Le village de La Geria et la Route du Vin à Lanzarote

Lors des grandes éruptions volcaniques des années 1730, la chapelle Notre-Dame de la Charité (Ermita de Nuestra Señora de la Caridad), édifiée en 1698, avait été ensevelie sous les cendres et les lapillis volcaniques.

La plaine de La Geria est bordée au nord-ouest par le Parc Naturel des Volcans, lui-même entourant le Parc National de Timanfaya ; ce sont les projections volcaniques de ces volcans – entre les années 1730 et 1736 – qui ont recouvert la plaine de La Geria d’une couche de 1 à 2,5 mètres d’épaisseur de scories et de lapillis ou pouzzolanes (localement nommé picón). Ces pouzzolanes sont de couleur noire et non rouge, car peu oxydées, en raison de la proximité des volcans qui les ont émises ; c’est ce qui donne un aspect assez sombre à la plaine de La Geria.

La couche de lapillis permet de retenir les faibles précipitations locales – principalement hivernales – de 100 à 200 mm d’eau par an. Les pouzzolanes, en raison de leur faible capillarité et de leur faible conductivité thermique, réduisent l’évaporation et conserve la chaleur du sol, et, en raison de leur pores grossiers, réduisent l’écoulement des eaux pluviales et l’érosion des sols. On pense aussi que les pouzzolanes absorbent l’humidité de l’air, la rosée de la nuit, et la transmettent aux plantes ; leur couleur noire permet d’absorber au maximum la chaleur du soleil.

Cette technique de culture sèche (arenado) s’est révélée si efficace que la région de La Geria exploite de petites carrières de pouzzolanes qui sont exportées vers d’autres parties de l’île, où elles sont utilisées en paillis de 10 cm d’épaisseur pour la culture de légumes.

La production de malvoisie à Lanzarote – et, plus généralement, dans les Canaries – n’est pas récente. On dit que ce cépage – qui produit un vin blanc sec ou demi-sec – fut introduit aux Canaries, depuis la Crète, dès la fin du XVe siècle ; au début du XVIIe siècle, le dramaturge Shakespeare chanta les louanges du malvoisie des Canaries, qui était également apprécié par la cour d’Angleterre ; mais le malvoisie des Canaries fut bientôt concurrencé par le xérès d’Andalousie (sherry). À la fin du XVIIe siècle, la mode se porta sur le porto, à la suite du mariage du roi Charles II d’Angleterre avec la princesse portugaise Catherine de Bragance, en 1661, ce mariage visant à renforcer l’alliance du Portugal et de l’Angleterre contre l’Espagne. Le malvoisie des lointaines Canaries tomba peu à peu dans l’oubli ; le vignoble disparut presque totalement au XIXe siècle suite à des attaques de mildiou, mais fut épargné par le phylloxéra. Dans les années 1960, avec l’essor du tourisme, la production vinicole recommença à croître.

En 1987 La Geria fut déclarée Parc Naturel, mais reclassée en 1994 comme Paysage Protégé (Paisaje Protegido), zone de protection spéciale pour les oiseaux (ZEPA), et zone de sensibilité écologique. La zone protégée comprend également le monument naturel de la Grotte des Naturalistes (Cueva de los Naturalistas), un boyau volcanique naturel de grandes dimensions, situé à 1,5 km au nord de Masdache sur la route LZ-58.

Si l’on aborde La Geria par le sud – depuis Playa Blanca par exemple – la première bodega que l’on rencontre est la Bodega La Geria, à gauche de la route, et, de l’autre côté de la route, les Bodegas Rubicón ; ces deux bodegas disposent d’une boutique et d’une taverne. Deux cents mètres plus loin, une piste part sur la droite et conduit à la Bodega El Chupadero, qui ne propose pas de dégustation, mais possède un bon bar à tapas où l’on peut apprécier sa production de vin.

Au km 6 on peut faire une incursion vers le village de La Asomada en prenant sur la droite la route LZ-501 puis la route LZ-502 ; depuis la colline qui domine le village on a la meilleure vue sur la plaine de La Geria dont les vignes montent à l’assaut des pentes des volcans. Le vert des vignes et des palmiers, et le blanc des maisons, contrastent de façon spectaculaire avec le noir des cendres volcaniques. En continuant sur la route LZ-502 on atteint le village de Mácher où se trouve la petite Bodega Timanfaya, réputée pour son vin rouge nommé tinto barrica ; la bodega est ouverte au public uniquement le samedi matin.

De retour sur la route LZ-30 on arrive rapidement à la Bodega Stratvs, aux installations modernes, mais qui actuellement fermée. Après 10 min de route, et après avoir traversé le village de Masdache, on découvre sur la gauche de la route la Bodega El Grifo, qui abrite un musée du vin. À Masdache se trouve aussi les Bodegas Vega de Yuco.

En poursuivant jusqu’à Mozaga, on rencontre la Bodega Mozaga, établie depuis 1880 et qui produit des vins de grande qualité et souvent primés ; on bifurque à gauche sur la route LZ-20 en direction de Tiagua, où se trouve la petite Bodega Tinache spécialisée dans le vin blanc. En continuant jusqu’à Mancha Blanca, on trouvera les Bodegas Reymar. On peut ensuite revenir vers Mozaga puis continuer sur la route LZ-20 jusqu’à San Bartolomé où se trouvent – dans le centre historique, derrière l’hôtel de ville, Calle Guadarfía, 2 – les Bodegas Barreto, dont les vins sont vendus sous la marque El Campesino, et qui ont reçu des prix importants. Les Bodegas Barreto disposent d’une succursale à Masdache, Carretera del Centro, 64.

Depuis son domaine on a une belle vue sur le vignoble de La Geria.

La bodega dispose d’une boutique, d’un bon restaurant (La Cepa) et propose des visites guidées sur réservation (en août et septembre à 10 h 30, 11 h 30 et 12 h 30 ; durée : 40 min ; prix : 8 €, dégustations incluses).

Malvoisie sec de 9 à 12 € ; moscatel autour de 12 €.

Horaires d’ouverture : tous les jours, de 9 h à 18 h.

Téléphone : 00 34 928 173 178

Site sur la Toile : www.lageria.com (avec boutique en ligne).

Les bâtiments ont été soigneusement restaurés. On peut visiter sa cave et déguster sa production de vin. La bodega dispose d’une boutique et d’un bon restaurant (ouvert tous les jours de 10 h à 23 h, le mercredi de 10 h à 20 h).

Horaire : tous les jours, de 10 h à 20 h.

Téléphone : 00 34 928 173 708

Site sur la Toile : www.vinosrubicon.com

La Bodega Stratvs organise des visites guidées plusieurs fois par jour sur réservation, avec visites des caves et dégustation de vins et de fromages (durée : 1 h ; prix : 10 €).

Téléphone : 00 34 928 809 977

Site sur la Toile : www.stratvs.com

Horaire : du mardi au dimanche, de 9 h à 20 h.

Depuis décembre 2013, la Bodega Statvs est fermée, et mise sous scellés, par décision de justice : entre autres irrégularités, la bodega a été illégalement construite en partie sur des terrains ne lui appartenant pas. Le propriétaire de la bodega est un magnat de l’immobilier à Lanzarote, également possesseur de la Marina Rubicón et de l’hôtel Princesa Yaiza à Playa Blanca, cet hôtel ayant lui aussi été construit – comme d’autres – dans des conditions illégales. La Bodega Statvs doit rester fermée jusqu’à ce que la justice ait définitivement statué. La vente continue dans la boutique située au numéro 16 Calle Real à Arrecife.

Le patron est allemand, mais la cuisine est espagnole et les vins locaux (malvoisie).

Bonnes tapas et vins de la maison, mais prix assez élevés (8 à 9 € la tapa).

Adresse : au sud de La Geria, sur une piste prenant à droite de la route LZ-30 au Km 4.

Téléphone : 00 34 928 173 115 / 00 34 659 596 178

Site sur la Toile : www.el-chupadero.com