Les fortifications de Rhodes | | | La fortification de la ville de Rhodes fut basée sur les méthodes traditionnelles de construction des Chevaliers de Saint-Jean-d’Acre, tenant compte de la création et de l’utilisation d’armes à la pointe de l’art militaire. Au cours de ces deux cent ans de présence des Chevaliers, l’évolution des techniques guerrière, l’emploi de la poudre et l’avènement des armes à feux façonneront les fortifications. La fortification bénéficie de toute la panoplie de l’époque en matière d’architecture militaire : embrasures pour l’artillerie, canonnières encastrées, bastions en éperon, et cetera. Un double fossé, entre la tour d’Espagne et la porte de Koskinoú, renforce encore les fortifications. Le système de défense devint très complexe, comprenant onze portes puissamment fortifiées avec des chicanes complexes et des pont-levis, de nombreux bastions massifs, et des courtines crénelées, parfois doubles ou triples, protégées par de larges fossés. L’ensemble est pourvu d’innombrables meurtrières, ouvertures et bouches à canon dont les angles de tir croisés, savamment calculés, permettaient d’interdire aux assaillants éventuels toute approche des murailles par les fossés. L’ensemble de l’enceinte fortifiée forme un rectangle de 800 m sur 1000 pour un périmètre de 4 km. Les fortifications de Rhodes disposait de peu de portes en raison de la situation de la ville à l’extrémité nord de l’île, et parce que le reste de l’île était faiblement peuplée. Trois portes satisfaisaient aux besoins essentiels : la Porte Sainte-Catherine qui donnait accès au port de commerce de la ville ; la Porte Saint-Jean qui était le point d’arrivée de la route qui reliait Rhodes à Líndos et aux villages de la côte est ; la Porte d’Amboise qui donnait accès à la côte ouest. Trois portes mineures s’y ajoutaient : la Porte Saint-Athanase sur le côté sud des remparts a été fermée pendant des siècles ; la Porte des Moulins qui donnait directement accès aux moulins situés dans le port ; la Porte Saint-Paul qui donnait accès au port de Mandráki. L’architecture des portes de la ville est d’inspiration gothique provençal, rappelant celles de Villeneuve-lès-Avignon. Les fortifications de Rhodes peuvent être classées en trois groupes : Les fortifications tinrent devant des sièges importants du Sultan d’Égypte (1444) et de Mehmet II (1480). Après le siège de 1480, l’Ordre atteignit une telle réputation qu’il reçut de nombreux dons qui furent utilisés pour améliorer de façon substantielle les fortifications de la ville. L’influence des fortifications de Rhodes, ville « franque » longtemps réputée imprenable s’est exercée dans tout le bassin oriental de la Méditerranée à la fin du Moyen Âge. Les Turcs conservèrent et, à leur tour, modifièrent les fortifications en y ajoutant de grosses tours rondes appelée « koulé », mais l’ensemble garde tout de même son caractère médiéval. L’ensemble, restauré au XXe siècle, forme une des plus grandes places fortes médiévales d’Europe. | |
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Les remparts | | Des remparts existaient déjà avant l’arrivée des Chevaliers, mais ces premiers remparts, hauts, minces (2 m d’épaisseur avec un parapet de 45 cm), percés de portes protégées par des tours rectangulaires, n’étaient plus suffisants pour résister aux guerriers de l’Empire Ottoman. Sur les fondations de l’enceinte byzantine, les Chevaliers reconstruisirent presque entièrement les remparts et ne cessèrent de les remanier et de les renforcer du XIVe siècle au XVIe siècle et jusqu’en 1522, sous les grands maîtres successifs Giovanni Battista degl’Orsini (1467-1476), Pierre d’Aubusson (1476-1505), Émery d’Amboise (1505-1512), Fabrizio del Carretto (1513-1521) et Philippe Villiers de l’Isle-Adam (1521-1522). On retrouve sur les remparts de nombreux écussons témoignant de la contribution du pape et des grands maîtres à la réparation et à la consolidation des remparts et du fossé. Pierre d’Aubusson, qui devint Maître de l’Ordre en 1476 se distingua particulièrement dans la consolidation et le renforcement de l’enceinte, plus de cinquante écussons enchâssés dans le parement extérieur du rempart sont la preuve de ses activités. Après un premier siège des Turcs ottomans en 1480, et un petit séisme en 1481, les dégâts occasionnés obligèrent les Chevaliers à consolider une fois de plus leurs murs de défense. L’épaisseur des remparts atteignit alors 5,30 m, des couloirs intérieurs furent créés pour une plus libre circulation des assiégés, le nombre des portes fut réduit, et chacune fut renforcée de deux tours. Certains bastions et murailles, dans leurs parties supérieures, comportent des sortes de glacis ou pans coupés en sorte que les boulets ne les frappent pas de plein fouet mais soient amortis et déviés de leur trajectoire … On en attribue la réalisation, une fois de plus, à Pierre d’Aubusson … Les remparts forme une enceinte de 4 km long et d’une épaisseur de 5,30 m (allant jusqu’à 12 m). Au début du XVIe siècle, dans le secteur de la Porte d’Amboise, construite à l’angle nord ouest en 1512, la courtine atteignit 12 mètres d’épaisseur, et servait de plateforme d’artillerie avec un nouveau parapet crénelé large de 4 mètres et percé de bouches à feu, facilitant les tirs sur les assaillants. Lors du second siège turc, la défense des différentes sections des remparts ou « boulevards », de plusieurs centaines de mètres, étaient placées sous la responsabilité des différentes « langues » des Chevaliers (les langues désignant les sept prieurés nationaux composant l’Ordre des Chevaliers). Ainsi on rencontre successivement par les « boulevards » de France (Galia), d’Allemagne (Germania), d’Auvergne (Ovérni), d’Espagne (Ispania), d’Angleterre (Anglia), de Provence (Provingia) et d’Italie (Italia). Les Turcs réussirent leur entrée dans la cité, après un long siège, en s’attaquant au boulevard de la langue d’Aragon, situé entre les tours d’Espagne et de Sainte-Marie, endroit demeuré faible malgré les multiples consolidations des dernières décennies.
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Les fossés | | L’enceinte de fortification est bordée sur la partie nord par la mer, ailleurs par un immense fossé en partie creusé dans le roc, d’une largeur de 30 à 45 mètres, d’une profondeur variant entre 15 et 20 mètres, dans lesquels on voit des centaines peut-être même des milliers de boulets de pierre tirés par les Ottomans lors du siège de 1522. Après un premier siège des Turcs en 1480, Émery d’Amboise, craignant de nouvelles attaques, continua les travaux. Le fossé extérieur fut élargi jusqu’à 20 m, et creusé d’une profondeur allant par endroit jusqu’à 23 m. Il ouvrit un deuxième fossé le long des parties les plus faibles. | | L’entrepreneur qui organisa ces travaux fut Villiers de l’Isle Adam qui devait devenir le dernier Grand Maître de l’Ordre à Rhodes en 1521. Il faut remarquer que les fossés, ou douves sèches, n’ont jamais reçu d’eau car ils étaient plus haut que le niveau de la mer. Les fossés sont aujourd’hui devenus de magnifiques jardins plantés d’hibiscus, de lauriers-roses et de bougainvillées, où l’on peut flâner. Ces fossés de 2 500 m de longueur sont accessibles à toute heure depuis la porte d’Acandiá ou depuis la tour Saint-Pierre. | |
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Les fortifications de la mer | |
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La porte de l’Arsenal | Depuis la place de Sými, la Porte de l’Arsenal (pili Tarsana), ou pili Navarhiou, conduit au Port de Commerce. C’est aujourd’hui, une ouverture moderne dans la muraille qui permet aux automobiles d’atteindre la ville moderne. | |
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La porte de la Liberté | La Porte des Chevaliers, devenue Porte de la Liberté (Pili Elefterias), a été percée en 1924 dans l’enceinte médiévale par les Italiens, considérés par les Grecs comme des libérateurs de l’île. La Porte de la Liberté est situé à l’extrémité de la jetée du Port de Mandraki. | |
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La porte Saint-Antoine | La Porte Saint-Antoine (pili Agiou Andoniou) était l’ancienne porte de l’ouest de Rhodes : depuis la rue Orphée, rue commerçante près du Palais des Grands Maîtres, elle permettait de sortir du côté de la campagne. La Porte Saint-Antoine, surmontée de deux tourelles, devint, après la refonte des fortifications, la quatrième et dernière porte de la Porte d’Amboise. |
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La tour d’Espagne | De plan circulaire et située à l’ouest de la citadelle, la Tour d’Espagne est entourée d’un terre-plein pourvu de canonnières basses d’où l’on pouvait atteindre facilement les assaillants dans le fossé. | |
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Le boulevard de la langue d’Aragon | | Le Boulevard d’Espagne (Ispania), ou Boulevard d’Aragon, mène de la tour d’Espagne à la tour Sainte-Marie. Avant le siège de 1480, le boulevard d’Aragon était le boulevard d’Angleterre : les boulevards d’Angleterre et d’Aragon furent intervertis après 1480 pour tenir compte des poids respectifs de ces nations. |
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Le terre-plein d’Angleterre | Le terre-plein d’Angleterre près de la Porte Saint-Athanase a été construit après le premier siège ottoman. Les Chevaliers pouvaient y accéder par un passage souterrain qui pouvait être aisément détruit au cas où l’ennemi investissait le rempart. Le développement de ces nouvelles fortifications conduisit à un changement dans les techniques de siège. Les canons de cette époque ne tirant pas de charges explosives ,mais seulement de lourds boulets de pierre, causaient peu de dommages sur ces nouveaux bastions. La seule façon de les endommager sérieusement était de placer à leur base des explosifs, et ainsi les Ottomans creusèrent des tunnels dans ce but. La guerre de siège devint une affaire de sapeurs. |
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La tour d’Italie | La Tour (ou fortin) d’Italie était protégée par un énorme terre-plein circulaire de 15 m de diamètre, qui constituait une redoutable défense. Des canonnières étaient aménagées à la base pour permettre aux défenseurs de battre les fossés. Des boulets de canon, encore fichés çà et là dans la muraille, au niveau de la tour d’Italie et de sa courtine, témoignent de la violence de la seconde attaque turque (1522), quand les hommes de Soliman le Magnifique s’emparèrent de la ville après six mois d’un siège titanesque. Sur le terre-plein, on voit les armes de Fabrizio del Caretto. Sous la protection de la tour s’ouvrait la porte d’Italie qui fut murée après le siège de 1480. |
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Le bastion Carretto | Durant le siège de 1480, les Ottomans parvinrent à ouvrir une brèche dans la partie sud-est des remparts, puis ils lancèrent un assaut à l’arme blanche : trois cent janissaires (l’élite des troupes ottomanes) réussirent à pénétrer dans la ville, mais les Chevaliers, sous le commandement du Grand Maître Pierre d’Aubusson et protégés par leur armures, décimèrent le gros de l’armée ottomane et repoussèrent les assaillants. Ce fut l’ultime épisode du siège : les pertes ottomanes furent si lourdes que le siège fut levé. | Le Grand Maître Fabrizio del Carretto donna son nom à l’énorme bastion circulaire qui fut construit à l’endroit de la brèche. | |
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La porte d’Acandiá | La Porte d’Acandiá (pili Akantias) (Acandiá est le troisième port de Rhodes où mouillent les gros paquebots de croisière), est située au sud-est des remparts. |
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