| Le nord de la vieille ville de Corfou | |
| |
| Présentation générale | Vers la fin du XIIIe siècle, la citadelle de Koryfó (Κωρυφώ), là où se trouve de nos jours la vieille forteresse, devint trop exigüe pour accueillir la population ; la vieille ville de Corfou commença de se développer en dehors de la citadelle dans un faubourg nommé « Xopóli » (Ξωπόλι) (la ville extérieure), situé au nord-ouest de la citadelle. Quand la République de Venise prit possession de Corfou, à la fin du XIVe siècle, les Vénitiens nommèrent ce faubourg « Borgo ». Les Vénitiens commencèrent de fortifier le « Borgo » dès le XVe siècle, mais surtout au XVIe siècle entre les deux attaques turques de 1537 et de 1571 ; des remparts maritimes, reliant la vieille forteresse à la nouvelle forteresse, furent construits ; ces murailles sont nommées Mourágia (Μουράγια), de l’italien « muraglia ». |
|
|
| La vieille ville est bordée, au nord, par un boulevard en corniche qui longe les remparts ; depuis la Spianáda, en suivant la rue de la Liberté qui passe sous la porte Saint-Michel du palais royal, on parvient à la porte Saint-Nicolas ; de l’autre côté du boulevard se trouve un département de l’Université Ionienne, logé dans la demeure des Capo d’Istria. Le boulevard continue par la rue Arsène (οδός Αρσενίου / Odós Arseníou), nommée en l’honneur de saint Arsène, métropolite de Corfou au Xe siècle (Άγιος Αρσένιος Μητροπολίτης Κερκύρας) ; vers le milieu de la rue Arsène, un petit Musée d’art byzantin abrite essentiellement des icônes. Près du vieux port, le boulevard devient la rue Donzelot (οδός Δονζελοτ), du nom du général François-Xavier Donzelot, gouverneur impérial des Îles Ioniennes sous le Premier empire français, de 1808 à 1814 ; la rue Donzelot, bordée de belles maisons d’armateurs, descend vers le vieux port et ses quais bordés de tavernes à poissons. Le boulevard continue ensuite jusqu’à la nouvelle forteresse en passant devant le Porte de la Grotte (Πύλη της Σπηλιάς), restaurée au début des années 2010, et les baraquements vénitiens. À l’est, la vieille ville est séparée de la Spianáda par la rue Capo d’Istria ; au sud la rue Nikifóros Theotókis sépare la vieille ville de la nouvelle ville. |
|
|
| Le nord de la vieille ville (Παλαιά Πόλη / Paleá Póli) | 4 : Société de lecture. 6 : Musée Solomos. 7 : Musée du billet de banque. 12 : Musée d’art byzantin. 18 : Cathédrale orthodoxe. 19 : Église Saint-Spyridon. 23 : Église Saint-François d’Assise. 34 : Église Notre-Dame des Étrangers. 41 : Église Notre-Dame de Kremastí. 42 : Église Saint-Antoine et Saint-André. La partie la plus ancienne et la plus vaste de la vieille ville est le quartier du Campiélo (Καμπιέλο) ; ce nom se rencontre dans plusieurs villes d’Italie (campielli), notamment à Venise, où il existe un quartier nommé « Campiello » (petit camp, petit champ …). Le Campiélo se trouve dans le nord de la presqu’île de Corfou, derrière les remparts qui défendaient la ville d’attaques venant de la mer. Le Campiélo est un quartier médiéval composé de ruelles étroites et sinueuses, d’escaliers escarpés, de passages voûtés et de petites places secrètes, bordées de vieilles maisons vénitiennes à arcades, généralement superposées sur cinq ou six étages ; entre balcons opposés des cordes à linge relient des palais vénitiens, avec des balcons gravés de l’écusson de l’occupant originel, à des bâtiments néoclassiques du XIXe siècle construits par les Britanniques. Ces ruelles sont nommées localement kantoúnia (καντούνια). Des placettes dallées, avec des puits centraux, et surveillées par de vieilles églises à façade formant frontispice, ajoutent à cet espace urbain calme, mystérieux et tout à fait charmant ; un des meilleurs exemples est la place Kremastí (Πλατεία Κρεμαστής) et sa célèbre fontaine vénitienne. On peut pénétrer dans le quartier par le sud, depuis la rue piétonnière Nicéphore Théotokis (Odós Nikifórou Theotóki). De là, on peut prendre la rue Philharmonique (Odós Filarmonikís), qui croise une autre rue célèbre et animée, la rue Saint-Spyridon (Odós Agíou Spyrídonos), où se trouve l’église du saint patron de Corfou. En montant l’escalier de la rue Odós Sofoklí Dousmáni, on arrive à l’église Saint-Nicolas des Vieux (Ágios Nikólaos ton Gerónton) ; construite au début du XVIIe siècle, cette église offre une atmosphère de grand mysticisme ; les fresques du même siècle ont été attribuées à Emmanuel Tzanes. En continuant, on arrive à la place Sainte-Hélène (Plateía Agías Elénis), reconnaissable au grand palmier qui s’élève en son centre et au volto tou Kokkini ; de nos jours, le volto apparaît comme une simple arche de passage, mais le volto était un élément typique de l’architecture corfiote ; dans ce cas, la maison dont il faisait partie, appelée la « maison rouge » (en grec kokkíni veut dire rouge), a été détruite. En reprenant la ruelle à gauche de celle du volto, on retrouve l’Odós Sofoklí Dousmáni. En empruntant les ruelles sur la gauche, on arrive à la Place des Archanges (Plateía Taxiárchon), la plus grande place du Campiélo, dominée par l’église du Pantokrátor, datant du XVIe siècle ; l’unique élément de l’église qui suscite l’intérêt est l’état de l’ange sur le toit, œuvre attribuée au sculpteur italien Giuseppe Torretti. De là, la rue Odós Petrídou permet d’accéder à la place la plus caractéristique du quartier, la Plateía Kremastís, au centre de laquelle se trouve un puits typiquement vénitien. La place tire son nom de l’église de Panagía tis Kremastís. En pénétrant dans le Campiélo depuis le boulevard qui longe les remparts à l’est, on est presque certain de se perdre dans ce labyrinthe de ruelles, mais de se retrouver en suivant la plus grande pente en direction de la mer ; la visite du Campiélo peut prendre environ une heure et demie. Au sud-ouest du Campiélo, à l’est de la nouvelle forteresse, se trouve le quartier de la Grotte (Spiliá, Σπηλιά), facilement identifiable grâce à la porte du même nom, la Porte de la Grotte (Porta di Spilia) ; cette porte, en forme d’arche, est une survivance des anciennes murailles et permet d’accéder, depuis le port, à la rue Dionysos Solomos (Odós Dionysíou Solomoú). Cette rue et ce quartier abritent de nombreuses boutiques pour les touristes, ainsi que des tavernes. À l’intérieur du quartier des saints apôtres (Άγιοι Απόστολοι / Ágioi Apóstoloi) se trouvent la cathédrale orthodoxe et la Plateía Lemoniás, une grande et belle place récemment créée. Le quartier de Kofinéta (Κοφινέτα), à l’ouest de Káto Plateía, la partie nord de la Spianáda, est maintenant indiscernable du Campiélo. La vieille ville est parsemée d’églises grecques orthodoxes : au sud du Campiélo, à l’arrière de la Porte de la Grotte, se trouve la cathédrale orthodoxe de Corfou, dédiée à Notre-Dame de la Grotte (Παναγία Σπηλιώτισσα / Panagía Spiliótissa) ; au sud-est, l’église Saint-Spyridon est dédiée au saint patron de l’île de Corfou ; sur l’avenue qui sépare la vieille ville byzantine de la nouvelle ville, la rue Nikifórou Theotóki (Νικηφόρου Θεοτόκη), s’alignent trois églises : l’église Notre-Dame des Étrangers (Παναγία των Ξένων / Panagía ton Xénon), l’église du monastère catholique Saint-François d’Assise et l’église Saint-Antoine. |
|
| La cathédrale orthodoxe (Μητρόπολη / Mitrópoli) | La cathédrale orthodoxe de Corfou est le siège du métropolite de Corfou, de Paxos et des îles Diapontiques. L’église métropolitaine de Corfou est, depuis 1841, l’église dédiée à Notre-Dame de la Grotte (Παναγία Σπηλιώτισσα / Panagía Spiliótissa), à saint Blaise de Sébaste (Άγιος Βλάσιος / Ágios Vlásios) et à sainte Théodora (Αγία Θεοδώρα / Agía Theodóra), impératrice byzantine. L’église cathédrale est située sur la place Plateía Mitropóleos (Πλατεία Μητροπόλεως) (n° 18 sur le plan), dans le quartier de la Grotte (Σπηλιά / Spiliá), en raison de l’existence d’une grotte voisine, au sud-ouest du Campiélo ; du nom du quartier, l’église prend le nom de Panagía Spiliótissa (Notre-Dame de la Grotte). Pour y accéder depuis le front de mer, en face du Vieux-Port, il faut prendre la ruelle située à gauche du tribunal de Corfou (Δικαστήρια Κέρκυρα / Dikastíria Kerkyras), un bâtiment blanchâtre reconnaissable à la colonnade ionique de la partie supérieure de sa façade ; des marches d’escalier conduisent jusqu’à l’église. Aller à la cathédrale orthodoxe avec Google Maps (39.626226, 19.920799). L’église a été édifiée en 1577, à l’emplacement d’une ancienne église byzantine dédiée à saint Blaise ; une façade baroque lui a été ajoutée au XVIIIe siècle. L’intérieur est typique des églises des îles Ioniennes, avec trois nefs ; le plafond est à caissons ; la splendide iconostase est en marbre et recouverte de trente-trois icônes. D’autres icônes et peintures, de différentes époques, sont accrochées aux murs et aux piliers : ce sont des œuvres d’artistes de l’école de l’Heptanèse et de l’école crétoise, dont le célèbre Emmanuel Tzanes (Εμμανουήλ Τζάνες / Emmanouíl Tzánes) ou Michel Damaskine (Μιχαήλ Δαμασκηνός) ; l’église possède aussi une icône de style ouest-européen du peintre Panagiótis Paramythiótis, du XVIIIe siècle. Il y a trois peintures sombres remarquables de scènes de l’Ancien Testament sur les murs latéraux ; les artistes inconnus étaient clairement influencés par le maniérisme italien. Les deux peintures sur le mur de droite représentent le prêtre-roi Melchisédech bénissant Abraham et plusieurs épisodes de la Genèse, y compris la création d’Adam et Ève, tandis que celui de gauche représente Moïse élevant le serpent de bronze dans le désert. On remarque également d’excellents ouvrages en fer forgé, sur les grilles situées de part et d’autre de la porte principale et sur la balustrade qui sépare la zone surélevée avant l’iconostase du reste de la nef. Dans une petite chapelle, située à droite de l’iconostase, sont conservées les reliques de sainte Théodora (Αγία Θεοδώρα). Sainte Théodora de Constantinople (815-867) était l’épouse de l’empereur byzantin Théophile (Θεόφιλος), qui l’avait épousé pour sa beauté. Pour la distinguer de l’autre sainte Théodora, épouse de l’empereur byzantin Justinien Ier, sainte Théodora est parfois surnommée l’Arménienne, car elle était originaire de Paphlagonie en Arménie. À la mort de son époux Théophile, leur fils Michel n’avait que deux ans ; Théodora (Θεοδώρα) devint impératrice régente, de 842 à 856 ; elle laissa le pouvoir à son fils quand il eut atteint sa majorité d’âge ; l’Histoire retiendra son nom comme Michel III l’Ivrogne, tant son règne fut calamiteux. Pour les orthodoxes, l’impératrice revêt une importance particulière, car elle mit fin en 843 à une guerre civile qui durait depuis plus d’un siècle dans l’empire byzantin : la querelle des Iconoclastes ; il s’agissait de la question de la vénération des icônes et de la justification de leur culte. L’impératrice Théodora rétablit la vénération des icônes, ce sans quoi il n’y aurait pas d’icônes dans les églises orthodoxes. Sur plusieurs icônes de la cathédrale, la sainte est donc représentée avec une icône à la main. Elle fut ensuite canonisée et vénérée comme sainte par l’Eglise orthodoxe. Après la chute de Constantinople, tombée aux mains des Turcs en 1453, les reliques de sainte Théodora furent apportées de Constantinople, avec celles de saint Spyridon, qui devint saint patron de Corfou ; les restes des deux saints furent apportés à Corfou, en 1456, par un moine nommé Geórgios Kalochairítis (Γεώργιος Καλοχαιρέτης), qui les transporta dans des paniers en osier attachés de part et d’autre d’un mulet. Les restes de sainte Théodora, les ossements à l’exception de la tête, sont conservés dans un reliquaire en argent. Le buste en marbre blanc qui se trouve au pied de l’escalier qui mène à l’église est celui du patriarche Athénagoras (Αθηναγόρας / Athinagóras), archevêque orthodoxe de Corfou, de Paxos et les îles Diapontiques au début du XXe siècle, de 1922 à 1930 ; il fut ensuite archevêque d’Amérique. La cathédrale orthodoxe est ouverte tous les jours, de 7 h 30 à 13 h et de 16 h 30 à 20 h. |
|
| L’église Notre-Dame de Kremastí | Parmi les ruelles du Campiélo, sur la petite Plateía Kremastí, se trouve l’église Notre-Dame de Kremastí (Παναγία της Κρεμαστής) (n° 41 sur le plan). Le nom, qui signifie « suspension » (κρεμαστήρ), provient probablement de la pratique consistant à accrocher des icônes sur un mur extérieur ; dans des temps anciens, une icône de la Vierge était accrochée au mur, peut-être comme un talisman lors des épidémies de peste ; cette icône se trouve maintenant à droite de l’iconostase en marbre. L’église est dédiée à la « Présentation de la Vierge ». Notre-Dame de Kremastí est une petite église à une seule nef, datant du début du XVIe siècle, qui présentait un exonarthex sur trois côtés, dont seul le côté ouest a été préservé. La double arche voûtée en croix à l’entrée est une rare survivance d’une caractéristique autrefois commune de l’architecture corfiote. Dédiée à la Sainte Vierge, l’église contient une belle iconostase en marbre avec des gravures de feuilles de vigne, de Spyrídon Sperántzas (Σπυρίδων Σπεράντζας) (1733-1818), datant du XVIIIe siècle, vers 1771. L’iconographie la plus frappante est la représentation intégrale du Christ en tant que « Roi de Gloire », à droite de l’entrée de l’église ; au-dessus de cette icône se trouvent de belles icônes des douze apôtres. Devant l’iconostase, les pierres tombales de trois familles nobles de Corfou reposent dans un style majestueux ; l’une des tombes porte les armoiries de la famille Theotókis, peut-être la plus illustre famille de Corfou, dont la lignée remonte à la Constantinople de l’Empire byzantin ; de cette famille descendait également Domínikos Theotókopoulos (Δομήνικος Θεοτοκόπουλος), peintre crétois connu dans le monde entier comme El Greco. |
| Le puits de Kremastí | Devant l’église Notre-Dame de Kremastí se trouve un très beau puits vénitien, tel qu’il y en a près de 600 à Venise ; c’est un puits en marbre blanc décoré de bas-reliefs tels que des croix byzantines ; il donnait accès à l’eau de l’une des neuf citernes de la vieille ville. D’après l’inscription en grec et en latin qu’il porte, ce puits a été offert pour le bien commun en 1699 par un noble et généreux bienfaiteur corfiote d’origine vénitienne nommé Antónios Kokkínis (Antonio Cocchini), dont les armoiries sont sculptées en bas-relief sur le puits. « Opus Antonii Cocchini pro communi beneficio, MDCLXXXXIX 1699 » La place Kremastí est une des places les plus charmantes du Campiélo, mais elle est plutôt difficile à découvrir : depuis la cathédrale orthodoxe il faut prendre, vers l’est, la rue Sainte-Théodora (Odós Agías Theodóras). Aller à la place Krémasti avec Google Maps (39.626433, 19.922008). |
| Le musée Solomos (Μουσείο Διονυσίου Σολωμού) | Le musée Solomós est abrité dans la maison où vécut le poète grec Dionýsios Solomós (Διονύσιος Σολωμός) (17981857), pendant les trente dernières années de sa vie. La maison est située au numéro 1 de la rue Arsène, près du Vieux-Port, à l’extrémité de la Mourágia, la muraille maritime de la vieille ville (n° 6 sur le plan). Solomós était né dans l’île Ionienne de Zacynthe (Ζάκυνθος / Zákynthos), plus connue sous son nom italien de Zante, en 1798 quand les Îles Ioniennes constituaient un département de la Ire République française, le département de Corcyre. Solomós partit étudier en Italie et ne revint à Zante qu’à l’âge de 20 ans ; il publia des poèmes en langue italienne ce qui lui valut peut-être le surnom un peu ironique de « Dante di Zante ». Encouragé à écrire en grec, langue qu’il maîtrisait mal, il approfondit sa connaissance du grec et publia, en 1823, un de ses premiers poèmes dans cette langue, « Ύμνον εις την Ελευθερίαν » (« Hymne à la Liberté ») ; les premières strophes de ce poème deviendront les paroles de l’hymne national de la Grèce en 1865, un an après le rattachement des Îles Ioniennes au Royaume de Grèce. La maison de Solomós, qui avait été gravement endommagée par des bombardements pendant la Seconde Guerre mondiale, a été restaurée en 1979, et un musée en hommage au poète y a été aménagé. On peut y voir son bureau de travail, ses archives, sa bibliothèque, des portraits, son buste réalisé par le sculpteur Achilléas Apérgis (1909-1986) et cetera. Les objets exposés sont commentés en grec. Horaires : du lundi au vendredi, de 9 h 30 à 14 h (13 h en hiver). Prix d’entrée : gratis. Téléphone : 00 30 26610 30674 Site sur la Toile : www.eksmouseiosolomou.gr (en grec). |
|
| L’église Notre-Dame d’Antivouniótissa (Κυρά Αντιβουνιώτισσα) | L’église Notre-Dame d’Antivouniótissa est située dans le nord du quartier de Campiélo, près de la muraille maritime de la vieille ville, la Mourágia (n° 12 sur le plan). Depuis la Mourágia de larges escaliers de 50 marches – plutôt escarpés – mènent à l’église qui est située sur une colline ; le mot Antivouniótissa veut d’ailleurs dire « face à la colline » (αντι : en face ; βουνό : montagne), car cette colline faisait face à une autre colline, « la colline aux juifs » (Οβρηοβούνι / Ovriovoúni), là où se trouvait la juiverie avant la création d’un nouveau quartier juif (Εβραϊκή Συνοικία) au pied de la nouvelle forteresse. L’église Notre-Dame d’Antivouniótissa est l’une des plus anciennes églises de Corfou : elle fut édifiée à la fin du XVe siècle par une confrérie de familles nobles corfiotes dont on peut voir les écussons sur les pierres tombales qui se trouvent à l’intérieur de l’église. L’église présente les caractéristiques des églises corfiotes de cette époque ; c’est une basilique à une seule nef avec un exonarthex qui l’entoure sur trois côtés : sud, ouest et nord. À l’extérieur les ouvertures sont en plein cintre et surmontées d’une corniche dentelée ; le clocher, qui domine une cour du côté oriental, se présente comme mur percé de trois ouvertures voûtées où sont logées les cloches. À l’intérieur, les murs sont recouverts de papier peint ; le plafond est un plafond décoré à la feuille d’or, divisé en caissons en bois sculpté. L’iconostase en pierre est un ajout du XVIIe siècle et comprend des icônes précieuses de peintres religieux célèbres tel qu’Emmanuel Tzanes Bounialis. Le sol de la nef et des exonarthex est couvert de dalles dont la plupart sont des pierres tombales, gravées ou sculptées en bas-relief des armoiries de familles nobles de Corfou. En 1979 les descendants des fondateurs de l’église Notre-Dame d’Antivouniótissa, les familles Mylonópoulos, Rizikáris et Skárpas décidèrent de faire don de l’église à la nation grecque, à condition que l’église fut restaurée et convertie en musée d’art chrétien avant cinq ans. Ils firent également don d’un nombre important d’objets de culte. En 1984, après une profonde restauration, le Musée d’art byzantin, avec une riche collection d’icônes portables, ouvrit ses portes. |
| Le musée d’art sacré (Βυζαντινό Μουσείο Αντιβουνιώτισσας / Vizantinó Mouseío Antivouniótissas) | Le musée d’art sacré de Corfou est installé dans l’église Notre-Dame d’Antivouniótissa (Κυρά Αντιβουνιώτισσα) ; tous les espaces de l’église sont utilisés pour l’exposition de près d’une centaine d’icônes et de fresques, mais les œuvres se trouvent principalement dans les exonarthex et dans la nef de l’église. Souvent présenté comme un musée d’art byzantin, le musée Antivouniótissa présente surtout des œuvres postérieures à l’Empire byzantin, réalisées entre la seconde moitié du XVe siècle et le XVIIIe siècle. Après la chute de l’Empire byzantin, en 1453, puis l’occupation par les Turcs de l’Asie mineure et de la Grèce continentale, la Crète, sous domination vénitienne, devint le principal foyer de survivance de l’art byzantin. Les peintres crétois faisaient étape à Corfou lors de leur voyage vers la métropole Venise où ils entraient en contact avec la peinture de la Renaissance italienne. Lorsque Réthymnon, en 1647, puis la Crète entière, en 1669, tombèrent à leur tour aux mains des Ottomans, beaucoup de ces peintres crétois se réfugièrent à Corfou qui était le dernier territoire grec à ne pas être sous le joug ottoman. Ces peintres crétois furent à l’origine de l’école de peinture d’icônes des Îles Ioniennes, dite école de l’Heptanèse. Dans l’exonarthex occidental, on peut admirer une œuvre du célèbre peintre crétois Michel Damascène (Μιχαήλ Δαμασκηνός) montrant « Saint Serge, sainte Justine et saint Bacchus » ; cette œuvre, datant de 1572, célèbre la victoire de la flotte chrétienne sur la flotte turque à Lépante, le 7 octobre 1571 ; les trois saints, qui sont fêtés le 7 octobre, sont crédités de cette victoire ; ils sont représentés foulant aux pieds un monstre à trois têtes décapitées qui symbolise la flotte turque. Également dans l’exonarthex occidental, une œuvre de 1654 d’Emmanuel Tzanes (Εμμανουήλ Τζάνες) représente le patriarche saint Cyril Ier d’Alexandrie. Dans l’exonarthex du sud, une tempera à l’œuf sur bois de Jérémie Palladas (Ιερεμίας Παλλαδάς) « Saint Jean l’Ermite et des scènes de sa vie ». Visite du musée Antivouniótissa : Adresse : 25 rue Arsène Horaires : du mardi au dimanche, de 9 h à 16 h. Prix d’entrée : 4 €. Ticket combiné : 14 €. Téléphone : 00 30 26610 38313 Site sur la Toile : www.antivouniotissamuseum.gr | |
|
| La société littéraire de Corfou (Αναγνωστική Εταιρία Κέρκυρας / Anagnostikí Etería Kérkyras) | La « Société de Lecture » de Corfou se trouve au n° 120 de la rue Capo d’Istria (Odós Kapodistríou), à l’ouest du Palais royal (n° 4 sur le plan) ; la société littéraire est abritée dans un élégant bâtiment néoclassique du XIXe siècle, qui présente un impressionnant escalier extérieur menant à une loggia. La Société de Lecture fut fondée par un groupe de jeunes nobles en 1836, à l’époque de l’occupation anglaise, et est encore communément nommée « Corfu Reading Society ». Il s’agit de la plus ancienne institution culturelle de la Grèce moderne. Cette vaste bibliothèque contient une imposante collection de manuscrits, de livres rares et d’archives, en grec, en anglais, en français et dans d’autres langues ; il y a également une grande collection de cartes anciennes, de gravures, de peintures, de photographies, de périodiques et de journaux. Le plupart des œuvres sont relatives à Corfou et aux Îles Ioniennes. Visite de la Corfu Reading Society : La bibliothèque est ouverte au public, tous les jours, sauf le dimanche, de 9 h 30 à 13 h 30. Les horaires peuvent varier. Entrée gratuite. Téléphone : 00 30 26610 39528. |
| L’église Saint-François d’Assise (Άγιος Φραγκίσκος της Ασίζης / Ágios Frangkískos tis Asízis) | Dans le quartier de Spilía, près des baraquements vénitiens, se trouvent les vestiges du monastère catholique Saint-François d’Assise (n° 23 sur le plan). Une monastère de religieuses orthodoxes fut fondé, probablement au XIIIe siècle, autour de la petite chapelle d’Ágios Ángelos. En 1367, l’édifice fut transféré aux Frères franciscains. Le 20 mai 1386 eut lieu à l’intérieur du monastère la cérémonie officielle de remise des clés de la ville de Corfou à l’amiral vénitien Giovanni Miani, marquant ainsi le début de plus de quatre siècles de domination de la République Sérénissime de Venise. L’église a été restructurée aux XVIIe et XVIIIe siècles. Seuls la chapelle du monastère et le cloître avec l’arcade et les appentis subsistent, bien que très modifiés. Les vestiges de l’église se trouvent au 106 de la rue Nikifóros Theotókis, mais ne sont pas directement visibles depuis la rue. |
| L’église Saint-Antoine et Saint-André (Άγιος Αντώνιος και Άγιος Ανδρέας / Ágios Antónios ke Ágios Andréas) | L’église orthodoxe grecque Saint-Antoine et Saint-André se trouve sur une minuscule place près de l’extrémité de la rue piétonnière Nikifóros Theotókis, dans le quartier de Spilía, pas très loin de la place du Vieux Port (n° 42 sur le plan). C’est peut-être l’église de Corfou la plus ancienne toujours en activité ; elle a été reconstruite en 1753 sur les ruines d’une église qui datait du XIVe siècle et avait été détruite lors du siège turc de 1536. Les historiens pensent que cette ancienne église était l’importante église où l’empereur byzantin Jean VIII Paléologue et sa suite avaient assisté à une messe, le 17 janvier 1438, jour de la fête de saint Antoine, lors de leur étape à Corfou, alors qu’ils se rendaient au concile de Ferrare-Florence en 1439 ; Jean VIII était accompagné de Joseph II, patriarche de Constantinople, de Jean Bessarion, archevêque de Nicée, et de Georges Gémiste, dit Pléthon, un philosophe néo-platonicien influent parmi les érudits qui ont jeté les bases de la Renaissance. Ce concile œcuménique, convoqué par le pape Eugène IV, avait pour but de réunir les Églises d’Occident et d’Orient afin de faire face à l’expansion ottomane, et d’obtenir de l’aide militaire ; cette tentative n’eut pas de succès. Jean VIII Paléologue, qui régna de 1425 à 1448, fut l’avant-dernier empereur byzantin avant son frère Constantin XI Paléologue, qui mourut sur les murailles de Constantinople lors de la prise de la ville par les Ottomans. La nouvelle église reconstruite en 1753 est une basilique typique de l’Heptanèse, avec une nef unique, mais couverte par une voûte croisée en arête. L’éclairage naturel provient de la rosace de l’entrée et des trois fenêtres du mur de droite, où se trouve également une entrée secondaire. On peut voir les deux plaques sur les bancs en bois qui indiquent à qui ils étaient destinés en fonction du sexe : la place des femmes (Théseis gynaikón) à gauche et la place des hommes (Théseis andrón) à droite. L’iconostase baroque, en marbre blanc de Carrare, a été réalisée postérieurement, en 1777, par l’architecte Alexandros Trivolis-Pierris. Une série d’icônes et de peintures ornent l’iconostase et les murs ; elles décrivent principalement les deux saints Antoine et André, et les épisodes qui leur sont liés. Des icônes de Spyrídon Sperántzas (Σπυρίδων Σπεράντσας) (1733-1818) et, de chaque côté, deux icônes de Panagiótis Paramythiótis (Παναγιώτης Παραμυθιώτης) qui représentent des visions sauvages de la Révélation, tandis que la grande icône colorée de la Vierge Marie d’Andreás Rítzos (Αντρέας Ρίτζος), sur le mur sud, est un excellent exemple de la première école crétoise. Il existe également deux autres peintures notables d’artistes non identifiés ; l’une d’elles est une représentation de saint Antoine, datant du XVe siècle, et l’autre, une œuvre du début du XVIIe siècle, qui est du type connu sous le nom de « Rose Immortelle » (Ρόδον το Αμάραντον / Ródon to Amáranton), dans laquelle la Vierge et le Christ-enfant sont montrés avec les quatre prophètes qui ont annoncé la naissance de Marie et son rôle de Mère de Dieu. |
|
| L’église Saint-Spyridon (Εκκλησία Άγιος Σπυρίδωνας / Ekklesía Ágios Spyrídonas) | L’édifice le plus célèbre et le plus vénéré de Corfou est sans doute l’église Saint-Spyridon ; c’est aussi le plus élevé : son célèbre campanile, recouvert d’un dôme rouge, se reconnaît de très loin et sert de point de repère lorsqu’on circule dans les rues et les ruelles de la vieille ville (n° 19 sur le plan) ; sous le clocher se trouve une horloge. De plus l’église est dédiée au saint patron de la ville et de toute l’île de Corfou, saint Spyridon (Άγιος Σπυρίδων ou Άγιος Σπυρίδωνας), dont les reliques sont conservées dans l’église. Pourtant Spyridon n’était pas natif de Corfou, ni même des Îles Ioniennes, mais de l’autre côté du monde grec, à Chypre ; il naquit vers l’an 270 dans le village d’Ássia, entre Nicosie et Famagouste, aujourd’hui situé dans la partie de Chypre occupée par les Turcs. Il y vécut d’abord comme un humble berger puis, après la mort de sa femme, embrassa la vie monastique, tandis que sa fille, Irène, entrait au couvent ; sur les icônes, saint Spyridon est toujours représenté coiffé d’un modeste bonnet de berger. Grâce à sa grande foi, à son dévouement et à quelques miracles mineurs, il fut désigné, par acclamation, comme évêque du diocèse de Trimythonte, aujourd’hui Tremetousiá dans la partie occupée de Chypre. Spyridon aurait été victime des persécutions antichrétiennes sous l’empereur Maximin II. En 325 il participa au premier concile œcuménique de Nicée, où il soutint la doctrine de la Sainte Trinité d’un Dieu unique en trois personnes, s’opposant à l’arianisme ; pour ce faire il aurait utilisé un tesson de poterie pour illustrer comment une entité pouvait être composée de plusieurs entités : le feu, l’eau et l’argile ; lorsqu’il eut cessé de parler le tesson se sépara en flamme, en eau et en poussière qui lui resta dans la main. Au cours de ses dernières années de vie, il fut également crédité d’autres nombreux miracles ; il est connu comme saint Spyridon le Thaumaturge (Άγιος Σπυρίδων ο Θαυματουργός). Spyridon mourut vers l’an 348 et fut canonisé ; il est honoré comme saint par les Églises d’Occident et d’Orient. Le corps de saint Spyridon resta sur son île natale de Chypre pendant trois cents ans, mais, à la fin du VIIe siècle, l’île fut occupée par les Sarrasins ; le corps de saint Spyridon fut exhumé, parfaitement conservé, et une douce odeur de sainteté se dégagea de sa tombe. Les restes de saint Spyridon furent transportés à Constantinople. En 1483, lorsque Constantinople, à son tour, fut menacée d’invasion musulmane – les Turcs ottomans cette fois-ci – les restes de saint Spyridon, ainsi que ceux de sainte Théodora, furent sortis clandestinement de la ville. Les deux reliques furent transportées, dans des paniers d’osier attachés à un mulet, par le moine Geórgios Kalochairítis, transitèrent par Árta (Άρτα) en Épire et arrivèrent à Corfou en 1486. Les reliques étaient dans le monde chrétien du Moyen Âge comme une sorte de police d’assurance : quiconque possédait le corps ou les os d’un saint, l’un de ses vêtements ou tout autre objet avec lequel il était entré en contact se sentait protégé par lui. Partout dans les villes européennes, en cas de siège, les reliques de la ville étaient portées en procession solennelle autour des murs de la ville afin de les placer sous leur bénédiction. ; des malades et des infirmes faisaient des pèlerinages aux tombeaux des saints pour se rétablir ; des marchands se déplaçaient à travers le continent, échangeant des os, des crânes et même des cadavres entiers. Les reliques de saint Spyridon furent déplacées vers plusieurs églises de la ville. Au début du XVIe siècle, la communauté religieuse décida de créer un lieu où vénérer saint Spyridon. En 1528, une église Saint-Spyridon fut édifiée dans le quartier de San Rocco (Σαρόκο / Saróko), mais en 1577, cette église dut être démolie, ainsi que les bâtiments voisins, pour faire place à la Mourágia, les murailles défensives de la ville, qui étaient devenues nécessaires après le terrible siège turc de 1571. Une nouvelle église dédiée à saint Spyridon fut édifiée au sud du quartier du Campiélo ; sa construction commença en 1577 et elle fut consacrée en 1589, mais sa construction ne fut réellement achevée qu’en 1594. L’église Saint-Spyridon est une basilique à une seule nef, d’aspect extérieur plutôt sobre. Les deux portes principales sont encadrées de colonnes toscanes, supportant une architrave et un fronton ; les fenêtres sont protégées par les grilles en fer forgé aux motifs très élaborés. Le campanile de l’église, surmonté d’un dôme de couleur rouge brique, fut édifié en 1620 ; il rappelle le clocher de l’église orthodoxe grecque Saint-Georges des Grecs (San Giorgio dei Greci) à Venise, construite à peu près à la même époque (1573) ; c’est le campanile le plus haut des Îles Ioniennes. L’intérieur de l’église a été décoré au XVIIIe siècle dans le style de l’école de peinture de l’Heptanèse : les peintures du plafond décoré (ouranía) et des icônes ne sont donc plus dans la tradition byzantine, mais sont entièrement inspirées des modèles occidentaux. En 1727, Panagiótis Doxarás (Παναγιώτης Δοξαράς) (1662-1729), le peintre fondateur de l’école ionienne, a peint, au plafond de l’église, dix-sept panneaux de toile représentant des scènes de la vie de Saint Spyridon, notamment ses miracles. Le plus intéressant des trois panneaux ovales est celui qui est le plus proche du reliquaire : il représente saint Spyridon brisant un tesson de poterie en trois éléments constitutifs, la terre, l’eau et le feu. Ce miracle, que le saint est supposé avoir accompli au concile de Nicée, était perçu comme une démonstration de la nature tripartite de Dieu, à l’appui de la doctrine de la Sainte Trinité. Les peintures originelles ont été détruites par l’humidité, et il ne reste que les cadres dorés. Les peintures actuelles du plafond sont des copies, de facture inférieure, réalisées au milieu du XIXe siècle, en 1851 et 1852, par Nikólaos Aspiótis (1815-1891). Les icônes de la magnifique iconostase, en marbre blanc de Paros, furent réalisées par Spyrídon Prosalentís (Σπυρίδων Προσαλέντης) (1830-1890). L’iconostase présente, dans son panneau supérieur central, une image finement équilibrée de la Cène ; de part et d’autre sont représentées « L’Annonciation » et « La Transfiguration » ; le niveau du dessous montre des personnages religieux magnifiquement représentés : les quatre évangélistes, une « Vierge à l’Enfant », un « Saint Jean-Baptiste » et un « Christ pantokrator ». Sur le mur situé à la droite de l’iconostase, se trouve une splendide icône du saint, considérée comme la plus belle de l’île, vêtu d’une soutane marron ornée d’un motif de croix répétées ; cette icône, datant du XVIIIe siècle, fut réalisée par l’artiste local Konstantínos Kondarínis (Κωνσταντίνος Κονταρίνης). Le reste de l’église regorge de fresques, de trésors d’argent et d’ornements dorés. Dans la chapelle latérale située à droite de l’autel, derrière l’iconostase, se trouve un cercueil où est conservé le corps momifié de saint Spyridon, étonnamment préservé. Le corps a été placé dans un cercueil en ébène en 1771 ; ce cercueil se trouve à l’intérieur d’un sarcophage recouvert d’argent, réalisé en 1867 par un orfèvre viennois. À une extrémité une vitre permet d’apercevoir le sommet de crâne du saint ; à l’autre extrémité, une autre vitre permet de voir ses pieds ; tout au long de la journée, des croyants de tous âges viennent allumer une bougie, embrasser les pieds du saint à travers la vitre du sarcophage, et écrire un vœu ou remercier le saint dans un livre placé sur le côté. Au-dessus du sarcophage, sont suspendues des lampes à huile en argent données par des croyants ; certaines d’entre elles sont clairement reconnaissables comme des cadeaux de marins ou d’armateurs : elles sont ornées de maquettes de navires en argent ou de tablettes votives avec des reliefs de navires. Saint Spyridon fait l’objet à Corfou d’une véritable vénération ; les reliques du saint sont créditées de quatre miracles qui auraient sauvé l’île : - En 1553, saint Spyridon aurait sauvé l’île de Corfou de la famine : un capitaine de marine, transportant du grain, affirma que le saint lui était apparu en songe et lui avait dit d’apporter le grain à Corfou. Ce miracle est célébré le Samedi saint orthodoxe.
- En 1629-1630, saint Spyridon aurait chassé la peste hors de l’île ; ce miracle est commémoré le dimanche des Rameaux.
- En 1673, saint Spyridon libéra l’île d’une seconde peste ; ce miracle est commémoré le premier dimanche de novembre.
- En 1716, saint Spyridon aurait chassé de l’île les abominables Turcs ottomans, lors du second grand siège. La légende dit que la vue de saint Spyridon s’approchant des forces ottomanes, portant une torche enflammée dans une main et une croix dans l’autre, causa leur panique. La légende indique également que le saint provoqua une tempête qui fut en partie responsable de la retraite des Ottomans. Reconnaissant le rôle de saint Spyridon dans la défense de l’île, Venise décréta la mise en place de la litanie de saint Spyridon le 11 août, en commémoration de l’événement miraculeux, inaugurant une tradition qui se perpétue jusqu’à nos jours. Le défilé de trois heures rassemble toutes les organisations civiques et religieuses de l’île et ses défenseurs, ainsi que des contingents des forces armées grecques.
Pour commémorer ces miracles, des processions solennelles ont lieu quatre fois par an : le Dimanche des Rameaux, le Samedi Saint, le 11 août et le premier dimanche de novembre ; le sarcophage d’argent de saint Spyridon, le Thaumaturge, est transporté autour de la ville, avec des litanies ; ces processions, qui durent environ trois heures, sont accompagnées par la musique des orchestres philharmonique et suivies par des milliers de fidèles. Saint Spyridon est également honoré le 12 décembre, jour de la Saint-Spyridon. Pendant les jours qui précèdent ces fêtes, le cercueil est ouvert pour les fidèles, qui font la queue pour voir le corps du saint et embrasser sa robe pour que le saint leur porte chance. Selon une pieuse légende, saint Spyridon continuerait de veiller sur la ville et ferait des rondes nocturnes autour de la ville ; ses pantoufles auraient été retrouvées éraflées par l’usage, et une nouvelle paire de pantoufles lui est donc offerte chaque année. Saint Spyridon le Thaumaturge est le saint patron de la ville et de l’île de Corfou. Son nom est un prénom très populaire chez les hommes de l’île, avec le diminutif de Spiros (Σπύρος / Spýros) ; chaque garçon puiné de Corfou serait prénommé ainsi. Si l’on ne sait pas comment attirer l’attention d’un serveur, on peut essayer « Spiros ». Visite de l’église Saint-Spyridon (tenue correcte exigée) : Adresse : n° 32 de la rue Saint Spyridon (Οδος Αγίου Σπυρίδωνος) ; la rue est pleine de boutiques vendant des bibelots religieux et des souvenirs. Horaires : elle est ouverte de l’aube au crépuscule, de 6 h 30 à 20 h 30. Visite des reliques de la fin des Matines jusqu’à 13 h et de 17 h jusqu’au début des Vêpres. Téléphone : 00 30 26610 33059 Site sur la Toile : agiospyridon.com |
|
| L’église Notre-Dame des Étrangers (Παναγία των Ξένων) | Depuis la porte du sud de l’église Saint-Spyridon, on atteint facilement l’église Notre-Dame des Étrangers (n° 34 sur le plan) en traversant une charmante petite place, nommée Plakáda tou Agíou (Πλακάδα του Αγίου) ; cette petite place débouche sur une place plus importante, située au cœur de la vieille ville, la Place des Héros Chypriotes (Πλατέια Ηρώων Κυπριακού / Platéia Iróon Kypriakoú), qui borde la rue piétonnière Nicéphore Théotokis (Νικηφόρου Θεοτόκη / Nikifórou Theotóki). Sur la place des Héros de Chypre se trouvent trois édifices importants : le magnifique bâtiment de la Banque Ionienne qui abritait le Musée du billet de banque, l’église Saint-Jean le Précurseur et l’église Notre-Dame des Étrangers. Au centre de la place se trouve la statue en marbre blanc d’un autre membre de la tentaculaire famille Théotokis, Georges Théotokis (Γεώργιος Θεοτόκης / Geórgios Theotókis) (1844-1916), qui fut l’une des plus importantes personnalités politiques de Corfou, quatre fois Premier ministre de la Grèce. L’église se nomme officiellement Notre-Dame Phanéromène (Κυρά Φανερωμένη / Kyrá Faneroméni), « la Révélée ». Cependant l’église est communément nommée Notre-Dame des Étrangers (Παναγία των Ξένων), car elle fut construite pour servir de lieu de culte à des Épirotes réfugiés à Corfou après les féroces répressions turques en Épire, menées, à la fin du XVIe siècle et au début du XVIIe siècle, par un Albanais au service des Ottomans, le pacha Ali de Janina (Ioánnina), surnommé le Lion de Tepelen. Pour la population locale de la Corfou vénitienne, ces montagnards épirotes étaient des étrangers inassimilables, qui avaient besoin de leur propre église. C’est un moine, lui-même réfugié de l’Épire, Nicodème Kolitzas (Νικόδημος Κολήτζας / Nikódimos Kolítzas), qui fit édifier l’église en 1689. Notre-Dame des Étrangers est une église basilicale à trois nefs, avec un toit couvert de tuiles ; la façade en pignon présente un fronton triangulaire ; au sud-est un clocher surplombe l’édifice. À l’intérieur le plafond décoré (ouranía) est l’œuvre du peintre du XVIIIe siècle Nikólaos Koutoúzis (Νικόλαος Κουτούζης) (1741-1813). Koutoúzis est également l’auteur des icônes de l’iconostase en bois plaqué d’or, de style rococo, qui est considérée comme la plus belle iconostase de Corfou. Cette iconostase a été restaurée en 1875 par des artistes napolitains spécialistes du style rococo. L’une des icônes représente « L’arbre de Jessé » (Ρίζα του Ιεσσαί), c’est-à-dire l’arbre généalogique de Jésus depuis Jessé, père du roi David. La plupart des autres icônes de l’iconostase représentent les dix-neuf Pères de l’Église, dix de l’Église orientale et neuf de l’Église occidentale. Une tradition populaire de la Pâque orthodoxe à Corfou se déroule dans l’église Notre-Dame des Étrangers, le matin du Samedi saint : à 6 heures du matin, dans l’église pleine de monde, les fidèles frappent les bancs pour évoquer le tremblement de terre qui, selon les Évangiles, accompagna la Résurrection du Christ. Ce même jour, sur l’Esplanade, se déroule la tradition des « bótides », des pots de terre jetés depuis les fenêtres pour évoquer un tremblement de terre. |
| Le musée du billet de banque (Μουσείο Χαρτονομισμάτων) | Sur la Place des Héros Chypriotes (Πλατέια Ηρώων Κυπριακού) se trouve le bâtiment néoclassique de la Banque Ionienne, rachetée par le groupe Alpha Bank en 1999 (n° 7 sur le plan). La Banque Ionienne (Ionian Bank) fut créée par un fonds britannique en 1839, pendant le protectorat britannique, pour favoriser les investissements britanniques dans les îles Ioniennes. La première agence fut ouverte à Corfou le 2 mars 1840 et, la même année, les 18 mai et 10 août, ont été ouvertes les agences de Zakynthos et de Céphalonie. Lorsque les îles Ioniennes furent rattachées à la Grèce, en 1864, la Banque Ionienne devint une banque nationale et plusieurs succursales furent ouvertes sur le continent. Le bâtiment de la Banque Ionienne fut conçu dans un style néo-classique par l’architecte corfiote Ioánnis Chrónis. Les pilastres ornementaux de la partie supérieure de la façade rose, qui alternent avec les fenêtres, sont de l’ordre ionique, à l’exception des deux pilastres latéraux, qui sont de l’ordre dorique. Les portes d’entrée sont situées sur les deux ailes du bâtiment, légèrement en retrait de la façade principale. En 1981, un musée du billet de banque fut installé dans les salles situées au premier étage de l’immeuble de la Banque Ionienne. On pouvait y voir une collection complète de billets de banque en drachmes grecques depuis l’indépendance jusqu’à l’adoption de l’euro en 2002 ; des billets de banque les plus anciens émis en Grèce en 1931 dans la ville de Nauplie étaient exposés ; les premiers billets de banque imprimés par la Banque Ionienne en 1840 et le dernier, avant la fermeture définitive de l’institut en 1920 ; les premiers billets imprimés par la Banque nationale de Grèce en 1940 ; des pièces de monnaie et des billets de différents pays étrangers. Outre la collection permanente, des expositions temporaires étaient organisées sur le monde de la monnaie et de l’économie. Dans une salle, les différentes étapes du processus d’impression des billets et du procédé de gravure des pièces étaient illustrées. Hélas, pour les adorateurs de Mammon (ממון), le Musée du billet de banque est désormais fermé ! |
| Le palais Cobici (Κομπίτσι / Kompítsi) | Le palais Cobici se trouve au n° 43-49 de la rue Nicéphore Théotokis (Νικηφόρου Θεοτόκη / Nikifórou Theotóki), à peu près en face de l’église Saint-Basile (n° 44 sur le plan). À la fin du XVIIe siècle, la domination vénitienne avait fait de Corfou une île très riche, grâce au commerce avec les peuples de la région méditerranéenne et avec Venise. L’une des familles les plus riches de l’île était celle des Cobici, des Crétois d’origine vénitienne. Les deux frères Daniel et Nicolas étaient des producteurs d’huile d’olive. Daniel fut le premier à arriver à Corfou, suivi du reste de la famille après la conquête de la Crète par les Turcs en 1668. Les Cobici devinrent l’un des principaux exportateurs d’huile d’olive corfiote à Venise, réussissant ainsi à accumuler d’énormes richesses. Les Cobici possédaient plusieurs palais sur l’île, l’un dans le village de Lichaidoura, qui prit plus tard le nom de Kompítsi. Leur résidence la plus majestueuse était le palais Kompítsi (hellénisation de Cobici) à Corfou, l’un des plus grands bâtiments privés de la capitale. La façade présente des gargouilles (μουριόνια / mouriónia), têtes décoratives au caractère grotesque et aux fins apotropaïques, présentes dans de nombreux palais de la Renaissance italienne ; les gargouilles sont placées dans une position dominante, sur les arches des arcades ou comme clé de voûte des portails. L’entrée est située dans l’allée latérale, appelée depuis l’époque de la domination vénitienne, kantouni tou Bizi, l’allée des Bizi, du nom d’une noble famille vénitienne qui possédait un palais dans l’allée. Le portail porte l’inscription « DANIEL COBICI MDCLXXX RINOVATO DEL 1728 » qui indique que le palais fut construit en 1680 et fut restauré en 1728 par Daniel Cobici. Le cône de marbre dans la niche était l’emblème de la famille Cobici. |
|
|
| |
|