| La quinta das Cruzes à Madère | |
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| Présentation générale | La plus célèbre quinta de Funchal, la Quinta das Cruzes, est un manoir historique de style baroque, qui aurait jadis été la résidence officielle de João Gonçalves Zarco, le premier maître de l’île de Madère, durant sa carrière de gouverneur. La Quinta fut érigée au XVe siècle, mais reconstruite à la fin du XVIIIe siècle après le tremblement de terre de 1748, puis agrandie au XIXe siècle. Cet archétype du manoir madérien a été transformé en musée, le Museu da Quinta das Cruzes, qui présente des collections archéologique et ethnographique, ainsi que de nombreux spécimens de la flore de Madère. | |
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| | Depuis la forteresse Saint-Laurent, on peut se rendre à la Quinta das Cruzes en suivant l’avenue Zarco, puis en bifurquant sur la gauche dans la Rua das Pretas, puis la Calçada de Santa Clara. On continue en direction du fort do Pico en empruntant la Calçada do Pico, qui monte de façon plutôt raide vers le musée. Un peu avant la Quinta das Cruzes on passe devant le monastère Sainte-Claire, qui mérite également une visite. Un peu plus haut que la Quinta, il faut visiter le Forte do Pico pour les vues superbes qu’il offre sur Funchal. |
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| | | Le musée des Arts Décoratifs | Le bâtiment principal de la Quinta est aujourd’hui devenu un musée comptant une grande collection d’art décoratif et d’antiquités du XVIIe et du XVIIIe siècle :- Au rez-de-chaussée, dans les salles basses, anciens celliers, le musée des Arts décoratifs abrite des meubles de la Renaissance portugaise qui renferment une grande variété de pièces rapportées par les marins aux XVIe et XVIIe siècles.
- La toile « Le Pique-nique » de Tomás Da Anunciaçâo, le fondateur du romantisme portugais, date de 1865. La famille du 2e comte de Carvalhal y est représentée dans son domaine de la Quinta do Palheiro Ferreiro.
- Un palanquin, utilisé au XIXe siècle pour promener une dame riche autour de Funchal, est exposé. On remarque aussi une série de gravures satiriques anglaises se moquant des prêtres bien nourris de Funchal et des fonctionnaires trop bien habillés.
- Les pièces remarquables d’argenterie comprennent une paire de figures d’esclaves mexicains en argent et ébène (fin du XVIIIe siècle ) et deux hochets de bébé britanniques en argent et corail (milieu du XVIIIe siècle).
- Les grands coffres cloutés en acajou proviennent des navires dans lesquels on transportait du sucre du Brésil (caixa de açúcar, « caisse à sucre »). Fauteuils, statuettes, cabinets incrustés d’ivoire, chaise à porteur gainée de cuir, grand triptyque en cèdre évoquent également les fastes de l’époque des Découvertes.
- Le fond de la dernière salle est occupé par un retable flamand de la deuxième moitié du XVe siècle représentant une Nativité. Une vitrine contient une partie du trésor trouvé dans l’épave d’un galion hollandais de la Compagnie des Indes orientales qui s’échoua à Porto Santo en 1724.
- Les collections de l’étage sont d’origine européenne : les meubles anglais des XVIIe et XVIIIe siècle y dominent : de belles consoles Regency, et des chaises conçues par les célèbres ébénistes anglais, Thomas Chippendale et George Hepplewhite, mais probablement fabriquées sur l’île de Madère. On y voit aussi des porcelaines de Saxe, des ivoires, des vases en porcelaine de Sèvres, des poteries de Delft, des émaux de Limoges, une tapisserie des Gobelins, des vases chinois, ainsi que des statuettes portugaises en terre cuite. Les lithographies et aquarelles du XIXe siècle témoignent d’une fascination contemporaine pour la flore et la faune indigènes, ainsi que pour les paysages de l’île.
| Salle des Arts décoratifs portugais et européens des XVe-XVIIe siècles. Mobilier dit « boîte-à-sucre ». Dans cet espace, se trouvent les ensembles les plus anciens de l’exposition permanente du Musée, liés à l’importance du cycle économique du sucre, initialement produit à Madère entre le XVe siècle et le premier quart du XVIe siècle, et importé par la suite vers l’île à partir d’autres colonies. Le sucre brésilien mit un terme au commerce de sucre de Madère. Les artisans madériens ont montré une grande ingéniosité pour convertir des caisses en bois poli, utilisées pour le stockage du sucre, en buffets, placards et coffres joliment façonnés. Le commerce initialement établi à partir de Madère a donné lieu à un réseau de contacts entre intendants royaux et agents de commerce portugais dans les ports flamands, qui n’ont pas seulement servi d’intermédiaires dans le traité commercial mais également pour l’achat d’art sur la demande de monarchies, de la cour, du clergé et de particuliers. | | La grande collection d’art flamand qui se trouve sur l’île de Madère, avec la particulière importance des ensembles de sculptures et de peintures, est une des faces les plus visibles des relations établies avec ce centre économique. De l’ensemble sculptural de production flamande du Musée, se distingue le « Retable de la Nativité » réalisé à Bruxelles dans la seconde moitié du XVe siècle, attribué à l’atelier du Maître du Retable de Rieden (actuellement à Stuttgart, Allemagne). Cette pièce comporte trois scènes faisant allusion à la vie de la Vierge et à l’enfance du Christ : « Les Fiançailles de la Vierge » (côté gauche), « La Nativité » (au centre) et « L’Adoration des Rois Mages » (côté droit), encadrés par un ciborium avec une délicate décoration de dentelles du gothique final. Inscrite dans cette vague d’importation d’art flamand, on remarque également la sculpture de l’Immaculée Conception et un Petit Jésus Sauveur du Monde, qui représentent la spiritualité renouvelée de la Devotio Moderna, inclue dans les valeurs dévotionnelles en vogue au cours du XVIe siècle. Dans l’ensemble sculptural, nous remarquons également la Sainte-Isabelle de Hongrie, production italienne, en argile vitrifié, contemporaine du reste de l’ensemble. Dans l’ensemble de peintures flamandes, les représentations religieuses dominent également, en particulier « L’Adoration des Rois Mages » de la fin du XVIe siècle, la peinture faisant allusion à l’Ecce Homo et l’intéressante représentation de Verónica secando a face de Cristo a caminho do Calvário. Au regard du mobilier exposé dans cette salle, la production nationale prédomine, en particulier avec le bahut en genévrier avec sgraffites, datée du XVIe siècle. Les plateaux à offrandes de Nuremberg, datés du XVIe siècle, complètent cet ensemble. | | Salle des Arts décoratifs mudéjares ou hispano-mauresques : mobilier, céramique et azulejos des XVIe et XVIIe siècles. L’utilisation des carreaux arabisants, et d’esthétique mudéjare, s’est généralisée à l’ensemble du territoire portugais depuis le début du XVIe siècle, pas tant à cause de l’influence directe de relations portugaises avec le monde islamique, ni à cause de la présence espagnole ultérieure (1580-1640) (qui avait de fortes ramifications arabes dans le sud de l’Espagne), mais plutôt à cause de son caractère esthétique, importé par les précédents gouvernants portugais et utilisé dans la décoration des bâtiments. C’est cette esthétique qui est patente dans l’ensemble des carreaux hispano-mauresques exposés sur les murs, et dans lesquels prédominent les motifs étoilés et végétalistes, mais également les combinaisons métriques, si présentes dans l’architecture et l’art textile, une pure révélation de l’art islamique. Les azulejos exposés datent du premier quart du XVIe siècle et une partie provient probablement du Couvent, aujourd’hui disparu, de Notre-Dame de la Pitié, à Santa Cruz. L’art de la céramique d’influence islamique a également été diffusé par les fameuses assiettes de Manises, où les éléments décoratifs sont mis en valeur par le biais de reflets métalliques. Les bureaux dits Vargaños, dont deux exemplaires sont présentés dans cette salle, représentent une autre facette de l’art hispano-arabe très diffusée dans le monde ibérique. On peut déceler dans ces pièces de mobilier, datées principalement des XVIe et XVIIe siècles, l’influence arabe, notamment dans les schémas géométriques perfectionnés de la composition décorative, qui ont également influencé les ferrures. |
| Les jardins | La Quinta das Cruzes se trouve en plein cœur de splendides jardins remplis de sculptures, de fleurs tropicales et subtropicales, et d’arbres. Ces jardins abritent les espèces les plus variées de plantes et de fleurs. Ce véritable jardin botanique possède des kapokiers, dragonniers, araucarias (dits « pins de Norfolk »), cèdres, fougères arborescentes, mimosas, lauriers d’Inde, eucalyptus, et différentes espèces de palmiers indigènes du Mexique, de la Malaisie et du Colorado..
| | Le jardin est un feu d’artifice floral : hibiscus, bougainvilliers, fuchsias et azalées. Au fond du jardin, un vieux dragonnier majestueux plonge ses racines épaisses à travers le toit de la serre ombragée. Cette serre abrite, rangée sur rangée, une belle collection d’orchidées tropicales et une multitude d’autres fleurs, cultivées pour être utilisés comme fleurs coupées. | |
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| | Histoire | La construction de la Quinta das Cruzes fut menée par les premiers capitaines donataires de Funchal, João Gonçalves Zarco et son fils João Gonçalves de Câmara à la fin du XVe siècle, début du XVIe siècle. Ces premiers colons de Madère construisaient leurs maisons sur les hauteurs au-dessus du port, afin de pouvoir voir s’approcher les navires pirates. Durant le XVIIe siècle, ce domaine appartint à la famille Lomelino, des marchands de vins génois, dont le souvenir est encore commémoré dans la chapelle. Le manoir subit alors d’importants changements, devenant une élégante demeure. Au début du XVIIIe siècle, la Quinta das Cruzes était devenue une Quinta Madereinse (Domaine madérien) typique, comprenant la bâtisse principale, la chapelle, les Casinhas de Prazer (maisonnettes de plaisance) et le parc arboré. Le domaine fut acquis par l’État en 1946, remeublé à partir de collections privées assorties, et ouvert au public en tant que musée le 28 mai 1953. |
| Personnages | João Gonçalves Zarco | On connaît assez peu de choses certaines sur João Gonçalves Zarco. Il naquit vers 1390 en Portugal continental ; il entra comme chevalier au service de l’Infant du Portugal Henrique, que la postérité surnommera Henri le Navigateur. À un âge précoce il devint commandant de caravelles qui gardaient la côte de l’Algarve contre les incursions des Maures ; en 1415, il joua un rôle important dans le siège et la prise de Ceuta, sur la côte marocaine de l’Afrique du nord. Au cours de la bataille il perdit un œil et sera de ce fait surnommé « le Bigleux ». Sa conduite valeureuse lui valut d’être choisi par Henri le Navigateur pour coloniser l’archipel de Madère ; l’archipel était connu depuis le milieu du XIVe siècle, mais était dépeuplé et seulement utilisé sporadiquement pour le ravitaillement et le repos des équipages des navires. Les caravelles de Zarco reconnurent l’île de Porto Santo en 1418-1419, puis l’île de Madère en 1419-1420 ; il débarqua à Madère le 2 juillet 1419. En 1425 – accompagné des commandants Tristão Vaz Teixeira et Bartolomeu Perestrelo – il retourna à Madère avec des colons, des semences et des outils pour coloniser l’île. Il fut nommé « capitaine de Funchal » par Henri le Navigateur et gouverna la moitié sud-ouest de l’île ; son compagnon d’aventure, Tristão Vaz, gouverna le nord-est depuis la colonie de Machico. Funchal se révéla être le meilleur port de l’île et en devint la capitale. Zarco fonda également la ville de Câmara de Lobos ; en 1460, le roi Afonso V lui accorda le titre et les armes de Câmara de Lobos. Zarco, qui jusqu’alors signait « Zargo », signa dès lors du nom de João Gonçalves de Câmara. Zarco domina l’île de Madère pendant près de 50 ans et mourut à Funchal le 21 novembre 1471, à l’âge vénérable d’environ 80 ans. Il fut enterré au monastère Sainte-Claire à Funchal. |
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| | Informations utiles | Des concerts sont souvent organisés dans le Musée de la Quinta das Cruzes ; des affiches les annoncent à côté de la billetterie. |
| Conditions de visite | Aucune ligne de bus ne dessert le musée ; si l’on veut éviter la montée à pied, il faut prendre un taxi ou venir en voiture (pas de parking). Adresse : Calçada do Pico n°1 - 9000-206 Funchal Heures d’ouverture : du mardi au samedi, de 10 h à 12 h 30 et de 14 h à 17 h 30 (dernière entrée à 17 h). Fermé : lundi et jours fériés. Téléphone : 00 351 291 740 670 Site sur la Toile : www.museuquintadascruzes.com Entrée payante : 3 €. Gratuit les dimanches. |
| Restaurant | Il y a un agréable salon de thé dans les jardins du musée, avec une vue imprenable sur la baie de Funchal. |
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