailles, par les troupes allemandes d’occupation entre le 22 août et le 30 août 1944 ; trente hommes d’Ano Méros furent rassemblés et fusillés et huit autres personnes, femmes et personnes âgées, furent aussi mis à mort ; 200 maisons furent détruites. Les noms de ces 38 victimes ont été gravés sur le mémorial qui se dresse dans un grand tournant de la route, un peu après le cimetière du village ; ce monument représente une femme en train de graver, avec un ciseau et un marteau, les noms des martyrs ; le monument est l’œuvre d’un sculpteur réputé de Réthymnon, Yiannis Kanakakis (Γιάννης Κανακάκης). À moins d’un kilomètre au sud-ouest d’Ano Méros, on peut visiter l’église de l’ancien monastère de Kaloidéna (Μόνη Καλόειδενας ou Μονή Καλόειδαινας), dédiée à la Transfiguration du Sauveur (Μεταμόρφωση του Σωτήρος) ; l’église est située dans un endroit idyllique avec des sources et de grands platanes. |
| Les gorges de Messa (Μέσα Φαράγγι / Mésa Farángi) | Les gorges de Messa (Μέσα Φαράγγι) sont situées au milieu de la commune d’Amari, à la limite entre le canton occidental de Sivritos et le canton oriental des Kouritès (n° 27 sur la carte du Géoparc du Psiloritis). Aller aux gorges de Messa avec Google Maps (35.163043, 24.695243). À sa sortie de la zone du Géoparc du Psiloritis, le fleuve Platys (Πλατύς), c’est-à-dire la « Rivière Large », longe les pentes orientales du mont Kédros, créant les gorges de Messa ; plus au sud, le fleuve Platys traverse d’autres gorges. L’entrée des gorges se trouve à environ 2 km au sud du village de Pétrochori (Πετροχώρι) ; les gorges de Messa ont une longueur d’environ 2,5 km, dans la direction nord-sud, et se terminent un peu avant le pont de Manouras, où passe la route reliant le village de Chordaki, à l’ouest du fleuve, au village d’Agios Ioannis, à l’est. Les parois des gorges sont très spectaculaires car l’alternance des calcaires en plaques avec le flysch de l’unité tectonique de calcaires du Pindos forme diverses formes d’érosion profonde des roches. Le fleuve Platys est en eau pendant toute l’année ; la descente des gorges de Messa nécessite de marcher dans l’eau, voire de nager à certains endroits ; la rivière présente un certain nombre de chutes d’eau qui créent des bassins où il est possible de se baigner. La randonnée peut se faire en une heure. |
|
|
| L’holocauste de l’Amari (Ολοκαύτωμα του Αμαρίου / Olokaútoma tou Amaríou) | L’holocauste de l’Amari est un massacre de populations civiles, commis par les troupes d’occupation allemandes, dans la région de l’Amari, au centre de la Crète ; ce massacre est également nommé « Holocauste du Kédros » (Ολοκαύτωμα του Κέδρους), car les villages qui ont été détruits se trouvent sur le versant sud de la vallée d’Amari, au pied du mont Kédros (Κέντρος), et sont collectivement nommés « villages du Kédros ». Dans ce cas du massacre de l’Amari, l’emploi du terme « holocauste », qui veut dire « tout brûler », est justifié, car les soldats allemands ont non seulement brûlé les maisons des villages et les cultures, mais aussi brûlé les cadavres des habitants qu’ils avaient fusillés. Le massacre d’Amari s’est produit du 22 août au 30 août 1944, après d’autres représailles causées par plusieurs attaques contre des soldats allemands, le 7 août à Anogia, le 8 août à Damasta, le 12 août à Skourvoula : le 13 août, le commandement allemand ordonna la destruction d’Anogia ; le 14 août, la destruction de Skourvoula (Σκούρβουλα), de Kamarès, de Magarikari (Μαγαρικάρι) et de Pétrokéfalo (Πετροκέφαλο) ; le 21 août, la destruction de Damasta et les exécutions de Goniès. Le 22 août débutait la destruction des villages du Kédros. Les habitants des villages du Kédros n’étaient pas impliqués directement dans les attaques contre des soldats allemands au début d’août 1944 ; cependant la vallée d’Amari, et particulièrement le village de Gérakari, était le centre de la Résistance depuis le début de l’occupation de la Crète. Après la victoire des Allemands, lors de la Bataille de Crète, les soldats rescapés, originaires des dominions britanniques, Néo-Zélandais et Australiens, trouvèrent refuge et assistance dans cette vallée reculée, avant d’être évacués vers l’Égypte à partir de la côte sud de l’île. Les agents secrets du Special Operations Executive (S O E) britannique avaient aussi leur centre des opérations dans les grottes de la région, notamment le lieutenant-colonel Thomas Dunbabin qui assurait la liaison avec la Résistance Nationale (Εθνική Οργάνωση Κρήτης, E O K). En mai 1944 les agents britanniques et les maquisards crétois, qui avaient enlevé le général allemand Kreipe, avaient transité par la vallée d’Amari et s’étaient cachés, avec leur prisonnier, dans la grotte de Chaïnospilios près de Gérakari. Pour toutes ces raisons, le nouveau commandant allemand de la Forteresse Crète (Festung Kreta) depuis le 1er juillet, le général Friedrich-Wilhelm Müller, voulait sans doute régler ses comptes avec la région de l’Amari avant le retrait des troupes d’occupation allemandes vers le réduit de La Canée, retrait qui aura lieu en septembre 1944 ; le commandement allemand voulait aussi sans doute tétaniser la Résistance pour qu’elle n’attaque pas ses troupes pendant leur retrait. Contrairement aux hommes d’Anogia, qui s’attendaient à des représailles après les attaques de soldats allemands et qui s’étaient réfugiés dans les montagnes du Psiloritis, les hommes des villages du Kédros furent pris par surprise au matin du 22 août 1944. Plusieurs bataillons de la 22e Division d’infanterie de la Wehrmacht (22. Infanterie-Division) pénétrèrent dans la vallée d’Amari et encerclèrent neuf villages du Kédros : Gérakari, Gourgouthi, Kardaki, Vryssès, Smilès, Drygiès, Ano Méros et Chordaki ; le neuvième village était Krya Vryssi (Κρύα Βρύση), situé sur le flanc sud du mont Kédros. Les hommes adultes furent séparés des autres habitants ; après vérification des identités, certains hommes furent emmenés à Réthymnon pour être emprisonnés dans la forteresse, les autres hommes gardés pour être fusillés. Les femmes reçurent l’ordre de prendre quelques affaires dans leur maison et furent éloignées. Les récoltes et le bétail furent confisqués pour le ravitaillement des troupes allemandes. Après le départ des femmes et des prisonniers, les hommes furent fusillés et leurs cadavres aspergés d’essence et brûlés. Les maisons, les églises et les écoles furent pillées et incendiées, et brûlèrent pendant une semaine ; les ruines restantes furent dynamitées. Au total 164 habitants des villages du Kédros furent mis à mort. |
|
|
| |
| |
|