Comme pour la morphologie, l’anatomie des racines est différentes selon si on a à faire à une Monocotylédone ou une Dicotylédone. De plus, on distingue une structure primaire et une structure secondaire. 1. La racine chez les Dicotylédones : La racine des dicotylédones peut être étudiée à partir de deux coupes : une coupe longitudinale axiale et une coupe transversale. 1.1. Les structures primaires : Anatomiquement, la racine est constituée de différentes zones : 1.1.1. La coiffe : C’est un tissu de revêtement formé de cellules parenchymateuses, qui élaborent des amyloplastes qui jouent un rôle dans la perception de la gravité. Les cellules de la coiffe sont de petite taille et produisent un mucilage important. La coiffe est fortement soumise aux chocs et de ce fait est en continuel renouvellement 1.1.2. Le centre quiescent : C’est une zone qui se situe en arrière de la coiffe. Il est constitué de cellules qui ne se divisent pas ou très peu. 1.1.3. La zone méristématique : Elle succède au centre quiescent et dans cette zone, l’activité mitotique est élevée. 1.1.4. La zone d’élongation : C’est une zone importante où a lieu la vacuolisation progressive des cellules mais aussi la formation de deux zones concentriques : - le cylindre cortical aussi appelé écorce
- le cylindre central également nommé stèle, beaucoup plus différencié.
1.1.5. La zone pilifère : C’est dans cette zone que se réalise la formation des poils absorbants à partir d’une assise pilifère. 1.1.6. La zone subéreuse : Elle correspond au lieu de la cellule qui se subérifie, assurant la protection de la racine. 1.1.7. Le cylindre cortical ou écorce L’écorce est limitée à l’extérieur par l’assise pilifère ou rhizoderme. Après la chute des poils absorbants, l’assise pilifère est remplacée par une assise subéreuse ou exoderme. Les poils absorbants sont issus de trichoblastes. Ce sont des cellules à part entière qui possèdent un protoplasme abondant et un noyau. Les cellules de l’assise subéreuses sont polygonales allongées radialement (les cellules possèdent une face radiale et une face axiale) dont la paroi est subérifiée. Sous ces deux assises, on trouve le parenchyme cortical. Il occupe la plus grande partie de l’écorce et est constitué de cellules volumineuses à parois minces. Le parenchyme cortical est un tissu de réserve. On peut observer de nombreux méats entre les cellules. La région la plus interne du cylindre cortical est l’endoderme, qui constitue un anneau unistratifié. Les cellules sont en forme de parallélépipède dont les parois axiales sont minces mais dont les parois radiales possèdent un épaississement formant les bandes de Caspary constituées de lignosubérine, imperméable à l’eau. 1.1.8 Le cylindre central ou stèle : La stèle est constitué par l’ensemble phloème - xylème, associé à d’autres tissus parfois. Les faisceaux xylémiens alternés avec des massifs de phloème sont séparés par la présence d’un parenchyme fondamental. Une assise de ce parenchyme est accolée à l’endoderme : on l’appelle le péricycle. Le parenchyme qui comble les espaces entre xylème et phloème constitue les rayons médullaires. La moelle, quasi inexistante chez les Dicotylédones, sauf à l’état très jeune, est située au centre du cylindre central. Les faisceaux de xylème et les massifs de phloème sont en nombre égal dans une racine. Les massifs phloémiens sont constitués de tubes criblés, de cellules compagnes. Leur différenciation est centripète. Le phloème aussi appelé liber est constitué de protophloème, situé à proximité du péricycle, et de métaphloème, situé de plus en plus près du centre. Les faisceaux xylèmiens sont uniquement constitués de xylème ou bois, leur différenciation est centripète Le protoxylème se trouve contre le péricycle. Souvent, les faisceaux fusionnent au centre. 1.2 Les structures secondaires : La structure secondaire est issue du fonctionnement du cambium et du phellogène. La production interne de tissus entraîne la déchirure de ceux qui l’entourent. 1.2.1 Le cambium : Il s’insinue entre la moelle et les massifs phloémiens et entre le péricycle et les faisceaux xylémiens. Il prend une forme circulaire et produit le xylème secondaire (développement centrifuge) ainsi que le phloème secondaire (développement centripète), qui forment le pachyte. Ce pachyte peut être continu ou discontinu selon qu’il y a production ou non de parenchyme secondaire. 1.2.2 Le phellogène : Il peut apparaître à n’importe quel endroit dans la racine mais le plus fréquemment, il se forme au niveau du péricycle, du parenchyme cortical ou de l’assise pilifère. L’écorce primaire, alors isolée par le périderme, se rompt et s’exfolie. 1.3 Les structures particulières : La tubérisation de certaines racines, liée à l’accumulation de réserves est la conséquence d’une anomalie : la multiplication cellulaire, conduisant à l’hypertrophie de certains tissus. Pour certaines espèces, ce sera le parenchyme de l’écorce qui s’hypertrophiera alors que chez la carotte, ce sera le liber ou phloème secondaire. Une particularité encore chez la betterave où le cambium a un fonctionnement temporaire. Quand le premier cambium cesse son activité, de nouveaux, de plus en plus périphérique apparaissent et deviennent fonctionnels successivement. 2 La racine chez les Monocotylédones : 2.1 Structure classique : Chez les Monocotylédones, on ne trouve essentiellement que des structures primaires, les structures secondaires étant extrêmement rares. Les racines des Monocotylédones présentent quelques différences anatomiques par rapport aux structures des Dicotylédones. Dans le cylindre cortical, le subéroïde se différencie dans les assises superficielles de l’écorce. Ce tissu a le même rôle que l’assise subéreuse des Dicotylédones. L’endoderme subit une différenciation poussée puisque ses parois cellulaires se subérifient pour former un endoderme épaissi en forme de fer à cheval. Toutefois, certaines cellules de cet endoderme ne se subérifient pas et constituent les cellules de passage qui permettent les échanges entre les deux cylindres. Le cylindre central est plus développé que chez les Dicotylédones : le péricycle peut être pluristratifié et peut se sclérifier dans les racines plus âgées. Les vaisseaux conducteurs sont beaucoup plus nombreux (environ 12 faisceaux xylémiens et 12 massifs phloémiens). La moelle est fort abondante et peut se sclérifier en vieillissant. 2.2 Structure particulière : Les racines aériennes des Orchidacées par exemple, multiplient les couches de leur assise pilifère en plusieurs couches de cellules qui en se subérifiant, entraînent la mort. Capable d’absorber l’eau, ce tissu nommé voile ou velamen, permet à la plante de s’alimenter en eau 3 Comparaison avec les racines de Gymnospermes : Bien que n’appartenant pas aux Angiospermes il est intéressant de s’attarder quelques instants sur la racine des Gymnospermes. Sur le plan anatomique, les racines des Gymnospermes diffèrent essentiellement de celles des Dicotylédones par la présence limitée de poils absorbants, la sclérification du parenchyme et de l’endoderme, la présence d’un péricycle pluristratifié et de tissus conducteurs propres aux Gymnospermes. 4 Croissance des racines : Après l’apparition des racines, la plantes connaît différents stades de croissance. La plupart des plantes connaissent une croissance indéfinie, d’autres ont une croissance définie (s’arrêtent de croître lorsqu’ils ont atteint une certaine taille) . Les végétaux croissent de façon illimitée parce qu’il produisent constamment des tissus embryonnaires appelés méristèmes. Les cellules du méristème sont indifférenciées. Certaines d’entres-elles, les cellules initiales se divisent afin de régénérer le méristème. Les autres, les cellules dérivées, se spécialisent et s’incorporent aux tissus de la plante. Les méristèmes apicaux situés à l’extrémité des racines fournissent les cellules nécessaires à la croissance en longueur. Ce type d’élongation est appelé croissance primaire. Il permet aux racines d’étendre leurs ramifications dans le sol. Les plantes herbacées ne connaissent qu’une croissance primaire alors que les plantes ligneuses possèdent une croissance secondaire qui a lieu dans les parties plus vielle de la plante. La croissance secondaire épaissit et renforce les parties les plus vielles de la plante en augmentant la circonférence des organes. 4.1 Croissance primaire des racines : Elle permet aux plantes de s’enfoncer dans le sol. La coiffe protège le méristème fragile. La croissance s’effectue près de l’extrémité des racines, où l’on différencie la zone de division cellulaire, la zone d’élongation cellulaire et la zone de différenciation. On ne distingue pas nettement la limite entre chacune de ces zones. La zone de division cellulaire comprend le méristème apical et les méristèmes primaires qui en dérivent. Le caractère fondamental d’une cellule méristématique est de pouvoir se diviser : c’est un phénomène de mérèze, avec deux types de divisions (anticline et péricline) ; Le méristème apical permet aussi de remplacer les cellules de la coiffe. Le zone quiescente se divise très peu et permet de reconstituer le méristème en cas de détérioration. Le méristème apical en se divisant crée l’apparition de trois cylindres concentriques constitués de méristèmes primaires : le protoderme, le procambium et le méristème fondamental qui donneront les trois tissus primaires de la racines : les tissus de revêtement, les tissus conducteurs et les tissus fondamentaux. - Le protoderme, méristème primaire externe se transforme en épiderme ;
- Le procambium est le précurseur du cylindre central, la stèle, dans laquelle se développent xylème, phloème et moelle.
- Le méristème fondamental, situé entre le protoderme et le procambium fournit les tissus fondamentaux et en particulier, les cellules parenchymateuses qui remplissent l’écorce, et l’endoderme.
Au dessus de la zone de division cellulaire, se trouve la zone d’élongation des cellules, où les cellules deviennent environ dix fois plus longues. Avant même d’avoir terminé leur croissance, les cellules commencent à se spécialiser. Elles acquièrent une structure et une fonction particulière dans la zone de différenciation. La différenciation s’accompagne d’un phénomène d’auxèse. La cellule grandit en même temps que les vacuoles. Les cellules se différencient pour donner les tissus primaires. Dans une racine primaire, peuvent surgir des racines latérales qui prennent naissance dans la couche externe de la stèle, à partir du péricycle, qui peut se dédifférencier pour donner un méristème et recommencer à se diviser. Des divisions des cellules du péricycle produisent des grappes qui s’allongent dans l’écorce jusqu’à ce que la racine latérale sorte de la racine primaire. Les stèles des deux racines restent liées et assurent la continuité des vaisseaux. 4.2 Croissance secondaire des racines : Les tissus secondaires produits au cours de la croissance en diamètre (ou secondaire), constituent la structure secondaire. Deux méristèmes interviennent: le cambium libéroligneux qui donne le xylème et le phloème et le cambium subérophellodermique qui engendre l’épiderme des racines. La croissance secondaire est fréquente chez la plupart des Dicotylédones mais rare chez les Monocotylédones. Le cambium libéroligneux se forme dans la stèle et produit, en partie interne, le xylème secondaire et dans la partie externe, le phloème secondaire. Lorsque la stèle augmente de taille, l’écorce et l’épiderme se fendent et se détachent de la racine. Le péricycle de la stèle donne naissance à un cambium subérophellodermique, lequel produit le périderme, tissu de revêtement secondaire. Les vielles racines, composant la structure secondaire de la racine, ne servent qu’à enraciner la plante et à assurer le transport des liquides. Au cours des années, les racines deviennent de plus en plus ligneuses, des anneaux se forment dans le xylème secondaire et les tissus situé à l’extérieur du cambium libéroligneux constituent une écorce épaisse et solide. Après une croissance secondaire prolongée, les vieilles racines et les vieilles tiges présentent une structure semblable. |