| Le château de Nératzia (Neratziá) à Kos sur l’île de Kos | |
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| Présentation générale | Le château de Neratziá (en grec : Κάστρο της Νερατζιάς) est une imposante forteresse maritime située sur le port de Kos, sur l’île grecque du même nom. Le château fut bâti, de la fin du XIVe siècle au début du XVIe siècle, par les Chevaliers Hospitaliers de l’Ordre de Saint-Jean, également nommés Chevaliers de Rhodes depuis leur repli sur l’île de Rhodes ; pour cette raison on le nomme également Château des Chevaliers (Κάστρο των Ιπποτών). Le château de Neratziá était la fortification la plus importante des Hospitaliers sur l’île de Kos, mais ils possédaient aussi des châteaux à Pýli, sur un haut sommet rocheux, à Andimáhia et à Kéfalos. Comme les autres forteresses du système défensif des Chevaliers de Saint-Jean, le château de Kos avait pour but d’assurer la sécurité des pèlerins chrétiens et des voyageurs, en route vers la Terre Sainte, contre les attaques ottomanes et les attaques des pirates. |
| Étymologie et toponymie | Le toponyme neratzia, parfois orthographié nerantzia, qui s’applique au château de Kos signifie en grec « oranger amer » (Νερατζιά, Neratziá), ou bigaradier, dont le fruit, l’orange amère ou bigarade, se nomme Νεράτζι, Neratzi. Le terme se réfère aux temps où de nombreux orangers amers poussaient dans le voisinage du château. Le nom Neratziá s’appliquait également à la ville et à l’île de Kos. Au temps des Chevaliers Hospitaliers de Saint-Jean, le château et la ville portait le nom de Narangia, une forme latinisée de neratzia, proche de l’espagnol « naranja » et de l’italien « arancia ». |
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| L’austère château de Neratziá est le premier bâtiment que l’on voit lorsque l’on arrive à Kos par le ferry : il se trouve à l’est du port de Mandráki (Λιμάνι Mανδράκι) à Kos, sur ce qui était à l’origine un îlot rocheux. Le château était à l’origine séparé de l’île de Kos par un bras de mer ; il communiquait avec la ville médiévale, appelée la « Hora », par un pont-levis qui défendait l’accès au château. Ce bras de mer fut transformé en un large boulevard pendant la domination italienne de l’île de Kos au début du XXe siècle ; c’est aujourd’hui le boulevard des Palmiers (Λεωφόρος των Φοινίκων). La place forte est située à un endroit stratégique à l’entrée du Golfe de Kéramos (Κεραμεικός κόλπος), le Golfe de Céramique, ou aujourd’hui, en turc, Gökova Körfezi. En association avec le château Saint-Pierre d’Halicarnasse sur la côte de l’Asie Mineure (de nos jours Bodrum en Turquie), situé à environ 20 km au nord-ouest, le château de Kos contrôlait le détroit entre Kos et Halicarnasse et la route maritime entre Constantinople et Alexandrie. La forteresse de Neratziá était située à environ 128 km au nord-ouest de Rhodes, le siège de L’Ordre des Chevaliers de Saint-Jean. Le château de Cos était la plus importante défense avancée de Rhodes. |
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| Le château de Neratziá | La visite du château de Neratziá réserve la surprise de découvrir une seconde forteresse à l’intérieur de la forteresse. La forteresse intérieure fut bâtie par les Chevaliers Hospitaliers vers la fin du XIVe siècle pour défendre l’île contre les attaques turques du sultan Bajazet Ier (Bayazid Ier, en turc Yıldırım Bayezıd). Cette enceinte intérieure est de forme rectangulaire avec quatre tours d’angle circulaires : la tour sud-ouest (n° 8 sur le plan), la tour nord-ouest (9) et la tour sud-est (7), incorporée à l’enceinte extérieure, sont restées en bon état ; la tour nord-est a disparu. On pénétrait dans la forteresse par une porte, dite Porte de Carmadino (11) protégée par une tour de défense (10). Après les attaques des Turcs contre le château de Kos en 1457 – sous le magistère de Jacques de Milly – et en 1477 – au début du magistère de Pierre d’Aubusson – la première forteresse de Kos fut renforcée, notamment par la construction de terre-pleins. Après le premier siège de Rhodes par les Ottomans en 1480 – où les Turcs utilisèrent des canons à poudre noire – et les destructions causées par le tremblement de terre de 1493, les Chevaliers de Rhodes décidèrent de renforcer le château de Kos en bâtissant une seconde enceinte sur trois des côtés de la forteresse initiale, renforcée, aux points critiques, de bastions pour l’artillerie. Cette enceinte extérieure fut bâtie, à partir de 1495, par des ingénieurs italiens sous les magistères des Grands Maîtres Pierre d’Aubusson (1476-1503) et Émery d’Amboise (1503-1512), et achevée sous le magistère de Fabrizio del Carretto (1513-1521). Les deux enceintes étaient séparées par un large fossé sec (5). On passait de l’enceinte extérieure à la forteresse intérieure par un pont en pente qui franchissait le fossé. L’accès à la forteresse se faisait par une porte unique (6) à laquelle conduisait un pont-levis. La porte d’entrée était protégée au sud-ouest par un puissant bastion, le bastion de Carretto (8). Au nord-ouest un autre bastion, le bastion polygonal d’Aubusson (3), gardait l’entrée du port. Pour la construction de la forteresse, les Chevaliers Hospitaliers firent usage de la pierre locale, mais aussi de matériaux prélevés dans les ruines de la ville antique grecque et romaine de Kos, et dans les ruines de l’Asclépiéion, un sanctuaire situé sur une colline voisine de Kos, détruit. Cela produit un curieux mélange d’inscriptions antiques et d’écussons médiévaux. L’aspect du château de Neratziá n’est pas aussi spectaculaire que celui d’autres forteresses bâties par Chevaliers Hospitaliers ; commencé un peu plus tard que le château Saint-Pierre à Halicarnasse, et sur une plus petite échelle, le château de Kos est cependant un superbe exemple de l’architecture de défense de l’Ordre de Saint-Jean. |
| Le pont-levis | La forteresse de Neratziá était reliée à l’île principale de Kos par un pont de 33 m de longueur qui franchissait le bras de mer servant de douve au château. La partie nord du pont était un pont-levis, de sorte qu’en cas d’attaque du côté terrestre, le château pouvait être complètement coupé de l’île principale. Sous la domination italienne les douves d’eau de mer ont été comblées et transformées en boulevard, le boulevard des Palmiers. Un pont fixe relie maintenant la Place du Platane à l’entrée du château. |
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| | | Le bastion carré d’Aubusson | Le bastion carré d’Aubusson est un bastion situé dans la partie orientale du mur extérieur. Il comporte un couloir carré périphérique au rez-de-chaussée avec neuf embrasures à canon et des cheminées d’aération pour la ventilation et un escalier de pierre qui mène au chemin de ronde de l’enceinte extérieure. |
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| | L’enceinte intérieure | Les Chevaliers Hospitaliers, qui avaient pris possession de l’île de Kos dès 1313, ne débutèrent la construction d’une fortification qu’à la fin du XIVe siècle après les attaques du sultan ottoman Bajazet Ier (Yıldırım Bayezid) contre l’île de Kos. La première mention écrite de l’existence de cette fortification est celle du notaire italien Nicolas de Martoni (Nicolò da Martoni) dans sa « Relation de pèlerinage à Jérusalem », de 1394 à 1395. Il décrit le château de Kos comme une forteresse inexpugnable entourée sur trois côtés par la mer et, sur le quatrième, par un lac. Cet ancien château fut complètement détruit pour laisser la place – à partir de 1451 – à la forteresse intérieure que l’on voit aujourd’hui. La construction de l’enceinte intérieure fut bâtie sous les magistères de Jean de Lastic (1437-1454), le comte italien et Frère Hospitalier Fantino Querini, comte de Stampalia (Astypalaia), étant le gouverneur vénitien de l’île de Kos (1436-1453), puis sous le magistère de Jacques de Milly (1454-1461). La forteresse intérieure était un quadrilatère avec des tours circulaires aux angles ; parmi ces tours, celles du sud-ouest (8), du nord-ouest (9) et du sud-est (7) sont bien conservées, la dernière étant presque incorporée dans l’enceinte extérieure ; la tour du nord-est est complètement détruite, ainsi que la section de mur à côté. Sur la partie supérieure de la maçonnerie, on peut voir de nombreux écussons de Grands Maîtres de l’Ordre de Saint-Jean du XVe siècle. Le 3 juin 1457, l’île de Kos fut attaquée par une armée ottomane de 156 navires et 16 000 soldats ; après 23 jours de siège, l’armée ottomane quitta l’île pour des raisons inconnues. En 1480, lors de leur attaque généralisée contre les Chevaliers de Rhodes, les Ottomans ne réussirent pas à conquérir la forteresse de Kos. |
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| La tour de défense de la porte de Carmadino | Après avoir traversé le pont intérieur, on voit, sur la gauche, une tour circulaire dont le rôle était de défendre l’entrée de la forteresse. La tour de défense de la porte de Carmadino est sans doute le plus ancien bâtiment du château de Kos. Elle présente un ensemble héraldique constitué des écussons des Grands Maîtres de l’Ordre de l’Hôpital de Saint-Jean de Jérusalem sous le magistères desquels l’enceinte intérieure fut bâtie (deux chevaliers de la Langue d’Auvergne) : à gauche celui de Jean de Lastic (1437-1454), à droite celui de son successeur Jacques de Milly (1454-1461), et au milieu l’écusson de l’Ordre avec la Croix, emblème de l’Ordre. | |
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| La tour du sud-est | La tour sud-est de l’enceinte intérieure fut intégrée dans la muraille est de la nouvelle enceinte. | |
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| Histoire | L’Ordre de Saint-Jean de Jérusalem | Kos, autrefois un avant-poste de Venise, fut acquis par les Chevaliers de Saint-Jean en 1315, sous le magistère de Foulques de Villaret (1305-1319), mais ne fut solidement acquis par les Chevaliers qu’en 1336. C’est en 1377, sous le magistère de Juan Fernandez de Heredia (1376-1396), que commença la construction d’un château. En juin 1522 le sultan Soliman mit le siège devant Rhodes et envoya aussi des troupes à Kos et au château Saint-Pierre (Bodrum), principalement pour s’assurer que ces forteresses ne pouvaient pas envoyer de l’aide à la principale forteresse des Chevaliers. À la fin de décembre 1522, les Chevaliers de Rhodes capitulèrent et durent se retirer également de toutes leurs autres forteresses : ils abandonnèrent Kos en janvier 1523. Pendant l’occupation ottomane de l’île, le château abrita une garnison turque, des magasins et une poudrière ; c’était aussi la résidence du gouverneur ottoman de l’île. Une grande partie de l’intérieur du château fut endommagée dans une explosion de la poudrière le 17 mars 1816. En mai 1912, Kos fut libérée par les troupes italiennes au terme de la guerre italo-turque. Pendant la domination italienne de l’île, le château fut une garnison puis il fut restauré et les traces de l’influence turque furent enlevées pour mettre en valeur le caractère médiéval du château. |
| Littérature | En 1968, le cinéaste allemand Werner Herzog tourna dans les ruines du château de Neratziá un de ses premiers films : Lebenszeichen (Signes de Vie). |
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| Conditions de visite | L’entrée au château se fait par un pont de pierre, à partir de la place du Platane (Πλατεία του Πλατάνου), qui franchit le Boulevard des Palmiers. Ouvert du mardi au dimanche de 8 h à 14 h 30 (fermé le lundi). Téléphone : 00 30 2242 028 326 Entrée payante : 3 €. |
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