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La nouvelle forteresse (Néo Froúrio) de la ville de Corfou

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PrésentationPrésentation

Présentation généralePrésentation générale
La nouvelle forteresse vénitienne est la seconde forteresse bâtie par les Vénitiens pour la défense de Corfou contre les attaques ottomanes. C’est un immense et massif complexe de fortifications situé au nord-ouest de la vieille ville, à l’opposé de l’ancienne forteresse qui se trouvait à l’est ; des murailles et d’autres fortifications reliaient les deux forteresses, au nord, face à la mer, et au sud, face à la terre ferme, et protégeaient la vieille ville.
ÉtymologieÉtymologie et toponymie
Cette forteresse est traditionnellement nommée « nouvelle forteresse », « nouveau fort », « château neuf » ou « Fortezza Nuova » pour les Vénitiens (Νέο Φρούριο / Néo Froúrio), par opposition à la citadelle traditionnelle qui défendait Corfou depuis l’époque byzantine et qui avait défendu la ville avec succès contre un premier grand siège ottoman en 1537. La vieille forteresse avait cependant été profondément transformée par les Vénitiens avant et après ce siège.

Le nom plus spécifique de la nouvelle forteresse est « forteresse Saint-Marc » (Φρούριο του Αγίου Μάρκου / Froúrio tou Agíou Márkou), par référence au nom de la colline sur laquelle elle est construite, la colline Saint-Marc (Άγιος Μάρκος).

SituationSituation

La nouvelle forteresse forme un verrou à l’entrée de la presqu’île où se trouve la vieille ville de Corfou ; la fortification est située sur la colline Saint-Marc, surplombant le vieux port, dans le coin nord-ouest de la vieille ville, s’élevant au-dessus des toits des maisons. Les murailles de l’ouest fermaient l’isthme de cette presqu’île et étaient elles-mêmes protégées par des forts qui furent bâtis sur les collines d’Avrámi et de Saróko après le siège de 1716.

La nouvelle forteresse de la ville de Corfou. La rue Dionysos Solomos. Cliquer pour agrandir l'image dans Adobe Stock (nouvel onglet).On accède à la nouvelle forteresse par une porte secondaire qui se trouve à l’extrémité ouest de la rue Dionysos Solomos (Odós Dionysíou Solomoú) ; en montant cette rue en escaliers, pavée de galets, on passe devant l’église Notre-Dame de Ténédos, fermée la plupart du temps. Cette entrée est située au nord le marché aux poissons (ψαραγορά), qui a été construit dans une partie de l’ancien fossé de la forteresse.

Avant de faire la visite de la forteresse il est intéressant d’en faire le tour pour saisir l’importance militaire de cet ouvrage : on peut suivre le boulevard Vénizélos – qui a été construit à l’emplacement des murailles maritimes – depuis la place du vieux port (Παλιό Λιμάνι / Palío Limáni), longer le nouveau port (Νέο Λιμάνι / Néo Limáni), tourner à gauche dans le fossé sec jusqu’au marché aux poissons, contourner le bastion Sarantari jusqu’à atteindre la rue Solomos.

VisitesVisites

ForteresseLa nouvelle forteresse vénitienne (Νέο Ενετικό Φρούριο / Néo Enetikó Froúrio)
En 1537 avait eu lieu le premier grand siège ottoman contre la ville de Corfou, mené par le corsaire Barberousse et des galères françaises de François Ier ; la vieille forteresse avait résisté au siège mais la population civile, qui n’avait pas pu se réfugier dans la citadelle, avait subi des pertes sévères, avec notamment environ 20 000 habitants vendus comme esclaves par les Turcs. Après le siège, le conseil de la ville envoya des émissaires à Venise pour se plaindre du manque de fortifications de la ville, en dehors des murs de l’ancienne citadelle ; la République Sérénissime donna une suite favorable à cette demande et les Vénitiens élaborèrent des plans pour fortifier la ville et renforcer l’ancienne forteresse.

Le renforcement de la façade ouest de la vieille forteresse fut conçu par le grand architecte véronais Michele Sanmicheli ; entre 1546 et 1558, les ingénieurs militaires Savorgnan et Martinengo réalisèrent les deux bastions pentagonaux de cette façade. Pour fortifier la ville, des murailles et des fortifications furent construites au nord, sur le front de mer, et au sud, face à la terre ferme, avec des murs et des bastions s’étendant jusqu’à la mer à Garítsa ; ces constructions nécessitèrent la démolition de 2 000 maisons et de plusieurs vieilles églises dans le faubourg de San Rocco au sud-ouest de la vieille ville.

La nouvelle forteresse de la ville de Corfou. L'entrée dans la forteresse supérieure sous le bastion oriental de Sette Venti et les baraquements anglais. Cliquer pour agrandir l'image dans Adobe Stock (nouvel onglet).L’urgence du renforcement des fortifications de Corfou fut confirmée par un deuxième siège turc en 1571. Les Vénitiens qui, cette même année 1571, avaient perdu Chypre et la Crète, mais qui avaient vaincu la flotte ottomane à Lépante, se préoccupaient de l’expansion de l’Empire ottoman et considéraient Corfou comme le dernier bastion de la défense de Venise et de la Chrétienté. Ils décidèrent donc de renforcer les défenses de l’île et, surtout, celles de sa capitale où la majeure partie de la population était concentrée. La République de Venise envoya à Corfou, comme inspecteur des fortifications, l’ingénieur militaire Ferrante Vitelli. Ferrante Vitelli (1550-1584) appartenait à une famille influente de Città di Castello en Ombrie ; il fut placé à la demande de son oncle, le cardinal Vitellozzo, à la cour de Savoie et fut, de 1572 à 1581, au service du duc de Savoie, inspectant et rénovant les forteresses du duché, travaillant sur des projets à Mondovi, Nice et Turin, où il relia la citadelle aux remparts de la ville. De 1576 à 1578, Vitelli fut prêté par le duc de Savoie à la République Sérénissime pour renforcer les défenses de Corfou ; il se rendit immédiatement compte qu’une nouvelle forteresse devait être créée pour accroître sensiblement la capacité défensive de la ville. Il entreprit le projet en décembre 1576, ignorant les critiques des autres ingénieurs déjà présents à Corfou, en désaccord avec ses idées. Après avoir étudié le terrain, la colline San Marco fut choisie comme emplacement, à quelques centaines de mètres à l’ouest de l’ancienne forteresse, près du vieux port d’aujourd’hui. Le matériel de construction pour la construction de la forteresse fut pris à partir des centaines de bâtiments en ruine dans la zone de la ville. La construction de la nouvelle forteresse exigea de nombreuses années de travail et subit des ralentissements et des temps d’arrêt ; la première étape de construction fut achevée vers 1588.

La nouvelle forteresse de la ville de Corfou. Carte des fortifications en 1688 par Vincenzo Coronelli. Cliquer pour agrandir l'image.Dans les années 1660, après avoir servi de façon active dans la défense de Candie, l’ingénieur Filippo Verneda fut envoyé à Corfou de 1662 à 1673 ; Verneda renforça la nouvelle enceinte de la ville en ajoutant un second mur du côté ouest, à l’extérieur du premier.

Après la fin de la guerre de Candie et la perte finale de l’île de Candie (nom de la Crète à l’époque vénitienne), Corfou devint la plus importante possession stratégique et commerciale de la Sérénissime. En 1716, une nouvelle attaque turque contre Corfou fut repoussée grâce au plan de défense efficace appliqué par le commandant des forces terrestres vénitiennes, le maréchal comte Johann Matthias von der Schulenburg. En 1718, après la fin du siège, le maréchal lança une nouvelle phase de fortifications qui dura dix ans ; Schulenburg reprit les propositions précédentes des architectes Ferrante Vitelli et Filippo Verneda. Les collines d’Abraham (Avrámi) et de Saint-Sauveur (San Salvatore) furent fortifiées par deux grands forts, et un petit fort, un ravelin, fut construit dans le faubourg de Saint-Roch (San Rocco) pour protéger la Porte Royale (Porta Reale) ; les défenses du port furent renforcées. De plus, en 1728, Schulenburg proposa au Sénat de Venise de créer une école militaire sur l’île, dans le but d’améliorer la formation militaire de la milice et la gestion des fortifications.

Les gouverneurs de l’ancienne et de la nouvelle forteresse étaient nommés par le Sénat de Venise pour une période de deux ans ; les deux capitaines étaient assermentés devant le Sénat et une partie de leur serment était de ne jamais communiquer l’un avec l’autre au cours de leur mandat de deux ans en tant que gouverneurs des forteresses ; ce serment avait pour but d’éviter toute conspiration visant à se rebeller contre la République.

La nouvelle forteresse de la ville de Corfou. Vue perspective (Hermann, 1817). Cliquer pour agrandir l'image.Les fortifications de Corfou étaient enfin achevées avec, du côté sud-ouest, un mur qui partait de la vieille forteresse et se terminait à la nouvelle forteresse, et qui comprenait le bastion de Saint-Raimond, le bastion de Saint-Athanase (Ágios Athanásios) et le bastion de Sarandari ; deux portes s’ouvraient dans cette muraille de l’ouest : la porte de Saint-Raimond (Porta Raimondi), face à l’Esplanade (Spianata), qui menait aux faubourgs de Garítsa et à Paléopolis sur la presqu’île de Kanóni ; la Porte Royale (Porta Reale), très semblable à la porte que Ferrante Vitelli avait projetée pour la citadelle de Turin, était l’entrée principale dans la ville depuis l’intérieur de l’île ; elle était protégée par le ravelin de San Rocco. Du côté de la mer, au nord, la muraille était percée de deux portes, la Porte de la Grotte (Porta di Spilia), située à l’extrémité ouest du port, et la Porte Saint-Nicolas (Porta di San Nicola). Deux autres portes – à usage militaire – permettaient la communication entre la nouvelle forteresse et la ville : la Porta Otturata, ou Porta Murata, et la Porta Stopa al Tenedo. Toutes les portes étaient ornées du Lion ailé de Saint-Marc, symbole de la République Sérénissime de Venise. La garnison nécessaire pour servir l’ensemble de ces fortifications était de 10 000 à 20 000 hommes.

Grâce à ces efforts de défense vénitiens, Corfou fut le territoire le plus vaste et le plus important du monde grec classique, à ne jamais être tombé sous la domination ottomane, ainsi que la majorité des îles Ioniennes.

En revanche Corfou – ainsi que toutes les possessions vénitiennes – fut occupée par les troupes de la Ire République française lorsque le général Bonaparte renversa la République de Venise. De 1798 à 1799, les troupes françaises occupèrent les deux forteresses et l’île de Vido, qui furent assiégées par les troupes de l’Empire russe, pour une fois allié à l’Empire ottoman. En mars 1799, le général français Chabot capitula devant les troupes de l’amiral russe Ouchakov.

La nouvelle forteresse de la ville de Corfou. Vue depuis le port. Cliquer pour agrandir l'image.Après la nouvelle occupation française de 1808 à 1814 et la chute de Napoléon Ier, les Anglais s’autoproclamèrent « protecteurs » de Corfou. Au cours de leur occupation, de 1815 à 1864, les Anglais détruisirent les baraquements vénitiens situés au sommet de la forteresse et les remplacèrent par leurs propres baraquements, encore visibles de nos jours. Ils renforcèrent les défenses de la ville contre la menace turque, avec pas moins de 700 pièces d’artillerie qui avaient une portée pouvant atteindre la côte de l’Albanie, encore occupée par l’Empire ottoman. Les Anglais construisirent aussi un bâtiment en brique de trois étages, dans le bastion de la Punta Perpetua, pour y héberger les autorités portuaires ; ce bâtiment est, de nos jours, la base navale de Corfou. Vers 1837, les Anglais détruisirent la Porte Royale (Porta Reale), à l’entrée de la ville, pour permettre le perçage de la rue Jean Théotokis (Odós Ioánnou Theotóki), ainsi que la Porta Raimondi, face à la Spianáda, pour créer la route du front de mer. Aux termes du « Traité de Londres » de 1864, lorsque Corfou fut réunie au Royaume de Grèce, les Anglais détruisirent les murailles de Corfou du côté de la mer, ainsi que les fortifications de l’île de Vído, avant de quitter l’île. De l’ancien mur d’enceinte il ne reste que quelques vestiges à l’ouest et au sud.

La nouvelle forteresse présente une structure à deux niveaux : au niveau inférieur se trouvent un bastion pentagonal, le bastion de Punta Perpetua et un petit fort, qui protégeait le vieux port ; au niveau supérieur se trouvent les deux bastions dits des Sept-Vents, orientés vers l’ouest pour repousser les attaques venant de la terre.

La nouvelle forteresse de la ville de Corfou. Plan de la forteresse. Cliquer pour agrandir l'image.Plan de visite de la forteresse :

1 : Entrée des visiteurs. 2 : Bastion de Scarpa. 3 : Bastion pentagonal. 4 : Bastion de Punta Perpetua. 5 : Base navale. 6 : Bastion des Sept-Vents. 7 : Fossé. 8 : Baraquement anglais. 9 : Bastion Sarantari.

La nouvelle forteresse de la ville de Corfou. Dessin des fortifications de Corfou en 1716. Cliquer pour agrandir l'image.Les fortifications de Corfou en 1716 :

1 : Ancienne forteresse. 2 : Château. 3 : Château de la Mer. 4 : Bastion de Gérinan (Savorgnan). 5 : Bastion de Martinengo. 6 : Boulevard de Saint-Isidore. 7 : Porte du château. 8 : Porte du Mandragio (Mandráki). 9 : Chemins couverts auxquels on travaille (sotterranei, souterrains). 10 : Porte de Saint-Nicolas. 11 : Porte d’Espilea (Spiliá). 12 : Portes de la nouvelle forteresse. 13 : Calles de construction. 14 : Nouvelle forteresse. 15 : Bastion de Saint-Andoria (?) (Sarantari). 16 : Bastion de Saint-Raimond. 17 : Bastion de Saint-Athanase. 18 : Porte de Saint-Raimond (Porta Remounda). 19 : Casernes. 20 : Ravelins imparfaits. 21 : Fausse braie idem. 22 : Fortins projetés pour occuper les hauteurs d’Abraham et de Saint-Sauveur.

Visite de la nouvelle forteresse :

Horaires d’été (de mai à octobre) : tous les jours, de 9 h à 20 h.

Horaires d’hiver (de novembre à avril) : du mercredi au dimanche, de 9 h à 15 h 30.

Tarif : entrée gratuite.

À l’exception des baraquements anglais, aucun bâtiment de la nouvelle forteresse n’est visitable, notamment pas l’intérieur des bastions ; le bastion de la Punta Perpetua demeure en zone militaire et n’est pas accessible. Malgré tout la visite de la nouvelle forteresse est intéressante par le panorama superbe qu’elle offre sur la capitale et le chenal de Corfou.

Porte de villeLes portes de la forteresse
La nouvelle forteresse de la ville de Corfou. La porte du port (Porta Otturata) sous le bastion pentagonal. Cliquer pour agrandir l'image dans Adobe Stock (nouvel onglet).Les deux portes de la nouvelle forteresse étaient d’imposantes structures monumentales, avec des colonnes de style toscan-dorique, dessinées par Ferrante Vitelli, l’architecte et ingénieur qui a élaboré les plans de la forteresse. Ces portes étaient surmontées d’un bas-relief du lion ailé de Saint-Marc, l’emblème de Venise.
BastionLe bastion pentagonal
La nouvelle forteresse de la ville de Corfou. Le bastion pentagonal sous le bastion oriental de Sette Venti. Cliquer pour agrandir l'image dans Adobe Stock (nouvel onglet).L’entrée des visiteurs se fait par une entrée secondaire située en haut de la rue Solomos ; après la grille d’entrée la visite se dirige vers le bastion pentagonal en longeant le rempart sud-est de la forteresse.

La nouvelle forteresse de la ville de Corfou. Le bastion pentagonal. Cliquer pour agrandir l'image.

BastionLe bastion de Punta Perpetua
La nouvelle forteresse de la ville de Corfou. Le détroit de Corfou vu depuis la forteresse. Cliquer pour agrandir l'image dans Adobe Stock (nouvel onglet).Au nord du bastion pentagonal se trouve le bastion de Punta Perpetua qui domine le port ; à l’intérieur de ce bastion se trouve, de nos jours, la base navale de Corfou, qui occupe le bâtiment de trois étages, en briques jaunes, de l’autorité portuaire de l’époque britannique.

Il s’y trouve aussi la petite église de Notre-Dame de la Grotte (Panagía Spiliótissa), reconstruite en 1769.

Porte de villeL’accès à la partie supérieure de la forteresse
Au nord-ouest du bastion pentagonal, au-dessus de la base navale, se trouve l’entrée du tunnel, un long couloir voûté, en pente, sombre et humide, assez impressionnant, qui débouche sur une double rampe qui conduit au niveau supérieur de la forteresse.
La nouvelle forteresse de la ville de Corfou. Entrée du tunnel d'accès à la partie supérieure de la forteresse et clôture de la base navale. Cliquer pour agrandir l'image dans Adobe Stock (nouvel onglet).La nouvelle forteresse de la ville de Corfou. Le tunnel d'accès à la forteresse supérieure. Cliquer pour agrandir l'image dans Adobe Stock (nouvel onglet).La nouvelle forteresse de la ville de Corfou. Le tunnel d'accès à la forteresse supérieure. Cliquer pour agrandir l'image dans Adobe Stock (nouvel onglet).La nouvelle forteresse de la ville de Corfou. La rampe d'accès. Cliquer pour agrandir l'image dans Adobe Stock (nouvel onglet).La nouvelle forteresse de la ville de Corfou. La rampe d'accès. Cliquer pour agrandir l'image dans Adobe Stock (nouvel onglet).La nouvelle forteresse de la ville de Corfou. Le détroit de Corfou vu depuis la forteresse. Cliquer pour agrandir l'image dans Adobe Stock (nouvel onglet).
BastionLes bastions des Sept-Vents (Bastioni dei Sette Venti)
La partie supérieure de la forteresse est située à 55 m au-dessus du niveau de la mer ; elle présente deux semi-bastions symétriques et presque identiques, nommés bastions des Sept-Vents (Bastioni dei Sette Venti), qui font face à l’ouest pour la défense de la ville contre des attaques terrestres.

Ces bastions sont des structures complexes comprenant des salles voûtées, des galeries, des escaliers, des rampes, des puits d’aération, des citernes souterraines, des poudrières, des positions d’artillerie. Malheureusement l’intérieur des bastions des Sept-Vents ne se visite pas.

En revanche la promenade autour des bastions offre des vues splendides sur la ville, sur le détroit et sur les montagnes de la Grèce continentale.

La nouvelle forteresse de la ville de Corfou. Le rempart de Sette Venti et les baraquements anglais. Cliquer pour agrandir l'image dans Adobe Stock (nouvel onglet).La nouvelle forteresse de la ville de Corfou. Les baraquements anglais. Cliquer pour agrandir l'image dans Adobe Stock (nouvel onglet).La nouvelle forteresse de la ville de Corfou. Les baraquements anglais. Cliquer pour agrandir l'image dans Adobe Stock (nouvel onglet).La nouvelle forteresse de la ville de Corfou. Arche. Cliquer pour agrandir l'image dans Adobe Stock (nouvel onglet).La nouvelle forteresse de la ville de Corfou. Arche. Cliquer pour agrandir l'image dans Adobe Stock (nouvel onglet).
CaserneLes baraquements anglais
À l’arrière des bastions des Sept-Vents se trouvent les baraquements anglais construits vers 1839 à l’emplacement des baraquements vénitiens. Ces bâtiments sinistres hébergent, dit-on, un musée de la céramique corfiote, aux horaires d’ouverture incertains, mais à l’entrée gratuite.
La nouvelle forteresse de la ville de Corfou. Les baraquements anglais. Cliquer pour agrandir l'image dans Adobe Stock (nouvel onglet).La nouvelle forteresse de la ville de Corfou. Les baraquements anglais. Cliquer pour agrandir l'image dans Adobe Stock (nouvel onglet).La nouvelle forteresse de la ville de Corfou. Les baraquements anglais. Cliquer pour agrandir l'image dans Adobe Stock (nouvel onglet).La nouvelle forteresse de la ville de Corfou. Les baraquements anglais. Cliquer pour agrandir l'image dans Adobe Stock (nouvel onglet).La nouvelle forteresse de la ville de Corfou. Les baraquements anglais. Cliquer pour agrandir l'image dans Adobe Stock (nouvel onglet).La nouvelle forteresse de la ville de Corfou. Les baraquements anglais. Cliquer pour agrandir l'image dans Adobe Stock (nouvel onglet).La nouvelle forteresse de la ville de Corfou. Les baraquements anglais. Cliquer pour agrandir l'image dans Adobe Stock (nouvel onglet).
BastionLe bastion Sarantari
La nouvelle forteresse de la ville de Corfou. Entrée des visiteurs (auteur Jean Housen). Cliquer pour agrandir l'image.Près de l’entrée actuelle des visiteurs, entre le bastion de Scarpa et celui de Sarantari, se trouvait la Porta Stopa al Tenedos, où se terminait le souterrain du marché qui était utilisé par le commandant de la forteresse pour communiquer avec la défense extérieure en cas d’urgence.
FosséLe fossé défensif (Fossa)
La nouvelle forteresse de la ville de Corfou. Le fossé (auteur Jean Housen). Cliquer pour agrandir l'image.Un fossé sec protégeait les bastions des Sept-Vents ; ce fossé s’étendait depuis ce qui est de nos jours le nouveau port jusqu’au marché aux poissons.

La nouvelle forteresse de la ville de Corfou. Lion de Saint-Marc et inscription sur l'escarpe du fossé (auteur Jean Housen). Cliquer pour agrandir l'image.Sur le mur d’escarpe du fossé on remarque un bas-relief commémorant les travaux de fortifications :

« D[EO] O[PTIMO] M[AXIMO]
ALOYSIUS MOCENICO VENETIARUM DUX MARCUS ANTONIUS DIEDO MODERAT[O]R SUPREMUS GEORGIUS GRIMANI CLASSIS PRÆFECTUS HÆC PRIMUS IUSSIT ALTER DISPOSUIT TERTIUS NOCTUDIURNO LABORE BREVIT[E]R ABSOLVIT.
A[NNO] D[OMINI] MDCCXXVIII ».

« À Dieu, très bon, très grand,

Alvise Mocenigo, doge des Vénitiens, Marco Antonio Diedo, provéditeur de la mer, Giorgio Grimani, amiral : le premier a ordonné, l’autre a commandé, le troisième a réalisé rapidement en travaillant le jour et la nuit.

Année du Seigneur 1723 ».

MarchéLe marché populaire (Λαϊκή Αγορά / Laïkí Agorá)
Le marché alimentaire des producteurs se trouve au pied du bastion Sarantari, le long de la rue Capitaine Spryridon Vlaikos (Οδός Λοχαγού Σπυρίδωνος Βλάικου / Odós Lochagoú Spyrídonos Vláikou), rue qui a été construite dans le fossé défensif situé devant la nouvelle forteresse. Ce marché aux poissons et aux fruits et légumes se trouvait autrefois sur le Vieux-Port.

Depuis 2010 le marché a été aménagé en boutiques fixes identiques pour tous les producteurs, qui ont remplacé les étals pittoresques et anarchiques d’autrefois. De nombreux poissonniers proposent les prises quotidiennes des pêcheurs, en provenance directe de la mer Ionienne ; les agriculteurs vendent leurs fruits et légumes frais locaux, souvent produits de façon biologique, entres autres le kumquat de Corfou ; d’autres vendent des épices et des aromates, des fruits et légumes secs, des olives, de l’ail, du vin ou du miel de Corfou.

Deux cafés proposent des rafraîchissements à des prix très corrects, dans une atmosphère chaleureuse.

Le marché populaire est ouvert tous les jours, sauf le dimanche, de 7 h à 14 h.

PlaceLa place du Vieux Port
La nouvelle forteresse de la ville de Corfou. Entrée. Cliquer pour agrandir l'image dans Adobe Stock (nouvel onglet).Sur la place du Vieux Port, à droite de la porte monumentale de la Nouvelle Forteresse, se trouve le monument à la Résistance Nationale (Εθνικής Αντίστασης) ; le groupe sculptural en marbre représente des hommes et des femmes dont les corps semblent se fondre en une seule entité qui symbolise l’union des patriotes.
MémorialLe monument à l’amiral Fëdor Ouchakov (Памятник Фёдору Ушакову)
La nouvelle forteresse de la ville de Corfou. Stèle à l'amiral Ouchakov. Cliquer pour agrandir l'image dans Adobe Stock (nouvel onglet).À gauche de la porte monumentale de la nouvelle forteresse se trouve un monument dédié à l’amiral russe Fiodor Ouchakov (1744-1817) qui libéra Corfou de l’occupation française en 1799. En 1797 Corfou était devenue un département de la Première République française, le département de Corcyre, après la campagne d’Italie du général Bonaparte et le « Traité de Campoformio » qui attribuait à la France les îles Ioniennes, anciennes possessions de Venise, et à la maison d’Autriche Venise elle-même, l’Istrie et la Dalmatie.

Après leur libération les îles Ioniennes devinrent l’éphémère République des Sept-Îles, occupée par les Russes mais nominalement vassale de l’Empire ottoman.

Ouchakov a été canonisé par l’Église orthodoxe russe en l’an 2000.

SynagogueL’ancienne juiverie (Εβραϊκή Συνοικία)
Vers 1147, au cours de la deuxième croisade, le roi normand Roger II de Sicile attaqua l’Empire byzantin et s’empara de la ville de Thèbes ; il déporta des juifs de Thèbes dans son royaume de Sicile pour y développer l’élevage du ver à soie dans lequel ils excellaient ; la sériciculture était jusqu’alors une technique jalousement gardée par l’Empire byzantin, notamment dans le Péloponnèse. Plus tard, vers 1160, certains de ces juifs furent, dans le même but, déportés à Corfou, que les Normands avaient aussi conquis sur Constantinople ; ces juifs étaient des Romaniotes, c’est-à-dire des juifs de l’Empire romain d’Orient, de culture grecque car installés en Grèce depuis la destruction du second temple par Titus, en 70 avant JC, en répression de la révolte juive contre la République romaine. Pendant la domination de Corfou par les rois angevins de Naples, de 1269 à 1386, d’autres juifs, venant du Royaume de Naples et de la Sicile, s’installèrent à Corfou, encouragés à s’établir dans la ville pour développer son commerce et bénéficiant de décrets de protection des rois de Naples.

En 1386 la République de Venise prit possession de l’île de Corfou ; les Vénitiens protégèrent les juifs de l’Inquisition et leur accordèrent certains privilèges comme, par exemple, l’exonération du paiement des taxes ; la communauté juive connut la prospérité grâce au commerce avec l’Empire ottoman et au prêt d’argent à la noblesse. En 1493 cette communauté s’accrut avec l’arrivée de juifs sépharades expulsés de l’Espagne et du Portugal après la Reconquête ; en 1549, des juifs de Sicile et des Pouilles se réfugièrent à Corfou pour échapper à la conversion forcée par l’Inquisition. Les juifs de Corfou formaient en réalité deux communautés : les juifs romaniotes, de culture grecque, et les juifs sépharades, avec des synagogues et des cimetières distincts.

Les juifs habitaient principalement dans le Campiello, dans un quartier nommé « la colline aux juifs » (Οβρηοβούνι / Ovriovoúni), mais subissaient régulièrement des attaques de la population grecque. En 1622, la République de Venise imposa aux juifs de se regrouper dans une juiverie située à l’est de la nouvelle forteresse, nommée de nos jours Evraikí (Εβραική) ; cette juiverie n’était pas, à proprement parler, un ghetto comme celui de Venise, créé un siècle plus tôt, car elle n’était pas close. En 1665, il y avait 500 familles juives à Corfou.

À la chute de la République de Venise, les armées de la Ire République française occupèrent Corfou ; les Français abolirent les privilèges des juifs, au nom des idées d’égalité. Pendant le protectorat anglais, de 1815 à 1864, la population juive connut à nouveau la prospérité et atteignit un nombre de plus de 5 000 personnes et, à la fin du XIXe siècle, elle constituait un neuvième de la population de la ville.

Après le rattachement de Corfou au Royaume de Grèce, les juifs commencèrent à subir des pogroms de la part de la population grecque, notamment en 1891, quand la découverte du cadavre d’une jeune fille dans le quartier juif, le 2 avril 1891, fit éclater le sentiment antijuif qui couvait depuis longtemps chez les Corfiotes, soupçonnant un meurtre rituel commis par les juifs. La violence fut si menaçante que la flotte anglaise quitta Malte et cingla vers Corfou pour y rétablir la sécurité des juifs. Cependant, près de la moitié de la population juive de Corfou, terrifiée, fuit vers l’Égypte, sous occupation anglaise, notamment vers Alexandrie, ou vers des pays européens ; c’est ainsi que la famille du futur écrivain Albert Coen s’exila en France vers 1900.

Pendant la Seconde Guerre mondiale, de 1941 à 1943, Corfou fut occupée par les Italiens ; les juifs de Corfou ne furent pas inquiétés. Après la capitulation italienne de septembre 1943, les Allemands prirent le contrôle de l’île. Au début du mois de juin 1944 les anglo-américains bombardèrent Corfou pour faire diversion à l’invasion de l’Europe par le débarquement en Normandie. Le 8 juin, le maire de la ville de Corfou, Spyrídonos Kóllas, annonça l’arrestation des juifs de l’île. Le 9 juin 1944, environ 1 800 juifs se présentèrent à la vieille forteresse, avec leur bijoux et les clés de leurs propriétés, et furent emprisonnés par les Allemands dans les anciennes prisons britanniques de la vieille forteresse dans des conditions sanitaires effroyables ; 200 juifs réussirent à échapper à la rafle avec l’aide d’une partie de la population corfiote. Le 17 juin les juifs de Corfou furent transportés à Patras, au Pirée, puis au camp de concentration de Haïdari (Χαϊδάρι / Chaïdári) près d’Athènes, d’où les socialistes nationaux allemands les déportèrent vers les camps de concentration d’Europe orientale. Le maire de Corfou publia une proclamation remerciant les Allemands d’avoir débarrassé Corfou de ses juifs et restitué ainsi l’économie de l’île à ses légitimes propriétaires.

Le seul vestige reconnaissable du quartier de la juiverie est une synagogue, épargnée par les Allemands en 1944 alors qu’ils détruisirent les deux autres synagogues de la ville, toutes deux édifiées par des juifs originaires des Pouilles en Italie. Cette synagogue (Συναγωγή) se trouve au n° 4 de la rue Vélissarios (Οδός Βελισσαρίου / Odós Velissaríou), à la limite sud de l’ancienne juiverie. Il s’agit d’une synagogue du XVIIIe siècle, de rite romaniote, nommée Scuola Greca ; l’édifice n’est normalement ouvert que pour les fêtes juives de la communauté juive résiduelle d’une centaine de membres.

La nouvelle forteresse de la ville de Corfou. Mémorial de l'extermination des juifs. Cliquer pour agrandir l'image dans Adobe Stock (nouvel onglet).Assez tardivement, en novembre 2001, un mémorial aux victimes juives de Corfou a été érigé sur la Place de la Nouvelle Forteresse (Πλατεία Νέου Φρουρίου), devant les parasols d’un café : une statue en bronze réalisée par le sculpteur Geórgios Karachálios.

« Never again for any nation »
« Dedicated to the memory of the 2000 Jews of Corfu who perished in the Nazi concetration (sic) camps of Aushwitz (sic) and Birkenau in June 1944 »
« By the municipality and the Jewish community of Corfu »
« November 2001 »
FabriqueLa fabrique de savon Patounis (Σαπωνοποιία Πατούνη /Saponopoiía Patoúni)
La savonnerie se trouve au n° 9 de la rue Jean Théotokis (Οδός Ιωάννου Θεοτόκη), au sud de la nouvelle forteresse et du bastion de Sarantari, entre le marché aux poissons et la place Saint-Roch (Πλατεία Σαν Ρόκο, Piazza de San Rocco), officiellement la place Georges Théotokis (Πλατεία Γεωργίου Θεοτόκη), où se trouve la gare routière des bus « bleus » de Corfou.

L’histoire de la savonnerie Patounis commença au début du XIXe siècle, quand les familles Bazákis et Patoúnis de Kallaritès, un village de montagne de l’Épire, créèrent une entreprise pour le commerce de capes tissées pour fournir l’armée de Napoléon Ier. Après avoir mis de côté un capital discret, ils décident d’importer du savon de la ville de Marseille, en France. En 1850, après avoir acquis une expérience suffisante dans le domaine, ils décidèrent de créer sur l’île de Zante (Ζάκυνθος / Zákynthos) une fabrique pour la production de savon pur à base d’huile d’olive. En 1891, ils augmentèrent leur production en créant une seconde usine à Corfou. Dans les années 1930, les deux familles se séparèrent : la famille Bazakis resta à Zante continuant la fabrication de savon jusque dans les années 1970, tandis que la famille Patounis continua l’activité à Corfou, où ils produisent encore des savons selon des méthodes traditionnelles, depuis cinq générations.

La nouvelle forteresse de la ville de Corfou. Découpage du savon à la fabrique Patounis (crédit photo Patounis). Cliquer pour agrandir l'image.Patounis utilise encore aujourd’hui les méthodes traditionnelles pour fabriquer du « savon de Marseille » pur à base d’huile d’olive. Le processus de saponification débute par l’introduction d’huile d’olive et de soude caustique dans une cuve chauffée ; après environ dix jours de cuisson, la réaction chimique produit un mélange d’eau et de savon, qui est rincé avec de l’eau de mer pour éliminer les résidus de soude. La pâte de savon est versée dans des moules ouverts, où elle est laissée pendant une ou deux semaines en attendant sa solidification ; lorsque le savon est devenu solide, son estampillage et son découpage en pains sont effectués. Les pains de savon sont placés sur des caillebotis en bois pour sécher pendant trois ou quatre mois. La fabrique utilise toujours des moules et des caillebotis d’origine. L’ensemble du traitement produit des substances non-toxiques et biodégradables. La fabrique dispose d’un laboratoire chimique pour le contrôle de la qualité.

La nouvelle forteresse de la ville de Corfou. Séchage du savon à la fabrique Patounis (crédit photo Patounis). Cliquer pour agrandir l'image.Quatre principaux types de savons sont produits : un savon à l’huile d’olive vierge pure, avec un faible pouvoir moussant mais adapté aux peaux sensibles ; un savon vert fait avec de l’huile brute de grignons d’olive (non traitée). Il contient de la chlorophylle d’olive qui lui donne sa couleur verte qui diminue graduellement en intensité avec le séchage et la maturation. Il était utilisé pour laver les vêtements, mais aussi pour ses propriétés désinfectantes et curatives sur la peau ; un savon à l’huile d’olive et à l’huile de palme ; un savon vert plus alcalin pour la lessive.

La fabrique de savon traditionnel Patounis, plus que centenaire, est la seule survivante en Grèce ; en 2008 elle a été inscrite par le ministère grec de la Culture comme un « monument du patrimoine industriel » ; en 2017 sa technique de fabrication manuelle a été inscrite sur la liste de l’« Inventaire National du Patrimoine Culturel Immatériel de la Grèce ».

Des visites guidées de la savonnerie sont organisées pour les touristes, les écoliers et les étudiants, pendant lesquelles on assiste à une démonstration du processus traditionnel d’estampillage et de découpage du savon.

Horaires : du lundi au samedi, de 9 h 30 à 14 h ; mardi, jeudi et vendredi, de 18 h à 20 h 30 ; fermé le dimanche. Visites guidées en anglais à 12 h.

Tarif : entrée gratuite.

Téléphone : 00 30 26610 39806

Site sur la Toile : www.patounis.gr

Dans la boutique on peut acheter, pour environ 3 €, des savons Patounis, sans additif, antiseptiques et hypoallergéniques.

ÉgliseL’église Notre-Dame de Ténédos (Παναγία της Τενέδου / Panagía tis Tenédou)
La nouvelle forteresse de la ville de Corfou. L'église Notre-Dame de Ténédos. Cliquer pour agrandir l'image dans Adobe Stock (nouvel onglet).L’église Notre-Dame de Ténédos se trouve en haut de la rue Dionysos Solomos, un peu avant l’entrée de la nouvelle forteresse. Il s’agit d’une église fondée par des moines catholiques vénitiens réfugiés de l’île de Ténédos, dans le nord-est de la mer Égée, après sa conquête par les Ottomans en 1657. L’île, toujours nommée, de nos jours, Ténédos (Τένεδος / Ténedos) par les Grecs, est nommée Bozcaada par l’occupant turc. Les moines du monastère purent emporter avec eux une image de Notre-Dame du Carmel qui est conservée dans l’église ; l’église Santa Maria di Tenedo est également nommée Notre-Dame du Carmel (Παναγίας των Καρμελιτών / Panagías tou Karmelitón, Madonna del Carmelo). L’église a donné son nom au quartier, Ténédos.

L’église a commencé d’être édifiée à partir de 1663 à l’emplacement d’une église antérieure datant probablement de la fin du XVe siècle ; elle fut consacrée par l’archevêque catholique de Corfou Marco Antonio Barbarigo (1640-1706, archevêque de Corfou de 1678 à 1686). L’église Notre-Dame de Ténédos fut détruite lors du siège turc de 1716 ; l’édifice fut reconstruit en 1723 comme l’indique une inscription placée au-dessus de l’entrée principale et dédié à Notre-Dame du Carmel. Le monastère a été achevé en 1749 et inauguré par l’archevêque de Corfou Antonio Nani (archevêque de 1742 à 1765).

En 1797, sous la première occupation française, la soldatesque athée de la Ire République française convertit le monastère en bibliothèque publique et en imprimerie où fut notamment imprimé le « Thourios » (Θούριος, chant de guerre) de Rígas Feraíos (Ρήγας Φεραίος), un franc-maçon favorable aux idées de la Révolution française qui mourut étranglé par les Ottomans en 1798. En 1805, sous le protectorat russe, pendant la République des Sept-Îles, la première école publique, fondée par Ioánnis Kapodístrias, y fut installée. Pendant la seconde occupation française, en 1808, l’Académie Ionienne nouvellement fondée fut hébergée dans le monastère. L’église a été gravement endommagée pendant la Seconde Guerre mondiale ; le monastère a, de nos jours, disparu.

L’église baroque Notre-Dame de Ténédos présente une architecture intéressante avec un dôme octogonal à lanternon dont les proportions rappellent celles du Duomo de la cathédrale Santa Maria del Fiore à Florence, édifiée par Filippo Brunelleschi. À côté du dôme rouge se dresse un beau clocher de la même couleur, de section carrée et de hauteur presque égale.

Un autre élément intéressant est l’entrée principale de l’église, qui est accessible en montant un escalier. Au-dessus de la porte se trouve un bas-relief en marbre rose représentant un lion ailé de Saint-Marc, avec l’inscription « SUB UMBRA ALARUM TUARUM PROTEGE NOS, MDCCXXIII » (Protégez-nous sous l’ombre de vos ailes, 1723) ; à gauche du lion de Venise, se trouve l’emblème de l’Ordre des moines franciscains : la croix et les deux bras ; à droite, les armoiries de la famille Donas. Sur le linteau de la porte on peut lire l’inscription « SOLI DEO LAUS HONOR ET GLORIA » (À Dieu seul, louange, honneur et gloire).

À l’intérieur, à une seul nef et deux chapelles latérales, se trouve une iconostase en pierre datant de 1603 et provenant d’une église qui se trouvait dans l’ancienne forteresse. Les icônes importantes, autres que celles de la Vierge Marie, sont les icônes de saint Nicolas, de saint André, de saint François et de saint Spyridon.

Monastère orthodoxeLe monastère Notre-Dame du Signe (Μονή Παναγίας Πλατυτέρας / Moní Panagías Platytéras)
La nouvelle forteresse de la ville de Corfou. Le monastère de Platytera (auteur BFP). Cliquer pour agrandir l'image.Le monastère de Notre-Dame de Platytéra se trouve au sud-ouest de la nouvelle forteresse, au-delà de la colline d’Abraham (Avrámi), sur la route menant en direction de Paléokastritsa, une des routes qui aboutissaient à la porte principale de la ville, la Porte Royale (Porta Reale). Le haut clocher à toit rouge de l’église, de 28 m de hauteur, se voit de loin depuis la route ; le monastère est à environ 1,5 km du centre-ville de Corfou, sur le côté gauche de la route. L’adresse est au n° 1 de la rue de Paléokastritsa (Οδός Παλαιοκαστρίτσας / Odós Palaiokastrítsas), près de l’hôpital général.

Aller au monastère Notre-Dame du Signe avec Google Maps (39.622136, 19.910396).

Le monastère de Notre-Dame du Signe fut édifié de 1741 à 1743 par un moine originaire de l’île de Leucade (Λευκάδα / Lefkáda) Chrysanthos Syropoulos (Χρύσανθο Συρόπουλο / Chrýsantho Syrópoulo) ; le monastère fut inauguré le 26 novembre 1743.

Lors de la première occupation française, en 1798, l’armée de la Première République française a bombardé le quartier populaire de Mandouki (Μαντούκι / Mantoúki) et incendié le monastère, après que les habitants s’étaient soulevés contre les Français lors du siège russo-turc de Corfou. Une icône fut miraculeusement découverte dans les ruines de l’édifice et le monastère fut immédiatement reconstruit et achevé en 1800, notamment avec l’aide de la famille Capo d’Istria. Le campanile a été achevé en 1864.

L’église Notre-Dame du Signe (Παναγία Πλατυτέρα) abrite une riche collection d’icônes, œuvres d’importants peintres grecs des XVIIe, XVIIIe et XIXe siècles : l’École crétoise est représentée par Emmanuel Tzanès (Εμμανουήλ Τζάνες) (1610-1690) avec sa  « Vierge à l’Enfant », Michel Damascène (Μιχαήλ Δαμασκηνός) (vers 1535-1600) et Théodore Poulakis (Θεόδωρος Πουλάκης) (1620-1692) avec une « Apocalypse » ; l’École de Heptanèse est représentée par Nikolaos Kantounis (Νικόλαος Καντούνης) (1767-1834), de Zante, avec un « Lavage des pieds » et une « Cène », Georges Kortézas (Γεώργιος Κορτεζάς), avec un « Jugement dernier », Pavlos Prosalentis (Παύλος Προσαλέντης) (1784-1837) et Nikolaos Koutouzis (Νικόλαος Κουτούζης) (1741-1813), également de Zante. Sur le mur sud et le mur nord sont accrochées des icônes russes des archanges Michel et Gabriel, données à Jean Capo d’Istria lors de son séjour en Russie, en 1808, comme diplomate au service du tsar. Malheureusement, l’obscurité de l’église ne permet pas d’apprécier les œuvres comme elles le mériteraient. L’église possède une iconostase en bois recouvert de feuilles d’or et d’argent, de style rococo. Le monastère possède également une riche bibliothèque.

La nouvelle forteresse de la ville de Corfou. La tombe de Capodistria au monastère de Platytera (auteur BFP). Cliquer pour agrandir l'image.Dans l’exonarthex de l’église, outre les tombes de certains métropolites de Corfou, Sébastien (Σεβαστιανός) et Alexandre (Άλέξανδρος), et les tombes de moines qui vivaient dans le monastère, il y a celles du premier président de la Grèce, Jean Capo d’Istria (Ιωάννης Καποδίστριας), de son père Antónios (Αντώνιος) et de son frère Augoustínos (Αυγουστίνος). Deux autres grands personnages de Corfou sont enterrés dans cette église : Andréas Moustoxýdis (Ανδρέας Μουστοξύδης) (1785-1860), érudit et homme politique corfiote ; Fótos Tzavéllas (Φώτος Τζαβέλλας) (1770-1809), héros de la résistance à l’occupant ottoman, du village de Souli (Σούλι) en Épire, qui dut se réfugier à Corfou après la répression du pacha Ali.

La nouvelle forteresse de la ville de Corfou. Icône du miracle de Capodistria au monastère de Platytera (auteur BFP). Cliquer pour agrandir l'image.Les moines du monastère de Platytéra avaient des liens étroits avec la famille Kapodístrias, dont la maison de campagne se trouvait à proximité. Un jour de 1792, alors que le jeune comte Capo d’Istria se promenait à cheval, il fit une chute ; un moine qui priait eut une vision et se précipita pour sauver le jeune homme. L’événement fut considéré comme un miracle qui est représenté dans le monastère par deux icônes du XIXe siècle. Une de ces icônes montre, au centre, la mère de Dieu, représentée selon le modèle iconographique de Notre-Dame du Signe, en grande partie effacée ; à sa droite, le prophète Jean-Baptiste, à sa gauche, le martyr Théodore de Tyrone.

Lorsque, en 1831, Capo d’Istria, devenu depuis 1827 le premier chef d’État de la Grèce indépendante, fut assassiné à Nauplie, sa dépouille fut transportée à Corfou par un navire russe pour être inhumée au monastère de la Vierge de Platytéra. Sa tombe est une simple dalle de marbre.

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