| Le puy de Lemptégy en Auvergne | |
| |
| Généralités | Double cône de scories, âgé de 30 000 ans environ, totalement arasé par une carrière de pouzzolane ouverte en 1945 : c’est le « volcan à ciel ouvert ». |
|
| Étymologie française | Les appellations anciennes : montagne d’Antezi (1367), ou d’Antezil (XIIIe-XVe siècle) montrent qu’il y a eu accolement d’article et qu’on devrait écrire : puy de l’Antégy. L’origine est probablement dans une propriété foncière gallo-romaine, d’un nom d’homme latin Antius ou Anticius, qui aurait pu donner : soit Antici-acum (le champ d’Anticius) devenu Anticy, soit Antii-villa (la ferme d’Antius) devenu Antiville. |
|
|
| Généralités | Certaines anciennes carrières d’exploitation de la « Pouzzolane d’Auvergne », permettent de découvrir les racines d’un volcan. On peut ainsi visiter le puy de Lemptégy, appelé « Le volcan à ciel Ouvert ». Ce cône est exploité depuis une cinquantaine d’années pour la pouzzolane mais aussi depuis une dizaine d’années pour la découverte du volcanisme. En effet, au « Volcan à Ciel Ouvert », en face du parc « Vulcania », inauguré en février 2002, l’on découvre le cœur d’un volcan. On découvre ainsi la cheminée volcanique : en allant vers le centre du volcan, les parois de la carrière changent brusquement de couleur : de noires elles deviennent rouges. Cette modification est perpendiculaire aux couches de scories ici légèrement inclinées. Cette coloration s’est donc produite après le dépôt des scories. Ces dernières étaient à l’origine noires et sont devenues ensuite rouges. C’est la chaleur intense du magma qui a « cuit » les scories. C’est d’ailleurs, un bon critère pour savoir si l’on s’approche du cœur du volcan. | Coulées de lave | Plus loin, le sentier au Lemptégy recoupe une lame verticale et peu épaisse de lave massive. En regardant de plus près nous observons des cristaux blancs de feldspaths, tous allongés, dans même direction. Ce « relief » est un filon de lave, dégagé par l’érosion, et que les géologues appellent dyke. C’est ce type de filon qui alimente, en surface, les coulées de lave. Ces chaos de lave, que les auvergnats appellent les Cheires, sont semblables aux coulées émises par l’Etna, en Sicile, ou par le Kilauea à Hawaii et que les volcanologues appellent coulée à blocs, ou coulée « aa ». Après plusieurs millions d’années elles sont dégagées par l’érosion et l’on peut voir ce que l’on appelle des orgues basaltiques. Avant son exploitation, le puy de Lemptégy se présentait avant son exploitation comme un petit cône strombolien haut de 50 m (sommet à l’altitude de 1 019 m), avec un cratère égueulé vers le sud-ouest. En dépit de ces dimensions modestes, l’examen des parois de la carrière révèle une structure complexe. Deux volcans se sont succédé ici il y a 30 000 ans environ. |
| | Roche | |
| Situation | | |
|
| Histoire de Lemptégy scène 0 | On présente généralement les volcans de la Chaîne des Puys comme des « édifices monogéniques », c’est-à-dire édifiés chacun lors d’une éruption unique (et donc individuellement non susceptibles de se réveiller un jour). Le premier volcan a avorté et s’est disloqué sur place, peut-être sous la poussée du magma qui un peu plus tard a nourri le second. LE PREMIER CÔNE DE SCORIES, BASALTIQUE (LEMPTÉGY 1) Sur le plancher Est de la carrière, on peut observer les produits d’un épisode strombolien initial (ou Lemptégy 1), dont la composition se situe à la limite des basaltes et des trachybasaltes. L’emplacement de la cheminée est matérialisé par un culot résistant fait de lave et de scories soudées (« spatter-cone ») culminé par deux énormes bombes dont la plus volumineuse a été cubée à 24 m³, soit 60 tonnes. L’exploitation a laissé autour de ce culot une multitude de bombes de grande taille. Dans les parois Nord et Est de la carrière, les projections du Lemptégy 1 sont séparées des scories noires appartenant au Lemptégy 2 par les lapilli de saupoudrage du puy des Gouttes. La teinte de ces lapilli est normalement noire. Ici, leur teinte est rouge près de leur base. Ceci implique qu’ils sont tombés sur le Lemptégy 1 encore chaud, et suggère donc une activité sensiblement synchrone des deux volcans, Lemptégy 1 et les Gouttes, qui pouvaient être alimentés en profondeur par le même système de fractures. Leurs laves sont d’ailleurs chimiquement et minéralogiquement identiques. Cet édifice initial du puy de Lemptégy a été récemment daté à 30 000 ans environ par la thermoluminescence des quartz des enclaves de socle profond qui abondent dans ses scories. Cet âge est donc aussi celui du puy des Gouttes. | Histoire de Lemptégy scène 1 | Le cône du Lemptégy 1 est en outre affecté par une importante fracture N10 dont le rejet semble important (plusieurs mètres) dans les parties inférieures de la carrière. Ce décalage diminue au fur et à mesure qu’on monte dans l’empilement des projections. Ce phénomène est particulièrement visible dans les produits de saupoudrage du puy des Gouttes, affectés par une série de petites failles d’extension dont le décalage est de plus en plus faible vers le haut. Cette extension a pu s’accompagner de quelques secousses sismiques d’intensité non négligeable, dont témoignent les circonvolutions perturbant localement le litage des lapilli du puy des Gouttes, soulignées par des dépôts fumerolliens blanchâtres (à de telles perturbations, on donne le nom de « sismites »). Ainsi a-t-on la preuve : - de l’étirement et de la dislocation du cône de Lemptégy 1 pendant son éruption.
- du synchronisme de son activité avec celle du puy des Gouttes.
| Histoire de Lemptégy scène 2 | LE SECOND CÔNE STROMBOLIEN, TRACHYANDÉSITIQUE (LEMPTÉGY 2) L’âge de ce cône a été établi à 30 000 ans dès 1983, par la thermoluminescence. Il est donc peu différent de l’âge du Lemptégy 1. Compte tenu de la marge d’incertitude de la méthode de datation, il serait impossible de savoir lequel des deux cônes est antérieur, si la superposition des produits observée dans la carrière ne permettait de lever toute ambiguïté quant à la chronologie relative des deux éruptions. La valeur de 30 000 ans n’étant dans les deux cas qu’un bon ordre de grandeur, il pourrait en réalité s’être écoulé 3 000 ans entre les deux. Le puy de Lemptégy 2 résulte d’une éruption de type effusif. Le magma est beaucoup plus évolué que celui de Lemptégy 1 : il s’agit d’une trachyandésite, proche de la célèbre « pierre de Volvic ». La cheminée, caractérisée par la soudure des matériaux, a été préservée par l’exploitation. Des « fuites » de lave liquide depuis cette cheminée ont donné des filons, qui se sont insinués dans les scories et sont actuellement dégagés : on les appelle les dykes. On voit clairement ces filons sortir radialement autour de la cheminée, puis infléchir leur direction vers le sud-ouest, sans doute en raison de la plus grande pente. C’est probablement la réunion de tous ces filons, qui a alimenté la coulée de Lemptégy 2. Cette sortie tumultueuse est probablement à l’origine de l’égueulement du cratère du puy de Lemptégy vers le sud-ouest. La coulée de Lemptégy 2 apparaissait dans les fouilles de Vulcania comme une « coulée à blocs » typique (ou « cheyre »), très semblable à celle, plus célèbre, du puy de Côme. Son épaisseur totale est d’une vingtaine de mètres, et sa partie supérieure, sur 5 à 10 m. | Histoire de Lemptegy scène 3 | Les dépôts de projections issues des volcans voisins Les dépôts éoliens du Puy de Côme. Des lapilli scoriacés et des cendres grises finement litées, attribués au puy de Côme (environ 16000 ans), forment sur le cône de Lemptégy 2 un dépôt dont l’épaisseur varie de quelques décimètres à 2 ou 3 m. Ces importantes variations d’épaisseur (accumulations de type dune ou congère), la finesse dominante des produits, leur litage très marqué, et divers effets de courants, sont la signature d’un dépôt en régime de vents violents. | Les dépôts du Puy Chopine | Les produits de l’éruption du puy Chopine forment au sommet du front de taille de la carrière de Lemptégy une couche continue, claire, épaisse de 50 cm à 3 m. Le puy Chopine est classiquement décrit comme une aiguille de protrusion trachytique. Une violente phase explosive a ouvert un vaste cratère dans le cône strombolien préexistant du puy des Gouttes. Mais l’analyse des dépôts permet d’aller plus loin : après cette phase explosive, croît un premier dôme (ou une première aiguille). La destruction explosive de ce dôme (ou de cette aiguille) est à l’origine du dépôt sur Lemptégy. Il est essentiellement constitué de trachyte et sa richesse en charbon de bois révèle une température de mise en place plus élevée (au moins 450 °C) : il s’agit là d’une véritable nuée ardente, dont le vecteur était le gaz magmatique. Il convient à ce sujet de faire une remarque : dans les dépôts du Puy Chopine, on n’observe aucune trace de racines dont la longueur aurait excédé 50 cm. Il n’y avait donc pas d’arbres sur le puy de Lemptégy, mais seulement une végétation herbacée. Les branches et fragments de troncs carbonisés dispersés dans le dépôt proviennent donc de la destruction d’un couvert forestier qui occupait le puy des Gouttes, mais ne s’étendait pas à l’ensemble de la région. Les fragments carbonisés ont permis un nombre inhabituel de datations, par la méthode du carbone 14. La moyenne d’âge de douze mesures aboutit à la valeur calibrée : 9 500 ± 500 ans, c’est-à-dire : entre 9 000 et 10 000 ans décomptés à partir d’aujourd’hui. |
|
|
| |
|