| Le village de Las Salinas del Carmen à Fuerteventura | |
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| | Étymologie et toponymie | Le hameau s’est sans doute constitué autour d’un chapelle dédiée à Notre-Dame du Mont Carmel (ou Carmen). |
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| Le musée du sel (Museo de la Sal) | Le Musée du Sel comporte une présentation intérieure et une visite extérieure des salines du Carmen qui ont été en partie restaurées. Dans les temps anciens, le sel était une denrée rare et recherchée, au point qu’il fut utilisé comme monnaie : ainsi, les soldats romains étaient payés en grain de sel : c’est là l’origine du mot « salaire ». La présentation intérieure montre, au moyen de textes et de photographies, cette importance du sel dans le monde et aux Canaries en particulier. Les différentes sections présentent les lieux de production du sel dans le monde, la formation du sel, son histoire (depuis la Chine en 6000 avant JC et les poissons salés découverts dans les tombes égyptiennes), les écosystèmes salins, le sel dans la culture (croyances, coutumes et usages médicinaux), les applications du sel (conservation des aliments et cetera), le sel des îles Canaries et le sel des salines d’El Carmen. Dans la boutique du musée, on peut acheter – entre autres souvenirs de l’île – un échantillon du sel produit par les Salinas del Carmen. |
| Les salines d’El Carmen | Après la visite intérieure du Musée du Sel, on peut parcourir la saline, pour voir en pratique le processus d’obtention du sel qui dure plusieurs semaines. Ce processus commence lorsque l’eau de mer rentre dans le réservoir d’arrivée (saltadero). De là, elle est conduite jusqu’aux bassins d’évaporation (calentadores), où le soleil et le vent vont lui permettre d’atteindre la température adéquate à la concentration du sel. Ensuite, l’eau concentrée en sel est acheminée par des canaux jusqu’aux œillets (tajos), où le soleil finira l’évaporation de l’eau. Finalement, le sel est recueilli et entassé en camelles au bord de l’œillet pour qu’il s’égoutte. Il est maintenant prêt à être stocké dans l’entrepôt (almacén). Autrefois, il était embarqué au quai d’El Muellito. Les différents éléments sont faits d’argile bordé de murets de pierre. La promenade inclut la visite des constructions annexes, comme le four à chaux (horno de cal), où était fabriqué la chaux nécessaire à l’entretien des salines, et la citerne (aljïbe), qui sert à recueillir l’eau. Les salines d’El Carmen ont une superficie totale de 26 100 m² et une surface de chauffe de 11 250 m² ; elles produisent de 300 à 400 tonnes de sel par an. Cette faible production est consommée localement à Fuerteventura, ou comme souvenir par les visiteurs du musée. | |
| Le bassin d’arrivée (Saltadero) | Dans la plupart des salines, le vent actionnent des moulins qui pompent l’eau vers les différents réservoirs ; à Salinas del Carmen il n’y a pas de moulin : le bassin d’arrivée est rempli quand la marée monte ; le vent pousse les vagues contre les rochers et cet impact forme l’écume, où se trouve la plus haute concentration en sel. L’eau projetée rentre dans le saltadero, puis elle est acheminée par un canal vers les bassins d’évaporation (cocederos). Le saltadero est le point le plus élevé de la saline. |
| Les bassins d’évaporation (Cocederos) | L’eau recueillie dans le saltadero arrive, par un canal nommé tajea, jusqu’à trois bassins d’évaporation. L’eau passe successivement de l’un à l’autre, en se réchauffant sous l’action du soleil. Lorsqu’elle a atteint la température adéquate, l’eau est acheminée vers les œillets ou tajos. |
| | Le travail du saunier | Les différentes tâches à effectuer au sein des marais salants requièrent des outils divers, souvent de fabrication artisanale, et qui présentent de nombreuses variantes régionales en fonction des matériaux disponibles. Les outils sont souvent polyvalents et peuvent être utilisés aussi bien pendant la phase de construction de l’enceinte, que pour la récolte du sel ou l’entretien des équipements. Les ustensiles s’adaptent aux matériaux avec lesquels ont été construits les marais salants, comme l’argile, la chaux ou la pierre, et plusieurs d’entre eux sont d’une grande valeur ethnographique. La construction de cocederos et tajos est étroitement liée aux métiers de l’argile, de la chaux et de la pierre, qui ont été introduits aux Canaries au XVe siècle, donnant lieu aux types de marais salants avec fond d’argile, de chaux ou de pierre. | |
| | La citerne (Aljibe) | Placée dans un petit ravin, la citerne (aljibe) recueillait les eaux d’écoulement et constituait le réservoir général du domaine. Elle est bâtie en maçonnerie de pierre sur plan irrégulier. La tuyauterie présente un filtre à son extrémité initiale et des abreuvoirs de chaque côté. Le réservoir avec déversoir est recouvert à l’intérieur d’un mortier de chaux et présente un pilier central qui soutenait la toiture en bois. |
| Le four à chaux (Horno de Cal) | La chaux est nécessaire à la construction et à l’entretien des marais salants. Son exploitation a lieu entre octobre et mars, lorsque l’on ne produit pas de sel. Le four en pierre sur plan circulaire présente un ouvreau et dispose de deux petites zones de stockage annexes pour entreposer la pierre à chaux et la chaux élaborée. |
| Un squelette de rorqual commun (Esqueleto de rorcual común) | Près de l’entrepôt à sel est exposé le squelette d’un rorqual commun (Balaenoptera physalus) qui s’était échoué le 18 avril 2000 à Majanicho, près de Corralejo, sur la commune de La Oliva à Fuerteventura. Le rorqual commun est le deuxième plus grand animal vivant sur terre, après la baleine bleue : il peut atteindre 27 m. Le rorqual femelle exposé à Las Salinas del Carmen mesure 19,5 m de long. Leur museau est étroit, en forme de V, avec une seule crête longitudinale médiane en avant des évents. Chaque côté de la mâchoire supérieure porte 300 à 400 fanons qui peuvent mesurer jusqu’à 76 centimètres. Le Conseil des Canaries a pris l’initiative d’exposer les squelettes des cétacés échoués dans l’archipel afin de faire connaître ces mammifères marins. Ce projet, nommé la « Route des Cétacées » (Senda de los Cetàceos) présente d’autres spécimens, à Jandia par exemple. |
| La faune aviaire des salines du carmel | Les Canaries se trouvent sur la route des migrations entre l’Afrique et le nord de l’Europe et sont donc une zone de migration et d’hivernage pour les oiseaux, d’où leur grande valeur écologique. Les époques les plus propices pour l’observation des oiseaux sont le printemps et l’automne (étapes pré et postnuptiales), ainsi que l’hiver, lorsqu’ils viennent pour se nourrir, se reposer ou se reproduire. Les oiseaux des salines peuvent se diviser en trois groupes : les limicoles, les pêcheurs et les nageurs-plongeurs. Les oiseaux limicoles : ils se nourrissent des invertébrés qui vivent dans la vase ou dans l’eau des mares peu profondes. Les flamands roses, les avocettes et les cigognes sont les oiseaux les mieux adaptés au milieu salin. D’autres espèces sont le chevalier arlequin, la barge à queue noire, le pluvier, le gravelot et le tournepierre. Trois espèces séjournent plus longtemps aux Canaries : le gravelot à collier interrompu (Charadrius alexandrinus) et l’échasse blanche (Himantopus himantopus), qui y nidifient, et le bécasseau, qui y hiverne. Les oiseaux pêcheurs : on trouve spécialement le héron cendré, le balbuzard pêcheur et les mouettes. Le héron cendré a 90 cm de hauteur, avec des pattes et un cou très longs. L’aigle pêcheur vole à très grande vitesse près de la surface de l’eau et lorsqu’il détecte sa proie, descend en piqué sur elle, la capturant avec son bec et ses serres. Les mouettes survolent les zones côtières. Les oiseaux nageurs-plongeurs : ils se nourrissent dans l’eau, dans des zones plus profondes. Les canards, qui sont de très bons nageurs, ont été domestiqués et on les trouve donc également dans les zones rurales. Les grèbes sont plus petits et plongent en permanence. |
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| Histoire | L’histoire des marais salants des îles Canaries | L’exploitation du sel a joué un rôle important dans les îles Canaries. Le développement des salines canariennes fut historiquement lié à la « pêche de Barbarie » (Pesca en Berbería) au début du XVIIe siècle et à la montée de l’industrie de la conserve à Lanzarote après la guerre civile. Dans les îles Canaries se sont donc concentrées 56 salines avec une activité prospère et rentable. Cette industrie du sel permit aux îles orientales de faire travailler des centaines de personnes tout au long du XIXe siècle et durant une bonne partie du XXe. Quelques salines comme Janubio (Lanzarote), Fuencaliente (La Palma), Tenefé et Playa de Vargas (Grande Canarie), sont les derniers représentants de cette industrie artisanale du sel. | L’histoire des marais salants de Fuerteventura | Sur le littoral de Fuerteventura existent plusieurs réservoirs naturels dans lesquels s’est solidifié le premier sel qui a été recueilli sur l’île. D’après la « Chronique de la Conquête », les aborigènes n’utilisaient pas cette ressource, bien que certains chercheurs pensent le contraire, ou bien qu’ils utilisaient l’eau de mer pour favoriser ta conservation de la viande séchée qu’ils consommaient. Les chroniqueurs racontent également que l’île comptait « … de grandes quantités de sel, du côte de l’Océan, et de l’autre côté, de très beaux sites pour créer des marais salants … » Les marais salants naturels appartenaient au Seigneur Territorial, même si les habitants avaient le droit de recueillir librement le sel dont ils avaient besoin pour leur consommation. Le Conseil de l’île dictait les normes qui protégeaient ce droit : « il est convenu de rendre public que personne ne doit tenter de l’embarquer, ni de le vendre à quiconque voudrait l’embarquer, et qu’il ne peut être vendu qu’entre les habitants, sans qu’aucun d’entre eux ne puisse bénéficier d’un quelconque privilège sur le sel recueilli dans les flaques… car il est la propriété de tous… » (1641). « … que personne ne demeure plusieurs jours consécutifs sur la côte à récolter du sel, mais qu’il ne remporte que celui qu’il aura pu récolter en un jour et dont il aura besoin pour lui-même, si un autre habitant arrive et voit le sel ramassé, il pourra le prendre, en payant à celui qui l’a recueilli trois réaux par fanègue (mesure espagnole d’environ 60 litres), et en lui laissant le sel dont il aura besoin … » (1700). En 1677, le seigneur de l’île, Don Fernando Matias Arias y Saavedra, obtient l’autorisation du Roi de construire des marais salants. Il commence leur implantation vers 1681, dans le marais du Gran Tajal, mais apparemment ceux-ci n’ont pas été achevés, car en 1700 le Conseil déclarait « n’y avoir sur l’île aucune saline, mais quelques bassins seulement, ne donnant que peu de sel … ». Ultérieurement, le Seigneur Territorial Don Francisco Bautista de Lugo y Saavedra, faisant usage de l’autorisation Royale qui avait été accordée à son ancêtre, a ouvert une saline à La Hondurilla, au sud de Caleta de Fustes. Au XXe siècle, de nouveaux marais salants ont été construits : ceux d’El Carmen en 1910 ; ceux d’El Matorral (Jandia) et d’El Marrajo (au sud de l’île de Lobos) vers 1935; et ceux d’El Charco (Puerto del Rosario) en 1940. Les seuls qui ont perduré jusqu’à nos jours sont les marais salants d’El Carmen, qui ont donné le nom au hameau où ils se situent. | L’histoire des salines d’El Carmen | Le Seigneur de l’île, Don Francisco Bautista de Lugo y Saavedra, commença la construction des marais salants, vers la fin des années 1720, à La Hondurilla, au sud de Caleta de Fustes. Ceux-ci ont été les précurseurs des marais salants d’El Carmen. Ces premières salines, à l’ancienne, employant l’argile, ont été vendues par les héritiers du Seigneur Territorial aux frères Velázquez Cabrera. Ces derniers ont fait don d’une partie des salines à un de leur neveux, M. Manuel Velázquez Cabrera, qui plus tard a acquis la totalité et a probablement fait construire sur ces terrains, ou à proximité, les actuels marais salants d’El Carmen, aux alentours des années 1910. La construction de ces marais salants est considérée comme de type transitionnel, car on retrouve aussi bien des œillets simples, construits en argile, que des œillets recouverts de pierres. En 1995, la Municipalité de Fuerteventura a acquis les marais salants d’El Carmen, qui appartenaient aux héritiers de M. Manuel Velázquez Cabrera, pour les conserver, les restaurer et les réhabiliter, dans un objectif culturel. La valeur historique, ethnographique, écologique et paysagère que représentent les marais salants d’El Carmen, leur ont permis de faire l’objet d’un « Plan spécial de protection » en 1995 et d’être déclaré « Bien d’intérêt Culturel » en 2002, dans la catégorie des Monuments. |
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| | Conditions de visite | Avec les salines de Tenefé, à Santa Lucía de Tirajana sur l’île de Grande Canarie, les salines du Carmen sont les mieux équipées, avec un musée et une passerelle au-dessus de la saline qui permet aux visiteurs de découvrir le procédé d’obtention. Museo de la Sal Adresse : Carretera general Salinas, FV2. Las Salinas del Carmen. Antigua. Horaire : du mardi au samedi, de 10 h à 18 h. Téléphone : 00 34 928 174 926 Tarif d’entrée : 5 €. Guides de visite en allemand, anglais, espagnol, français et italien. |
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