| Le musée d’archéologie sous-marine de Bodrum en Anatolie | |
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| Présentation générale | Le Musée d’archéologie sous-marine de Bodrum (Sualtı Arkeoloji Müzesi) est l’un des plus importants musées d’archéologie sous-marine du monde par la richesse de ses collections, due au caractère périlleux des côtes de l’Anatolie empruntées par les voies maritimes qui reliaient, depuis la plus haute Antiquité, l’Orient à l’Occident, occasionnant un grand nombre de naufrages. Le Musée possède en particulier les trésors de la plus ancienne épave fouillée au monde remontant à la fin de l’Âge du bronze. Malgré son nom le Musée présente également des pièces d’archéologie terrestre telles que celles découvertes dans la sépulture d’une princesse de Carie. Le Musée d’archéologie est hébergé depuis 1960 dans les fortifications du château Saint-Pierre et dans des bâtiments dédiés construits dans les cours du château. Le château accueille également le siège de l’Institut d’Archéologie Nautique (Sualtı Arkeoloji Enstitüsü, SAE) de la Turquie, fondé en 1973 par George Bass, le professeur états-unien qui conduisit les fouilles de l’épave d’Uluburun. |
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| | | La salle des verres d’épaves (Cam Batığı) | La salle des verres d’épaves (numéro 3 sur le plan de visite) présente principalement l’épave d’un navire marchand byzantin, dite « épave fatimide », du XIe siècle qui a sombré vers l’an 1025 près de la côte sud de l’Anatolie lors de son voyage de retour depuis la côte syrienne du Califat des Fatimides. L’épave fut découverte en 1977 près de Serçe Limanı, sur la côte anatolienne près de Marmaris, en face de l’île de Rhodes, par 33 mètres de profondeur, et fut fouillée de 1977 à 1979. Il s’agissait d’un navire assez trapu, d’environ 15 m par 5 m, avec deux mâts et des voiles latines, et avec un fond plat qui lui permettait de naviguer dans les détroits peu profonds de la Méditerranée. Environ vingt pour cent des bois d’origine du navire ont été conservés ; le reste de la coque est une reconstitution. Sa cargaison comprenait des amphores mais surtout des verres : deux tonnes de verre brut coloré, des verres finis qui étaient transportés dans des paniers d’osier, et une tonne de tessons de verre cassé qui se trouvaient à fond de cale et servait de ballast. Les verres cassés étaient destinés à être recyclés dans des ateliers qualifiés sur la côte de la Mer Noire au sud de la Russie. Parmi les 15 000 pièces archéologiques remontées, les fouilles ont découvert des effets personnels de l’équipage, y compris des pièces de jeu, des outils et des articles de toilette (paire de ciseaux), qui sont également exposés. La visite de l’épave dite fatimide est payante en supplément du prix d’entrée au musée. |
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| La salle des verres (Cam Salonu) | Une petite exposition de verres – principalement d’origine romaine – se trouve dans le bastion Naillac, qui servit aussi de réfectoire pour les Chevaliers (numéro 4 sur le plan de la visite). Le verre dans l’Antiquité Selon les découvertes archéologiques, des perles en verre, datant de la fin du IIIe millénaire avant JC, ont été documentées pour la première fois en Mésopotamie et les premiers vases en verre, datant du milieu du IIe millénaire avant JC, ont été mis au jour lors des fouilles dans les régions d’Hurrian et de Mitanni. Dans les premier temps, le verre était produit par des ouvriers qualifiés dans des ateliers royaux ; mais, pendant la période romaine, la production de verre devint une industrie. Étant donné que le verre était produit pendant cette période en tant que substitut aux pierres précieuses et semi-précieuses, il n’était pas transparent, mais était produit dans des couleurs brillantes. Les vases en verre datant du milieu du IIe millénaire avant JC étaient obtenus par moulage de verre chaud. Les formes de verre de cette période étaient principalement utilisées dans les cérémonies rituelles. L’Egypte fut la deuxième région à produire du verre. Les morceaux de verre et les perles trouvés dans l’épave d’Uluburun à Kaş sont les premiers exemples pour prouver le commerce du verre le long de la côte sud de la Turquie. Il n’y a pas de données certaines pour prouver la production du verre au début du Ier millénaire avant JC. La première utilisation à grande échelle du verre a été faite par les Phéniciens et ils ont été produits par une technique d’impression comme celle utilisée sur le matériau ivoire. Les objets en verre de l’âge du fer étaient des productions monochromes soit incolores, soit avec une couleur transparente vert clair. La plus grande partie parmi les objets en verre produits entre le VIe siècle et le Ier siècle avant JC sont les vases obtenus par la technique du moulage de noyau. La plupart d’entre eux étaient de petits flacons de parfum, ou des coupes pour contenir des cosmétiques, des onguents et des huiles aromatiques. Ces flacons et leur contenu étaient utilisés dans les maisons comme une partie de la vie quotidienne ou dans les lieux sacrés pendant les cérémonies funéraires pour oindre les morts, et comme éléments votifs pour les dieux. En ce qui concerne la forme, les vases grecs étaient très populaires et imités. La découverte la plus importante pour la production de verre en Anatolie a été l’atelier de verre mis au jour dans une maison lydienne à Sardeis datant du VIe siècle avant JC. Au cours de la période hellénistique, les techniques de production de la vitre ont évolué et, grâce à l’augmentation de la demande, leur utilisation dans la vie quotidienne et le commerce s’est accrue. Au cours de cette période, des flacons et des coupes de petite taille étaient toujours produites de manière traditionnelle par moulage. L’un des centres les plus importants dans la production de verre était Alexandrie. Ici, les verriers maîtrisaient assez le travail du verre pour produire du verre en mosaïque et utiliser les techniques de sandwich d’or-verre. Au cours de la fin de la période hellénistique, l’avancée la plus importante dans l’art du verre fut la découverte de la technique de soufflage. Après avoir fixé un morceau de la matière du noyau au bout d’une tige métallique, elle était soufflée librement ou dans un moule. Cela a fourni une grande facilité et a provoqué une forte augmentation de la production. À l’époque romaine, le verre était devenu une industrie. Il était utilisé non seulement dans la production de vases d’usage quotidien, mais aussi en éléments décoratifs tels que des mosaïques, des panneaux de mosaïques et des décorations extérieures. Outre les techniques de soufflage et de moulage de noyau utilisées dans la production de verre, une autre technique largement utilisée était la coulée. Le verre fondu a sa forme donnée après avoir été versé sur un moule intérieur et extérieur. Tandis que dans la technique de coulée de cire perdue, d’abord, les moules intérieurs et les moules extérieurs sont recouverts de cire chaude, puis le verre fondu est rempli dans la cavité. Dans la technique de coupe à l’aide du diamant à la fin de la roue de coupe, la surface froide peut être taillée et ainsi décorée. | |
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| La salle de l’épave de Tektaş Burnu | La tour de France (numéro 8 sur le plan de la visite) présente les découvertes de l’épave d’un navire grec de la période classique du Ve siècle avant JC. Cette épave a été fouillée entre 1999 et 2001 au large de Tektaş Burnu, sur la presqu’île de Çesme, à l’ouest de Smyrne (İzmir). Cette épave a été datée entre 440 et 425 avant JC ; elle contenait 200 amphores, des bols, des coupes, des lampes et cetera. |
| La salle de la princesse carienne (Karialı Prenses Salonu) | Entre les tours d’Italie et de France, et la tour d’Angleterre, la salle dite « Salle de la princesse carienne » (numéro 9 sur le plan de visite) présente les découvertes faites dans une sépulture mise au jour à Bodrum en 1989 lors de travaux de construction d’hôtels. Dans le sarcophage, auprès du squelette, ont été découverts des objets précieux : un diadème en or figurant des feuilles de myrte, un collier, un bracelet, des bagues et une coupe pour boire. La sépulture a été datée entre 360 et 325 avant JC et était certainement celle d’une personne de hauteur rang : une légende locale veut que ce soit celle de la reine carienne Ada, sœur de Mausole et qui lui aurait succédé ; dépossédée de son trône par son frère Pixodore, elle fut réinstallée sur le trône de Carie par Alexandre le Grand. |
| Le réfectoire médiéval | La salle de l’étage supérieur de la tour d’Angleterre (numéro 10 sur le plan de visite) abrite une tentative de reconstitution du réfectoire des Chevaliers du château Saint-Pierre. C’est une sorte de bric-à-brac peu convaincant, qui paraît plus contemporain que médiéval, comprenant une longue table, un buffet, des fauteuils et des coffres. La salle présente aussi des armures, des cottes de maille de combattants turcs, des armes blanches et des armes à feu. Aux murs, des étendards ottomans rivalisent avec ceux des Chevaliers Hospitaliers. Des trophées de chasse un peu exotiques (des têtes de lion et des bois de cervidés africains) apportent une touche incongrue à cet ensemble. Une musique enregistrée tente de rendre l’ambiance médiévale. On peut également voir la maquette d’un navire, le « Sovereign of the Seas », dont le seul lien avec la tour d’Angleterre est que c’était un navire anglais. Ce navire monumental fut construit au XVIIe siècle, entre 1634 et 1637, à la demande insistante du roi Charles Ier d’Angleterre pour rehausser son prestige ; ce navire n’a jamais navigué en Méditerranée orientale. L’aspect le plus authentique sont les écus et les innombrables graffitis en latin que des Chevaliers ont gravés sur les murs et les embrasures des fenêtres. Ces inscriptions, du genre « Kilroy was here », étaient une tradition des Chevaliers de Saint-Jean depuis la forteresse de l’Ordre à Saint-Jean d’Acre. | |
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| La salle de l’Âge du bronze tardif (Geç Tunç Çağı Batıkları) | La salle de l’Âge du bronze tardif se trouve près de la tour d’Angleterre, adossée à la courtine orientale du château Saint-Pierre (numéro 11 sur le plan de visite). Le bronze est un alliage de métal composé principalement de cuivre, généralement avec de l’étain comme principal additif. Le bronze est dur et fragile, et c’était particulièrement important dans l’antiquité, à tel point que l’Âge du bronze devait son nom à ce métal. Cependant, puisque « bronze » est un terme quelque peu imprécis, et que les pièces historiques ont des compositions variables, en particulier avec une frontière peu précise avec le laiton, des musées modernes et des descriptions savantes d’objets plus anciens utilisent plutôt le terme « alliage de cuivre » plus prudent et inclusif. On pense que le mot « bronze » est apparenté à l’italien bronzo et à l’allemand Brunst, peut-être finalement pris du mot perse birinj (« bronze ») ou peut-être du nom latin de la ville de Brindisi. La découverte du bronze a permis aux populations de créer des objets métalliques qui étaient de meilleure qualité qu’auparavant. Les outils, les armes, les armures et divers matériaux de construction, comme des tuiles décoratives en bronze, étaient plus durs et plus durables que leurs prédécesseurs en pierre ou en cuivre (« époque du Chalcolithique »). Au début, le bronze était produit à partir de cuivre et d’arsenic pour former du bronze arsenical. Ce n’est que plus tard que l’étain a été utilisé, devenant le seul type de bronze à la fin du IIIe millénaire avant JC. Le bronze à l’étain était supérieur au bronze à l’arsenic en ce que le processus d’alliage lui-même pouvait plus facilement être contrôlé (car l’étain était disponible sous forme de métal) et l’alliage était plus fort et plus facile à couler. En outre, contrairement à l’arsenic, l’étain n’est pas toxique. Les minerais de cuivre et d’étain sont rarement trouvés, donc un travail sérieux du bronze a toujours nécessité un négoce. En Europe, la principale source d’étain était les dépôts de minerai de Grande-Bretagne en Cornouailles, qui étaient vendus jusqu’en Phénicie dans la Méditerranée orientale. La salle de l’Âge du bronze tardif présente des découvertes faites sur trois épaves égéennes. On peut y voir la pièce maîtresse du Musée d’archéologie sous-marine de Bodrum, le contenu d’une épave de navire datant de la fin du XIVe siècle avant JC, c’est-à-dire de l’Âge du bronze tardif. Cette épave fut découverte en 1982 par un pêcheur d’éponges à 50 mètres au large d’Uluburun (« le grand cap » en turc), situé à environ 10 km au sud-est de Kaş dans la province d’Antalya. L’épave d’Uluburun fut fouillée de 1984 à 1994 et livra une cargaison très précieuse ; c’est aussi la plus ancienne épave fouillée au monde. Le navire, d’environ 15 mètres de longueur, transportait 10 tonnes de cuivre chypriote sous la forme de 354 lingots en forme de peaux de bœuf, une tonne de lingots d’étain pur, c’est-à-dire la proportion de cuivre et d’étain pour fabriquer du bronze ; 150 lingots de verre de cobalt bleu ; de l’ivoire d’éléphant, des dents d’hippopotame, des carapaces de tortue et des œufs d’autruche. La cargaison comprenait aussi des objets précieux, sans doute des présents royaux : des poteries mycéniennes, des dagues de bronze, des boîtes à cosmétiques en ivoire, des sceaux égyptiens (dont un scarabée en or qui servait de sceau à la reine Néfertiti) et de la joaillerie égyptienne. Ces objets étaient de provenances très diverses : Mycènes dans le Péloponnèse, Chypre, Crète, Canaan, Perse, Égypte et Assyrie. L’épave contenait également deux tablettes en bois recouvertes de cire, telles que celles utilisées par les marchands, laissant penser que des marchands accompagnaient la cargaison. La salle d’exposition présente une réplique grandeur nature de l’intérieur de l’épave et du fond sous-marin où elle a été retrouvée. La salle présente aussi la découverte faite en 1973 à Şeytan Deresi (« la crique du diable »), dans la région de Marmara, d’une épave du XVIe siècle avant JC (vers 1600 avant JC). Cette épave fut fouillée en 1975 ; elle contenant uniquement des poteries. L’épave d’un navire du XIIe siècle avant JC, découverte à Finike-Gelidonya, près du cap Chélidonia. Ce fut la première fouille sous-marine en Turquie, de 1958 à 1959. |
| Le cachot (zindan) | À la fin du XVe siècle le corsaire Oruç Reis, plus tard connu sous le nom de Barberousse, fut capturé par les Chevaliers de Saint-Jean et détenu dans le cachot du château Saint-Pierre pendant trois ans. Ce cachot se trouvait dans la salle inférieure du bastion Gatineau. De nos jours, une mise en scène grandguignolesque présente ce lieu comme une salle de torture, avec des mannequins de cire suspendus à des chaînes, avec des bras humains surgissant des grilles placées au sol, des éclairages rougeâtres et une bande sonore reproduisant des gémissements et des soupirs. On descend dans ce « musée » par un escalier assez raide et étroit de 23 marches. Au-dessus de la porte on peut lire une inscription « Inde Deus abest » (« À partir d’ici Dieu est absent »). Cette inscription mélodramatique, et d’ailleurs peu conforme à la doctrine de la foi catholique, ne date pas de l’époque des Chevaliers de Saint-Jean. En 1992, l’ancien directeur du Musée archéologique de Bodrum, Oğuz Alpözen, a avoué être l’auteur de cette falsification indigne d’un archéologue. |
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| Conditions de visite | Musée d’archéologie sous-marine de Bodrum. Adresse : château St-Pierre (Bodrum Kalesi) - İskele Meydanı - Bodrum - Muğla Horaires d’été du château (d’avril à octobre) : tous les jours sauf le lundi, de 8 heures 30 à 18 heures 30. Horaires d’hiver du château (de novembre à mars) : tous les jours sauf le lundi, de 8 heures 30 à 16 heures 30. Les salles du Musée d’archéologie sous-marine ferment entre 12 heures et 13 heures. Certaines salles du musée peuvent avoir des horaires plus restreints. Téléphone : 00 90 252 316 25 16. Prix d’entrée : 30 TRY, y compris la salle de la princesse carienne et la salle de l’épave d’Uluburun. Site sur la Toile : www.kultur.gov.tr/genel/SanalMuzeler/bodrumsualti/index.htm Remarque : à plusieurs endroits lors de la visite du château Saint-Pierre le visiteur chrétien peut être heurté par des commentaires tendancieux comme l’assimilation des Chevaliers Hospitaliers à des tortionnaires et à des pirates, ou ce commentaire d’un autel antique, placé devant l’entrée du musée, et associant la religion chrétienne à des sacrifices païens d’animaux : « Aux Dieux de beaucoup de religions, les gens ont fait des sacrifices par l’abattage ou la présentation des effigies, sur les tablettes de pierre. Aussi dans les églises de la religion chrétienne, la coupure est utilisée au cours de certaines cérémonies. Il y a deux formes d’autels. La première a été utilisée pendant les rites pour répandre du sang dans un but de purification, et la seconde pour le brûlage ». Bien évidemment le commentaire ne mentionne pas la circoncision ni l’égorgement de moutons pratiqués par la religion mahométane. |
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