Le musée ethnographique (Ιστορικό Λαογραφικό Μουσείο / Istorikó Laografikó Mouseío) | Le musée des arts et traditions populaires de Gavalochori présente la vie traditionnelle de la contrée de l’Apokoronas et ses divers artisanats : la production et le travail de la soie, la dentellerie aux fuseaux, nommée « kopaneli », la poterie, l’extraction et la taille de la pierre, la sculpture sur bois, la peinture populaire et cetera. Le musée a été inauguré en 1965 et a été transféré en 1993 à son emplacement présent, dans une maison crétoise traditionnelle qui était pratiquement abandonnée depuis la fin du XIXe siècle.Visite du musée historique et « laographique » de Gavalochori (Ιστορικό Λαογραφικό Μουσείο Γαβαλοχωρίου) : Adresse : le musée est situé à moins de 100 m à l’ouest de la place principale de Gavalochori. Horaires d’été, du 1er avril au 31 octobre : du lundi au samedi, de 9 h à 19 h ; le dimanche, de 11 h à 18 h. Horaires d’hiver, de novembre à mars : de 8 h 30 min à 15 h. Prix d’entrée : 4 € ; entrée gratuite pour les mineurs de 12 ans. Téléphone : 00 30 28250 23222. | Le bâtiment (κτήριο / ktírio) | Le bâtiment qui abrite le musée ethnographique comprend deux niveaux : le rez-de-chaussée a été construit sous la domination vénitienne et l’étage sous l’occupation turque ; ce bâtiment a été habité jusqu’à la fin du XIXe siècle. Le rez-de-chaussée comprend un balcon intérieur, l’exostis (εξώστης), une cour intérieure, une salle principale, le kamarospito (καμαρόσπιτο), avec des espaces annexes ; le premier étage comprend une terrasse. Pour la restauration du bâtiment (enlèvement de l’ancien enduit, renforcement des murs, réparations ou reconstructions avec des pierres brutes, remplacement des sols, des linteaux des portes et des fenêtres avec leurs encadrements, réparation du four, de la citerne et de la cour intérieure, et cetera), des matériaux locaux et des techniques traditionnelles ont été utilisés.
| Le logement (καμαρόσπιτο / kamaróspito) | La pièce principale du logement, nommée « kamarospito » (καμαρόσπιτο), était à la fois une pièce à vivre, une chambre à coucher, une cuisine et un atelier de travail ; le kamarospito tire son nom de la kamara (καμάρα), l’arche en pierre semi-circulaire qui divise l’espace en différentes parties fonctionnelles. La porte et la petite fenêtre servent d’entrées de lumière et d’air, tout comme l’« aniphoras » (ανηφόρας), l’extrémité de la cheminée d’où s’échappe la fumée de la « parasia » (παράσια), le foyer et le four de la maison. Le « patitiri » (πατητήρι), le fouloir pour le foulage des raisins, sert de lit lorsqu’il est recouvert de larges planches de bois, comme une sorte d’alcôve. Le mobilier, simple et fonctionnel, reconstitue un intérieur du début du XXe siècle ; il comprenait : la « sofra » (σοφράς), une petite table basse à deux pieds larges ; des tabourets et des « koutsouria » (κουτσουρία), des blocs de bois, pour s’asseoir et d’une ou deux chaises pour les visiteurs ; le « karfichtis » (καρφίχτης), un grand miroir avec un cadre en bois sculpté orné de photographies ; un grand canapé (καναπέ) ; un coffre (σεντούκι) pour le trousseau de la mariée ; un métier à tisser nécessaire au tissage du trousseau et des vêtements de la famille.
Les ustensiles ménagers comprenaient en général : le « canilieris » (κανιλιέρης), avec le « lichno » (λύχνο), la lampe à huile d’olive, pour l’éclairage de la maison ; le « petrochavano » (πετροχάβανο), le mortier pour piler le sel ; le moulin à main pour moudre grossièrement le blé et les « phava » (φάβα), c’est-à-dire les pois cassés ; un tamis pour séparer le bon grain de l’ivraie ; une panière rectangulaire en bois servant à pétrir le pain ; une pelle à long manche (κουπί) servant à enfourner et à retirer le pain du four ; des grandes jarres, la « ladopithara » (λαδοπίθαρα) pour l’huile et la « krasopithara » (κρασοπιθαρα) pour le vin ; des cruches, les « stamnia » (σταμνιά) et les « lainia » (λαήνια) pour l’eau ; des fers à repasser, qui n’étaient pas remplis d’eau chaude, mais de charbon ardent.
On peut voir également une chaise à un seul accoudoir ; cette chaise permettait aux femmes de bouger librement pour fabriquer du fil. | La sériciculture (σηροτροφία / sirotrofía) | La production de soie (μετάξι) par sériciculture et la fabrication d’articles en soie (ποιότητα μεταξιού) étaient principalement le travail des femmes ; en Crète cette production a duré jusqu’à la fin du XIXe siècle. Cette industrie artisanale à domicile se limitait à la confection de vêtements pour hommes, femmes et enfants, de textiles ecclésiastiques et ménagers (nappes, rideaux, draps, serviettes, foulards, mouchoirs, et cetera) et enfin à la décoration des cadres des photos de famille. La sériciculture commence en mars, avec l’éclosion des vers à soie, qui sont transférés sur des « kalamotès » (καλαμωτές), des surfaces rectangulaires en roseau, situés dans une pièce appropriée, le « métaxario » (μεταξαριό), la magnanerie, où les vers à soie sont nourris avec des feuilles de mûrier, principalement le mûrier blanc (Morus alba) (λευκή μουριά). Une fois le développement du ver à soie terminé, on place des branches d’arbustes sans feuilles sur les roseaux pour que le ver à soie puisse grimper et commencer à tisser les cocons en sécrétant le fil de soie qu’il tisse autour de son corps. Lors du tissage, le ver à soie est enfermé dans un cocon afin qu’un papillon en sorte pour se reproduire. Après la formation des cocons, ceux qui ne sont pas destinés à la reproduction sont exposés au soleil pendant deux à trois jours pour mourir sous forme de vers à soie. Une fois les cocons séchés, c’est au tour du « métaxas » (μεταξάς, pluriel μεταξάδες), le sériciculteur ou magnanier, le spécialiste qui traite les cocons pour en extraire la soie.
L’artisan spécialisé dans la production de la soie, nommé « métaxas », utilisait comme outils un grand chaudron, une roue en bois, nommée « svigka » (σβίγκα) et une fine tige à l’aide de laquelle il rassemblait divers fils de soie de manière particulière pour en faire des « écheveaux » (στρουμπί). Ces fils étaient alors prêts à être utilisés pour la création d’étoffes tissées, tricotées et brodées.
1 : Nappe en soie crue. 2 : Broderie de table en soie. 3 : Rideau en soie. 4 : Couvre-lit en soie avec dentelle au fuseau (kopaneli). 5 : Serviette en soie. 6 : Nappe en soie. 7 : Rideau en soie. 8 : Serviette en soie. 9 : Serviette droite en soie. 10 : Couvre-lit en soie. 11 : Tissu en soie.
| La dentellerie aux fuseaux (κοπανέλι δαντέλα / kopanéli dantéla) | La fine dentelle aux fuseaux, nommée kopaneli (κοπανέλι), est réalisée à partir de fils de soie brodés sur un coussinet ; la soie était produite localement. Le mot « kopaneli » provient du mot vénitien « copano » avec le suffixe diminutif « -eli ».Le kopaneli est une technique consistant à entrelacer de nombreux fils disposés verticalement, enroulés autour de quatorze longs bâtons fuselés, nommés kopanelia (κοπανέλια), les fuseaux. Le « kousouni » (κουσούνι) est un coussinet cylindrique rembourré de foin sur lequel est posé le papier peint représentant le motif du tricot ; chaque motif ne comprend que les contours et les intersections où seront placées les épingles autour desquelles le kopaneli sera tressé. L’art de la dentelle aux fuseaux (τέχνη της δαντέλας με κουβαρίστρα) est apparu en Crète entre 1906 et 1908, lorsqu’une religieuse de Gavalochori, Minodora Athanasaki (Μινοδώρα Αθανασάκη), apprit la dentelle aux fuseaux lors de ses études à Athènes, puis l’enseigna aux autres religieuses du monastère d’Agios Prodromos (Άγιος Ιωάννης ο Πρόδρομος) à La Canée. Grâce à la présence de nombreuses religieuses de Gavalochori dans ce monastère, cet art s’est rapidement répandu dans le village.
La dentellerie au fuseau était pratiquée par les femmes de Gavalochori ; les filles commençaient à apprendre la technique de la dentelle dès l’âge de quatre ans, avec un petit oreiller et seulement quatre fuseaux. Les femmes se réunissaient pendant leur temps libre pour confectionner de la dentelle ensemble, pour décorer leur maison ; les femmes et les filles utilisaient aussi la dentelle pour faire leurs courses au village ou chez les marchands ambulants, utilisant la dentelle qu’elles avaient confectionnée comme moyen de paiement, améliorant ainsi le pouvoir d’achat familial. Cette dentelle de soie était le plus souvent destinée aux vêtements féminins de noce ou aux nappes décoratives. L’art de la dentelle aux fuseaux est encore pratiqué par quelques femmes de Gavalochori, qui se réunissent parfois dans l’un des bâtiments publics ou sur les places du village pour travailler ensemble à leurs créations. Des échantillons de dentelle, ainsi qu’un coussin avec des fuseaux pour la fabrication de la dentelle, sont exposés au Musée laographique de Gavalochori. | La viticulture | Le kamarospito comprenait aussi un fouloir pour le foulage au pied du raisin ; ce fouloir, nommé « patitiri » (πατητήρι), était une cuve carrée en pierre, d’environ 2 m par 2 m de côté ; un orifice dans le plancher, la gourna (γούρνα), permettait au moût (μούστος) de s’écouler dans de grandes jarres (πιθάρια) ou des fûts (βαρέλια) où le moût fermentait. Après fermentation, les restes de raisins étaient utilisés pour la production de raki, un alcool à 90 degrés. Le reste du temps, le patitiri était couvert par des planches et servait de lit. | La poterie | Profondément ancrée dans une longue tradition, la poterie crétoise présente une variété de formes et de motifs qui rappellent fortement les modèles minoens. Les principaux types d’objets utilitaires en terre cuite fabriqués en Crète sont : « aniphoras » (ανηφοράς) (une cheminée) ; « ammotsikalo » (αμμοτσίκαλο) (un bac à sable) ; « vrysi » (βρύση) (une fontaine) ; « glastra » (γλάστρα) (un pot de fleur) ; « galeti » (γαλέτι) ; « dipseli » (διψέλι) (une ruche) ; « thimiato » (θυμιατό) (un encensoir) ; « kanata » (κανάτα) (un pichet) ; « kouroupa » (κουρούπα) (une cruche à raki) ; « kouroupaki » (κουρουπάκι) (un petit pot) ; « kouroupi » à raki (κουρούπι της ρακής) (un pot à raki) ; couvercle de bouilloire (καπάκι του κοζανιου) ; « koumbaras » (κουμπαράς) (une tirelire) ; « kryostamni » (κρυοστάμνι) ; « kounenos » (κουνενός) ; « kounenaki » (κουνενάκι) ; « koutouto » (κουτούτο) (un tuyau) ; « kolymbithra » (κολυμπήθρα) (un baptistère) ; « laini » (λαήνι) (un récipient) ; « ladiko » (λαδικό) (une burette à huile) ; « lekanida » (λεκανίδα) (une cuvette) ; « mistato » (μίστατο) ; « briki » (μπρίκι) (une petite tasse à café) ; « mastrapas » (μαστραπάς) (une petite cruche à eau) ; « mouzouri » (μουζούρι) (une mesure de grain) ; « mouzouraki » (μουζουράκι) ; « magali » (μαγκάλι) (un brasero) ; « melopitharo » (μελοπίθαρο) ; « oka » (όκα) (une unité de masse) ; « pithari » (πιθάρι) (une grande jarre) : « ladopitharo » (λαδοπίθαρο) (une jarre à huile), « krassopitharo » (κρασοπίθαρο) (une jarre à vin), « pithari karpon » (πιθάρι καρπών) (une jarre à grains) ; « potistra » (ποτίστρα) (un abreuvoir) ; « roumba » (ρούμπα) ; « stamni » (σταμνί) (une petite cruche) ; « sphentili » (σφεντίλι) ; « tsikali » (τσικάλι) (une marmite) ; « taistra » (ταΐστρα) (une mangeoire) ; « tassi » (τάσι) (une tasse) ; « phlaski » (φλασκί) (une gourde, une flasque) ; « phouphou » (φουφού) (un brasero) ; « chavanozi » (χαβανόζι) (un bocal), et cetera.
Dans la vitrine se trouvent des cruches et autres objets d’usage courant des périodes byzantine et vénitienne, découverts dans l’un des vingt-quatre puits situés près du cimetière de Gavalochori. | La carrière et la taille de la pierre | L’extraction des pierres (εξόρυξη). Après avoir déblayé la « plakoura » (πλακούρα), c’est-à-dire la terre et le gravier, qui recouvre la zone d’extraction, on forme le « pagkos » (πάγκος), le « banc », c’est-à-dire l’endroit où les carriers de pierre (λατόμος) travailleront. Les premiers blocs extraits sont nommés « kantounades » (καντουνάδες), qui peuvent atteindre un mètre d’épaisseur. Après la couche de « kantounades » on trouve des dalles, puis, plus bas, les blocs tendres.
L’étape suivante consiste à réaliser, au moyen du bikos (μπίκος), les « kournieres » (κουρνιέρες), c’est-à-dire les mortaises pour la fixation des barres à mine (« petala ») et des coins (« sfines »). Ensuite, ils frappaient les coins avec une masse (varia), un lourd marteau, jusqu’à ce que de gros morceaux de pierre se détachent, qui sont ensuite libérés à l’aide d’un levier (« losto ») et d’une pioche (« kasma »). On extrait ensuite les « agonaria » (pierres rectangulaires utilisées pour la construction des angles d’un bâtiment) de la même manière. Pour découper les dalles isolantes, on place les « agonaria » aux endroits appropriés, afin de les couper à la « karmaniola » (καρμανιάλα) (une scie spéciale manipulée par les artisans). Ils prennent ensuite les panneaux, les coupent aux dimensions souhaitées, les placent sur un établi en pierre fixe et les coupent à la scie. Ils sont alors prêts à l’emploi. La même pratique est suivie pour l’extraction des dalles de plancher, l’outil principal étant le bikos (μπίκος). Types de pierre dans la région de Gavalochori : 1. Amoudara (Αμουδάρα) : pierre tendre, légère et facile à travailler. 2. Asvestolithos (Ασβεστόλιθος) : roche sédimentaire dont le principal ingrédient est le calcaire. 3. Kritharopetra (Κριθαρόπετρα) : pierre dure et compacte, formée de petits grains ressemblant à des grains d’orge, d’où son nom. 4. Sideropetro (Σιδερόπετρα) : pierre dure et très difficile à travailler. Les outils des carriers : le « bikos » (μπίκος), un pic ; les coins (σφήνες, singulier σφήνα) ; les « pétala » (πέταλα, singulier πέταλο), les barres à mine ; la « varia » (βαριά), la masse ; la « variopoula » (βαριοπούλα), un petit marteau lourd ; le « prioni » (πριόνι), la scie ; le « chténi » (χτένι), le peigne ; la « gonia » (γωνία), l’équerre ; le « lostos » (λοστός), le levier ; le « kasmas » (κασμάς), la pioche. La taille de la pierre. L’un des artisanats populaires les plus importants de Gavalochori depuis l’époque byzantine était celui des tailleurs de pierre (λιθοξόοι) ou « pelekanos » (πελεκάνοι), qui a connu un véritable essor au cours des deux derniers siècles. Les créateurs populaires, tous originaires de Gavalochori, ont prospéré, créant des œuvres d’art d’une grande élégance tels que : linteaux (ανώφλια), seuils (κατώφλια), encadrements de portes et de fenêtres, corniches (κορνίζες), escaliers (σκάλες), cheminées (τζάκια), colonnes (κολόνες) et chapiteaux (κεφαλοκόλωνα), gouttières (υδρορροές), margelles de puits (στόμια πηγαδιών), clochers d’église (καμπαναριά), inscriptions (επιγραφές), dalles datées de bâtiments et d’événements, lavoirs pour le linge ou « gournes » (γούρνες), et abreuvoirs pour les animaux, « vryses » (βρύσες), fontaines, tombes (τάφους) aux cadres sculptés, « destres » (δέστρες), saillies murales pour attacher les animaux, divers motifs décoratifs (formes rhomboïdales, cercles radiaux, triangles, carrés, losanges, parallélogrammes), issus du cycle hagiologique et liturgique de l’Orient orthodoxe, ainsi que de nombreuses représentations de la riche faune et flore de la Crète.
| La peinture populaire (λαϊκή ζωγραφική / laïkí zografikí) | À l’étage supérieur se trouve la partie historique du musée, où l’on peut notamment voir des peintures et des lithographies populaires représentant les combats entre les Crétois et les Turcs, ainsi que des représentations picturales de la vie populaire. On peut aussi voir une affiche, intitulée « La Résurrection de la Crète » (Η Ανάστασις της Κρήτης), figurant, entre autres, Elefthérios Venizélos ; une autre affiche rend hommage à Venizélos au moment de sa mort.
Une vitrine présente des armes, notamment des armes à feu et des sabres turcs. À l’étage se trouve une terrasse d’où l’on peut voir une partie du village de Gavalochori, par exemple l’église Saints-Serge-et-Bacchus. |
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