La corneille noire est l’un des oiseaux les plus familiers de nos campagnes. Elle est si bien adaptée aux activités humaines qu’elle reste commune, malgré les persécutions des chasseurs et des paysans.
La corneille noire est la corneille toute noire, sans aucune trace de gris ou de blanc dans son plumage.
Morphologie
La corneille noire est un oiseau entièrement noir : elle possède une robe noire brillante, des pattes noires, un bec gris foncé à noir.
L’iris est brun foncé.
Les plumes de son cou ne sont pas ébouriffées comme chez le corbeau.
L’extrémité de sa queue est carrée.
Les sexes sont identiques.
Les jeunes sont semblables aux parents.
Plumage
Plumage noir avec reflets violacés sur le dos et les ailes.
Pas de dimorphisme sexuel (les sexes sont identiques).
Le plumage du ventre ne pend pas entre les cuisses comme chez le freux.
Bec
Le bec noir est puissant, large et effilé ; sa base est toujours emplumée.
Patte
Pattes noires.
Longueur
Adulte : de 43 à 46 cm de longueur.
Envergure
De 92 à 100 cm.
Hauteur
Poids
De 540 à 600 g.
Coloris
D’un plumage entièrement noir, avec des reflets bleu-acier, verdâtres et pourprés, sauf sous le corps.
Capacités physiologiques
Remarques
La corneille noire peut se croiser avec la corneille mantelée (ce sont deux races d’une même espèce) ; les couples mixtes et hybrides sont courants.
Espèces semblables
Tout de noir vêtus, les corvidés, geai, pie et casse-noix mis à part, constituent une famille a priori uniforme pour le débutant. Pourtant, les variations de taille, de plumage, de structure, de cris et de comportements permettent une identification relativement aisée entre les différents membres de la famille.
Il faut prendre le temps d’apprendre à les distinguer et ne pas les qualifier systématiquement du diminutif de corbeille, contraction des termes corbeau et corneille !
Oiseau entièrement noir, y compris les pattes et le bec, la corneille offre un plumage plus brillant que celui du corbeau. Son bec est plus effilé que celui du corbeau et les plumes de son cou ne sont pas ébouriffées. L’extrémité de sa queue est carrée.
Elle se distingue surtout par la voix par rapport au grand corbeau.
La corneille noire possède un plumage entièrement noir luisant, un bec plus large, une tête plus plate, et des pattes de la même couleur, ce qui la différencie d’emblée du corbeau freux adulte au bec gris-blanc. Sa taille est légèrement inférieure à ce dernier mais nettement plus petite que celle du grand corbeau qu’elle côtoie fréquemment dans les zones de montagne. Les ailes et la queue sont un peu plus courtes et toutes noires, à reflets bleus. Elle se distingue également du freux en vol par sa queue carrée et non cunéiforme et au posé, par sa silhouette nettement moins imposante et son bec moins fort.
En fait, le seul risque de confusion peut se poser avec le jeune corbeau freux dont le bec est noir. Il faut alors beaucoup d’attention pour les distinguer et remarquer que la corneille possède de profil un front fuyant (nettement marqué et bombé chez le freux) et un bec fort et busqué (long et droit chez le freux). En vol, la différence entre les deux espèces est facilitée par les cris mais on peut également noter que la queue est carrée chez la corneille et plutôt arrondie chez le freux et que leurs façons de voler sont légèrement différentes.
Pour l’identification de la corneille, la connaissance du comportement est essentielle et il faut toujours retenir que les corneilles noires sont des oiseaux essentiellement territoriaux souvent visibles par couple ou en très petites bandes alors que les corbeaux freux sont grégaires et vivent en grandes bandes.
Au premier abord, la corneille noire et la corneille mantelée semblent ne pas appartenir à la même espèce. En fait, ce sont deux variétés bien distinctes de la même espèce, mais la corneille mantelée remplace la corneille noire dans les régions du nord-ouest de l’Europe et en Corse. La croyance populaire veut que les deux variétés aient évolué séparément durant la dernière glaciation, et aient ainsi développé des plumages différents.
La corneille noire est la corneille toute noire, sans aucune trace de gris ou de blanc dans son plumage. La corneille mantelée a une tête noire, ainsi que la gorge, la bavette, les ailes et la queue noires. Le reste du plumage est gris pâle. Les deux sont assez grandes, bruyantes, sociables avec des becs lourds, puissants et noirs.
Cris des corvidés
Chez les corvidés, la connaissance de leurs cris, encore appelés croassements, est primordiale pour déterminer rapidement leur identité. Si le cri du grand corbeau, rauque et caverneux, et celui du choucas, plus musical, sont caractéristiques, les cris de la corneille noire et du corbeau freux sont plus délicats à distinguer. Le cri de la corneille est plus rauque alors que celui du freux est plus nasillard.
La Corneille noire babille, corbine, craille, criaille, graille. La voix de la corneille noire est désagréable dans sa sonorité et à cause des répétitions. Un rauque « kraac » ou « tchaar-tchaar ».
La corneille noire a tout un répertoire de croassements ; il existe des variations considérables, en fonction de la situation ou du moment.
Cri
Son cri est fait de croassements rauques et allongés, et peu harmonieux, souvent répétés trois fois. La voix est plus rauque que celle du corbeau freux.
Cri
Le cri habituel est un « krâââ » vibrant, rauque et puissant, souvent répété ; on dit qu’elle criaille.
Cri
La corneille émet aussi des cris tantôt aigus, tantôt plaintifs.
Cri
Des « krr krra » expriment l’irritation.
Cri
Cris rauques de quelques individus se disputant.
Cri en vol
En vol, les corneilles s’interpellent en lançant un croassement bas.
Cri du mâle
Le mâle lance des « kroa kroa » tout en étalant la queue et relevant la tête.
Cri d’alarme
La présence d’un rapace ou d’un renard les incite à lancer ensemble une criaillerie ensorceleuse qui peut durer une demi-heure, avec des intervalles silencieux, et qui ne se calmera que lorsque le trouble-fête aura disparu. Parfois, elle lance un métallique « yonk », d’autres fois, un matraquage de croassements devant un oiseau de proie posé.
Cri
La corneille est capable de bien d’autres cris, rappelant parfois le cri de vol de la grue cendrée ou des grincements dont on est toujours surpris lorsqu’on en découvre l’auteur.
La corneille noire est une espèce sédentaire et très territoriale qui vit en couple ou en petites colonies. Elle est nettement moins grégaire, surtout en période de reproduction, que le choucas des tours et le corbeau freux, espèces tout aussi, si ce n’est plus, abondantes qu’elle.
La corneille noire défend tout au long de l’année son territoire, n’hésitant pas à houspiller sans relâche la buse variable ou le milan royal qui survole son domaine.
C’est une espèce assez farouche ; tous les corvidés se méfient de l’homme et la corneille noire ne pas exception. Elles sont farouches et n’approchent les humains que lorsqu’elles se sentent en sécurité. Si on la laisse tranquille, elle vient alors dans les jardins pour chercher sa nourriture (entre autres, des œufs et des oisillons …). La Corneille est si bien adaptée aux activités humaines qu’elle reste commune malgré les persécutions des chasseurs et des paysans. Sa vigilance sans défaut et son appréciation du danger sont parfois stupéfiantes, et il est bien connu que les Corneilles distinguent l’homme armé de l’inoffensif promeneur.
Sociabilité
Les corneilles adultes vivent en général en couples isolés, fidèles à vie, alors que leurs jeunes forment des bandes, mais jamais en colonies aussi importantes que les corbeaux freux.
Au début de l’été, les corneilles noires, comme les corbeaux freux, ont l’habitude de se réunir au crépuscule en bandes qui occupent le même dortoir, pour aller se nourrir en petits groupes et pour passer la nuit.
Le plus souvent solitaires, les corneilles noires se rassemblent en petites troupes dès la fin de l’été dans des régions où la nourriture est abondante.
Seuls le froid et la faim peuvent pousser les corneilles noires à se regrouper, principalement en hiver, autour de sources de nourriture, souvent au sein de grandes troupes de choucas et de freux. Ces bandes de quelques dizaines d’individus, composées en majorité de jeunes non encore reproducteurs, errent dans la campagne durant la mauvaise saison. Ces dortoirs hivernaux arrivent à concentrer les oiseaux de tout un secteur, adultes cantonnés et jeunes en vagabondage, et atteignent parfois le millier d’individus. C’est d’ailleurs au sein de ces grands rassemblements de corvidés qu’il faut rechercher les corneilles mantelées.
Mais ces habitudes ne sont pas une règle générale, et dès la fin de l’hiver, les couples s’individualisent.
La corneille noire au même titre que la pie est un oiseau territorial qui défendra son domaine contre les intrus de même espèce.
Cette territorialité extrême est un des traits de caractère dominant chez la corneille noire et s’observe quotidiennement : cris rauques émis depuis un perchoir élevé pour répondre aux oiseaux voisins, suprématie de l’oiseau dominant pour la possession des perchoirs stratégiques, sont autant de signes de la vie très hiérarchisée des corneilles noires.
En général, la corneille noire possède un territoire très grand, et les couples vivent dispersés et séparés, bien qu’occasionnellement, une charogne, un dépôt d’ordures ou un vol d’insectes les concentrent en groupes plus ou moins nombreux. Egalement la présence de prédateurs terrestres ou de rapaces peut être une occasion pour que tous les couples d’une zone se réunissent à la cime des arbres en poussant des cris perçants inlassablement.
Corneilles noires et pies bavardes occupent les mêmes biotopes et sont très agressives les unes envers les autres.
Première nidification
Les jeunes atteignent leur maturité sexuelle à 2 ans.
Période de nidification
La corneille noire vit en couple, même au plus fort de l’hiver, ce qui explique la précocité de sa période de reproduction. Sa reproduction a lieu au printemps entre mars et juin.
Parade nuptiale
Les parades débutent sur leur territoire dès la mi-février, suivies de la construction du nid en mars-avril.
La parade du mâle consiste en une série de « saluts ». Le mâle baisse la tête, relève les épaules, entrouvre les ailes et déploie la queue en éventail, en se balançant d’un côté à l’autre, et plus couramment, en levant et en baissant la queue.
En vol, la parade se fait en vols rapides, descentes en piqué, croassements intenses. Ces manifestations ont lieu toute l’année et personne ne peut dire si c’est de la parade ou une démonstration de la domination du mâle sur la femelle.
Durant la reproduction, le couple est très discret.
Site de nidification
La corneille noire niche dans des sites élevés. Le nid est généralement très facile à repérer dans nos paysages.
Les couples de corneilles noires nichent de préférence au sommet des arbres ou dans une enfourchure à 5 mètres au-dessus du sol, à la lisière des forêts ou sur des arbres isolés de haies.
Aujourd’hui, la nidification sur les pylônes électriques ou les tours est monnaie courante et permet à d’autres espèces comme le faucon crécerelle et le faucon hobereau de coloniser, en occupant les nids laissés libres par les corneilles, des milieux agricoles où les remembrements successifs ont détruit depuis longtemps les derniers arbres.
Nid
Le nid de la corneille noire est une large coupe assez volumineuse, de 40 à 50 cm de diamètre, mais sans toit, à l’inverse de celui de la Pie.
Le nid est bâti par le mâle et la femelle ; le mâle apporte les matériaux mais reste à l’extérieur, alors que la femelle arrange l’intérieur, se réservant le soin d’incorporer les matériaux au nid.
Le nid comprend trois couches : l’assise du nid est constituée par des branchettes mortes et vertes, brisées directement sur les arbres, auxquelles s’ajoutent des ramilles plus fines, des racines, des herbes, des feuilles sèches et de la terre ; enfin, la coupe est garnie de fibres et de laine, de poils, de crins, de mousse, de foin, de chiffons, de bouts de ficelle, de papiers, de plastique …
Ce nid solide et confortable est souvent réutilisé par diverses autres espèces, notamment des Faucons ou le Hibou moyen-duc.
Le nid est construit à la mi-mars. Généralement un nouveau nid est bâti chaque année.
Nichoir
La corneille noire n’utilise pas de nichoirs.
Nombre de couvées
Une seule couvée élevée chaque année, mais possibilité d’une ponte de remplacement.
Ponte
La ponte a lieu d’avril à juin. Elle débute dès les premiers jours d’avril et comporte généralement 5 œufs.
Œufs
Les œufs sont bleus verdâtres tachés de gris châtain foncé, d’olive et de brun.
Leur diamètre est d’environ 40 millimètres (de 35,5 à 52,7 par 26,0 à 29,7 mm).
Incubation
L’incubation dure environ 19 jours (de 17 à 21 jours), assurée par la femelle seule. Pendant que la femelle couve, le mâle surveille les environs, l’avertit du danger et la nourrit.
Éclosion
Nourrissage
Les petits sont nourris par les deux parents.
Pendant les 5 à 7 premiers jours, la mère couve assidûment les petits et leur distribue la pâture dégorgée par le mâle. Plus tard la femelle ne les abrite que la nuit jusqu’à 2 ou 3 semaines d’âge.
Les deux parents apportent ensuite à manger et à boire dans le jabot.
La nourriture est presque exclusivement animale pendant les premiers 15 jours (vers de terre, insectes, œufs et petits oiseaux), puis les végétaux prennent le relais.
Envol
De 4 à 5 semaines.
Sevrage
Les jeunes sont encore nourris de 1 à 2 semaines après leur départ du nid.
Émancipation
Les jeunes restent avec les parents plusieurs semaines après avoir quitté le nid, avant d’entreprendre leur erratisme juvénile qui les mènera vers d’autres territoires.
Plumage juvénile
À la naissance, les poussins ont un duvet gris fumée abondant laissant quand même apparaître leur peau rose, qui deviendra foncée rapidement.
Période de mue
Prédateurs
Pratiquement aucun prédateur important. Occasionnellement rapaces, chat forestier et lynx.
Comme tous les becs droits elle est un terrible adversaire des becs crochus que sont les rapaces.
Le régime alimentaire de la corneille noire, oiseau omnivore, est très varié suivant les régions, et évoluant au fil des saisons et et au gré des ressources alimentaires disponibles.
La nourriture de la Corneille noire est d’une variété extraordinaire : elle comprend des graines, surtout des céréales germées, des légumineuses, des betteraves, des carottes, des fruits (poires, pommes, raisins), des insectes et leurs larves, des vers de terre, des grenouilles, des têtards, des mollusques, des limaces, des lézards, des œufs d’oiseaux d’élevage ou sauvages, des petits oiseaux, des petits mammifères vivants ou morts, des charognes et cadavres divers (hérissons écrasés sur les routes), des poissons et même les croquettes de votre chien s’il laisse sa gamelle trop longtemps sans surveillance, et même des immondices …
Les céréales et les baies sauvages entrant pour seulement 20 % de son alimentation. Ce régime alimentaire montre une consommation maximale de céréales de juillet à février.
Au printemps, ce sont les lombrics, puis les coléoptères, qui dominent, ce qui conduit la Corneille à préférer les prairies de pâture aux semis de céréales levés.
En région côtière, elles savent casser les coquillages pour en manger la chair.
Elle se montre également charognarde, n’hésitant pas à risquer sa vie pour manger un cadavre sur les routes. Pourtant, le nombre de cadavres de Corneilles sur les routes est faible.
Elles exploitent sans cesse de nouvelles sources de nourriture, par exemple en explorant les cours d’école après la récréation afin de récolter les restes de nourriture.
De plus, elle fait des « provisions ».
Elle chasse à partir de postes d’observation et survole la campagne à faible hauteur à la recherche de nid (faisans, perdrix,…) de jeunes oiseaux et de levrauts.
Mangeoire
Le pain, la viande, les pommes de terre et les autres restes de cuisine attirent la corneille noire.
La corneille noire fréquente divers habitats : lisières forestières et clairières, régions agricoles ouvertes avec arbres et bosquets, parcs urbains, landes, marais, vasières, falaises côtières, rivages, embouchures de fleuves, les zones d’estuaires et … décharges publiques.
Mais la corneille noire est avant tout l’oiseau de la campagne découverte avec des bosquets d’arbres dispersés, pas trop denses et tout particulièrement du bocage, des haies parsemées de grands arbres et des petits bois. La corneille fréquente principalement les zones cultivées parsemées d’arbres, riches en ressources alimentaires ; elle s’installe aussi dans les parcs et jardins arborisés des agglomérations.
Elle affectionne aussi les landes, les zones arides, les bords de chemins et de routes.
Si elle ne pénètre le cœur des massifs forestiers qu’à l’occasion de coupes à blanc, elle fréquente volontiers leurs lisières, même en montagne où elle niche jusqu’à la limite supérieure de la forêt d’altitude.
Pendant la période de nidification, elle se tient dans les bois clairsemés, dans les bocages au milieu des champs, dans les parcs fortement boisés des villes …
En période inter-nuptiale, les milieux fréquentés sont encore plus nombreux puisqu’elle visite volontiers les labours en compagnie des grandes bandes de freux et de choucas, ainsi que les vasières d’étangs en vidange à la recherche de proies inhabituelles pour elle comme les moules d’eau douce.
Gîte
Altitudes
Elle manque en montagne au-dessus de 2 000 mètres d’altitude.
Son territoire s’étend sur l’Europe de l’Ouest, l’Italie et la Scandinavie exceptées.
En France, cette espèce est présente partout, même en Corse où elle est représentée par sa sous-espèce, la corneille mantelée. Elle est seulement absente des zones de haute montagne.
S’il est difficile de préciser si la corneille noire est notre corvidé le plus abondant, elle est assurément le plus uniformément répandu.
Cependant, si la majeure partie des adultes des pays d’Europe occidentale est considérée comme sédentaire, certains oiseaux originaires d’Europe centrale effectuent dans une faible proportion une véritable migration.
Des individus migrateurs en provenance d’Allemagne ou du Bénélux viennent hiverner en France.
À cette époque, les Corneilles évoluent en petites bandes ou se joignent aux grandes bandes de Corbeaux : Corbeau freux, Choucas. Ces bandes de quelques dizaines d’individus, composées en majorité de jeunes, errent dans la campagne durant la mauvaise saison.
Les romains disaient de la corneille Brevior est hominum vita quam cornicum, c’est-à-dire « la vie des hommes est plus courte que celle des corneilles ». Rien cependant n’a jamais permis de vérifier ces rumeurs. L’âge maximum de la corneille noire semble être d’environ 20 ans.
Grâce à sa grande souplesse écologique, elle se rencontre aujourd’hui un peu partout, des centres urbains aux espaces boisés. Un peu trop aux yeux de certains qui lui reprochent ses méfaits : dégâts dans les vergers (cerises), pillage des nids d’autres oiseaux … Son goût prononcé pour les couvées d’oiseaux n’a jamais été apprécié, surtout lorsque cette dernière s’attaque, même si cela reste rare, aux oiseaux de basse-cour.
Elle est encore moins appréciée par les paysans : en effet, les troupes de non-nicheurs peuvent causer des dégâts aux cultures, surtout au moment de la germination. Les principaux dégâts consistent en la consommation de graines et de plantules dans les grandes cultures (céréales, maïs, pois) mais ils ne sont jamais très étendus en raison de l’absence de grands rassemblements. Localement, des dégâts peuvent intervenir dans les élevages de plein air : volailles, oiseaux gibier ou d’ornement (Anatidés), lapereaux, levrauts, petit gibier à plume. La Corneille est également un prédateur important des nids de Perdrix.
Il lui arrive aussi d’attaquer les agneaux, voire les veaux, nouveaux nés en leur crevant les yeux.
Mais la perception de ces dégâts est supérieure à la réalité. En fait, le principal défaut de la corneille noire a été de s’adapter remarquablement aux diverses activités humaines, et d’en tirer le meilleur parti possible !
Menaces
La corneille noire n’a jamais eu d’excellents rapports avec l’homme qui l’a toujours chassée et piégée.
Son omniprésence, sa livrée noire (encore jugée de mauvais augure !… ) et sa réputation de nuisible dans nos campagnes font que peu de gens portent de l’intérêt à la Corneille noire. Si l’on ajoute à cela les émissions vocales rauques et peu harmonieuses, le tableau semble manquer de grâce.
Pourtant la Corneille mérite que l’on s’arrête un peu plus sur son cas qui est loin d’être désespéré, en raison de son abondance. Les éthologistes lui reconnaissent « des facultés remarquables de discernement et une psychologie assez développée » (Géroudet). Son pouvoir d’adaptation, qui lui permet de se maintenir avec succès au voisinage de l’homme en dépit des persécutions acharnées de ce dernier, mérite mieux que du mépris.
Certains la considèrent comme un oiseau de mauvais augure, d’autres comme une pilleuse. Elle est pourtant un oiseau fidèle et maternel qui attache une grande importance au couple et qui continue à nourrir au sol ses oisillons lorsqu’ils tombent par malheur de leur nid.
Rareté
Aujourd’hui, la Corneille est commune et répandue partout.
La corneille noire, au même titre que le geai des chênes et la pie bavarde, est un de nos corvidés les plus uniformément répandus.
Elle montre même des velléités d’expansion dans des régions où elle était encore considérée comme rare dix ans auparavant.
La souplesse d’adaptation de son régime alimentaire a permis à la corneille noire, comme à la plupart de nos corvidés, de profiter des bouleversements créés par l’homme en venant rechercher sa pitance au sein des vastes dépôts d’ordures ou dans les champs de maïs après la récolte. Cette adaptation leur a permis de diminuer la mortalité hivernale et donc d’augmenter considérablement leurs effectifs. Ce phénomène d’accroissement de ses populations est moins visible et plus diffus chez la corneille que chez le freux car elle ne se reproduit pas en vastes colonies.
Protection
Espèce non protégée en France : classée comme nuisible.
Cependant, le tir au nid des corvidés est interdit par la loi car son ouvrage est fréquemment réutilisé par d’autres rapaces, faucons hobereaux et crécerelles, hiboux moyens-ducs, qui risqueraient de faire les frais de cette bavure.