Le Hibou moyen-duc est un rapace de taille moyenne (de la taille d’une buse, inférieure à celle d’une corneille noire, mais l’envergure est à peu près la même).
Le Hibou moyen-duc est le plus commun de la famille des hiboux, reconnaissable à ses deux grandes aigrettes de plumes (qui n’ont rien à voir avec des oreilles).
Seul hibou de taille moyenne avec de grandes aigrettes.
Morphologie
Sexes semblables.
Les femelles sont légèrement plus grandes et lourdes que les mâles et aussi généralement plus sombres de plumage.
L’allure est assez allongée.
La tête est assez grosse et ronde, les yeux rapprochés et situés sur la face avant et non sur les côtés.
Le moyen-duc est caractérisé par ses grandes aigrettes, invisibles au repos, qui se lèvent comme deux doigts sur le front.
Aigrettes longues de 3 à 4 cm, brun noir bordées de roux pâle et de blanc.
Ces aigrettes souvent appelées à tort « oreilles » sont en fait des touffes de plumes dont l’utilité n’est pas encore vraiment connue. Elles jouent probablement un rôle dans la communication, l’oiseau les dressant ou non selon son humeur et aussi améliorent le camouflage. Les vraies oreilles, sont cachées dans les plumes de chaque côté de la tête.
Disques faciaux complets, blanc roussâtre cernés de noir, traversés d’une bande sombre irrégulière entourant l’œil. Une sorte de X blanc sépare les disques faciaux blanc-jaunâtre.
Sourcils blancs descendant jusqu’au bec.
Gros yeux jaune-orangé au centre de la face circulaire brun jaune cerclée de noir.
Le visage bien dessiné varie d’expression selon qu’il s’ouvre en cercle aux heures d’activité ou qu’il se ferme et se rétrécit pendant le repos.
En vol, les ailes sont longues, assez larges et arrondies.
La queue est longue et carré.
Il est de taille moyenne (35/37 cm) pour une envergure de 84/95 cm et un poids de 210 à 330 grammes.
Plumage
Le plumage du Hibou moyen-duc est couleur d’écorce, lui conférant un camouflage très efficace la journée lorsqu’il se tient posé sur une branche généralement près du tronc de l’arbre.
Mue complète de septembre à décembre.
Jeunes : très duveteux, brun gris pâle barré de brun ; disques faciaux en partie noirâtres. Mue partielle entre mai et juillet (novembre).
Bec
Bec gris noirâtre et petit, mais épais et crochu ; il est en partie masqué par les plumes de la face.
Longueur : de 25 à 28 mm.
Patte
Ongles noirs.
Tarse : de 35 à 40 mm.
Longueur
Mâle : 34 cm.
Femelle : 37 cm.
Queue : de 132 à 153 mm.
Envergure
Mâle : 96 cm (aile : de 276 à 309 mm)
Femelle : 100 cm (aile : de 275 à 320 mm)
Hauteur
Poids
Mâle : de 210 à 270 g.
Femelle : de 240 à 330 g.
Extrêmes : de 160 à 378 g.
Coloris
Plumage brun très mimétique. Le plumage, où se mêlent le gris, le brun et le roux doré, est une marqueterie somptueuse dans le détail et un camouflage parfait dans l’ensemble.
Le plus souvent le dessus est roux jaunâtre à gris brun, rayé, barré, marbré et vermiculé de brun, avec des taches blanches aux scapulaires.
La poitrine rayée contraste avec le blanc du dessous des ailes lorsque l’oiseau est en vol.
Le dessous est jaune roussâtre à blanchâtre, rayé, barré et pointillé de brun noir.
Bas-ventre, sous-caudales, tarses et doigts jaune crème.
Rémiges primaires roux jaunâtre barrées de brun, vermiculées de brun sur gris au bout.
Second aires plus grises à barres plus étroites.
Rectrices roux jaunâtre barrées de brun et pointillées de gris.
Forte variation individuelle de teintes et dessins.
Le mâle serait plus pâle que la femelle.
Les jeunes : duvet blanc.
Capacités physiologiques
Le hibou moyen duc est doté d’une ouïe extrêmement fine et d’une excellente vue. Ses sens lui permettent de repérer, dans la quasi-obscurité, une souris à 600 m de distance.
Remarques
Le hibou moyen-duc a été décrit pour la première fois en 1758 par le naturaliste suédois Carolus Linné (1707-1778) qui développa la nomenclature binomiale pour classer et organiser les plantes et les animaux.
Espèces semblables
Les longues aigrettes qui se lèvent comme deux doigts sur le front sont caractéristiques du Hibou moyen-duc, de même que la couleur orangée des yeux. Elles le distinguent bien du Hibou des marais, mieux encore de la Chouette hulotte.
Le hibou moyen-duc est un peu plus petit que la chouette hulotte, mais avec un corps allongé beaucoup plus svelte que celui de la hulotte. Ses yeux jaune-orangé le distingue de la chouette hulotte, qui a des yeux sombres et une tête large.
En vol, ses longues ailes le distinguent aussi d’une hulotte.
Quand le hibou moyen-duc vole, ses aigrettes rabattues sont peu visibles et on pourrait le confondre avec le hibou des marais. Ses battements mécaniques et raides rappellent aussi le Hibou des marais.
Cependant, on peut distinguer le Hibou Moyen-Duc du Hibou des marais lorsqu’il est en vol à condition que ce dernier ne soit pas trop éloigné de l’observateur car les critères d’identification sont quelque peu subtils à observer.
Le moyen-duc a une silhouette légèrement plus trapue, des ailes plus larges et arrondies et moins longues, avec une tache sombre moins accentuée au poignet ; sa queue est plus courte, et sa coloration est plus uniforme sur son dos et sur les parties supérieures de ses ailes, ce qui fait bien ressortir les taches chamois aux poignets.
Le dessous du corps brun chamoisé est uniformément rayé de brun foncé, le ventre plus sombre, les ailes plus courtes sont plus claires aux extrémités.
Lorsque les conditions d’éclairage sont suffisantes, on le distingue bien de son cousin qui est légèrement plus grand, sensiblement plus élancé et de coloration quelque peu plus variée sur ses parties supérieures.
Posé, le hibou moyen-duc se distingue du hibou des marais par ses yeux orange et deux aigrettes bien développées, fièrement dressées sur la tête comme des oreilles et prolongées sur la face par des raies noires.
Comme chez la plupart des rapaces nocturnes, les proies sont avalées généralement entières (pour les petites bien sûr). Une fois digérées, les parties non consommées (os, poils …) sont recrachées sous la forme d’une pelote dite « de réjection ». Il régurgite des pelotes de réjection, composées de substances non digérées, comme les plumes, poils et os, et cetera. On les retrouve aux pieds des arbres où ils nichent. Ces pelotes sont de petites boules de poils contenant des os et qu’il est ensuite possible d’analyser pour identifier les proies consommées.
Le hibou moyen-duc est en général silencieux en dehors de la saison de reproduction.
Le mâle délimite son territoire par un hululement régulier et parade en se livrant à des vols acrobatiques, accompagnés de claquements d’ailes sonores.
Chant
En période de reproduction (de février à mai), le mâle lance un hululement bas dans la nuit, un « hoûu » monosyllabique répété 10 à 200 fois toutes les 2 à 8 secondes, en séries pouvant durer 10 à 15 minutes.
Sonorité d’une bouteille dans laquelle on souffle.
Ce son doux et grave, un peu nasal, porte a quelques centaines de mètres, voire à 1 km si nul obstacle ne l’arrête, mais il reste toujours assez discret et d’une sonorité sourde. L’oiseau se trouve souvent plus près qu’on ne croit.
Également des bruits presque sifflants.
Appel de parade du mâle
Lors de sa parade, le mâle ajoute à ses hululements une sorte d’aboiement ou de jappement.
La femelle lui répond de sa voix plaintive avec la même fréquence et forme souvent un duo ; sa réponse est un « kiii-i » faible un peu nasillard et mécanique.
Appel de la femelle
La femelle a aussi sa chanson à silences et accompagne plutôt qu’elle ne répond, d’une voix plus haute, impure et un peu plaintive: « uuèh… èèh… vi-i… kvyio… »
Cri d’alarme du mâle
L’alarme comprend un « kvik kvik » et des claquements de bec.
Cri d’alarme de la femelle
La femelle au nid émet un « iiéééé » plaintif et lancinant.
Chant
Ce sont les jeunes les plus bruyants (entendus jusqu’en juillet). Dès la tombée de la nuit, ils réclament leur pitance d’un « pié pié … » grinçant et plaintif qui permet de repérer la nichée. Ces appels lancinants continuels permettent aux ornithologues de recenser les couples nicheurs.
Jeunes hors du nid facilement repérés par d’incessants appels plaintifs, « piii ».
Les transcriptions varient beaucoup aussi quant aux autres émissions vocales : jappements irrités « ou-a-ou… huèk-huèèh… vègvègvèg… », cris d’alarme stridents « chvèit… kievitt… » rappelant ceux de la Hulotte, « pssii… » prolongés de la femelle, chuintement « chvaou » du mâle apportant une proie, caquètements, etc.
Assez lourd, d’un vol lent et indécis, mais très souple, il passe et repasse au-dessus des taillis et des clairières, louvoie à faible hauteur dans l’étendue des prés et des champs.
Silencieux, les yeux fixés au sol, il rôde avec des battements d’ailes calmes, réguliers et profonds, puis plane, coupe ses évolutions de crochets, de volte-face et de plongées.
Il est capable d’acrobaties pour impressionner sa compagne.
A moins de connaître son refuge ou de le rencontrer par hasard, on ne voit que rarement le Moyen-duc. Cela tient non seulement à ses mœurs nocturnes, mais aussi à son extrême discrétion qui le rend difficile à observer.
Pendant son repos diurne, il somnole volontiers en un lieu abrité, de préférence dans les branches touffues des sapins, pins sylvestres, etc. où il retrouve une certaine pénombre, appuyé immobile le long d’un tronc à quelques mètres de hauteur ou posé parmi des branchages serrés.
Il se cache dans un couvert, immobile, presque vertical, les yeux mi-clos et la face renfrognée et « imite » un segment de branche.
Si un danger le menace, il prend une posture caractéristique : il se raidit, resserre ses ailes le long de son corps et dresse ses aigrettes tout en refermant son masque facial, son plumage se colle au corps et il devient d’une sveltesse et d’une raideur surprenantes, s’identifiant plus à un bâton inerte qu’à un oiseau vivant. Ceci lui donne l’aspect d’une branche morte et il est alors très difficile à repérer.
Il ne s’envolera de son poste qu’au dernier moment s’il y est forcé, si l’observateur s’approche un peu trop près. Cet oiseau discret peut toutefois gonfler son plumage pour impressionner un éventuel prédateur.
Comme cet oiseau tranquille s’en tient à quelques arbres où il revient régulièrement durant de longues périodes, pour digérer et rejeter ses pelotes, l’accumulation de celles-ci (presque toujours sous des sapins ou des pins) est un indice de présence indubitable. Il n’est pas rare d’en trouver 50 à 100 sous le même arbre, chacune contenant les restes de 1 à 4 proies en général.
Si le Hibou Moyen-duc adulte est un oiseau discret et difficile à observer. Il en va autrement en ce qui concerne sa progéniture, lorsque les juvéniles ont quitté le nid et ont commencé à s’approcher de la lisière de la forêt pour quémander de la nourriture à leurs parents qui chassent au-dessus des vastes champs avoisinants.
Chasse
De mœurs nocturnes, à la nuit tombante seulement, rarement plus tôt mais cela arrive, le Hibou moyen-duc s’anime et part en chasse dans les champs ou en lisière de bois.
Bien avant l’aube en général, il a regagné sa retraite.
Il chasse parfois aussi à l’aube et au crépuscule, si la nuit précédente n’a pas été bonne ou si il y a de nombreux jeunes à nourrir.
La chasse est pratiquée dans une large mesure sur les espaces découverts des prairies et des cultures, localement dans les marais, à la montagne dans les landes et jusque dans les alpages au-delà de la limite des forêts. L’oiseau parcourt aussi les boisements ou le sol est dégagé, les futaies claires, les coupes et les jeunes les clairières, les bords des routes et des chemins.
Il peut facilement être confondu avec un Hibou des marais lorsqu’il chasse avant le coucher du soleil.
Il repère aussi ses proies d’un affût.
Sociabilité
En hiver, le hibou moyen-duc constitue des dortoirs allant jusqu’à plusieurs dizaines d’individus. Le reste du temps, c’est un oiseau solitaire.
C’est en hiver que la sociabilité se manifeste le plus, du moins pendant la journée. Çà et là, dans les conifères aux lisières des bois et des boqueteaux, à portée des champs, des groupes de hiboux se cantonnent comptant jusqu’à 20 individus, parfois plus de 60. Dispersés par les excursions nocturnes, réunis sur une petite surface et presque côte à côte pour le repos, ils séjournent là tant que la nourriture abonde et qu’on ne les dérange pas.
On les rencontre aussi dans les broussailles des bas-fonds abrités du vent, parfois dans les arbres touffus des jardins et des parcs.
La reproduction du Moyen-duc dépend de l’abondance de ses proies et de leur fluctuation, donc en relation directe avec les variations des populations de petits rongeurs.
Territorialité
Première nidification
Période de nidification
Vers la fin mars ou en avril, il recherche les nids abandonnés de corbeaux, corneilles, rapaces, geais ou écureuils, pour s’y installer.
Parade nuptiale
En période de reproduction (de février à mai), le mâle fait entendre un « hou » caractéristique mais peu sonore, émis à plusieurs secondes d’intervalle. La femelle lui répond de sa voix plaintive avec la même fréquence.
Entre les séries de chants, les oiseaux survolent les bois avec des battements d’ailes amples et mesurés, puis ils louvoient entre les arbres et l’on entend souvent des claquements sonores et isolés. Quand la femelle a choisi un nid, elle y stationne longuement et son compagnon exécute volontiers un vol nuptial circulaire autour de ce point.
Dès que la couvaison a commencé, les manifestations cessent.
Site de nidification
Les hiboux moyens-ducs occupent de préférence un vieux nid de pie ou de corneille entre 3 et 10 m de hauteur, si possible dans un conifère en lisière de forêt, mais aussi construit contre un tronc ou juché sur un baliveau, parfois le vieux nid d’une pie dans un buisson épineux au milieu d’un champ.
Il est plus rare qu’ils s’installent jusqu’à 30 m du sol ou aussi bas que 2 m, qu’ils adoptent une aire de rapace ou un nid d’écureuil, voire une plate-forme de terreau sur un chêne ou un saule têtard ; on a signalé exceptionnellement des couvées à terre dans les dunes et les landes, ou même dans de larges cavités des arbres.
Très rarement à terre.
Ajoutons à cela le complément essentiel des arbres favorables au repos diurne, en rappelant la prédilection constante pour les conifères, et nous aurons le biotope du Hibou moyen-duc. Il évite l’intérieur des grandes forêts compactes, il ignore. les vieilles bâtisses et les ruines et niche plutôt à l’écart des habitations mais fréquente tous les lieux semi-boisés qui lui assurent la nourriture et le couvert, même s’ils sont composés de feuillus seulement. Les couples s’installent donc aussi bien dans les boqueteaux de faible étendue et dans les grosses haies que dans les lisières des bois, parfois même dans des vergers et sur des arbres assez isolés.
À la montagne, ils peuvent se reproduire jusqu’aux limites de la végétation forestière, probablement vers 2 000 m d’altitude, mais le fait n’est pas fréquent. Dans les régions de plaines et de collines, l’abondance de l’espèce varie d’année en année en proportion des ressources et ne dépasse guère 1 couple au km² dans les meilleures conditions. Cependant, les possibilités de nidification concentrent parfois les nicheurs sur de petites surfaces.
Nid
Le hibou moyen-duc ne construit pas de nid. Il utilise de vieux nids de corvidés, de rapaces diurnes, de pigeons ramiers voire d’écureuil, parfois dans la cavité dans un arbre, sans ajout d’aucun matériau.
Nichoir
Nombre de couvées
Ponte
Début de ponte parfois à fin février en général dans la dernière décade de mars et en avril, plus rarement en mai.
Normalement 4 ou 5 œufs, moins souvent 6 ou 7 (parfois 8-9 œufs ou seulement 2), pondus à deux jours d’intervalle.
Les couvées sont plus fortes les années à rongeurs, et une seconde nidification serait alors possible mais n’est pas suffisamment prouvée ; la reproduction est faible ou nulle en cas de disette.
Œufs
Œufs blancs, arrondis et un peu luisants.
Dimensions moyennes : 41 par 33 mm (extrêmes 36 à 44,7 par 29,7 à 34,4 mm).
Poids frais : de 20 à 25 g.
Incubation
Incubation par la femelle seule durant 26 à 28 jours, dès le 4e, 5e ou dernier.
Comme chez les autres nocturnes la femelle pond sans aucune préparation et se met immédiatement à couver, tandis que le mâle se poste à proximité et la ravitaille pendant la nuit. Elle ne quitte le nid que 5 à 10 minutes chaque soir, afin de procéder à sa toilette.
Éclosion
Quatre semaines après le premier œuf, les éclosions commencent et le mâle devient plus actif.
Nourrissage
Le mâle apporte de la nourriture à la femelle et, après l’éclosion, il nourrit toute la famille en remettant sa proie à la femelle qui se charge de la distribuer aux petits.
Auparavant, le mâle ne partait en chasse qu’une demi-heure après le coucher du soleil, maintenant il doit se mettre en quête plus tôt ; au milieu de la nuit, quelques heures de pause précédent la phase de chasse matinale, qui cesse 15 à 30 minutes avant le lever du soleil.
La femelle ne prend guère de part à la recherche de la nourriture qu’après les deux premières semaines d’élevage.
Au crépuscule, il est facile de découvrir la famille : les jeunes égrènent alors un grincement plaintif, à intervalles réguliers : pîîye … psîhe … Par ces cris monotones, incessants, ils signalent leur position à leurs parents - mais aussi aux oiseaux de proie et aux carnassiers.
Envol
Les jeunes, nidicoles, nourris par les deux parents, quittent le nid dès l’âge de 24 jours, mais ne pourront voler que quelques jours plus tard en mai ou juin.
Les jeunes quittent l’aire avant de savoir voler. Quand ils ont trois semaines, les petits hiboux ne tiennent plus au nid. Surveillés par leur mère, qui ne paraît influencer en rien leurs déplacements ils se hasardent sur les branches d’alentour, cherchent avec prudence un perchoir et se lancent même en des chutes téméraires, quitte à se hisser le long des jeunes arbres et des ramures à l’aide des serres, du bec et en battant des ailes encore courtes.
Sans s’écarter beaucoup les uns des autres, ils demeurent alors dans un demi-couvert, plantés comme d’étranges bougies de duvet gris brun, ouvrant leurs yeux oranges dans leur masque sombre et dressant déjà sur le front les ébauches de leurs aigrettes.
Les adultes ne sont pas loin, tantôt discrets, tantôt manifestant leur inquiétude à l’égard d’un intrus par des claquements de bec, des jappements et des attitudes menaçantes : ils gonflent leur plumage et font le gros dos en se penchant en avant, les pattes écartées.
Les premiers vols commencent à l’âge de 4 semaines environ et leur permettent de se brancher plus haut pendant la journée.
Sevrage
Les jeunes restent au nid de 21 à 34 jours puis dans les environs proches d’où ils appellent les adultes pour se faire nourrir jusqu’à l’âge de deux mois.
Émancipation
Les jeunes quittent les parents après encore trois semaines et demi-environ.
C’est en juillet ou en août, quand ils ont deux mois et demi ou trois mois, que les litanies nocturnes s’arrêtent : les nourrissages ont cessé et les Moyen-ducs quittent les lieux. La vie nocturne de ces oiseaux nous prive ensuite d’observations cohérentes sur leurs déplacements.
Plumage juvénile
Les poussins naissent couverts d’un duvet blanc.
Période de mue
Prédateurs
Maladies
Survie des adultes
Longévité
Ce sont des oiseaux résistants : on cite un individu ayant atteint dans la nature l’âge d’au moins 14 ans.
Le régime alimentaire du hibou moyen-duc est d’une grande monotonie, car il consomme presque uniquement des rongeurs.
Grand consommateur de petits rongeurs (souris grises, rats, mulots, campagnols, musaraignes) et en particulier les Campagnols des champs (Microtus arvalis), qui peuvent représenter jusqu’à 9 % de son régime alimentaire, le Hibou moyen duc ne dédaigne pas à l’occasion quelques oiseaux (moineaux, pinsons, parfois merles, geais) grenouilles et insectes (coléoptères), surtout quand les rongeurs commencent à manquer comme en milieu urbain. Les pelotes de réjection se trouvent en grand nombre au sol sur le site de nidification et sont un « indice de présence » certain.
Il peut aussi se rabattre sur les chauves-souris lorsque l’occasion se présente.
Pendant le nourrissage des petits, il se nourrit de quantité d’insectes, comme par exemple les hannetons.
C’est en hiver surtout et quand la neige couvre le sol, que le Moyen-duc est amené à modifier son activité : il recherche les dortoirs des passereaux sociables, même tout près des maisons, et prend en particulier beaucoup de moineaux. Les insectes l’intéressent peu, sauf quand il peut exploiter des pullulations comme celles des hannetons. Parmi les proies d’occasion, assez variées, on a cité des mollusques au bord de la mer et des victimes d’une taille exceptionnelle comme de jeunes lapins ou la Chouette de Tengmalm. Ce prédateur sait donc s’adapter aux ressources du lieu et du moment pour pallier les dangers auxquels une spécialisation trop absolue l’exposerait. Mais il reste toujours assez dépendant des rongeurs et de leurs fluctuations numériques comme le prouvent ses déplacements et divers aspects de sa biologie. On admet qu’il mange jusqu’à 4 de ces animaux par nuit ; toutefois l’alimentation doit être assez irrégulière par mauvais temps et quand les proies favorites disparaissent. En tout cas l’influence régulatrice d’un couple, d’une famille ou d’un groupe de Moyens-ducs est indéniable : ce sont d’excellents auxiliaires de l’agriculture.
Pelotes de réjection
Comme cet oiseau tranquille s’en tient à quelques arbres où il revient régulièrement durant de longues périodes, pour digérer et rejeter ses pelotes, l’accumulation de celles-ci (presque toujours sous des sapins ou des pins) est un indice de présence indubitable.
Les pelotes de hibou moyen-duc se rencontrent souvent en grand nombre sous le nid et surtout dans les dortoirs où plusieurs oiseaux se rassemblent de jour durant plusieurs semaines en hiver, par exemple en lisière de massifs de conifères ou dans les hautes haies. Les pelotes, devenant vite mates et d’un gris plus clair, lorsqu’elles sèchent, que celles de chouette hulotte, mesurent 19-25(-30) mm de largeur sur 30-60(-66) mm de long ; elles sont généralement d’un diamètre à peine plus étroit que les pelotes de chouette hulotte. Elles ont une forme très cylindrique, sont souvent arrondies aux deux extrémités et montrent moins d’os superficiellement que celles de chouette hulotte. Contrairement aux pelotes de chouettes hulotte et effraie, celles de hibou moyen-duc ne contiennent quasiment jamais d’os de musaraignes, proies que le hibou moyen-duc semble répugner. Par contre, les os de campagnols des champs et agreste, les proies de prédilection du hibou moyen-duc, sont majoritaires dans ses pelotes.
Ces boulettes de réjection ressemblent beaucoup à celles de la Hulotte, quoique d’un gris plus pâle et de forme cylindrique plus régulière (environ 3-6 par 2-2,5 cm). Il n’est pas rare d’en trouver 50 à 100 sous le même arbre, chacune contenant les restes de 1 à 4 proies en général. Leur analyse est d’une grande monotonie car le hibou se nourrit avec prédilection de campagnols des champs ou d’autres petits rongeurs. Parmi les 57 522 proies figurant sur la liste d’Uttendoerfer pour l’Europe centrale, il y a en effet 52 239 rongeurs, dont 43 847 campagnols des champs, à côté de 22 lapereaux, 241 musaraignes, 39 taupes, 14 chauves-souris, 8 belettes. Les 4673 Oiseaux sont surtout des moineaux (2742 domestiques et 203 friquets), des verdiers (548), des merles noirs (173), des pinsons (160), des alouettes des champs (95), des bruants jaunes (56) et des étourneaux (46) ; on y relève enfin 1 orvet, 10 grenouilles, 1 poisson et 176 insectes
Pelotes de réjection de hiboux moyens-ducs au pied d’un arbre où gîtent les oiseaux le jour, en hiver.
Zones de conifères semi-boisées, petits bosquets au milieu des champs, bouquets d’arbres, boisements clairs, forêts aérées, grosses haies denses, grands parcs et vergers.
Il fréquente les forêts et boqueteaux mixtes ou de conifères à proximité de terrains dégagés.
Son habitat est constitué de sites semi-arborés où il dispose à la fois d’espaces dégagés pour chasser (cultures, prairies, jachères) et en même temps de bosquets, principalement de conifères, où il peut s’abriter et trouver de vieux nids d’oiseaux (corneille, pie, geai) ou d’écureuils pour y déposer ses œufs.
En fait, il utilise les bosquets denses de conifères que pour y nicher et y dormir le jour. Autrement, il chasse au-dessus des vastes plaines.
Il affectionne les parcs de grosses demeures et de châteaux.
Gîte
Altitudes
Le Moyen-Duc habite les milieux bocagers et les ripisylves en plaine. Il chasse dans le vignoble et les prairies et pâturages entrecoupées de bosquets. Il se reproduit également dans les forêts de moyenne et haute altitude où il chasse en lisière et dans les clairières.
Le Hibou moyen-duc a une répartition dite « holarctique » c’est à dire qu’il habite les régions tempérées de l’hémisphère Nord tout autour du globe et ponctuellement en Afrique.
Eurasie d’Europe de l’ouest, les Açores et l’Afrique du Nord jusqu’en Chine et au Japon aussi loin au sud que l’Égypte, le Pakistan, le nord de l’Inde et le sud de la Chine. Également en Amérique du Nord du Canada au nord du Mexique.
L’espèce Asio o. otus [Linné] se reproduit en Afrique du Nord-ouest, aux Açores et dans presque toute l’Europe, y compris les îles Britanniques, jusque vers 66° N en Suède, en Sicile et dans le nord de la Grèce au sud ; en Asie elle occupe la moitié septentrionale, de 50° N jusqu’en Palestine, en Iran, en Himalaya, dans le nord de la Chine et au Japon. D’autres sous-espèces habitent les Canaries et l’Amérique du Nord.
En Amérique les moyens-ducs ont les yeux jaunes à la différence des européens qui ont les yeux oranges.
Le Hibou moyen-duc habite toute l’Europe à l’exception du Grand Nord.
Ce Hibou est encore relativement commun en France, en Belgique, en Suisse, et cetera ; il ne niche pas, mais a été signalé, en Islande, aux Baléares, en Corse, en Sardaigne ; la nidification est probable, quoique non prouvée au Portugal.
En France, il est répandu sur l’ensemble du territoire en densité plus ou moins importante. Il est également présent en Corse mais les effectifs faibles seraient liés à l’absence de campagnols nullement compensée par les autres micromammifères peu abondants sur l’île.
Le Hibou moyen-duc est un migrateur partiel ; niche dans toute l’Europe de l’Ouest sauf dans le Sud-Ouest de la France et le Nord de l’Italie.
Il est sédentaire mais certains sujets, surtout dans les régions du Nord de l’Europe, émigrent en hiver par troupes entières en direction du sud-ouest pour rejoindre des cieux plus cléments comme les nôtres ; ils occupent alors des territoires abondant de rongeurs. Les rassemblements hivernaux peuvent compter jusqu’à une dizaine d’individus.
En septembre-novembre les populations les plus septentrionales se déplacent vers le Sud, elles remontent vers le nord en mars-avril.
En France, le moyen-duc est considéré comme sédentaire. Ils se regroupent en dortoir pour passer l’hiver mais les adultes s’éloignent peu de leur territoire de reproduction. Les jeunes font un peu de nomadisme afin de s’établir sur leur propre territoire.
Parce qu’on les rencontre toute l’année dans les bois des plaines, on les croit sédentaires et cela est probablement vrai pour une bonne partie au moins dans les régions méridionales ; il en reste même tout l’hiver dans le sud de la Scandinavie. Mais on a des preuves d’un erratisme et de migrations assez considérables. Celles-ci commencent en septembre et durent jusqu’en novembre, pour reprendre de février à avril.
Les hiboux bagués en Finlande s’éparpillent de la Norvège à la France, à la Pologne et à la Russie moyenne, ceux de Suède vont jusqu’en Espagne. En Belgique hivernent des oiseaux du Danemark, d’Allemagne et de Hollande. Des Moyens-ducs nés en Suisse sont allés en Italie jusque vers Naples et en Sardaigne, dans le Midi de la France et dans l’est de l’Espagne ; deux ont été repris en Russie à 2 315 et 2 350 km de distance (janvier et avril), ce qui rappelle certaines performances du Hibou des marais …
Aussi ne peut-on affirmer que les groupements signalés de novembre à fin mars, souvent assez inconstants, soient formes entièrement par les populations locales. En revanche, il est certain que les ressources en rongeurs influencent très fortement la dispersion et la vie hivernale des Hiboux moyens-ducs, beaucoup plus que le froid et la neige.