Athene = d’après Athéna, déesse de la sagesse, de la guerre et des arts dont l’oiseau favori était la chouette (suite à sa fonction première de déesse de la nuit),
noctua = une chouette consacrée à la déesse Minerve.
Étymologie française
Les noms de la chevêche sont parfois révélateurs des caractéristiques de l’espèce : oiseau de Minerve (la mythologie), chouette des pierres, chouette des pommiers, chouette des murs (les habitats), petite chouette (la taille), chouette des moineaux, chouette des alouettes (l’alimentation), oiseau de la mort (la superstition), la chouette aux yeux d’or (l’apparence), oiseau de nuit, lutin ou Wichtel en allemand (le mode de vie) et enfin Kliwitt pour les allemands (les cris).
Ses yeux, de couleur jaune, la font parfois nommer la Chouette aux yeux d’or.
La chevêche est la plus petite dans la famille des hiboux. À peine aussi longue qu’une grive, elle mesure la moitié de la taille de la hulotte. Sa petite taille, son plumage tacheté et ses yeux dorés brillants lui donnent l’apparence d’un petit hibou et permettent une identification assez facile.
1 - Tête : Grosse ; grands yeux jaunes et noir ; pas d’aigrettes.
2 - Corps : Trapu et robuste.
3 - Plumage : Diverses nuances de brun-gris barré et taché de blanc. Queue courte. Mâle et femelle semblables.
4 - Œufs : Blancs et arrondis. D’ordinaire 3 par ponte.
5 - Jeune : Porte un premier duvet blanc puis un second gris. Reste dans la cavité de nidification durant 5 semaines, jusqu’à la pousse des plumes.
6 - Vol : Bat des ailes, puis les tient tour à tour, ce qui produit une trajectoire ondulée très différente de celle des autres rapaces nocturnes.
Morphologie
Un des plus petits rapaces d’Europe. C’est la plus petite dans la famille des hiboux, elle mérite bien le surnom de « petite chouette ». À peine aussi longue qu’une grive, elle mesure la moitié de la taille de la hulotte. Sa petite taille, son plumage tacheté et ses yeux dorés brillants lui donnent l’apparence d’un petit hibou et permettent une identification assez facile.
La chevêche est d’aspect ramassé et trapu.
Sa large tête plate et son front bas, dont les sourcils froncent sur les yeux jaune pâle, contribuent à lui donner une expression sévère, irritée, renfrognée. Elle possède à l’arrière de la tête un faux disque facial (deux marques blanches en forme de V) qui sert peut-être à tromper d’éventuels prédateurs.
La face est pâle, avec un masque typique, des sourcils blancs, des disques faciaux blanchâtres marqués de brun sous les yeux, et des yeux fixes à iris jaune citron, doré, lui conférant un aspect revêche.
Elle a la gorge claire.
Le dessus est brun roussâtre, avec des taches blanc crème très vives sur le dos, de fines stries blanches sur la calotte et des taches arrondies sur le dos et les scapulaires, le menton et la gorge blanche, la poitrine et les flancs blanc jaunâtre fortement rayés et barrés de brun.
Le ventre et les tarses sont blancs, les ailes rondes et la queue courte.
Elle est bien campée sur des jambes robustes ; les pattes sont longues et recouvertes de plumes. Les oiseaux de proie nocturnes ont en effet développé des particularités de plumage pour se déplacer le plus silencieusement possible. Les pattes sont emplumées jusqu’aux serres ce qui réduit le bruit lors de l’attaque pattes tendues.
Les sexes sont identiques. La femelle est un peu plus grande que le mâle.
Plumage
Le dessus de son corps est brun roussâtre barré et tacheté de taches blanches blanc crème très vives, de fines stries blanches sur la calotte et des taches arrondies sur le dos et les scapulaires.
Le dessous est blanchâtre, largement rayé de larges raies brun foncé.
Les tâches blanches forment une ligne blanche en V à l’arrière de la tête ressemblant à un disque facial.
Menton et gorge blancs, poitrine et flancs blanc jaunâtre fortement rayés et barrés de brun, ventre et tarses blancs.
Rémiges brunes tachetées et barrées de blanc.
Rectrices brunes barrées de roussâtre.
Il n’existe pas de phase comme chez l’effraie ou la hulotte.
Bec
Bec jaune verdâtre.
Patte
Griffes brunes.
Longueur
De 20 à 22 cm.
Envergure
De 55 à 61 cm.
Hauteur
Adulte : de 21 à 27 cm.
Poids
Mâle : de 150 à 200 g.
Femelle : de 170 à 250 g.
Coloris
Capacités physiologiques
Les chevêches peuvent tourner leur tête de 180°.
Remarques
Espèces semblables
Autres espèces du genre Athene :
Chevêche des terriers (Athene cunicularia)
Chevêche brame ou Chouette brahmane (Athene brama)
Chevêche forestière ou Chouette des forêts (Athene blewitti)
Les manifestations vocales de la chevêche sont très variées. Elle chante et appelle souvent de son perchoir, émettant une grande variété de sons ressemblant à des jappements ainsi que des sons plus stridents.
Les chevêches se manifestent tout au long de l’année.
Quand l’oiseau chante, sa gorge claire apparaît plus nettement.
Cri
Son cri typique est un « kiouit » sonore rappellent un miaulement ou un jappement.
Cri
Le cri le plus typique est un « kiéou », ou « koui-you » sonore, que certains auteurs comparent à un miaulement et qui peut être émis par le mâle ou la femelle, parfois en duo.
Appel
L’appel habituel est un miaulement sonore, perçant, clair : « houî-iou ».
Chant
Chant plaintif répété régulièrement.
Chant
Chant de l’adulte.
Chant
Chant du mâle.
C’est surtout à la saison des amours, en mars-avril, que l’on peut entendre le chant du mâle.
Le chant du mâle est un « gouou-ik » doux et flûté, interrogatif qui se répète, en moyenne, une douzaine de fois par minute, brusquement aigu à la fin.
Chant
Chant territorial du mâle.
Son cri vif et nerveux indique à ses congénères son territoire.
Chant de la femelle
La femelle a un chant similaire, mais plus aigu et nasillard.
Cri d’alarme
Le cri d’alarme est un « kifkifkif » que l’on entend près du nid en cas de dérangement.
Le vol de la chevêche est caractéristique : il est très ondulé et se limite principalement à des trajets courts d’un perchoir à l’autre en rasant le sol.
Son vol ondulé rappelle celui du pic vert.
Le vol découvre la tête large, le corps trapu et les ailes arrondies.
La chevêche est la plus diurne des chouettes, malgré son nom latin (Athene noctua). Les chevêches sont surtout actives de nuit, mais il leur arrive aussi de chasser à la tombée du jour et à l’aube (rythme nyctéméral). C’est le seul rapace nocturne à se montrer le jour.
La chevêche se tient généralement au repos pendant la journée, mais il n’est pas rare de l’apercevoir, à certaines périodes de l’année, en plein soleil, perchée sur un poteau, un piquet, un arbre fruitier, une cheminée ou un poteau téléphonique, très attentive et faisant des « révérences », tournant et agitant la tête de hauteur en bas.
On peut reconnaître sa silhouette en boule qui se détache sur une branche basse ou sur la crête d’un mur, bien en évidence.
Elle est souvent houspillée pendant la journée par les pies et les corneilles comme bien d’autres rapaces.
À la nuit tombante, elle s’envole pour aller chasser.
Elle épie ses victimes du haut un poteau de clôture ou d’une branche d’arbre.
Elle possède un vol bas et rapide, très onduleux et elle capture surtout des insectes et des petits rongeurs, moins souvent des petits oiseaux.
Peu farouche au naturel, indifférente ou pensive en apparence, elle tolère mieux le passage que l’approche.
Inquiètes, ou curieuses, elles s’agitent de hauteur en bas sur leurs pattes.
La chevêche est une espèce monogame. Un couple ne se défait que si l’un des partenaires disparaît. Les couples nicheurs sont déjà formés dès l’automne. Dès cette période, et jusqu’à la nidification, ils vont fréquenter le site où ils vont nicher et ses abords.
Territorialité
Première nidification
Période de nidification
D’avril à juillet.
Parade nuptiale
Vers le mois de mars, le chant du mâle devient de plus en plus fréquent. Il indique le début de la période de reproduction.
Accouplement
Site de nidification
Dans bien des régions, les chevêches nichent dans une cavité naturelle : un trou d’arbre, dans un rocher, dans un amas de cailloux, un trou dans un mur, voire dans un terrier de lapin ou entre des racines. Elles peuvent tout aussi bien utiliser une cavité dans un bâtiment.
Entre toutes les cavités que le couple fréquente, il choisit pour nicher la plus sûre, la plus sèche, dont l’accès est dégagé. Souvent c’est un trou naturel dans un arbre, plus ou moins profond et à faible hauteur (entre 2 et 3 mètres), à l’occasion une loge de pic.
Elles choisissent des endroits parfois très insolites et occupent volontiers les nichoirs artificiels.
Les chevêches peuvent nicher près de l’homme, dans les granges, les greniers, les pigeonniers et les clochers d’églises. Malheureusement, nombreux sont les clochers d’églises qui sont aujourd’hui fermés pour empêcher les choucas des tours et les pigeons d’y élire domicile.
Dans le sud de la France, les chevêches choisissent très souvent de nicher sous les tuiles des maisons, même si celles-ci sont habitées.
Nid
La chevêche ne fait pas de nid.
Nichoir
Nichoir du type fermé ou en cheminée. Trou d’envol d’un diamètre supérieur à 100 mm. Profondeur intérieure: 300 mm ; fond : 200 par 200 mm.
clouer tous les pourtours de la caisse avec des clous pointes tête plates 1,5 par 25 mm.
percer le trou d’envol ø 70 mm -axe à 57 mm du haut de la caisse.
préparer la planche de séparation horizontale 158 mm par 340 mm.
préparer les 2 contre-lattes de 30 mm par 10 mm par 478 mm.
préparer les 3 planches de fermeture 2 planches de 123 mm par 26 mm par 500 mm 1 planche de 100 mm par 26 mm par 500 mm.
préparer la planchette reposoir 158 mm par 60 mm.
préparer la latte casse-goutte 18 mm par 21 mm par 498 mm.
coller et clouer la planche de fermeture supérieure.
coller et clouer les supports de séparation horizontale.
coller et clouer la planche de séparation horizontale sur les 2 supports.
coller et clouer la planchette reposoir.
présenter la planche de fermeture médiane et la fixer provisoirement (serre-joint).
présenter la planche de fermeture inférieure.
coller et clouer la planche de fermeture inférieure.
coller et clouer la latte casse-goutte.
placer les 2 charnières et les 2 crochets de contrevent.
mettre en couleur naturelle l’extérieur du nichoir.
souder du carton-bitumé sur le toit du nichoir.
poser dans le fond du nichoir une litière de copeaux de bois ± 5 cm d’épaisseur.
Une seule couvée normalement, mais une seconde nichée a souvent lieu, ce qui est très rare chez les rapaces nocturnes.
Ponte
Ponte en fin avril-début mai de 3 à 5 œufs blancs, à 2 jours d’intervalles, au fond d’une cavité.
Œufs
De 3 à 5 œufs blancs.
Incubation
Début mai, la femelle couve seule pendant 27 à 28 jours.
Le mâle, qui occupe un autre repaire non loin de là, lui apporte quelques proies pendant cette période et même après l’éclosion des œufs ; mais elle ne dépend pas de lui pour son ravitaillement.
Éclosion
Nourrissage
Après l’éclosion les deux parents nourrissent activement, plutôt pendant la nuit, et ils montent une garde attentive auprès du nid.
Envol
Les petits de la chevêche, nourris par les deux parents, s’envolent à l’âge de 5 semaines (de 30 à 35 jours), vers la fin de juin ou le début de juillet.
Ils quittent le nid après 4 à 5 jours, avant de pouvoir voler, et se déplacent dans les branches.
Ils ne prennent leur envol que 3 semaines plus tard.
Ils restent encore avec les parents par la suite, pendant quelque temps.
Sevrage
Émancipation
Les petits de la chevêche restent encore avec les parents par la suite, pendant quelque temps après l’envol.
Ils peuvent séjourner près du nid encore un mois après leur envol, mais les adultes n’y retournent plus. Au bout de 2 mois environ, les jeunes se dispersent et quittent le territoire de leurs parents.
Plumage juvénile
Duvet blanc.
Leur plumage est plus terne que celui des adultes.
Période de mue
Prédateurs
Maladies
Survie des adultes
Longévité
La durée de vie maximale d’une Chouette chevêche est d’environ 16 ans.
Le régime alimentaire des chevêches est assez varié, entre les petits mammifères (mulot, campagnol, musaraigne, souris, etc.) et les insectes (orthoptères, coléoptères, perce-oreille, lépidoptères, etc.) ; mais d’autres proies peuvent être capturées, telles que des vers de terre ou occasionnellement, de jeunes passereaux (moineaux domestiques, verdiers d’Europe).
C’est une opportuniste qui capture ce qu’elle trouve le plus fréquemment.
Elle consomme principalement des coléoptères, criquets et perce-oreilles, des vers de terre (lombrics), des campagnols des champs, des musaraignes qui sont faciles à repérer avec leurs petits cris, qu’elle chasse à l’affût ou en sautillant au sol.
Les vers de terre représente une partie importante de son régime alimentaire. Les petits mammifères représentent 4 % de son alimentation.
D’autres petits mammifères, des petits reptiles (lézards) et des batraciens (grenouille verte) complètent son menu. Elle mange aussi des tipules et d’autres insectes volants.
Sa chasse parfois diurne, consiste à la prédation au sol à partir de postes d’affûts. Elle utilise également le vol stationnaire à la manière du faucon crécerelle.
Pelotes de réjection
Comme tous les autres rapaces, la chevêche rejette par le bec les parties non comestibles de ses proies (os, poils, carapaces d’insectes) sous forme de pelotes de réjection. Celles de la chevêche d’Athéna sont petites (37 mm par 13 mm). On peut les trouver sous le nid ou près des endroits fréquentés régulièrement par les chevêches. Ces pelotes sont d’un grand intérêt pour ceux qui étudient ces oiseaux car leur analyse va permettre de connaître leur régime alimentaire.
Les pelotes de réjection nous renseigneront avec toute la précision voulue sur la composition de leur menu. Mais d’abord, qu’ est-ce qu’ une pelote de réjection ? Un oiseau n’a pas de dents, il est bien obligé d’avaler sa nourriture telle quelle.
Analyse d’une pelote de réjection. En haut on voit une série d’ossements divers parmi lesquels deux mâchoires inférieures ; celle du dessus appartenait à une musaraigne, celle d’en dessous à un Rongeur. Ces pelotes contiennent beaucoup de poils et quelquefois des plumes . Le crâne de gauche est celui d’ une taupe ; celui de droite est d’ un rongeur. En bas, on voit une pelote de réjection telle qu’ on la trouve.
Les pelotes de chouette chevêche se rencontrent au pied des arbres et poteaux qui lui servent de perchoir, ainsi qu’au gîte, dans les cavités, les bâtiments et bien sûr les nichoirs qu’elle fréquente.
De couleur gris brunâtre à gris clair, elles mesurent 10-19 mm de largeur sur 20-40 mm de longueur, sont cylindriques et généralement arrondies aux deux extrémités. Lorsqu’elles présentent une extrémité effilée, elles ressemblent très fort aux pelotes du faucon crécerelle, mais recèlent davantage d’os intacts, moins attaqués par les sucs digestifs, ainsi que fréquemment les débris chitineux des insectes qu’elle consomme.
La chouette chevêche fréquente les paysages ouverts de tous types ou coupés par des ravins, à végétation basse et offrant des cavités (naturelle ou anthropique), carrières, ruines et villages, la rendant tributaire de l’homme et de l’agriculture traditionnelle (vergers).
La chevêche habite les zones agricoles présentant des haies, des vergers traditionnels avec de vieux arbres creux, des saules têtards, de grands jardins.
Elle se rencontre parfois dans les jardins ou à proximité des fermes. Quand elle n’est pas persécutée, elle ne craint pas de s’installer tout prêt des habitations et même dans les maisons des villages.
Territoire
Son territoire lui assure sa réserve de nourriture et lui permet de se reproduire. Elle le défend vis à vis de ses congénères. La taille du territoire peut varier d’une région à l’autre mais, en moyenne, le rayon d’action des chevêches avoisine les 450 m. Toutefois, le domaine d’activité de la chevêche varie tout au long de l’année. Il est plus grand en hiver et en automne qu’au printemps et en été.
La chevêche se répartit par petits noyaux de 0,5 à 2 couples par km².
Espèce typiquement méditerranéenne, endémique du sud, la chouette chevêche s’est répandue dans presque toute l’Europe (sauf dans le Nord). Elle a réussi à s’acclimater même dans des régions de moyenne altitude où règnent des hivers rigoureux.
Son aire de répartition s’est étendue au Nord de l’Europe. Elle a progressivement colonisé la partie septentrionale de son aire de distribution, très probablement au fur et à mesure des défrichements et du développement de l’agriculture.
Elle occupe principalement les régions paléarctiques comprises entre le 20e et le 55e degré de latitude nord : Danemark, Allemagne, Pologne, Suisse, Italie, Sicile, Bosnie, Hongrie, Russie, Sardaigne, Corse, Hollande, Belgique, France, Angleterre (introduite), Grèce, Balkans, nord de l’Afrique, Arabie, Asie Mineure.
Elle a été introduite en Angleterre au XIXe siècle par des aristocrates anglais, entre 1 874 et 1880, après un premier échec en 1842.
La chevêche est présente dans les régions afro-tropicales : en Ethiopie et dans les pays situés au sud du golfe Persique.
Elle figure dans les régions australiennes et Nouvelle-Zélande, depuis son introduction en 1906.
La chouette chevêche fut accusée par la presse populaire de massacrer quantité d’oiseaux et de poussins. Pourtant, les naturalistes insistaient pour prouver qu’elle faisait beaucoup plus de bien que de mal.
En 1935, pour mettre un terme à cette hystérie, la Société ornithologique britannique créa une commission consacrée à la chouette chevêche, présidée par une universitaire de Cambridge.
Littérature
La chouette est l’héroïne d’un conte de Grimm, qui offre un condensé des sentiments hostiles qu’elle inspirait parfois. C’est l’histoire d’une chouette qui passe la nuit dans une grange … Et, quand reparut le jour, elle n’osa pas sortir de sa cachette, par crainte des autres oiseaux, . Un domestique, venu chercher une botte de paille fut effrayé par ses yeux ronds et brillants. Il prévint son maître. En quelques minutes, des cris d’alarme retentirent par toutes les rues. » Les villageois finirent par mettre le feu à la grange, qui brûla entièrement.., alors que la chouette s’envolait par le toit.
Traditions
Si on effectue plusieurs tours autour d’un arbre qui héberge une chouette, elle tournera son cou flexible jusqu’à ce qu’elle s’étrange elle-même.
En Angleterre si une chouette pousse son cri, cela annonce un temps froid et orageux. Si on l’entend par mauvais temps, on peut s’attendre à d’heureux bouleversements dans sa vie.
Pratique barbare répandue dans toute l’Europe : un cadavre de chouette était cloué à la porte pour éloigner les mauvais esprits.
Une chouette qui entre dans une maison irlandaise doit être tuée immédiatement, sinon elle emporte avec elle toute la bonne fortune.
En France, si une femme enceinte entend une chouette, son enfant sera probablement une fille.
On donnait une soupe de chouette aux enfants pour guérir la coqueluche.
Des œufs de chouette cuits étaient prescrits pour améliorer la vue. Les œufs crus étaient donnés aux enfants pour les préserver de l’ébriété et de l’alcoolisme.
Légendes
Dans les illustrations des Chevaliers de la Table Ronde, Merlin l’Enchanteur est souvent représenté avec une chouette sur son bras, symbole de sagesse et d’intelligence.
Avec ses mimiques expressives, ses yeux dorés d’étrange « alien » égaré à la campagne et son vol silencieux, la chouette chevêche a inspiré nombre de contes et légendes au cours des âges.
Religions
Dans la Bible, la chouette chevêche figure sur la liste des oiseaux impurs, parce qu’elle était réputée manger des cadavres ce qu’elle ne fait d’ailleurs absolument jamais.
« Voici, parmi les oiseaux, ceux que vous aurez en abomination, et dont on ne mangera pas l’aigle, (…) le chat-huant, le plongeon et la chouette. »
Le Lévitique 11, 13-17
Mythes
La chouette chevêche était tenue on haute estime dans l’antique Athènes où elle était la messagère d’Athéna, déesse de la sagesse aussi appelée Pallas (Minerve chez les Romains). Une colonie de chouettes chevêches vivait sur l’Acropole, elles étaient les gardiennes du temple.
En 490 avant JC, les Grecs aperçurent la silhouette d’une petite chouette se découpant sur la lune et y virent le présage de leur victoire sur les Perses à la bataille de Marathon.
Plus tard, en 301, le général Agathoclès de Syracuse libéra un grand nombre de chouettes chevêches pour galvaniser ses troupes avant de battre les Carthaginois.
D’après Plutarque, les Athéniens étaient tellement associés à la chouette chevêche que lorsque des guerriers grecs étaient capturés, leurs ennemis les marquaient au front d’une chouette.
Le malicieux Aristophane cite souvent la chouette. Non seulement dans « Les Oiseaux », mais aussi dans bien d’autres comédies elle apporte alors un présage …
Avec l’aide des dieux ; nous les repoussâmes vers le soir Une chouette, avant la bataille, avait survolé notre armée.
Les Guêpes, Aristophane (448-388)
Symboles
La chouette chevêche était l’oiseau de la sagesse chez les Grecs, qui en avaient gravés l’effigie sur certaines de leurs monnaies (encore aujourd’hui sur l’euro) ; c’était la compagne de leur déesse Pallas Athéna, déesse de la science et de la sagesse.
Une pièce athénienne, la tétradrachme, introduite en 130 avant JC, était frappée de la chouette chevêche sur une de ses faces et d’Athéna casquée sur l’autre face.
La pièce grecque d’un euro a repris sur sa face nationale la chouette chevêche qui figurait sur la « tétradrachme » antique.
Puis elle devint le messager de la mort lorsqu’elle criait près des fenêtres allumées (attirée par les insectes).
Sur les 2460 rejets de chouettes chevêches étudiés, deux seulement contiennent des restes d’oisillons, alors que les autres témoignent de captures d’insectes, de limaces et d’autres nuisibles, dont 10 217 forficules (perce-oreille). Cela innocente définitivement la chouette chevêche, en confirmant ce qu’Aristote avait déjà constaté 2 300 ans plus tôt.
Menaces
La chevêche est actuellement le rapace nocturne le plus menacé.
La chevêche est liée à l’Homme et à son agriculture car elle s’est développée avec l’expansion des bocages et des vergers. Aujourd’hui le développement de l’agriculture intensive menace son habitat.
Une cause majeure du déclin de cette espèce est la destruction de son habitat. À cela s’ajoutent des causes de mortalité non-naturelles :
collision avec des véhicules,
noyade dans les piscines,
contamination par les pesticides,
les poteaux téléphoniques creux (les piégeant à l’intérieur).
La raréfaction des arbres creux et crevassés explique aussi en partie la régression actuelle de l’espèce. La prédation exercée par les mammifères (fouine) et les oiseaux (épervier, vautour et autres rapaces nocturnes) représente aussi un danger.
Rareté
Très menacée. Les perspectives d’avenir pour la chevêche sont sombres.
Autrefois commune en France dans les campagnes, ses effectifs diminuent de façon inquiétante. Elle connaît une forte régression en France et en Europe occidentale.
La transformation des paysages ruraux, les hivers rigoureux, la circulation routière, les pesticides et la raréfaction des gros insectes (hannetons, criquets, etc.) font que sa régression est parfois alarmante dans toute l’Europe. La rationalisation de l’agriculture et l’urbanisation croissante sont les principales causes du déclin de l’espèce.
Protection
Espèce protégée en France.
Comme tous les rapaces, la chevêche d’Athéna est protégée par la loi du 10 juillet 1976. Elle figure aujourd’hui sur la liste rouge des oiseaux nicheurs et bénéficie d’un plan d’action national dans le cadre du programme d’action pour la diversité biologique en France.
Si les nouvelles orientations de l’agriculture laissent entrevoir un avenir meilleur, l’urbanisation reste la principale menace pour la chevêche. Car même si des couples ont pu se maintenir momentanément grâce à des nichoirs, seule une protection, voire une régénération de son habitat pourra sauver l’espèce.