| Le site de Camiros (Kámeiros) sur l’île de Rhodes | |
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| Le site de Cámiros | La cité de Cámiros est un exemple caractéristique d’urbanisme hellénistique, avec sa division entre zones de bâtiments publics et de bâtiments privés. Le site archéologique est très parlant : les ruines se répartissent en trois secteurs de superficies inégales : - au niveau le plus bas, l’agora, à caractère religieux,
- sur les pentes de la colline, le quartier résidentiel,
- au sommet, l’acropole.
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| L’agora | Sur la terrasse inférieure, l’agora forme le lieu de rassemblement. | |
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| La fontaine | À gauche du temple se trouve la place dite « Place de la Fontaine », un espace rectangulaire avec de nombreuses bases portant des inscriptions votives. La fontaine était sur le côté sud de la place. Sa façade était constituée de six demi-colonnes doriques, aujourd’hui restaurées. Juste derrière la fontaine se trouvait une citerne à ciel ouvert contenant de l’eau jaillissant par des bouches d’eau. La fontaine fut bâtie à l’époque classique et modifiée au début du IIIe siècle avant JC, quand une seconde place plus petite fut créée sur l’emplacement, avec un puits en son centre. |
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| Le quartier résidentiel | Au-delà de l’agora, se déploie, surtout sur la gauche, le quartier résidentiel. | | Les ruines des habitations sont disposées sur les pentes de la colline, de part et d’autre de la rue principale reliant le bas de la cité à l’acropole, à droite les habitations de la période romaine et à gauche celles de la période hellénistique. | | En se promenant dans le réseau des rues de pierres, on découvre le plan des maisons, dont plusieurs à péristyle dont les colonnes ont été relevées, et les ateliers des artisans. Deux demeures remarquables s’élèvent à l’est de la rue principale, avec des cours à péristyle intérieur. Les murs des maisons, les pavements des rues datent du IIIe siècle avant JC.
| Les habitants avaient parfaitement choisi leur site, perché au-dessus de l’eau. L’emplacement est en assez bon état de conservation pour imaginer quelle vie avait lieu dans cette ville dorique antique il y a plus de 2 000 ans. Cámiros représente une cité hellénique homogène dont les habitants étaient de simples paysans et artisans, souvent des potiers qui ont fait la réputation de Cámiros, une réputation qui dépassa les frontières de l’île. La ville était aussi connue pour les figues, l’huile d’olive et le vin.
| Derrière le sanctuaire aux autels se trouve les vestiges des bains romains qui étaient probablement des bâtiments publics. |
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| Les réservoirs | Au-dessus du quartier résidentiel, les ruines d’un réseau d’aqueducs et d’un réservoir couvert (VIe siècle avant JC) ayant une capacité de 600 mètres cubes de l’eau, permettaient d’approvisionner tout au long de l’année jusqu’à 400 familles doriennes. On en voit encore les traces dans le quartier résidentiel. Les parois de la citerne étaient enduites d’un produit résistant à l’eau. Deux escaliers descendaient au fond où deux trous d’évacuation servaient à la nettoyer. Ils étaient fermés par des bouchons coniques en pierre. |
| L’acropole | Sur les hauteurs de l’acropole s’égaillent les vestiges d’un modeste temple périptère d’époque hellénistique (Ve siècle avant JC) consacré à Athéna Kameiria. Le temple dorique d’Athéna a été bâti sur les ruines du temple archaïque. | Plus tard, un « stoá » hellénistique a été construit en contrebas de l’acropole ; le « stoá » était composé de deux rangées de colonnes doriques avec des salles pour des magasins ou des logements à l’arrière. Ce long portique (206 m) du IIIe siècle avant JC aligne encore six belles colonnes avec entablement qui ont été redressées. | Depuis le temple, une vue panoramique sur la mer et sur la prospère campagne environnante s’offrait au visiteur. | À côté du temple se trouve le monastère de la Panagia, et, un peu plus loin, une catacombe paléochrétienne. |
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| Histoire | Les fouilles archéologiques entreprises en 1859 ont révélé une occupation minoenne. La légende prétend que Althéménée, petit-fils du roi Minos de Crète, en fut le fondateur, et qu’un fils d’Hercule, Tlipolèmos, y vécut. La ville dont nous voyons les ruines a été fondée par les Doriens au VIIIe siècle avant JC. À la fin du VIe siècle avant JC et au début du Ve siècle, Cámiros est sous dépendance perse. La cité regagne son autonomie à la fin des guerres médiques, avant de rejoindre la Ligue de Délos. En 411 avant JC, les Spartiates, partis de Cnide, débarquent à Cámiros avec 94 navires. Ils s’emparent rapidement de la ville, qui n’est pas fortifiée (Thucydide, VIII, 44, 2) et, convoquant son assemblée, décident les citoyens à changer de camp. En 407 avant JC, les trois cités de Cámiros, Líndos et Ialyssós fondent conjointement, tout en conservant leur autonomie, la cité de Rhodes, capitale de l’île. Cámiros était la plus petite de ces trois cités rhodiennes de l’Antiquité qui furent florissantes aux VIe et Ve siècle avant JC. Au IVe siècle avant JC et pendant l’époque hellénistique, Cámiros profite de l’expansion commerciale et culturelle de Rhodes. En 305, la cité repousse les attaques de Démétrios Poliorcète. Sous la domination romaine, Cámiros et le reste de l’île sont ravagés par Cassius. Cámiros fut détruite une première fois par le gigantesque séisme de 226 avant JC. L’unité architecturale de la ville est due à sa reconstruction complète consécutive à ce premier séisme. Reconstruite sur les plans d’une cité hellénistique, Cámiros fut à nouveau détruite par le tremblement de terre de 142 avant JC. Cámiros est souvent comparé à Pompéi, bien qu’elle n’ait pas été ensevelie par une éruption volcanique, mais tout simplement abandonnée par la population et oubliée après ce second séisme au IIe siècle après JC. Cámiros n’a été redécouverte qu’au XIXe siècle lors d’une première campagne archéologique menée par Auguste Salzmann et Alfred Biliotti de 1852 à 1864. En 1928, l’école archéologique italienne a commencé l’excavation systématique du secteur ainsi que le travail de restauration qui a continué jusqu’à la fin de la Seconde Guerre mondiale. |
| Personnages | Le natif le plus célèbre de Cámiros est probablement Pisandre de Camire, l’auteur de l’Héracléide et d’autres poèmes. |
| Arts | Cámiros était une cité laborieuse, réputée pour ses artisans. Selon Homère, les bijoux d’or et les poteries qui y étaient fabriqués étaient très appréciés à l’extérieur de l’île. Les céramiques de Cámiros ont été exportées pratiquement dans tous les pays que la Grèce connaissait à l’époque. Au VIe siècle avant JC, Rhodes développe un style de céramique particulier, dit « de Fikellura » (du nom d’un cimetière situé non loin de Cámiros), visiblement dérivé du Géométrique par ses bandes de motifs répétitifs (carrés, points, volutes, écailles, croissants, zigzags, lignes brisées, verticales ou obliques, cordes,…) mais également inspiré par l’art animalier oriental (lions, panthères ou chèvres sauvages dans la position dite du « galop volant », oiseaux). L’École archéologique italienne reprend les fouilles en 1928 : une nécropole est mise au jour, qui révèle de nombreux vases d’un style décoratif particulier de l’époque archaïque, que l’on surnomme le « style des chèvres sauvages ». Il se caractérise par un décor organisé en registres superposés dans lesquels des animaux stylisés, notamment des chèvres sauvages (ce qui a donné son nom au style) se suivent en frises. La nécropole révèle également des vases du style de Fikellura. Même si une grande partie des trésors de Cámiros est conservée au British Museum, de multiples objets de céramique, bijoux et stèles funéraires sont aujourd’hui exposés au Musée archéologique de Rhodes. Ce pendentif, provenant de Cámiros, illustre la virtuosité technique des orfèvres de la Grèce de l’Est à l’époque orientalisante au confluent des sphères égyptienne, levantine et anatolienne. Sur un plateau bordé de filigrane, un lion et un aigle, décorés de granulations, sont entourés de rosaces et de protomés de griffons. Ces motifs sont typiquement orientalisants. L’électrum utilisé, alliage naturel d’or et d’argent qui servit à la même époque aux premiers monnayages lydiens et grecs, montre la richesse des régions orientales du monde hellénique à cette époque. On a retrouvé des pièces ornées d’une feuille de figuier, frappées à Cámiros au VIe siècle avant JC. |
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Littérature | Cámiros, avec Líndos et Ialysos, est mentionnée par Homère dans le Catalogue des vaisseaux (Iliade, II, 653–656) : « ceux de Líndos, d’Iélyse et de la blanche Camire ». Selon Hérodote (I, 44), ces trois cités forment avec Cos, Cnide et Halicarnasse l’Hexapole dorienne. |
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| Informations utiles | Site de Kameiros Téléphone : 00 30 2241 040 037 GR - 851 06 Kalavarda (Nissi Rodos) |
| L’écrin de verdure qui entourait le site de Cámiros est parti en fumée lors d’un incendie en 2008. | |
| Conditions de visite | Périodes d’ouverture été : le site est ouvert du mardi au dimanche de 8 h à 19 h 30 - fermé lundi ; hiver : de 8 h 30 à 14 h 30. Tarifs : 4 €. Service régulier d’autobus depuis Rhodes. |
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