| La vieille forteresse (Paleó Froúrio) de la ville de Corfou | |
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| Présentation générale | La « Vieille Forteresse » est la plus ancienne des deux forteresses qui protégeaient la ville de Corfou ; dans sa forme actuelle, elle fut principalement bâtie par les Vénitiens, du XVe siècle au XVIIIe siècle. À cet emplacement se trouvaient auparavant deux châteaux byzantins, renforcés par les Angevins de Naples aux XIIIe et XIVe siècles ; après la chute de Venise, la forteresse fut brièvement occupée par les Français, puis, de 1814 à 1864, par les Anglais. Cette forteresse se dresse sur un promontoire rocheux, formant une presqu’île, qui s’avance dans les eaux du canal de Corfou ; la navigation dans ce canal était une préoccupation majeure pour la République de Venise, dont le commerce avec la Méditerranée orientale empruntait cette route. La vieille forteresse, en résistant à trois sièges ottomans, évita la prise de l’île de Corfou par les Turcs. |
| Étymologie et toponymie | La vieille forteresse se nomme Palaió Froúrio (Παλαιό Φρούριο) en grec ; elle est souvent nommée « Vieux Fort » bien qu’il s’agisse d’une fortification très vaste comprenant de nombreux ouvrages. Les Vénitiens la désignaient sous le nom de Fortezza Vecchia. La presqu’île où se trouve la vieille forteresse se nomme en grec koryphé, κορυφή, « sommet », (κορυφοúς / koryphoús à l’accusatif), que les Vénitiens ont retranscrit en « Corfù ». C’est cette presqu’île qui a donné leur nom à l’île et à la ville de Corfou, dans les langues d’Europe utilisant l’alphabet latin. |
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| La presqu’île, où se dresse la vieille forteresse, est située à l’est de la ville de Corfou ; cette presqu’île a été transformée en île artificielle par le creusement d’un canal de défense, au niveau de l’isthme, qui relie la baie de Kérkyra, au nord-ouest, à la baie de Garítsa, au sud. La forteresse est également séparée de la ville par une très vaste place nommée l’Esplanade où l’ennemi devait avancer en terrain découvert sous le feu de la forteresse ; cette esplanade (Spianata, aujourd’hui Spianada) fut aménagée par les Vénitiens à la même époque que la forteresse ; elle servait également de terrain d’exercice. Le promontoire est constitué de deux mamelons rocheux, d’environ 60 m de hauteur, séparés par un ensellement : un lieu idéal pour y construire une fortification ; facile à défendre et surplombant la mer, elle peut servir de poste de contrôle pour observer les allées et venues dans le chenal de Corfou et jusqu’à l’Albanie, occupée dès le XVe siècle par les Turcs ottomans. |
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| La vieille forteresse (Παλαιό Φρούριο / Paleó Froúrio) | Le promontoire où se trouve la vieille forteresse fut déjà mentionné par l’historien du Ve siècle avant JC, Thucydide, qui désigne les Phéaciens comme les premiers habitants de l’île de Corcyre, l’actuelle Kérkyra. Cependant les indications des premières fortifications, à l’emplacement de la vieille forteresse, apparaissent seulement au VIe siècle, après la destruction de l’antique cité de Corcyre par les Ostrogoths, vers le milieu du VIe siècle après JC ; l’antique Corcyre, dont le nom s’était altéré en Chersoupolis, était située au début de la presqu’île de Kanóni, de l’autre côté de la baie de Garítsa, où on peut encore voir quelques maigres ruines de Corcyre à Paleópolis. La population corcyréenne qui avait survécu au massacre décida d’aller s’établir dans un lieu plus facile à défendre : la presqu’île toute proche de Koryfó (Κωρυφώ), avec ses deux mamelons rocheux ; koryfó signifiant « sommet ». Les ruines de l’ancienne cité de Corcyre furent utilisées comme carrière de pierre pour bâtir les premières fortifications byzantines à l’emplacement de la vieille forteresse. Du VIIe siècle au Xe siècle, dans le cadre de l’Empire byzantin, la ville de Kérkyra se développa autour de ses deux collines fortifiées « le château de la terre » et le « château de la mer », sans avoir à se défendre contre de nouvelles menaces. C’est à partir du XIe siècle que la ville dut faire face à des attaques des Normands de Sicile qui parvinrent à s’emparer de Corfou à plusieurs reprises mais furent repoussés à chaque fois par l’Empire byzantin. Cependant la ville dut renforcer ses fortifications, avec l’aide des Byzantins, en murant la cité de remparts : la princesse byzantine et historienne Anne Comnène mentionne la ville close comme « la cité très fortifiée de Koryfó ». Après la dislocation de l’Empire byzantin, au début du XIIIe siècle, l’île et la ville de Koryfó tombèrent aux mains des despotes d’Épire, de 1214 à 1267, puis des Angevins de Naples, de 1267 à 1386 ; les fortifications byzantines de la ville furent conservées et encore renforcées. On estime que la citadelle comptait alors environ 2 500 maisons. La population, devenue trop nombreuse pour la ville close exigüe et surpeuplée, commença à s’installer dans un faubourg, situé à l’ouest de la presqu’île, à peu près sur le site de la ville moderne ; ce faubourg prit le nom de « Xopóli » (Ξωπόλι) (ville extérieure), que les Vénitiens désigneront sous le nom de « Borgo » (bourg). À l’intérieur de la citadelle se trouvait la cathédrale Saints-Pierre-et-Paul, dont on ne connaît pas l’année de construction, mais elle était l’un des plus anciens édifices religieux de Corfou ; la cathédrale conservait les reliques de saint Arsène, premier évêque de Corfou (mort vers 953). À l’origine, la cathédrale Saints-Pierre-et-Paul était une cathédrale orthodoxe, mais au XIIIe siècle, quand l’île fut occupée par les Angevins de Naples, le roi Charles d’Anjou fit transformer les églises orthodoxes en églises catholiques ; la cathédrale orthodoxe devint cathédrale catholique, rôle qu’elle conserva jusqu’au XVIIIe siècle quand elle fut détruite par l’explosion d’une poudrière située à proximité. Il n’y a plus aucune trace de cet édifice. À la fin du XIVe siècle, Koryfó se plaça sous la protection de la République de Venise et devint une base navale d’une importance décisive pour le commerce avec la Méditerranée orientale ; c’est sans doute à cette époque que la ville prit le nom vénitien de « Corfu ». Les Vénitiens remplacèrent les fortifications byzantines par une nouvelle enceinte plus solide, capable de répondre aux nouveaux besoins créés par l’utilisation de l’artillerie à partir du milieu du XVe siècle. Dès le début de l’époque vénitienne, la presqu’île fut séparée de l’île elle-même par la construction d’une douve marine, nommée « contrafossa » ; l’accès à la forteresse se faisait par un pont-levis en bois. Les fortifications des deux sommets furent transformées par le nivellement des sommets et la construction de nouvelles tours, la Tour de la Terre et la Tour de la Mer, remplaçant les anciens châteaux byzantins ; un port artificiel, Mandrachio (Mandráki), fut créé du côté nord de la forteresse pour abriter les galères de Venise. Pour des raisons défensives, une zone non bâtie fut créée entre la forteresse et le faubourg de « Borgo », l’Esplanade (Spianata, la Spianáda moderne). Au début du XVIe siècle, les attaques des Turcs ottomans contre Corfou commencèrent. Les travaux les plus importants de défense furent réalisés au cours de ce XVIe siècle afin de résister à ces attaques ottomanes. La forme que ces travaux revêtirent était dictée par les nouveaux développements apportés par l’introduction de l’artillerie lourde dans l’art de la guerre. À la suite du siège turc destructeur de 1537, les Vénitiens modernisèrent à nouveau les fortifications de Corfou : l’avant-fossé fut élargi et un deuxième fossé sec fut construit, créant ainsi un deuxième mur de défense. Les Vénitiens construisirent deux puissants bastions pentagonaux à orillons, en saillie sur le côté ouest, face à la Spianata, le bastion Martinengo et le bastion Savorgnan, du nom des deux ingénieurs militaires vénitiens qui les bâtirent ; ces bastions, au moyen de tirs parallèles au rempart, protégeaient le pont d’accès et le rempart central où se trouvait la porte principale. Ces ouvrages furent conçus par les meilleurs architectes de Venise, des hommes comme Michele Sanmicheli ; le grand architecte véronais Michele Sanmicheli et son neveu Gian Girolamo Sanmicheli donnèrent au fort sa forme caractéristique conformément aux principes du système de bastion (« fronte bastionato »). Peu de temps après, dans la seconde moitié du XVIe siècle, le cap Kávosidero (Ακρωτήρι Κάβοσίδερο), à l’extrémité nord-est de la presqu’île, fut lui aussi protégé par un rempart. Les travaux, commencés vers 1546, furent achevés en 1558 et donnèrent à la forteresse sa forme finale imposante avec la symétrie typique du côté ouest. Équipée avec des emplacements pour armes à feu, des casernes, des bâtiments administratifs, des entrepôts, des arsenaux, des citernes et de nombreux couloirs de communication souterrains, la forteresse devint imprenable. La « Fortezza Vecchia » résista à un nouveau siège turc en août 1571. À la fin du XVIe siècle, la population de Koryfó s’était progressivement déplacée à « Xopóli » et Koryfó devint essentiellement une base militaire. Le faubourg (« Borgo »), situé à l’extérieur de la forteresse, évolua pour devenir la capitale de l’île ; la ville nouvelle fut ceinte par une muraille dès le XVIIe siècle. En 1716, lors de la troisième et dernière guerre entre les Ottomans et les Vénitiens, la forteresse résista à un nouveau grand siège turc. En prévision de l’attaque, Venise avait chargé le comte saxon Johann Matthias von der Schulenburg de la défense de la vieille forteresse. Le 6 juillet 1716, le pacha Kara Mustafa amena la flotte ottomane à Corfou pour assiéger la forteresse ; à leur arrivée à Corfou, les Ottomans s’établirent sur des positions stratégiques : ils installèrent des batteries d’artillerie sur les collines avoisinantes d’Avrámi (Αβράμη) et de Sarocco (Σαρόκο) et commencèrent à bombarder la forteresse. Après de violents combats, les Ottomans abandonnèrent subitement leur projet de capture de la forteresse et quittèrent Corfou le 19 août 1716, après un siège qui avait duré sept semaines. | | Peu de temps après le grand siège turc de 1716, en 1718, la vieille forteresse fut en grande partie détruite : des éclairs frappèrent la poudrière du château de la mer, provoquant une explosion qui provoqua une réaction en chaîne au cours de laquelle trois dépôts de munitions secondaires explosèrent également, détruisant à leur tour la plupart des bâtiments situés à l’intérieur de la forteresse, y compris le palais du capitaine général de la forteresse et de nombreux autres bâtiments de la ville. Le commandant vénitien de la forteresse, le capitaine Andrea Pisani, frère du doge de Venise Alvise Giovanni Mocenigo, fut tué avec des membres de son état-major. Des centaines de personnes moururent dans l’explosion, dans ce qui fut l’une des plus grandes catastrophes de l’histoire de Corfou. En 1721, Schulenburg reconstruisit la vieille forteresse et, tirant les leçons du siège de 1716, construisit également deux nouveaux forts au sommet des collines d’Avrami (Λόφος Αβράμη / Lófos Avrámi) et de Sarocco (Σαρόκος / Sarókos) afin d’empêcher tout futur bombardement de la vieille forteresse depuis ces collines. Ces deux forts n’existent plus : ils furent démolis lorsque Corfou fut réunie à la Grèce, comme l’exigeait le traité de Londres (1864) ; Schulenburg fit également construire un arsenal à Gouviá pour entretenir et réparer la flotte vénitienne. La forme actuelle des fortifications de l’ancienne forteresse est principalement due aux travaux de défense effectués pendant la période de domination vénitienne (1386-1797). Pendant la période du « protectorat » anglais (de 1815 à 1864), un certain nombre de nouveaux ouvrages militaires furent construits à l’intérieur de l’ancienne forteresse, sans toutefois changer sa forme extérieure. La plupart des anciennes fortifications vénitiennes situées à l’intérieur de la forteresse furent détruites par les Anglais, qui les remplacèrent par leurs propres structures ; on distingue aisément les imposantes fortifications extérieures vénitiennes, bien préservées, des édifices intérieurs, simples et massifs, de l’époque anglaise. | Α1 : Bastion Savorgnan. Α2 : Bastion Martinengo. Α3 : Bastion de Mandráki. Γ1 : Douve de la mer. Γ2 : Fossé de la terre. Δ1-2 : Ponts sur les douves. Ε : Tour de la terre. Ζ : Tour de la mer. Η : Fort Campana. Π1 : Porte principale. Π2 : Porte du Nord. Π3 : Porte de Mandráki. Π4-5 : Portes de l’Acropole. 1 : Entrée de la forteresse. 2 : Chapelle de rite romain (Madonna dei Carmini). 3 : Casernes anglaises. 4 : Tour-horloge. 5 : Église Saint-Georges (Ágios Geórgios). 6 : Hôpital des condamnés. 7 : Entrepôts navals. 8 : Prison. 9 : Hôpital anglais. 10 : Phare. 11 : Magasins de poudre à canon. | 1 : Bastion Savorgnan. 2 : Bastion Martinengo. 3 : Avant-postes de la porte. 4 : Chapelle de rite romain de la Madonna del Carmine. 5 : Caserne de l’armée anglaise. 6 : Cuisines anglaises. 7 : Emplacement du palais du provéditeur vénitien. 8 : Puits vénitien. 9 : 21e éphorat des antiquités byzantines. 10 : Tour-horloge. 11 : Caserne des officiers anglais. 12 : Fort Campana. 13 : Café. 14 : Club de voile. 15 : Prison vénitienne. 16 : Emplacement de la caserne Pasqualigo. 17 : Église Saint-Georges. 18 : Magasins de poudre à canon. 19 : Tour de Mandráki. 20 : Hôpital anglais. |
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| La douve de la mer (Θαλάσσια Τάφρος) | Au début de la domination vénitienne, au XVe siècle, la presqu’île de Koryfó fut isolée de la terre ferme par le creusement d’un canal défensif servant d’avant-fossé, surnommé la Contrafossa (Γ1 sur le plan). Cette douve marine sera élargie au milieu du XVIe siècle après le premier grand siège par les Ottomans en 1537. La douve fut creusée dans la roche de l’isthme de la presqu’île à une profondeur de 15 m et une largeur variant entre 23 m et 40 m. Elle relie la baie de Kérkyra à la baie de Garítsa. Après la création de la Contrafossa, l’accès à la citadelle se faisait par un pont-levis en bois qui pouvait être relevé en cas d’attaque venant de la terre ; le pont aboutit à la porte principale, située au milieu de la muraille faisant face à l’Esplanade ; le pont était protégé par les deux bastions latéraux de la façade ouest de la forteresse. De nos jours, ce pont-levis a été remplacé par un pont permanent à tablier métallique, de 60 m de longueur. Le canal est encore de nos jours nommé par les habitants de son nom italien de Contrafossa (Κόντρα Φόσσα). La Contrafossa est envahie de petits bateaux de pêche qui servent de résidences secondaires ; sur la berge, adossées à la contrescarpe, se sont installées des sortes de cabanes rudimentaires, couvertes de tôle ondulée, où quelques Corfiotes passent leurs fins de semaine. |
| Le bastion de Martinengo (Προμαχώνας Martinengo) | À la suite du siège de Corfou par les Ottomans en 1537, l’évolution des tactiques de guerre conduisit à la modernisation de la façade du côté ouest, en face de la Contrafossa. Le gouverneur vénitien ordonna la construction de nouvelles zones de défense incorporant de nouveaux bastions et tours qui existent encore à ce jour. Le projet fut réalisé par Michele Sanmicheli, architecte et théoricien reconnu du nouveau système de défense des saillants, présentant l’avantage de la protection latérale, permettant ainsi aux armes à feu de tirer parallèlement au rempart. Une nouvelle façade de défense fut bâtie derrière la Contrafossa, par Michele Sanmicheli et son neveu Giangirolamo, avec deux bastions latéraux symétriques. Les ingénieurs militaires vénitiens Savorgnan et Martinengo bâtirent ces bastions latéraux entre 1545 et 1555 ; ces bastions sont considérés comme des chefs-d’œuvre du génie militaire. L’intérieur des bastions, qui servaient de poudrières, ne se visite pas. À gauche du rempart occidental de la forteresse se trouve le bastion bâti Martinengo (A1 sur le plan). |
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| La porte principale (Κεντρική Πύλι) | Après avoir franchi la passerelle on se trouve face à la porte principale de la forteresse (Π1 sur le plan), surmontée d’un arc en plein cintre ; la porte est nommée « Porte Sanmicheli », en l’honneur de l’architecte de Vérone, Michele Sanmicheli, qui a conçu la façade ouest de la forteresse. La porte en bois cloutée a été conservée et présente encore les fentes pour le passage des chaînes qui servaient à relever le pont-levis ; au-dessus de la porte se trouve un cartouche avec les armoiries du Royaume de Grèce et la devise de la royauté qui régna sur la Grèce de 1832 à 1970 : ΙΣΧΥΣ ΜΟΥ Η ΑΓΑΠΗ ΤΟΥ ΛΑΟΥ (Ισχύς μου η αγάπη του λαού) (« Ma force est l’amour du peuple ») ; Corfou ne fut rattachée au Royaume de Grèce qu’en 1864. On pénètre dans la forteresse par un passage voûté qui comporte, sur chacun des côtés, des salles voûtées qui sont les anciens avant-postes de la forteresse (n° 3 sur le second plan). Dans l’avant-poste de droite se trouve un petit musée qui présente une partie de la collection byzantine de Corfou : une exposition de mosaïques chrétiennes anciennes caractérisées par des motifs géométriques, provenant des fouilles archéologiques menées, entre 1939 et 1950, sur le site de la basilique de Paleópolis (Ve siècle) ; on peut aussi voir des pièces d’architecture en marbre, notamment des frises architecturales qui témoignent de la qualité du travail des sculpteurs de cette époque ; le musée comprend aussi une centaine d’icônes (du XVIe siècle au XVIIIe siècle). La visite du musée est comprise dans le prix d’entrée de la forteresse (mêmes horaires). Dans l’avant-poste de gauche se trouve une boutique où on peut acheter des copies d’objets d’art byzantin. |
| Le fossé de la terre (Ξηράς Τάφρος) | Après la première ligne se trouve un second fossé (Γ2 sur le plan), un fossé sec celui-là, de 22 m de largeur, qui protégeait la courtine (cortina) de la citadelle. On traverse ce « fossé de la terre » par un pont de pierre qui a remplacé l’ancien pont de bois en 1603. |
| Les baraquements anglais (Αγγλικοί στρατώνες) | Au milieu du XIXe siècle, vers 1850, la courtine fut démolie et remplacée par les baraquements anglais, un long bâtiment en briques apparentes, assez hideux comme la plupart des casernes ; de nos jours ils abritent, entre autres, la bibliothèque publique de Corfou. Les baraquements des officiers anglais, tout aussi hideux, hébergent un laboratoire de recherche sur la musique hellénique de l’Université Ionienne. |
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| | | | La porte de Mandráki (Πύλη Μανδρακίου) | Les Vénitiens construisirent un port artificiel, sur le côté nord de la forteresse, pour abriter leurs galères : le port de Mandráki (« bercail »), nommé Mandrachio en vénitien. Une petite porte permettait d’accéder à la forteresse depuis le port ; cette porte de Mandráki était protégée par une tour, de nos jours ruinée (Π3 sur le plan). Un passage souterrain qui débute à cet endroit mène au cap fortifié de Kávosidero. Dans le port de Mandráki les galères sont, de nos jours, remplacées par des bateaux de plaisance … |
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| La tour de la terre (Πύργος Ξηράς) | Le cœur de la citadelle, l’acropole, était constitué par les deux sommets de la presqu’île, les deux « koryphé » qui ont donné leur nom à Corfou. Ce cœur de la citadelle (Cittadella) fut protégé par une troisième ligne de remparts et on y accédait par trois couloirs souterrains voûtés. Aux différentes époques, ces deux sommets furent défendus par des châteaux ou des tours : la colline de l’ouest (Δυτικός λόφος), la plus proche de la terre ferme de l’île, portait un château qui fut nommé « Château près de la Terre » (Castel a Tera en vénitien) ou « Château Neuf » (Castell Novo en vénitien) (Ε sur le plan). Depuis son sommet, où se dresse une croix chrétienne géante, on a une vue magnifique sur l’ensemble de la vieille forteresse et, vers l’ouest, sur la vieille ville. À côté se trouve un petit phare (n° 10 sur le plan). Sur place est présentée une collection de canons et de mortiers d’artillerie de différentes époques. |
| | La tour de la mer (Πύργος Θαλασσιάς) | La colline orientale (Ανατολικός λόφος), du côté du cap Kávosidero, était défendue par le « Château près de la Mer » (Castel a Mar en vénitien) ou « Château Vieux » (Castell Vecchio en vénitien) (Ζ sur le plan). Une des poudrières du Château de la Mer explosa en 1718, frappée par la foudre, ce qui dévasta la vieille forteresse. | |
| L’église Saint-Georges (Εκκλησία Αγίου Γεωργίου) | L’église Saint-Georges se trouve dans la partie sud de la presqu’île (n° 5 sur le plan), dans une zone horizontale dégagée qui est située presqu’au niveau de la mer, au pied de la Tour de la Terre ; cette zone est nommée Versiada. L’église Saint-Georges fut édifiée à l’époque où l’île était sous la domination anglaise, de 1815 à 1864. La construction débuta en 1840, sur les plans de l’architecte militaire anglais Anthony Emmett, afin que l’église puisse répondre aux besoins religieux brûlants des militaires de religion anglicane de la garnison anglaise stationnée dans la vieille forteresse. L’édifice, qui ressemble à un temple antique qui serait resté intact, est de style dit « géorgien », un mouvement architectural néo-classique imitant le style dorique, qui prévalait déjà en Angleterre à cette époque. Sa façade est ponctuée de six colonnes de style dorique, non cannelées. Après que les Anglais se furent retirés de l’Heptanèse, après la réunion des Îles Ioniennes avec la Grèce, le 21 mai 1864, l’église, jusqu’alors anglicane, fut convertie en un lieu de culte orthodoxe, par une messe qui eut lieu le 21 mars 1865. L’église Saint-Georges (Άγιος Γεώργιος / Ágios Geórgios) devint une église de rite orthodoxe d’un style architectural très différent du style byzantin de la plupart des églises orthodoxes grecques. En 1864, la célèbre famille corfiote Voúlgaris (Βούλγαρις), fondatrice de l’église Saint-Spyridon, fit don à l’église Saint-Georges de l’iconostase en pierre de l’église Saint-Spyridon, avec toutes ses icônes, attribuées au grand peintre crétois du XVIIe siècle, Emmanuel Tzanes (Εμμανουήλ Τζάνες). L’intérieur de l’église était à l’origine divisé en trois nefs par deux rangées de colonnes en fonte supportant une galerie, qui faisait le tour de trois côtés du bâtiment (en forme de « Π »). Cet intérieur fut modifié à la suite des bombardements aériens subis lors de la Seconde Guerre mondiale qui endommagèrent gravement l’église. Les colonnes qui divisaient l’intérieur en trois nefs furent supprimées, faisant ainsi de l’église une église à nef unique. L’extérieur de l’église a subi une série de restaurations qui l’ont ramené à son aspect d’origine. De nos jours, la liturgie orthodoxe a lieu deux fois par an ; des expositions temporaires ainsi que des événements musicaux et autres sont également organisés dans l’église. |
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| Le palais du provéditeur vénitien (Palazzo del Provveditore Veneziano) | Le palais du provéditeur vénitien (Μέγαρο του Βενέτου Προνοητή) était le plus important monument vénitien de la Vieille Forteresse. Selon une inscription figurant sur sa façade, le palais du gouverneur avait été une première fois détruit par un tremblement de terre en 1743 et reconstruit en 1753. De nos jours, il n’existe plus, à l’exception de son soubassement : le palais fut gravement endommagé par les bombardements allemands en septembre 1943, puis démoli ; au cours de ces bombardements la caserne Pasqualigo, construite par le provéditeur de la Mer Giorgio Pasqualigo en 1718-1721, fut également détruite (n° 16 sur le second plan). Les gouverneurs de l’ancienne et de la nouvelle forteresse de Corfou étaient élus par le Sénat de Venise et nommés pour une période de deux ans. Les deux capitaines étaient assermentés devant le Sénat et une partie de leur serment était de ne jamais communiquer l’un avec l’autre au cours de leur mandat de deux ans en tant que gouverneurs des forteresses. Cette précaution était prise pour des raisons de sécurité, au cas où un capitaine aurait pu persuader l’autre de trahir la République de Venise. Le palais du provéditeur vénitien était situé sur une terrasse qui s’élève à l’arrière d’une petite place qui se trouve après le pont du Fossé de la Terre (n° 7 sur le second plan). On accédait au niveau du rez-de-chaussée par un escalier extérieur en pierre menant à un grand perron soutenu par une arcade ; cette arcade a été préservée. Le palais était un bâtiment de trois niveaux et son plan au sol avait une forme irrégulière. La façade était disposée symétriquement avec des ouvertures en plein cintre et d’autres rectangulaires, dans d’élégants encadrements en pierre. Au deuxième étage, il y avait des balcons avec des balustrades élégantes formées de petites colonnes ; les fenêtres du balcon central ressemblaient à l’entrée principale, suivant les modèles de la Renaissance. Dans la partie arrière du bâtiment, une grande citerne avec un puits en pierre (n° 8 sur le second plan) et le rez-de-chaussée du bâtiment du secrétariat des provéditeurs, utilisé comme prison, sont préservés. Plus au nord, il y avait une petite église, probablement la chapelle du palais, à côté de la tour-horloge. Pendant l’occupation britannique, le palais fut d’abord utilisé comme résidence du gouverneur, avant la construction du palais situé de la l’Esplanade (Spianada) ; le palais du provéditeur abrita ensuite l’Académie Ionienne et, finalement, en 1840, il fut utilisé comme résidence du commandant militaire britannique. |
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| Conditions de visite | Horaires d’été (de mai à octobre) : tous les jours, de 8 h à 20 h. Horaires d’hiver (de novembre à avril) : tous les jours, de 8 h à 15 h. Après ces horaires l’entrée est gratuite, notamment pour accéder au café, mais l’accès à la partie centrale de la forteresse est fermé. Prix d’entrée : 6 €. Tarif réduit pour certaines catégories de visiteurs : 3 €. Il existe un ticket combiné, valable pendant trois jours, pour visiter la vieille forteresse, le musée d’art byzantin d’Antivouniótissa, le palais Saints-Michel-et-Georges, le musée d’art asiatique et le musée archéologique de Paleópolis - « Mon Repos » : 14 €. Tarif réduit : 7 €. Sur une terrasse dominant la baie de Garítsa se trouve un café-restaurant ombragé (n° 13 sur le second plan), le « Παλαιό Φρούριο », ouvert tous les jours de 8 h à 2 h du matin, même en dehors des heures officielles d’ouverture de la forteresse (site sur la Toile : corfuoldfortress.com). |
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