Dans la préhistoire – dès le milieu du IIe millénaire avant JC – il y avait une colonie près de l’actuelle Makarska. On pense que c’était une étape utilisée par les Crétois sur leur chemin jusqu’à l’Adriatique (la route dite « route de l’ambre »). Cependant, ce n’était que l’un des ports ayant des liens avec la grande Méditerranée, comme le montre par une tablette de cuivre avec des systèmes de mesure crétois et égyptien ; une tablette similaire a été trouvée dans les pyramides égyptiennes. Les premiers habitants de Makarska dont on a des témoignages étaient les Illyriens, arrivés au IVe siècle avant JC. Ils fondèrent le village de Muccurum. Pendant l’ère illyrienne, la région de Makarska faisait partie de la large alliance de tribus dirigée par la tribu des Ardéens, fondée au IIIe siècle avant JC dans la région de la rivière Cetina (Omiš) jusqu’à la rivière Vjosë dans l’actuelle Albanie. Au IIIe siècle après JC, les Romains se rendirent maîtres de l’Adriatique en défaisant les Ardéens en 228, mais il leur fallut deux siècles pour imposer leur domination. L’Empire Romain envoyaient ses soldats vétérans s’installer dans la région conquise. Au IVe siècle, Makarska apparaît dans la Table de Peutinger comme le port d’Aronia, Inaronia ; mais Muccurum est mentionnée comme une plus grande colonie qui s’est développée dans la partie plus inaccessible de la montagne du Biokovo, sans doute aux confins de la civilisation romaine. À l’emplacement de Muccurum, à un kilomètre de l’actuelle Makarska, se trouve aujourd’hui le village de Makar. Elle est alors une étape sur la route côtière de Salone (capitale de la Dalmatie romaine) à Narona. Grâce à sa situation géographique stratégique, Muccurum devint un centre important. Après la division de l’Empire en 395, cette partie de la côte adriatique fut intégrée à l’Empire romain d’Orient. Makarska apparaît sur les actes du Synode de Salone du 4 mai 533 après JC, quand fut créé le diocèse de Muccurum (Makarska). En 548, Muccurum fut détruit par l’armée du roi ostrogoth Totila. Le Byzantin Empereur expulsé les Goths de l’Est (Ostrogoths). Au cours du VIIe siècle, des tribus slaves conquirent les territoires autour des rivières Neretva et Cetina et créèrent la principauté de la Neretva. Makarska, sous le nom de Mokro, était le centre de cette principauté. Ces tribus croates s’installèrent le long du rivage, devinrent d’excellents marins, et se livrèrent au piratage. Ces pirates intrépides s’attaquaient aux Vénitiens avec une telle efficacité que le doge de Venise Pietro Candiano Ier, chercha à punir les activités de piraterie des navires de la ville en envoyant sa flotte ; mais elle fut vaincue à Makarska le 18 septembre 877. Pour leurs navires, les Vénitiens durent pendant un temps payer aux Narentins – les habitants de la principauté de la Neretva – un droit de passage sur l’Adriatique. Vers 950, l’empereur byzantin Constantin Porphyrogénète, dans son ouvrage « De l’Administration de l’Empire » (De Administrando Imperio) nomme les Narentins, Arentanima, ou Neretvanima, et leurs pays, Pagania. Leurs villes se nomment : Moroko (autrefois Muccurum), Verulia (Gornja Brela), Ostrok (Zaostrog), Slavinac (Lapčan près de Gradac), et ils contrôlent ces îles : Meleta (Mljet), Psara (Hvar), Bracis (Brać), Hoara (Sušac), Jis (Vis) et Lastovo. Pendant la période de la principauté de la Neretva un port connu sous le nom de Makar se développa sur la côte. Sous le règne du roi croate Petar Krešimir IV (1058-1074), Makarska est rattachée au Royaume de Croatie. Au XIIe siècle, Makarska est encore gouvernée par des rois croates, puis hungaro-croates. Au XIVe siècle, profitant de la rivalité entre les dirigeants croates et leurs luttes pour le pouvoir (1324-1326), le Bosnien Ban Stjepan Kotromanič annexa la région côtière de Makarska. Makarska restera sous la coupe des souverains bosniaques aux XIVe et XVe siècles. Au cours du XVe siècle, les Turcs ottomans entreprirent la conquête des Balkans. Afin de protéger son territoire des Turcs, le duc Vukčič remit, en 1452, les marches de la Krajina et de la Neretva aux Vénitiens. Cependant, la zone côtière de Makarska fut conquise et détruite par les Turcs en 1499. Le nom de Makarska est cité pour la première fois dans un document turc de 1502 de Muhammad Musina, racontant comment les religieuses de Makarska ont été autorisées à réparer leur église. Plus tard, les Turcs firent, pendant un temps, de Makarska le centre d’une province turque (nahija). Pour se défendre contre les Vénitiens, les Turcs fortifièrent la ville en 1568. Les forteresses turques à Makarska étaient édifiées sur les plans du fameux architecte Hajrudin, l’auteur également du pont de Mostar. La ville était entourée de murailles protégées par trois tours. Une carte de Makarska en gravure, du cartographe italien Camocio (1572), illustre la tentative vénitienne de reprise de Makarska après la bataille de Lépante en 1571 ; c’est la plus ancienne représentation de l’aspect de la ville que l’on conserve. Makarska resta occupée jusqu’en 1646. Une période de domination alternée dura jusqu’en 1684 ; la menace turque prit fin en 1699. Durant cette période de nombreux édifices, surtout sacrés, démolis sous le joug turc, furent rénovés et restaurés. La région de Makarska resta sous la coupe de la Sérénissime jusqu’a sa chute en 1797. La région fut donnée aux Autrichiens par le traité de Campo-Formio (1797). L’armée autrichienne entra dans Makarska et y resta jusqu’à ce que Napoléon prit le dessus. Les Français arrivèrent à Makarska, le 8 mars 1806 et y restèrent jusqu’en 1813. Ce fut une ère de prospérité, de développement culturel, social et économique. Sous la domination française des lois sur l’éducation furent promulguées en langue croate – pour la première fois en plusieurs siècles ; des écoles furent ouvertes. De cette époque date l’obélisque érigé en l’honneur du maréchal Marmont, qui est maintenant situé à l’entrée ouest de la ville. Après la défaite napoléonienne, le Congrès de Vienne attribua Makarska à l’Autriche-Hongrie. Au XIXe siècle, Makarska connut une forte croissance, un développement financier et culturel. Cependant les austro-hongrois imposèrent une politique d’italianisation. Après la chute de l’Empire austro-hongrois, Makarska fut intégrée au Royaume de Yougoslavie. En 1914, le premier hôtel fut construit, initiant la tradition du tourisme dans la région. Pendant la Seconde Guerre mondiale Makarska faisait partie de l’État indépendant de Croatie. Elle servit de port pour la marine nationale et fut le siège du Commandement naval central de l’Adriatique, jusqu’à ce qu’il fut déplacé à Split. |