L’île de Fuerteventura a développé une économie traditionnelle centrée sur les céréales et qui a donné naissance et consolidé des structures socioculturelles concrètes, une modification déterminée du territoire et une configuration particulière du paysage rural. Au XXe siècle, un nouveau modèle économique basé sur le tourisme s’est implanté et a profondément transformé les structures traditionnelles de l’île de Fuerteventura. Cependant, beaucoup d’éléments témoignent du mode de vie ancestral de l’île, comme les moulins à vent qui parsèment le territoire, témoins muets d’une longue phase de l’histoire insulaire. Les moulins à vent ont été introduits à Fuerteventura entre la fin du XVIIIe siècle et le début de XIXe siècle. Ils se sont propagés surtout dans le centre et le nord de l’île, en raison des facteurs climatiques et socioéconomiques. La présence constante des vents alizés qui constituaient leur source d’énergie et l’économie céréalière traditionnelle de l’île ont favorisé l’implantation de nombreux moulins et « molinas » le long du territoire insulaire. Ils ont été construits dans des lieux ouverts aux vents dominants, se transformant en un des traits les plus caractéristiques du paysage rural de l’île. Le moulin à vent a fourni d’énormes avantages dans la mouture du grain, bien qu’il n’ait pas déterminé l’abandon de système de broyage plus ancien, comme le moulin à main, et de la « tahona », qui ont continué d’être utilisés au niveau domestique et dans des périodes d’absence de vents. Le moulin à vent traditionnel appelé dans l’île « moulin masculin » est une construction de maçonnerie réalisée en pierre, bois et chaux, de base circulaire et de forme tronconique. Il est couronné d’un cône de bois qui tourne au moyen d’un gouvernail de direction en orientant les pales aux vents. Le moulin est constitué de deux ou trois étages : en bas, on garde les outils employés par les meuniers ; à l’étage central, ou salle appelée « cuarto de en medio », on stocke le grain ; à l’étage supérieur on trouve les machines à moudre. Dans les moulins qui n’avaient pas d’étage central, on stockait le grain avec les outils. La base de la construction était entourée d’un petit mur de pierre sèche. La majorité des moulins avaient quatre ailes bien qu’il en existe certains avec six. Celles-ci étaient constituées d’une structure de bois sur laquelle on plaçait une toile de bâche. Les machines étaient presque entièrement réalisées en bois bien qu’il existe des pièces de fer, qui forme un engrenage complexe dont la fonction est de multiplier la force de rotation des ailes et de la transmettre à la pierre mobile afin de produire la mouture. Les ailes propulsées par la force du vent faisaient tourner une roue dentée qui a son tour déplaçait une bobine appelée « vis de pression». Celle-ci était reliée à la pierre meulière mobile par un axe métallique fixé à une pièce rectangulaire en fer, appelé « lavija », adhérant à la face interne de la meule. L’axe transmettait le mouvement à la meule supérieure, la faisant tourner sur la meule inférieure provoquant le broyage du grain. Tout le mécanisme pouvait être arrêté par un frein qui faisait pression sur la roue dentée. Le processus de mouture était effectué en versant le grain dans la trémie ; le grain glissait dans une petite gouttière qui le conduisait jusqu’à la meule. La farine ou « gofio » tombait dans un récipient à l’étage central où elle était recueillie dans des sacs. |