 | Le village de Vamos et le monastère Saint-Georges, le village de Gavalochori et son musée, les villages de Kokkino Chorio, de Drapanos et de Kefalas, et le cap Drapano en Crète |  |
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| | | Le village de Vamos (Βάμος / Vámos) | Vamos est un bourg agricole situé au milieu des collines de l’Apokoronas ; le village se trouve à environ 8 km au nord-nord-est du chef-lieu du dème de l’Apokoronas, Vryssès, et à une trentaine de kilomètres au sud-est de la capitale de la province, La Canée ; Gavalochori est à environ 2,5 km sur la route de La Canée. Le village est à environ 200 m d’altitude, sur la pente nord d’une petite colline qui culmine à 280 m d’altitude. Le village de Vamos est le chef-lieu du canton de Vamos, le canton le plus étendu des six cantons du dème de l’Apokoronas, avec une superficie de 4 000 hectares ; Vamos est aussi le chef-lieu d’une communauté locale (Κοινότητα Βάμου) qui comprend aussi le village Douliana (Δουλιανά), qui compte une centaine d’habitants ; la localité de Vamos a une population d’environ 700 habitants.
Le village de Vamos semble avoir été fondé vers le XIIe siècle, à la fin de la seconde époque byzantine ; le village ne possède pas d’édifices datant de cette époque mais deux monastères voisins remontent au XIIIe siècle. Les premières mentions écrites du village datent du XVIe siècle, à l’époque vénitienne, sur la carte réalisée par Francesco Barozzi (Φραγκίσκος Μπαρότσι) en 1577 et dans le recensement fait par Pietro Castrofilaca (Πέτρος Καστροφύλακας) en 1583 ; la localité était nommée Vamu par les Vénitiens. Comme l’ensemble de l’Apokoronas, Vamos fut occupée par les Ottomans dès l’année 1646 ; après la conquête complète de la Crète, en 1669, Vamos fit partie du sandjak de Hanya (Hanya Sancağı) de la province ottomane de Crète (Girit Eyaleti) ; le village était nommé Vamus par les Turcs. Pendant la première partie de l’occupation ottomane, Vamus resta une modeste localité jusque vers le milieu du XIXe siècle. En 1867 eut lieu une réforme administrative de l’Empire ottoman ; cette réforme administrative divisa la province de Crète (Girit Vilayeti) en six sandjaks ; le sandjak des Sfakia (İsfakiye Sancağı ou Esfakye Sancağı) fut créé en rassemblant trois éparchies faisant partie des territoires de La Canée et de Réthymnon : les éparchies de l’Apokoronas, des Sfakia et d’Agios Vassilios. Un Grec, chrétien orthodoxe, originaire de Ioannina en Épire, Ioannis Sava (Yannis Sava, Ιωάννης Σάββας), fut nommé gouverneur local (mutasarrıf) de ce nouveau sandjak, de 1870 à 1875 ; en 1878 Sava reçut le titre de pacha (Yannis Sava Paşa) et, de 1887 à 1889, devint gouverneur de la province de Crète. Yannis Sava choisit Vamus comme chef-lieu du sandjak des Sfakia. En raison de ce nouveau statut Vamos connut un important développement, marqué par la construction de nouveaux bâtiments publics aux éléments néoclassiques, tels que le palais du gouverneur (konak ou seray, σεράγιο), la caserne des troupes ottomanes (kışla, pluriel kışlalar), des entrepôts et des citernes, ainsi que des écoles, dont la célèbre école de filles (παρθεναγωγείο), qui abrite à présent un foyer municipal ; les autorités judiciaires, politiques et militaires du sandjak des Sfakia furent progressivement organisées à Vamus ; pour cette raison, le village est mentionné dans plusieurs documents sous le nom de Saraylıköy (Σαραϊλίκιοϊ), ce qui signifie « village du palais », du mot saray, pluriel saraylar, « palais », saraylı, « palatial » et du mot köy, pluriel köyler, « village ». En 1881, Vamus devint le siège du dème du même nom. La population du village atteignit près de 1 000 habitants. Comme siège d’un gouverneur et comme ville de garnison turque, Vamus devint la cible des rebelles crétois retirés dans le massif montagneux des Montagnes Blanches, massif situé à moins de 10 km de la localité. En 1878 des bâtiments publics ottomans, notamment le palais du gouverneur, subirent d’importants dommages lors d’une attaque des rebelles ; le soulèvement de 1878 conduisit aux accords d’Halepa qui accordaient à la Crète une semi-autonomie. Cependant un nouveau soulèvement eut lieu de 1895 à 1896 pour contraindre l’Empire ottoman à respecter les accords d’Halepa. Au cours de ce soulèvement la localité de Vamus fut assiégée pendant deux semaines par des rebelles crétois commandés par un prêtre originaire de la région, Emmanuel Malékakis (Εμμανουήλ Μαλεκάκης), dit Papamalekos (Παπα-Μαλέκος) ; le 18 mai 1896, les Turcs abandonnèrent le village de Vamus ; les soldats turcs et les habitants musulmans quittèrent le village.
Après un dernier soulèvement, le soulèvement de 1897 à 1898, la Crète devint un État autonome (Girit Devleti), tout en restant formellement au sein de l’Empire ottoman, mais les troupes turques évacuèrent l’île. Vamus resta le chef-lieu de la province des Sfakia. Après l’union de la Crète au royaume de Grèce, en 1913, la province des Sfakia fut supprimée en 1915 ; Vamos devint le chef-lieu du dème de l’Apokoronas dans la province de La Canée. De la période, d’une durée d’une cinquantaine d’années, où Vamos avait été le chef-lieu d’un sandjak, le village a conservé des services publics que d’autres villages ne possèdent pas : un tribunal régional d’instance (ειρηνοδικείο) (« juge de paix »), un centre de santé bien équipé, une banque et des écoles maternelle, primaire et secondaire. De nombreuses maisons du village ont été restaurées dans les années 1995 ; certaines de ces maisons sont du type « kamarospitas » (καμαρόσπιτα), c’est-à-dire des maisons à une seule pièce ; d’autres maisons sont de grandes maisons luxueuses en pierre, qui appartenaient à des notables, et sont nommées « konakias » (κονάκια), du turc konak, qui signifie « palais, grande demeure ». Beaucoup de ces demeures restaurées sont devenues des maisons d’hôtes. On peut se renseigner à l’Office de Tourisme situé près du centre du village : Aller à l’Office de Tourisme de Vamos avec Google Maps (35.408089, 24.196994). |
| Le monastère Saint-Georges à Karydi (Μονή Αγίου Γεωργίου στο Καρύδι / Moní Agíou Georgíou sto Karýdi) | Le monastère Saint-Georges à Karydi est un monastère orthodoxe restauré faisant partie de la Sainte Métropole de Kydonia et de l’Apokoronas (Ιερά Μητρόπολη Κυδωνιάς και Αποκορώνου) ; ce serait le seul monastère de l’Apokoronas. Le monastère Saint-Georges se trouve à environ 2 km au sud du village de Vamos, à gauche de la route de Vamos à Vryssès ; Vryssès est à 2,5 km plus au sud. Aller au monastère Saint-Georges de Karydi avec Google Maps (35.391990, 24.203280). Le monastère Saint-Georges de Karydi doit son nom au nom de l’ancien village près duquel le monastère se trouvait lors de sa fondation, le village du Karydi (Καρύδι) ; le mot « καρύδι » signifie « noix », le fruit du noyer (καρυδιά), même si la contrée est depuis longtemps couverte d’oliviers. Le village de Karydi se trouvait à une centaine de mètres au nord du monastère ; il ne subsiste du village que les ruines restaurées du manoir d’un seigneur vénitien dénommé Vizamano ; sous la domination vénitienne, le village était nommé Caridi San Zorzi.
La date de fondation du monastère Saint-Georges n’est pas connue, mais l’église Saint-Georges est déjà mentionnée en 1577 par Francesco Barozzi. Après la conquête de la région par les Ottomans, en 1646, des habitants du village se convertirent à la religion mahométane et demandèrent aux Turcs de convertir l’église en mosquée. Les Turcs exigèrent des impôts exorbitants au pope pour le forcer à céder l’église ; le pope préféra céder l’église d’Agios Georgios au monastère de la Sainte-Trinité des Zangaroli (Μονή Αγίας Τριάδας των Τζαγκαρόλων) qui disposait de la somme exigée par les Turcs ; en 1720 le monastère Saint-Georges devint un métoque du monastère d’Agia Triada Tzangaloron, situé sur la presqu’île d’Akrotiri. Des moines d’Agia Triada s’installèrent au monastère Saint-Georges à Karydi. C’est surtout à partir du début du XIXe siècle que le monastère se développa ; le monastère reçut des dons de terres et en acquit d’autres ; en 1821, sous l’occupation égyptienne, le monastère obtint la licence de produire de l’huile d’olives ; le monastère planta des milliers d’oliviers et employa de nombreux habitants de la contrée pour cultiver les oliviers et récolter les olives. Le monastère Saint-Georges devint le métochion le plus important du monastère de la Sainte-Trinité. À partir de 1850, l’higoumène Gérasime Stratigakis (Γεράσιμος Στρατηγάκης) (higoumène de 1850 à 1854), entreprit d’importants travaux : construction d’un nouveau moulin à huile, qui sera achevé en 1863, selon une inscription ; construction d’une citerne à l’est du nouveau moulin ; édification d’un nouveau catholicon, achevé en 1870, qui est l’église que l’on peut voir à présent. Le monastère fut endommagé par les Turcs pendant le soulèvement crétois de 1866.
Le monastère Saint-Georges resta une exploitation agricole importante jusqu’à la fin du XIXe siècle, mais, en 1900, le dernier moine quitta le monastère et les terres du monastère furent louées à des cultivateurs de la région ; en 1905, une partie des biens du monastère fut donnée à ces cultivateurs qui continuèrent d’exploiter les terres jusqu’en 1923. En 1923, année de la fin de la guerre d’Asie mineure, le métoque de Karydi fut dissous et la majorité de ses biens furent donnés au Fonds de réserve de l’Armée et distribués à des vétérans des guerres balkaniques (1912-1913) et d’Asie Mineure (1919-1922). Le monastère Saint-Georges fut abandonné pendant des décennies et tomba en ruine ; le catholicon ne servait que pour la fête de la Saint-Georges.
En 1989, le ministère de la Culture décida la restauration sous la supervision de l’Éphorie des Antiquités byzantines de la province de La Canée. En 1996 un premier moine, le Père Dorothéos (Πατέρας Δωρόθεος), s’installa dans le monastère et poursuivit la restauration ; en 2016, le Père Jérémie (Πατέρας Ιερεμίας) lui succéda, et fut nommé higoumène du monastère en 2020, le premier higoumène depuis 1854. Le monastère Saint-Georges à Karydi est, de nos jours, un monastère indépendant.
Plusieurs bâtiments du monastère ont été restaurés : quelques cellules de moine, le presbytère de l’higoumène, le manoir du seigneur vénitien et le pressoir à huile de l’époque vénitienne. L’entrée rectangulaire d’origine du monastère, ornée d’un encadrement sculpté en forme de barreau, se trouvait plus au nord que l’entrée actuelle et menait à un espace communiquant avec la cour par une grande ouverture voûtée, fermée ultérieurement ; au XIXe siècle, une partie de l’aile ouest, face à l’entrée principale de l’église, fut démolie et une nouvelle entrée, dotée d’un portail voûté et ouvragé, fut construite.
L’église Agios Georgios, le catholicon du métoque, fut construite vers 1850, au centre de la cour pavée de gros galets. C’est un édifice simple, à nef unique, voûté, solide et bien construit, avec un arc brisé et un clocher bilobé. La forme du portail et les piliers d’angle en pierre calcaire sculptée s’inscrivent dans la tradition qui prévalait à Apokoronas depuis l’époque vénitienne.
L’iconostase en bois sculpté est simple et ornée de belles icônes, dédicaces des moines de la Sainte Trinité, œuvres du peintre Xénophon Papadakis (Ξενοφών Παπαδάκης), qui utilise des modèles iconographiques de la fin de l’école crétoise. L’icône de saint Georges, ornée de scènes de sa vie, est recouverte d’argenture.
Les premiers bâtiments du monastère sont une suite de cellules allongées, datant du XVIIIe siècle, situées dans les ailes ouest et nord. Initialement couvertes d’un toit plat, elles ont été remplacées par un toit à un seul pan en tuiles à la fin du XIXe siècle. Le bâtiment à deux étages de l’aile orientale a été construit au début du XXe siècle par les locataires du monastère. Les bâtiments plus anciens ont été intégrés au moulin à huile et aux bâtiments du XIXe siècle. L’ensemble a ainsi acquis une unité et a formé un ensemble architectural important, caractéristique de l’architecture populaire locale, ancrée dans la tradition de la fin de la domination vénitienne. Le caractère agricole du monastère d’Agios Georgios à Karydi est attesté par la présence de deux moulins à olives ; le plus petit moulin, à une seule salle, dotée de deux doubles arcs, date de la fin de l’occupation vénitienne, au XVIIe siècle.
Une moulin à huile beaucoup plus grand fut construit en 1863, dans le sud du monastère ; il s’agit d’un bâtiment à deux salles, dont la salle ouest est la partie principale ; le toit de cette salle allongée était soutenu par douze arcs en plein cintre ; de nos jours, ces douze arcs impressionnants sont intacts, mais le toit s’est effondré. L’huilerie comprenait quatre pressoirs à olives de type moderne, chacun équipés de quatre meules ; seules les bases des pressoirs et quelques meules démontées sont encore conservées. Au milieu du mur oriental se trouve un foyer pour chauffer l’eau et l’espace, qui communique par un arc avec la salle principale. Tous les pressoirs étaient actionnés par traction animale. Cette installation imposante, unique en Crète, témoigne de l’énorme production d’huile du monastère.
Dans la cour orientale, à l’extérieur du moulin à huile, une grande citerne pavée a été construite pour recueillir l’eau des toits et de la cour. |
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| Sur la route de Kalyvès à Kéfalas | La route provinciale 45 de Kalyvès à Kéfalas (Επαρχιακή Οδός Καλυβών-Κεφάλας) longe, en direction de l’est, la côte sud de la rade de Souda jusqu’au village de Kokkino Chorio, près du cap Drapano ; la route provinciale s’oriente ensuite en direction du sud, en suivant la ligne de crête de la chaîne de montagnes du Drapanos ; lors de la montée vers le village de Drapanos on peut faire une halte pour admirer la vue sur l’entrée de la rade de Souda. La route continue vers Palailoni ; entre Drapanos et Palailoni on peut aller visiter six anciennes citernes d’eau vénitiennes (Ενετικές Δεξαμενές Νερού) qui se trouvent un peu à l’écart de la route, sur la gauche ; ces citernes, bordées de pierres sèches et remplies d’eau, mesurent plusieurs mètres de diamètre ; trois autres citernes sont comblées de terre.Aller aux puits vénitiens avec Google Maps (35.425427, 24.238052). À Palailoni on peut faire une excursion vers la crique d’Omprosgialos, célèbre pour ses eaux turquoises et son parc de plongée sous-marine, en empruntant, sur la gauche, une petite route carrossable. Après Palailoni la route provinciale continue de monter jusqu’à Kéfalas où elle rejoint la route provinciale 46 d’Agioi Pantès à Kéfalas. |
| La station balnéaire d’Almyrida (Αλμυρίδα / Almyrída) | Almyrida est un village côtier situé sur la côte sud de la rade de Souda, dans le nord-ouest de la Crète, face à la presqu’île d’Akrotiri ; depuis les années 1980, ce petit village de pêcheurs est devenu une petite station balnéaire. Almyrida se trouve à environ 5 km à l’est de Kalyvès, sur la route reliant Kalyvès à Kéfalas ; la capitale provinciale, La Canée, est à environ 25 km à l’ouest. Le toponyme de la localité dérive du mot « almyros » (αλμυρός), qui signifie « salé ». La station balnéaire d’Almyrida compte moins de 200 habitants permanents, mais plus du double pendant la saison touristique. La localité fait partie de la communauté locale du village de Plaka (Πλάκα) (Κοινότητα Πλάκας), situé à moins de 2 km à l’est. Almyrida est située au fond d’une crique bordée par des falaises ; au nord-ouest de la crique se trouve un îlot inhabité, l’îlot de Karga (Νησίδα Κάργα). L’îlot apparaît sous le nom de « Scoglio di San Niccolò » sur la carte de l’Apokoronas de Francesco Basilicata en 1718.
La station balnéaire d’Almirida dispose d’une plage de sable de 300 m de longueur (παραλία Αλμυρίδα) et, plus à l’ouest, d’une plage de galets un peu moins longue, la plage de Kéra (παραλία Κεράς). Ces plages sont plutôt ventées, ce qui en fait un site apprécié par les amateurs de planche à voile ; installée dans un des hôtels, l’association sportive française UCPA organise pour les jeunes des stages de planches à voile et autres activités sportives. Depuis le petit port opèrent des clubs de plongée qui proposent des excursions autour du cap Drapano, notamment vers la célèbre grotte des Éléphants. À l’entrée ouest de la localité se trouvent les ruines d’une basilique paléochrétienne à trois nefs, datant du VIe siècle, dont sont conservés de beaux sols en mosaïque (Παλαιοχριστιανική Βασιλική Αλμυρίδας). |
| Le village de Kokkino Chorio (Κόκκινο Χωριό / Kókkino Chorió) | Kokkino Chorio est un petit village, de moins de 200 habitants, situé à moins de 3 km du cap Drapano, cap qui marque le coin nord-est du dème de l’Apokoronas et de la province de La Canée ; le village surplombe le cap a une altitude de 152 m. Kokkino Chorio constitue à lui seul une communauté locale (Κοινότητα Κόκκινου Χωριού) du canton de Vamos. La localité de Kokkino Chorio se trouve à une distance d’environ 10 km au nord de Vamos et d’environ 30 km à l’est de La Canée. Le toponyme du village « Κόκκινον Χωρίον » signifie « village rouge » ; les sols calcaires de la contrée sont en effet teintés de rouge par la présence de minerais de fer et d’aluminium. Pendant la Seconde Guerre mondiale, le village de Kokkino Chorio souffrit des exactions de l’armée allemande qui avait installé un poste de commandement souterrain sous la montagne Drapanokéfala qui domine le village au sud ; les Allemands réquisitionnèrent les habitants pour ces travaux gigantesques. En revanche Kokkino Chorio connut un moment de gloire, presque vingt ans plus tard, quand le village servit de cadre aux scènes de village du film « Zorba le Grec » (Αλέξης Ζορμπάς), notamment les scènes sur la place du village ; on peut encore voir le kaféneio où « la veuve éplorée », interprétée par Irène Papas (Ειρήνη Παπά), vient rechercher sa chèvre qui lui a été subtilisée ; dans ce film, réalisé par Michel Cacoyannis (Μιχάλης Κακογιάννης) en 1964, jouaient également Anthony Quinn (Άντονι Κουίν) et Alan Bates (Άλαν Μπέιτς). De nombreux habitants de Kokkino Chorio figurèrent dans le film comme figurants. D’autres scènes de ce film furent tournées à La Canée, et à Stavros et au monastère d’Agia Triada dans la presqu’île d’Akrotiri.
De nos jours, la localité vit surtout du tourisme individuel avec une multitude de villas de vacances avec piscine, dispersées autour du village. Dans le village se trouvent les églises Saint-Georges (Άγιος Γεώργιος), Sainte-Catherine (Αγία Αικατερίνη) et Saint-Charalampe (Άγιος Χαράλαμπος), située sur la place du village. D’autres curiosités du village sont des grottes, telle que la grotte de Pitsa (σπήλαιο Λίτσα), située dans l’est du village.
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| Le cap Drapano (Ακρωτήριο Δράπανο / Akrotírio Drápano) | Le cap Drapano est un cap situé dans le centre-ouest de la côte nord de la Crète, entre la rade de Souda et le golfe de l’Almyros ; le cap Drapano marque l’entrée sud-est de la rade de Souda, face à la presqu’île d’Akrotiri (Ακρωτήρι) qui borde la rade au nord. Le toponyme du cap Drapano, ou cap Drépano (ακρωτήριο Δρέπανο, ou aκρωτήρι Δρέπανο en grec démotique), ou encore cap Drapanos (ακρωτήριο Δράπανος), dérive du mot « δρέπανο » qui désigne la faucille utilisée traditionnellement par les moissonneurs de blé. Le géographe grec du IIe siècle Ptolémée nommait le cap « Drépanon » « Δρέπανον ἄκρον / Drépanon ákron », en grec ancien. À l’époque vénitienne, le cap était nommé « Ponta di Trapani » par les Vénitiens. Le cap Drapano a en effet une forme de lame recourbée et effilée qui évoque nettement la lame d’une faucille.
Le cap Drapano est l’extrémité nord du massif montagneux du Drapanos qui constitue la côte orientale de l’Apokoronas, au bord du golfe de l’Almyros. La chaîne de montagnes du Drapanos s’étend, du nord au sud, sur une longueur de 12 km, depuis le cap Drapano jusqu’à l’embouchure de la rivière Almyros, embouchure située au coin sud-ouest du golfe de l’Almyros, à Georgioupoli. Le massif du Drapanos culmine au mont Drapanokéfala (λόφος Δραπανοκεφάλα), à 527 m d’altitude ; dans l’Antiquité la montagne était nommée « Hippokoronion » (Ἱπποκορώνιον). Sur la carte de Francesco Basilicata de 1618, la montagne est nommée « Monte Calapodà », peut-être en raison de sa forme étrange de « forme à chaussure » (καλαπόδι), ou en hommage au cartographe créto-vénitien Giorgio Sìderi dit Calapodà.
Aller au mont Drapanokéfala avec Google Maps (35.445833, 24.234167). Le massif du Drapanos comprend trois villages de basse montagne, reliés par la route de Kalyvès à Kéfalas : au nord, le village de Drapanos (Δράπανος), situé à 305 m d’altitude, qui offre de belles vues sur la rade de Souda et sur le golfe de l’Almyros ; au milieu, Palailoni (Παλαιλώνι) ; au sud, Kéfalas (Κεφαλάς). L’importance stratégique du cap Drapano et de la montagne Drapanokéfala, pour le contrôle de la rade militaire de Souda, conduisit l’armée allemande à y construire d’importantes fortifications pendant la Seconde Guerre mondiale. Au pied du mont Drapanokéfala, au sud du village de Kokkino Chorio, près de la chapelle d’Agios Georgios, les Allemands construisirent des salles souterraines, reliées par un réseau de tunnels et d’escaliers souterrains creusés dans la montagne, pour abriter le Poste de Commandement (Leitstand) de la zone sud de la rade de Souda, ainsi que les quartiers d’habitation des soldats.
Une casemate armée de mitrailleuses permettait de surveiller la rade de Souda ; le réseau souterrain partait de l’arrière de la casemate ; ce réseau souterrain comprenait aussi des entrepôts de munitions. Un téléphérique fut construit pour transporter les artilleurs et les munitions entre la casemate et le sommet de la montagne Drapanokéfala ; une unité de défense antiaérienne (Flugabwehrkanone, Flak), armée de trois canons de 155 mm, fut déployée.
Toutes ces constructions furent réalisées par des Crétois des villages environnants, réquisitionnés en travail forcé. À la fin de la guerre, des soldats allemands furent contraints d’évacuer du système de bunkers le stock de munitions et de les faire exploser au bord de la mer, et non de les détruire sur place. Pour cette raison le réseau souterrain a été préservé et peut être visité. Aller au bunker de Kokkino Chorio avec Google Maps (35.450142, 24.236303). Les principales attractions du cap Drapanon sont le phare et des grottes situées de part et d’autre du cap. Le phare du cap Drapano (φάρος του ακρωτηρίου Δράπανο) a initialement été construit en 1864 par une société française, la Société des Phares de l’Empire ottoman ; en 1913, lors du rattachement de la Crète au royaume hellénique, le phare du Drapano rejoignit le réseau des phares grecs ; en 1941, lors de la bataille de Crète, le phare fut détruit par les Allemands ; le phare présent a été construit en 1948. Le phare du Drapano (φάρος Δράπανου) se trouve à environ 350 m de l’extrémité du cap, à une trentaine de mètres d’altitude, dans une zone rocheuse difficile d’accès ; sa tour, de section octogonale, a une hauteur de 7 m. Le phare est entouré d’une clôture grillagée.
Aller au phare du Drapano avec Google Maps (35.473253, 24.240453). Sur la côte occidentale du cap Drapano se trouve une petite plage, la plage de Koutalis, ou Koutalas (παραλία Κουταλά), accessible par une petite route à revêtement, en mauvais état, qui part de la route reliant Kokkino Chorio au phare du Drapano ; cette plage, située au fond d’une calanque n’est longue que d’une dizaine de mètres ; cependant cette plage est très appréciée par les plongeurs sous-marins pour ses fonds rocheux.
À environ 300 m au nord de la plage se trouve une grotte, la grotte de Koutalas (σπήλαιο Κουταλά) ; cette grotte est accessible à pied par un escalier escarpé et sans garde-corps. Sur la côte orientale du cap Drapano se trouve une grotte remarquable, mais seulement accessible en plongée, la grotte des Éléphants. |
| La grotte des Éléphants (Σπήλαιο των Ελεφάντων / Spílaio ton Elefánton) | La grotte des Éléphants est une grotte sous-marine située sur la côte orientale du cap Drapano, du côté extérieur à la rade de Souda ; la grotte se trouve à environ 700 m au sud-est de la pointe du cap. Par voie de terre, depuis le village de Kokkino Chorio, on peut s’approcher de l’entrée de la grotte par la petite route côtière à revêtement qui conduit au phare du cap Drapano ; depuis le virage en épingle à cheveux situé après le phare, un chemin de terre conduit, en 200 m, jusqu’à la crique d’où l’on peut apercevoir la partie émergée de l’entrée de la grotte. Cependant on ne peut entrer dans la grotte qu’en bateau puis en plongée sous-marine avec scaphandre autonome. Divers clubs de plongée, à La Canée ou à Almyrida, organisent des visites sous-marines de la grotte.Aller à la grotte des Éléphants avec Google Maps (35.469060, 24.244897). La grotte des Éléphants s’est formée dans le calcaire en plaques (Plattenkalk) du massif du Drapanos à l’époque mésozoïque ; à l’époque du pléistocène supérieur, entre 50 000 ans et 60 000 ans avant notre ère, la grotte était fréquentée par des animaux préhistoriques dont on a découvert des fossiles de parties de leurs squelettes, notamment des éléphants et des cervidés. Après la montée du niveau de la mer Égée, à partir de 20 000 ans avant notre ère, l’entrée de la grotte fut submergée. La grotte des Éléphants n’a été découverte que tardivement, en 1999, par un chasseur sous-marin du village de Plaka (Πλάκα), Manolis Efthymakis (Μανώλης Ευθυμάκης). Dès l’année suivante, l’Éphorie de Paléoanthropologie et de Spéléologie (Εφορεία Παλαιοανθρωπολογίας-Σπηλαιολογίας) organisa la fouille de la grotte et découvrit des fossiles d’ossements qui furent ultérieurement identifiés comme des os d’éléphants d’une espèce jusque-là inconnue. Cette espèce d’éléphants a été nommée « Éléphant de La Canée » (Elephas chaniensis). Dans une strate supérieure à celle des éléphants, des ossements de cervidés ont été découverts ; certains ossements appartenaient à des cervidés nains, mesurant à peine 30 cm de hauteur au garrot.
L’entrée sous-marine de la grotte des Éléphants se trouve à environ 10 m en dessous de la surface de la mer ; elle a une largeur de 9 m et une hauteur de 6,5 m ; depuis l’entrée il faut parcourir, en nage sous-marine, un couloir de 40 m de longueur avant de déboucher dans une salle souterraine. Cette salle souterraine a une longueur de 125 m et une largeur de 25 m ; la salle est immergée sur une profondeur atteignant 4 m, tandis que la partie émergée a une hauteur atteignant 10 m sous le plafond. La salle est décorée de stalactites et de stalagmites aux coloris blancs et orangés causés par la présence d’oxyde de fer et de bauxite dans le calcaire du cap Drapano, d’où le nom de Kokkino Chorio, le « village rouge ». Les stalagmites immergées se sont formées avant l’inondation de la grotte par la montée des eaux de la mer Égée. On peut aussi voir, incrustés dans la roche, des ossements fossilisés d’un éléphant, comprenant des vertèbres, des dents et une défense. |
| La crique d’Omprosgialos (Ομπρόσγιαλος / Omprósgialos) | Omprosgialos est une crique rocheuse située à peu près au milieu de la côte rocheuse du massif du Drapanos, longue d’environ 12 km. La crique d’Omprosgialos se trouve à environ 4,5 km à l’est du village de Palailoni (Παλαιλώνι), par une piste de terre escarpée et étroite, mais en bon état et carrossable ; depuis Palailoni, le dénivelé est de 320 m jusqu’à la côte. Le village de Kéfalas est à peu près à la même distance. Il y a une dizaine de places de stationnement à l’arrière de la crique ; il est aussi possible de se garer au bord de la route. Beaucoup de visiteurs, notamment ceux qui viennent faire de la plongée sous-marine viennent en bateau, par exemple depuis le port de Georgioupoli qui est à 4 milles marins.Aller à la crique d’Omprosgialos avec Google Maps (35.425367, 24.258201). Le toponyme Omprosgialos (Ομπρόσγιαλος), Ombrogialos (Ομπρόγιαλος) ou Ombros Gialos (Ομπρός Γιαλός), signifie littéralement « devant » (ομπρός ou εμπρός) « rivage » (γιαλός ). La crique d’Omprosgialos est remarquable par la limpidité de ses eaux, due à l’absence de sable et de vase, et à sa couleur turquoise très marquée ; c’est la dissolution du carbonate de calcium de cette côte constituée de calcaire en plaques (Plattenkalk) qui donne à l’eau cette couleur turquoise. L’accès à la mer se fait par des escaliers aménagés dans la roche. Les fonds rocheux et les falaises environnantes, creusées de grottes sous-marines, sont très appréciés par les plongeurs en plongée libre ou en scaphandre autonome. Dans le nord de la crique se trouve une petite plage, la plage de Gordéli (Γορδέλι), accessible par un chemin de terre depuis le village de Drapanos ; on y trouve une taverne. Un parc de plongée doit être aménagé autour de la crique d’Omprosgialos à partir de 2025 ; ce parc, de 6 ha, comprendra plusieurs dizaines de récifs artificiels, ainsi que les épaves de deux navires de guerre grecs sabordés, pour servir d’habitats à la flore et à la faune aquatiques ; trois parcours de plongée seront proposés aux plongeurs avec des niveaux de difficulté différents, entre 8,5 m et 25 m de profondeur. |
| Le village de Kéfalas (Κεφαλάς / Kefalás) | Kéfalas est un village de basse montagne situé au milieu du massif montagneux du Drapanos, à peu près à égale distance du cap Drapano, au nord, et da la rivière Almyros, au sud. Kéfalas se situe à environ 350 m d’altitude, sur la crête de la chaîne montagneuse ; la position du village offre une vue magnifique sur le golfe de l’Almyros.L’activité primaire des quelque 300 habitants est l’élevage et la culture de l’olivier et de la vigne. Le village de Kéfalas est le chef-lieu d’une communauté locale (Κοινότητα Κεφαλά) qui comprend aussi les localité de Drapanos (Δράπανος) et de Palailoni (Παλαιλώνι). Le toponyme de la localité est une déclinaison du nom « κεφάλα » qui signifie « grosse tête », de « κεφάλι », tête. Le sommet de la chaîne montagneuse du Drapanos, le mont Drapanokéfala (Δραπανοκεφάλα) se trouve à 3,5 km au nord. À l’époque vénitienne le village était nommé Chiefalà. |
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| Sur la route d’Almyros à Xirosterni | La route provinciale 47 d’Almyros (Almyrida) à Xirosterni (Επαρχιακή Οδός Αλμυρού-Ξηροστέρνη) longe le piémont ouest du massif du Drapanos, traverse Gavalochori et atteint Xirosterni où elle rejoint la route provinciale 46 d’Agioi Pantès à Kéfalas, via Vamos. |
| Le village de Gavalochori (Γαβαλοχώρι / Gavalochóri) | Gavalochori est un village agricole, de près de 500 habitants, situé au début de la vallée de la rivière Xydas (ποταμός Ξυδάς), à environ 100 m d’altitude, au piémont occidental du massif du Drapanos ; la rivière Xydas draine le versant ouest du massif et se jette plus au nord dans la baie de Kalyvès, sur la côte sud de la rade de Souda. L’activité primaire de la population est la culture de l’olivier et de la vigne. Gavalochori est à une distance de 5 km au sud d’Almyrida, sur la côte, par la route provinciale 47. Gavalochori se trouve à environ 3,5 km au nord-est du chef-lieu du canton, Vamos, et à environ 8,5 km au nord du chef-lieu du dème de l’Apokoronas, Vryssès. Gavalochori est à une trentaine de kilomètres à l’est-sud-est de la capitale provinciale, La Canée. La communauté locale de Gavalochori (Τοπική Κοινότητα Γαβαλοχωρίου) comprend aussi les localités d’Agios Pavlos (Άγιος Παύλος) et d’Aspro (Άσπρο). Le toponyme de la localité vient du nom de la famille des Gavalas (Γαβαλάς) ; les Gavaladès (Γαβαλάδες) était une famille noble byzantine qui était notamment les seigneurs de l’île de Rhodes, jusqu’en 1248. Après la reconquête de la Crète sur les Sarrazins les Gavalas furent l’une des douze familles byzantines entre lesquelles l’empereur Alexis Comnène (Αλέξιος Κομνηνός) aurait divisée l’île ; Philippe Gavalas (Φίλιππος Γαβαλάς) se serait vu attribuer la région de l’Apokoronas et aurait établi sa capitale dans le village qui fut nommé « village de Gavalas », soit Gavalochori. Le village de Gavalochori comprend de nombreuses maisons anciennes en pierre, à un ou deux planchers, certaines datant de cinq siècles, à l’époque vénitienne ; beaucoup de ces belles maisons ont été restaurées. La localité compte une douzaine d’églises dont la plus ancienne date du début de l’époque vénitienne, au début du XIIIe siècle. Dans le sud du village on peut voir un intéressant moulin à olives (ελαιοτριβείο), à traction animale, abrité dans un bâtiment à deux voûtes en berceau datant du XVIIIe siècle.
Une autre curiosité de Gavalochori sont une trentaine de puits situés à environ 500 m à l’est du village ; ces puits donnent accès à une nappe phréatique formée par les eaux du versant ouest du massif de Drapanos ; ces puits sont construits en pierres sèches et certains sont couverts par une demi-coupole en pierres sèches. Ces puits de Gavalochori (Γαβαλιανά πηγάδια) dateraient de l’époque byzantine ou de l’époque vénitienne, selon les sources. La principale attraction culturelle du village est le musée ethnographique, qui est le plus important musée des arts et traditions populaires de la province de La Canée ; ce musée présente notamment l’art de la dentelle aux fuseaux, dit « kopaneli », qui fut une spécialité de Gavalochori ; sur la place principale du village, une boutique coopérative des femmes permet d’acquérir certaines de ces dentelles, réalisées par les dentellières du village, et d’autres produits locaux. | _small.jpg) _small.jpg) _small.jpg) _small.jpg) _small.jpg) |
| Le musée ethnographique (Ιστορικό Λαογραφικό Μουσείο / Istorikó Laografikó Mouseío) | Le musée des arts et traditions populaires de Gavalochori présente la vie traditionnelle de la contrée de l’Apokoronas et ses divers artisanats : la production et le travail de la soie, la dentellerie aux fuseaux, nommée « kopaneli », la poterie, l’extraction et la taille de la pierre, la sculpture sur bois, la peinture populaire et cetera. Le musée a été inauguré en 1965 et a été transféré en 1993 à son emplacement présent, dans une maison crétoise traditionnelle qui était pratiquement abandonnée depuis la fin du XIXe siècle._small.jpg)
Légende du plan du musée ethnographique : A : rez-de-chaussée. A1 : entrée. A2 : kamarospito. A3 : travail de la soie. A4 : poterie. A5 : travail de la dentelle. A6 : travail de la pierre. B : étage. B1 : sculpture religieuse sur bois. B2 : salle d’histoire. Cour intérieure. Cour extérieure. | Visite du musée historique et « laographique » de Gavalochori (Ιστορικό Λαογραφικό Μουσείο Γαβαλοχωρίου) : Adresse : le musée est situé à moins de 100 m à l’ouest de la place principale de Gavalochori. Horaires d’été, du 1er avril au 31 octobre : du lundi au samedi, de 9 h à 19 h ; le dimanche, de 11 h à 18 h. Horaires d’hiver, de novembre à mars : de 8 h 30 min à 15 h. Prix d’entrée : 4 € ; entrée gratuite pour les mineurs de 12 ans. Téléphone : 00 30 28250 23222. | Le bâtiment (κτήριο / ktírio) | Le bâtiment qui abrite le musée ethnographique comprend deux niveaux : le rez-de-chaussée a été construit sous la domination vénitienne et l’étage sous l’occupation turque ; ce bâtiment a été habité jusqu’à la fin du XIXe siècle. Le rez-de-chaussée comprend un balcon intérieur, l’exostis (εξώστης), une cour intérieure, une salle principale, le kamarospito (καμαρόσπιτο), avec des espaces annexes ; le premier étage comprend une terrasse. Pour la restauration du bâtiment (enlèvement de l’ancien enduit, renforcement des murs, réparations ou reconstructions avec des pierres brutes, remplacement des sols, des linteaux des portes et des fenêtres avec leurs encadrements, réparation du four, de la citerne et de la cour intérieure, et cetera), des matériaux locaux et des techniques traditionnelles ont été utilisés.
| Le logement (καμαρόσπιτο / kamaróspito) | La pièce principale du logement, nommée « kamarospito » (καμαρόσπιτο), était à la fois une pièce à vivre, une chambre à coucher, une cuisine et un atelier de travail ; le kamarospito tire son nom de la kamara (καμάρα), l’arche en pierre semi-circulaire qui divise l’espace en différentes parties fonctionnelles. La porte et la petite fenêtre servent d’entrées de lumière et d’air, tout comme l’« aniphoras » (ανηφόρας), l’extrémité de la cheminée d’où s’échappe la fumée de la « parasia » (παράσια), le foyer et le four de la maison. Le « patitiri » (πατητήρι), le fouloir pour le foulage des raisins, sert de lit lorsqu’il est recouvert de larges planches de bois, comme une sorte d’alcôve. Le mobilier, simple et fonctionnel, reconstitue un intérieur du début du XXe siècle ; il comprenait : la « sofra » (σοφράς), une petite table basse à deux pieds larges ; des tabourets et des « koutsouria » (κουτσουρία), des blocs de bois, pour s’asseoir et d’une ou deux chaises pour les visiteurs ; le « karfichtis » (καρφίχτης), un grand miroir avec un cadre en bois sculpté orné de photographies ; un grand canapé (καναπέ) ; un coffre (σεντούκι) pour le trousseau de la mariée ; un métier à tisser nécessaire au tissage du trousseau et des vêtements de la famille.
Les ustensiles ménagers comprenaient en général : le « canilieris » (κανιλιέρης), avec le « lichno » (λύχνο), la lampe à huile d’olive, pour l’éclairage de la maison ; le « petrochavano » (πετροχάβανο), le mortier pour piler le sel ; le moulin à main pour moudre grossièrement le blé et les « phava » (φάβα), c’est-à-dire les pois cassés ; un tamis pour séparer le bon grain de l’ivraie ; une panière rectangulaire en bois servant à pétrir le pain ; une pelle à long manche (κουπί) servant à enfourner et à retirer le pain du four ; des grandes jarres, la « ladopithara » (λαδοπίθαρα) pour l’huile et la « krasopithara » (κρασοπιθαρα) pour le vin ; des cruches, les « stamnia » (σταμνιά) et les « lainia » (λαήνια) pour l’eau ; des fers à repasser, qui n’étaient pas remplis d’eau chaude, mais de charbon ardent.
On peut voir également une chaise à un seul accoudoir ; cette chaise permettait aux femmes de bouger librement pour fabriquer du fil. | La sériciculture (σηροτροφία / sirotrofía) | La production de soie (μετάξι) par sériciculture et la fabrication d’articles en soie (ποιότητα μεταξιού) étaient principalement le travail des femmes ; en Crète cette production a duré jusqu’à la fin du XIXe siècle. Cette industrie artisanale à domicile se limitait à la confection de vêtements pour hommes, femmes et enfants, de textiles ecclésiastiques et ménagers (nappes, rideaux, draps, serviettes, foulards, mouchoirs, et cetera) et enfin à la décoration des cadres des photos de famille. La sériciculture commence en mars, avec l’éclosion des vers à soie, qui sont transférés sur des « kalamotès » (καλαμωτές), des surfaces rectangulaires en roseau, situés dans une pièce appropriée, le « métaxario » (μεταξαριό), la magnanerie, où les vers à soie sont nourris avec des feuilles de mûrier, principalement le mûrier blanc (Morus alba) (λευκή μουριά). Une fois le développement du ver à soie terminé, on place des branches d’arbustes sans feuilles sur les roseaux pour que le ver à soie puisse grimper et commencer à tisser les cocons en sécrétant le fil de soie qu’il tisse autour de son corps. Lors du tissage, le ver à soie est enfermé dans un cocon afin qu’un papillon en sorte pour se reproduire. Après la formation des cocons, ceux qui ne sont pas destinés à la reproduction sont exposés au soleil pendant deux à trois jours pour mourir sous forme de vers à soie. Une fois les cocons séchés, c’est au tour du « métaxas » (μεταξάς, pluriel μεταξάδες), le sériciculteur ou magnanier, le spécialiste qui traite les cocons pour en extraire la soie.
L’artisan spécialisé dans la production de la soie, nommé « métaxas », utilisait comme outils un grand chaudron, une roue en bois, nommée « svigka » (σβίγκα) et une fine tige à l’aide de laquelle il rassemblait divers fils de soie de manière particulière pour en faire des « écheveaux » (στρουμπί). Ces fils étaient alors prêts à être utilisés pour la création d’étoffes tissées, tricotées et brodées.
1 : Nappe en soie crue. 2 : Broderie de table en soie. 3 : Rideau en soie. 4 : Couvre-lit en soie avec dentelle au fuseau (kopaneli). 5 : Serviette en soie. 6 : Nappe en soie. 7 : Rideau en soie. 8 : Serviette en soie. 9 : Serviette droite en soie. 10 : Couvre-lit en soie. 11 : Tissu en soie.
| La dentellerie aux fuseaux (κοπανέλι δαντέλα / kopanéli dantéla) | La fine dentelle aux fuseaux, nommée kopaneli (κοπανέλι), est réalisée à partir de fils de soie brodés sur un coussinet ; la soie était produite localement. Le mot « kopaneli » provient du mot vénitien « copano » avec le suffixe diminutif « -eli ».Le kopaneli est une technique consistant à entrelacer de nombreux fils disposés verticalement, enroulés autour de quatorze longs bâtons fuselés, nommés kopanelia (κοπανέλια), les fuseaux. Le « kousouni » (κουσούνι) est un coussinet cylindrique rembourré de foin sur lequel est posé le papier peint représentant le motif du tricot ; chaque motif ne comprend que les contours et les intersections où seront placées les épingles autour desquelles le kopaneli sera tressé. L’art de la dentelle aux fuseaux (τέχνη της δαντέλας με κουβαρίστρα) est apparu en Crète entre 1906 et 1908, lorsqu’une religieuse de Gavalochori, Minodora Athanasaki (Μινοδώρα Αθανασάκη), apprit la dentelle aux fuseaux lors de ses études à Athènes, puis l’enseigna aux autres religieuses du monastère d’Agios Prodromos (Άγιος Ιωάννης ο Πρόδρομος) à La Canée. Grâce à la présence de nombreuses religieuses de Gavalochori dans ce monastère, cet art s’est rapidement répandu dans le village.
La dentellerie au fuseau était pratiquée par les femmes de Gavalochori ; les filles commençaient à apprendre la technique de la dentelle dès l’âge de quatre ans, avec un petit oreiller et seulement quatre fuseaux. Les femmes se réunissaient pendant leur temps libre pour confectionner de la dentelle ensemble, pour décorer leur maison ; les femmes et les filles utilisaient aussi la dentelle pour faire leurs courses au village ou chez les marchands ambulants, utilisant la dentelle qu’elles avaient confectionnée comme moyen de paiement, améliorant ainsi le pouvoir d’achat familial. Cette dentelle de soie était le plus souvent destinée aux vêtements féminins de noce ou aux nappes décoratives. L’art de la dentelle aux fuseaux est encore pratiqué par quelques femmes de Gavalochori, qui se réunissent parfois dans l’un des bâtiments publics ou sur les places du village pour travailler ensemble à leurs créations. Des échantillons de dentelle, ainsi qu’un coussin avec des fuseaux pour la fabrication de la dentelle, sont exposés au Musée laographique de Gavalochori. | La viticulture | Le kamarospito comprenait aussi un fouloir pour le foulage au pied du raisin ; ce fouloir, nommé « patitiri » (πατητήρι), était une cuve carrée en pierre, d’environ 2 m par 2 m de côté ; un orifice dans le plancher, la gourna (γούρνα), permettait au moût (μούστος) de s’écouler dans de grandes jarres (πιθάρια) ou des fûts (βαρέλια) où le moût fermentait. Après fermentation, les restes de raisins étaient utilisés pour la production de raki, un alcool à 90 degrés. Le reste du temps, le patitiri était couvert par des planches et servait de lit. | La poterie | Profondément ancrée dans une longue tradition, la poterie crétoise présente une variété de formes et de motifs qui rappellent fortement les modèles minoens. Les principaux types d’objets utilitaires en terre cuite fabriqués en Crète sont : « aniphoras » (ανηφοράς) (une cheminée) ; « ammotsikalo » (αμμοτσίκαλο) (un bac à sable) ; « vrysi » (βρύση) (une fontaine) ; « glastra » (γλάστρα) (un pot de fleur) ; « galeti » (γαλέτι) ; « dipseli » (διψέλι) (une ruche) ; « thimiato » (θυμιατό) (un encensoir) ; « kanata » (κανάτα) (un pichet) ; « kouroupa » (κουρούπα) (une cruche à raki) ; « kouroupaki » (κουρουπάκι) (un petit pot) ; « kouroupi » à raki (κουρούπι της ρακής) (un pot à raki) ; couvercle de bouilloire (καπάκι του κοζανιου) ; « koumbaras » (κουμπαράς) (une tirelire) ; « kryostamni » (κρυοστάμνι) ; « kounenos » (κουνενός) ; « kounenaki » (κουνενάκι) ; « koutouto » (κουτούτο) (un tuyau) ; « kolymbithra » (κολυμπήθρα) (un baptistère) ; « laini » (λαήνι) (un récipient) ; « ladiko » (λαδικό) (une burette à huile) ; « lekanida » (λεκανίδα) (une cuvette) ; « mistato » (μίστατο) ; « briki » (μπρίκι) (une petite tasse à café) ; « mastrapas » (μαστραπάς) (une petite cruche à eau) ; « mouzouri » (μουζούρι) (une mesure de grain) ; « mouzouraki » (μουζουράκι) ; « magali » (μαγκάλι) (un brasero) ; « melopitharo » (μελοπίθαρο) ; « oka » (όκα) (une unité de masse) ; « pithari » (πιθάρι) (une grande jarre) : « ladopitharo » (λαδοπίθαρο) (une jarre à huile), « krassopitharo » (κρασοπίθαρο) (une jarre à vin), « pithari karpon » (πιθάρι καρπών) (une jarre à grains) ; « potistra » (ποτίστρα) (un abreuvoir) ; « roumba » (ρούμπα) ; « stamni » (σταμνί) (une petite cruche) ; « sphentili » (σφεντίλι) ; « tsikali » (τσικάλι) (une marmite) ; « taistra » (ταΐστρα) (une mangeoire) ; « tassi » (τάσι) (une tasse) ; « phlaski » (φλασκί) (une gourde, une flasque) ; « phouphou » (φουφού) (un brasero) ; « chavanozi » (χαβανόζι) (un bocal), et cetera.
Dans la vitrine se trouvent des cruches et autres objets d’usage courant des périodes byzantine et vénitienne, découverts dans l’un des vingt-quatre puits situés près du cimetière de Gavalochori. | La carrière et la taille de la pierre | L’extraction des pierres (εξόρυξη). Après avoir déblayé la « plakoura » (πλακούρα), c’est-à-dire la terre et le gravier, qui recouvre la zone d’extraction, on forme le « pagkos » (πάγκος), le « banc », c’est-à-dire l’endroit où les carriers de pierre (λατόμος) travailleront. Les premiers blocs extraits sont nommés « kantounades » (καντουνάδες), qui peuvent atteindre un mètre d’épaisseur. Après la couche de « kantounades » on trouve des dalles, puis, plus bas, les blocs tendres.
L’étape suivante consiste à réaliser, au moyen du bikos (μπίκος), les « kournieres » (κουρνιέρες), c’est-à-dire les mortaises pour la fixation des barres à mine (« petala ») et des coins (« sfines »). Ensuite, ils frappaient les coins avec une masse (varia), un lourd marteau, jusqu’à ce que de gros morceaux de pierre se détachent, qui sont ensuite libérés à l’aide d’un levier (« losto ») et d’une pioche (« kasma »). On extrait ensuite les « agonaria » (pierres rectangulaires utilisées pour la construction des angles d’un bâtiment) de la même manière. Pour découper les dalles isolantes, on place les « agonaria » aux endroits appropriés, afin de les couper à la « karmaniola » (καρμανιάλα) (une scie spéciale manipulée par les artisans). Ils prennent ensuite les panneaux, les coupent aux dimensions souhaitées, les placent sur un établi en pierre fixe et les coupent à la scie. Ils sont alors prêts à l’emploi. La même pratique est suivie pour l’extraction des dalles de plancher, l’outil principal étant le bikos (μπίκος). Types de pierre dans la région de Gavalochori : 1. Amoudara (Αμουδάρα) : pierre tendre, légère et facile à travailler. 2. Asvestolithos (Ασβεστόλιθος) : roche sédimentaire dont le principal ingrédient est le calcaire. 3. Kritharopetra (Κριθαρόπετρα) : pierre dure et compacte, formée de petits grains ressemblant à des grains d’orge, d’où son nom. 4. Sideropetro (Σιδερόπετρα) : pierre dure et très difficile à travailler. Les outils des carriers : le « bikos » (μπίκος), un pic ; les coins (σφήνες, singulier σφήνα) ; les « pétala » (πέταλα, singulier πέταλο), les barres à mine ; la « varia » (βαριά), la masse ; la « variopoula » (βαριοπούλα), un petit marteau lourd ; le « prioni » (πριόνι), la scie ; le « chténi » (χτένι), le peigne ; la « gonia » (γωνία), l’équerre ; le « lostos » (λοστός), le levier ; le « kasmas » (κασμάς), la pioche. La taille de la pierre. L’un des artisanats populaires les plus importants de Gavalochori depuis l’époque byzantine était celui des tailleurs de pierre (λιθοξόοι) ou « pelekanos » (πελεκάνοι), qui a connu un véritable essor au cours des deux derniers siècles. Les créateurs populaires, tous originaires de Gavalochori, ont prospéré, créant des œuvres d’art d’une grande élégance tels que : linteaux (ανώφλια), seuils (κατώφλια), encadrements de portes et de fenêtres, corniches (κορνίζες), escaliers (σκάλες), cheminées (τζάκια), colonnes (κολόνες) et chapiteaux (κεφαλοκόλωνα), gouttières (υδρορροές), margelles de puits (στόμια πηγαδιών), clochers d’église (καμπαναριά), inscriptions (επιγραφές), dalles datées de bâtiments et d’événements, lavoirs pour le linge ou « gournes » (γούρνες), et abreuvoirs pour les animaux, « vryses » (βρύσες), fontaines, tombes (τάφους) aux cadres sculptés, « destres » (δέστρες), saillies murales pour attacher les animaux, divers motifs décoratifs (formes rhomboïdales, cercles radiaux, triangles, carrés, losanges, parallélogrammes), issus du cycle hagiologique et liturgique de l’Orient orthodoxe, ainsi que de nombreuses représentations de la riche faune et flore de la Crète.
| La peinture populaire (λαϊκή ζωγραφική / laïkí zografikí) | À l’étage supérieur se trouve la partie historique du musée, où l’on peut notamment voir des peintures et des lithographies populaires représentant les combats entre les Crétois et les Turcs, ainsi que des représentations picturales de la vie populaire. On peut aussi voir une affiche, intitulée « La Résurrection de la Crète » (Η Ανάστασις της Κρήτης), figurant, entre autres, Elefthérios Venizélos ; une autre affiche rend hommage à Venizélos au moment de sa mort.
Une vitrine présente des armes, notamment des armes à feu et des sabres turcs. À l’étage se trouve une terrasse d’où l’on peut voir une partie du village de Gavalochori, par exemple l’église Saints-Serge-et-Bacchus. |
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