| Le milan royal (Milvus milvus) | |
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| Généralités | « Merveilleux voilier d’exploration, le Milan royal cherche tout autre chose que la vitesse. Il flâne, plane et louvoie au dessus des terrains découverts, le gouvernail de la queue sans cesse en action… » Paul Géroudet. |
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| Règne : animaux (Animalia) | Sous-règne : métazoaires (Metazoa) | Division : triploblastiques (Bilateralia) | Sous-division : deutérostomes (Deuterostomia) | Super-embranchement : chordés (Chordata) | Embranchement : vertébrés (Vertebrata) | Sous-embranchement : vertébrés à mâchoires (Gnathostomata) | | Classe : oiseaux (Aves) | Sous-classe : néornithes (Neornithes) | Super-ordre : néognathes (Neognathae) | | Groupe : rapaces | Sous-groupe : rapaces diurnes | Ordre : accipitriformes (Accipitriformes) | Sous-ordre : | Famille : accipitridés (Accipitridae) | Sous-famille : milvinés (Milvinae) | Genre : milans (Milvus) | Sous-genre : | Espèce : Milvus milvus [Linné,1758], Milvus regalis [Brisson] | Sous-espèce : | Nom commun : milan royal | Nom populaire : |
| | | | Rotmilan | | red kite | | | | miru gorri | | красный коршун | | | | червена каня | | milà reial | | | | | | | | rød glente | | | | milano real | | puna-harksaba | | | | isohaarahaukka | | milan royal | | | | | | | | | | ψαλιδιάρης | | vörös kánya | | cúr rua | | svölugleða | | nibbio reale | | sarkanā klija | | | | | | | | | | | | glente | | | | rode wouw | | kania ruda | | milhano | | | | шуліка рудий | | црвенкаста љуња | | | | | | röd glada | | luňák červený | | шуліка рудий | | Milvus milvus |
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| | Morphologie | | La silhouette du milan royal est fine, avec un corps svelte. Ses longues ailes étroites sont coudées et marquées d’une grande tache blanche à la face inférieure. Sa queue rousse est très échancrée, lui conférant de grandes qualités dans la navigation, le contrôle de l’équilibre et les changements de direction. Cette queue très fourchue le fait facilement reconnaître lorsqu’il vole même à 300 ou 400 mètres de hauteur. Les deux sexes sont identiques. | Longueur | De 59 à 66 cm. Mâle : 61 cm. Femelle : 66 cm. | Envergure | De 145 à 165 cm. Mâle : 150 cm. Femelle : 160 cm. | Hauteur | | Poids | Mâle : de 750 à 1 050 g, en moyenne 900 g. Femelle : de 950 à 1 300 g, en moyenne 1 100 g. | Iris | Iris jaune ambré. Le tour des yeux est jaune.
| Bec | Bec à pointe brun noirâtre et base jaune. Bec crochu utilisé pour dépecer ses proies.
| Plumage | Grandes rémiges très sombres.
Les rémiges primaires sont longues et digitées, permettant un contrôle fin lorsque le milan royal plane.
| Patte | Pattes (cire, tarses et doigts) jaunes. Pattes courtes, avec des serres acérées. |
| | Capacités physiologiques | Le milan royal a une vue excellente, près de huit fois supérieure à celle de l’homme. |
| Remarques | Paul Géroudet écrivait du milan royal qu’il était le plus beau rapace de France. Avec son plumage coloré, c’est assurément l’un des plus beaux rapaces d’Europe. À l’automne, certains milans royaux en plumage neuf offrent des contrastes resplendissants. |
| Espèces semblables | La confusion peut parfois se produire avec son proche cousin le milan noir, dont le plumage brun foncé est toujours nettement moins contrasté et dont la queue triangulaire n’est guère échancrée. Le milan royal se reconnaît aisément en vol à sa longue queue triangulaire rousse nettement fourchue et à ses taches blanches sur le dessous des ailes au niveau des poignets. |
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| | | Description | Le milan royal vole en larges cercles, battant lentement et posément des ailes et semblant infatigable quand il suit une trajectoire en explorant attentivement le sol, tournant fréquemment à faible hauteur au-dessus d’un dépôt d’ordures ou d’une charogne. Bien qu’étant essentiellement un chasseur de plaine, le milan royal se pose souvent dans les arbres où il reste longtemps, le plumage ébouriffé et semblant dormir. | |
| Chasse | Le milan royal effectue la majeure partie de ses captures sur les terrains découverts, volant au ras du sol. On le voit, très calme, les ailes immobiles dans les airs, observant une proie juste au-dessous de lui. S’il repère une charogne, il tournera lentement au-dessus avant de se poser à proximité. S’il aperçoit une proie vivante, il plonge en piqué, les pattes en avant juste au moment de l’atterrissage pour la saisir avec les serres . Mais il est moins agile dans cette technique que la plupart des oiseaux de proie. Son meilleur atout est la surprise, lui donnant de meilleurs résultats. | |
| Sociabilité | En hiver, les milans royaux se rassemblent volontiers là où la nourriture abonde et forment des dortoirs communs qui peuvent compter jusqu’à cent individus. Le reste de l’année, ils sont le plus souvent solitaires ou, pendant la reproduction, en couples. |
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| Système reproductif | Les couples unis pour la vie construisent un nouveau nid chaque année, toutefois, il arrive parfois que certains réutilisent une aire ancienne. |
| Territorialité | Le même territoire de nidification ressert année après année, et peut couvrir une surface de 10 km de diamètre. |
| Première nidification |
| Période de nidification | Les milans royaux reviennent sur les lieux de nidification vers le mois d’avril et jusqu’à juin. |
| Parade nuptiale | Avant de s’accoupler, les milans royaux paradent en volant de conserve au dessus du site de nidification. Leur parade nuptiale est faite de vols acrobatiques et de miaulements plaintifs. L’un des jeux nuptiaux favoris du milan royal est de voler l’un vers l’autre à grande vitesse virant et s’écartant l’un de l’autre au dernier moment, peut-être en s’effleurant seulement du bout des ailes. Parfois, les deux partenaires s’accrochent l’un à l’autre par les pattes et tombent en vrille, ailes ouvertes jusqu’au ras de la cime des arbres. |
| Accouplement |
| Site de nidification | Aussitôt après la parade nuptiale, le couple de milans royaux construit un nouveau nid ou recharge celui de l’an passé. Le nid du milan royal se situe le plus souvent sur une fourche d’un vieil arbre élevé, à une grande hauteur qui varie de 12 à 15 mètres. Peu importe l’essence, feuillu ou conifère, mais l’arbre doit se trouver près d’une lisière, à l’intérieur d’une futaie claire bordée de pâtures ou dans un boqueteau isolé dans la plaine, mais aussi parfois dans une haie. Pour des raisons alimentaires, le milan royal niche également assez souvent près des dépotoirs et des décharges publiques. Il n’est pas rare qu’il niche dans une colonie de hérons cendrés ou dans son voisinage. Le milan royal est très attaché à son site de nidification et au nid des années précédentes. |
| Nid | Les milans royaux utilisent souvent d’anciens nids de corbeaux, de buses ou de corneilles qu’ils reconstruisent, ou bien ils construisent à deux leur propre nid. La construction ou la reconstruction débute dans la seconde moitié de mars. Le mauvais temps peut retarder le transport des matériaux jusqu’en avril, mais le beau temps accélère les travaux. L’aire est constituée de fortes et courtes branches sèches (de 30 à 50 cm). La cuvette du nid est garnie d’herbes sèches ou de paille, et, deux ou trois jours avant la ponte, les milans y déposent de la laine de mouton. On trouve occasionnellement dans les nids des détritus divers, telles que des morceaux de plastique, des chiffons colorés ou des papiers rapportés d’une décharge publique où ils se nourrissent. Au début, le nid est en forme de coupe, mais très vite, celle-ci s’aplatit et devient une plate-forme de branches et débris divers. Les parents continuent d’apporter des matériaux pendant l’incubation et l’élevage des jeunes. Le nid peut être très volumineux et atteindre un mètre de diamètre. |
| Nichoir | Le milan royal n’utilise pas les nichoirs. |
| Nombre de couvées | Une seule couvée. |
| Ponte | La ponte a lieu vers fin avril ou début mai. La femelle dépose 2 ou 3 œufs, parfois 4, très rarement 1 ou 5 œufs, à trois jours d’intervalle. |
| Œuf | Les œufs du milan royal sont d’un blanc sale assez brillant et tachetés de quelques points d’un brun roux très clair ou violacé. Ils sont plus allongés que ceux de la buse variable et mesurent environ 57 sur 45 millimètres. |
| Incubation | L’incubation est assurée presqu’entièrement par la femelle seule, le mâle pouvant occasionnellement la remplacer pour une courte durée de moins de 30 minutes. L’incubation commence dès la ponte du premier œuf. Elle dure de 28 à 32 jours pour chaque œuf, ce qui peut donner une durée totale d’incubation d’environ 38 jours. |
| Éclosion |
| Nourrissage | Pendant les derniers jours, les jeunes mangent directement les proies apportées par les adultes. |
| Envol | L’envol des juvéniles a lieu au bout de 42 à 54 jours. |
| Sevrage |
| Émancipation | Emancipation à 50 à 60 jours. |
| Plumage juvénile | Les juvéniles conservent leur duvet de naissance pendant 14 jours : tête de couleur crème, dos brun clair, et dessous blanc crémeux. À 28 jours, leurs plumes ont déjà bien poussé. |
| Période de mue |
| Prédateurs | Les corvidés détruisent les œufs et dévorent les poussins. |
| Maladies |
| Survie des adultes | 82 %. |
| Longévité | 26 ans. |
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| Description | | Les milans sont des rapaces opportunistes, et le milan royal ne déroge pas à cette règle : il fait preuve d’un grand éclectisme dans son alimentation et il est capable de s’adapter aux conditions locales. Loin d’être un rapace de hauteur vol, le milan royal trouve sa nourriture à terre où tout lui est bon, surtout s’il n’a pas un grand effort à déployer : en fait, c’est un médiocre chasseur qui s’intéresse principalement à des proies couchées. Le régime du milan royal se compose principalement de petits animaux morts ou vivants : mammifères, oiseaux, reptiles, batraciens et insectes. Même s’il est capable de capturer des oiseaux assez grands et assez agiles comme des pigeons, des geais ou des corneilles noires, son manque d’agilité fait qu’il maîtrise difficilement un oiseau en plein vol, hormis des jeunes encore malhabiles. Il doit donc se spécialiser dans la capture au sol de rongeurs (rats, mulots, campagnols, lapins …), reptiles (lézards), batraciens (grenouilles). Il lui arrive même de prélever de jeunes volailles dans les basses-cours. Le milan royal cherche sa pitance de préférence dans les zones de bocage et il n’est pas rare de voir plusieurs milans suivre de près les tracteurs lors de la fenaison ou pendant les labours, dans l’espoir de récupérer quelques rongeurs tués par les machines : son excellent coup d’œil lui fait repérer immédiatement toutes les charognes abandonnées. Il ne méprise pas non plus les insectes (coléoptères), happe même des libellules au vol, glane des lombrics dans les champs. Même s’il est moins inféodé au milieu aquatique que le milan noir, le milan royal y pêche aussi des poissons crevés ou malades. Le milan royal est aussi un parasite qui essaie de s’emparer des proies des autres rapaces comme L’autour et qui s’empare volontiers des reliefs dans les héronnières. Il pille aussi les nids des autres rapaces. Enfin, tout royal qu’il soit, le milan royal fréquente assidûment les dépôts d’ordures. |
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| Milieux | | Le milan royal habite des régions de forêts ouvertes avec de grandes clairières, des zones boisées éparses ou des bouquets d’arbres avec des zones herbeuses proches, des terres cultivées, des campagnes parsemées de boqueteaux, de champs et de fermes, des champs de bruyères ou des prairies humides. Il est cependant nécessaire que ces boisements comprennent de grands arbres favorables à la nidification. Même si la vie du milan royal est moins liée à l’eau que celle du milan noir, le milan royal apprécie la présence d’étangs, de marais, de lacs ou de cours d’eau, sans que cela lui soit indispensable. En hiver, il occupe des terrains ouverts et dégagés : friches, cultures, buissons et y forme des dortoirs. Il cohabite également volontiers avec l’homme, aux abords des villes. |
| Gîte |
| Altitudes | | Le milan royal affectionne les régions boisées de moyenne montagne mais on peut aussi le rencontrer en plaine. Il ne s’aventure guère en haute montagne sauf lors des migrations où il franchit invariablement les mêmes cols chaque saison en compagnie d’autres rapaces. |
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| Répartition globale | La répartition mondiale du milan royal se limite essentiellement à l’Europe : il ne se reproduit qu’en Europe. Il niche du sud de la péninsule ibérique jusqu’au sud de la Suède et le nord des pays Baltes, et des Iles Britanniques (Pays de Galles, ainsi qu’en Angleterre et en Écosse depuis sa réintroduction) jusqu’au sud-ouest de la Russie (Caucase), en passant par quelques endroits très localisés de l’Europe orientale, les îles méditerranéennes, l’Italie et les Balkans. Il est également connu dans le nord-ouest de l’Afrique et les îles du Cap Vert. Il a disparu récemment des îles Canaries. En France, le milan royal se répartit sur une bande allant des régions du nord-est aux régions du sud-ouest en passant par le massif central. Le milan royal est un nicheur peu commun en France : il n’est présent comme nicheur qu’en Corse et dans une large bande allant des Pyrénées centrales et occidentales à l’Alsace et les Ardennes, à l’exception de la vallée de la Garonne. Environ 2700 couples nichent en France : c’est la deuxième population européenne. C’est un rapace commun en Lorraine, Bourgogne, Massif Central, Franche-Comté et dans le piémont pyrénéen. Ailleurs, il est totalement absent même durant les périodes de migration et d’hivernage. |
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| Le milan royal est un migrateur partiel : les milans royaux du sud de l’Europe (mais aussi ceux du Pays de Galles) sont largement sédentaires ou n’effectuent que des déplacements hivernaux limités, tandis que ceux du nord-est sont migrateurs vers le sud-ouest en direction des régions méditerranéennes, et parfois même de l’Afrique du Nord-Ouest. Dans certaines régions de France, comme la Corse, le milan royal est présent toute l’année alors que dans le nord-est de la France, les hivernants sont fort peu nombreux, même si quelques individus ont tendance à séjourner en France lors des hiver peu rigoureux. On remarque cependant que de plus en plus de milans royaux sont sédentaires durant l’hiver, profitant des décharges à ciel ouvert. Le départ des oiseaux s’échelonne de début août à début novembre, avec un net pic migratoire en octobre. C’est vers la fin février que les petites troupes de milans royaux reviennent de la Péninsule ibérique et du sud-ouest de la France, parfois du Maghreb où ils ont passé quelques mois. De petites colonnes, comprenant 5 à 20 individus en général, s’étirent au-dessus de nos paysages et, pour la plupart, poursuivent nonchalamment leur route vers d’autres contrées d’Europe de l’Est ou du Nord. |
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| | Menaces | Le milan royal a longtemps été persécuté par l’homme qui voyait en lui un dangereux prédateur du gibier et des oiseaux de basse-cour. En raison de son penchant charognard, le milan royal était détruit au moyen de carcasses empoisonnées. Le tir direct au fusil était également aisé sur ce rapace au vol lent. Néanmoins, l’empoisonnement indirect par l’empoisonnement des rongeurs dans les prairies continue à tuer les milans royaux qui les consomment à leur tour et, quoique l’utilisation de la strychnine, poison autrefois largement utilisé pour la destruction des renards, soit interdite, il arrive encore que des milans ou d’autres rapaces nécrophages en soient parfois victimes. Depuis qu’il est entièrement protégé, la modification des habitats et, dans une moindre mesure, les collisions et l’électrocution sur des lignes électriques basse et moyenne tension sont les menaces principales qui pèsent aujourd’hui sur le milan royal. Enfin la fermeture des décharges à ciel ouvert où le milan royal, espèce au régime alimentaire fortement éclectique, avait l’habitude de venir se ravitailler, a tari une source alimentaire facile, entraînant un arrêt de la croissance de ses effectifs. | |
| Rareté | Jusque vers 1996, la protection générale des rapaces a permis au milan royal une phase d’extension. Mais cette phase d’extension a pris fin dans certaines régions en 1997 avec l’autorisation de l’utilisation de poisons violents (bromadiolone) pour la destruction des campagnols. Assez rare il y a encore quelques années, le milan royal est aujourd’hui une espèce relativement commune en Auvergne, où ses effectifs se sont plus ou moins maintenus. La population mondiale de milans royaux est estimée à 32 000 couples au maximum. Elle a subi d’importantes fluctuations mais, dans l’ensemble, elle paraît plutôt stable. |
| Protection | Le milan royal est une espèce protégée en France. |
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