| La flore et la faune de Madère | |
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Sur les 1 500 espèces de plantes répertoriées, 234 sont des plantes endémiques macaronésiennes et 156 ne se rencontrent qu’à Madère, soit 6 %. De toutes les plantes qui n’existent qu’en Macaronésie, les deux tiers n’existent donc qu’à Madère. Sur toutes les pentes, dans les jardins et même le long des routes, les fleurs et les plantes abondent : hortensias, géraniums, hibiscus, agapanthes, bougainvilliers, fuchsias, euphorbes, mais aussi orchidées, anthuriums et strelitzias, cultivés pour l’exportation. | Oiseau de paradis (Strelitzia reginae) | | Amaryllis rose (Amaryllis belladona) | | Agapanthe bleue (Agapanthus umbellatus) | | Trompette des Anges (Brugmansia sp) | | Vipérine de Madère (Echium fastuosum) | | Orchidée | | Hortensia (Hydrangea macrophylla) | | Joubarbe plateau (Aeonium glandulosum) | | Lichen | | ? | | Fougère | | Plante succulente | |
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| Du niveau de la mer jusqu’à 300 m environ, c’est la zone subtropicale. Plusieurs espèces d’arbres se couvrent périodiquement de fleurs : le mimosa, le magnolia, le sumauma (fleurs rouges ou roses) et le jacaranda (fleurs mauves). Au-dessus de 300 m, et jusqu’à 750 m, c’est la zone tempérée chaude, de climat méditerranéen, domaine de la vigne, des céréales (maïs, blé, avoine) et des fruits. Ces derniers sont variés : fruits des pays européens comme les oranges, poires, pommes, prunes, et fruits exotiques, avec les goyaves, avocats, mangues, ananas et maracujàs (fruits de la passion). Entre 750 et 1 300 m, on trouve la laurisylve, dont l’origine remonte à l’ère tertiaire, composée essentiellement de différentes espèces de lauriers (lii, vinhático, laureiro) qui atteignent parfois 30 m de haut, peuple encore quelques secteurs sauvages de la côte nord. Cette forêt, qui recouvrait autrefois une grande partie de l’Europe, fut détruite par les glaciations et exceptionnellement préservée dans quelques îles, telle Madère. Unique, elle est aujourd’hui entièrement protégée et connue des botanistes du monde entier. Elle vit dans un milieu qu’elle contribue à créer, où l’humidité est constamment supérieure à 8 %. Souvent dans les nuages, elle en absorbe l’humidité et accumule ainsi plus d’eau encore que celle apportée par les pluies, pourtant importantes (entre 1 500 mm et 3 000 mm par an). Elle joue un rôle primordial dans la protection des sols et l’infiltration de l’eau de pluie, et permet de ralentir les effets de l’érosion. On pense que les différentes espèces végétales présentes sur l’île de Madère avant que l’homme n’y mette le pied auraient été amenées sous forme de graines par les oiseaux, le vent et l’Océan. On y trouve ainsi des espèces de fougères inconnues dans le reste de l’Europe, mais présentes aux Antilles notamment. Quant aux cimes, au-dessus de 1 300 m, elles sont le domaine des pâturages et des fougères. | Eucalyptus, gommier bleu (Eucalyptus globulus) | | Tulipier du Gabon (Spathodea campanulata) | |
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| | | Les rivages de l’île de Madère sont très poissonneux : la pêche au gros est l’une des grandes attractions de Funchal. Le thon (atum), le poisson-épée noir (espada), le requin, le cachalot (de plus en plus rare) y sont attrapés de façon régulière, soit avec de grandes lignes aux multiples hameçons â des profondeurs atteignant facilement 1 000 m, soit au harpon. Les prises destinées à la consommation courante sont effectuées au filet. À signaler : la présence de quelques tortues marines, assez petites, de la taille de celles qu’on observera à l’aquarium-musée de Funchal. Le poisson le plus connu est sans aucun doute l’espada (poisson sabre, une sorte d’anguille), ce fameux poisson que l’on trouve surtout au large de Madère et en mer de Chine. |
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| Aucun serpent à Madère, mais des centaines de milliers de lézards gris qui adorent le raisin (une calamité pour les vignes!) et viennent très familièrement grignoter dans le creux de la main les sucreries qu’on leur offre. Les lézards sont, avec les phoques, les seuls vertébrés terrestres déjà présents sur l’île au moment de la colonisation. |
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| On connaît à Madère plus de deux cents espèces d’oiseaux, dont un roitelet qui semble être particulier à cette île, le bisbis (Regulus maderiensis) ; d’autres oiseaux, en nombre très restreint, ne sont connus qu’à Madère, aux Canaries et aux Açores. Mais on sera certainement surpris par la rareté des oiseaux, et par le silence des forêts où l’on pourrait s’attendre à leurs pépiements et à leurs chants. Mais, en tout et pour tout, il n’existe que 36 espèces d’oiseaux nicheurs sur l’île (43 sur l’ensemble de l’archipel) : buses, faucons, éperviers, alouettes, chouettes, chardonnerets, bergeronnettes grises et jaunes, roitelets de Madère, rouges-gorges, pigeons Trocaz et surtout le pétrel de Madère. Notons que le pigeon Trocaz n’existe qu’à Madère et qu’il est inféodé aux forêts de lauriers de la côte nord dont il apprécie les baies ainsi que les choux dans les cultures. Tout comme son milieu, il est depuis peu entièrement protégé. Mais de nombreux migrateurs font escale, dont un petit nombre d’accidentés venus du continent américain avec les tempêtes de l’ouest. | Pinson des arbres (Fringilla coelebs madeirensis) | | | Oiseau marin | |
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| On trouvera ici ou là des lapins, quelques cochons sauvages marqués, des furets. Madère compte peu d’animaux domestiques, et pratiquement pas d’animal de trait à l’exception des quelques mulets qui tirent encore des charrettes dans les rues de Funchal, et des bœufs qu’on attelle à ces curieux chariots de rois fainéants pour touristes, l’acclimatation n’en a jamais été possible. D’ailleurs elle aurait été vaine : seul l’homme peut circuler et travailler dans ces champs en terrasses, étagés au flanc des montagnes abruptes, et parfois pas plus larges qu’un sentier. On élève toutefois des vaches, qui vivent dans des étables au toit de chaume, les palheiros, lorsqu’elles ne broutent pas les fleurs au bord des routes ; des chèvres qui se sauvent au bruit des moteurs ; quelques moutons noirs encore plus farouches. Une espèce, bien qu’en principe protégée, est celle du phoque moine, longtemps décimé par les pêcheurs et dont il ne reste plus qu’une vingtaine d’individus le long des îles Desertas. L’animal était pourtant bien représenté sur l’île de Madère lorsque les Portugais y débarquèrent. Le village de pêcheurs de Câmara de Lobos, c’est-à-dire la chambre des loups en témoigne par son nom. Les premiers colons furent en effet impressionnés à leur arrivée par ces animaux, qu’ils nommaient des loups de mer. Au large des côtes de Madère, on trouve des cachalots et d’autres espèces de mammifères marins. Aujourd’hui, ces espèces en voie d’extinction sont pratiquement toutes protégées. Un cachalot femelle mesure en moyenne 11 m et peut atteindre 18 m de longueur. De toutes les espèces de baleines, le cachalot, qui peut atteindre des profondeurs de 3 m, est le champion de la plongée. Dès le XVIe siècle, on pêchait la baleine à Madère, notamment pour sa graisse et son huile, utilisées à des fins médicales et industrielles. La viande et les os étaient mangés ou bien servaient de fumier. L’ambre était recherché pour sa senteur, l’huile de foie était consommée pour sa teneur en vitamine D. C’est à Caniçal que l’on ramenait puis dépeçait les pauvres bêtes. Le musée de cette ville retrace très bien toute cette épopée. |
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