| Le village et le monument naturel d’Ajuy à Fuerteventura | |
| |
| Présentation générale | Ajuy est un petit village de pêcheurs, d’une centaine d’habitants, situé dans le sud de la côte ouest de l’île de Fuerteventura. La localité est surtout connue le Monument naturel d’Ajuy, une zone naturelle protégée d’intérêt géologique qui présente les roches les plus anciennes de Fuerteventura et de l’archipel des Canaries, et notamment des grottes. Le village possède aussi une plage de sable noir, surtout fréquenté par les majoreros, les habitants canariens de l’île. |
| Étymologie et toponymie | Le toponyme Ajuy, parfois écrit Ajuí, est antérieur à la conquête normande. On confond souvent Ajuy avec Puerto de la Peña ; en réalité Puerto de la Peña est un port minuscule situé sur la crique de Caleta Negra, à 500 mètres au nord d’Ajuy. C’est à Puerto de la Peña qu’auraient débarqué les Normands Jean de Béthencourt et Gadifer de La Salle venus conquérir l’île de Fuerteventura. |
|
|
| Le village d’Ajuy se trouve à l’embouchure de deux ravins qui confluent au niveau du village et ouvrent une brèche dans la falaise qui borde la côte ouest de l’île : le Barranco de Ajuy, au nord du village, et le Barranco del Aulagar, au sud. L’altitude moyenne du village est de 16 mètres. La région d’Ajuy est une zone de ravins séparés par des collines, à l’exception de la petite plaine de Tablero de Comisianes. Le Barranco de Ajuy devient en amont le Barranco de Mal Paso, puis le Barranco de las Peñitas qui parvient au village de Vega de Río Palmas. C’est par cet itinéraire que Jean de Béthencourt pénétra à l’intérieur des terres de Fuerteventura pour fonder sa capitale à Betancuria. Ajuy fait partie de la commune de Pájara dont le chef-lieu est situé à 9 km au sud-est d’Ajuy. Depuis Pájara on atteint Ajuy – en 15 minutes – par la route FV-621 qui franchit une montagne avant de redescendre vers la côte ouest par une petite vallée, plantée de tamaris et de palmiers, qui est le Barranco de Ajuy. Ajuy se trouve à l’intérieur du Parc rural de Betancuria. À l’entrée du village d’Ajuy se trouve une petite palmeraie, derrière laquelle il y a un grand parc de stationnement ; on peut continuer à pied jusqu’au centre du village. |
|
|
| Le village d’Ajuy | Ajuy est constitué de quelques maisons de pêcheurs dont certaines ont été converties en logements de vacances assez simples ; mais la localité ne comprend pas d’hôtel. Au bord de la plage deux restaurants servent la pêche du jour ; deux autres restaurants se trouvent à l’intérieur du village. Tout au long du XXe siècle, la population clairsemée de la zone subsista grâce à l’élevage, à l’agriculture et à la pêche, cette dernière étant limitée par l’état de la mer. Ce n’est qu’en 1986, que le village reçut l’électricité et l’eau courante. |
| La plage d’Ajuy (Playa de Ajuy) | La plage d’Ajuy est surnommée « la plage des morts » (Playa de los Muertos) parce que les courants dangereux de cette côte ramènent souvent vers cette plage les corps des noyés ; la couleur noire de la plage d’Ajuy ne fait que souligner ce caractère funeste. La légende veut aussi que ce surnom provienne des nombreuses attaques de pirates sanguinaires qui eurent lieu à cet endroit, car les pirates utilisaient les grottes d’Ajuy comme repère et comme dépôt. La plage d’Ajuy se trouve entre le Barranco del Aulagar et le mirador d’Ajuy. C’est une plage de sable de couleur sombre, presque noir lorsqu’il est humide, avec quelques zones de galets ; la plage fait 300 mètres de longueur et 40 mètres de largeur. La plage d’Ajuy est une plage agréable mais n’est pas très propice à la baignade, parce que de forts courants peuvent entraîner les baigneurs vers le large. En été, la Plage des Morts est habituellement surveillée de 10 h à 17 h ; un panneau d’information indique si la baignade est autorisée : un drapeau rouge ou noir signifie que la baignade peut être mortelle. |
| La Crique Noire (Caleta Negra) | Le long du littoral de la Caleta Negra se trouvent de nombreuses grottes, dont la plus importante et la plus visitée se trouve à 600 m sur le côté nord de la crique. |
| Le port de Puerto de la Peña | Puerto de la Peña est un petit port de pêche situé sur la crique de Caleta Negra ; les bateaux de pêche ancrés dans la crique ne sortent en mer que pendant la saison d’été, de mai à octobre. C’est à Puerto de la Peña, en 1402, que débarquèrent les conquérants normands Jean de Béthencourt et Gadifer de La Salle qui pénétrèrent à l’intérieur des terres par le Barranco de las Peñitas et fondèrent leur capitale à Béthencourie (Betancuria) ; Puerto de la Peña devint le port de Betancuria. Le port servit de lieu d’exportation des céréales et du bétail de l’île de Fuerteventura à destination du marché intérieur ou même de la Basse Andalousie et de l’île de Madère, comme le montre des procès-verbaux des accords du Cabildo de Fuerteventura. Au XIXe siècle, le port perdit de son importance au profit de Puerto de Cabras, aujourd’hui nommé Puerto del Rosario, la capitale de l’île de Fuerteventura. |
| Le Monument Naturel d’Ajuí (Monumento Natural de Ajuí) | Le Monument naturel d’Ajuí est un espace naturel protégé situé au nord du village d’Ajuy. L’espace protégé s’étend sur 31,8 hectares depuis le Barranco de Ajuy jusqu’au nord de la crique de Caleta Negra. Il abrite un dépôt de matériaux très anciens, dans lequel sont présents des sédiments océaniques et des fossiles d’animaux marins aujourd’hui disparus. Cet intérêt scientifique exceptionnel a justifié le classement de cet espace comme Monument naturel en 1994 ; il est aussi classé comme zone de protection spéciale pour les oiseaux (ZEPA). Le Monument naturel d’Ajuy se trouve à l’intérieur du Parc rural de Betancuria. L’intérêt majeur de cet espace naturel est que les roches les plus anciennes des îles Canaries apparaissent en surface et racontent l’origine et la formation de Fuerteventura, il y a plus de 100 millions années, quand les continents américains et africains ne s’étaient pas encore séparés. Ce sont des fragments de la plaque continentale africaine que l’on peut observer à Ajuy. L’accès au Monument naturel était libre depuis 100 millions d’années mais, en 2013, la société « Parajes naturales de Ajuy » a mis en place illégalement la visite guidée des grottes d’Ajuy et des sentiers d’accès, au prix de 7 euros. Cette exploitation privée d’un Monument naturel a été régularisée en 2014 par le Ministère de l’Environnement (Ministerio de Medio Ambiente). | Sur le site, des panneaux explicatifs trilingues commentent le paysage géologique du Monument naturel d’Ajuí :- 1 (en rouge) - la couche inférieure est le complexe basal (complejo basal) formé de sédiments océaniques, de dépôts et de lave volcaniques, traversés par des dykes intrusifs et des roches plutoniques. Les roches les plus anciennes sont des phtanites, des sédiments de l’ère du Crétacé Jurassique (il y a plus de 100 millions années) qui ont été soulevées du plancher océanique par les éruptions volcaniques qui ont formé l’île de Fuerteventura, et qui constituent les plus anciens matériaux des Îles Canaries. Ce type de roches n’est visible que dans quelques endroits dans le monde.
- 2 (en jaune) - une plage qui s’élevait de plus de 14 mètres au-dessus du niveau actuel de la mer, avec des fossiles d’un âge d’approximativement 5 millions d’années ; elle témoigne de l’abaissement du niveau de la mer depuis le Pliocène.
- 3 (en orange) - une coulée volcanique du Pliocène (de 5 à 2,5 millions d’années), formée de basalte, avec des laves en coussin du volcan de Morro Valdés à Betancuria.
- 4 (en vert) - des alluvions, fragments de roche transportés par le ruissellement des eaux, de l’intérieur des terres vers la plage.
- 5 (en bleu) - des dunes du Pliocène fossilisées : des calcarénites (mélanges de calcaire et de sable) formées par des restes fossiles de coquillages et d’algues, indicateurs de l’existence d’un climat plus chaud.
La couche inférieure est constituée d’un calcaire considéré comme particulièrement pur et a fait l’objet d’une exploitation depuis le XVe siècle, avec l’exportation de pierre calcaire et la fabrication de chaux vive. La chaux était produite à partir d’un banc de calcaire – qui se trouve à environ 15 mètres au-dessus du niveau de la mer – et qui s’étend le long de la côte ouest de Fuerteventura. La pierre calcaire était transportée, depuis les carrières jusqu’aux fours à chaux, à dos d’ânes et de chameaux. | C’est à la fin du XIXe et jusqu’au milieu du XXe siècle siècle que l’industrie de la chaux connut son apogée avec la fabrication de fours industriels pour la production de chaux. Preuve en est la présence d’environ 400 fours distribués dans toute l’île ; on peut voir un ancien four à chaux près du mirador d’Ajuy. À la fin du XIXe siècle de la chaux était expédiée depuis Puerto de la Peña vers les autres îles des Canaries ; la chaux produite était transportée par bateau depuis la plage d’Ajuí jusqu’aux navires ancrés aux embarcadères d’El Cantil (« la corniche ») et de la Grotte Noire (Cueva Negra), puis exportée. Les Hornos de Cal (fours à chaux ou chaufours), la Casa de la Aduana (« la maison de la douane »), la Rampa et le Túnel sont des vestiges de cette industrie. Le tunnel traverse la roche entre le Puerto de la Peña et le Barranco de Ajuy ; son entrée est visible au début du ravin, à l’arrière de la plage d’Ajuy. La pierre calcaire pouvait être chauffée au moyen de deux procédés : - au moyen de fours à chaux domestiques ou chaufours : fours à production intermittente, qui utilisaient comme combustible des ajoncs, des tamaris et des broussailles. Ces fours restaient allumés deux jours et deux nuits pour transformer la pierre calcaire en chaux ;
- au moyen de fours à chaux industriels : fours à production continue, avec l’utilisation de charbon comme combustible.
La chaux était utilisée pour badigeonner les murs, pour confectionner des mortiers et des bétons, mélangée avec du sable des ravins, pour faire des crépis extérieurs de maisons et pour la construction de citernes, de réservoirs, de murs, des égouts, etc. Une roche volcanique, la syénite, était aussi exportée pour être utilisée à la fabrication de pavés ; on peut encore en voir un exemple dans la rue Calle de Vegueta à Las Palmas de Grande Canarie. |
| |
|
| Traditions | Fête de la Saint-Jean (Fiestas de San Juan), autour du 24 juin : célébration pendant plusieurs jours en l’honneur de saint Jean Baptiste. Procession de bateaux, jeux, musique, folklore et concours de pêche pour les enfants et les adultes. Dans la nuit du solstice d’été les feux embrasent la plage et des feux d’artifice sont tirés depuis la mer. |
|
|
| | Restaurant | Ajuy offre quelques restaurants de poissons, dont deux donnent sur la plage de sable noir : La Jaula de Oro et le Cuevas de Ajuí. Le bar-restaurant familial Jaula de Oro (« la geôle d’or ») dispose d’une terrasse abritée donnant sur la mer et d’un bar faiblement éclairé. Il propose un large choix de poissons frais et de fruits de mer pendant la saison de pêche, des portions généreuses, des prix modérés et un service sympathique et efficace. Adresse : Calle Gallegada / Avenida de los Barqueros Horaire : ouvert tous les jours, de 9 h 45 à 18 h. Plats principaux de 8 à 12 €. Téléphone : 00 34 928 161 594 Le restaurant Cuevas de Ajuy dispose d’une terrasse ombragée donnant sur la plage. C’est un restaurant appréciés des majoreros. Adresse : Calle Gallegada Horaire : tous les jours, de 9 h à 18 h. Plats principaux à partir de 6 €. Téléphone : 00 34 928 161 720 Le restaurant Puerto de la Peña, ou Casa Pepín, propose des spécialités de poissons, des plats typiques de l’île tels que le rôti de chevreau et de riches desserts. Adresse : Calle Del Puerto Azul, 4 Téléphone : 00 34 928 161 468 |
|
|
| |
|