| La vallée de la rivière Aposelemis (Aposelémis) depuis Avdou jusqu’au plateau du Lassithi en Crète | |
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| Présentation générale | Le canton d’Hersonissos, dans la commune du même nom, comprend deux parties reliées entre elles par un étranglement au droit de la ville d’Hersonissos. Ces deux parties sont de nature très différente : la partie nord du canton est le domaine du tourisme à forfait le plus outrancier ; la partie sud est une contrée agricole et bucolique, mais qui recèle quelques joyaux culturels et naturels. |
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| Le sud du canton d’Hersonissos débute immédiatement au sud de la ville d’Hersonissos, au-delà la route nationale 90 ; cette partie du canton est enclavée entre le canton de Gouvès, à l’ouest, et le canton de Malia, à l’est. Le sud du canton d’Hersonissos est limitrophe de la commune de la Plaine minoenne, au sud-ouest, et de la commune du Plateau du Lassithi, au sud-est. Cette contrée comprend essentiellement la vallée de la rivière Apossélémis, vallée qui est historiquement l’accès nord au plateau du Lassithi, par le col des Vignes (Άμπελος Αυχήν). Sur la route d’Hersonissos au Lassithi, environ 2 km après avoir traversé la route nationale 90, on aperçoit sur le côté droit, le plus apprécié des deux clubs de golf de Crète (Γήπεδο Γκολφ Κρήτης) (site sur le Toile : cretegolfclub.com) et le parc aquatique « Acqua Plus » (site sur la Toile : acquaplus.gr). Un peu plus loin, au lieu-dit Xérokamarès (Ξεροκαμάρες), c’est-à-dire les « Arches sèches », on aperçoit les ruines de l’ancien aqueduc romain, dans le ravin en contrebas de la route ; ce ravin marque l’entrée des gorges de la rivière Apossélémis. À ce point la route bifurque entre la route de Kastelli, à droite, et la route du Lassithi, à gauche. La route du Lassithi pénètre dans la vallée d’Avdou ; le premier village rencontré est Potamiès ; un peu au nord de ce village se trouve le très ancien monastère de la Panagia Gouverniotissa, dont seul survit l’intéressant catholicon restauré, avec de très belles fresques. Entre Potamiès et le village suivant, Avdou, a été construit le barrage de l’Apossélémis et son lac-réservoir ; on peut apercevoir le lac de barrage à travers les clôtures qui ferment son emprise ; ce lac artificiel sert à l’alimentation en eau de la capitale et de la zone touristique. À Avdou on découvre un vieux village traditionnel avec plusieurs églises très anciennes de grande valeur artistique ; depuis Avdou on peut s’écarter de la route principale pour visiter le village pittoresque de Krassi, à quelques kilomètres à l’est. À partir d’Avdou la route monte plus fortement, gravissant les contreforts du Dicté par une série de lacets ; on atteint le village de Kéra, célèbre pour son monastère de la Kardiotissa Kéra, Notre-Dame Miséricordieuse, et son icône miraculeuse. Surplombant le village de Kéra, se trouve le site archéologique de Karfi où a été mise au jour une ville de la fin de l’époque minoenne récente ; l’accès au site, qui nécessite un peu de marche, est récompensé par de très belles vues. La dernière étape, avant de parvenir au plateau du Lassithi, est le col des Vignes, avec ses moulins à vent, d’où l’on découvre le paysage fascinant du plateau, enchâssé dans l’écrin des montagnes du Dicté. |
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| La vallée d’Avdou (Αβδού / Avdoú) | Ce que l’on nomme habituellement la vallée d’Avdou est la vallée de la rivière Apossélémis (ποταμός Αποσελέμης) dans son cours moyen ; la vallée d’Avdou est souvent nommée simplement la Lagada (Λαγκάδα / Lagkáda), la « Vallée », « λαγκάδα » désignant une large vallée, synonyme de « κοιλάδα ». La rivière Apossélémis prend sa source sur le versant nord-ouest du massif du Dicté, au pied du mont Mikros Afendis (Μικρός Αφέντης) (1 571 m) ; la source se trouve au lieu-dit Flégès (Φλέγες), situé un peu à l’est des villages de Kastamonitsa (Κασταμονίτσα) et d’Amariano (Αμαριανό). Ce sont les eaux du poljé du Lassithi qui resurgissent à cet endroit, après avoir disparu sous terre dans le nord-ouest du plateau, par le ponor de Chonos (Χώνος), situé près de Kato Métochi (Κάτω Μετόχι) et du monastère de Vidiani. Le cours supérieur de la rivière Apossélémis se dirige d’abord vers le nord jusqu’au village d’Avdou, où elle reçoit un affluent descendant des gorges d’Ampélos (φαράγγι της Αμπέλου) et des gorges de Roza (φαράγγι Ρόζας), passant près de Kéra et de Goniès (Γωνιές Πεδιάδας). | | Après Avdou, la rivière butte contre la colline de Mochos et change de direction, se dirigeant vers le nord-ouest ; c’est sur ce cours moyen de la rivière qu’a été construit le barrage de l’Apossélémis (Φράγμα Αποσελέμη), à environ 3,5 km en aval d’Avdou. Le but de ce barrage n’était pas la production d’électricité mais l’approvisionnement en eau des villes d’Héraklion, située à 32 km, et d’Agios Nikolaos, située à plus de 40 km, et de la zone touristique d’Hersonissos, soit une population de 300 000 habitants. Le barrage de l’Apossélémis est un barrage constitué de terre argileuse étanche et d’un enrochement, de 660 m de longueur et de 61 m de hauteur ; le barrage a créé un lac-réservoir d’un volume d’environ 30 millions de m³, d’une superficie d’1,6 km², avec un débit maximal de 1000 m³/s. La construction du barrage de retenue s’est déroulée de 2005 à 2012 ; des travaux d’accompagnement ont duré jusqu’en 2019. En 2018 un tunnel, avec une tuyauterie en acier de 3,5 km de longueur et avec une pente de 15 %, a été construit pour drainer les eaux du plateau du Lassithi vers le barrage et éviter les phénomènes d’inondation. Le barrage de l’Apossélémis est, à ce jour, le plus grand projet d’approvisionnement en eau de Crète. Le hameau de Sfendyli (Σφεντύλι), qui était situé dans l’emprise du réservoir du barrage et en dessous du niveau de remplissage, a dû être abandonné ; au cours des années de sécheresse qui ont suivi l’achèvement du barrage, Sfendyli a été englouti et est réapparu plusieurs fois, devenant une attraction locale. Le lac-réservoir a été complètement rempli pour la première fois en février 2019. | | Juste après le barrage le cours résiduel de la rivière passe près du village de Potamiès, puis continue, toujours en direction du nord-ouest, jusqu’au lieu-dit Xérokamarès (Ξεροκαμάρες) où la rivière entre dans des gorges progressivement de plus en plus étroites ; près de Xérokamarès on peut observer les ruines de piliers de l’aqueduc romain qui amenait l’eau depuis la région de Lyctos jusqu’à l’ancien port d’Hersonissos. Il y a aussi un vieux pont qui, à l’origine, était un pont romain et qui permettait de franchir la rivière juste avant qu’elle n’entre dans les gorges. Avant l’entrée dans les gorges, la rivière Apossélémis reçoit comme affluent la rivière Mikros Potamos (Μικρός Ποταμός), la « Petite Rivière », venant de Karouzana (Καρουζανά). Xérokamarès est aussi à l’intersection de la route de Kastelli et de la route du Lassithi, les deux routes empruntant respectivement les vallées de ces deux rivières. Les gorges de l’Apossélémis (φαράγγι του Αποσελέμη) ont une longueur de moins de 6 km ; elles débutent près de l’église du Saint-Esprit (Άγιο Πνεύμα) à Xérokamarès par une vallée très encaissée, sur environ 2 km, puis les berges deviennent de plus en plus escarpées et finissent par devenir des parois presque verticales, atteignant par endroits la hauteur de plus de 150 m. Après être passé sous le viaduc de la route nationale 90 d’Héraklion à Saint-Nicolas, la rivière sort brutalement des gorges et débouche dans la plaine côtière d’Hersonissos, près de la localité d’Agriana (Αγριανά). La municipalité d’Hersonissos a créé un sentier de promenade le long des gorges de l’Apossélémis avec des aires de loisir à chaque extrémité. Cette promenade relativement facile, avec un dénivelé d’une centaine de mètres entre l’entrée des gorges, à 120 m d’altitude, et leur sortie, à 13 m ; la promenade peut se faire en 2 h 30 min. Cette promenade permet de découvrir un paysage pittoresque avec des roches curieusement sculptées par les eaux de la rivière et une riche végétation, notamment aquatique. Après Agriana, la rivière Apossélémis, épuisée par les prélèvements d’eau, termine son cours paresseusement dans la plaine d’Hersonissos, au milieu d’une zone humide, dans la région d’Analipsi (Ανάληψης) ; cette zone humide est un habitat important pour les oiseaux migrateurs. À l’embouchure de la rivière les alluvions ont créé une belle plage de sable, longue de 750 m et large de 50 m, la plage de l’Apossélémis (παραλία Αποσελέμη). Le cours inférieur de l’Apossélémis longe une faille tectonique qui sépare le massif du Dicté de la Plaine minoenne ; ce cours inférieur de la rivière marque aussi la limite entre le canton d’Hersonissos et le canton de Gouvès. |
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| Le village de Potamiès (Ποταμιές / Potamiés) | Potamiès est le premier village de la vallée de la rivière Apossélémis (Αποσελέμης) que l’on rencontre en venant d’Héraklion ; le village se trouve juste avant que la rivière s’engage dans les gorges de l’Apossélémis (φαράγγι του Αποσελέμη) et, de nos jours, juste après le lac de barrage construit sur la rivière. Le village est bâti sur la rive droite de la rivière, au nord-est, à environ 170 m d’Altitude. Le toponyme du village, « Οι Ποταμιές », signifie « les rivières » ; ce nom doit officiellement s’écrire « αι Ποταμιαί » (Potamiai). Le village de Potamiès fait partie du canton d’Hersonissos, dans la commune d’Hersonissos. La communauté locale de Potamiès comprend aussi le hameau de Sfendyli (Σφενδύλι), qui a dû être abandonné car il était situé dans la zone inondable du lac de barrage lorsque celui-ci est plein. Potamiès compte moins de 400 habitants dont l’activité principale est l’agriculture, notamment la culture des oliviers, des orangers et des citronniers. Potamiès est situé à 11 km au nord du port d’Hersonissos, Liménas Hersonissou, et à 8 km au nord d’Hersonissos. Héraklion est à 33 km à l’ouest ; en venant d’Héraklion par la route nationale 90, prendre à droite la direction de Kastelli, juste avant d’atteindre Hersonissos, puis bifurquer sur la gauche vers Potamiès. À l’entrée ouest du village se trouve un petit pont d’où l’on peut voir couler la rivière Apossélémis au printemps. Avant le village, à gauche de la route, se trouve également une petite église, l’église du Christ Sauveur (Σωτήρας Χριστός) ou du Seigneur Christ (Αφέντης Χριστός). Il s’agit d’une église à une seule nef voûtée, de style gothique vénitien, avec un portail en tiers point, c’est-à-dire en arc brisé ; cette église recèle, à l’intérieur, de belles fresques du XIVe siècle. Quand la porte n’est pas défoncée, elle est fermée à clef. La principale attraction culturelle de Potamiès est l’église de l’ancien monastère Moni Gouverniotissas. |
| L’ancien monastère Notre-Dame Gouverniotissa (Μονή Παναγία η Γκουβερνιώτισσα / Moní Panagía i Gouverniótissa) | Le monastère de la Vierge Gouverniotissa était un monastère qui aurait été fondé au cours de la seconde époque byzantine de la Crète et qui a prospéré sous la domination vénitienne de l’île ; il est, de nos jours, abandonné mais son catholicon a été restauré et mérite d’être visité pour ses belles fresques. Le nom du monastère semble venir du fait qu’il a appartenu, en même temps que le fief de Potamiès, à un noble créto-vénitien qui fut proclamé gouverneur de l’île de Crète vers le milieu du XIVe siècle. Le monastère de la Panagia i Gouverniotissa (Παναγία η Γκουβερνιώτισσα) se trouve à l’ouest du village de Potamiès ; en suivant la route qui remonte la vallée de l’Apossélémis, il faut bifurquer à gauche, à environ 500 m avant le village, sur une petite route à revêtement qui conduit au monastère en 1 km, indiqué par des panneaux routiers ; un grand parc de stationnement permet de se garer devant l’enceinte du monastère. L’ensemble monastique était construit sur une petite colline qui offre une belle vue sur la vallée, la Lagada (Λαγκάδα), et sur le lac de barrage de l’Apossélémis. La date de construction du monastère n’est pas connue avec précision, comme c’est le cas pour la plupart des monastères anciens datant de l’époque byzantine ; ce serait l’un des monastères les plus anciens de Crète. Le monastère de la Gouverniotissa aurait été fondé après la reconquête de l’île, occupée par les Sarrasins, par Nicéphore Phocas en 961, c’est-à-dire entre la fin du Xe siècle et le début du XIIIe siècle. Après la prise de possession de la Crète par la République de Venise, en 1211, les terres de l’île furent distribuées à des feudataires vénitiens. Au début du XIVe siècle furent peintes les belles fresques du catholicon. Vers le milieu du XIVe siècle le fief de Potamiès et le monastère appartenaient à Marco Gradenigo (Μάρκος Γραδενίγος), un descendant de la grande famille patricienne vénitienne des Gradenigo qui avait donné plusieurs doges à la République de Venise et un duc de Candie, Marino Gradenigo, en 1279. En 1363, éclata la révolte des feudataires crétois contre une nouvelle taxe imposée par le Sénat de la République de Venise pour subvenir aux besoins des armées vénitiennes confrontées à la menace ottomane grandissante ; la noblesse créto-vénitienne et la noblesse d’origine byzantine, alliées pour l’occasion, tentèrent de créer un État crétois indépendant connu sous le nom de « République de Saint-Tite » (Δημοκρατία του Αγίου Τίτου) ; le duc de Candie, Leonardo Dandolo, fut arrêté. Marco Gradenigo était l’un des dirigeants de cette révolte et fut nommé gouverneur (Κυβερνήτης) et recteur de Crète (κόσμος της Κρήτης) par les insurgés. Après l’écrasement de la révolte par les troupes vénitiennes, en 1364, les fiefs des nobles insurgés furent confisqués, dont le fief de Marco Gradenigo qui fut lui-même décapité à Candie. En 1368, le fief de Potamiès fut attribué au noble vénitien Lorenzo Maripero (Λαυρέντιο Μαριπέρο). En 1561 le fief appartenait à Francesco Demetzo (Φραντζέσκο Ντεμέτζο), de la famille noble créto-vénitienne des De Mezzo de Sitia, proche et alliée de la famille des Cornaro ; Francesco De Mezzo fit don du monastère aux moines Makarios et Parthénios Kontari (Μακάριος και Παρθένιος Κονταρής). C’est à cette époque, au milieu du XVIe siècle, que le monastère connut sa plus grande splendeur avec la création de magnifiques icônes portables. Pendant le siège de Candie par les Ottomans, au milieu du XVIIe siècle, l’higoumène du monastère, Nikolos Magafouris (Νικολός Μαγκαφούρης), gagna les faveurs du pacha turc et assura non seulement l’intégrité des domaines du monastère, mais s’appropria également d’autres domaines privés. Le catholicon du monastère devint l’église paroissiale de Potamiès. Les descendants des Magafouris se succédèrent pendant de nombreuses générations dans l’administration du monastère, tout au long du XVIIIe siècle. En 1826, le dernier pope, Michalis Magkafourakis (Μιχάλης Μαγκαφουράκης), qui n’avait pas d’héritiers, fit don du monastère à l’Ordre du Saint-Sépulcre (Πανάγιος Τάφος). Le domaine fut géré par l’exarque du Saint-Sépulcre jusque vers 1900, puis commencèrent des luttes par les habitants de Potamiès pour se faire attribuer les riches terres du monastère ; en 1937 les terres du monastère furent distribuées à 70 familles ; l’église et le monastère furent attribués au village de Potamiès. Après la Seconde Guerre mondiale le monastère et son église furent laissés à l’abandon et tombèrent en ruines. Dans les années 1990, des initiatives pour la restauration du monastère virent le jour ; en 2010 une association culturelle, « I Gouverniotissa » (Η Γκουβερνιώτισσα), fut créée par des bénévoles, avec le soutien des services archéologiques, de la région de Crète, de la province d’Héraklion et de la commune d’Hersonissos, dans le but de restaurer le monastère. L’église et ses fresques ont été restaurées, ainsi que les bâtiments monastiques du XIXe siècle où est abrité un petit musée ethnographique et d’art sacré ; un jardin botanique a été créé à l’arrière de l’église. La date de la construction du catholicon du monastère est estimée entre la fin du XIIe siècle et le début du XIVe siècle ; l’église est dédiée à la Dormition de la Vierge (Κοίμηση της Θεοτόκου), c’est-à-dire l’Assomption de la Vierge pour les catholiques romains. L’édifice a un plan de construction en forme de croix grecque dont la branche ouest, du côté de l’entrée, est légèrement plus longue que les autres branches ; la croisée du transept est coiffée d’un dôme. L’église de la Panagia Gouverniotissa recèle d’intéressantes fresques réalisées avec grand art, entre le début et le troisième quart du XIVe siècle, peut-être quand Marco Gradenigo était le détenteur du fief, mais ni le nom du commanditaire ni celui du peintre ne sont connus. Le cycle iconographique est conforme à la tradition byzantine : la fresque de la coupole du dôme représente le « Christ Pantocrator » (Χριστός Παντοκράτωρ) ; sur la ceinture du tambour de la coupole, les « Prophètes » (Προφήτες) ; sur les pendentifs de la coupole, les quatre « Évangélistes » (Ευαγγελιστές). Sur l’arche de l’abside, la Vierge Marie est représentée sous le modèle iconographique de la Panagia Platytèra (Παναγία Πλατυτέρα), « Notre-Dame du Signe », entourée par deux anges ; dans la partie inférieure de l’arche, la « Communauté des Apôtres » (Κοινωνία των Αποστόλων) et les « Hiérarques officiant ensemble » (Συλλειτουργούντες Ιεράρχες). La branche orientale de la croix présente la « Nativité du Christ » (Γέννηση του Χριστού), l’« Épiphanie » (Υπαπαντή), le « Rêve de Joseph » (Όνειρο του Ιωσήφ), la « Fuite en Égypte » (Φυγή στην Αίγυπτο) et d’autres scènes fragmentaires de la « Vie de Jésus » (Βίο του Ιησού). La branche sud de la croix présente, entre autres, la « Résurrection de Lazare » (Έγερση του Λαζάρου), le « Lavement des pieds » (Νιπτήρας) et l’« Entrée à Jérusalem » (Είσοδος στα Ιεροσόλυμα), ainsi que plusieurs représentations insolites de la « Vie de Jésus » (ζωή του Ιησού). La branche occidentale de la croix présente principalement le Cycle de la Passion (κύκλος των Παθών) : la « Trahison de Judas » (Προδοσία του Ιούδα), le « Christ devant Pilate » (Χριστός προ του Πιλάτου), le « Reniement de Pierre » (Άρνηση του Πέτρου), le « Christ aux Liens » (Χριστός Ελκόμενος), la « Moquerie » (Εμπαιγμός), la « Crucifixion » (Σταύρωση), les « Porteurs de myrrhe dans le tombeau » (Μυροφόρες στον Τάφο) et cetera. Le mur occidental présente l’« Assomption de la Vierge Marie » (Κοίμηση της Θεοτόκου). Sur l’arche de la branche nord se trouvaient des représentations de la vie de la Vierge Marie et des Miracles : la « Guérison de l’aveugle » (Ίαση του τυφλού), la « Guérison du paralytique » (Ίαση του παραλυτικού), le « Christ et la Samaritaine » (Χριστός και η Σαμαρείτιδα), fresques qui sont très dégradées. | Le musée du monastère est abrité dans les bâtiments monastiques du XIXe siècle, qui ont été restaurés. La section ethnographique présente un intérieur crétois typique avec sa cheminée traditionnelle, des fours à pain et divers objets de la vie quotidienne ; les fours étaient ceux utilisés par les moines au XIXe siècle. | | La section d’art sacré expose de bonnes reproductions des magnifiques icônes portables du XVIe siècle que recélait le catholicon ; dans une salle voisine on peut voir l’iconostase de l’église ainsi que des vases sacrés. Les originaux de ces icônes sont de nos jours exposés au Musée historique de Crète à Héraklion. | | Des vitrines présentent des habits sacerdotaux brodés à la main et des documents d’histoire locale. | |
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| Le village d’Avdou (Αβδού / Avdoú) | Le village d’Avdou se trouve un peu plus haut que Potamiès dans la vallée de l’Apossélémis, à environ 230 m d’altitude, à 7 km au sud-est de Potamiès ; entre les deux villages la route longe le lac de barrage de la rivière ; Avdou est à 15 km au sud-est d’Hersonissos et à 38 km d’Héraklion. Peu après la sortie sud d’Avdou se trouve l’intersection avec la route en provenance de Malia, via Mochos et Goniès (Γωνίες) ; les deux routes confluent pour continuer vers le plateau du Lassithi. Le village d’Avdou est situé au pied nord du mont Louloudaki (Λουλουδάκι) (1 163 m) qui fait partie du massif du Dicté ; sur les flancs nord-ouest de cette montagne, à environ 770 m d’altitude, se trouvent deux grottes, la grotte Sainte-Photine (Σπηλιά Αγίας Φωτεινής), où se trouve un petit sanctuaire dédié à cette sainte, et la grotte de Fanéroméni (Σπήλαιο της Φανερωμένης), la « grotte de la Révélée » ; dans ces grottes, d’accès plutôt difficile, des découvertes archéologiques importantes ont été faites, notamment une hache cultuelle en or. Le toponyme du village provient du nom du prophète Abdiou (Αβδιού), ou Ovadia (Οβαδίας), le quatrième des douze petits prophètes bibliques ; une église, qui aurait été dédiée à saint Abdiou, se trouve sur le territoire du village, au lieu-dit Linès (Λινές), situé à 2 km au sud-ouest du village. Avdou compte environ 350 habitants, principalement des agriculteurs vivant de la culture de l’olivier dans la fertile vallée de Lagada (Λαγκάδα). Les habitants du village surnomment Avdou « Kapétanochori » (Καπετανοχώρι), c’est-à-dire le « Village du Capitaine », car Avdou a vu naître un grand nombre de chefs de la résistance aux Turcs pendant l’occupation ottomane. En 1841, lors de la rétrocession de la Crète aux Ottomans par les Égyptiens, le village d’Avdou fut détruit et ses habitants décapités en représailles aux actions des groupes de résistants. Les environs d’Avdou comprennent plusieurs églises intéressantes qui ont des fresques des XIVe et XVe siècles : l’église Saint-Antoine, située dans l’ouest du village ; l’église Saint-Georges, située dans le cimetière, au nord du village ; l’église Saint-Constantin, située à l’ouest du village, près du barrage. | L’église Saint-Antoine (Άγιος Αντώνιος) est une minuscule église à une seule nef voûtée dont la construction remonte à la première moitié du XIVe siècle ; l’église a un ajout ultérieur du côté ouest. L’église Saint-Antoine recèle des fresques, malheureusement en très mauvais état, qui ont la particularité d’avoir été peintes, par un artiste inconnu, en n’utilisant que deux couleurs, ce qui est un exemple unique en Crète. Parmi ces fresques bicolores figurent notamment le « Lavement des pieds » (Νιπτήρ), la « Cène » (Μυστικός Δείπνος), les « Femmes au Tombeau » (Γυναίκες στον Τάφο). | | Dans l’ouest du village se trouve aussi l’église de l’Annonciation (Ευαγγελισμός της Θεοτόκου). | | L’église Saint-Constantin (Άγιος Κωνσταντίνος) est une église à une seule nef voûtée, dédiée au saint empereur Constantin Ier et à sa mère, sainte Hélène (Αγία Ελένη). L’église se trouve à environ 700 m à l’ouest du village d’Avdou, sur la rive gauche de la rivière Apossélémis ; de nos jours le lac de barrage de la rivière s’étend jusqu’à cette zone et un mur a dû être construit pour protéger l’église lorsque le lac-réservoir est complètement rempli. Aller à l’église Saint-Constantin avec Google Maps (35.232568, 25.422390). Selon une inscription, l’édifice aurait été construit en 1445 ; l’inscription mentionne aussi l’empereur Jean VIII Paléologue (Ιωάννης Η΄ Παλαιολόγος), empereur byzantin de 1425 à 14448. L’église Saint-Constantin recèle de très intéressantes fresques réalisées par le célèbre peintre Manuel Phokas (Μανουήλ Φωκάς) et son frère Jean Phokas (Ιωάννης Φωκάς) ; la signature de l’inscription indique « διά χειρός κάμοΰ ά(μαρτ)ολοϋ καί άτέχνον Μανουήλ καί ’Ιωάννου των Φωκάδων » (« par la main des pécheurs et humbles artistes Manuel et Jean Phokas »). Manuel Phocas était né à Héraklion en l’an 1400 et est mort après 1454 ; il a peint des fresques dans plusieurs églises de Crète, entre 1436 et 1454, notamment l’église Saint-Georges à Emparos et l’église Saint-Georges à Épano Symi, dans la province de Viannos. Les fresques sont en assez bon état, mais certaines parties sont mal conservées. | |
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| Le village de Kéra (Κερά / Kerá) | Le village de Kato Kéra (Κάτω Κερά), ou simplement Kéra, se trouve un peu à l’écart de la route qui monte vers le plateau du Lassithi depuis Malia ou Chersonissos, à environ 45 km à l’est-sud-est d’Héraklion et à 23 km d’Hersonissos ; quitter la route sur la droite 3 km avant d’atteindre le plateau. Le village est situé à environ 560 m d’altitude, sur le versant nord du mont Dicté. Aller à Kéra avec Google Maps (35.224564, 25.461673). Le village est surtout connu pour le monastère de Kéra (Μονή Κεράς) qui se trouve au-dessus du village de Kato Kéra, en contrebas de la route du plateau, 500 m avant d’atteindre Ano Kéra (Άνω Κερά) ; le monastère est situé à 615 m d’altitude, sur le versant occidental d’une colline plantée de cyprès, la colline de Karfi (Καρφί), d’où l’on peut admirer la vallée d’Avdou. Le véritable nom du monastère est le monastère stavropégique de la Kardiotissa de Kéra (Ιερά Σταυροπηγιακή Μονή Καρδιωτίσσης Κεράς ou Μονή Κεράς Καρδιώτισσας), c’est-à-dire Notre-Dame du Cœur, du mot grec « καρδιά », cœur. Dans l’église orthodoxe, un monastère stavropégique est un monastère qui dépend directement du patriarche de Constantinople et qui ne dépend pas de l’évêque local, ce qui lui confère certains avantages, financiers entre autres. Le monastère doit son nom à une très ancienne icône miraculeuse de la Vierge de Miséricorde, la « Panagia Kardiotissa » (Παναγία Καρδιώτισσα), dont l’original a été volé. L’église du monastère est dédiée à la Nativité de la Vierge (Γενέσιο της Θεοτόκου). C’est l’église qui a donné son nom au village de Kéra. La date de fondation du monastère n’est pas connue, mais le monastère remonte à la seconde époque byzantine de la Crète, entre les années 961 et 1204. Il semble que le monastère de Kéra était, à l’origine, rattaché au monastère d’Agarathos (Μονή Παναγίας Αγκαράθου) près d’Épiskopi. La construction s’est faite en quatre étapes à des époques différentes, notamment après des destructions par les Turcs. Pendant l’occupation ottomane, l’ensemble monastique a en effet servi d’école clandestine où étaient entretenus la foi orthodoxe et l’esprit patriotique. Pendant le soulèvement crétois de 1866 à 1867, le monastère fut le centre de la rébellion dans la métropole de Cherronisos (Χερρόνησος), l’ancien nom d’Hersonissos, et subit de dures représailles de la part des Turcs. Du fait de cette histoire tourmentée le catholicon du monastère a subi des changements structurels importants et présente une architecture complexe ; cette église principale était, à l’origine, constituée d’une nef unique recouverte d’un toit soutenu par des arcs ; elle fut ensuite agrandie par l’ajout de deux narthex à l’ouest et d’une petite chapelle latérale au nord. Le catholicon est la seule partie subsistante du monastère fortifié d’origine. L’intérieur de l’église recèle des fresques de l’époque byzantine tardive, dont les plus anciennes seraient celles de la nef d’origine qui dateraient de la première moitié du XIVe siècle ; les autres dateraient de la fin du XIVe siècle et du XVe siècle. Les fresques sont parmi les mieux conservées de Crète car elles avaient été recouvertes de badigeon de peur qu’elles soient détruites par les Turcs ; les fresques ont été redécouvertes au début des années 1970. La porte sainte de l’iconostase date du début du XVIe siècle. La pièce maîtresse du monastère est l’icône qui lui a donné son nom, l’icône miraculeuse de la Panagia Kardiotissa à laquelle sont attachées de nombreuses légendes et traditions. Cette icône est attribuée à l’iconographe crétois Andrea Rizo (Ανδρέας Ρίτζος / Andréas Rítzos) qui l’aurait peinte vers 1492. L’icône fut volée par un marchand de vin grec en 1498 qui emporta l’icône à Rome où il mourut. Après quelques péripéties l’icône fut exposée à la vénération publique dans l’église Saint-Matthieu de Merulana (Chiesa di San Matteo in Merulana) en 1499 ; elle disparut en 1799 lorsque l’église Saint-Matthieu fut détruite par les troupes de la Ire République française du futur Premier consul Bonaparte. En 1866 l’icône, vénérée comme l’icône de Notre-Dame du Perpétuel Secours (Madre del Perpetuo Soccorso), fut transférée dans l’église Saint-Alphonse à l’Esquilin (Chiesa di Sant’Alfonso all’Esquilino), située dans la même rue Merulana, où elle se trouve encore de nos jours. Une copie de l’icône du XIIe siècle, peinte en 1735, se trouve dans l’église du monastère ; elle est considérée comme tout aussi miraculeuse que l’originale. Les Turcs l’auraient volée et emportée à Constantinople à trois reprises, mais l’icône serait chaque fois revenue d’elle-même vers son église, guidée par des anges. La troisième fois, les Turcs auraient attachée l’icône par une chaîne à une colonne de marbre, mais l’icône de la Vierge Marie serait revenue au monastère en emportant la colonne et la chaîne. Pour convaincre les incrédules la colonne est exposée dans la cour du monastère, entourée d’une clôture, et une partie de la chaîne se trouve dans l’église à côté de l’icône. La chaîne est censée soulager la douleur lorsqu’elle est enroulée autour du corps des affligés De nos jours le monastère de Kéra est un monastère de moniales qui compte quelques dizaines de religieuses. Le monastère accueille de très nombreux visiteurs en chemin vers le plateau du Lassithi. C’est le 8 septembre, jour où est fêtée la nativité de la Vierge Marie, que la foule est la plus nombreuse ; ce jour-là la route d’accès au monastère est encombrée d’automobiles sur des kilomètres. Tarif d’entrée : 2 €. Horaires : de 10 h à 15 h (14 h le dimanche). Tenue correcte exigée. Pas de photographies dans l’église. | | |
| Le site archéologique de Karfi (Αρχαιολογικός Χώρος Καρφί / Archaiologikós Chóros Karfí) | Le site archéologique de Karfi, ou Karphi, montre les ruines d’un ancien peuplement minoen fondé à l’époque minoenne post-palatiale et qui est situé en montagne, dans le massif montagneux du Dicté. Le peuplement minoen de Karfi (Μινωικός οικισμός Καρφί) se trouve sur le bord nord du massif, à environ 4 km à l’ouest de la montagne Séléna (Όρος Σελένας), la plus haute montagne de la partie septentrionale du massif (1 559 m). Le peuplement était construit sur un promontoire, situé à environ 1 111 m d’altitude, offrant une vue étendue vers le nord-ouest sur la vallée de la rivière Apossélémis, sur la Plaine minoenne et sur l’accès au plateau du Lassithi par le col des Vignes (διάσελο της Άμπελου), situé à seulement 2 km au sud-ouest. Aller au site archéologique de Karfi avec Google Maps (35.218001, 25.470131). À côté du peuplement se trouve un éperon rocheux calcaire, à peine plus élevé que le promontoire, le mont Karfi (Όρος Καρφί) (1 132 m), qui pouvait servir de point d’observation. C’est cette montagne, dont le nom signifie le « Clou », qui a donné le nom sous lequel le peuplement minoen est connu de nos jours ; on ignore quel était son nom dans l’Antiquité. Selon les archéologues, le peuplement occupait toute la partie plate située entre les sommets de Karfi, de la Petite Koprana (Μικρή Κοπράνα) (1 120 m), au nord, et de la Grande Koprana (Μεγάλη Κοπράνα) (1 148 m), au sud ; le terme « κόπρανα » signifie « excrément, crotte » et se réfère aux troupeaux de moutons et de chèvres qui pâturaient sur ces montagnes. À l’arrière du peuplement, à quelque 800 m, se trouve le plateau de Nissimos (Νίσσιμος), situé à 930 m d’altitude ; ce plateau est un poljé karstique dont les terres fertiles pouvaient subvenir aux besoins alimentaires de la population. À 400 m au sud du peuplement se trouve la source de Vitsilovrysi (Βιτσιλόβρυση) (« la source des aigles »), du nom local de l’aigle royal « βιτσίλα ou πνιγαροβιτσίλα », qui permettait l’approvisionnement en eau de la population ; cette source fournissait beaucoup plus d’eau que de nos jours. Dans ces lieux malgré tout inhospitaliers, particulièrement en hiver quand souffle le vent du nord, il n’y avait, à l’époque minoenne moyenne (2000 à 1550 avant JC), qu’un sanctuaire sommital, situé sur le versant sud de la « Petite Crotte » (Μικρή Κοπράνα). Ce sanctuaire aurait été abandonné à l’époque minoenne récente MR-III-a, vers 1650 avant JC. Ce n’est qu’à l’époque minoenne récente MR-III-c, entre 1200 et 1000 avant JC, qu’une grande ville fut fondée par des populations minoennes, vraisemblablement chassées des plaines par les invasions doriennes. Les Grecs doriens, venant du Péloponnèse, envahirent la Crète vers 1100 avant JC ; à partir du XIVe siècle avant JC, les Minoens avaient déjà été envahis par des Grecs, des Mycéniens, venant eux aussi du Péloponnèse, mais il semble que les Minoens cohabitaient avec leurs envahisseurs, peut-être avec un statut inférieur. Les guerriers doriens étaient beaucoup plus brutaux et nombre de Minoens se réfugièrent dans des sites de montagne difficiles d’accès comme Karfi ou dans des sites éloignés, dans l’est de l’île, comme Praissos. Ces populations minoennes furent nommées « étéocrétois » par les historiens, c’est-à-dire les « vrais Crétois » ; elles continuaient de parler leur langue mais avaient adopté l’écriture linéaire B des Grecs pour écrire leur langue. Les archéologues estiment que la ville de Karfi comptait, à son apogée, une population d’environ 3 500 habitants ; Karfi fut progressivement abandonnée et ne fut plus habitée à partir d’environ 900 avant JC. Les populations se déplacèrent vers un site moins inhospitalier, Papoura (Παπούρα), située à 900 m d’altitude, près du col des Vignes. L’importance archéologique du site de Karphi fut relevée par Arthur Evans, au début du XXe siècle, mais le site ne fut fouillé méthodiquement que de 1937 à 1939, par l’archéologue anglais de la British School at Athens John Pendlebury, qui fouilla plusieurs sites dans la région du Lassithi. Le site de fouilles couvre une superficie de 250 m par 450 m, mais certains archéologues estiment qu’un tiers seulement de la zone construite a été excavé ; un sanctuaire avec un autel, des îlots de maisons à un seul plancher, des rues pavées ont été mis au jour. Deux cimetières minoens avec des tombes à tholos ont également été fouillés à proximité de la ville, près de la source Vitsilovrysi (Βιτσιλόβρυση) et près de la source Astividéro (Αστιβιδερό). Les artefacts découverts comprennent des poids de métier à tisser en céramique, des vases miniatures et des figurines humaines et animales en terre cuite, dont un curieux rhyton en forme de char à bœufs ; parmi les plus importantes découvertes du site se trouve une idole de la déesse aux mains levées dans une attitude de prière ou de bénédiction, avec un corps cylindrique, de courtes jambes et un oiseau sur la tête. Les objets découverts à Karphi sont de nos jours exposés au Musée Archéologique d’Héraklion. L’accès au site archéologique de Karfi peut se faire par trois chemins : - depuis Ano Kéra (Άνω Κερά), à 1,5 km après le village, prendre sur la gauche la direction du pseudo-musée « Homo sapiens » ; si l’on est en véhicule tout-terrain, on peut continuer sur 2 km par la piste de terre jusqu’à la source Vitsilovrysi ; il faut faire les dernières centaines de mètres à pied jusqu’à Karfi.
[Carte extraite du guide « Crète : Les plus belles randonnées entre mer et montagne » ; auteur Rolf Götz ; éditions Rother, Munich] - depuis le village de Tzermiado, sur le plateau du Lassithi, prendre, à la sortie ouest du village (n° 1 sur la carte), la route qui conduit au village de Lagou (Λαγού) ; après 600 m, emprunter sur la droite le sentier, un ancien sentier muletier balisé et plutôt facile, qui atteint bientôt des moulins à vent à moitié en ruines (n° 2) ; prendre à droite un chemin qui part en direction du sommet de Papoura (1 026 m) (n° 3), où se trouvait l’ancienne ville de Papoura ; continuer vers la droite en suivant le bord du massif jusqu’à Karfi (n° 4) ; cette randonnée fait près de 4 km de longueur, avec 300 m de dénivelé.
- depuis Tzermiado, emprunter la piste de terre qui monte au plateau de Nissimos (Οροπέδιο Νήσιμου) (964 m) (n° 5), en suivant un segment séparé du sentier de randonnée E4, en passant près de la source d’Astividérou (Πηγή Αστιβιδερό) et la chapelle d’Agia Ariadni (Αγία Αριάδνη) ; depuis l’ouest du plateau continuer à pied jusqu’à Karfi.
Les ruines de Karfi sont envahies par la végétation et il est difficile de discerner les constructions antiques. |
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| Les moulins à vents de Séli Ampélou (Άνεμόμυλοι Σελί Άμπέλου / Ánemómyloi Selí Ámpélou) | La route venant d’Hersonissos par la vallée d’Avdou et la route venant de Malia se rejoignent et débouchent sur le plateau du Lassithi en franchissant un col situé à environ 900 m d’altitude, le Col des Vignes (Άμπελος Αυχήν) ou la Selle des Vignes. Le col marque la limite entre la province d’Héraklion et le département du Lassithi. Depuis ce col une vue magnifique s’offre aux visiteurs : du côté nord la vue s’étend sur la vallée d’Avdou, parsemée de villages, jusqu’à la mer et, au-delà, jusqu’à l’île de Santorin distante de 130 km, si le ciel est dégagé et clair ; du côté sud on découvre le magnifique plateau du Lassithi, parfois nommé plaine d’altitude car le Lassithi est entouré d’un cirque de montagnes, notamment le mont Dicté. Au printemps la vue est encore plus spectaculaire quand le Lassithi se couvre de coquelicots et d’autres fleurs des champs ; autrefois cette plaine fertile était couverte de milliers de moulins à vent servant à pomper l’eau de la nappe phréatique ; il ne reste de nos jours que quelques exemplaires de ces moulins car ils ont, pour la plupart, été remplacés par des motopompes. De part et d’autre du Col des Vignes on peut voir, sur les crêtes, les ruines d’autres moulins, des moulins à vents utilisés pour moudre des céréales et produire de la farine ; ces moulins à vent étaient actionnés par le célèbre vent du nord, le meltémi (μελτέμι), ou étésien, qui souffle sur le col pendant l’été. Ces moulins à farine, datant de l’époque vénitienne, ont broyé le froment, l’orge et l’avoine jusqu’à l’après Seconde Guerre mondiale. Ces moulins étaient à l’origine au nombre de 26 ; parmi les 24 moulins survivants 7 s’étendent sur la crête située au sud du col et le reste au nord. Trois de ces moulins en pierre sont encore en bon état mais un seul est encore en activité, plus dans un but touristique que dans un but économique de production de farine. Ce sont des moulins à arbre fixe qui ne fonctionnaient bien que lorsque le vent soufflait dans la bonne direction ; on ne trouve ce genre de moulins rudimentaires qu’en Crète et sur l’île de Karpathos. Au-dessus des moulins planent souvent des vautours fauves (Gyps fulvus) et, plus rarement, des gypaètes barbus (Gypaetus barbatus) qui mangent des os en les faisant tomber d’une grande hauteur pour les briser. Sur la gauche du col se trouve un restaurant le « Seli Ampelou » où l’on peut faire une halte agréable, avec une première vue magnifique sur le plateau du Lassithi portant jusqu’au village de Saint-Georges (site sur la Toile : seli-ambelou.gr). | |
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